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Digitized by the Internet Archive
in 2009 with funding from
University of Ottawa
http://www.archive.org/details/memoiresduchevalOOquin
MEMOIRES
DU
CHEVALIER DE QUINCY
IMPRIMERIE DAUPELEY-GOUVERNEUR
A NOGENT-LE-ROTROD.
MÉMOIRES
DU
'r %,,.:
CHEVALIER DE QUINCY
PUBLIÉS POUR LA PREMIÈRE FOIS
POUR LA SOCIÉTÉ DE l'hISTGIRE DE FRANCE
PAR
LÉON LECESÏRE
TOME TROISIÈME
1710-1713
À PARIS
LIBRAIRIE RENOUARD
H. LAURENS, SUCCESSEUR
LIBRAIRE DE LA SOCIÉTÉ DE l'hISTOIRE DE FRANCE
RUE DE TOURNON, N" (5
M DCCCC I
305
EXTRAIT DU REGLEMENT.
Art. ^4. — Le Gonseit désigne les ouvrages à publier, et
choisit les personnes les plus capables d'en préparer et d'en
suivre la publication.
Il nomme, pour chaque ouvrage à publier, un Commissaire
responsable, chargé d'en surveiller l'exécution.
Le nom de l'éditeur sera placé en tête de chaque volume.
Aucun volume ne pourra paraître sous le nom de la Société
sans l'autorisation du Conseil, et s'il n'est accompagné d'une
déclaration du Commissaire responsable, portant que le travail
lui a paru mériter d'être publié.
Le Commissaire responsable soussigné déclare que le tome III
des Mémoires du chevalier de Qdincy, préparé par M. Léon
Lecestre, lui a paru digne d'être publié par la Société de
l^Histgire de France.
Fait à Paris, le \^ novembre' \^{i\ .
Signé : A. DE BOISLISLE.
Certifié :
Le Secrétaire adjoint de la Société de l'Histoire de France,
NOËL VALOIS.
NOTICE PRELIMINAIRE
Si l'on parcourait, il y a quinze ans à peine, le cycle de
la littérature historique du xvu^ et du xviif siècle, il sem-
blait que la haute aristocratie eût eu seule le monopole
d'écrire ses souvenirs et de les léguer à la postérité. Sans
parler d'une petite-fille de France comme M"** de Montpen-
sier, d'un duc et pair comme Saint-Simon ou Luynes, d'un
cardinal comme Retz et Richelieu, il n'y avait guère que
des représentants du monde de la cour dans cette galerie de
Mémoires, où figurent, depuis Sully jusqu'à Lauzun, les
Dangeau, les Sourches, les Bussy-Rabutin, Torcy, Brienne,
Argenson, M"*^' de Motteville, de la Fayette et de Caylus.
C'est à peine si quelques parlementaires, quelques bourgeois,
« domestiques » ou « officiers » de grands seigneurs, se
mêlaient à cette brillante phalange. Dans l'ordre militaire
il en était de même : Bassompierre, Villars, Berwick, La
Fare, Monglat, tous maréchaux ou généraux, semblaient
être les seuls qui eussent laissé des Mémoires.
Cependant, depuis quelques années, on a exhumé des
archives familiales, où ils dormaient inconnus ou oubliés, un
nombre assez considérable de récits de moins grande enver-
gure, dont les auteurs, officiers inférieurs, n'avaient pas
la notoriété des noms illustres cités plus haut^ Ces souve-
1. Sans vouloir faire la bibliographie des mémoires de cette
1 a
H NOTICE PRÉLIMINAIRE.
nirs modestes ont-ils donc moins d'intérêt que ceux des
grands capitaines? Au contraire, dans la simplicité du
style, dans la médiocrité des événements racontés, dans
la banalité des épisodes journaliers de la vie du soldat, ne
peut-on pas trouver une saveur particulière, un cachet plus
intime, des sensations plus profondes, et surtout plus vraies?
Ne sont-ils pas curieux à écouter, ces vieux officiers qui, sur
le déclin de leur vie, retirés dans le château paternel ou
dans la demeure plus confortable que leur a value sur le tard
un mariage avec quelque veuve aisée, racontent à leurs
enfants les souvenirs de leurs campagnes d'autrefois, quand,
mousquetaires du roi, cornettes dans Dauphin-dragons ou
dans Colonel-général, capitaines dans Picardie ou dans
Royal- Vaisseaux, ils battaient le prince d'Orange à Stein-
kerque, forçaient les lignes de Denain, bouleversaient à Fon-
tenoy l'infanterie impériale, ou défendaient Prague avec
Chevert? Ils n'ont point la préoccupation de ce que pensera
d'eux la postérité ; ils ne pensent point au jugement futur
de l'impartiale histoire : ils écrivent pour leurs proches. Et
si, parfois, on peut croire qu'ils ont quelque peu embelli
leur rôle personnel, du moins la note générale est exacte,
leurs sentiments, leurs appréciations sont ceux des hommes
de leur temps, de leurs compagnons d'armes, de la masse
espèce publiés dans ces derniers temps, on peut citer : les Lettres
d'un cadet de Gascogne (François de Sarraméa) sous Louis XIV
(1890), les Mémoires du baron de Tricornot, lieutenant-colonel du
régiment de Schônberg- Dragons (1894), les Souvenirs d'un capitaine
au régiment du Roi, publiés par le marquis de Belleval (1894), les
Mémoires du chevalier de Mautort, capitaine au régiment d'Austra-
sie (1894), les Mémoires du marquis de Franclieu (1896), les
Mémoires et correspondance du chevalier et du général de la Farelle
(1896), etc., sans oublier les Lettres du chevalier de Mopinot, dont
la publicatiou aété récemment proposée à la Société de l'Histoire
de France.
NOTICE PRÉLIMINAIRE. m
enfin, qui, si elle se trompe souvent, quelquefois voit si juste
et juge si sainement les gens et les choses. Cadets de petite
noblesse, presque toujours dépourvus de fortune personnelle,
ils vivent chichement de la maigre pension que leur fait leur
famille et de la solde mesquine que le roi leur donne. Et,
cependant, ils ont une gaieté robuste, un entrain communi-
catif, une belle insouciance, qui leur font accepter sans peine
les fatigues et les privations. Leur garde-robe est pauvre et
délabrée ; à force d'industrie et grâce à leur belle tournure,
grâce aussi à leurs talents de musiciens* ou à leur belle voix,
ils trouvent moyen de faire une figure honorable dans la
bonne société des villes où se passent les quartiers d'hiver ;
ils se reposent des victoires de l'été par des conquêtes plus
agréables. Ils débutent très jeunes et obtiennent leurs
grades à la pointe de leur épée. Tel lieutenant de dix-neuf
ans, qui s'est battu vaillamment, reçoit, après la bataille,
la compagnie de grenadiers qu'il a entraînée au combat et
dont le capitaine a péri dans l'action. Mais, s'il n'est pas for-
tement appuyé à la cour, ce grade sera le terme de sa car-
rière ; il restera capitaine dix ans, vingt ans même, et ser-
vira sous les ordres d'un très jeune colonel que sa haute
naissance ou ses puissantes protections ont pourvu d'un
régiment au sortir des mousquetaires. Il en soufi'rira certes,
il sentira que ses années de campagne lui ont donné des
connaissances, des talents même, et surtout une expérience,
qui manquent à son jeune chef; mais, vienne le jour du com-
bat, et tout cela est oublié : sa bonne volonté est entière, et
aucun sentiment d'envie ou de rancune ne vient retenir son
bras ou amoindrir son courage.
1. On trouvera dans les Mémoires maint passage où le cheva-
lier de Quincy raconte les menus avantages que lui procura son
talent à jouer de la basse de viole.
IV NOTICE PRÉLIMINAIRE.
C'est à cette vaillante race qu'appartient Joseph Sevin,
chevalier, puis comte de Quincy, dont les Mémoires, sous
la forme d'un journal rédigé après coup sur des notes prises
au jour le jour, renferment, au milieu d'un récit parfois
assez sec, des pages qui ne sont pas sans valeur, et surtout
de nombreuses anecdotes et des traits de mœurs de tout
genre, qui donnent une juste idée de la vie de l'officier au
début du xviif siècle, pendant la guerre de la Succession
d'Espagne,
Joseph Sevin descendait d'une bonne famille habituée en
Brie* et originaire peut-être du Languedoc, mais plutôt de l'Or -
léanais*^. Une généalogie du commencement du xvif siècle la
fait remonter jusqu'à Sewin ou Seguin, archevêque de Sens
de 977 à 999, qui eut l'honneur de sacrer à Orléans le roi
Robert •'', ou même jusqu'au sénateur Sevinicus, qui vivait
1. Ses armoiries étaient : d'azur à la gerbe d'or.
2. Notre auteur dit (ci-après, tome I, p. 3) que sa famille était
du Languedoc, et son i'rère, Pierre Sevin du Plessis, répète la
même chose dans une notice autographe qui se trouve au Cabinet
des titres, ms. Franc. 30159. Cependant les représentants actuels
de la famille Sevin, notamment M™^ Albert de Naurois, née de
Sevin, et MM. Armand et Théodore de Sevin, issus d'une
branche établie en Agenais et sortie de la même tige que celle
de Quincy, dont elle se sépara probablement au xvi« siècle,
m'ont très obligeamment communiqué (et je les prie de vouloir
bien trouver ici l'expression de ma gratitude) des papiers de
famille, des preuves de Malte et des notices généalogiques qui
fout de l'Orléanais le berceau de la famille. D'Hozier admet, lui
aussi, comme tige des Sevin, des bourgeois d'Orléans de la fin du
xv^ siècle, et c'est également la conclusion du clianoine Hubert
dans SCS notes généalogiques sur les familles orléanaises (ms. de
la bibliothèque d'Orléans, n» 561, fol. 271). Ce qui a pu donner
lieu à confusion, c'est que, dès le xvi« siècle, on trouve à Agen et
à Toulouse, dans des charges de judicature, des Sevin appartenant
à la même famille que ceux d'Orléans.
3. Gallia christiana, t. XII, col. 32-34. C'est sans doute à ce
NOTICE PRÉLIMINAIRE. V
SOUS Néron •. Il est inutile d'insister sur cette origine fantai-
siste conforme aux habitudes de l'époque ; ce qu'on peut dire,
c'est que les Sevin restés au nord de la Loire se subdivi-
saient, aux xvf et xvii" siècles, en plusieurs branches,
notamment celles de Villevé et Villemesle ^ de Miramion en
prélat que notre auteur fait allusion (ci-après, p. 2) lorsqu'il dit
que sa famille était illustre dans l'Église; il en parle d'ailleurs
dans le tome II, p. 235. — Est-il nécessaire de faire remarquer
qu'au x« siècle les noms de famille n'existaient pas, et que ce nom
de Sevin était un prénom comme Guérin, Perrin, Liévin, etc.;
que, si cet archevêque eut un frère qui ait eu postérité, celui-ci
porta un autre prénom; que, lorsque les noms de famille commen-
cèrent, deux ou trois siècles plus tard, à être en usage, il n'y avait
aucune raison pour que ses arrière-neveux prissent son nom comme
nom patronymique? En tout cas, rien ne l'établit, ou même ne peut
le faire supposer. En outre, selon \a.Gallia, cet archevêque aurait été
neveu de Rainard , comte de Sens ; il serait bien étonnant que les des-
cendants d'un si puissant seigneur soient devenus de simples bour-
geois d'Orléans. Enhn, le nom de Sevin, comme tous les noms de
baptême pris pour noms patronymiques, n'est point rare en France.
On peut citer une ancienne famille de la Tarentaise et une autre
du pays d'Alençon qui semblent bien n'avoir aucun lien avec nos
Sevin. Il en est de même de ces Sevin du Bordelais dont d'Hozier
enregistra les armoiries en 1700 : d'argent à la croix ancrée de
sable (ms. Franc. 29184, dernier feuillet), et de ces Sevin de la
Cordinière sur lesquels ce même d'Hozier a recueilli un certain
nombre de documents généalogiques. A d'autres familles aussi
appartenaient Pierre- Paul Sevin, peintre ordinaire du roi {Dic-
tionnaire critique de Jal, p. 1132), et l'huissier de la chambre de
Madame Victoire qui acheta en 1771, du roi Louis XV, la petite
maison de la rue Saint-Médéric, à Versailles, connue sous le nom
de Parc-aux-Cerfs (contrat publié par Le Roi, Histoire de Ver-
sailles, t. U, p. 265). De nos jours, l'on trouverait sûrement bon
nombre de Sevin qui n'ont aucune relation avec la famille qui
nous occupe.
1. Si le rédacteur de cette généalogie avait connu les lois de la
linguistique, il eût dû, avec plus de vraisemblance à ce point de
vue, rattacher les Sevin au gaulois Sabinus, le mari de la tou-
chante Eponine, compétiteur malheureux de Vespasien.
2. Eure-et-Loir, arrondissement de Chàteaudun.
VI NOTICE PRÉLIMINAIRE.
Beauce, de la Grange en Brie, de Quincj, de Bandeville.
On ne s'occupera ici que de celle de Quincy, et de celle de
Bandeville qui en est issue. Les documents généalogiques
du Cabinet des titres, à la Bibliothèque nationale i, et les
papiers de famille qu'a bien voulu me communiquer M™^ de
Naurois, née de Sevin, seront la source principale de cet
exposé, que l'on complétera pour le xvii'^ siècle par les
renseignements tirés des documents originaux. La postérité
masculine des Sevin de Quincy s'est éteinte au milieu du
xviii^ siècle.
L
GÉNÉALOGIE DES SeVIN DE QdINCY.
L Jean Sevin, mort en 1445,
IL Jean II Sevin, mort le 10 août 1471.
III. Guillaume Sevin, mort le l^"" septembre 1477.
IV. Jacques Sevin, écuyer, seigneur de la Vove en
Dunois, juge-mage d'Agenais, mort le 20 octobre 1507.
V. Pierre Sevin, écuyer, seigneur de la Vove, conseil-
ler au parlement de Bordeaux, marié à Suzanne de Redon
le 24 janvier 1528.
[Ces cinq premiers degrés sont ainsi établis dans les preuves
présentées en ^633 par Augustin Sevin pour l'ordre de Malte.
Ils ne sont pas admis par d'Hozier, et Ton trouvera à l'Appen-
dice du tome III des présents Mémoires, p. 285-287, la repro-
duction de diverses mentions autographes du même d'Hozier
relatives à la fausseté qu'il estime y trouver.
1. Manuscrits du fonds Français no^ 29184 (Pièces originales),
30159 (Dossiers bleus), 30812 (Carrés d'Hozier), 31193 (Cabinet
d'Hozier). Les pièces du Nouveau d'Hozier, n» 31530, et de la
collection Chérin, n» 31752, sont sans importance, ou se rapportent
à d'autres familles.
NOTICE PRÉLIMINAIRE. vil
Les divers volumes du Cabinet des titres renferment plu-
sieurs tableaux généalogiques de la famille Sevin qui ne s'ac-
cordent pas entre eux pour les degrés antérieurs à François
Sevin (ci-après, n" VI). D'Hozier semble admettre les degrés
suivants :
I. Jean Sevin, bourgeois d'Orléans en 4494.
II. Macé Sevin, aussi bourgeois d'Orléans. — Sur le tableau
généalogique annexé aux preuves pour Saint-Cyr d'Anne-Mar-
guerite Sevin (ci-après, p. xii; ms. Franc. B\i93], d'Hozier a
ajouté ici de sa main : « Et tavernier à Paris, taxé à cet effet le
9 mars U99. » — D'après des généalogies qui se trouvent dans
le ms. Franc. 294 84, fol. 262-264, Macé Sevin ne serait que le
troisième fils de Jean Sevin ; l'es deux aînés auraient été les
auteurs des branches établies à Agen et à Toulouse ; un qua-
trième fils serait la tige de la branche de Miramion.
III. Guillaume Sevin, sieur de la Vove, procureur au Parle-
ment en 4554 , puis auditeur en la Chambre des comptes, marié,
le 43 août 4 564, à Anne Lefèvre de Bizay (contrat de mariage
analysé dans le ms. Franc. 30842, fol. 94). — On remarquera
que le mariage de Guillaume est postérieur de soixante-deux
ans à la date de 4 499, à laquelle d'Hozier mentionne son père;
c'est là un intervalle qu'il semble difficile d'admettre.
IV. François Sevin, qu'on va trouver ci-après.
En réalité, il faut reconnaître que la généalogie des Sevin
est incertaine avant ce François Sevin. Les intéressés, il y a
deux siècles, ne parvenaient déjà pas à l'établir d'une manière
évidente; c'est ce qui résulte des divers tableaux généalogiques
du Cabinet des titres. Cependant, il semble ressortir des preuves
de Malte du commandeur de Bandeville, que M™" de Naurois
a bien voulu me confier, que les degrés de Jacques et Pierre
Sevin (n°' IV et V) peuvent être établis tels que nous les don-
nons plus haut, si toutefois l'on doit ajouter foi entière à ces
preuves de Malte contrairement à l'opinion de Charles d'Hozier
(voyez ci-après, Appendice du tome III, p. 286-287). En effet,
ces preuves rapportent : 4° le contrat de mariage de François
Sevin, seigneur de la Vove, avec Antoinette Le Rebours (4 "juin
4 555), le futur époux assisté de son père, Pierre Sevin, con-
seiller au parlement de Bordeaux; 2° un hommage rendu à
vni NOTICE PRÉLIMINAIRE.
Chàleaudun, en •JSSD, par ledit Pierre Sevin, au duc de Longue-
ville, comte de Dunois, pour sa terre de la Vove, dans lequel il
est dit que ladite terre lui a été donnée, lors de son mariage
avec Suzanne de Redon, par Jacques Sevin, juge-mage d'Age-
nais, et Jeanne de Goësme, ses père et mère ; 3° le contrat de
mariage de Pierre Sevin avec Suzanne de Redon ; il est assisté
de ses père et mère, Jacques Sevin et Jeanne de Goësme. C'est
le plus haut degré rapporté par ces preuves.
Reprenons maintenant notre généalogie, dont la suite n'est
plus contestée, ni contestable.]
VI. François Sevin, sieur de la Vove, conseiller à la
Cour des aides le 23 août 1556, passa président le 3 octobre
1 575. Il avait épousé, le 1" juin 1 555, Antoinette Le Rebours,
dame de Quincy ' .
VII. Thierry Sevin, seigneur de Quincy, près Meaux,
de Magny, la Cour-du-Bois et Conflans, nommé conseiller
au Parlement le 29 avril 1586 et reçu le 4 février 1587,
président aux requêtes du Palais le 16 septembre 1609, puis
aux enquêtes le 24 mai 1612, conseiller d'État le 31 janvier
1617. Il avait épousé en premières noces, le 16 juillet 1594-,
Marie de Villemontée, fille de Charles de Villemontée, pro-
cureur du roi au Chàtelet ; elle mourut au commencement
de 1607 3. Thierry se remaria, le 20 juin de la même année,
avec Louise du Drac, fille de Jean du Drac, seigneur de Ban-
deville, président aux requêtes du Palais^. Il eut du premier
1. Le frère cadet de ce François, Guillaume, serait l'auteur des
Sevin de la Grange (ms. Franc. 29184, fol. 263).
2. Il y a une analyse détaillée du contrat de mariage dans le
ms. Franc. 30812, fol. 97.
3. Constitution de tutelle pour son fils Charles en avril 1607
(ibid., fol. 101).
4. Il y a une analyse du contrat de mariage dans les preuves
de Malle du commandeur de Bandeville (archives de la famille de
Sevin).
NOTICE PRÉLIMINAIRE. IX
lit Charles, qui suit, et du second Jean, seigneur de Ban-
deville, rapporté ci-après.
A^III. Charles Sevin, seigneur de Quincy, né le 28 mai
1595, conseiller au parlement de Bretagne (13 juillet 1619),
puis à celui de Paris (7 novembre 1621), maître des requêtes
le 4 janvier 1634 ', mourut après 1644^. Il avait épousé, le
30 mai 1623^, Marie Le Maistre, fille d'Augustin Le
Maistre, conseiller aux requêtes du Palais, dont il eut :
1" Thierry, qui suit; 2° Augustin, né le 4 juillet 1627^,
reçu chevalier de Malte de minorité en novembre 1633^,
qui fit ses preuves^ le 6 novembre 1645, et fut tué au com-
bat des Dardanelles le 26 juin 1656 ; 3" autre Augustin,
dont la postérité sera rapportée après son frère aîné ; 4" Èlèo-
nore, morte sans alliance.
IX. Thierry Sevin, seigneur de Quincy, Gharny et
Montgodefroy, conseiller au Parlement (28 mars 1658),
président en la seconde chambre des enquêtes le 29 novembre
1673, mort le 6 janvier 1695 et inhumé le 8 aux Feuil-
1. L'analyse des lettres de provisions est dans le ms. Franc. 30812,
fol. H 5.
2. On le voit, en effet, le 13 août 1644, constituer quatre cents
livres de rente annuelle à Claude et Marie Sevin, ses deux filles
naturelles, nées de demoiselle Marie Croiset, demeurant rue des
Juifs. Lui-même habitait rue des Blancs-Manteaux. Il était sti-
pulé que cette rente serait rachetable pour une somme de six mille
livres (Arch. nat., Y 183, fol. 496).
3. Résumé du contrat de mariage : ms. Franc. 30812, fol. 106.
4. Extrait baptistaire : ibid., fol. 112.
5. Registres capitulaires du grand prieuré de France : Arch.
nat., MM 42, fol. 285.
6. Ces preuves, présentées pour lui, servirent également pour
son cadet, appelé aussi Augustin, père de notre auteur (ci-après).
On verra dans le tome III, Appendice, § I, que d'Hozier regardait
ces preuves comme inexactes pour les degrés anciens.
X NOTICE PRELIMINAIRE.
lants*. Il épousa en premières noces, en 1662, Marie Paris,
fille de Claude Paris, receveur à Chartres, morte en mars
1676, dont une fille, Marie-Anne, née en 1663, morte le
25 septembre 1680 ^ Il se remaria, le 2 mars 1681, à Mar-
guerite Lefèvre, fille d'Antoine Lefèvre, seigneur de la
Barre, lieutenant général des armées du roi, bien connu
comme gouverneur des îles de l'Amérique; il n'en eut pas
d'enfants.
IX. Augustin Sevin, frère du précédent, seigneur de la
Fleur-de-Lis et de la Corbillière en Brie, né vers 1636, d'abord
chevalier de Malte (juin 1656) , n'assista pas la même année au
combat des Dardanelles, où fut tué son frère, quoi qu'en dise
notre auteur (tome I, p. 3-4), puisqu'il se présentait à cette
époque devant le chapitre du grand prieuré de France 3. Il
quitta l'ordre vers 1658 et épousa clandestinement, le 9 fé-
vrier 1660, Marguerite-Françoise de Glapiou, fille de Guil-
laume de Glapion, sieur de la Boissière, ancien lieutenant-
colonel du régiment de cavalerie de Fervacques, et de
Marguerite Tartereau. Le contrat avait été passé sous seing
privé le 8 février, et la mère de la future, sa grand'mère
maternelle, son frère et deux amis du futur assistèrent seuls
au mariage. Le frère aîné du nouvel époux avait obtenu, le
31 janvier, un arrêt du Parlement défendant à Augustin de
contracter mariage. Celui-ci passa outre, fit opposition à
l'arrêt, et le Parlement, mieux informé, débouta l'aîné de sa
prétention. Aussitôt les deux époux s'empressèrent de faire
1. L'acte de partage de sa succession entre ses neveux, daté du
H avril 1695, est analysé dans le ms. Franc. 30812, fol. 125.
2. Elle fut inhumée aux Feuillants le 27 (Bibl. Mazarine,
ms. 3334, p. 262).
3. Registres capitulaires : Arch. nat., MM 43, fol. 153, 154
et 158.
NOTICE PRÉLIMINAIRE. XI
réhabiliter leur mariage. Ils obtinrent dispense de bans le
13 août et, le 16, le mariage fut célébré à nouveau à la
paroisse de Brie-Comte-Robert'. Augustin Sevin^ perdit sa
femme en 1679, à la naissance de son douzième enfant 2. Il
tomba alors dans la débauche et la misère S et mourut au
commencement de février 1689^. Ses enfants furent :
1" Augustin, sieur de l'Epineux, près Bellegarde en
Orléanais, né le 27 novembre 1661 , se destina d'abord à l'état
ecclésiastique et posséda même pendant quelque temps un
bénéfice^, qu'il résigna pour épouser, le 30 septembre 1690,
Marie-Marguerite Médon, fille de Simon Médon, sieur de
l'Epineux'. Sa femme étant morte le 19 janvier 1697, il se
remaria, moins de six mois après ^, avec Marie de Givès,
fille d'un conseiller au présidial d'Orléans. Du premier lit, il
eut : Augustin, qui servait sur mer en mai 1720^ devint
plus tard capitaine au régiment de milice de Lannion,
1. Preuves pour l'ordre de Saint-Lazare présentées par Pierre
Sevin, sieur du Plessis : ms. Franc. 30159, et ci-après, tome III,
Appendice, p. 291-295.
2. Le 5 juin 1671, il avait fait avec l'Hôtel-Dieu de Paris un
échange de terres dans les faubourgs de Brie -Comte -Robert
{Archives de l'Hôtel-Dieu de Paris, tome I, p. 168, n" 2318).
3. Ci-après, tome I, p. 5.
4. Ibid., p. 5-8.
5. D'après l'avis de parents, du 10 mai 1689, pour ses enfants
mineurs (Arcb. nat., Y 4015), son inventaire après décès fut dressé
par le greffier du bailliage de Brie-Comte-Robert le 14 février; il
avait dû mourir peu de jours avant.
6. Ci-après, tome I, p. 26.
7. Analyse du contrat de mariage, ms. Franc. 30812, fol. 123.
8. Ce terme est établi par le fait qu'il était déjà marié lorsque,
le 10 juillet 1697, son frère Thierry (ci-après) épousa Madeleine
de Givès, sœur de Marie.
9. Est-ce lui ce sieur de Quincy, commandant du vaisseau l'Ainé-
ricain, emprisonné à Nantes en mai 1725 pour malversations
xii NOTICE PRÉLIMINAIRE.
n'était pas encore marié en septembre 1723, et n'eut pas,
sans doute, de postérité ^ et une fille, Anne-Marguerite ,
née à Cambray le 17 juillet 1694 2, reçue à Saint-Cyr en
juin 17033, et ensuite religieuse aux Carmélites de Nantes.
2" LÉONORE, religieuse aux Ursulines de Melun.
3° René, mort jeune.
4" Charles, dit le marquis de Quincy, seigneur de Charny
et Montgodefroy, né en 1664, sous-brigadier de la seconde
compagnie des mousquetaires^, capitaine et grand bailli de
Meaux en 1699, lieutenant général de l'artillerie par brevet
du V octobre 1716, brigadier des armées du roi le l*^"" fé-
vrier 1719, lieutenant de roi de la Basse-Auvergne par
provisions du 9 février 1720'', chevalier de Saint-Louis, et
titulaire, depuis le 1®"" janvier 1728, d'une pension de quinze
cents livres. Il mourut à Saint-Germain-en-Laye, dans sa
maison de la rue aux Miettes, le 10 janvier 1738^ à soixante-
treize ans. C'est l'auteur bien connu et justement réputé de
la grande Histoire militaire du règne de Louis le Grand
au préjudice de la Compagnie des Indes, qui est mis en liberté
sous caution à la demande de ses oncles (Arch. de la Marine,
G2 266) ?
1. Il est présent en 1738 à l'inventaire après décès de son oncle
le marquis de Quincy (ci-après, tome III, p. 301).
2. Extrait baptistaire, ms. Franc. 30812, fol. 124.
3. Ci-après, tome III, Appendice, p. 285.
4. En 1689, lorsque le duc de Bourgogne, incorporé dans les
mousquetaires noirs, fit l'exercice en présence du Roi, le marquis
de Quincy eut l'honneur de le tenir par la main (P. Daniel, His-
toire de la milice française, t. II, p. 212).
5. Provisions, dans les registres du Parlement, aux Archives
nationales, X^a 8724, fol. 10.
6. Son inventaire après décès, daté du 11 février 1738, est aux
Archives nationales, carton T 637, n° 3, cote 14; on en trouvera des
extraits dans l'Appendice, tome III, p. 300.
NOTICE PRÉLIMINAIRE. XIII
publiée en 1726. — Il avait épousé, le 3 juillet 1696, Gene-
viève Pecquot, fille de Pierre Pecquot, sieur de Saint-Mau-
rice, greffier du Conseil, enrichi dans les affaires de finances,
et de Catherine Lattaignant. Il en eut une fille, Catherine-
Charlotte, née le 17 août 1699, mariée le 3 novembre 1721
à René Jourdan de Launey, gouverneur de la Bastille ^ et
morte sans enfants, le 28 février 1736"^, chez les dames Hos-
pitalières de la Roquette 3. Sa mère, la marquise de Quincy,
après la mort de son mari, en 1738, se retira d'abord aux
Miramionnes du quai de la Tournelle, puis au monastère de
la Visitation de Meaux, où elle mourut le 6 février 1755^.
5° Marie-Anne, religieuse à l'abbaye du Pont-aux-
Dames. Notre auteur parle d'elle dans le tome I, p. 5-6, et dans
une histoire à clef dont il va être question plus loin, p. xxi.
6° François-Thierry, seigneur de Bussy et du Cellier,
capitaine au régiment de Chartres-infanterie, qui vivait
encore en 1738, lors de la mort de son frère le marquis de
Quincy. Il s'était marié, à une date qu'on n'a pu retrouver,
1. Contrat de mariage, du 2 novembre (Arch. nat., carton T 637,
n° 7, cote 128, p. 307 ; on le trouvera ci-après, dans l'Appendice
du tome III).
2. Mercure de mars, p. 601-602.
3. Son oncle, Mathias Pecquot, docteur de Sorbonne et cbanoine
de Paris, lui avait donné, le 7 janvier 1716, la nue-propriété d'une
maison sise rue des Blancs-Manteaux, dont il se réservait l'usu-
fruit (T637, n" 1, cote 7). Cet abbé Pecquot ne mourut qu'en jan-
vier 1745, bien après sa nièce.
4. Inventaire après décès, dans T 637, n° 3, cote 14. — Son seul
héritier était son neveu Pierre-Claude Pecquot de Saint-Maurice,
dont la fille unique, Marie-Angélique, avait épousé Antoine Huet
d'Ambrun. C'est ainsi qu'une partie des papiers du marquis de
Quincy, venus aux Huet d'Ambrun par cet héritage, se trouvent
actuellement mêlés à leurs papiers, sous la cote T 637, aux Archives
nationales.
XIY NOTICE FRÉLIMINAIRE.
avec Charlotte-Marguerite Médon, dont son frère aîné
Augustin avait épousé la sœur (ci-dessus, p. xi). Il en eut
un fils, François, qui n'était pas marié en 1723, et qui dut
mourir sans alliance.
7" Louis, sieur de la Martinière, capitaine de grenadiers
au régiment de Boisseleau, tué au siège de Limerick en 1689.
8" Marguerite, morte jeune.
9° Thierry, d'abord garde-marine, puis commissaire
d'artillerie, tué au siège de Lerida en 1709*. Il s'était marié,
le 10 juillet 1697, avec Madeleine de Givès, dont la sœur
Marie avait épousé peu auparavant son frère aîné Augus-
tin ~. Il n'eut que deux filles : Marie- Madeleine-Charles
et Marguerite-Charlotte ; cette dernière, née le 30 juillet
1708, fut reçue à Saint-Cyr le 23 mai 1720 3. Toutes deux
paraissent, comme représentant leur père décédé, dans l'in-
ventaire après décès du marquis de Quincy, en 1738^.
10» Pierre, sieur du Plessis, près Orléans, né le 18 jan-
vier 1676, lieutenant au régiment d'infanterie du Dauphin
(17 février 1694), puis capitaine (29 janvier 1696), démis-
sionnaire en 1704^, chevalier des ordres de Notre-Dame du
Mont-Carmel et de Saint-Lazare en 1719^, mort le 9 janvier
1752, à soixante-seize ans''. Il avait épousé, le 1" février
1. Notre auteur ne parle pas de lui dans ses Mémoires, et ne
mentionne même pas sa mort.
2. Ci-dessus, p. xi.
3. Ses preuves de noblesse sont dans le ms. Franc. 30159,
fol. 17.
4. Ci-après, tome III, Appendice, p. 300-301.
5. Ci-après, tome II, p. 236-237.
6. Le bordereau de production de ses titres est dans le ms.
Franc. 30159.
7. Copie de son acte mortuaire dans le ms. Franc. 30812; son
scellé est aux Archives nationales, liasse Y 11169.
NOTICE PRÉLIMINAIRE. XV
1707, Marie-Françoise Margeret, fille de Pierre Margeret
ou de Margeret, grand audiencier de France*, et sœur d'un
capitaine aux gardes françaises, Pierre de Margeret de Pon-
taut^; il n'en eut pas d'enfants.
11" Joseph, notre auteur, dont nous parlerons bientôt
plus en détail.
12° Alexandre, sieur de la Martinière après la mort de
son frère (ci-dessus, 7°), né en 1679^, entré aux mousque-
taires en février 1699, lieutenant au régiment de la Vieille-
Marine en décembre 1701, puis capitaine^. Il avait épousé,
le 21 février 1705, Jacqueline- An ne du Buisson, fille de
Bon ou Benoît du Buisson, peintre à Paris, dont il eut :
François- Alexandre, né le 5 janvier 1708, mort jeune ;
Michelle- Angélique , née le 24 décembre 1709, non encore
mariée en 1731 ; et Marie-Madeleine , née le 26 novembre
1711, reçue à Saint-Gyr en 1723. Il vivait encore en 1738,
lors de la mort de son frère le marquis de Quincy , et demeu-
rait alors à Angers^.
Branche de Bandeville.
VIII. Jean Sevin, seigneur de Bandeville, né du second
mariage de Thierry Sevin (ci-dessus, p. viii), conseiller au
Grand Conseil (12 janvier 1632), puis au Parlement (5 jan-
1. Extrait du contrat de mariage, ms. Franc. 30159.
2. Ci-après, tome II, p. 237.
3. Il est dit âgé de dix-neuf ans lors de son émancipation
(Y 4077).
4. Il dut servir en Italie en même temps que notre auteur,
puisque son régiment s'y trouvait. On s'étonne que notre cheva-
lier ne parle pas de lui à cette occasion.
5. Ci-après, tome III, Appendice, p. 801.
XVI NOTICE PRÉLIMINAIRE.
vier 1634), maître des requêtes le 1^" février 1636 et capi-
taine des chiens d'Ecosse du roi chassant le lièvre. Il rési-
gna ses charges en mars 1642, après la mort de sa femme,
pour entrer dans les ordres, et mourut en août 1650. Il avait
épousé, le 6 janvier 1637, Marie du Pré, fille de Barthélémy
du Pré, secrétaire du roi, et sœur de la présidente Amelot,
dont il eut trois fils : 1° Jean, qui obtint, le 30 août 1653,
la charge de capitaine des chiens d'Ecosse qu'avait eue son
père; il s'en démit en mars 1662*. Ayant acheté un guidon
dans la compagnie des gendarmes de Monsieur, il eut la tête
emportée d'un coup de canon au siège de Lille, le 18 août
1667; 2° Louis, qui suit; 3" Charles, dit le commandeur
de Bandeville, né le 24 avril 1640, reçu chevalier de Malte
de minorité le 9 mai 1647^ d'abord capitaine dans le régi-
ment de son frère Louis, lui succéda comme colonel à sa
mort, en 1674, et céda le régiment en 1677 à M. de Vau-
becourt. Il obtint la commanderie de Villedieu-lès-Bailleul
en 1684, celle de Villedieu-en-Dreugesin en 1691, celle de
Fieffés en 1696, celle de Boncourt, avec la charge de grand
hospitalier du prieuré de France, en 1705, devint grand
prieur de Champagne en 1707, et mourut à Paris le
24 novembre 1718^, laissant toute sa fortune, assez consi-
dérable, à son ordre"*.
\. Ms. Franc. 30812.
2. Ses preuves pour l'ordre de Malte existent encore dans les
archives de la famille de Sevin, et m'ont été bienveillamment
communiquées.
3. Gazette de France du 3 décembre; son scellé après décès est
dans la liasse Y 10835.
4. On trouvera à l'Appendice du tome III, p. 309-310, le texte
de l'inscription commémorative qui fut érigée à Malte en son
honneur, pour rappeler cette libéralité; voyez aussi ce qu'en dit
notre auteur, tome III, p. 280-281.
NOTICE PRÉLIMINAIRE. xvil
IX. Louis Sevin, seigneur de Bandeville, lieutenant au
régiment des gardes françaises en 1668, devint en 1669
colonel du régiment d'infanterie d'Espagny ; il mourut le
3 novembre 1674, de blessures reçues à la bataille d'Ens-
beim. Il avait épousé Angélique-Marie-Madeleine Guérapin
de Vauréal, morte le 3 décembre 1712, dont il eut un fils,
qui suit.
X. Louis Sevin, marquis de Bandeville, d'abord capi-
taine dans le régiment de dragons de la Reine, puis colonel
d'un régiment d'infanterie qu'il leva par commission (4 jan-
vier 1702), fut tué à la bataille d'Hochstedt, le 13^oût 1704,
sans alliance.
Il convient d'ajouter à cette généalogie que les Sevin
étaient parents ou alliés des principales familles parle-
mentaires de Paris, les Gourtin, les Gatinat, les Portail,
les Golbert, les Ghamillart, les Ormesson, les Le Rebours,
les Gabart de Villermont, etc., et même à quelques
familles de la cour comme les Alègre et les Frezeau de la
Frezelière.
IL
L'auteur des Mémoires et son œuvre.
Après avoir établi la filiation de notre auteur, il y a lieu
de s'étendre davantage sur lui-même. Onzième enfant d'Au-
gustin Sevin et de Marguerite de Glapion, né en 1677 ^
ayant perdu sa mère peu après, Joseph Sevin eut une
enfance assez malheureuse. Recueilli par son oncle le prési-
1. Ilestdit âgé de vingt-un ans lorsqu'il est émancipé le 28 jan-
vier 1699 (Y 4077).
I b
XVIII NOTICE PRÉLIMINAIRE.
dent au Parlement, et placé par lui dans divers collèges, il
fut admis en janvier 1697 dans la seconde compagnie des
mousquetaires du roi, dits mousquetaires noirs, et prit alors
le nom de chevalier de Quincy. Il y resta quatre ans et
demi, et les quitta le 20 octobre 1701 pour entrer comme
enseigne dans la compagnie colonelle du régiment de Bour-
gogne. Ce régiment, alors en Italie, était commandé par le
marquis de Dreux, gendre du ministre d'Etat Chamillart,
allié des Sevin. Notre chevalier n'eut pas le temps de rem-
plir les fonctions de cet emploi : il reçut le grade de lieute-
nant le 16 janvier 1702, un peu avant de partir pour
rejoindre son poste.
Il gagna donc l'Italie au printemps de cette même
année et y resta jusqu'à la déroute de Turin (septembre
1706) ; il rentra alors en France avec l'armée. Entre-temps,
il avait été nommé capitaine (31 janvier 1703), grade qu'il
devait conserver jusqu'à la fin de sa carrière militaire. Il
servit en Provence et en Dauphiné en 1707, en Flandre de
1708 à 1712, et fit sur le Rhin la campagne de 1713. Sa
compagnie fut réformée à la paix d'Utrecht ; mais il ne
quitta définitivement le service qu'en 1720, après avoir, à
mainte reprise, sollicité du Régent un régiment, qu'il ne put
obtenir ; on lui donna comme compensation la croix de che-
valier de Saint-Louis.
Six ans auparavant, le 28 mai 1714, il avait épousé
une riche veuve, de famille parisienne et d'âge déjà mûr,
puisqu'elle était née en 1678, Madeleine de Sève, parente
d'un évêque d'Arras et veuve en premières noces d'Anne
Potier, seigneur de Notre-Dame-du-Parc ^ La fortune que
1. Il parle assez longuement des débuts de leur connaissance
dans ses Mémoires, tome III, p. 207-209.
NOTICE PRELIMINAIRE. xix
cette union lui procura lui permit d'acheter une des charges
de lieutenant de roi au gouvernement d'Orléanais* ; il en
fut pourvu le 8 mars 1720, et il la conserva jusqu'à sa mort.
Madeleine de Sève lui apporta, en outre, les terres de Villar-
son et de Villefalier, près Cléry; elle mourut au bout de
quinze ans de mariage, le 2 octobre 1729, laissant une fille,
Charlotte-Geneviève, née en 1715, mais qui mourut à
seize ans, le 3 janvier 1732. La mort de sa fille décida le
comte- de Quincy à se remarier. Par contrat du 26 juin
1732 -^ il épousa Marie- Madeleine-Eugénie de Tournay
d'Assignies d'Oisy, fille de Jean-Eustache, comte d'Oisy, et
de Marguerite-Glaire de Berghes-Saint-Winocq, et veuve,
elle aussi, de Louis- Albert de Dreux, seigneur de Marsan ;
elle appartenait à une bonne maison de Flandre. M. de
Quincy la perdit six ans après, le 11 mai 1738 4, à l'âge
de quarante-sept ans^; il n'en avait point eu d'enfants. Il
1. Voyez les lettres de provisions à l'Appendice du tome III,
p. 295. — Il avait d'abord acheté la lieutenance de roi d'Auvergne;
mais, ayant trouvé jour à acquérir celle d'Orléanais, qu'il préfé-
rait, il céda la première à son frère le marquis (lettres de provi-
sions de celui-ci : Arch. nat., X1a8724, fol. 10, 22 juin).
2. Il est déjà qualifié ainsi dans ses provisions de lieutenant de
roi en 1720; mais on n'a pu retrouver s'il portait ce titre aupa-
ravant. C'est certainement un titre de courtoisie ; car il n'y eut
aucune érection de comté en sa faveur.
3. Voyez tome III, Appendice, p. 298, des extraits de ce contrat,
d'après le registre Y 334 des Archives nationales.
4. Joseph Sevin habitait alors rue Neuve-des-Petits-Champs,
paroisse Saint-Roch (inventaire du marquis de Quincy, février
1738) ; il avait demeuré auparavant rue de Poitou, au Marais.
5. Cet âge nous est fourni par les tableaux généalogiques du
Cabinet des titres, et il est probablement exact, puisque sa mère
était morte avant 1694, époque du second mariage de son père;
notre auteur s'est certainement trompé en ne lui donnant que
seize ans en 1711 (tome III, p. 74), ce qui la ferait naître en 1695.
XX NOTICE PRÉLIMINAIRE.
lui survécut onze ans, et ne mourut que le 22 juin 1749 ^
C'est après la mort de sa seconde femme que le chevalier
de Quincy, pour occuper sa solitude, se mit à rédiger
ses Mémoires. On peut préciser assez exactement leur date
de rédaction. L'auteur fait, en effet, plusieurs allusions à
des événements contemporains de l'époque à laquelle il écrit.
Parlant d'un de ses condisciples (tome I, p. 27), Jean
Lavaud, il ajoute qu'il est actuellement provincial des
Jésuites; or, le P. Lavaud fut provincial de 1738 à 1742.
A la fin de la campagne de 1706 (tome II, p. 237), il parle
de M. de Margeret comme mort ; or, il mourut le 16 février
1738. Enfin, il semble que le cardinal de Fleury, mort le
29 janvier 1743, n'existait déjà plus lorsqu'il parle de lui
dans le récit de la campagne de 1707 (tome II, p. 254). On
peut donc dire que les Mémoires ont été rédigés entre 1738
et 1745 au plus tard. Il y avait alors environ vingt-cinq
ans que l'auteur avait quitté le service.
Comment se fait-il donc qu'il ait pu, après un si long inter-
valle, se souvenir assez exactement des événements de sa
carrière militaire pour indiquer avec une précision scru-
puleuse la succession des faits selon l'ordre des dates? C'est
qu'il avait d'autres guides, et plus sûrs, que sa mémoire.
D'abord, il avait fait naguère, au jour le jour, des relations
sommaires de ses campagnes ^ et ensuite, de même que Saint-
Simon, à la même époque, brode ses brillantes fantaisies sur
la trame régulière et correcte, mais froide et sans vie, du
Journal de Dangeau, de même le chevalier de Quincy, s'il
est permis de le comparer de bien loin à si illustre écri-
1 . On trouvera son acte d'inhumation à l'Appendice du tome III,
p. 299.
2. Ci-après, tome 1, p. 2.
NOTICE PRÉLIMINAIRE. xxi
vain, trouve dans l'Histoire militaire du règne de Louis
le Grand, parue en 1726, et dont l'auteur est son frère
aîné, un canevas très exact, auquel il ajoute les anecdotes et
les détails que lui fournissent sa mémoire et ses notes person-
nelles. Parfois, grâce à ces dernières, il corrige, il amende
le récit de V Histoire militaire, et même il lui arrive de se
plaindre de ce que l'auteur n'a pas suffisamment tenu compte
des relations que lui-même lui fournissait pendant ses cam-
pagnes'. Il est certain, cependant, que le marquis usa à
diverses reprises des renseignements de son cadet ; on peut
même lui reprocher de n'avoir point contrôlé ses dires avec
assez de soin et d'avoir reproduit trop légèrement des erreurs
de faits et de noms géographiques-.
Le manuscrit des Mémoires, que nous avons eu entre les
mains, et qui semble être unique, forme deux gros volumes
in-quarto, de six cents pages environ chacun, composés de
cahiers d'épaisseur variable, paginés séparément, et reliés
ensemble après coup ; chaque cahier comprend le récit d'une
campagne. Le premier volume s'arrête à la fin de 1706 ; le
second va de 1707 à 1713. Ce dernier renferme en outre, en
quatre-vingt-dix-sept pages, une sorte de roman à clef inti-
tulé Histoire véritable de Philinte et d' Almasinde, qui
contient, sous des noms supposés, l'histoire des amours pla-
toniques de Marie-Anne Sevin de Quincy, sœur aînée de
notre auteur, avec un jeune gentilhomme des environs,
qu'elle ne put épouser ; ce qui la fit entrer en religion à l'ab-
baye du Pont-aux-Dames ^ On trouve dans ce récit tous
1. Dans le récit de la campagne de 1704, notamment (tome II,
p. 73).
2. On en verra plusieurs exemples, entre bien d'autres, dans la
campagne du Trentin en 1703 : tome I, p. 287 et suivantes.
3. Voyez ci-après, tome I, p. 5.
XXII NOTICE PRÉLIMINAIRE.
les noms des romans à clef du xvii" siècle, outre ceux des
deux héros : Bélise, Almintor, Amaranthe, Théramène,
Artémise, Euphrosine, Cléobule, etc. Nous n'avons pas
cru devoir publier cette histoire longue, diffuse, et assez
ennuyeuse. Le chevalier de Quincy, alors très jeune, n'y
joue d'ailleurs aucun rôle.
Les deux volumes du manuscrit sont écrits en entier de la
même main ; mais ce n'est pas celle du chevalier de Quincy.
Il semble que l'auteur ait dicté son récit à un secrétaire assez
peu lettré, qui parfois entendait mal, et parfois ne compre-
nait pas ce qu'on lui dictait. On trouve par exemple : la
nuit du quinze au sozVpour la nuit du quinze au seize, —
les doux amants convies douze amants, — quavoit vous
fait, vous ne resteroient pour qu avez-vous fait, vous ne
resterez, — être apporté pour être àportée, — le prince
Eugène commandé pour commandoit, — mensaique
remotai pour mensœque remotœ, etc. Les quelques addi-
tions portées en marge du manuscrit, et écrites de la même
main que le texte, ne sont point une preuve que le manuscrit
soit autographe ; car elles ont pu être dictées après coup au
même secrétaire.
De la valeur littéraire des Mémoires il n'y a rien à dire.
Le style en est un peu lâché, parfois lourd et diffus ; mais,
cependant, ils se lisent facilement. L'auteur n'avait pas trop
mal profité de l'enseignement des Jésuites du collège de
Louis-le-Grand.
Leur valeur historique est plus considérable, encore qu'il
serait fort exagéré de les regarder comme un document de
premier ordre. L'auteur ne raconte guère que ce qu'il a vu ;
à ce titre, son témoignage est précieux, et, s'il ne modifie pas
les grandes lignes connues des événements, du moins il les
complète, les précise, leur donne une vie et un relief qu'on
NOTICE PRÉLIMINAIRE. xxiii
ne trouve pas toujours dans les Mémoires de plus hauts per-
sonnages. C'est surtout par les détails, par les épisodes jour-
naliers de la vie militaire, qu'ils sont intéressants et qu'ils se
recommandent à l'attention des historiens.
Le manuscrit des Mémoires appartient actuellement au
général Pierre-Elie Fabre, commandant la 29*" division
d'infanterie. Il est venu en sa possession par l'héritage d'une
tante de M™« la générale Fabre, qui, elle-même, le tenait de
son mari, M. Faure de Rochefontaine, issu d'une bonne
famille d'Anjou et né vers 1785. M. Faure de Rochefon-
taine ne semblant avoir aucun lien de parenté avec les Sevin
de Quincy, il y a lieu de penser qu'il dut acquérir le manus-
crit de quelque libraire, entre les mains duquel il serait par-
venu à la suite de la Révolution.
Le général Fabre, grâce à la bienveillante entremise de
M. le colonel d'Aboville, a libéralement communiqué le
manuscrit des Mémoires à la Société de l'Histoire de France
et à l'éditeur chargé par elle de les publier. Je les prie tous
deux de bien vouloir agréer mes remerciements et l'expres-
sion de ma gratitude.
MÉMOIRES
DU
CHEVALIER DE QUINCY
CAMPAGNE DE 1710
ET l'hiver suivant.
La campagne de 1710 fut des plus funestes à la
France par la conquête de quatre places considérables
que les alliés firent sur nous en Flandres.
Le Roi, bien informé que les ennemis avoient une
armée supérieure d'un tiers au moins à la nôtre et
qu'ils avoient fait des amas extraordinaires de fourrage
pendant tout l'hiver, ce qui les mettroit en état de se
mettre de bonne heure en campagne, prit le parti de
rester pendant tout le cours de cette campagne sur
la défensive, et il chargea le maréchal de Villars du
commandement de son armée de Flandres.
Le 13 avril, un détachement de l'armée des enne-
mis, qui étoit déjà assemblée, marcha à Mortagne,
petit bourg situé sur la Scarpe à l'endroit oii cette
rivière se jette dans l'Escaut. Il s'en empara, et y fit
prisonniers un capitaine, un lieutenant et cinquante
hommes. Le 14, le chevalier de Luxembourg se ren-
dit maître de ce poste, et il fit prisonnier le même
III 1
2 MÉMOIRES [Avril 1710]
nombre de troupes qu'on nous a voient pris la veille,
et il le garda jusqu'au 18, que les ennemis s'en empa-
rèrent de nouveau''.
Je partis de [Quincy] le 21, lendemain de Pâques.
En trois jours de temps, je me rendis à Chauny, où
M. de Gaut, officier de la compagnie des grenadiers
à cheval % avec qui j'avois été mousquetaire du Roi,
me donna un très bon souper. Il m'apprit que, le jour
de Pâques, le prince Eugène et le duc de Marlborough,
à la tète de soixante mille hommes, s'étoient emparés
de nos lignes élevées dans la plaine de Lens, qu'ils
n'avoient pas osé attaquer l'année précédente^. Le
fin et rusé maréchal de Villars, persuadé, non seule-
ment de l'impossibilité d'acquérir de la gloire dans le
commencement de cette campagne, mais encore qu'il
hasarderoit à perdre celle qu'il avoit acquise, jugea à
propos d'en laisser la besogne au maréchal de Mon-
tesquieu'^. Pour cela, il feignit que la blessure qu'il
avoit reçue à la bataille de Malplaquet^ ne lui permet-
toit pas encore d'aller se mettre à la tête de l'armée
du Roi*^. 11 est à remarquer que, lorsque ce général
1. Mémoires militaires, t. X, p. 14-15. C'est le duc d'Albe-
raarle, à la tête d'un corps hollandais, qui reprit définitive-
ment Mortagne.
2. Cette compagnie, créée en 1676, avec un effectif de cent
trente hommes, porté plus tard à deux cent cinquante, faisait
partie de la Maison du roi (P. Daniel, Milice françoise, t. II,
p. 180-181).
3. Gazette, p. 215 ; Mémoires militaires, p. 18-20.
4. Pierre de Montesquiou d'Artagnan (tome I, p. 80), que
Louis XIV avait fait maréchal de France à la suite de la bataille
de Malplaquet, le 20 septembre 1709.
5. Tome II, p. 368.
6. Voyez ce que dit Saint-Simon sur la conduite de Villars
[Avril 1710] DU CHEVALIER DE QUINCY. 3
sortoit de son appartement de Versailles pour aller
chez S. M., qui lui avoit fait prêter l'appartement de
Madame la Duchesse, afin d'aller conférer de temps en
temps avec lui, il ne boitoit point; mais, à mesure
qu'il approchoit de la chambre du Roi, il commençoit
à boiter, et, lorsqu'il y entroit, il boitoit presque jusque
à terre.
Le maréchal de Montesquieu eut ordre de la cour
d'abandonner les lignes aussitôt que les ennemis
marcheroient à lui', d'autant plus qu'il n'avoit pu,
faute de fourrage, assembler que neuf mille hommes
d'infanterie pour les soutenir ^ Ce général fut si mal
informé de la marche des alliés, que, le jour même,
qui étoit le ^0 avril, qu'ils vinrent pour les attaquer,
il avoit envoyé au fourrage. Il est vrai, nos troupes se
retirèrent bien à propos ; mais la plus grande partie des
équipages et des chevaux des officiers de cette infan-
terie furent pris. Cette grande faute nous donna très
mauvaise opinion de ce nouveau maréchal de France.
Les soldats firent des chansons sur lui, dont le refrain
étoit : Montre ton cul, en faisant allusion à son nom
de Montesquiou.
Je ne sais la raison pour laquelle ce général prit ce
nom de Montesquiou ^ en quittant celui d'Artagnan,
qu'il avoit toujours porté jusqu'au moment qu'il fut
au début de cette campagne [Mémoires, éd. 1873, t. VIII,
p. 32-35).
1. Gela semble contraire à la lettre du Roi du 20 avril
[Mémoires militaires, p. 17), d'où il résulte que le maréchal
pensait pouvoir défendre les lignes, et que le Roi l'y encouragea.
2. Gazette, p. 215.
3. C'était le nom de sa maison ; de même Gacé s'était appelé
le mai'échal de Matignon en recevant son bâton, en 1708.
4 MÉMOIRES [Avril 1710]
fait maréchal de France, d'autant plus qu'il s'étoit
acquis beaucoup de réputation sous ce dernier nom,
ce nom de Montesquiou étant en quelque manière en
horreur en France, surtout dans la maison de Gondé,
depuis, comme tout le monde le sait, que le baron de
Montesquiou^ capitaine des gardes suisses du duc
d'Anjou, eut tué de sang-froid, d'un coup de pistolet,
Louis P"", prince de Gondé, en 1569, la bataille de
Jarnac finie ^.
Le 26 avril, j'arrivai à Valenciennes, où notre régi-
ment étoit en garnison. En y allant, je passai par Bou-
chain, où je trouvai le chevalier des Touches^, nommé
le Chancreux, qui commandoit dans cette place; il
étoit brigadier des armées du Roi et colonel du régi-
ment de Gotentin. Gomme je le voyois, et que j'étois
de société avec lui à Paris, il me fit part du chagrin
qu'il venoit de recevoir de la cour. Lui et son régiment
avoient passé l'hiver à Douay. Naturellement, ils
dévoient rester pour la défense de cette place, mena-
cée d'un siège; mais les gens de cour sont insatiables,
1. François de Montesquiou, dernier de la branche aînée de
cette maison.
2. Histoire universelle d' Agrippa d'Aubigné, t. III, p. 52;
Œuvres de Brantôme, t. IV, p. 346-348. — Saint-Simon raconte
[Mémoires, éd. 1873, t. VII, p. 110-111) qu'à la nouvelle de
ce changement de nom, le duc de Bourbon, cinquième des-
cendant du prince tué, « entra en furie, vomit tout ce qu'il
est possible de plus violent et de plus injurieux, dit qu'il étoit
bien insolent de prendre le nom d'un traître qui avoit assas-
siné son aïeul, et publia que, partout où il le rencontreroit, il
lui feroit un affront et une insulte publique. » Le maréchal ne
s'en émut point, et Monsieur le Duc ne mit pas ses menaces à
exécution.
3. Michel le Camus des Touches : tome II, p. 74.
[Avril 1710] DU CHEVALIER DE QUINCY. 5
ils ne songent qu'à leurs propres intérêts. Le duc de
Beauvillier, quoique dévot, eut le crédit de faire
envoyer le chevalier des Touches et son régiment à
Bouchain, et de faire mettre en sa place le duc de Mor-
temart, son gendre^, afin de le faire faire maréchal
de camp, comme cela arriva après la prise de Douay^.
Le pauvre des Touches en fut si piqué et pénétré de
chagrin, qu'après la campagne finie il quitta le service.
C'est ainsi que le Roi perd souvent d'excellents sujets.
En vérité, les ministres de la guerre devroient avoir
plus d'attention aux mérites et aux services des
anciens officiers; S. M. en seroit certainement mieux
servie.
Quelques jours après que je fus arrivé à Valen-
ciennes, l'électeur de Cologne^ qui y faisoit sa rési-
dence, fit l'honneur à notre régiment d'en bénir les
drapeaux. Il célébra la messe pontificalement, et il
ordonna aux officiers d'avoir l'épée nue à la main
pendant l'Évangile et au lever-Dieu^. Le service fait,
nous fûmes baiser les uns après les autres son anneau
1. Louis II de Rochechouart (1681-1746), duc de Mortemart,
avait épousé, en 1703, Marie-Henriette de Beauvillier, sa cou-
sine germaine; sa mère, fille de Colbert, était sœur cadette des
duchesses de Beauvillier et de Chevreuse. « Il n'avoit ni les
mœurs ni la conduite d'un homme à devenir gendre du duc de
Beauvillier, » dit Saint-Simon. [Mémoires, éd. Boislisle, t. XI,
p. 331.)
2. Promotion du 2 juillet 1710, faite pour lui seul.
3. Joseph-Clément de Bavière (1671-1723), frère de l'élec-
teur-duc de Bavière, avait obtenu l'électorat de Cologne en
1688, en compétition avec le cardinal de Fiirstenberg, soutenu
par la France.
4. L'élévation.
6 MÉMOIRES [Avril 1710]
pastoral, pendant qu'il étoit assis dans un fauteuil, et
nous à genoux; il nous embrassoit ensuite. Il nous
dit après : « Messieurs, de tous les drapeaux que j'ai
« bénits jusqu'à présent, aucun n'a été pris par l'en-
« nemi. Ainsi, je suis persuadé que les vôtres auront
a ce même bonheur. » Nous dîmes à S. A. Électorale
que nous en acceptions l'augure, que, jusques à présent,
aucun de ceux de notre régiment n'avoit eu le mal-
heur de tomber entre les mains de nos ennemis, mais,
qu'au contraire, nous leur en avions pris plusieurs.
Cet électeur étoit un peu ratier et bouffon ; en voici
un exemple. Quelques jours auparavant le mois
d'avril, il avoit fait publier dans toute la ville qu'il prê-
cheroit le premier jour du mois dans la collégiale. Le
jour venu, tout ce qu'il y avoit de plus considérable,
tant à la ville qu'aux environs, se rendit dans cette
église. Entendre prêcher un évêque, et surtout un
archevêque-électeur, étoit la chose la plus rare et la
plus renouvelée des Grecs^. L'Électeur y arriva avec
pompe, et précédé de toute sa maison et de toute sa
cour; il monta en chaire avec une gravité telle qu'il
convient à un grand prédicateur. Il fut quelque temps
sans ouvrir la bouche, en regardant son auditoire.
Enfin, il se fit entendre par ces paroles, et en les pro-
nonçant trois fois : « Poisson d'avril ! Poisson d'avril !
« Poisson d'avril ! » Et ensuite il disparut en éclatant
de rire. Chacun s'en retourna chez soi riant, et en
même temps confus, de la sottise qu'il avoit eu de
1. Littré dit que renouvelé des Grecs signifie connu depuis
longtemps; notre auteur emploie au contraire cette expression
dans le sens de rare, de peu ordinaire.
[Avril 1710] DU CHEVALIER DE QUINCY. 7
donner dans ce panneau, car le caractère de l'Élec-
teur étoit déjà bien connue
Cependant il prêchoit quelquefois. J'ai assisté à un
de ses sermons, dont le texte étoit- :
Après nous avoir fait le détail du bonheur qui avoit
toujours accompagné les armes de la France jusques
au combat de Donauwerth et la bataille d'Hochstedt ^
époque malheureuse pour ce royaume, il nous fit un
détail que trop circonstancié du funeste revers qui
nous étoit arrivé depuis, en attribuant nos malheurs
au trop de confiance que nous avions eu à nos armées
et à nos forces, et non à la toute-puissance de Dieu, et
au peu de confiance que nous avions eu en lui. Il prê-
cha parfaitement bien.
Pendant le peu de temps que je restai à Valen-
ciennes, j'assistai à plusieurs fêtes qu'il donna. Je fus
à sa comédie, représentée par ses domestiques. Entre
les actes, il y avoit des ballets et des chœurs de voix.
Il se mettoit toujours dans une loge au milieu du
fond, accompagné des dames de sa cour, fort mal
mises et fort laides, et qui, cependant, faisoient les
aimables et les agréables. Il donnoit lui-même le coup
de sifflet pour le changement des décorations. J'y vis
une autre fois représenter la Chasse de 3Iorin^. Un
véritable cerf traversa plusieurs fois le théâtre, suivi
d'une meute de soixante-dix chiens. Ce spectacle me
fit beaucoup de plaisir, aussi bien que ces concerts
1. Saint-Simon [Mémoires, éd. 1873, t. VIII, p. 172) raconte
aussi cette anecdote.
2. En blanc dans le manuscrit.
3. En 1704.
4. Nous n'avons pu trouver de renseignements sur cette pièce .
8 MÉMOIRES [Avril 1710]
composés de belles voix. Le jour que j'y fus, on exé-
cuta le prologue et le premier acte de RolandK II
chantoit dans les chœurs; il avoit une basse-taille, et
sa voix s'élevoit au-dessus des autres. Ensuite, il ne
faisoit que polissonner avec les dames. Le Roi lui avoit
fait présent d'un fauteuil de damas cramoisi, tout brodé
en or, sur des roulettes, que l'on faisoit aller où l'on
vouloit moyennant un bâton à vis ; il y promenoit les
dames les unes après les autres.
Un jour, à deux heures après-dîner, lisant dans ma
chambre, j'entendis un grand bruit de trompettes et
de timbales; je courus à la fenêtre. G'étoient quatre-
vingts hommes habillés à la turque, dont vingt habil-
lés de rouge, vingt de vert, vingt de bleu et vingt de
blanc, tous montés à poil sur de mauvais chevaux,
ayant chacun une lance élevée dans la main. Ils étoient
précédés par ses timbales et ses trompettes. Je suivis
cette cavalcade, qui, après être sortie de la ville, se
partagea en quatre dans une plaine. A côté, on avoit
construit des tribunes faites de planches, pour la com-
modité des spectateurs. Au bout d'une demi-heure,
je vis arriver l'Électeur, accompagné de toute sa cour.
Dès qu'il fut placé, il donna le signal. Le bruit des
trompettes et des timbales se fit entendre. Ensuite,
nous vîmes partir Messieurs les Turcs au galop, moitié
d'un côté et moitié de l'autre, venir s'affronter les uns
contre les autres avec leurs lances baissées. Il y en
eut bien la moitié de culbutés par terre. Ils tomboient
1. Tragédie lyrique en cinq actes et un pi'ologue, musique
de Lully, paroles de Quinault, représentée pour la première
fois à Versailles en janvier 1685.
[Avril 1710] DU CHEVALIER DE QUINCY. 9
étendus comme des crapauds, ce qui faisoit rire tout
le monde, d'autant plus qu'ils ne se faisoient point de
mal, par la précaution qu'ils a voient prise de se bour-
rer de beaucoup de foin. Ils firent jusqu'à trois fois ce
combat, et après ils le firent un contre un. Les com-
bats finis, S.A. Électorale distribua elle-même les prix
à ceux qui les avoient mérités, c'est-à-dire à ceux qui
en avoient culbuté le plus et qui n'avoient point été
jetés par terre. Ainsi, cet électeur, chassé de ses États,
tâchoitde se distraire des malheurs arrivés à sa maison.
Le Roi, persuadé depuis longtemps que le dessein
des alliés étoit de faire le siège de Douay, dont M. de
Pomereu étoit gouverneur \ chargea M. d'Albergotti,
lieutenant général, de la défense de cette place. Ce
général avoit toutes les qualités requises pour bien
exécuter la commission dont S. M. venoit de l'honorer.
Il avoit sous ses ordres le marquis de Dreux et M. de
Brendlé^, maréchaux de camp; M. de Valori^, aussi
maréchal de camp, étoit à la tète des ingénieurs; trois
brigadiers, savoir : le duc de Mortemart, le comte de
Lannion^ et M. de Ghastenay, lieutenant-colonel du
régiment de Piémont. La garnison étoit composée des
1. Alexandre -Jacques de Pomereu, chevalier de Saint-
Louis, avait depuis 1688 le gouvernement de Douay. Il mou-
rut le 29 septembre 1718, à quatre-vingt-quatre ans. Pendant
le siège, il vendit sa vaisselle d'argent et avança quarante
raille livres pour subvenir aux besoins des troupes.
2. Tome II, p. 387.
3. Charles-Guy, marquis de Valori (1655-1734), avait fait
toute sa carrière dans le corps des ingénieurs, sous Vauban. Sa
belle conduite pendant le siège de Lille, en 1708, lui avait fait
obtenir le grade de maréchal de camp; il eut celui de lieute-
nant général après la reddition de Douay.
4. Tome I, p. 134.
10 MÉMOIRES [Avril 1710]
trois bataillons de Piémont, des deux de Gharost, des
deux de Touraine, d'un de la Sarre, deux de Solre,
deux de SaintoUge^, d'un de Royal-artillerie et d'un
de Montboissier^, de deux compagnies de canonniers,
d'une brigade de mineurs et d'une de bombardiers.
11 y avoit dans le fort de Scarpe^ trois bataillons, six
compagnies d'invalides et un détachement de bombar-
diers et de canonniers*.
Pendant que toutes nos troupes étoient dans leurs
garnisons et dans leurs quartiers d'hiver, et qu'elles
n'en pouvoient sortir faute de fourrages secs, les enne-
mis se mirent en état de faire le siège de cette place,
comme on l'avoit prévu. Ils arrivèrent devant, le
2i2l avril, au nombre de quarante escadrons et de qua-
rante bataillons. Sur-le-champ, ils firent travailler aux
lignes de circonvallation^. Quelques jours après, il
leur arriva quatre-vingts pièces de canon de batterie,
quatre-vingts mortiers et vingt-cinq pierriers®. Toutes
leurs troupes, tant celles destinées pour ce siège que
celles qui composoient l'armée d'observation, mon-
1. Régiment créé en 1584; il avait alors pour colonel M. de
Lannion, ci-dessus.
2. Levé en 1702 par Philippe-Claude, marquis de Montbois-
sier-Beaufort, ce régiment était passé, le 18 avril 1710, entre
les mains de M. de Longuerue; il fut licencié en 1713.
3. Au nord-est de la ville, sur le bord de la Scarpe, qui en
formait les fossés. Voyez le plan donné par le général Pelet dans
l'Atlas des Mémoires militaires.
4. Le général Pelet a donné un état de la garnison de Douay
au 14 avril : p. 266.
5. Mémoires militaires, p. 20-21; Gazette, p. 215; Histoire
militaire de Quincy, t. VI, p. 318-319.
6. Soixante-dix pièces de canon et quatre-vingts mortiers
ou pierriers, dit le marquis de Quincy.
[Mai 1710] DU CHEVALIER DE QUINCY. H
toient à cent quarante mille hommes, aux ordres du
prince Eugène et du duc de Marlborough. Ainsi, ces
armées étoient de dix mille hommes de plus que
l'année précédente. Il y eut beaucoup de nos officiers
qui furent faits prisonniers en voulant se jeter dans
Douay pour aller rejoindre leurs régiments.
Nous apprîmes que, le l®' de mai, les assiégeants
s'étoient emparés du fort de Dorignies\ qui protégoit
la communication de Douay au fort de Scarpe.
L'armée d'observation, commandée par milord Marl-
borough, avoit sa droite à Vitry-sur-Scarpe'~', qui étoit
le quartier de ce général, sa gauche au canal du Mou-
linet^, près d'Arleux\ et son centre à Tortequenne^.
Le prince Eugène, qui s'étoit chargé du siège, et
dont le quartier général étoit à Belleforière^, château
appartenant au marquis de ce nom^, parent de notre
colonel par sa mère^, ayant fait tout préparer pour
l'ouverture de la tranchée, elle se fit la nuit du 4 au
5 de mai, à deux endroits différents, entre les portes
d'Esquerchin et d'Ocre^.
1. Petit village au nord de Douay et maintenant compris
dans les faubourgs de la ville.
2. Aujourd'hui chef-lieu de canton du Pas-de-Calais, sur la
Scarpe, en amont de Douay.
3. Canal de communication entre la Scarpe et la Sensée.
4. Chef-lieu de canton du Aord^ au sud-est de Douay.
5. Village à quelques kilomètres à l'est de Vitry.
6. Autrefois paroisse, aujourd'hui simple château de la com-
mune d'Auby, au nord de Douay.
7. Philippe-Maxirailien-Ignace de Belleforière, descendant
d'une branche cadette qui avait acheté la terre patrimoniale à
la fin du xvi^ siècle.
8. Voyez tome TT, p. 92.
9. Mémoires militaires, p. 26; Gazette, p. 238-239.
12 MÉMOIRES [Mai 1710]
Le 9, les déserteurs nous dirent que, le 7, à dix
heures du soir, le duc de Mortemart, à la tête de
deux cents dragons et de mille grenadiers, avoit fait
une sortie, qui avoit eu tout le succès possible; qu'il
avoit taillé en pièces le régiment de Sutton, anglois,
et le régiment de Schmidt, suisse; que nos soldats
avoient fait bon quartier aux Suisses, mais qu'ils n'en
avoient fait aucun aux Anglois^
Le 10 mai, notre régiment eut ordre de sortir de
Valenciennes pour aller camper sous le canon de
Gambray. Quelques jours après, je fus détaché à la tète
de cinquante hommes pour aller au Catelet pendant
l'espace de vingt-quatre heures.
Le Catelet. — Cette petite ville étoit anciennement
très forte. Charles-Quint, en ayant fait la conquête, la
fît raser, et des démolitions il fit bâtir la citadelle de
Cambray, sous prétexte de protéger cette dernière
ville ^. Le Catelet dépend de la Picardie et est situé
sur l'Escaut, sur les frontières du Cambrésis et du
Hainaut.
Enfin, le maréchal de Villars, qui avoit assemblé la
plus grande partie de nos troupes près de Péronne^,
arriva sous Cambray à la tête desdites troupes, le
23 mai, avec le roi d'Angleterre, toujours sous le nom
de chevalier de Saint-Georges, Monsieur le Duc et les
maréchaux de Berwicketde Montesquieu. Toute notre
armée, étant assemblée, étoit composée de deux cent
1. Gazette, p. 239.
2. Déjà dit tome I, p. 66.
3. Le maréchal était depuis le 14 dans cette ville, s'occu-
pant de réunir des approvisionnements. Au sujet de son plan
de campagne, on peut voir sa lettre au Roi, du 16 mai, et la
réponse, du 17, dans les Mémoires militaires, p, 29-32.
[Mai 1710] DU CHEVALIER DE QUINCY. 13
soixante-deux escadrons et de cent cinquante-trois
bataillons^.
Le 24, la gauche de l'armée s'étendit jusqu'au bourg
d'Oisy^, éloigné d'un petit quart de lieue du Censet^.
Nous apprîmes ce jour-là que, le jour d'auparavant,
le cardinal de Bouillon, mécontent de la cour, dont il
étoit disgracié depuis longtemps, s'étoit retiré dans
l'armée ennemie^. Le prince d'Auvergne, son neveu,
qui étoit au service des Hollandois, s'étoit avancé à la
tête d'une vingtaine d'escadrons jusqu'auprès d'Arras
pour le recevoir. Ce cardinal étoit doyen du sacré
collège. Je demandai ce jour-là à des déserteurs ce
qu'il y avoit de nouveau : ils me dirent qu'il étoit
arrivé un grand général françois, qu'on nommoit le
cardinal de Bouillon, dans l'armée ennemie, et qu'on
lui avoit fait une très belle réception. Ce mot de géné-
ral nous fit bien rire^.
Depuis le moment que notre armée étoit assemblée,
le bruit couroit que le maréchal de Villars, quoique
son armée fût d'un tiers moins forte que celle des
alliés, avoit ordre de livrer une bataille, et ce qui nous
le faisoit d'autant plus croire étoit l'arrivée du maré-
1. Histoire militaire, p. 324.
2. Tome I, p. 34.
3. Ou plutôt la Sensée, affluent de gauche de l'Escaut.
4. Saint-Simon a raconté [Mémoires, éd. 1873, t. VIII, p. 59 et
suivantes) cette « évasion » du cardinal et en a exposé les causes
et les suites. Voyez encore les Mémoires de Sourches, t. XII,
p. 229-233, le Journal de Dangeau, t. XIII, p. 160 et sui-
vantes, les Mémoires de Torcy, p. 174 et suivantes, et l'ouvrage
récent de M. Félix Reyssié, p. 218-226.
5. La confusion était excusable, puisque, le premier soir,
Eugène et Marlborough prirent l'ordre du cardinal [Saint-
Simon, p. 60).
14 MÉMOIRES [Mai 1710]
chai de Berwick, qui devoit commander l'armée de
Dauphiné^
Le 26, notre armée décampa, et, après avoir passé
le Marqui^, petite rivière qui prend sa source à Inchy^,
village dépendant anciennement du comté d'Oisy, et
va se jeter dans le Genset à Arleux, elle fut camper,
sa droite à Marquion et sa gauche à Monchy-le-Preux*.
Le 27, elle fut camper près d'Arras. On fit ce
jour-là plusieurs ponts sur la Scarpe, entre l'abbaye
d'Avesnes^, près d'Arras, et Athies*^.
Le 28 et le 29 furent employés à passer cette rivière.
Trois cents housards voulurent inquiéter notre arrière-
garde ; mais ils en furent châtiés : il y en eut plusieurs
de tués, et on fit cinquante prisonniers.
Après avoir passé la Scarpe, nous fûmes camper
dans une plaine dont le terrain étoit élevé. La droite
de notre armée étoit appuyée à Fampoux^, situé sur
la Scarpe, et la gauche à la petite rivière du Sou-
chet^, près de Lens. Par ce passage, nous jugeâmes
1. c'était Villars qui avait demandé instamment au Roi que
Berwick lui fût adjoint, quoiqu'il y eût déjà à l'armée de
Flandre le maréchal de Montesquiou et le maréchal bavarois
comte d'Arco [Mémoires militaires, p. 28 et 33).
2. Appelée plus communément l'Agache.
3. Inchy-Beaumont, département du Nord, canton du Cateau.
4. Marquion, gros bourg sur la route de Cambray à Arras,
à trois lieues de la première ville ; Monchy-le-Preux, village
sur la même route, à deux lieues d'Arras.
5. Abbaye de bénédictines fondée au xii^ siècle, près de
Bapaume, et transférée au xvi** sous les murs d'Arras.
6. A deux lieues en amont d'Arras.
7. Village du canton est d'Arras.
8. Affluent de la Deule. Le front de l'armée s'étendait ainsi
sur plus de douze kilomètres [Mémoires militaires, p. 37).
[Mai 1710J DU CHEVALIER DE QUINCY. 15
que le dessein du maréchal de Villars étoit d'aller atta-
quer les ennemis entre Vitry et Hennin-Liétard. Le
soir, on distribua de la poudre et des balles à nos sol-
dats^. Le bruit étoit que, le lendemain 30, nous atta-
querions les ennemis.
Il me prit une envie extraordinaire de me confes-
ser, envie, depuis que je servois, qui ne m'avoit jamais
pris, c'est-à-dire à la veille et auparavant d'aller à
une attaque. Après avoir soupe, je fus me promener
auprès de la tente de notre aumônier, pour prendre
le temps qu'il seroit seul, afin d'exécuter mon des-
sein; car je ne voulois pas que personne s'en aperçût.
Mais malheureusement il donnoit à souper à quelques
officiers : ce qui me fit attendre si longtemps, que je
pris le parti de m'aller coucher.
Les généraux ennemis, bien informés de nos mou-
vements, firent passer la Scarpeà toutes leurs troupes,
qui étoient campées sur la rive droite de cette rivière.
Ils mirent la droite de leur armée à Montigny % village
situé au bord d'un marais que forme la petite rivière
du Souchet, et leur gauche à Vitry, village assez con-
sidérable sur la Scarpe. Ils a voient devant le front de
leur armée des redans de distance en distance, à con-
tenir six à sept cents hommes. Entre les distances
des redans, il n'y avoit aucun retranchement, afin
d'être en état de nous suivre en cas que nous eussions
été repoussés. Ces redans étoient aussi garnis de
canons^.
1. Et du pain pour quatre jours, dit VHist. militaire, p. 331.
2. Montigny-en-Gohelle, dans le canton de Carvin.
"i. Mémoires militaires, p. 33 et 37; Histoire militaire,
p. 331-332.
16 MÉMOIRES [Mai 1710]
Le 30 mai, à une heure de jour, notre armée
s'ébranla. Toute l'infanterie se forma dans un instant
sur douze colonnes, notre cavalerie, à l'ordinaire, for-
mant la droite et la gauche. G'étoit une chose admi-
rable de voir l'armée d'un seul coup d'œil descendre
la pente de cette hauteur où nous avions campé pour
entrer dans la plaine d'Isse^. Nous fîmes ainsi une
demi-heure de chemin ; ensuite, nous fîmes halte pour
attendre les ordres du maréchal de Villars, qui s'étoit
avancé avec les maréchaux de Berwick, de Montes-
quiou et d'Arco, et plusieurs lieutenants généraux, sur
la hauteur du Bois-Bernard^, afin de reconnoître par
eux-mêmes la position des ennemis. Ils virent trois
lignes au delà des redans, une d'infanterie et deux de
cavalerie. Après avoir été quelque temps sur cette
hauteur, et après y avoir tenu un conseil de guerre,
ces Messieurs, jugeant apparemment qu'on hasarderoit
infiniment à les attaquer, nous envoyèrent l'ordre de
retourner dans le camp que nous venions de quitter.
Autant l'officier et le soldat avoient marqué de joie
en marchant à l'ennemi, autant paroissoit-il de tristesse
et de consternation sur leurs visages. On gardoit un
morne silence, et c'est ainsi que nous arrivâmes dans
le camp.
On prétend que le maréchal de Villars, qui avoit
une envie extraordinaire de donner bataille, tàchoit,
pendant le conseil de guerre, d'aplanir autant qu'il
pouvoit les difficultés que les autres généraux allé-
1. Aujourd'hui Izel-lès-Esquerchin. — L'ordre de bataille de
l'armée française est dans les Pièces des Mémoires militaires,
p. 276-277, et dans V Histoire militaire de Quincy, p. 324.
2. Petit village au nord-ouest d'Izel.
[Mai 1710] DU CHEVALIER DE QUINCY. 17
guoient pour ne point combattre une armée qui étoit
d'un tiers au moins, comme je l'ai déjà dit, supérieure
à la nôtre, et dans un poste si avantageux, et qu'il eut
beau représenter l'ardeur de l'officier et du soldat, et
que les ennemis battus n'avoient aucune espérance
de retraite, les autres généraux restèrent fermes dans
leurs premiers sentiments, auxquels, à la fin, le maré-
chal de Villars se rendit malgré lui^
Il est très certain que, si l'armée des alliés avoit été
obligée de succomber, elle n'avoit aucune retraite.
A sa droite, des marais impraticables; à sa gauche, la
Scarpe, qu'il falloit passer et repasser; derrière elle,
Douay, des marais, et le canal de Douay à Lille : elle
étoit enfermée comme dans un entonnoir. Ainsi, cette
armée auroit été entièrement anéantie. La France, par
conséquent, auroit été encore en état de donner la loi
à ses ennemis.
A l'égard de nous, si la fortune nous avoit été con-
traire, nous nous serions retirés sous le canon d'Ar-
1. Le général Pelet a publié [Mémoires militaires, p. 38-40)
la lettre par laquelle Villars rendit compte au Roi de cette
décision, lettre écrite du camp d'Arleux le 31 mai. Le maréchal
disait : « M. le maréchal de Berwick, M. le maréchal de Mon-
tesquieu et tout ce qu'il y a d'officiers généraux... sont per-
suadés que l'on ne peut attaquer l'armée ennemie sans mettre
celle de V. M. dans un péril très apparent de recevoir un très
grand échec, et je ne désavouerai point que je n'y croie aussi
quelque péril. Vos troupes sont dans une bonne disposition;
mais, de marcher à une ligne où le canon est placé, et dont il
faut essuyer quinze coups de chaque pièce avant que d'entrer,
trouver ensuite des troupes qui tirent à couvei't, une cavalerie
qui vient nous charger entre les redans, une armée toute ras-
semblée, je dirai encore qu'il n'est pas impossible de forcer
l'ennemi, mais que le désavantage est trop grand pour attaquer. »
m 2
18 MÉMOIRES [Mai 1710]
ras; nous avions encore nos ponts pour repasser la
Scarpe. Nous abattus, les ennemis n'auroient pas fait
plus de conquêtes qu'ils en ont fait cette campagne.
Dans un temps aussi critique où étoit alors malheu-
reusement la France, il étoit nécessaire d'hasarder
cette bataille et de faire un coup hardi pour rétablir
la réputation des troupes du Roi.
Le maréchal de Berwick partit deux jours après.
Il étoit venu par ordre de la cour pour aider le maré-
chal de Villars en cas de bataille. On lui attribue
d'avoir été de l'avis contraire à celui de M. de Villars.
Ce fut lui aussi qui empêcha qu'on attaquât le prince
Eugène et le duc de Marlborough, l'année 1708,
lorsque ces deux généraux faisoient le siège de Lille,
malgré le sentiment du duc de Vendôme, qui vouloit
les attaquer en arrivant devant leurs lignes. Trop de
prudence et de précaution sont souvent hors de
saison ' .
Je me logeai dans une censé ^, à la tête de l'armée,
au bas de la hauteur où elle étoit campée. Nous y
étions plusieurs officiers avec notre colonel. Cette mai-
son étoit entourée de bonnes murailles, et nous avions
une garde de cent hommes, ce qui nous mettoit hors
d'insulte par rapport aux housards ennemis. Nous y
restâmes jusqu'au 1 7 juin, pendant lequel temps nous
consommâmes tous les fourrages de la plaine d'Isse
et de Lens.
Notre censé étant entre l'armée ennemie et la nôtre,
1. Sur le désaccord permanent entre Berwick et Vendôme
pendant la campagne de 1708, voyez les Mémoires de Saint-
Simon, éd. 1873, t. Vî, p. 129 et 192-193.
2. Une métairie, une petite ferme.
[Juin 1710] DU CHEVALIER DE QUINCY. 19
nous étions témoins presque tous les jours des com-
bats qui se donnoient entre nos housards et ceux des
ennemis, dans lesquels il y avoit fort peu de sang
répandu. Nous ne voyions jamais culbuter aucun de
ces malpeignés ; ils se disoient des injures, et voilà le
plus grand mal qu'ils se faisoient.
Les lieutenants de plusieurs régiments d'infanterie,
enrïuyés d.'avoir toujours les bras croisés, imaginèrent
de s'habiller à la housarde. Ainsi déguisés, moitié à
cheval, moitié à pied, ils s'avançoient près des retran-
chements des alliés. Us étoient au nombre de deux
cents dans ces deux troupes. Auparavant d'en appro-
cher, ils avoient la précaution d'embusquer ceux qui
étoient à pied. Les housards ennemis ne manquoient
pas de sortir promptement de leur camp pour courir
après. Nos faux housards feignoient de fuir, et insen-
siblement ils les attiroient.dans l'embuscade, d'où il
partoit un feu de mousqueterie qui en culbutoit tou-
jours quelques-uns. Ensuite, nos faux housards à pied
se joignoient à ceux qui étoient à cheval, et ils mar-
choient ensemble avec rapidité sur les ennemis, qui ne
demandoient point leur reste. Ces combats durèrent
pendant quelques jours; mais notre général, qui en
craignoit les suites, ordonna, sous peine de prison, à
ces officiers, d'abandonner cette petite guerre.
Le maréchal de Villars, informé que Douay ne pou-
voit tenir encore que quelques jours S nous fît repas-
1. Il y a dans les Pièces des Mémoires militaires, t. X,
p. 262-265 et 271-275, plusieurs mémoires sur les moyens de
secourir Douay, dont un du marquis de Bauffremont. Alber-
gotti avait écrit, le 15 juin, au maréchal qu'il ne pouvait pro-
longer la défense, les ennemis étant maîtres de plusieurs angles
du chemin couvert.
20 MÉMOIRES [Juin 1710]
ser, le 17 juin, la Scarpe près d'Arras, après avoir
jeté les troupes nécessaires dans Béthune, Ypres,
Saint-Venant, Saint-Omer et Aire, pour leur défense
en cas que ces places fussent attaquées'. Il mit la
droite de son armée à Monchy-le-Preux ^ et sa gauche
à la hauteur d'Arras.
Le 18, il poussa la droite de l'armée à Marquion et
il mit la gauche à Monchy-le-Preux, et son quartier
général à Haucourt^. Nous avions devant nous une
petite rivière qui prend sa source dans une censé
située près de Monchy-le-Preux, ce qui lui a donné le
nom de Censet'^. Elle va se jeter dans l'Escaut à Bou-
chain, après avoir passé à l'Écluse^, à Arleux, à
Aubencheul® et à Paillencourt^. On a voit fait une cou-
pure à la Scarpe, vis-à-vis de Fampoux, qui inondoit
le terrain depuis cette dernière rivière jusqu'au Gen-
set. Ainsi, nous étions dans un camp inattaquable.
Le 19, le chevalier de Luxembourg partit de l'ar-
mée, à la tète d'un gros détachement, pour former un
camp volant près de Valenciennes. Le même jour, il
en partit un autre, aux ordres du comte de Goigny^,
pour aller camper près de Bouchain, et un autre fut
1. Mémoires militaires y p. 46.
2. Ci-dessus, p. 14.
3. Petit village à peu de distance de la route d'Arras à
Cambray.
4. On a vu plus haut que le nom réel est la Sensée.
5. L'Ecluse, commune du canton d'Arleux, arrondissement
de Douay.
6. Notre auteur écrit Bencheu. C'est Aubencheul-au-Bac,
dans l'arrondissement de Cambray.
7. Paillencourt n'est point sur la Sensée, mais à quelque
distance, sur la rive droite.
8. François de Franquetot : ci-dessus, tome II, p. 75.
[Juin 1710] DU CHEVALIER DE QUINCY. 21
camper à Paillencourt pour protéger notre pont qui
étoit à Étrun^, sur l'Escaut, afin de pouvoir commu-
niquer avec Bouchain, Valenciennes, Gondé, et avec
les places de la Sambre.
Les ennemis firent les mêmes mouvements que
nous : ils repassèrent la Scarpe, et ils mirent leur
droite à Vitry et leur gauche à une demi-lieue et vis-
à-vis d'Arleux.
Pendant les mouvements des deux armées, les
assiégeants poussoient le siège vigoureusement ; mais
ils avoient à faire à un homme qui ne s'endormoit
point. Il faut rendre justice à M. d'Albergotti : il avoit
d'excellents talents pour la guerre, fermeté, valeur,
beaucoup de détail, aimant la discipline, enfin tout ce
qui est nécessaire à un général pour bien défendre
une place. Il trouva le moyen de faire subsister sa
garnison et de faire remplir les magasins du Roi sans
argent. Il faisoit donner des billets payables après le
siège. Un charpentier n'ayant pas voulu travailler pour
le Roi sans argent, il le fit attacher par des grenadiers
à une palissade du côté de l'attaque. Cette sage et
cruelle sévérité engagea tous les bourgeois à exécuter
ses ordres promptement et exactement.
J'étois logé à Saint-Quentin^, village dont les habi-
tants ne subsistent que par le travail des tourbes ; ils
en envoient jusqu'en Hollande^. Le comte d'Oisy est
1. Nord, arrondissement de Cambray.
2. Ecourt-Saint-Quentin, un peu à l'ouest d'Oisy, sur un
petit affluent de la Sensée.
3. Sur l'industrie et le commerce de la tourbe en ce temps-
là, on peut voir l'article du Dictionnaire du commerce de
Savary, t. V, col. 1071-1073.
22 MÉMOIRES [Juin 1710J
avoué de ce village, c'est-à-dire protecteur ^- Nous
allions presque tous les jours nous promener au bourg
d'Arleux, qui appartient au beau-frère du comte
d'Oisy^. Il est de la maison de Berghes-Sairit-Winocq,
qui est une des plus anciennes de la Flandre^. Il y a
un temps infini qu'elle est reçue dans les chapitres
des chanoinesses de Mons, de Maubeuge et des autres,
où il faut prouver les trente-deux quartiers. Nous n'y
avions aucune garde; ainsi, nous nous exposions à nous
faire prendre.
Un jour, nous y fûmes, six capitaines de notre régi-
ment, à pied ; nous hasardâmes de sortir de ce bourg
du côté de l'armée ennemie, dont la.* gauche, comme
il a été dit ci-dessus, n'étoitqu'à une demi-lîeue. Après
avoir monté une petite colline d'où nous apercevions
toute cette gauche, je me mis à crier : « Voilà des hou-
« sards! » et en même temps je fis semblant de fuir.
A mon cri, mes cinq capitaines se mettent à fuir sérieu-
sement, ce qui me fit éclater de rire et me donna occa-
sion de les bien railler; car personne ne paroissoit.
En vérité, nous étions fols de nous exposer ainsi.
1. Les avoués, au moyen âge, étaient chargés de la défense
et de la protection des intérêts temporels des églises, et spécia-
lement d'accomplir le service militaire que les clercs ne pou-
vaient faire en personne pour les .fiefs possédés par les églises
ou monastères.
2. Philippe-Albert de Berghes-Saint-Winocq, vicomte d'Ar-
leux. Sa sœur, Marguerite-Claire, fiit la première femme du
comte d'Oisy, futur beau-père de noti'e auteur (ci-dessus,
toine I, p. 67).
3. Les généalogistes la font descendre de Jean, sire de
Glyme, fils naturel de Jean II, duc de Brabant, légitimé par
l'Empereur en 1.344.
[Juin 1710] DU CHEVALIER DE QUINCY. 23
Ce fut dans ce camp que M. du Gheray^, alors con-
seiller au Parlement de Paris, mon parent^ et mon
ami, et fils de M. d'Ormesson, intendant de la généra-
lité de Soissons^, vint me voir. La curiosité seule
l'avoit engagé à s'y rendre; il resta quelques jours
dans notre armée. Il me pria un jour très instamment
de lui faire voir de près les ennemis du Roi. Je le
menai à une de nos grandes gardes, composée de cinq
cents hommes, vis-à-vis de l'Écluse, aux ordres en ce
moment de M. de Middelbourg^ dont il étoit connu.
Il y a voit vis-à-vis un poste des ennemis de six cents
hommes, qui n'étoit séparé du nôtre que par le Genset,
et qui étoit sur une chaussée. Je sa vois parfaitement
bien qu'il y avoit ordre de part et d'autre de ne point
tirer. G'étoit la raison pour laquelle je l'avois conduit
de ce côté-là. Il eut le temps de les voir et de leur
parler bien à son aise sans aucune crainte et sans aucun
risque.
En revenant, nous apprîmes que la plus grande par-
tie de l'armée, dont notre régiment étoit, après avoir
passé le Marqui, étoit allée camper à Oisy. En sortant
1. Olivier-François-de-Paule Le Fèvre d'Ormesson, seigneur
du Cheray, né en 1686, était conseiller au Parlement depuis
le mois de janvier 1709; il devint maître des requêtes en 1713,
et mourut en mars 1718, au moment oii il venait d'être nommé
intendant de Franche-Comté.
2. Sa mère était Jeanne Le Fèvre de la Barre, dont la sœur
avait épousé Thierry Sevin, oncle de notre auteur (tome I,
p. 26, note 1, et p. 67).
3. Ci-dessus, tome II, p. 389.
4. Alexandre-Maximilien-Balthazar-Dominique de Gand de
Mérode de Montmorency, comte de Middelbourg, puis comte
de Mérode, était depuis 1704 colonel du régiment des Landes.
24 MÉMOIRES [Juin 1710J
de Marquion, nous nous embrassâmes, M. du Gheray
et moi; il fut coucher à Cambray, et moi je me rendis
à Oisy. J'étois logé chez le maître d'école, où j'étois
parfaitement bien. Je fus me promener au château; le
maréchal de Villars y étoit déjà. J'y vis le comte
d'Oisy, avec qui j'eus une grande conversation.
Aurois-je cru dans ce moment que je parlois à mon
futur beau-père? Je ne savois pas seulement qu'il y
eût des demoiselles d'Oisy.
A minuit, dans le temps que je m'allois coucher,
un de mes sergents vint m'avertir que l'armée alloit
marcher. Je me rendis au plus vite au régiment, que
je trouvai sous les armes. Nous y restâmes pendant
toute la nuit.
Aussitôt que la ville de Douay et le fort de Scarpe
eurent capitulé, les ennemis se mirent en mouvement
pour faire un autre siège. Il y avoit à craindre qu'ils
ne se jetassent sur Bouchain, ou sur Valenciennes, ou
sur Gondé. G'est ce qui avoit engagé le maréchal à
nous faire marcher à Oisy, pour être plus à portée de
nous opposer à ce dessein.
Oisy. — Auparavant de décamper d'Oisy, je ferai
un petit détail de cette terre, qui est une des plus
considérables de toute la Flandre, quoiqu'elle ait
été beaucoup démembrée lorsqu'elle appartenoit à
Henri IV, roi de France. Gette terre n'a jamais été
vendue que quatre-vingt-dix mille livres par ce grand
prince^. Gependant il y a huit paroisses, et, ce qu'on
a peine à croire, dix-huit cents fiefs qui en relèvent.
Il y a de beaux péages, de bons bois, de belles prai-
1. Ci-après, p. 25.
[Juin 1710] DU CHEVALIER DE QUINCY. 25
ries, de grands étangs et des droits magnifiques;
outre cela, le seigneur dîme sur toute sa terre, ce qui
lui fait un revenu bien commode. Je compte qu'année
par année, elle rapporte bien soixante mille livres de
rente ^ On me demandera d'où vient que ce prince
donna cette terre à si bon marché. En voici la raison :
il faisoit argent de tout, afin de se mettre en état de
conquérir et de conserver son royaume, que la mai-
son d'Autriche et la maison de Guise, sous prétexte
de religion, vouloient lui enlever. Cette terre venoit
de la maison de Goucy^, qui la possédoit du règne de
Philippe-Auguste : un sire de Goucy qui vivoit de ce
temps-là a fondé l'abbaye du Verger, qui est à un
gros quart de lieue du bourg d'Oisy; il est enterré,
lui et sa femme, dans l'église de l'abbaye; ils ont cha-
cun leur tombeau. Gette terre est tombée depuis par
mariage dans la maison de Luxembourg^ et ensuite,
encore par mariage, dans la maison de Bourbon^. Ge
fut Antoine de Tournay et Charlotte Franeau, sa
femme, qui l'achetèrent du commissaire d'Henri IV,
le 4 mars 1605, du temps que l'Artois, d'où dépend
la terre d'Oisy, étoit possédé par les Archiducs. Depuis,
elle est venue dans la maison d'Assignies, par la dona-
1. Voyez le Grand Dictionnaire géographique d'Expilly, t. V,
p. 296, et le Dictionnaire historique du département du Pas-
de-Calais, publié en 1874, arrondissement d'Arras, t. II,
p. 152-155.
2. Il a déjà dit tout ce qui va suivre dans le tome I, p. 34
et 35.
3. Tome I, p. 34, note 1.
4. Par le mariage, en 1487, de Marie de Luxembourg avec
François de Bourbon, comte de Vendôme, arrière-grand-père
d'Henri IV.
26 MÉMOIRES [Juillet 1710]
tion qu'en a faite Philippe de Tournay à Julien-Eus-
tache d'Assignies, comte d'Oisy, son cousin et père de
Jean-Eustache d'Assignies, comte d'Oisy ^ qui est père
de M"^ d'Oisy que j'ai épousée depuis en secondes
noces ^.
Nous ne nous mîmes en marche qu'à la pointe du
jour pour nous rendre précipitamment du côté d'Ar-
ras, où nous appuyâmes notre gauche et notre droite
à Wailly'. G'étoit le 10 juillet. Nous avions appris
auparavant que Douay, après cinquante-deux jours de
tranchée ouverte, pendant lequel temps les assiégés
avoient fait plus de trente sorties, s'étoit rendu par
capitulation le 215 juin; que M. d'Albergotti avoit
obtenu la capitulation la plus honorable, telle que
méritoit une garnison qui avoit fait une si belle
défense. Le fort de Scarpe se rendit le même jour^.
La garnison sortit, et de la ville et du fort, le 2l9, avec
six pièces de canon et deux mortiers ; elle fut conduite
àCambray. Les Hollandois donnèrent le gouvernement
de Douay à M. Hompesch^, lieutenant général de leurs
troupes, et celui du fort à M. des Roques, ingénieur
en chef et François réfugié.
Les ennemis, ayant ravitaillé Douay et fait combler
les tranchées, marchèrent le 10 juillet du côté de
1. Mort le 17 septembre 1716, s'étant marié deux fois.
2. Tome I, p. 34, note 2, et p. 67, note 2.
3. Notre auteur a mis Saiily^ C'est Wailly, petit village au
sud d'Arras, sur le Crinchon [Mémoires militaires, p. 51).
4. Le texte de la capitulation de Douay et du fort de Scarpe
est dans les Mémoires militaires, p. 285-294.
5. Reinhard-Vincent van Hompesch (1660-1744) était géné-
ral-major dans les troupes de Hollande et gouverneur de
Namur.
[Juillet 17i0j DU CHEVALIER DE QUINCY. 27
Saint-Éloi\ où ils appuyèrent leur droite, leur gauche
s'appuyant vers Vitry. Ainsi, ils avoient Béthune der-
rière eux. M. du Puy-Vauban~, neveu du maréchal de
Vauban, en étoit gouverneur, M. de la Roche- Aymon
de Saint-Maixent lieutenant de roi^ et M. de la Nave*
major. M. du Puy-Vauban, qui étoit lieutenant général,
avoit sous ses ordres M. de Rothe^, maréchal de camp,
MM. de Mony^ et de MiroméniF, brigadiers, le régi-
ment de Saint-Sernin-dragons^, neuf bataillons, savoir :
deux de Luxembourg^, deux de MiroméniP^, deux de
1. Mont-Saint-Éloi : tome II, p. 331.
2. Antoine Le Prestre, seigneur du Puy-Vauban, qui avait
commencé par servir comme ingénieur sous son oncle, avait
eu le gouvernement de Béthune en septembre 1704 et était
lieutenant général depuis le 26 octobre de la même année; il
mourut en 1731.
3. Gilbert de la Roche-Aymon, marquis de Saint-Maixent,
ancien capitaine et aide-major au régiment de dragons du Roi.
4. Il appartenait à la maison de Regniaulme, originaire du
Cambrésis.
5. Michel de Rothe (1665-1741), d'origine anglaise, avait
d'abord servi comme capitaine aux gardes du roi d'Angleterre
réfugié en France; il était maréchal de camp depuis le 29 mars
1710 et devint lieutenant général en 1720.
6. Bernard de Joisel de Mony, colonel du régiment de
Luxembourg depuis 1698, brigadier en 1708, maréchal de
camp en 1718, mort en 1725.
7. Jean-Baptiste Hue, marquis de Miromesnil, avait eu un
régiment d'infanterie de son nom en 1694 et était brigadier
depuis 1704; il deviendra maréchal de camp à la suite du siège
de Béthune (16 septembre 1710).
8. Régiment levé en 1702 par le marquis de Saint-Sernin, et
qui fut réfornàéen 1714.
9. Formé en 1684 et affecté à la garnison de Luxembourg,
ce régiment fut incorporé dans celui de Vexin en 1749.
10. Levé en 1688 par Boufflers et licencié en 1714.
28 MÉMOIRES [Juillet 1710]
Torigny', un de Saint-Évremond ^ un d'Artagnan^
et un du Thil, une compagnie de canonniers et une
de bombardiers '^.
En arrivant au camp près d'Arras, je fus commandé
pour la grande garde sur le bord de la Scarpe. Je n'y
fus pas plus tôt arrivé, que j'entendis un grand bruit
de mousqueterie sur ma droite. G'étoit un corps de
quatre mille grenadiers qui étoit venu vis-à-vis le
poste de la brigade du Roi pour jeter un pont sur la
Scarpe, près Fampoux; mais, dès qu'ils virent venir
un gros corps de nos troupes au secours du capitaine
de la brigade du Roi, ils se retirèrent. Un autre déta-
chement ennemi voulut aussi occuper pendant ce
temps-là l'abbaye de MareuiP, qui est près d'Arras;
il en fut aussi repoussé par nos troupes.
Les mouvements des alliés nous firent conjecturer
que leur dessein avoit été de tâcher de passer la
Scarpe, pour nous venir combattre ou pour faire le
siège d'Arras ; mais la rapide marche du maréchal de
Villars les fit changer de projet. Je fus très alerte
pendant toute la nuit; j'entendois un mouvement con-
1. Formé en 1706 avec des milices normandes, il fut sup-
primé en 1713.
2. Ce régiment et celui du Thil furent levés en 1702 et
licenciés à la fin de la guerre; le premier était commandé par
un neveu du fameux Saint-Evremond.
3. Composé de compagnies franches en 1702 et commandé
par le futur maréchal de Montesquiou, puis par son neveu, il
fut incorporé en 1714 dans le régiment de Tallard.
4. Il y a dans les Mémoires militaires, p. 295, un état de la
garnison de Béthune, qui diffère sensiblement de celui donné
par notre auteur.
5. Abbaye d'Augustins fondée au x* siècle, à deux lieues
nord-ouest d'Arras.
[Juillet 1710] DU CHEVALIER DE QUINCY. 29
tinuel de troupes qui étoient en marche de l'autre côté
de la rivière, assez près de mon poste. J'en fis aver-
tir notre brigadier et notre colonel.
Le 12, de notre camp nous entendîmes la générale,
l'assemblée et la marche de l'armée ennemie, qui fut
camper à Xcq ^ , oii elle appuya sa droite et sa gauche
près du Mont-Saiiit-Éloi. Le maréchal de Villars, à la
tête de quatre-vingts escadrons et de dix bataillons,
voulut charger leur arrière-garde ; mais il arriva trop
tard. On prit un adjudant général du prince de Hesse-
Cassel, avec six chevaux de main 2.
La marche des ennemis nous fit décamper et mar-
cher sur le Grinchon, petite rivière qui prend sa source
au village de Bailleulmont, à trois lieues et demie
au-dessus d'Arras^. Nous avions notre droite près de
cette ville et notre gauche appuyée à Héduise*, près
d'un bois, dans lequel on fit un grand abatis, afin de
l'assurer, et nous nous retranchâmes le long du Grin-
chon. Gomme nous étions de la droite, il n'y avoit
qu'un pas de notre camp à Arras, où nous allions tous
les jours, ou à la comédie, qui étoit assez bonne, ou à
des assemblées : ce qui nous faisoit passer agréable-
ment notre temps.
Le 15 au soir, nous apprîmes que les ennemis
avoient investi Béthune, et que MM. Fagel^ et de Schu-
1. Le chevalier a écrit : Aire, ou Acre. C'est Acq, Pas-de-
Calais, canton de Vimy.
2. Histoire militaire, p. 344.
3. Au sud-ouest d'Arras, dans le canton de Beaumetz-les-
Loges. Il y a Baillarmont dans le manuscrit.
4. Localité qu'on n'a pu identifier. \J Histoire militaire, que
notre auteur suit textuellement, donne le même nom; les
Mémoires militaires disent : au ruisseau de Miraumont.
5. Tome 1, p. 5G.
30 MÉMOIRES [Juillet 1710J
lenbourg ^ étoient chargés de faire ce siège avec
trente bataillons et vingt escadrons. Aussitôt qu'ils
furent arrivés, ils firent travailler aux lignes de cir-
convallation. Tout étant préparé le 24 pour ouvrir la
tranchée, elle se fit la nuit du 24 au 25 juillet, à deux
endroits différents^.
Béthune^ — Auparavant de retourner à notre
armée, il est nécessaire de parler de la ville de
Béthune. Elle est située sur la Biette^, petite rivière
qui prend sa source à Ourton*, et qui, après avoir
passé dans Béthune, va se jeter dans la Lawe, rivière
qui se perd dans la Lys, près et presque vis-à-vis
d'Estaires^ Béthune est à six Heues de Lille, à cinq
d'Aire, à cinq d'Arras et à six de Douay. Elle avoit
autrefois des seigneurs particuliers. Cette ancienne
maison est fondue dans la maison de Flandres par
Mahaud, tille unique, qui épousa Guy de Dampierre,
comte de Flandres''. Cette place est parfaitement bien
fortifiée ; elle a six bastions avec beaucoup d'ouvrages
extérieurs et doubles chemins couverts'. Elle est à la
France depuis l'année 1645^.
1. Tome II, p. 252.
2. Histoire militaire, p. 345, avec un plan du siège; Mémoires
militaires, p. 65-G6.
3. Ce nom s'applique à un des bras de la Lawe.
4. Village du canton d'Houdain.
5. Département du Nord, arrondissement d'Hazebrouck.
6. Les seigneurs de Béthune étaient avoués de l'abbaye de
Saint-Vast d'Arras. Le dernier mâle, Robert VII, mourut en
1248, et sa fille aînée, mariée depuis 1245 au comte de Flandre,
porta la seigneurie à celui-ci.
7. Il y a une description des fortifications dans le Grand
Dictionnaire géographique d'Expilly, t. I, p. C22.
8. Le traité des Pyrénées en assura la possession à la France.
[Juillet 1710] DU CHEVALIER DE QUINCY. 31
Le 27, le maréclial de Villars fît la revue générale
de l'armée. Beaucoup de dames sortirent d'Arras ce
jour-là pour la voir.
Nous restâmes dans notre camp du Grinchon jus-
qu'au 30, que nous en décampâmes pour marcher en
avant. La veille, on distribua de la poudre et des balles
aux soldats, et il fut dit à l'ordre, le soir, que tous les
officiers généraux, tous les officiers particuliers et
tous les soldats fussent dans leurs postes respectifs,
parce que la marche de l'armée se feroit sur l'ennemi.
A la pointe du jour, nous sortîmes de notre camp,
sans battre ni générale, ni assemblée, ni drapeaux,
sur huit colonnes, quatre d'infanterie et quatre de
cavalerie. Après avoir passé le Grinchon, nous trou-
vâmes une belle plaine qui s'étend jusqu'à Aubigny^.
Les ennemis, qui ne s'attendoient pas à cette marche
hardie, avoient envoyé au fourrage, ce jour-là, dans
cette plaine : ainsi, il y eut beaucoup de fourrageurs
et de chevaux pris par nos housards. Le maréchal
établit sa droite à Montenescourt^, village appartenant
à la maison de Groy, qui est près de la source de la
Scarpe, son centre à Fosseux^ et sa gauche au Gau-
roy*, près de la source de la Ganche^. Ge camp nous
étoit très important, non seulement parce que nous
serrions les alliés par rapport au fourrage, mais aussi,
par notre position, nous couvrions Hesdin et Montreuil.
Les ennemis, en se portant précipitamment sur ces
1. Aubigny-en-Artois, sur la route d'Arras à Saint-Pol.
2. Dans le canton de Beaumetz-les-Loges.
3. Dans le même canton, au sud de Montenescourt.
4. Hameau de la commune de Berlencourt.
5. Mémoires militaires^ p. 66-68.
32 MÉMOIRES [Août 1710]
deux places, nous auroient coupé la communication
de Boulogne, de Dunkerque, de Berghes, d'Ypres, de
Saint-Omer, d'Aire et de Saint-Venant.
Aussitôt que nous fûmes arrivés, nous ne perdîmes
point de temps à nous retrancher. A la demi-portée
de canon, devant notre droite, il y avoit une hauteur
qui la dominoit considérablement. S'il avoit pris envie
aux généraux ennemis de nous attaquer, cette hauteur
nous auroit fait perdre bien du monde par le canon,
dont les boulets auroient plongé dans notre camp et
nous auroient pris à revers.
Quelques jours après que nous y fûmes arrivés, nous
vîmes la grande garde de cavalerie qui y étoit postée
se retirer sous nos retranchements, et sur-le-champ
paroître un corps de trois mille chevaux, qui se mirent
en bataille, partie sur cette hauteur et partie dans la
plaine, vis-à-vis de nos retranchements. Nous jugeâmes
que Messieurs les officiers généraux ennemis venoient
pour nous reconnoître. Nous restâmes très tranquil-
lement dans notre camp pendant tout le temps qu'ils
furent devant nous.
Lorsque cette cavalerie se fut retirée, je m'avançai
avec trois de mes camarades le long de la lisière d'un
bois qui étoit à côté de cette hauteur. Nous aperçûmes
un housard ennemi, ayant le sabre à la main, qui
alloit fendre la tète au lieutenant de la grande garde
de cavalerie, qui montoit cette colline pour examiner
ce que ce corps devenoit. L'officier ne songeoit qu'à
ce qui étoit devant lui, et non derrière. Nous nous
mîmes à crier : « Monsieur, prenez garde à vous! >
Il n'eut que le temps de se tourner et de prendre
au plus vite un pistolet. Il tira le housard ; il le man-
[Août 1710] DU CHEVALIER DE QUINCY, 33
qua. Nous crûmes dans ce moment qu'il alloit être
sabré ; mais, sans perdre un instant, il prit son autre
pistolet, et il ajusta si bien son adversaire que nous
le vîmes tomber sur son cheval, qui l'emporta d'une
grande vitesse dans le corps des trois mille chevaux,
en abandonnant son sabre sur le champ de bataille.
Nous fûmes à l'officier, qui revenoit de poursuivre
son ennemi; nous lui fimes notre compliment tou-
chant la victoire qu'il venoit de remporter, et nous
lui remîmes le sabre qu'il avoit si bien gagné. 11 nous
remercia beaucoup de l'avoir sauvé d'un si grand
danger; « car, ajouta-t-il, j'étois perdu, si vous ne
« m'aviez pas averti. Je ne savois pas que ce coquin-là
« fût derrière et si près de moi. »
Nous apprîmes par les déserteurs que c'étoit le
prince d'Hesse-Cassel qui étoit venu pour reconnoître
la droite de notre armée. Cette visite engagea le
maréchal de Villars à faire augmenter les retranche-
ments de ce côté-là.
Comme il y avoit beaucoup de gibier dans ce pays,
nous allions souvent courir le lièvre avec des lévriers,
devant et derrière notre armée; nous en avions de
bons dans le régiment, et nous ne revenions jamais de
la chasse sans avoir gagné notre souper. Un jour, le
lièvre nous mena dans nos grandes gardes de cavale-
rie. Nous vîmes sur-le-champ les cavaliers monter à
cheval, ce qui donna l'alarme à toute l'armée, d'au-
tant plus que nous étions plusieurs et éparpillés ; on
nous prit pour des housards. Une autre fois, le lièvre
nous mena dans un ravin, où nous trouvâmes huit
officiers ennemis qui chassoient à pied. Après nous
être salués, ils demandèrent à nous parler. Nous nous
III 3
34 MÉMOIRES [Août 1710]
approchâmes d'eux. Notre conversation dura un bon
quart d'heure; elle roula sur la ville de Paris. Ils
nous dirent qu'ils seroient charmés que la paix fût
faite pour aller voir cette grande ville, où ils n'avoient
jamais été. Ils nous firent plusieurs politesses, aux-
quelles nous répondîmes comme nous devions. Notre
conférence finie, ils prirent le chemin de leur armée,
et nous de la nôtre. Quand ils furent à la portée du
fusil de nous, ils nous saluèrent de bons coups de
fusil, dont une balle me siffla aux oreilles. Nous trou-
vâmes leur procédé si traître et si méchant, que, après
avoir déchargé nos fusils sur eux, nous fûmes au grand
galop pour les en punir, quoique nous n'étions que
six; mais, outre nos fusils, nous avions toujours nos
pistolets bien chargés. Ils se jetèrent dans un bois, où
nous ne jugeâmes pas à propos de les suivre, crai-
gnant quelque embuscade. G'étoit des officiers anglois :
il ne faut jamais se fier à cette cruelle nation. Par
bonheur, nous n'eûmes personne de blessé de la
décharge qu'ils nous firent; nous n'avons point su si
nous en avions blessé quelqu'un.
La nouvelle nous vint, au commencement d'août,
que les conférences qui se tenoient à Gertruyden-
berg* pour la paix générale avoient été rompues par
rapport aux demandes excessives, injustes et impos-
sibles que les alhés faisoient au Roi^. La maison de
1. Ville du Brabant hollandais, à quelques lieues au nord de
Broda. Des conférences prétendues secrètes s'y tenaient, depuis
le mois de mars, entre le maréchal d'Huxelles et l'abbé de
Polignac, pour la France, et deux commissaires hollandais.
2. Non contents des concessions énormes et humiliantes que
faisait Louis XIV, les alliés exigeaient qu'il chassât lui-même
[Août 1710J DU CHEVALIER DE QUINCY. 35
Bourbon ne doit jamais oublier la noire ingratitude
des Hollandois envers elle dans ces conférences^.
Pendant toute cette campagne, le partisan Du Mou-
lin fit plusieurs expéditions, dont la plus considé-
rable fut la surprise de la ville de Louvain par esca-
lade, le 5 août. Après avoir fait prisonniers le major
de la place et plusieurs soldats qui étoient de garde,
et après avoir pillé plusieurs maisons, il se retira
heureusement, avec perte seulement de huit hommes^.
Le 24, je suivis le comte de Broglie, lieutenant
général^, nommé Chonchon par les dames^, qui alloit
à la guerre à la tète de cinq cents chevaux. M. de
Tarneau^, brigadier des armées du Roi, étoit de ce
détachement. Nous partîmes à la petite pointe du
jour. Nous tombâmes sur une escorte de fourrageurs,
que nous poussâmes vivement; nous fîmes prison-
niers un capitaine housard, avec douze housards et
son petit-fils d'Espagne. Les plénipotentiaires français repar-
tirent le 25 juillet. L'Extraordinaire n" Lxni de la Gazette
d'Amsterdam rejeta sur la France toute la responsabilité de
cette rupture.
1. Le grand pensionnaire Heinsius s'était particulièrement
montré exigeant et intraitable.
2. Gazette, p. 393; Gazette d" Amstei'dam, n° lxiv.
3. François-Marie, lieutenant général depuis le mois de mars
précédent : tome II, p. 42.
4. Il semble que ce nom devrait mieux s'appliquer à son
frère aîné, Charles-Guillaume, marquis de Broglie (tome II,
p. 20), qui fut un des roués du régent, et dont Saint-Simon a
tracé un curieux portrait [Mémoires, t. XIII, p. 196).
5. Charles de Tarneau avait eu un régiment de cavalerie
en 1702 et était brigadier depuis janvier 1709; il devint maré-
chal de camp en 1719, lieutenant général en 1734, et mourut
en 1744, à soixante-seize ans.
36 MÉMOIRES [Août 1710]
une quarantaine de cavaliers. En revenant de notre
expédition, il fît mettre pied à terre à nos cava-
liers, afin d'attaquer quelque infanterie qui étoit
dans un bois que nous étions obligés de côtoyer pour
nous retirer. Dans le temps que nous marchions pour
les attaquer, nous vimes paroître une quinzaine d'es-
cadrons ennemis qui s'avançoient vers nous. Nos
cavaliers remontèrent bien vite à cheval, et nous
prîmes le parti de nous retirer promptement le long
de la lisière du bois : ce qui nous fit essuyer une salve
de mousqueterie, qui nous jeta par terre plus de cent
cavaHers et nous fit redoubler le galop. Je n'ai jamais
vu fuir de si bonne grâce; nos éperons nous servirent
bien^. A un bon quart de lieue, nous trouvâmes heu-
reusement le maréchal de Villars, à la tète de vingt-
cinq escadrons, qui venoit à notre secours. Ce renfort
arrêta les ennemis. Notre général fit une réprimande
à M. de Broglie de ce que, contre ses ordres, il s'étoit
trop avancé. Nous regagnâmes notre camp assez
tristement. Il faut faire quelquefois plus que son
devoir à la guerre; mais il faut que l'entreprise soit
presque sûre, et que ce ne soit pas aux dépens des
autres. M. de Broglie avoit ordre que, s'il trouvoit les
ennemis, il devoit seulement les amuser jusqu'à l'ar-
rivée du maréchal.
Le 35 août, le feu prit à plusieurs chariots ennemis
chargés de poudre, dans la place de la Bassée, dont
1. La Gazette de France (p. 419) dit formellement que les
Français furent entièrement rompus et poursuivis jusqu'à trois
quarts de lieue de leur camp, et les Mémoires militaires
(p. 76-77) expliquent le détail du combat.
[Août 1710] DU CHEVALIER DE QUINCY. 37
il y eut beaucoup de soldats de l'escorte de ce convoi
et de charretiers de tués^.
Le ^8, à l'entrée de la nuit, nous entendîmes trois
décharges générales, tant du canon que de la mous-
queterie, que les armées des alliés firent au sujet de
la victoire remportée par le comte Guy de Stahrem-
berg, général de l'armée de l'Archiduc, sur le mar-
quis de Bay^, commandant celle du roi d'Espagne, le
2iO de ce mois, près de Saragosse^. Cette défaite mit
les affaires de Sa Majesté Catholique dans un pitoyable
état. Il étoit à présumer que ce prince seroit obligé
d'abandonner son royaume; car cette bataille avoit
été précédée par plusieurs avantages^ que ses enne-
mis avoient remportés sur lui pendant la campagne
de 1710, ce qui les mit en état de pousser jusqu'à
Madrid ^
La garnison de Béthune se rendit enfin par capitu-
lation, le 29 août, avec tous les honneurs de la
guerre^. Elle le méritoit bien; tout le monde a con-
1. Gazette, p. 419 et 430.
2. Alexandre Maître, marquis de Bay, que Saint-Simon pré-
tend fils d'un cabaretier de Gray, servait depuis 1702 dans les
troupes espagnoles et était lieutenant général et capitaine géné-
ral des deux Castilles ; Philippe V lui avait donné la Toison
d'or en 1707.
3. Gazette, p. 431-432, 437-439, et 449-452; Gazette cV Ams-
terdam, n"^ Lxxni et Lxxiv, et Extraordinaires; relation particu-
lière dans les Mémoires de Sourches, t. XII, p. 345-349.
4. Notamment un combat heureux le 27 juillet, à Almenara.
5. A la suite de la défaite de son armée, près de Saragosse,
Philippe V avait transporté le gouvernement à Valladolid.
6. Le texte de la capitulation est dans les Mémoires mili-
taires, p. 298-306. La Gazette d'Amsterdam (n°^ lx-lxx) donna
un journal détaillé du siège.
38 MÉMOIRES [Août 1710]
venu que jamais place ne s'étoit si bien défendue
selon les règles de la guerre pendant le règne de
Louis XIV. Gela n'est pas étonnant, puisque c'étoit le
neveu du grand maréchal de Vauban qui avoit été
chargé de la défendre. Cependant M. de Saint-Sernin ',
colonel d'un régiment de dragons portant son nom^ et
brigadier des armées du Roi, qu'on appeloit le maré-
chal-duc parce qu'il prétendoit que, dans la suite,
ses signalés services lui mériteroient ces titres-^, refusa
seul de signer la capitulation. Ce bravache en fut puni ;
car le Roi, bien informé de la régularité de la défense,
dit tout haut : a M. de Saint-Sernin a eu grand tort de
« n'avoir pas voulu signer la capitulation. Faire le brave
« mal à propos est le moyen de se faire moquer de soi. »
Il m'a été dit que, S. M. lui ayant donné l'agrément
de lever un régiment de dragons, il choisit une cou-
leur si bizarre que, le marchand de l'habillement du
régiment lui ayant fait apporter tous les draps pour
habiller ses dragons, il ne voulut point les recevoir,
en disant qu'il les lui vendoit trop cher. Le pauvre
marchand, ne sachant que faire de cette quantité de
draps par rapport à cette couleur extraordinaire, fut
obligé de les lui laisser à un prix des plus modiques.
Si cela est vrai, ce tour est d'un véritable Gascon.
1. Jean-Benoît-César-Auguste des Porcelets de Mailhane,
marquis de Saint-Sernin, brigadier depuis le mois de mars
1710, ne devint maréchal de camp qu'en février 1734, mais fut
nommé lieutenant général au mois d'octobre de la même année.
2. Ci-dessus, p. 27.
3. Ne serait-ce pas plutôt par suite de son attachement au
maréchal de Villars, et peut-être de sa ressemblance avec lui,
qui lui avait fait donner le surnom de faux Villars ? [Mémoires
de Saint-Simon, éd. Boislisle, t. XIIT, p. 319, note 3.)
[Août 1710] DU CHEVALIER DE QUINCY. 39
Les alliés n'étant point encore contents de la con-
quête de deux places aussi considérables que celles
de Douay et de Béthune, ils songèrent à profiter de la
supériorité de leurs troupes pour en faire d'autres.
Dès que cette dernière fut bien ravitaillée, ils décam-
pèrent, le % septembre, pour se mettre en état de faire
deux sièges à la fois, savoir : celui d'Aire et celui de
Saint-Venant. Ils vinrent camper près de Lillers', où
ils séjournèrent le 3, et, le 4, ils se mirent en mou-
vement pour appuyer leur droite à Thérouanne^,
ville anciennement très bien fortifiée, et démolie par
Charles-Quint. Elle est située sur la Lys, rivière qui
prend sa source à Lysbourg^, à quatre lieues d'Aire,
et qui, après l'avoir traversée et passé à Saint-Venant,
Armentières, Warneton, Comines, Menin, Gourtray
et Deynze, va se jeter dans l'Escaut à Gand. Ils
appuyèrent leur gauche à Lillers sur la Nave. Ils
envoyèrent le même jour un gros corps de troupes
de l'autre côté de la Lys pour investir les deux places
de ce côté-là''^.
Les mouvements des ennemis nous firent décamper
le 3 septembre pour mettre notre droite où nous
avions notre gauche, qui s'allongea du côté d'Hesdin.
1. Chef-lieu de canton de l'arrondissement de Béthune, à
trois lieues à l'ouest de cette ville.
2. Cette ancienne ville épiscopale, aujourd'hui simple com-
mune de l'arrondissement de Saint-Omer, fut emportée d'as-
saut par Charles-Quint en avril 1553 et détruite de fond en
comble. Le territoire de son évêché forma les nouveaux dio-
cèses de Boulogne, Ypres et Saint-Omer.
3. Aujourd'hui Lisbourg, arrondissement de Saint-Pol, can-
ton d'Heuchin.
4. Mémoires militaires, p. 81-82.
40 MÉMOIRES [Août 1710]
La Canche couvroit le front de notre armée. Cette
j'ivière prend sa source près d'Avesne-le-Gomte, passe
à Hesdin et se jette dans la mer au-dessous de Mon-
treuil .
Le maréchal de Villars, craignant avec raison que
les ennemis ne fissent le siège d'Aire et celui de Saint-
Venant\ fit jeter dans cette première place trois régi-
ments de dragons, Listenois^, Délabre^ et Flavacourt^,
et quatorze bataillons, savoir : deux de BueiP, deux
de Lorraine^, deux de Provence''', deux d'Aunis^,
deux de Du Fort^, un de Montviel'*^, un de Brancas et
1. Mémoires militaires, p. 85 : lettre du secrétaire d'Etat
Voysin au maréchal de Villars, 11 septembre.
2. Créé en 1673, ce régiment prit en 1773 le nom de Lor-
raine-dragons, ayant été commandé presque exclusivement,
pendant un siècle, par les Bauffremont.
3. Levé en 1675 par un Dreux-Nancré, il avait pour colonel
Jacques Le Coigneux, marquis de Bélabre; il devint, en 1787,
le régiment de chasseurs de Franche-Comté.
4. C'était un régiment espagnol, commandé par le marquis
de Flavacourt (ci-après, p. 41, note 4).
5. Ce régiment est celui qu'avait commandé jusqu'en 1674
le marquis de Bande ville, cousin de notre auteur, dont il a été
question dans le tome I, p. 51.
6. Tome I, p. 357.
7. Levé en 1694 par le comte de Grignan, il prit le nom de
Provence en 1684 et celui de Monsieur en 1774; son colonel
était le marquis de Nouant.
8. Ce régiment datait de la grande création de trente-deux
corps portant des noms de provinces, faite en 1684.
9. C'est le régiment que nous avons déjà rencontré (tome II,
p. 19) sous le nom de Maulévrier; il avait pour colonel Pierre
Le Normand du Fort. Les Mémoires militaires disent à tort :
le régiment de Durfort.
10. Ce régiment et celui de Brancas qui suit furent levés en
1702 et 1703; le colonel du premier était Jacques de Vassal,
[Août 1710] DU CHEVALIER DE QUINCY. 41
deux de Greder- Suisse*, aux ordres du marquis de
Goësbriand, lieutenant général, excellent homme de
guerre (il en donna des preuves au siège de Toulon),
du comte d'Estrades-, maréchal de camp, de MM. de
Listenois^, de Flavacourt^, de BueiP et de Grimaldi^
brigadiers des armées du Roi, de M. Le Jay'^, gou-
verneur de la place, de M. de Gapestan, lieutenant
de roi, MM. de Robelin*^ et de Frévilie^, ingénieurs
marquis de Montviel, celui du second Henri-Antoine, chevalier
de Brancas-Courbon.
1. C'était le cinquième des régiments suisses au service de
France ; créé en 1673, il était commandé par Balthazar Greder,
qui avait succédé à deux autres colonels du même nom.
2. Tome I, p. 367.
3. Jacques-Antoine de Bauffremont, marquis de Listenois,
colonel depuis 1699, venait d'être fait maréchal de camp
(mars 1710); il fut tué le 24 septembre, dans une sortie de la
garnison d'Aire.
4. Alexandre-Louis-Philippe de Pouilleuse, marquis de Fla-
vacourt, était passé au service d'Espagne à la suite d'une
affaire d'honneur. Rentré en France en 1714, il devint lieute-
nant général en 1734 et mourut la même année.
5. Antoine-Pierre, comte de Bueil-Racan, colonel depuis
1708, fut fait maréchal de camp à la suite du siège d'Aire
(décembre 1710); lieutenant général en 1720, il mourut en
1747.
6. Louis, baron de Grimaldi, de même famille que le prince
de Monaco, était au service de France depuis 1674; il devint
aussi maréchal de camp en novembre 1710, et mourut comman-
dant à Saint-Omer en 1715.
7. Il était sans doute de même famille que le premier prési-
dent du Parlement mort en 1640.
8. Charles de Robelin, directeur des fortifications de la
Flandi'e et brigadier depuis 1709, fut récompensé de ses ser-
vices au siège d'Aire par le grade de maréchal de camp.
9. Antoine-Michel de Roger de Fréville avait été fait briga-
42 MÉMOIRES [Août 1710]
en chef, et M. de Vallière^ commandant l'artillerie.
Aire. — La ville d'Aire a dix bastions royaux,
dix demi-lunes et deux ouvrages à cornes. Elle est
située, comme je l'ai déjà dit, sur la Lys; elle est de
la province d'Artois. Les rues en sont larges, les
églises belles, aussi bien que les places. Elle est à la
France depuis le 31 juillet 1676, que le Roi s'en ren-
dit maître, après cinq jours seulement de tranchée
ouverte^. Cette place n'est éloignée de Saint-Venant
que de deux lieues. Cette proximité engagea les aUiés
à faire ces deux sièges en même temps ^.
Saint-Venant. — A l'égard de Saint- Venant , le
maréchal de Villars y envoya quatre bataillons et six
compagnies de grenadiers aux ordres de M. de Selve,
lieutenant-colonel du régiment de Picardie et briga-
dier des armées du Roi"^. Les fortifications de cette
petite place ne sont que de terre; cependant sa
défense fut aussi belle à proportion que celle des
dier en même temps que Robelin; il ne devint maréchal de
camp qu'en 1719 et mourut en 1727.
1. Jean-Florent de Vallière, un des plus habiles artilleurs
de son temps, était capitaine général des mineurs et lieutenant
de l'artillerie depuis 1705. La défense d'Aire lui valut le grade
de brigadier. Il mourut en 1759, à quatre-vingt-treize ans, lieu-
tenant général et directeur des écoles d'artillerie.
2. Histoire militaire, par le marquis de Quincy, t. I,
p. 481-482.
.3. Villars avait d'abord cru qu'ils commenceraient par Saint-
Venant [Mémoires militaires, p. 82).
4. Jean-Pierre, chevalier de Selve, entré au régiment de
Picardie en 1667, en était devenu lieutenant-colonel en 1698;
brigadier en 1704, il avait eu le gouvernement de Saint-Venant
en avril 1710, et fut fait maréchal de camp à la suite de sa belle
défense.
[Août 1710] DU CHEVALIER DE QUINCY. 43
autres places que nous perdîmes cette année*. Le
Roi fut si content de ce commandant, qu'il le fît
maréchal de camp. Il seroit à souhaiter, pour le bien
du service, que S. M. n'élevât aux grades militaires
que ceux qui l'ont mérité par des actions distinguées,
et non pas, comme il est malheureusement pratiqué
en France, par le rang du tableau-. Ce seroit le
moyen de donner de l'émulation, non seulement aux
officiers généraux et aux officiers particuliers, mais
même aux simples soldats, et le moyen de faire de
véritables officiers généraux. Les Romains en usoient
ainsi.
Les ennemis ouvrirent la tranchée devant Aire la
nuit du 12i au 13 septembre, à deux endroits diffé-
rents. Le prince de Nassau^, chargé de faire le siège
de Saint-Venant, ne fut en état, par rapport aux inon-
dations qui environnoient cette place, d'ouvrir la
tranchée que la nuit du 16 au 17^.
Le 20, nous apprîmes que M. de Ravignan, maré-
chal de camp^, à la tête du régiment de Saint-Chau-
mont-dragons et de trois mille cinq cents hommes
1. Ci-après, p. 50.
2. L' « ordre du tableau, » qui réglait l'avancement et le
rang de commandement des officiers supérieurs, fut établi par
l'ordonnance du l®"" août 1675. Saint-Simon a critiqué à
mainte reprise cette « pernicieuse invention » de Louvois,
notamment dans le tome XII des Mémoires, éd. 1873, p. 52-54.
On voit que notre auteur se rencontre avec lui, mais pour des
motifs d'ordre différent, et plus équitables.
3. Jean-Ernest, comte de Nassau- Weilbourg, général de
cavalerie impériale, mort en 1719.
4. Mémoires militaires, p. 86-87.
5. Ci-dessus, tome II, p. 337.
44 MÉMOIRES [Août 1710]
d'infanterie, dont moitié grenadiers, avoit attaqué et
défait, le jour auparavant, deux mille hommes, tant
infanterie que cavalerie, qui escortoient un convoi con-
sidérable de munitions de guerre, savoir : plusieurs
pièces de canons et de mortiers, boulets, bombes,
carcasses et grenades, et quatorze cents milliers de
poudre. Le tout étoit parti de Gand et destiné pour
les armées des ennemis. L'action se passa près et vis-
à-vis de Saint-Éloi-Vive', sur le bord de la rivière de
la Lys, entre Gourtray et Deynze. Le comte d'Athlone,
qui commandoit les troupes qui escortoient ce convoi,
fut fait prisonnier de guerre, aussi bien que M. Quin-
ket, sergent-major général^, une quarantaine d'offi-
ciers et environ six cents hommes. Nos soldats y
firent un butin considérable, et ils prirent quatre cents
chevaux. M. de Ravignan, après avoir fait mettre le
feu aux belandres sur lesquelles étoient chargés les
quatorze cents milHers de poudre, se retira à Ypres,
d'où il étoit parti pour son expédition, sans être
inquiété dans sa retraite^. Le bruit que l'éclat de la
1. Vive-Saint-Eloi, tome I, p. 55.
2. Toutes les relations disent : le comte d'Athlone, et ne
parlent pas de ce « M. Ouinket. » Dangeau seul est plus pré-
cis : il dit que le chef de l'escorte du convoi était M. Ginkel,
major général et fils du comte d'Athlone. C'est en effet M. de
Rude de Guinckel, fils du général qui commandait alors les
troupes anglaises en Espagne. Notre auteur en a fait deux per-
sonnages différents.
3. La relation officielle de cette expédition, par M. de Ravi-
gnan, a été publiée par le général Pelet, p. 309-313. Voyez
aussi la Gazette, p. 466-467 et 477-478, et une relation parti-
culière apportée à Paris par le chevalier de Valence et insérée
dans les Mémoires de Sourches, t. XII, p. 364-366.
[Août 1710] DU CHEVALIER DE QUINCY. 45
poudre fit se fit entendre à notre armée et dans toute
la Flandre. Ce combat fit beaucoup d'honneur au
marquis de Ravignan, d'autant plus qu'il y avoit long-
temps que nos armées ne faisoient point parler d'elles.
M. Le Blanc, intendant d'Ypres^ ne quitta point
M. de Ravignan pendant toute l'actioh.
Gomme nos fourrages et ceux des ennemis se fai-
soient entre leurs armées et la nôtre, il y avoit
presque tous les jours de petits combats. Je suivois
souvent l'officier général de jour, avec quelques-uns de
mes camarades. Nous en avions le temps; car, notre
service fait, nous étions dans une oisiveté insuppor-
table. Je voulois donc, non seulement m'amuser, mais
en même temps m'instruire et examiner de quelle
manière on devoit se conduire pour poster les troupes
destinées pour l'escorte et la chaîne des fourrageurs,
et pour la petite guerre. « Mais, me dira-t-on, à quoi
« pouvoit vous servir cette science? Vous ne serez
« jamais officier général ; vous n'avez plus de protec-
« teurs. » Je répondrai à cela que je le faisois pour
mon seul plaisir, et que j'y en avois pour le moins
autant qu'au plus magnifique et brillant spectacle de
Paris. J'aimois le métier.
Un jour, je fus dîner chez le maréchal de Villars ;
j'en étois encore connu. Pendant le repas, nous vîmes
arriver le marquis d'Heudicourt, maréchal de camp^.
1. Claude Le Blanc, intendant en Flandre maritime depuis
juillet 1708, devint secrétaire d'Etat de la guerre en 1718, et
mourut en 1728.
2. Pons-Auguste Sublet, marquis d'Heudicourt (1675-1742),
avait eu un régiment de cavalerie en 1702 et n'était alors que
brigadier; il fut maréchal de camp en 1719, lieutenant général
en 1734 et succéda à son père comme grand louvetier en 1720,
46 MÉMOIRES [Août 1710]
On le nommoit par ironie à la cour le Petit-Bon. Il avoit
infiniment d'esprit; mais on le craignoit partout par
rapport à sa langue \ surtout depuis la chanson qu'il
avoit faite contre MM. de Sourches de Montsoreau^ :
Messieurs, voilà des couteaux
Pour châtrer les grands Montsoreaux,
Pour les empêcher de faire,
Tic tic tac et ion lan la,
Pour les empêcher de faire
Ce qu'on appelle cela.
Et voilà des bistouris
Pour châtrer les plus petits.
Pour les empêcher de faire, etc.^.
Dès que le maréchal le vit, il lui tint ce discours :
« Vous ai-je fait quelque tort, Monsieur? Ne vous
« ai-je pas rendu tous les services qui ont dépendu
a de moi? Je vous ai prêté de l'argent autant de fois
« que vous m'en avez demandé'^; vous m'en devez
1. « C'étoit, dil Saint-Simon, une manière de chèvre-pied,
aussi méchant et plus laid encore que son père... Il faisoit les
plus jolies chansons du monde, où il excelloit à peindre les gens
avec naïveté, et leurs ridicules avec le sel le plus fin. »
2. Le marquis de Sourches, grand prévôt de France, et ses
deux fils, le comte de Montsoreau et le chevalier de Sourches,
nommés dans le tome I, p. 282 et 296.
3. Voyez ce que Saint-Simon raconte à propos de cette
chanson sur les Montsoreau [Mémoires, éd. Boislisle, t. XIII,
p. 261-262 et 549-550, et éd. 1873, t. VI, p. 246-247).
4. Villars, dit Saint-Simon [Mémoires, éd. 1873, t. VIII,
p. 49), « pour faire sa cour à sa mère (M™^ d'Heudicourt), ce
mauvais ange de M™^ de Maintenon..., l'avoit adomestiqué,
protégé, et, chose fort étrange pour le maréchal, lui avoit
couvent, non pa's prêté, mais donné de l'argent. »
[Août 1740] DU CHEVALIER DE QUINCY. 47
« même encore. Ce n'est pas par reproche que je
« vous le dis, et je ne vous en aurois jamais parlé.
« Cependant, par reconnoissance, vous écrivez à la
« cour contre moi. Vous avez mandé par plusieurs
« lettres aux dames de M°^^ la duchesse de Bourgogne
« que j'ai eu l'indiscrétion de dire qu'on avoit autant
« de peine à me mettre à cheval, par rapport à ma
« blessure, qu'on en avoit à y mettre les p... qui
« accompagnent cette princesse à la chasse. Je ne me
« suis jamais servi de ce terme de p. . . ; tout le monde le
« sait. Il est vrai que j'ai dit qu'on avoit autant de peine
fi à me mettre à cheval qu'on en avoit à y mettre les
« dames de M""® de Bourgogne. » Je n'ai jamais vu un
homme si confus. Il tâcha le mieux qu'il put de s'excu-
ser; mais le maréchal, ne voulant nullement l'entendre,
ordonna à un aide-major général de l'armée de le faire
conduire avec une escorte dans les prisons de Bou-
logne. « Vous aurez le temps, continua-t-il, de faire
« des chansons contre moi; mais je m'en f. .. » Le
dîner fini, il écrivit au Roi ce qu'il venoit de faire
contre M. d'Heudicourt. S. M. l'approuva très fort,
et elle lui fit mander qu'il étoit le maître de le laisser
en prison autant de temps qu'il le voudroit^. Beau-
1. Saint-Simon, en racontant cette anecdote [Mémoires,
éd. 1873, t. VIII, p. 49-50, et Addition à Dangeau, t. XIII,
p. 250), ne doute pas que Villars n'ait tenu le propos qui lui était
imputé. Voici le récit de Dangeau (p. 240, 25 septembre) : « M. de
Villars a fait mettre en prison M. d'Heudicourt, qu'il accuse
d'avoir inventé un discours qu'il laisoit tenir à ce maréchal. Il
le fit venir devant beaucoup d'officiers et prétendit l'avoir con-
vaincu. M. de Villars a rendu compte au Roi des raisons qu'il
avoit eues pour faire arrêter d'Heudicourt, et le Roi le laisse
le maître de le laisser en prison tant qu'il jugera à propos. On
48 MÉMOIRES [Août 1710]
coup de personnes furent charmées de ce qui venoit
de lui arriver, entre autres MM. de Montsoreau, qui
en triomphèrent. Il y resta pendant six semaines. Ce
fut le maréchal qui le fit sortira II s'attacha depuis si
sincèrement à lui, que le maréchal lui rendit son ami-
tié, et qu'il lui donna par préférence un camp volant
à commander, pendant l'année 1713, en Allemagne.
Le 33 septembre, notre armée fît un mouvement
sur sa gauche, vers Montreuil, en côtoyant la Canche.
Notre droite étoit presque vis-à-vis Hesdin. Ce fut le
dernier camp de cette campagne, oij le maréchal de
Villars nous quitta le 24 pour aller aux eaux. Le Roi
envoya le maréchal d'Harcourt à sa place, quoique
fort incommodé, qui arriva le 215^.
Ce même jour, un de mes caporaux, brave et déter-
miné, fut malheureusement pris en maraude par le
grand prévôt. Voulant le sauver à quelque prix que
ce fût, je me trouvai à l'arrivée de notre nouveau
général, à qui je demandai sa grâce. Il me dit que ce
seroit très mal commencer son commandement que
de m'accorder ma demande ; qu'il vouloit absolument
empêcher la maraude, et qu'ainsi il falloit que justice
fût faite. Je lui répliquai qu'il y avoit trente ans que
ce soldat étoit dans ma compagnie, que c'étoit la
l'a envoyé dans un fort auprès de Calais. » Les Mémoires attri-
bués au marquis de Sourches disent (t. Xll, p. 366) : « Au fort
de Nieulay, » et ne parlent qu'en quelques mots d'une aven-
ture qui aurait dû cependant intéresser particulièrement l'au-
teur, si c'est réellement ce marquis.
1. Les Mémoires de Sourches (p. 373) annoncent cette mise
en liberté, à la prière du maréchal, dès le 3 octobre,
2. Mémoires militaires, p. 91-92; Mémoires de Sourc/ies,
p. 350, 359, 366 et 367.
[Sept. niO] DU CHEVALIER DE QUINCY. 49
première faute qu'il avoit commise. « C'est pour cela
« même, me répliqua-t-il, qu'il doit être puni; car
« son ancienneté dans les services devoit l'engager à
« montrer l'exemple aux autres. » Cependant, mal-
gré la solidité de ces répliques, je ne me rebutai
point, et je le pressai si vivement, qu'enfin j'obtins
grâce. Il ordonna qu'on me remît ce pauvre diable,
qui étoit déjà en marche pour subir son funeste sort.
Aussitôt qu'il me vit, il se jeta à mon cou, et il m'em-
brassa les larmes aux yeux . Je lui fis une réprimande des
plus sévères, et ensuite je le renvoyai à la compagnie.
Cette grâce me donna occasion de faire presque tous
les jours ma cour à Monsieur le maréchal, qui me fai-
sait l'honneur de m'adresser quelquefois la parole. Je
me sus bon gré d'avoir sauvé mon caporal ; c' étoit un
très bon sujet.
Gomme nous étions près d'Hesdin, nous allions
souvent nous y promener. Le marquis d'Havrincourt,
en son nom Cardevac', en étoit gouverneur. Il avoit
épousé M"^d'Osmont% fille de qualité d'une ancienne
maison de Normandie, mais qui, comme bien d'autres,
n'avoit aucun bien. Elle avoit été à Saint-Cyr, d'où
M""^ de Maintenon, qui l'aimoit tendrement, l'avoit
retirée pour être auprès d'elle \ Par rapport à ce
mariage, M. d'Havrincourt, qui avoit servi autrefois
1. François-Dominique de Cardevac, marquis d'Havrincourt,
mort le 4 avril 1747.
2. Anne-Gabrielle d'Osraont, née en 1681, mariée à M. d'Ha-
vrincourt le 10 mars 1705, ne mourut qu'en 1761.
3. Le Roi lui donna cent mille francs en rentes sur l'hôtel
de ville [Dangeau, t. X, p. 266). Voyez sur ce mariage les
Mémoires de Saint-Simon, t. XH, p. 422-425, avec le com-
mentaire de M. de Boislisle.
UI 4
50 MÉMOIRES [Sept. 1710]
à la tête d'un régiment de dragons portant son nom\
avoit eu l'agrément d'acheter ce gouvernement^.
Quoique Artésien, c'étoit un des plus fins et des plus
habiles hommes qu'il y ait jamais eu pour ses inté-
rêts^; les gens de la Garonne n'étoient pas plus rusés
que lui. J'aurai occasion, dans la suite, d'en parler
encore ^
Hesdin. — La ville d'Hesdin est sur la Gauche; elle
est du pays d'Artois, et elle a été construite, l'année
1554, par Philibert-Emmanuel le Grand, duc de
Savoie, alors chassé de ses États par François P""; il
étoit général des troupes de l'Empereur^. Il la fit
bâtir à une lieue de l'ancienne ville d'Hesdin, qui
avoit été démolie et détruite quelques années aupara-
vant^. Elle est à quatre lieues de Montreuil, à sept
lieues d'Abbeville. Gette place, assez bien fortifiée, est
fort petite.
Saint- Venant se rendit par capitulation le 29 sep-
tembre, avec tous les honneurs de la guerre, après
1. U avait seulement commandé quelque temps les dragons
d'Artois en 1690.
2. Il paya vingt-cinq mille écus aux enfants de M. de Cour-
tebonne; le gouvernement rapportait douze mille livres.
3. « Homme d'esprit et adroit, qui, au lieu de se laisser
estranger, et sa femme, sut plaire et en tirer les meilleurs
partis » [Saint-Simon).
4. Notamment pendant la campagne de 1712, où il racon-
tera plusieurs anecdotes sur le compte de M. d'Havrincourt.
5. C'est pour cela, dit-on, que la ville d'Hesdin est souvent
appelée Hesdin-Fert, à cause des quatre lettres F. E. R. T.,
qui forment la devise de la maison de Savoie.
6. Le Vieil-Hesdin, détruit par Charles-Quint en 1553, est
encore aujourd'hui une commune de l'arrondissement de
Sainl-Pol.
[Oct. 1710] DU CHEVALIER DE QUINCY. 51
treize jours de tranchée ouverte^; Aire, le 12î octobre,
après deux mois de tranchée ouverte moins quelques
jours-, avec tous les honneurs qu'on peut accorder à
une garnison qui s'étoit si bien défendue, et qui, si
elle avoit pu tenir cinq ou six jours, auroit obligé les
deux plus grands capitaines de l'Europe à lever le
siège ; car, dans un conseil de guerre que les officiers
généraux ennemis tinrent, la plus grande partie fut
de cet avis. On prétend que ce fut le prince Eugène
et milord Marlborough seuls qui [les] ramenèrent à
leur sentiment, qui étoit de s'ensevelir plutôt devant
cette dernière place que de se retirer honteusement.
Il est remarquable et bien surprenant, et presque
sans exemple, qu'il n'y ait jamais eu aucune altercation
entre ces deux grands hommes, lorsqu'ils ont servi
ensemble, quoique de nation et de religion différentes
et aux services d'un autre prince, dont les intérêts
sont toujours bien différents. Ils alloient tous deux au
bien de l'affaire générale, sans aucune jalousie de
métier, union que trop fatale à la France, et qui mar-
quoit bien le grand génie de ces deux héros ^. Il n'en
étoit pas de même de nos généraux : quoique de
même religion et servant le même maître, ils ne
1. Voyez la capitulation, datée du 30 septembre, dans les
Pièces des Mémoires militaires, p. 313-318.
2. Ce n'est pas le 12 octobre, mais seulement le 9 novembre
[Ibidem, p. 334-339, texte de la capitulation), qu'Aire se rendit.
La tranchée avait été ouverte le 12 septembre. Voyez V Histoire
militaire, par Quincy, p. 365-388, et les Mémoires de Sourches,
t. XII, p. 356-399, passim.
3. Saint-Simon [Mémoires, éd. Boislisle, t. XV, p. 435) con-
firme cette remarque.
52 MÉMOIRES [Oct. 1710]
pouvoient le plus souvent s'accorder ensemble ^
Le Roi donna le cordon bleu à M. de Goësbriand;
le comte d'Estrades fut fait lieutenant général, MM. de
Bueil et de Grimaldi maréchaux de camp; il y eut
beaucoup d'officiers particuliers récompensés^. Nous
perdîmes donc, pendant le cours de cette campagne,
trois places considérables; qu'aurions-nous perdu de
plus, si nous avions été battus lorsque nous marchâmes
pour faire lever le siège de Douay? Certainement, nous
n'en aurions pas perdu davantage. Ainsi le maréchal
de Villars avoit raison, vu les circonstances, d'hasar-
der une bataille ^ Les conseils timides et trop mesu-
rés sont le plus souvent très dangereux : il y a des
occasions où il faut nécessairement donner à la
fortune.
Nos semestres étant arrivés, et les armées des
ennemis s'étant retirées pour aller dans leurs quar-
tiers d'hiver, je partis, avec Boisduval et mon ami
La Bussière, le 30 octobre. Nous fûmes- coucher à
Abbeville.
Crécîj. — En y allant, nous passâmes à Crécy,
bourg situé sur l'Authie^, rivière qui prend sa source
à Authies^, village qui lui a donné son nom. Elle passe
1. Comme, par exemple, Berwick et Vendôme : ci-dessus,
p. 18.
2. Journal de Dangeau, t. XIII, p. 287 et 290; Mémoires de
Sourches, t. XII, p. 404 et 406.
3. Ci-dessus, p. 16-18.
4. Crécy-en-Pontliieu, département de la Somme, n'est point
situé sur l'Authie, mais sur la Maye.
5. Somme, arrondissement de Doullens. L'Authie prend sa
source à quelques kilomètres en amont de cette localité, près
de Coigneux.
[Nov. 1710] DU CHEVALIER DE QUINCY. 53
à DouUens et elle se jette dans l'Océan à Grofïliers^
Grécy est célèbre par la défaite de Philippe de Valois,
qui étoit à la tête d'une des plus belles armées que la
France ait jamais eues, par Edouard III, roi d'Angle-
terre, qui n'a voit pas le tiers des troupes de son
adversaire; mais la position du camp étoit inatta-
quable. Cette bataille fut donnée le 26 août 1 346, et
elle fut des plus funestes à ce royaume.
Abbeville. — La ville d'Abbeville, située sur la
Somme, à cinq lieues de la mer, est une des plus con-
sidérables du royaume, et capitale du Ponthieu. Elle
est de l'évêché d'Amiens. Il y a beaucoup d'hôtels :
anciennement, la plus grande partie de la noblesse de
Picardie y venoit passer l'hiver. Il y a douze paroisses,
plusieurs maisons religieuses et un présidial. Elle est
nommée la Pucelle du pays, parce qu'elle n'a jamais
été prise. Sa devise est : Toujours fidèle^. Elle a de
beaux privilèges. Nous y couchâmes, et nous en par-
tîmes le lendemain pour aller à Amiens en côtoyant
toujours la Somme.
Aussitôt que nous y fûmes arrivés, nous allâmes
voir mon ancien camai'ade, le chevalier de Moyenne-
ville, qui avoit été premier capitaine des grenadiers
de notre régiment; il quitta le service, comme je l'ai
dit^, pendant le siège de Verue, piqué de ce que le
1. Village du département du Pas-de-Calais, canton de Mon-
treuil-sur-Mer.
2. Semper fidelis, et pour armes celles des comtes de Pon-
thieu avec le chef de France ancien. Voyez, sur Abbeville, le
Grand dictionnaire géographique d'Expilly, t. I, p. 4-9.
3. Ci-dessus, tome II, p. 84.
54 MÉMOIRES [Nov. 1710]
marquis de Dreux avoit donné la majorité du régi-
ment à Filleul, qui étoit moins ancien que lui. Il nous
donna un très grand souper, bon vin de Bourgogne,
bon vin de Champagne et bon vin d'Espagne ; nous
fûmes coucher bien gris.
Amiens. — La ville d'Amiens est sur la Somme, qui
s'y partage en plusieurs canaux : ce qui est très utile
pour les manufactures qui y sont. Elle est la capitale
de la Picardie^. La cathédrale est une des plus belles
églises du royaume, bâtie par les Anglois^; on dit la
nef d'Amiens comme tout ce qu'il y a de plus parfait.
On conserve dans cette église le chef de saint Jean-
Baptiste. Cette ville est dans une agréable situation.
Il y a deux belles places ; les rues sont droites, larges
et belles. La citadelle a été bâtie par Henri IV ^ après
que ce grand roi l'eut reprise sur les Espagnols, qui
s'en étoient emparés par stratagème aux ordres du
sieur Portocarrero, gouverneur de Doullens'^. L'évê-
ché est suffragant de Beims. Il y a un présidial, un
bailliage et un bureau des trésoriers de France.
Le lendemain, nous nous séparâmes. La Bussière et
Boisduval furent à Paris, et moi je me rendis en trois
1. Le Dictionnaire d'Expilly, t. I, p. 144-159, donne une
notice détaillée sur Amiens et une description de la ville.
2. C'est une erreur : la cathédrale fut construite de 1220 à
1259, et l'Amiénois faisait alors partie du domaine royal.
3. Sur la rive droite de la Somme, qui la sépare de la ville.
4. Hernandez Portocarrero s'empara d'Amiens par surprise
en mars 1597; mais Henri IV vint immédiatement l'y assiéger
et reprit la ville le 19 septembre, après six mois de siège [Chro-
nologie novenaire de Palma Cayet, éd. Michaud et Poujoulat,
p. 758-760 et 765-772).
[Nov. 1710] DU CHEVALIER DE QUINCY. 55
jours de temps à Q[uincy] , par la ville de Roye. Depuis
Amiens jusqu'à cette dernière ville, il y a un chemin
fort large qui a été anciennement pavé. Il est droit
comme un I; on prétend qu'il a été construit par les
Romains*. D'Amiens à Roye, on compte neuf lieues. "
Je passai la plus grande partie de l'hiver à Q[uincy].
J'allois cependant de temps en temps à Paris, tant
pour mes affaires que pour mes plaisirs. Un jour,
j'eus affaire avec un grand fripon. Le Roi donnoit
cent écus à chaque capitaine d'infanterie pour ses
recrues ; le major du régiment nous donnoit un billet
de ladite somme, pour en être payés par le trésorier
général des guerres. G'étoit M. de Mongelas^, parfaite-
ment honnête homme et toujours connu pour tel de
tout le monde, qui étoit d'exercice pendant cette
année. Après l'avoir sollicité plusieurs jours pour le
payement, il écrivit un mot sur mon billet; je sa vois
précisément que ce mot étoit un ordre à son caissier
de me payer sur-le-champ et argent sonnant. L'ayant
présenté à Monsieur le caissier : « Je ne puis vous
« payer ce billet, me dit-il, que par un autre de
« subsistance. » Il est à remarquer que nous perdions
quatre-vingt-trois livres pour cent sur ces sortes de
billets-^; ainsi, au lieu de trois cents livres, je n'aurois
1. C'est l'ancienne voie romaine d'Amiens à Noyon, Soissons
et Reims.
2. Romain Dru de Mongelas, originaire de Dauphiné, était
trésorier alternatif de l'extraordinaire des guerres depuis
1705; il acheta en décembre 1710 une des deux charges de
secrétaire des commandements du duc de Berry.
3. Il a déjà été parlé de ces billets de subsistance dans le
tome II, p. 321.
56 MÉMOIRES [Dec. 1710]
eu pour faire mes recrues que cinquante et une livres,
deux cent quarante-neuf livres de perte. J'envoyai
faire lanlaire Monsieur le caissier, et je lui dis brus-
quement que j'allois m'en plaindre à son maître. Il me
pria de ne point faire de bruit, et ensuite il me donna
mes trois cents livres argent sonnant.
En vérité, le Roi devroit bien faire punir de pareils
fripons; car pour qui faisons-nous la guerre? Ce n'est
qu'en faveur de ces Messieurs. Ils prêtent leur argent
à usure aux personnes de qualité et aux gentils-
hommes, qui se ruinent si bien, que la plupart sont
obligés de vendre à un prix médiocre leurs terres à
ces coquins et à ces voleurs publics, après que la
guerre est finie. Tout le monde sait qu'un certain
trésorier général de l'extraordinaire des guerres
gagna des richesses immenses pendant son exercice;
il n'avoit cependant exercé cette charge qu'un an. H
envoyoit à l'armée de petits commis, qui, ouvertement,
escomptoient nos billets de subsistance à quatre-
vingt-trois livres de perte sur cent francs. Il est à
présumer que cet homme, qui a acheté depuis une
charge considérable dans la robe pour se décorer,
avoit un protecteur très puissant à la cour, puisque
cette indigne manœuvre se faisoit au su et à la vue de
toute une armée.
Pendant que j'étois à Q[uincy], nous apprîmes que
M. de Vendôme, étant arrivé en Espagne, et ayant
rassemblé sans perdre de temps l'armée des Espa-
gnols, avoit marché précipitamment avec le roi d'Es-
pagne sur celle des alliés, dont il avoit atteint le
9 décembre l'arrière-gardc, composée de huit mille
[Dec. 1710] DU CHEVALIER DE QUINCY. 57
hommes, tous Anglois, aux ordres du général Stan-
hope', à Brihuega^, et que, après un combat des plus
vifs et des plus opiniâtres, il avoit obligé ce général à
se rendre, le lendemain 10, avec toutes ses troupes,
prisonnier de guerre; que, ce même jour 10, M. de
Stahremberg étant venu à la tête de son armée pour
délivrer M. Stanhope, il s'étoit donné une bataille des
plus sanglantes, dans laquelle le roi d'Espagne et le
duc de Vendôme avoient donné des marques d'une si
grande valeur et fait faire des mouvements si à pro-
pos, que, malgré la résistance opiniàtrée des ennemis,
commandés par un des plus grands capitaines de
l'Europe, ils les avoient obligés d'abandonner le champ
de bataille^.
Cette grande nouvelle me fit beaucoup de plaisir,
non seulement par rapport aux affaires générales,
mais aussi par rapport à la gloire et à la réputation
de M. de Vendôme, pour qui je m'intéressois infini-
ment. Sa seule personne fit entièrement changer de
face la fortune en faveur de Philippe V, presque réduit
1. Jacques, comte de Sfanhope, né en 1673, servit d'abord en
Italie comme brigadier général, puis en Portugal et en Espagne
depuis 1705. Disgracié après cette défaite de Brihuega, il devint
secrétaire d'Etat en 1714 et mourut en 1721.
2. Dans l'extrême nord de la Vieille-Castille, à quatre-vingt-
quinze kilomètres de Madrid.
3. Sur ces deux victoires de Brihuega et de Villaviciosa, on
peut consulter V Histoire militaire, par Ouincy, t. VI, p. 444-
451; les Mémoires de Sourches, t. XII, p. 413-415, 417-418 et
421-426; le Journal de Dangeau, t. XIII, p. 302-303 et 305;
la Gazette, p. 617-619 et 625-631 (relation particulière); la
Gazette d'Amsterdam de 1711, n°^ i et ii, etc.
58 MÉMOIRES [Dec. 1710]
auparavant à abandonner son royaume. Le Roi, en
apprenant cette nouvelle, dit au seigneur qui avoit été
envoyé pour en faire part à S. M. : « Un seul homme
a fait ce miracle*. » Quelle gloire et quelle louange
pour M. de Vendôme!
1. Ni Dangeau ni Sourches ne rapportent ces paroles.
[Avril 171 ij DU CHEVALIER DE QUINOY. 59
CAMPAGNE DE L'ANNÉE 1711
ET l'hiver suivant.
La campagne de l'année 1711 en Flandres ne nous
fut pas plus heureuse que les années précédentes,
quoique les alliés ne firent la conquête que d'une seule
place; mais elle étoit pour eux si importante, qu'elle
leur ouvroit, pour ainsi dire, le chemin pour pénétrer
en France.
Je partis de Q[uincyJ le 15 avril, pour me rendre à
Bapaume, où le régiment avoit passé son quartier
d'hiver. A une lieue de Q[uincy], je trouvai le curé de
la paroisse, qui m'apprit la cruelle et irréparable perte
que nous venions de faire, celle de Monseigneur le
Dauphin, mort le jour d'auparavant au château de
Meudon, de la petite vérole \ prince que nous ne sau-
rions trop regretter par l'espérance que nous avions
d'un doux gouvernement; c'étoit la bonté même, et
d'une valeur bien reconnue^.
1. Louis, dauphin de France, dit Monseigneur, né le l*"" no-
vembre 1661, mourut le 17 avril 1711. Sur sa maladie et sa
mort, on peut voir le Journal de Dangeau, t. XIII, p. 377-
382; les Mémoires de Sourches, t. XIII, p. 82-86; la Gazette de
France, p. 204; la Gazette d'Amsterdam, n*** xxxii etxxxiii; les
Mémoires de Saint-Simon, éd. 1873, t. VIII, p. 233-249, etc.
2. « De caractère, il n'en avoit aucun, a dit Saint-Simon [ibi-
dem, p. 262), du sens assez, sans aucune sorte d'esprit...; doux
par paresse et par une sorte de stupidité, dur au fond, avec un
extéi'ieur de bonté qui ne portoit que sur des subalternes...;
silencieux jusqu'à l'inci^oyable... L'épaisseur d'une part, la
60 MÉMOIRES [AvriMTH]
Histoire du nommé Jourdain. — En entrant à
Péronne, je vis un spectacle qui fît beaucoup de peine
à mes soldats de recrue : c'étoit la cuisse du nommé
Jourdain, qui avoit été condamné, dans un conseil de
guerre tenu à Arras, à être rompu vif, et ensuite ses
membres attachés à des potences près des portes de
Péronne. Ce misérable avoit voulu livrer cette der-
nière ville aux ennemis. Voilà ce qui me fut raconté de
lui en dînant à Péronne. Les commissaires des vivres
ayant besoin d'un endroit pour établir des fours, ils
s'emparèrent de la maison de ce Jourdain, brasseur
de son métier, qui, n'ayant plus de place pour brasser
sa bière, fit des remontrances à l'intendant de la pro-
vince^ touchant la violence qu'on venoit de lui faire,
ce qui le mettroit, lui et sa famille, à la mendicité.
L'intendant lui promit qu'il lui feroit rendre justice et
qu'il le feroit dédommager du tort qu'on lui faisoit.
Au bout de plusieurs mois, Jourdain, outré de ce qu'on
ne lui tenoit point parole, fît le complot de livrer
Péronne aux ennemis ; mais, malheureusement pour
lui, il se jeta dans, un de nos partis, s'imaginant que
c'étoit les troupes que M. Hompesch, gouverneur de
Douay^, lui envoyoit pour exécuter son entreprise. 11
fut conduit à Arras, où son procès fut fait dans le
moment. Si cette histoire est véritable, quel chagrin et
crainte de l'autre forraoient en ce prince une retenue qui a
peu d'exemples. » Au point de vue du courage : « Il avoit peur
de tout et n'avoit pas brillé à la guerre plus que dans le
Conseil. » (Addition de Saint-Simon au Journal de Dangeau,
t. XIII, p. 384.)
1. Louis de Bernage, intendant à Amiens depuis le mois de
juillet 1708.
2. Ci-dessus, p. 26.
[Avril 1711] DU CHEVALIER DE QUINCY. 61
quels remords de conscience ne devroit pas avoir
Monseigneur l'intendant de n'avoir pas rendu justice à
ce misérable ! Ce fut le désespoir qui lui fit prendre
ce parti'.
Sédition apaisée à Cambray. — Je ne trouvai point
notre régiment à Bapaume. Il en étoit parti précipi-
tamment quelques jours auparavant pour se rendre à
Cambray, afin d'apaiser une sédition qui s'y étoit éle-
vée par rapport à quelques impôts. Cette affaire finie,
il fut camper sur le Genset.
Il me fut rapporté que M. de Brendlé, lieutenant
général des armées du Roi, qui a voit été chargé de
mettre à la raison le peuple de cette ville, se rendit
après, avec plusieurs officiers, chez Monsieur l'arche-
vêque % qui voulut excuser et prendre un peu trop
vivement le parti de son troupeau ; que M. de Brendlé
lui répondit avec tant d'éloquence, et qu'il cita si à
propos un passage de Télémaque touchant les sédi-
tions \ qu'il ferma la bouche à ce grand prélat.
Notre lieutenant-colonel étoit resté à Bapaume. Il
1. L'Histoire militaire, par le marquis de Quincy, donne
(t. VI, p. 488-489), sur la conspiration de Jourdain, des détails
circonstanciés, mais très difTérents de ceux recueillis par notre
auteur, qui cependant devait avoir sous les yeux le récit de
son frère.
2. Fénelon, en disgrâce depuis 1698, mais que les officiers
qui passaient à Cambray ne manquaient pas d'aller visiter
depuis qu'on ne pouvait ignorer l'affection que lui avait con-
servée le duc de Bourgogne, dont le règne s'annonçait si
proche après la mort de Monseigneur.
3. Sans doute le passage du livre VI, où Mentor dit à Ido-
ménée : « C'est une clémence que de faire d'abord des exemples
qui arrêtent le cours de l'iniquité; par un peu de sang répandu
à propos, on en épargne beaucoup. »
62 MÉMOIRES [Avril 17H]
avoit eu pendant l'hiver une attaque d'apoplexie, dont
la paralysie lui avoit resté dans la tête. N'ayant pas
fini ses affaires, il me pria de rester deux jours avec
lui dans cette place. Il donnoit des noms biscornus à
tous les officiers du régiment : il me nommoit M. Ko-
nocq; cependant, lorsqu'il écrivoit, il nous nommoit
bien. Nous allâmes ensemble joindre le régiment, que
nous trouvâmes campés près de l'Écluse.
Deux jours après, il pensa m'arriver malheur, que
j'avois bien mérité. Étant de grande garde sur le bord
du Genset, il me prit envie de passer au delà de cette
rivière, sur une mauvaise planche que les soldats
avoient mise pour aller à la picorée^. Il faisoit froid;
j'avois mon manteau sur les épaules. Gomme j'étois
au milieu de la planche, il vint un coup de vent si
violent, qu'il me culbuta dans la rivière. Mon manteau
étendu me retint par bonheur un moment sur l'eau,
ce qui donna le temps à plusieurs soldats de venir à
mon secours et de me retirer de l'eau. J'en fus quitte
pour la peur et pour avoir un peu bu. Je leur donnai
de quoi boire à ma santé. Un peu de retardement,
j'étois noyé; car la rivière étoit très rapide à cet
endroit, par rapport à la coupure qu'on avoit faite à
la Scarpe vis-à-vis de Fampoux. Lorsque je fais
réflexion à cet accident, j'en frémis encore.
Pendant le temps que je fus dans ce camp, je fus
voir M. l'archevêque de Gambray, à qui je remis une
lettre de mon frère le lieutenant général de l'artil-
lerie % son ami. Ils s'étoient vus aux eaux, et depuis
1. « Petite guerre, pillage que font des soldats qui se
détachent de leui's corps » [Dictionnaire de Trévoux).
2. Charles Sevin : tome I, p. 26.
[Avril 1711] DU CHEVALIER DE QUINCY. 63
ils avoient lié ensemble un commerce de lettres ^ Il me
retint à dîner, et il me fil mille politesses. Quelle
sagesse, quelle douceur et quelle affabilité dans sa
conversation! Je m'imaginois de voir le Mentor de
Télémaque. Je m'aperçus qu'il mangeoit très peu^.
Le 25 avril, le maréchal de Villars, qui étoit arrivé
la veille à Arras, assembla son armée. Elle étoit com-
posée de cent vingt-six escadrons et cent vingt-deux
bataillons. Il mit la droite à Étrun sur l'Escaut, où
nous avions plusieurs ponts, la gauche à Monchy-le-
Preux et son quartier général à Oisy, afin d'être à
portée de marcher du côté de la Sambre ou sur la
Ganche^. Il a voit encore à garder depuis la Meuse
jusqu'à la mer. Il prétendoit, par le moyen des retran-
chements qu'il avoit fait faire le long de la Ganche, de
la Scarpe, du Genset et de l'Escaut, d'empêcher les
ennemis de pénétrer dans le Boulonnois, dans l'Ar-
tois et dans le Gambrésis, et de faire les sièges de
Valenciennes et de Bouchain. Il appeloit cette position
le nec plus ultra des alliés ; mais il s'en flatta vaine-
ment, comme il se verra dans la suite de la relation
de cette campagne.
1. Les onze volumes de la Correspondance de Fénelon, publiés
en 1827, ne renferment aucune des lettres dont parle notre
auteur.
2. « Il mangeoit peu et peu solidement, mais demeuroit
longtemps à table pour les autres, et les charmoit par l'aisance,
la variété, le naturel et la gaieté de sa conversation » [Mémoires
de Saint-Simon, éd. 1873, t. XI, p. 61).
3. Le projet du maréchal avait été de surprendre les can-
tonnements ennemis sur la Deule et la Scarpe et d'aller inves-
tir Douay; mais les mouvements des alliés le forcèrent à se
tenir sur la défensive [Mémoires militaires, t. X, p. 382-384
et 584-587, lettre au Roi du 23 avril, et lettre du Roi du 26,
p. 590-592).
64 IVtÉMOIRES [Avril 1711]
Quelques jours auparavant, la nouvelle de la mort
de l'empereur Joseph se répandit dans notre armée.
Il mourut à Vienne, de la petite vérole, le 17 avril,
trois jours après celle du Dauphin. Tout le monde fut
persuadé que la mort de ce prince apporteroit bien
du changement dans les affaires de l'Europe, car il
étoit indubitable que l'Archiduc^ seroit élevé au trône
impérial : il n'étoit donc pas de l'intérêt des puis-
sances que la couronne de l'Empire et celle de l'Es-
pagne fussent sur la même tête, par rapport à la
balance de l'Europe^.
Les ennemis, ayant rassemblé leurs armées près
d'Orchies et Pont-à-Marcq, se mirent en mouvement le
1 "' mai pour passer la Scarpe près de l'abbaye d'Anchin,
autrement dite les Quatre-Glochers^, et de Lalaing^,
village au-dessous de Douay. Ils envoyèrent des déta-
chements pour occuper plusieurs postes, entre autres
l'abbaye de Flines^ et celle de Saint-Amand^. Leurs
1. Le compétiteur de Philippe V au trône d'Espagne que les
alliés appelaient le roi Charles III.
2. Sur la mort de Joseph I", on peut voir les correspon-
dances de la Gazette d'Amsterdam, n°^ xxxv à xxxviii, et
les Extraordinaires, surtout les réflexions insérées dans l'Ex-
traordinaire XXXVI.
3. Il a déjà été parlé de l'abbaye d'Anchin dans le tome II,
p. 330. Elle était située dans une île de la Scarpe, à deux lieues
en aval de Douay. Son nom des Quatre-Clochers venait des
quatre tours qui flanquaient l'église abbatiale; il n'en reste
aujourd'hui que des ruines sans intérêt.
4. Sur la rive droite de la Scarpe, à une lieue au nord-est
de Douay.
5. Importante abbaye de cisterciennes fondée au milieu du
xni^ siècle par Marguerite de Flandre, fille de l'empereur Bau-
douin de Constantinople.
t). Tome 11, p. 330.
[Mai 1711] DU CHEVALIER DE QUINCY. 65
armées étoient composées de deux cent cinquante-six
escadrons et de cent quarante bataillons, savoir :
celle du prince Eugène, de quarante-six bataillons et
de cent onze escadrons, et celle du duc de Marlbo-
rough, de cent quarante-cinq escadrons et de quatre-
vingt-quatorze bataillons^. Ils mirent leur droite à
Lalaing, etleur gauche s'étendant du côté deBouchain.
Le 4, ils envoyèrent un gros détachement pour
s'emparer de Ghantereine, château situé près du Gen-
set et au delà, dans des marais, à une portée de fusil
du bourg d'Arleux. Les pluies les empêchèrent de
réussir dans leur dessein.
Le 7, ils ne furent pas plus heureux. Ils y furent
repoussés avec perte de cent soldats. Nous avions
dans ce château huit cents hommes, qu'on relevoit
de temps en temps, commandés par un lieutenant-
colonel.
Le 1 0 au soir, nous apprîmes que M. de Permangle^,
maréchal de camp, qui commandoit à Gondé^, avoit,
le jour auparavant, défait à Hauterive, entre Mortagne
et Saint-Amand, deux bataillons qui escortoient plu-
sieurs belandres chargées de munitions de guerre et
de bouche, qui remontoient la Scarpe pour aller aux
1. Il y a, dans les Mémoires militaires, p. 598 et 600, deux
tableaux de la composition des armées d'Eugène et de Marlbo-
rough; la première aurait compté quarante-huit bataillons et
cent dix escadrons, la seconde quatre-vingt-quatorze batail-
lons et cent cinquante-neuf escadrons. Notre auteur a pris les
chiffres donnés par son frère dans V Histoire militaire, t. VI,
p. 496-502.
2. Tome II, p. 362; il devint lieutenant général en 1719 et
mourut en 1741.
3. Depuis octobre 1710.
ni 5
66 MÉMOIRES [Mai \1\\]
armées ennemies. Il brûla après cette action trente-
cinq belandres; il fit prisonnier M. Chambrier, qui
commandoit ce convoi, un lieutenant-colonel, quinze
officiers et cent cinquante soldats ; le reste fut tué et
mis en fuite ^ .
Le 12i et le 13, le maréchal de Villars fit la revue
générale de son armée. Toutes les troupes qui la com-
posoient se trouvèrent complètes. Moyennant le dixième
que le Roi avoit imposé l'hiver dernier sur tous les
revenus de son royaume 2, toutes ses autres troupes
qui composoient ses autres armées furent aussi com-
plètes. Cependant nos appointements ne nous étoient
payés que par des billets de subsistance, sur lesquels
nous perdions toujours quatre-vingt-trois livres par
cent^. On peut dire avec justice qu'il n'y a pas une
nation comme la nôtre : elle se fait un véritable plaisir
de se ruiner pour le service de son prince.
Le 15, le prince Eugène et milord Marlborough
dînèrent ensemble à Pont-à-Marcq, et ils y eurent une
conférence, apparemment par rapport aux opéra-
tions de la campagne, dont Milord alioit être seul
chargé; car le prince Eugène partit quelque temps
après pour se rendre dans l'Empire, à cause de l'élec-
tion d'un empereur*.
1. Histoire militaire, p. 503; Mémoires militaires, p. 390;
Mémoires de Villars, t. III, p. 106-107.
2. Déclaration du 14 octobre 1710.
3. Ci-dessus, p. 55 et 56.
4. Surtout par crainte des troubles qui pourraient se pro-
duire en Allemagne pendant la vacance de l'Empire; l'électeur
de Bavière cherchait en effet à en fomenter. Eugène ne partit
qu'après le 15 juin : ci-après, p. 70.
[Mai-juin 1711] DU CHEVALIER DE QUINCY. 67
Le 2)5, le comte de Villars, frère du maréchal , qui
comma'ndoit dans Ypres, envoya M. d'Harling^, bri-
gadier des armées du Roi, à la tête d'un gros déta-
chement, pour faire sauter l'écluse d'Harlebeke, à une
lieue au-dessous de Courtray. Cette écluse étoit pro-
tégée par Une redoute et un moulin bien retranchés.
Le 26, la redoute et le moulin furent emportés l'épée
à la main, et ensuite M. d'Harling fit détruire le mou-
Im et la redoute, après avoir fait sauter l'écluse. 11 ne
fut point inquiété dans son expédition, ni dans sa
retraite^.
Le dernier jour de mai, nos housards, ayant tra-
versé le bourg d'Arleux, favorisés d'un grand brouil-
lard, donnèrent sur quatre grandes gardes de cavale-
rie, qu'ils surprirent. Ils amenèrent plusieurs cavaliers
et plusieurs chevaux à notre armée.
Nous étions des plus tranquilles dans notre camp,
où le fourrage étoit bien rare. Nos chevaux souffroient
beaucoup ; le regain qu'on leur donnoit leur causoit
des maladies qui les faisoient mourir. Nous allions
quelquefois à la comédie à Arras pour tâcher de nous
dissiper.
M. de Saint-Frémond partit, le 12 juin, de notre
armée, à la tête de dix-huit mille hommes^, tant
1. Tome II, p. 362.
2. Eberhard-Ernest, comte d'Harling, neveu de la gouver-
nante de Madame, était colonel du régiment de Guyenne et
brigadier depuis 1705; il eut, en 1715, la charge de capitaine
des gardes de la duchesse de Berry.
3. Histoire'militaire, p. 504-505; Mémoires militaires, p. 396,
et, p. 609-613, rapport officiel sur cette opération; Gazette,
P.-287-288 et 299-300.
4. Avec quinze bataillons et quinze escadrons. Le tableau des
68 MÉMOIRES [Juin 1711]
infanterie que cavalerie, pour se rendre sur le Rhin'.
Le duc deMarlborough, ayant préparé toutes choses
pour ses opérations, fît repasser la Scarpe à son
armée sur plusieurs ponts entre Douay et Vitry, la
nuit du 15 au 16. Cette armée fut camper dans la
plaine de Lens, sa droite à Liévin% sur le Souchet,
et sa gauche à Auby^, sur le canal de Douay à Lille.
Ce mouvement nous fit décamper bien vite le 1 6 ; nous
marchâmes du côté d'Arras. Nous mîmes notre droite
à Monchy-le-Preux, notre gauche à Montenescourt,
village où nous avions, l'autre année, notre droite.
Ainsi, nous avions la Scarpe devant nous, sur laquelle
nous fîmes plusieurs ponts.
Le 18, étant à Arras, qui étoit le quartier général,
je vis passer le maréchal, qui, accompagné de plu-
sieurs officiers généraux, alloit reconnoître la position
des ennemis. Je le suivis. Lorsque nous en fûmes à
portée, il se détacha de nous avec six housards seule-
ment et un de leurs officiers, après nous avoir priés
de rester. Il s'approcha très près de l'armée des enne-
mis, que nous vîmes se mettre en bataille ; ils crurent
troupes détachées et de leurs étapes jusqu'à Givet est dans les
Mémoires militaires, p. 615-616,
1. Cet envoi de troupes en Allemagne était fait dans l'inten-
tion d'influencer l'élection du nouvel empereur. Villars, déjà
plus faible que ses adversaires, s'était opposé énergiquement
à toute diminution de son armée ; il ne fut pas écouté [Mémoires,
t. III, p. 109, et la lettre qu'il écrivit à Voysin le 2 juin,
p. 293-295).
2. A trois kilomètres sud-ouest de Lens; c'est aujourd'hui
un important centre minier.
3. Village à quatre lieues sud-est de Lens, au delà d'Hennin-
Liélard.
[Juin 1711] DU CHEVALIER DE QUINCY. 69
apparemment que nous allions les attaquer : nous
avions une escorte de trois cents chevaux. Nous ne
fûmes pas plus tôt de retour à Arras, qu'il fît partir un
courrier pour la cour, afin de prier le Roi de lui per-
mettre de livrer bataille^ . Apparemment qu'il ne savoit
pas encore les négociations qui se tenoient à Londres
pour la paix. Le Roi lui ordonna de ne rien hasarder-.
Il est à présumer que ce fut alors que S. M. lui fît
part qu'on travailloit sérieusement, et depuis quelque
temps, à la paix avec la reine Anne, car certainement
il n'auroit pas laissé échapper l'occasion qui se pré-
senta plusieurs jours après pour défaire sérieusement
une partie de l'armée de milord Marlborough sans,
pour ainsi dire, rien hasarder. J'en parlerai bientôt.
Le 19, le maréchal fit marcher, à la petite pointe
du jour, quatre cents dragons, ayant chacun un gre-
nadier en croupe derrière lui, pour aller enlever un
détachement des ennemis qui étoit dans le château de
Vimy^, éloigné d'une petite lieue de Garency et d'une
petite demi-lieue de leur armée; mais celui qui le
1. On peut voir une lettre du maréchal, datée du 15 juin, dans
les Mémoires militaires, p. 400-401. Villars y disait : « Jamais
les armées de Votre Majesté, telles que je les connois, ne
peuvent espérer de plus grands avantages que de marcher à
l'arme blanche, en plaine, à l'ennemi... Je fais préparer tous les
ponts, et, si, par le retour de mon premier courrier, qui peut
être ici demain avant raidi, Votre Majesté m'en donne la liberté,
je les attaquerai après-demain de bonne heure. » Voyez aussi
les Mémoires du maréchal, p. 110-111.
2. Lettre du 17 juin [Mémoires militaires, p. 402-403), pres-
crivant au maréchal de rester sur la défensive.
3. Aujourd'hui chef- lieu de canton de l'arrondissement
d" Arras.
70 MÉMOIRES [Juillet 1711]
commaiidoit se défendit si bien, qu'il obligea les nôtres
de se retirer bien vite de peur d'être coupés ^
Ce fut dans ce temps-là que le prince Eugène quitta
les armées des alliés pour se rendre en Allemagne,
où sa présence étoit nécessaire par rapport à l'élec-
tion d'un empereur. 11 avoit envoyé sur le Rhin
auparavant six mille chevaux et douze mille hommes
d'infanterie^, aux ordres du comte de Mercy^. Le
maréchal de Villars, ayant appris la marche de ce
détachement, fît partir encore de notre armée vingt-
six escadrons et dix bataillons, aux ordres du marquis
de Bouzols^, lieutenant général, pour l'Allemagne^.
Le château de Chanter eine emporté par les ennemis.
— Enfin les ennemis emportèrent d'assaut, le 6 juil-
let, le château de Ghantereine, près d'Arleux, où nous
avions huit cents hommes, comme je l'ai dit ci-dessus*^,
qui se défendirent jusqu'à la dernière extrémité'''. Ils
eurent la cruauté de dépouiller nos pauvres soldats
nus comme la main. Ils furent conduits à Douay. Tout
le monde en fut indigné. Dans la suite, comme il se
verra ^, nous usâmes de représailles.
1. Histoire militaire, p. 507.
2. Le départ de ces troupes fut quelque temps douteux
[Mémoires militaires, p. 401, lettre de Villars au Roi).
3. Tome II, p. 347.
4. Ibidem, p. 362.
5. La lettre du ministre de la guerre, du 25 juin, ordonnant
l'envoi de ce second détachement et indiquant sa composition
et la route qu'il devait suivre, a été publiée par le général Pelet,
p. 618-620.
6. P. 65.
7. Mémoires militaires, p. 406-407; Histoire militaire,
p. 508-509; Mémoires de Villars, p. 113.
8. Ci-après, p. 74.
[Juillet 17H] DU CHEVALIER DE QUINCY. 71
Pendant que les ennemis attaquoient ce château, le
maréchal, pour divertir les dames d'Arras, nous fai-
soit faire, c'est-à-dire à toute l'infanterie, des évolu-
tions militaires. Il apprit, le 8, que le camp que les
ennemis avoient près de Douay, sur la rive droite de
la Scarpe, pouvoit être insulté. Il étoit composé de
dix bataillons et douze escadrons aux ordres de
M. HompeschS gouverneur de Douay. Ce camp étoit
pour être à portée de protéger le château de Ghan-
tereine, que les ennemis faisoient fortifier.
Le camp près de Douay insulté. — Le 9, notre géné-
ral fit partir de notre armée, à l'entrée de la nuit, six
escadrons de liousards commandés par M. le baron de
Ratsky^, colonel, vingt escadrons de dragons aux
ordres du comte de Coigny, qui, après avoir passé
l'Escaut à Cambray, aussi bien que nos housards, le
repassèrent à Bouchain. Ces détachements étoient
suivis de vingt-quatre escadrons, dont plusieurs de la
maison du Roi^. Toutes ces troupes étoient aux ordres
du comte de Gassion, lieutenant général^. Le dernier
détachement passa l'Escaut sur des ponts que nous
avions à Étrun, et joignit M. de Coigny à Bouchain.
1. Ci-dessus, p. 26.
2. Georges Bor, baron de Ratsky, de nationalité hongroise,
avait d'abord servi sous Ragotzi et était passé au service de
France, en 1707, comme colonel de housards. Naturalisé en
1715, il devint brigadier en 1719, maréchal de camp en 1734,
et mourut en 1742, pendant le siège de Prague. « Il étoit très
honnête homme, et même homme de bien, » dit l'annotateur
des Mémoires de Sourches, t. XIII, p. 132.
3. Le tableau des troupes engagées est dans les Mémoires
militaires, p. 621.
4. Tome I, p. 39.
72 IDSMOIRES [Juillet 17H]
M. de Gassion laissa dix escadrons à une demi-lieue
de cette dernière place, pour favoriser sa retraite. 11
arriva le 10, à la petite pointe du jour, sur le camp
ennemi, qui ne s'attendoit pas à être réveillé si matin,
et sur-le-champ il lâcha tous nos housards et la moitié
de nos dragons dans ce camp. Ils n'eurent pas grande
peine à massacrer tous ceux qui se présentèrent,
cavaliers, soldats, qui tàchoient de se sauver en che-
mise vers Douay. Le camp fut pillé, et ensuite on y
mit le feu. L'alarme se répandit bien vite dans Douay.
On fit beaucoup de prisonniers, et on amena à notre
armée environ quatorze cents chevaux. Nous prîmes
trois étendards et un drapeau^. Un de nos housards
revint de cette expédition dans une berline tirée par
quatre beaux chevaux, qu'il avoit prise ; il passa devant
notre régiment et devant toute notre infanterie : ce
qui nous fit beaucoup rire, en voyant la gravité de ce
personnage.
Après cette affaire finie, le comte de Gassion se
retira à Bouchain, sans être nullement inquiété. Il
perdit peu de monde. M. de Coëtmen, colonel réformé
de dragons 2, fut tué, et le baron de Ratsky blessé.
Pour assurer davantage l'expédition de M. de Gas-
1. Voyez les rapports officiels du maréchal de Villars et du
comte de Gassion sur cette affaire, et la lettre de félicitation
du Roi, dans les Mémoires militaires, p. 621-626, et dans les
Mémoires du maréchal, p. 113-117, les récits de Y Histoire
militaire, p. 509-513, de la Gazette, p. 398-400, de la
Gazette d'Amsterdam, n° lvi et Extraordinaire, et des Mémoires
de Soiirches, t. XIII, p. 152-154.
2. Il commandait un régiment de dragons depuis juin 1708.
Son frère, qui devait devenir maréchal de camp en 1748, lui
succéda.
[Juillet 1711] DU CHEVALIER DE QUINCY. 73
sion et sa retraite, le maréchal avoit envoyé M. d'Al-
bergotti au village d'Aubigny', situé au delà du Gen-
set et vis-à-vis d'AubencheuF, à la tête de deux mille
grenadiers, et il fit attaquer les grandes gardes de
cavalerie de l'armée ennemie, afin d'attirer l'attention
de Marlborough de ce côté-là.
Je ne sais point la raison pour laquelle le maréchal
de Villars ne fit point attaquer en même temps le
poste de Ghantereine, d'autant plus que toute notre
infanterie étoit sous les armes, à qui on fit faire, pen-
dant presque tout ce jour-là, toutes sortes d'évolu-
tions. La retraite de M. de Gassion auroit été plus
assurée par Arleux, et il auroit épargné par là six
lieues au moins à faire à nos troupes. Il lui étoit
cependant très important d'enlever ce poste à l'en-
nemi le plus tôt qu'il lui seroit possible. L'affaire de
Douay fut très bien projetée et très bien exécutée.
Le château de Chantereine repris sur l'ennemi. —
Le 213, le maréchal ayant appris que les ennemis
avoient décampé pour aller le 20 à Bruay^ et le 21 à
Lillers, et que M. de Marlborough avoit rappelé une
partie des troupes qui composoient He camp sous
Douay, il profita de cet éloignement pour reprendre
le château de Ghantereine. Il chargea le maréchal de
Montesquiou de cette besogne, qui se trouva, à la
petite pointe du jour, le 24, avec vingt-cinq batail-
lons et vingt-six escadrons devant ce poste, que les
ennemis avoient très bien fortifié^, et dans lequel ils
1. Aubigny-au-Bac, dans le canton d' Arleux, qu'il ne faut
pas confondre avec Aubigny-en-Artois (ci-dessus, p. 31).
2. Ci-dessus, p. 20; ici encore, Benc/ieu, dans le manuscrit.
3. Bruay, à trois lieues sud-ouest de Béthune.
4. Ils y avaient fait trois redoutes, bien palissadées, avec
74 MÉMOIRES [Juillet 1711]
avoient mis huit pièces de canons de vingt-quatre
livres de balles et deux mortiers. En arrivant, nos
troupes donnèrent, sans perdre de temps, un assaut
général. Cette attaque fut si vive, qu'elles emportèrent
brusquement le poste, quoique nos soldats avoient de
l'eau jusqu'aux épaules pour y aller, ce qui les obli-
geoit de tenir haut leurs fusils'.
On prit M. Savary, colonel-, qui commandoit les
huit cents hommes qui défendoient ce poste. Il y eut
ordre de dépouiller ceux qui avoient été faits prison-
niers, en représailles d'avoir dépouillé les nôtres
lorsque les ennemis s'étoient emparés de ce poste ^.
Ils furent conduits tous nus à Gambray. Beaucoup de
dames sortirent de cette ville pour les voir arriver,
entre autres la comtesse d'Oisy*, qui mena dans son
carrosse la marquise d'Havrincourt^ et M^'^ d'Oisy, sa
belle-fille, âgée de seize ans^, qui sortoit du couvent.
C'est celle que j'ai épousée en secondes noces ^, et
qui, dans la suite, m'a raconté l'imprudence de sa
des fossés profonds remplis d'eau, et armées de dix pièces de
canon [Sourches, t. XIII, p. 160).
1. Mémoires de Villars, p. 118; Mémoires militaires, p. 413-
414 et 627-629, lettre du maréchal de Montesquiou.
2. Partisan mis à la tête du régiment de cavalerie de ce Gue-
them cité ci-dessus, tome II, p. 241-242.
3. Ci-dessus, p. 70.
4. Marie-Antoinette de Rouvroy, seconde femme de Jean-
Eustache de Tournay d'Assignies, comte d'Oisy, qui l'avait
épousée le 10 novembre 1694.
5. Ci-dessus, p. 49.
6. Elle avait au moins dix-huit ans, sa mère étant morte en
1693, et plus probablement vingt (voyez la Notice préliminaire
dans le tome I).
7. Tome I, p. 67, et ci-dessus, p. 26.
[Juillet 17HJ DU CHEVALIER DE QUINCY. 75
belle-mère ; car ces pauvres prisonniers n'avoient rien
pour se cacher. Nous eûmes, dans cette attaque, envi-
ron une centaine de soldats tant tués que blessés, un
capitaine de tué, le marquis du ThiH, brigadier des
armées du Roi, et quelques autres officiers blessés.
Le maréchal de Montesquiou vint rejoindre ensuite
notre armée, après avoir laissé huit cents hommes
aux ordres d'un lieutenant-colonel dans ce poste, et
six bataillons à PallueF, village en deçà du Censet,
dépendant de la terre d'Oisy, pour être à portée de
protéger Ghantereine. Ce même jour, notre armée
a voit fait un mouvement pour marcher sur sa gauche,
qui fut appuyée à Givenchy-le-Noble^, près de la
source de la Ganche, et sa droite à Arras.
Le 26, sur les dix heures du matin, nous vîmes
paroître une vingtaine d'escadrons, dont plusieurs
housards : c'étoit milord Marlborough, accompagné de
ses officiers généraux, qui venoit pour reconnoître
notre position.
Ge général ayant rassemblé, le 1®'^ août, toutes les
troupes qui composoient son armée, il décampa de
Lillers et il marcha sur nous, en faisant courir le bruit
que c'étoit pour nous attaquer. Ge mouvement de
l'ennemi nous fit resserrer le front de notre armée*.
1. François-Edouard Jubert, marquis du Thil, commandait
un régiment d'infanterie depuis 1704 et était brigadier du mois
de novembre 1708. « Très brave homme, dit l'annotateur des
Mémoires de Sourches (p. 160), mais qui étoit toujours blessé
dans toutes les occasions. » Il mourut peu de jours après.
2. A deux kilomètres au sud d'Arleux, sur un bras de la Sensée.
3. Commune du canton d'Avesnes-le-Comte.
4. Villars rappela même les corps séparés commandés par
MM. de Magnac et de Coigny [Mémoires militaires, p. 416).
76 MÉMOIRES [Août 1711]
Nous mimes notre droite à Montenescourt. Ainsi,
comme nous étions de la droite, notre brigade se
trouva occuper le même terrain que nous occupions
la campagne précédente. Nous n'y fûmes pas plus tôt
arrivés, qu'on nous fît travailler sans relâche à perfec-
tionner nos lignes : ce que nous fîmes jusqu'au 5,
d'autant plus que le général ennemi faisoit toujours
courir le bruit qu'il nous attaqueroit, et, pour le per-
suader davantage, il fît travailler pendant deux jours
à faire des fascines, afîn, disoit-il, de combler nos
retranchements.
Le 4, il s'approcha si près de notre armée, que, ne
doutant nullement que nous serions attaqués le len-
demain, nous nous préparâmes tout de bon à le bien
recevoir. Nous fûmes sous les armes toute la nuit et
le lendemain 5 jusqu'à dix heures du matin, que nous
apprîmes enfin que l'armée ennemie avoit décampé
précipitamment, la veille, à la retraite battue, et qu'elle
avoit marché sans s'arrêter, afin de joindre M. de
Gadogan^ et M. Hompesch, à qui milord Marlborough
avoit ordonné de passer le Gensei à ArJeux, celui-ci à
la tête d'une partie de la garnison de Douay, et l'autre
ayant sous ses ordres un gros détachement de l'ar-
mée des alliés^.
Il est à remarquer que, quatre jours auparavant, le
maréchal de Villars avoit ordonné assez mal à propos
au commandant du château de Ghantereine de l'aban-
donner, aussi bien que les redoutes élevées dans les
1. Tome II, p. 332.
2. Mémoires militaires, p. 418; Histoire militaire, p. 515;
Mémoires de Villars, p. 123.
[Août 1711] DU CHEVALIER DE QUINCY. 77
marais près d'Arleux : ainsi les ennemis n'eurent
aucun obstacle à passer le Censet.
Réflexion sur la marche de Marlborough. — Je ne
puis m'empêcher de faire ici une réflexion ' ; car je
suis persuadé que cette marche forcée des alliés n'a été
faite que dans le dessein de faire le siège de Gambray.
Si milord Marlborough n'avoit eu seulement en vue que
le siège de Bouchai n, auroit-il hasardé de perdre une
partie de son armée, comme il hasarda en la faisant
passer le Censet et ensuite l'Escaut? Il n'avoit qu'à
passer cette dernière rivière ou à Neuville- ou à
Denain : il nous auroit été impossible de nous y oppo-
ser. Mais, me dira-t-on, le camp volant aux ordres
du chevalier de Luxembourg les auroit empêchés d'y
jeter des ponts. Je répondrai à cette objection que,
ne l'ayant pas fait lorsqu'ils ont passé l'Escaut à Étrun,
par la même raison, il ne se seroit pas opposé au
passage de cette rivière à Neuville et à Denain, Ainsi
je trouve extraordinaire que le duc de Marlborough,
à qui je donne toujours le projet de faire le siège de
Gambray, n'ait pas ordonné à M. de Gadogan et à
M. Hompesch qu'aussitôt qu'ils auroient passé le Gen-
set à Arleux avec leurs troupes, de les faire couler le
long du Marqui jusqu'à Inchy-^. Ils auroient eu le
temps de bien s'étabhr sur cette petite rivière, et, par
1. Comparez l'exposé des mouvements de Marlborough et de
Villars dans l'Histoire militaire, p. 516.
2. Neuville-sur-l'Escaut, arrondissement de Valenciennes,
canton de Bouchain.
3. Inchy-en-Artois (qu'il ne faut pas confondre avec Inchy-
Beaumont, ci-dessus, p. 14), à six kilomètres au sud de Mar-
quion et dix à l'ouest de Gambray.
78 MÉMOIRES [Août i7H]
cette position, ils nous auroient empêchés de nous
rendre à Cambray, et ils auroient été les maîtres par
conséquent de faire le siège de cette place. Quelle dif-
férence pour eux ! Cette grande faute et notre rapide
marche empêchèrent le duc de Marlborough de pro-
fiter de douze heures de marche qu'il avoit d'avance
sur notre armée. Revenons-y.
Dès que le maréchal de Villars fut informé de la
marche des ennemis, il se mit à la tête de la Maison
du Roi, qui fut suivie de toute notre armée, pour
marcher du côté de Cambray. Notre marche fut si
précipitée, comme je viens de le dire, que nous arri-
vâmes près de Marquion, à quatre heures du soir, dans
le temps que les ennemis défiloient dans le village de
Palluel, pour gagner Oisy. De Montenescourt, d'où nous
venions de partir, à Marquion, il y a huit lieues; nous
ne fîmes qu'une halte d'une demi-heure; après quoi,
nous nous remîmes en marche, pour passer la petite
rivière de Marqui, afin de nous rendre à Bourlon^ qui
fut le centre de notre armée, dont nous appuyâmes la
droite aux glacis de Cambray et la gauche à Inchy,
village situé sur un marais qui assuroit cette aile. Nous
avions devant notre droite le ravin de Sailly^ dans le
centre, la petite montagne de Bourlon^, dans laquelle
on plaça la plus grande partie de notre canon, et de
laquelle on découvroit non seulement notre droite et
1. Village du canton actuel de Marquion, à huit kilomètres
ouest de Cambray.
2. Sailly-lès-Carabray, village sur le territoire duquel se
trouvait l'abbaye augustine de Cantimpré.
3. Dont la pente qui regardait Cambray était protégée par
un petit bois.
[Août 1711] DU CHEVALIER DE QUINCY. 79
notre gauche, mais tout le terrain jusqu'au Censet.
Ainsi, d'un coup d'œil, on découvroit les deux armées,
qui n'étoient éloignées l'une de l'autre que de deux
lieues. Celle des ennemis avoit sa droite à Oisy et sa
gauche à Étrun sur l'Escaut ^ Rien ne séparoit les deux
armées; il étoit donc à présumer qu'il y auroit une
bataille, livrée ou par milord Malborough ou par notre
général. Mais ces messieurs en décidèrent autrement,
comme il se verra dans la suite de cette relation.
Ce dernier^ en sortant de Marquion à la tête de la
Maison du Roi, pour gagner Gambray, trouva le mar-
quis d'Havrincourt, à qui il dit : « Monsieur, je viens
exprès donner une bataille à l'ennemi pour sauver
votre terre d'Havrincourt^; ce dessein, ajouta-t-il,
n'est-il pas bien honnête? » Il le pria en même temps
d'envoyer un de ses fermiers à l'armée des alliés, sous
prétexte de demander une sauvegarde, pour tâcher
de pénétrer le parti qu'ils alloient prendre.
M. de Gadogan, en arrivant à Oisy, fît sommer lin
capitaine, qui étoit dans une tour avec cent dragons,
à se rendre. Gette tour sert présentement de colombier.
L'officier lui fît réponse qu'il s'enseveliroit plutôt, lui
et ses dragons, sous les ruines delà tour. On eut beau
le menacer qu'il n'y auroit aucun quartier pour lui et
pour ses dragons, s'il ne se rendoit prisonnier de guerre
sur-le-champ ; ce capitaine s'opiniàtra si fort à vouloir
1. Mémoires militaires, p. 419-420; Histoire militaire, p. 516-
517.
2. Le maréchal de Villars.
3. Gette terre, érigée en marquisat en 1693, se trouvait à
quelques kilomètres en arrière des positions de l'armée fran-
çaise, au delà du grand chemin de Gambray à Bapaume.
80 MÉMOIRES [Août 1711]
se défendre, que M. de Gadogan envoya chercher du
canon pour le mettre à la raison. Le comte d'Oisy,
mon futur beau-père, voyant que l'opiniâtreté de cet
officier seroit cause que le canon alloit renverser non
seulement sa tour, mais encore son château, fut lui-
même parler au capitaine de dragons. Il lui fit entendre
que certainement on le feroit pendre de vouloir résister
à une armée si formidable, s'il attendoit que le canon
fût arrivé, et qu'il occasionneroit par là la ruine de sa
tour et de son château. Enfin, il le persuada si bien,
qu'il se rendit prisonnier de guerre avec ses cent
dragons.
Le duc de Malborough, surpris de la diligence que
nous venions de faire, par laquelle nous rompions le
dessein qu'il avoit de marcher sur Gambray, et se
voyant par là dans une situation des plus critiques,
ayant le Genset et des marais impraticables derrière
son armée, à sa droite des marais aussi impraticables,
et la petite rivière du Marqui, et à sa gauche l'Escaut,
et devant lui une armée composée d'une seule nation
et commandée par un grand capitaine, prit le parti,
pour réparer son imprudence, de décamper à l'entrée
de la nuit et de passer l'Escaut à Étrun, sur plusieurs
ponts qu'il fit faire sur-le-champ.
Dès que ce général fut arrivé à Oisy, dont il fit son
quartier général, il monta dans un appartement dans
le haut du château pour observer ce que nous faisions.
Il s'aperçut qu'on dressoit toutes les tentes, ce qui lui
fit dire : « J'aurai le temps de faire passer l'Escaut à
mon armée, puisque les François ne s'approchent pas
de moi. » Le comte d'Oisy, qui étoit avec lui, entendit
ce propos.
[Août 1711] DU CHEVALIER DE QUINCY. 81
Il ne fut pas plus tôt nuit, qu'il fit décamper son
armée à petit bruit, malgré la pluie qui tomboit à
verse, et qui dura toute la nuit'.
Revenons à notre armée. On fit distribuer de la
poudre et des balles à toute notre infanterie. Le maré-
chal de Villars prit toutes les précautions et toutes les
mesures nécessaires pour recevoir les ennemis, per-
suadé comme tout le monde que, le lendemain, les
alliés nous feroient l'honneur de nous rendre visite.
J'étois de piquet, ainsi obligé de rester à la tète du
camp; j'essuyai pendant toute la nuit la pluie sur le
corps. A la petite pointe du jour, nous apprîmes
par les déserteurs que les ennemis avoient marché
toute la nuit, qu'une partie de leur armée avoit passé
l'Escaut à Étrun, qu'il y avoit un grand désordre dans
leurs troupes, qui croyoient que nous allions tomber
à tout moment sur eux, ce qui les obligeoit de passer
cette rivière avec précipitation. Nous étions dans
l'attente, persuadés que notre général nous feroit
marcher pour attaquer leur arrière-garde, d'autant
plus qu'il étoit instruit de leur marche, non seulement
par les déserteurs et par les espions, mais aussi par
le chevalier de Luxembourg, qui étoit au delà de
l'Escaut avec son camp volant; il l'informoit tous les
quarts d'heure de la quantité de troupes qui avoient
passé cette rivière. Malgré tous les avis que notre géné-
ral recevoit, il restoit dans une tranquillité qui étonnoit
tous les officiers généraux, tous les officiers particu-
1. Voyez les correspondances de la Gazette d'Amsterdam,
n°' Lxm et lxiv et Extraordinaire lxiv, qui donnent d'intéres-
sants détails sur la maixhe de l'armée de Marlborough et sur
son retour en arrière vers Bouchiain.
ni 6
82 MÉMOIRES [Aoùt17H]
liers et tous les soldats. Il y avoit un murmure géné-
ral répandu dans toute l'armée. Nous nous disions les
uns aux autres : « La terreur a gagné le cœur de tous
« nos officiers généraux d'aujourd'hui. Voici une occa- f
« sion des plus sûres que nous ayons jamais eues pour
c( détruire une partie de l'armée ennemie, et cepen-
« dant on nous laisse les bras croisés dans une funeste
« tranquillité. » Enfin, sur les onze heures du matin,
on bat la générale et l'assemblée presque en même 9
temps, et sur-le-champ l'armée s'ébranle pour marcher
à elle. Mais il n'étoit plus temps : toute leur armée
étoit passée, et leurs ponts plies. On fit prisonniers
quelques traîneurs et quelques maraudeurs. Ce fut là
à quoi se termina toute cette belle expédition.
On peut dire dans cette occasion que le général
anglois fut plus heureux que sage ; car, si le maré-
chal de Villars avoit fait marcher son armée le 6, deux
heures avant le jour, sur l'ennemi, nous aurions trouvé
son arrière-garde en deçà de l'Escaut, et, sans en venir
aux mains, notre seul canon l'auroit détruite; car, un
peu en deçà de l'endroit où l'armée ennemie campoit,
il y a des hauteurs qui régnent presque jusqu'à Auben-
cheul et qui dominent tout le terrain jusqu'au Genset
et jusqu'à Étrun.
Dans la suite, nous apprîmes le motif qui avoit
empêché le maréchal de Villars d'attaquer l'ennemi.
Le voici :
Le Roi lui avoit fait part, à lui seul, qu'il travailloit à
faire la paix avec la reine Anne ; que, pour y parvenir,
M. l'abbé Gaultier ^ chanoine de Bayeux, et M. Mesna-
1. François Gaultier, d'abord sacristain de Saint-Germain-
en-Laye, ayant accompagné comme chapelain le maréchal de
[Août 1711] DU CHEVALIER DE QUINCY. 83
ger^, célèbre négociant, s'étoient rendus à Londres
incognito, lesquels, avec le maréchal de Tallard, qui
étoit toujours prisonnier, avoient des conférences
secrètes avec les ministres de la Reine à ce sujet ; qu'il
y avoit toute apparence que les négociations se termi-
neroient heureusement ; que, pour ne point donner
aucun prétexte à la reine de la Grande-Bretagne de
rompre les négociations, le Roi lui avoit donné des
ordres précis de se tenir seulement sur la défensive.
Milord Marlborough avoit reçu les mêmes ordres de sa
souveraine; mais, comme il étoit de son intérêt, par
rapport à sa gloire et par rapport au profit qu'il
tiroit de la guerre (personne ne faisoit plus valoir les
sauvegardes que lui^), il n'eut aucun égard à ce que
cette reine lui avoit ordonné : ce qui, dans la suite, lui
causa, et à sa femme ^, leurs disgrâces.
Tallard lors de son ambassade en Angleterre en 1693, entra en
relation avec le comte de Jersey et s'établit à Londres. Il ne
revint en France qu'après la conclusion de la paix d'Utrecht,
et mourut en 1720 au château de Saint-Germain, pensionné à
la fois par la France, l'Espagne et l'Angleterre. Louis XIV lui
avait donné les abbayes de Savigny et d'Olivet. On voit dans
les Mémoires de Saint-Simon (éd. 1873, t. XVII, p. 72) ce que
ce duc pensait de l'habileté et de la modestie de l'abbé
Gaultier.
1. Xicolas Mesnager (1658-1714), gros négociant de Rouen,
intéressé dans les entreprises maritimes, était député au Con-
seil de commerce depuis 1700 et avait été chargé de différentes
missions en Espagne et en Hollande. Son rôle comme troisième
plénipotentiaire aux conférences d'Utrecht a été étudié à
diverses reprises.
2. Si ce n'est Villars, son adversaire actuel, dont les con-
temporains ont signalé les scandaleux profits sur les contri-
butions.
3. Sarah Jennings (1660-1744), mariée en 1678, dame d'hon-
U MÉMOIRES [Août 17H]
Une seule parole nous procura cette paix, qui fut
suivie, deux ans et demie après, de la paix générale.
L'abbé Gaultier avoit un commerce de lettres avec un
de ses amis à Londres. Dans une, il mit simplement
ces mots : « Eh ! mon Dieu ! n'aurons-nous donc jamais
la paix? » Cet ami lui fit cette réponse : « Tant que
vous vous adresserez à d'autres qu'à nous, ne comptez
point sur cette paix. » L'abbé ne fit d'abord aucune
attention à ce discours; mais, un jour, ayant fait lire
la lettre à un de ses amis, cet ami lui fit entendre que
cela pouvoit être de conséquence, et il lui conseilla de
la faire voir à M. de Torcy, alors secrétaire d'État des
Affaires étrangères : ce qu'il fit. Ce ministre le pria de
lui remettre la lettre ; il la fit voir au Roi. Ce prince
ordonna à M. Gaultier, par M. de Torcy, de récrire à
son ami pour l'engager à s'expliquer davantage. Sa
réponse fut que, si nous voulions avoir la paix, il fal-
loit s'adresser à l'Angleterre, et non à d'autres puis-
sances, et dans la même lettre, il lui mandoit qu'il
feroit bien de venir à Londres, d'amener avec lui une
personne entendue au commerce. Le Roi, informé de
cette réponse, fit partir cet abbé et M. Mesnager, qui
se rendirent dans cette ville incognito, comme je l'ai
déjà dit ^
neur de la princesse Anne de Danemark, devint en grande
faveur lorsque celle-ci succéda à Guillaume III. Disgraciée en
1710, et son mai'i en 1711, elle se l'etira avec lui en Allemagne
et ne revint en Angleterre qu'à l'avènement de Georges I".
1. Le Journal inédit du marquis de Torcy, publié en 1884 par
M. Frédéric Masson, et qui malheureusement s'arrête brus-
quement au mois de mai 1711, mais est complété par les
Mémoires du même (éd. Michaud et Poujoulat, p. 665 et suiv.),
détruit presque entièrement (p. 347 et suiv.) ce récit de notre
[Août 171 IJ DU CHEVALIER DE QUINCY. 85
En voilà assez pour justifier le maréchal de VilJars
dans cette occasion ; mais peut-on le justifier de n'avoir
pas fait faire des ponts sur le Genset aussitôt que les
ennemis eurent passé l'Escaut, afin de faire passer à
la plus grande partie de son armée cette première
rivière et ensuite faire longer les troupes qui auroient
passé? En les étendant jusqu'à Neuville et à Denain
le long de l'Escaut, sur la rive gauche, il auroit cer-
tainement empêché les alliés de passer, et par consé-
quent il auroit empêché le siège de Bouchain ; car il
leur auroit ôté la communication de leur armée avec
Douay, d'où ils tirèrent les munitions de guerre et de
bouche pendant tout le siège. Il envoya bien, le soir, le
comte de Broglie, avec sa réserve, pour s'opposer à
leur passage; mais il arriva trop tard^. Les ennemis,
plus habiles que nous, sans perdre de temps, avoient
fait faire plusieurs ponts à Denain et à Neuville. Ainsi,
Ghonchon (sobriquet que l'on donnoit au comte de
Broglie)^ fut obligé de s'en revenir bien vite; car il
trouva des troupes bien supérieures en nombre aux
siennes qui étoient déjà en deçà de l'Escaut, Si le
maréchal avoit pris sur-le-champ ce parti, à quoi
auteur. L'abbé Gaultier était à Londres depuis longtemps; il
était en correspondance avec Torcy sous des noms supposés
depuis 1709, et des négociations préliminaires s'étaient enga-
gées par son canal dès cette époque. Dans les premiers mois de
1711, il fit plusieurs voyages de Londres à Paris, et Mesnager
ne lui fut adjoint qu'au mois d'août, pour discuter les questions
commerciales.
1. Il ne réussit qu'à faire trois cents prisonniers [Mémoires
militaires, p. 421).
2. Déjà dit ci-dessus, p. 35. Peut-être faudrait-il lire Chou-
chou, quoique le manuscrit porte clairement Chonchon.
86 MÉMOIRES [Août 1711]
auroit abouti cette grande marche de milord Marlbo-
rough? Il auroit été obligé de se retirer du côté de
Mons par rapport aux subsistances. Quelle honte pour
lui, et quelle gloire pour le maréchal, qui auroit fait
une des plus belles campagnes !
Il m'a été dit, par rapport au passage des enne-
mis à Étrun, que, le chevalier de Luxembourg étant
venu rendre compte à M. de Villars, ce général lui
avoit dit en présence de plusieurs officiers généraux :
« Pourquoi, Monsieur, n'avez-vous pas attaqué la tête
« de l'avant-garde de l'armée ennemie? Vous pouviez
« le faire facilement sans rien risquer. » — « Pourquoi,
« Monsieur? répliqua le chevalier. Parce que vous me
« l'avez ordonné ; en voici l'ordre signé de votre main. »
Le maréchal voulut le voir, et, dès qu'il lui eut été
remis, il le mit dans sa poche. On fut étonné du peu
de fermeté du chevalier de Luxembourg à redeman-
der son ordre, d'autant plus que cela pouvoit lui faire
grand tort. Gela se passa cependant tranquillement.
On trouva le procédé du maréchal injuste et malhon-
nête.
Les ennemis, ayant passé l'Escaut, mirent leur
droite à Avesnes-le-Sec^ et leur gauche à Haspres^,
sur la Selle, petite rivière qui prend sa source à Vaux-
en- Arrouaise^, passe au Cateau-Gambrésis et va se
jeter dans l'Escaut presque vis-à-vis de Denain. Ils
avoient un ravin devant le front de leur armée, et ils
envoyèrent un gros détachement pour faire faire des
1. Village situé à six kilomètres sud-est de Bouchain.
2. A quatre kilomètres est d'Avesnes-le-Sec.
3. Ou Vaux-Andigny, département de lAisne, arrondisse-
ment de Vervins, canton de Wassigny.
[Août 1711] DU CHEVALIER DE QUINCY. 87
ponts à Denain et à Neuville, comme il a été dit ci-
dessus^.
A l'égard de notre armée, le maréchal mit la droite
un peu au-dessous de Gambray et sa gauche à Paillen-
court, sur le Genset. Ensuite, il fit construire un pont
à Wasnes^ et un autre à Aubencheul, afin de se mettre
en état d'inquiéter les ennemis par rapport à leurs
convois. Il envoya le même jour M. d'Affry^, à la tète
de cinq cents grenadiers, dans Bouchain, pour ren-
forcer la garnison*. Il y avoit dans cette place les
deux bataillons de Lannoy, les deux de Foix^, un de
Choiseul^, un de la Ghau-Montauban''', un de la ïour^,
un de Senneterre^, et cinq cents Suisses, aux ordres
1. Ci-dessus, p. 85.
2. Wasnes-au-Bac, à cinq kilomètres ouest de Bouchain, dans
des marais formés par la Sensée.
3. François d'Affry, d'origine suisse, était brigadier depuis
1709; il eut en 1714 un régiment suisse, devint maréchal de
camp en 1719, lieutenant général en août 1734, et fut tué
quelques jours plus tard à la bataille de Guastalla.
4. Outre ses grenadiers, M. d'Affry amena dans la place
deux bataillons d'infanterie, deux régiments de dragons à pied
et quatre cents sacs de farine [Mémoires militaires, p. 421).
5. Créé en 1684, ce régiment avait pour colonel M. deThomé.
6. Levé en 1702 et licencié en 1714.
7. Levé aussi en 1702, ce régiment fut incorporé dans Tallard
en 1714; il était commandé par François-Hector de la Tour-
du-Pin, comte de la Chau-Montauban.
8. Nous n'avons pu trouver quel était ce régiment. Les
Mémoires militaires ne contiennent pas d'état de la garnison
de Bouchain. L'Histoire militaire dit aussi la Tour; mais c'est
là que notre auteur a pris ce nom.
9. Commandé par Jean-Charles, marquis de la Ferté-Senne-
terre, ce corps n'exista que pendant la durée de la guerre
(1702-1714).
88 MÉMOIRES [Août 1711]
de M. de Selve^ et de M. de Ravignan^, tous deux
d'une grande réputation. On étoit assuré que les alliés
en feroient le siège.
Le lendemain, notre armée fit un mouvement en
arrière, afin que les troupes fussent plus à portée des
fourrages. La droite fut appuyée à Rumilly^, village
sur l'Escaut, entre Cambray et Étrun, et la gauche à
Marquion.
Le 9, le maréchal de Villars, au désespoir de voir
que les ennemis alloient faire le siège, à sa barbe,
d'une place qui n'étoit éloignée de son armée que
d'une lieue, fit passer le maréchal de Montesquiou, à
la tête de trente bataillons, au delà du Genset, pour
élever un retranchement depuis Wavrechain'^ jusqu'à
Wasnes, pour tâcher de conserver une communication
avec Bouchain. Ce retranchement s'allongeoit jusqu'à
l'Escaut, et il fit faire, depuis ce retranchement jusqu'à
cette place, un chemin de fascines sur le marais, sur
la rive gauche de la rivière, à passer deux hommes
seulement de front \
Le 10, après avoir dîné, je me retirai dans ma
1. Ci-dessus, p. 42,
2. Tome II, p. 337.
3. A quelques kilomètres au sud de Cambray. Ni les Mémoires
militaires (p. 422), ni VHistoire militaire (p. 517) ne disent que
les lignes fussent aussi étendues.
4. Wavrechain-sous-Faulx, à l'ouest de Bouchain, sur la
Sensée.
5. C'est Albergotti qui commandait les trente bataillons
envoyés le 9; le maréchal de Montesquiou alla le rejoindre, le
10, avec quarante-cinq autres bataillons [Mémoires militaires,
p. 422-423).
[Août 1711] DU CHEVALIER DE QUINCY. 89
chambre pour lire, ce que j'ai toujours pratiqué
lorsque je n'avois rien à faire; j'aperçus que nos hou-
sards poursuivoient vivement ceux des alliés, et en
même temps j'entendis battre la générale, et, sur-le-
champ, l'assemblée. Je montai promptement à cheval;
je me rendis au régiment, qui étoit déjà en marche
pour passer l'Escaut au-dessous de Rumilly, aussi
bien que toute l'armée. En moins d'une demi-heure,
elle passa cette rivière, et elle se trouva à portée du
canon de celle des ennemis, que nous vîmes en bataille,
le ravin de la Fosse-Gerclain entre les deux armées.
Ce mouvement hardi et fait à propos en imposa si
bien aux alliés, que le duc de Marlborough fit promp-
tement retirer cinquante escadrons et soixante batail-
lons qu'il avoit détachés de son armée pour attaquer
le maréchal de Montesquiou, qui faisoit travailler au
retranchement au delà du Genset, comme je l'ai
remarqué déjà. Ce milord avoit voulu faire cette
attaque auparavant que nous eussions achevé le camp
retranché^.
Les ennemis s'étant retirés dans leur camp, nous
en fîmes de même de notre côté. Nous restâmes dans
cette position pendant tout le siège de Bouchain et
pendant tout le reste de la campagne. Nous y étions
dans une tranquillité des plus profondes. Nous nous
assemblions une cinquantaine d'officiers, trois fois la
semaine, chez le duc de la Trémoille-, qui étoit logé
1. C'est dans V Histoire militaire, p. 518, que notre auteur
prend tous ces détails.
2. Charles-Louis-Bretagne, duc de la ïrémoïUe (1683-1719),
était colonel d'un régiment de son nom et brigadier depuis le
mois de janvier 1709.
90 MÉMOIRES [Août 1711]
aussi dans le village de Rumilly. Nous y faisions des
concerts. Je faisois porter toujours ma basse de viole
sur un mulet de mon petit équipage. G'étoit une
grande ressource pour moi, aussi bien que la lecture,
dont je faisois ma principale occupation lorsque mon
sei'vice étoit fait, et que je ne montois pas à cheval
pour suivre les officiers généraux ; car je ne me
lassois point de les accompagner le plus souvent que
je pouvois.
Les trente bataillons, aux ordres du maréchal de
Montesquieu, destinés pour travailler et pour défendre
le camp de Wasnes se relevoient tous les jours. Notre
régiment y fut le 12!. Sur les onze heures du matin,
nous fûmes spectateurs d'un combat de cavalerie qui
se donna à portée du canon de nos retranchements.
Le maréchal de Villars, accompagné d'une trentaine
d'officiers généraux ou d'autres, en étoit sorti pour
aller reconnoître les lignes de circonvallation des
ennemis, qui étoient du même côté que le camp de
M. de Montesquiou. Une centaine de housards et un
seul escadron de carabiniers marchoient devant lui.
Dès que nos carabiniers furent sur une hauteur, ils
se virent attaqués par six escadrons ennemis, qui
enveloppèrent si bien nos carabiniers, qu'ils furent
obligés de se faire jour au travers de leurs escadrons,
qu'ils percèrent le sabre à la main. Nous admirâmes
la valeur de ce corps respectable ; mais la retraite
précipitée de la troupe dorée* dans nos retranche-
1. C'est-à-dire la troupe des officiers généraux qui accom-
pagnaient le maréchal. On a déjà eu occasion de voir à plusieurs
reprises que notre auteur n'aimait pas l'état-major et ne per-
dait aucune occasion de s'en moquer.
[Août 1711] DU CHEVALIER DE QUINCY. 91
ments nous fit éclater de rire. Mauvaise troupe pour
charger que la cour d'un général ! M. Clouet, maré-
chal de camp*, qui commandoit ce détachement, et
M. de Prémont, major des carabiniers, furent pris.
Une vingtaine de carabiniers eurent le même sort ;
outre cela, il y en eut trente de tués ou de blessés.
Nos cent housards favorisèrent assez bien les carabi-
niers ; ils étoient sur le flanc des escadrons ennemis,
et de là ils tiroient sur eux continuellement avec leurs
carabines. L'affaire finie, nous fûmes nous promener,
plusieurs officiers et moi, sur ce champ de bataille,
d'où nous apercevions les lignes de circonvallation. Les
alliés n'en avoient point fait sur la rive droite de l'Es-
caut, leur armée étant en sûreté de ce côté-là, d'autant
plus que le camp volant du chevalier de Luxembourg,
campé sous le canon de Valenciennes, n'étoit pas assez
considérable pour les inquiéter.
Les ennemis, qui vouloient nous empêcher d'ache-
ver nos retranchements entre Wavrechain et Wasnes
et nous ôter la communication de ce camp avec Bou-
chain, firent élever un retranchement sur la même
hauteur où s'étoit passé le combat de nos carabiniers ;
ils y mirent du canon, qui tiroit sur nos travailleurs.
Nous leur répondions des nôtres vivement.
Tous nos officiers d'infanterie étoient bien persua-
1. « Soldat de fortune originaire de Vitry-le-François, » dit
l'annotateur des Mémoires de Sourches, t. XIII, p. 170. Il
n'était que brigadier, et non pas maréchal de camp. C'est dans
V Histoire militaire, p. 519, que notre chevalier prend ce récit;
cependant, il le rectifie en disant que MM. Clouet et de Pré-
mont furent faits prisonniers; le marquis de Quincy les disait
tués.
92 MEMOIRES [Aoùt1711J
dés que la communication de fascines que nous avions
faite depuis le retranchement de Wavrechain jusqu'à
Bouchain ne pouvoit pas se soutenir. Les ennemis
étant les maîtres de la rive gauche du Censet depuis
cette hauteur, dont nous avons parlé, et de la rive
droite de l'Escaut jusqu'à cette place, ils pouvoient
aisément se rendre maîtres de cette communication
par le même travail que nous avions fait, c'est-à-dire
en y arrivant par des levées de fascines : ce qu'ils
firent; et, l'ayant poussé assez près des deux côtés,
ils l'attaquèrent dans la nuit du 16 au 17 d'août, et
ils obligèrent nos grenadiers de se retirer avec
précipitation. Les uns gagnèrent le camp de M. de
Montesquieu, et les autres Bouchain^. Ainsi, cette
communication ayant été coupée, les alliés songèrent
sérieusement à faire le siège de cette place. Parlons
un peu de Bouchain.
Bouchain^. — La ville de Bouchain est assez bien
fortifiée ; elle est située sur l'Escaut, qui la partage en
deux ; elle est entre Gambray et Valenciennes. Son
château est très fort. Elle est la capitale du pays
d'Ostrevant^ Du temps des comtes particuliers du
1. C'est dans la nuit du 16 au 17 août que les ennemis rom-
pirent la communication établie avec Bouchain. A la cour, on
blâma beaucoup Villars de ne s'y être pas opposé, et le Roi fut
tellement mécontent, que le maréchal crut utile d'envoyer à
Versailles M. de Contades, major général de l'armée, pour
expliquer sa conduite [Mémoires militaires, p. 426-428 et 641-
647, lettres du maréchal, de M. de Contades et du ministre
Voysin; Histoire militaire, p. 520; Mémoires de Sourches,
p. 173, etc.).
2. Le Grand dictionnaire géographique à'^x^iWy, t. I, p. 707,
contient une description de Bouchain au xviii* siècle.
3. Ce petit pays portait aussi le nom d'île de Sainl-Amand,
[Août \1\\] DU CHEVALIER DE QUINCY. 93
Hainaut, leurs fils aînés portoient le nom de cette chà-
tellenie. On prétend que la ville de Bouchain est bâtie
depuis mille ans* ; elle n'est pas plus grande qu'elle
étoit dans son commencement. Il y a une prévôté et
un seul magistrat. Elle est de l'évêché d'Arras et du
gouvernement général de Flandres.
Tout étant prêt pour l'ouverture de la tranchée,
elle se fit la nuit du 21 au 22 d'août, à deux endroits
différents, et, le 24, on fit une troisième attaque, afin
de fatiguer la garnison. Le 31, nous entendîmes le
bruit du canon des assiégeants qui ne discontinuoit
de tirer. Il étoit à présumer que la nombreuse artil-
lerie qu'ils avoient devant Bouchain mettroit bientôt
en poussière cette place et l'obligeroit à se rendre :
ce qu'elle fit le 14 de septembre, après vingt-deux
jours de tranchée ouverte-. La garnison fut forcée de
se rendre prisonnière de guerre, M. de Mariborough
n'ayant pas voulu consentir aux conditions convenues
entre MM. de Ravignan et de Selve, d'une part, et
M. Fagel, de l'autre, celui-ci chargé de faire le siège,
savoir : que les troupes qui composoient la garnison
ne serviroient point jusqu'au moment qu'elles auroient
été échangées^.
parce qu'il était compris entre l'Escaut, la Scarpe et la Sensée,
et que, après Bouchain, Saint-Amand-les-Eaux en était la ville
principale.
1. On la disait fondée par Pépin le Bref.
2. Histoire militaire, p. 518-526; Mémoires militaires, p. 429-
437; Mémoires de Sourclies, p. 180, 192 et 194; Journal de
Dangeau, t. XIII, p. 468, 471, 475, 478 et 480; Gazette de
France, p. 443, 444, 454-456 et 468; surtout les correspon-
dances de la Gazette d'Amsterdam, n°^ lxviu-lxxv, avec les
Extraordinaires.
3. Dans les pièces des Mémoires militaires (p. 667-670), il y a
94 MÉMOIRES [Août 1711]
Pendant le siège, le maréchal de Villars (leo circuit
quœrens quem devoret) fit deux entreprises : la première
réussit assez bien, et la seconde échoua. Si celle-ci
avoit eu un succès favorable, il auroit non seulement
obligé le duc de Marlborough de lever le siège de Bou-
chain, mais encore il auroit mis l'armée de ce grand
capitaine dans une situation des plus critiques. Parlons
d'abord de la première.
Attaque d'HordainK — Le 31, le marquis de Soye-
court, notre colonel, me proposa d'aller souper en-
semble chez M. de ***, qui étoit logé à une demi-lieue
de nous. Le souper fut très gai, et il auroit été poussé
très loin, sans un officier-major du régiment qui vint,
à onze heures, avertir M. de Soyecourt qu'il étoit com-
mandé avec un gros détachement d'infanterie pour
une expédition. Il ajouta que le maréchal de Villars
étoit déjà à cheval, accompagné des officiers généraux.
Cet avis nous fit quitter bien vite la table pour mon-
ter à cheval. Nous joignîmes le détachement, composé
de trois mille grenadiers et de trois mille fusiliers, qui
marchoient droit à Étrun.
En chemin faisant, nous apprîmes que le comte de
Goigny avoit défait huit escadrons qui couvroient un
fourrage que les ennemis faisoient du côté du Ques-
un rapport de M. de Ravignan, signé parles autres officiers de
la garnison, sur le manquement à la parole donnée dont ils
accusèrent les généraux ennemis. Les Mémoires de Sourches
(t. XIII, p. 195-196) racontent sommairement l'incident,
et la Gazette d'Amsterdam, n° lxxv, donne la version des
alliés.
1 . Commune du canton de Bouchain, à quatre kilomètres sud
de cette place, sur la rive droite de l'Escaut.
[Août 1711] DU CHEVALIER DE QUINCY. 95
noy'; que le comte d'Herbac, lieutenant général^, et
le comte de Wassenaer, sergent-major général^, et
beaucoup d'officiers particuliers avoient été faits pri-
sonniers de guerre.
Aussitôt que le détachement fut arrivé près de
l'Escaut, le maréchal de Villars fit faire plusieurs ponts
de fascines appuyées sur des- troncs d'arbres, sur les-
quels il fit passer nos troupes. Le marquis de Chàteau-
morand, maréchal de camp% commandoit le tout.
Lorsqu'il fut près du village d'Hordain, auprès duquel
les alliés avoient quatre bataillons campés pour
assurer la droite de leur armée, il envoya quinze cents
hommes, tant grenadiers que fusiliers, aux ordres de
MM. de Soyecourt et de Fénelon, celui-ci colonel du
régiment de Bigorre^, pour les attaquer. Il fallut tra-
verser auparavant ce gros village pour aller à eux.
Cette marche se fit avec si peu de bruit, quoique
beaucoup d'officiers généraux et particuliers y étoient
logés, que MM. de Soyecourt et de Fénelon tombèrent
sur les deux bataillons qui y étoient restés, les deux
autres étant de tranchée devant Bouchain, auparavant
1. C'est le 31 août qu'eut lieu cette escarmouche : Mémoires
militaires.
2. Ou plutôt Esback, comme disent les Mémoires militaires.
3. Adrien, baron de Wassenaer, qui avait épousé une fille de
Bentinck, comte de Portland.
4. Jean-François Joubert de la Bastide, marquis de Château-
morand, avait levé en 1696 un régiment de cavalerie. Fait
maréchal de camp en mars 1710, il devint lieutenant général
en 1720 et mourut en 1729.
5. Gabriel-Jacques de Salignac, marquis de Fénelon, neveu de
l'archevêque de Cambray, avait ce régiment depuis mars 1709.
Il fut grièvement blessé à la jambe dans cette affaire et en resta
estropié pour la vie (ci-après, p. 99).
96 MÉMOIRES [Août 1711]
qu'ils eussent la moindre nouvelle. La plus grande
partie fut tuée, et le reste mis en fuite. M. le comte
d'Aubigny^, brigadier des armées du Roi et colonel
de Royal-infanterie^, avec le chevalier de Livry^, colo-
nel de Nivernois^, devoit attaquer, à la tète d'un
autre détachement, deux cents hommes qui gardoient
un retranchement qui étoit le long de l'Escaut, vis-à-
vis où étoit construit le pont d'Étrun, dès qu'ils
entendroient tirer du côté d'Hordain : ce qu'ils firent.
Pendant ces deux attaques, M. de Gollande^, brigadier
des armées du Roi et colonel du régiment des Vais-
seaux, fit une fausse attaque, à la tête de son déta-
chement, au village d'Ivvuy^, dans lequel il y avoit
six bataillons bien retranchés, afin de favoriser les
autres'''.
Aussitôt que M. d'Aubigny se fut rendu maître des
retranchements d'Étrun, on travailla promptement à
rétablir le pont que les ennemis avoient rompu.
1. Tome I, p. 170.
2. Créé en 1656, ce régiment engloba en 1660 le régiment
de l'Altesse levé dès 1644 par Gaston d'Orléans.
3. Paul-Hippolyte Sanguin, frère du premier maître d'hô-
tel du Roi, possédait le régiment de Nivernois depuis 1704 et
avait été fait brigadier en mars 1710; il mourut le 4 octobre
1720, maréchal de camp depuis l'année précédente.
4. Ce régiment, formé en 1684 avec des compagnies de
Picardie, fut incorporé en 1775 dans celui de Périgord.
5. Tome II, p. 74.
6. A quelques kilomètres au sud de Bouchain, dans le canton
de Cambray.
7. Sur l'attaque du poste d'Hordain, on peut voir V Histoire
militaire, t. VI, p, 522-524, et les Mémoires militaires, p. 432-
433, avec la lettre de Villars au Roi, 1^"" septembre, p. 653-
654.
[Août 1711] DU CHEVALIER DE QUINCY. 97
Aussitôt qu'il fut en état, on y fit repasser bien vite
tous nos détachements. Il n'y avoit pas de temps à
perdre ; car toute l'armée ennemie étoit en mouvement
pour les couper et tomber dessus. Au premier coup de
fusil, nous entendîmes battre leur générale et crier de
tous côtés : « Aux armes ! Alerte ! »
J'avois suivi le marquis de *** et tous les jeunes sei-
gneurs qui a voient soupe chez lui ^. Étant prèsd'Étrun,
nous étions descendus de cheval et nous avions monté
sur une levée, où nous avions trouvé plusieurs autres
seigneurs, tous gens de la cour, excepté le marquis de
Mézières, lieutenant général des armées du Roi^, d'une
valeur et d'une capacité distinguées^. Un silence régnoit
de toutes parts; nous attendions avec impatience le
moment de nos attaques. Ces petits Messieurs nous
donnèrent bientôt occasion d'en rire beaucoup, M. de
Mézières et moi. Dans l'attaque que fit M. d'Aubigny,
les deux cents hommes ennemis ne firent qu'une
seule décharge, dont quelques balles nous sifflèrent
aux oreilles, ce qui fit disparoître comme un éclair
nos petits-maîtres. Je restai seul sur la levée avec le
marquis de Mézières, dont j'étois connu. En s'appro-
chant de moi, il me dit : « Que dites-vous, chevalier,
« de nos seigneurs de la cour? Ils seroient mieux à
« Versailles qu'à l'armée. Un jour, cependant, ils
1. Ci-dessus, p. 94.
2. Eugène-Marie de Béthisy (1656-1721), marquis de Mézières,
avait été promu lieutenant général le 29 mars 1710.
3. « Estimé pour son courage et pour son application à la
guerre, » dit Saint-Simon {Mémoires, éd. Boislisle, t. XIV,
p. 319-320), quoique « bossu devant et derrière à l'excès, la
tête dans la poitrine au-dessous des épaules. »
III 7
98 MÉMOIRES [Août 17 H]
« seront officiers généraux ; et voilà des troupes bien
« commandées! i>
Faisons ici une petite réflexion. M. de Vendôme
n'avoit-il pas bien raison de dire qu'il aimoit mieux
un bon lieutenant-colonel et un bon capitaine de gre-
nadiers dans son armée, que tous ces messieurs les
courtisans? Il n'y en a pas un seul qui ne veuille deve-
nir officier général ; mais aucun ne se donne la peine
d'en avoir la capacité. La plupart ne servent que pour
obtenir la survivance ou d'un gouvernement de pro-
vince, ou d'une grande charge à la cour. On ne l'a pas
plus tôt, qu'il leur vient, soi-disant, une incommodité
qui les oblige à quitter le service. Tous les jours, nous
ne voyons que trop cette manœuvre. En vérité, le
Roi ne devroit jamais donner aucune survivance ; il
en seroit mieux servi. Mais, me dira-t-on, il faut bien
récompenser les grands hommes dans leurs enfants.
A quoi je répondrai : si ces enfants l'ont mérité par
leurs propres services, cela est juste ; je leur donne-
rois la préférence pour avoir des régiments, afin de
se mettre en état d'obtenir par leurs services distin-
gués les grâces du Roi. Si cela s'exécutoit, il y auroit
une véritable émulation à servir bien S. M. Ce seroit
le moyen de faire de bons officiers généraux, et
ensuite de grands capitaines. Car, de la manière dont
cela se pratique en France, je crains, avec raison, de
n'en voir plus dans ce florissant royaume. Je dis donc,
pour le présent, que le vrai militaire, le bon sujet, le
bon François sont certainement dans les subalternes :
les premiers ne songent qu'à leur propres intérêts
et à bien établir leurs maisons ; ceux-ci, à la gloire
du Roi, de la patrie et du nom françois. Le peu de
[Août 1711] DU CHEVALIER DE QUINCY. 99
bien qu'ils ont, ils le sacrifient au service du Roi. Je
le répéterai encore : nous n'aurons jariiais de bons offi-
ciers tant qu'on donnera des régiments aux enfants
qui sortent du collège. Il faudroit les faire servir
subalternes et capitaines, pendant un certain temps,
dans les deux armes, c'est-à-dire et dans la cavalerie
et dans l'infanterie, auparavant que de leur donner
l'agrément d'un régiment, et ne le donner qu'à ceux
qui se seroient le plus appliqués au service. Revenons
à notre petite affaire d'Hordain.
Nos troupes ramenèrent avec elles deux cents pri-
sonniers, du nombre desquels étoient le comte de
De.nhoff^ sergent général de bataille, le major géné-
ral Borech^, M. Tivel, colonel, et plusieurs autres offi-
ciers. Dans le temps qu'on nous les amenoit, le bruit
se répandit qu'on avoit fait prisonniers les députés
de Hollande. La capture auroit été bonne; mais cette
nouvelle se trouva fausse. Nous n'eûmes personne de
tué. Le marquis de Fénelon fut blessé si dangereuse-
ment à la cuisse, qu'il en est estropié pour toujours.
Le marquis de Soyecourt eut un cheval tué sous lui.
Le pauvre animal eut cependant la force de le rame-
ner jusqu'en deçà de l'Escaut ; il n'eut pas plus tôt
repassé cette rivière, qu'il tomba roide mort. Ce che-
val appartenoit à Mazancourt, capitaine au régiment;
c'étoit le même dont un colonel allemand lui avoit fait
présent pour lui avoir sauvé la vie pendant notre
1. Otto-Magnus, comte de DenhofT et du Saint-Empire,
devint par la suite lieutenant général de l'infanterie et ministre
de la guerre du royaume de Prusse.
2. Les Mémoires militaires disent : Borck; mais ils ne
nomment pas d'autres prisonniers.
lOÔ MÉMOIRES [Sept. 1711]
belle sortie de Toulon ^ : ce qui ^ obligea les alliés à
lever le siège de la ville.
Entreprise sur Douaij manquée. — La seconde
entreprise^ étoit d'une très grande conséquence.
Le maréchal de Villars, bien informé que les troupes
qui composoient la garnison de Douay n'étoient
pas suffisantes pour la garde d'une si grande ville, fit
le projet de tâcher de la surprendre. Dans ce dessein,
il ordonna à M. d'Albergotti, qui en connoissoit par-
faitement le fort et le foible, de marcher à la tête de
huit mille hommes, dont trois mille grenadiers, du côté
de la porte Saint-Éloi, près de laquelle on avoit fait
assembler plusieurs bateaux afin de passer l'inonda-
tion. Dans le temps qu'on alloit planter les échelles,
malheureusement la lune vint à paroître. La sentinelle
qui étoit sur le rempart, apercevant nos soldats, se
mit à crier : « Gunezuine^f Aux armes! » et tira son
coup de fusil : ce qui mit l'alarme de ce côté-la. Ainsi,
la mèche étant découverte^, il fallut se retirer bien
vite. 11 est certain que, si cette entreprise avoit réussi,
Marlborough auroit été obligé de lever le siège de Bou-
chain^.
1. Ci-dessus, tome II, p. 273; le colonel allemand se nom-
mait M. de Wartmann.
2. Laquelle sortie.
3. Ci-dessus, p. 94.
4. Ainsi dans le manuscrit.
5. « On dit figurément découvrir ou éventer la mèche pour
dire découvrir quelque trame, quelque entreprise secrète et
nuisible, par allusion à la mèche d'une mine qu'on empêche de
jouer quand on la peut découvrir » [Dictionnaire de Trévoux).
6. C'est dans la nuit du 7 au 8 septembre qu'eut lieu cette
tentative, sous le commandement, non pas d'Albergotti, mais
du comte de Villars, frère du maréchal [Mémoires militaires,
[Sept. 1711] DU CHEVALIER DE QUINCY. 101
La petite guerre nous fut assez heureuse pendant le
cours de cette campagne, comme on a pu le remar-
quer dans ce que je décris ci-dessus, jointe aux expé-
ditions que firent les partisans La Croix * et Dumou-
lin^. Le premier, après avoir traversé les pays de
Glèves et de Juliers et s'être arrêté en deçà du Rhin,
près de Nimègue, envoya un détachement à Anholt,
sur l'YsseP, qui enleva le prince de Salm^ dans son
château^ et qui fit un butin considérable dans le pays
de Zutphen. Le second fit contribuer le pays de Bois-
le-Duc et de Breda, l'île d'Altena^ et partie du Bra-
bant hollandois. Mais ces petites guerres, non seule-
ment n'avançoient point nos affaires générales, mais,
p. 434-435). La Gazette d'Amsterdam (n° lxxiv) raconte que
l'entreprise échoua par la trahison d'un lieutenant français qui
vint avertir le général Fagel.
1. Ce La Croix était un Luxembourgeois qui avait été soldat
dans les troupes de Cologne et dans celles du cardinal de Fiirs-
tenberg. Dès 1695, il commandait une compagnie franche dans
les Ardennes pour le compte de la France; il obtint en 1697 un
brevet de colonel, et le grade de brigadier en 1704.
2. Le général Pelet [Mémoires militaires, t. X, p. 439) a fait
une courte note sur les exploits de Dumoulin pendant cette
campagne; mais il ne parle pas de La Croix.
3. En Westphalie, au nord-ouest de Wesel, et sur un bras du
Rhin qu'on appelle l'Yssel, mais qui n'est pas le grand bras
qui donne son nom à la province hollandaise d'Over-Yssel.
4. Louis-Othon, prince de Salm, baron d' Anholt, fils du
célèbre feld-maréchal Charles-ïhéodore-Othon, mort l'année
précédente.
5. Les Mémoires de Sourches (t. XIII, p. 200-202) repro-
duisent une très curieuse lettre de La Croix, dans laquelle il
raconte son expédition et la manière dont il s'empara du prince
de Salm et tira de lui une rançon.
6. Portion de pays enfermée entre deux bras de la Meuse, à
1 ouest de Bois-le-Duc.
102 MÉMOIRES [Oct. 1711]
au contraire, elles ne faisoient qu'aigrir les esprits des
peuples contre nous.
M. de Marlborough, content de sa campagne après
la conquête de Bouchain, ne songea plus qu'à faire
envoyer les troupes qui composoient son armée dans
les quartiers d'hiver. Il la fît décamper le 20 d'octobre
pour cet effet : ce que le maréchal de Villars ayant
appris, il fît décamper la sienne six jours après, pour
nous envoyer dans les nôtres. Et moi je me rendis à
Q[uincy] en quatre jours, où je passai encore une par-
tie de l'hiver.
Je n'y fus pas plus tôt arrivé, que je travaillai à faire
mes recrues, dont je vins à bout très facilement,
m'étant acquis la confiance du pays, en observant
exactement les paroles que je donnois aux personnes
que j'engageois : ce que j'observai toujours pendant
tout le temps que j'ai été capitaine d'infanterie. Ainsi,
Dieu merci ! je n'ai rien à me reprocher touchant les
hommes que j'ai engagés. Je les ai toujours engagés
de bonne volonté et je ne me suis jamais servi
d'aucune ruse et d'aucun artifice. La bonne foi doit
toujours régner dans toutes les actions de notre vie ;
la récompense en vient toujours après. Le véritable
moyen donc pour faire ses recrues aisément est de
suivre ce que j'ai fait. Je conseille à tous les officiers
de m'imiter, s'ils veulent réussira
Pendant que j'étois à la campagne, nous apprîmes,
par une lettre de mon frère du Plessis, la mort de
Madame la Dauphine, arrivée le 121 février 1712, celle
1. Comparez ce qu'il a déjà dit sur sa manière de faire ses
recrues, dans le tome TI, p. 325.
[Février 1712] DU CHEVALIER DE QUINCY. 103
de Monseigneur le Dauphin, qui ne survécut que six
jours à Madame la Dauphine son épouse, aussi bien
que celle du duc de Bretagne, leur fils aîné, qui mou-
rut le même jour que Madame la Dauphine ^ Quel triste
événement, et cruel pour la France, accablée depuis si
longtemps de malheurs et d'accidents fâcheux et tristes !
Le Roi eut besoin de sa fermeté pour soutenir tant de
disgrâces et de pertes. Leurs corps furent trans-
portés dans le même chariot funèbre à Saint-Denis.
Je suis persuadé que, dans toutes les histoires
anciennes et modernes, il ne s'y trouve point un
pareil et si funeste événement.
Du Plessis nous mandoit, parla même lettre, la mort
de M. d'Ormesson, maître des requêtes et intendant
de la générahté de Soissons, notre parent et notre
ami^. Voici les propres termes dont il se servoit dans
sa lettre pour nous faire part de ces tristes nouvelles :
c( Monsieur le Dauphin est mort. Madame la Dauphine
« est morte, M. le duc de Bretagne est mort, M. d'Or-
c< messon, intendant de Soissons, est mort, et nous
« mourrons tous un jour. » Ce style laconique ne nous
fait que trop connoître le caractère de l'indifférent
philosophe pour tout ce qui ne le regardoit point en
particulier.
1. Le duc de Bretagne, né en 1706, ne mourut que le 8 mars.
Pour la mort du duc et de la duchesse de Bourgogne, il
faut remarquer que notre chevalier ne parle pas des bruits
de poison qui coururent alors à la cour, et dont Saint-Simon
s'est fait l'écho, comme d'autres contemporains.
2. M. d'Ormesson (tome II, p. 389) mourut le 21 février.
104 IVIEMOIRES [Février 1712]
CAMPAGNE DE L'ANNÉE 1712!
ET l'hiver suivant.
Enfin la fortune, ennuyée et se repentant, pour
ainsi dire, de nous avoir été contraire dans nos pré-
cédentes campagnes des Pays-Bas, pendant tout le
cours de cette cruelle guerre, se déclara entièrement
pour les armes du Roi au milieu de celle-ci. Elle nous
fut si favorable, que, d'une guerre défensive, dans
laquelle nous aurions été obligés de nous soumettre,
elle se tourna tout à coup sur l'offensive. On peut
dire avec raison que, si le maréchal de Villars, qui
avoit déjà acquis la réputation d'un des plus grands
généraux du siècle, n'avoit fait que cette seule cam-
pagne, il auroit mérité d'être compris parmi les plus
célèbres capitaines. Cette campagne en Flandres et
la campagne que j'ai faite, l'année 1704, en Italie,
sous les ordres du duc de Vendôme, sont celles qui
m'ont fait le plus grand plaisir. On y remarque la
valeur, la prudence et la capacité de ces deux grands
hommes, et, en même temps, la grande présomption
du prince Eugène, qui, voulant en Italie garder plus
de postes que n'avoit fait le comte de Linange, officier
général consommé dans l'art militaire, l'année d'aupa-
ravant, allongea ses quartiers d'hiver par une pointe
au milieu des nôtres : ce qui lui attira la déroute
[Février 1712] DU CHEVALIER DE QUINCY. 105
entière de son armée à Calcinato, au mois d'avril 1 706 1,
et, dans la campagne de 1 712, l'affaire de Denain; car
n'est-ce point par une pointe que ce général a voulu
pénétrer en France, savoir : par Marchiennes, par
Denain, par le Quesnoy, et enfin par Landrecies? Je le
répète encore après M. de Vendôme : c'est une des
plus grandes fautes à un général d'armée que de vou-
loir, par ce moyen, entrer dans le pays ennemi; on
en sera toujours la dupe^. Suivons notre relation.
Pendant que tous les ministres plénipotentiaires
des alliés contre la France, et que ceux du Roi et de
ses alliés étoient assemblés à Utrecht pour la paix
générale, les ennemis travailloient de tous côtés à se
mettre en état d'attaquer la France pour la réduire
dans ses anciennes limites, ou peut-être pour la par-
tager, étant très persuadés que, pendant le cours de
cette campagne, ils la mettroient si bas, qu'elle seroit
obligée de se soumettre aux conditions qu'on voudroit
lui imposer.
Auparavant de faire le détail de cette campagne, il
est nécessaire de rapporter ce qui se passa pendant
que j'étois encore à Q[uincy] ou à Paris.
Mort du maréchal Catinat, son éloge. - — Le maré-
chal de Gatinat, un des plus grands, des plus sages et
des plus prudents capitaines que la France ait jamais
eus, mourut à sa terre de Saint-Gratien, le 23 février^
de cette année, âgé de soixante-quatorze ans.
1. Tome IT, p. 163 et suivantes.
2. Il a déjà mis cette remarque dans la bouche de Vendôme :
tome II, p. 171-172.
3. Le Journal de Dangeau et les Mémoires de Sourches
annoncent cette mort le 22, ce qui est la vraie date.
106 MÉMOIRES [Février 1712]
Depuis qu'il s'étoit retiré, il vivoit dans cette terre
comme un simple particulier. Tout le monde sait que
sa modestie lui fit refuser le cordon bleu, dont le Roi
vouloit l'honorer, faisant entendre par ce refus que,
par sa naissance, il ne pouvoit prétendre à ce titre
d'honneur^. Plusieurs personnes l'en ont blâmé; car
il ne lui falloit que très peu d'années pour avoir les
cent ans et un jour de noblesse qu'il faut afin d'être
reçu de droit dans l'ordre du Saint-Esprit 2. Son père
et son grand-père avoient été conseillers de la Grand'-
Ghambre du Parlement de Paris ^, et son bisaïeul avoit
été lieutenant général au présidial de Tours'^. Voici
un éloge de lui que peu de personnes savent, et qu'il
est bon de transmettre à la postérité ; c'est un seigneur
piémontois qui me l'a rapporté, lorsque je passai à
Turin, l'année 1702 : « Messieurs les François, nous
« dit-il, vous ne faites pas assez grand cas d'un grand
a homme que vous avez chez vous; je parle de M. de
« Catinat. » Et, après avoir parlé de ses grandes
actions, il ajouta qu'il étoit présent lorsque ce géné-
ral dîna avec le duc de Savoie, son maître, à Turin,
lorsqu'il passa par cette ville, en 1701, pour aller
commander l'armée du Roi en Italie, et que ce prince
1. Mémoires de Saint-Simon, éd. Boislisle, t, XII, p. 360-364.
2. Les articles xxi et xxii des statuts prescrivent seulement
trois degrés de noblesse paternelle.
3. Pierre P"" et Pierre II Catinat, le premier mort en 1626, le
second en 1674.
4. Le bisaïeul, Nicolas Catinat, était lieutenant particulier
au siège royal de Mortagne-au-Perche ; c'est le trisaïeul qui
fut, non pas lieutenant général au présidial de Tours, mais
receveur du chapitre de Saint-Martin. — En admettant que le
père et l'aïeul du maréchal eussent la noblesse attributive par
leurs offices de robe, il lui manquait néanmoins un degré.
[Mars 1712] DU CHEVALIER DE QUINCY. 107
dit : « Lorsque j'étois jeune, j'aurois donné, si on
« m'avoit voulu croire, une bataille tous les jours;
« mais Monsieur le maréchal que voilà, en montrant
(.( M. de Catinat, m'a bien corrigé de cette envie. »
Quel honneur pour ce général, et pour le duc de Savoie
même! Revenons à ce qui se passa en Flandres.
On s'aperçut à Arras, le % mars, à sept heures du
matin, du côté de la porte de Rouville, que des tra-
vailleurs, soutenus par un corps considérable ennemi,
travailloient à une parallèle, et qu'ils élevoient déjà
des batteries, et de canons, et de mortiers, à quatre
cents toises de cette place ^. Le maréchal de Montes-
quiou, à qui le Roi avoit donné le commandement de ses
troupes en Flandres pendant l'hiver, et qui faisoit sa
résidence à Arras, après avoir fait prendre les armes
à toute la garnison, ordonna à M. de Belsunce, briga-
dier des armées du Roi^, de sortir à la tête de cinq
bataillons et de toute la cavalerie qui étoit dans cette
place, par la porte de Rouville, afin de reconnoître
de plus près les travaux des ennemis et d'attaquer en
même temps les troupes qui s'étoient emparées du fau-
bourg : ce qu'il exécuta. Mais, malheureusement pour
lui, s'étant trop avancé pour reconnoître par lui-même
leurs forces et leurs travaux, il fut blessé dangereu-
sement et fait prisonnier. On apprit, par les prison-
niers que l'on fit, que le comte d'Albemarle, ayant
rassemblé une trentaine de bataillons près de Douay,
1. Gazette, p. 144 et 168; Gazette d'Amsterdam, n°^ xx et xxi;
Sourches, p. 317; Histoire militaire, t. VII, p. 32-34; Mémoires
militaires, t. VII, p. 10-12.
2. Armand de Belsunce, colonel du régiment deNivernois, et
brigadier depuis janvier 1709, mom^ut le 18 juillet suivant, des
blessures reçues dans cette affaire.
108 MÉMOIRES [Mars 1712]
étoit sorti le jour précédent de cette ville, et qu'il étoit
arrivé à quatre heures du matin devant Arras pour
tâcher de brûler nos magasins de fourrages, quiétoient
sur le glacis et sur l'esplanade entre la ville et la cita-
delle, et de bombarder cette place. Les ennemis, après
avoir brûlé la plus grande partie de nos fourrages, se
retirèrent le 3, à six heures du matin. Ils nous brû-
lèrent environ soixante mille rations de fourrage*.
Cette perte nous fut très désavantageuse; car, au com-
mencement de la campagne, nos chevaux souffrirent
beaucoup. On ne leur donnoit que du regain et de la
traînasse^. Cette nourriture en fît périr beaucoup.
Le comte Dohna^, gouverneur de Mons, voulant
aussi faire parler de lui, sortit, le 4 avant le jour, de
sa place, pour faire une irruption, à la tête des garni-
sons de Bruxelles, de Malines, de Louvain et de Mons,
du côté de la Sambre. Il fit sauter plusieurs écluses et
plusieurs moulins sur cette rivière, et il enleva quel-
ques postes; ensuite, il se retira*. M. de S'Graven-
1. D'après une lettre d' Arras, du 20 février, insérée dans la
Gazette d'Amsterdam, n° xx, il y avait sur l'esplanade de la
citadelle plus de trente tas de foin de cent pieds de long, qua-
rante de large et soixante de haut. Les ennemis exagérèrent
les dégâts occasionnés par l'incendie.
2. On appelle tramasse les rameaux que certaines herbes ou
plantes, comme les fraisiers, poussent sur la surface du sol
(^Dictionnaire de Trévoux).
3. Jean-Frédéric, comte de Dohna, général au service de la
Hollande, avait été fait prisonnier à Almanzaen 1707. Echangé
et revenu en Flandre, il reçut le gouvernement de Mons en
1709 ; nous le verrons périr à Denain le 24 juillet de la pré-
sente année : ci-après, p. 149.
4. Il y a des détails sur cette affaire dans une lettre de Tour-
nay du 6 mars insérée dans la Gazette d Amsterdam, n° xxi.
[Mars 1712] DU CHEVALIER DE QUINCY. 109
moër^ brigadier des armées des Hollandois, ne fut
pas si heureux; car, en s'en retournant à Mons, d'où
il étoit parti à la tête de six cents chevaux pour enle-
ver plusieurs chevaux des vivres qui pàturoient autour
du château de Solre, et ayant fait halte près de Mal-
plaquet, M. de Fraula^, colonel des troupes d'Espagne,
à la tête de trois cents grenadiers ou fantassins et de
trois cents chevaux, tomba si subitement sur son déta-
chement, qu'il le mit en déroute, lui reprit tous les
chevaux des vivres, le fit prisonnier avec une centaine
de son détachement, et poursuivit le reste jusques
assez près de Mons^. Le même jour, le maréchal de
Montesquiou envoya un détachement pour faire sauter
les écluses de Vitry, sur la Scarpe; son ordre fut très
bien exécuté.
Les ennemis ne furent pas plus heureux dans deux
projets qu'ils firent : le premier, de vouloir sur-
prendre le Cateau-Gambrésis ; le marquis de Vieux-
pont en fut averti assez à temps pour faire échouer
leur entreprise; le second, pour enlever un convoi
qui alloit à Maubeuge; le détachement, envoyé pour
l'exécuter, fut défait par l'escorte.
Le comte de Broglie fut plus heureux. Pour empê-
cher les aUiés de s'établir dans le poste de l'Écluse, il
partit d'Arras le 29 mars, à la tête d'un gros détache-
ment, et il arriva à la nuit près de ce village, qui est
1. Il était beau-frère du duc d'Albemarle et fut échangé
quelques jours plus tard contre le chevalier de Belsunce
[Mémoires de Sourc/ies, t. XIII, p. 334 et 339).
2. Ou Frôla. C'était un Italien dont le frère servait égale-
ment dans les troupes d'Espagne avec le grade de maréchal de
camp [ibidem, p. 334).
3. Gazette, p. 178-179.
liO MÉMOIRES [Avril 1712]
en deçà du Genset. Il le fit investir aussitôt, et obligea
le lendemain sept cents hommes de se rendre pri-
sonniers de guerre. Ce détachement étoit composé
moitié infanterie et moitié cavalerie, commandé par
le fameux partisan Savary^ II étoit de la dernière
conséquence d'empêcher les ennemis de se fortifier
en deçà de cette rivière, par rapport aux suites
fâcheuses qui certainement en seroient arrivées^.
Je partis de Quincy le 16 avril. Je passai à Meaux, 1
où M'"" Benoist, maîtresse de l'hôtellerie de l'Ours,
connue de tous les officiers françois et de beaucoup
d'étrangers, me donna un très bon déjeuner, que je
voulus payer. Elle m'en fit des reproches, en me
disant : « Croyez-vous que je ne sois pas en état de
« vous donner un mauvais déjeuner? » Elle me dit
qu'elle n'avoit jamais perdu un sol avec les officiers;
qu'elle leur avoit obligation de sa petite fortune;
qu'elle leur avoit prêté plusieurs fois de l'argent, et
qu'ils lui avoient toujours bien rendu. Ensuite, elle me
conta l'action d'un officier qui avoit couché chez elle
avec plusieurs de ses camarades, à la fin de la cam-
pagne dernière. Cet officier fut le seul qui s'étoit le
plus opiniâtre à vouloir lui diminuer sur chaque
article, lorsqu'elle vint leur apporter la feuille pour la
dépense de leur souper, et qui fut le seul qui ne lui
1. Ci-dessus, p. 74.
2. Notre auteur confond deux faits d'armes successifs très
distincts dans les Mémoires de Sourches (p. 340-341) d'après
le rapport de M. d'Artagnan, envoyé à la cour par le comte
de Broglie. Celui-ci s'empara d'abord du fort de l'Ecluse
et des sept cents hommes qu'il contenait; le lendemain, en
revenant dans ses cantonnements, il rencontra la troupe du
partisan Savary, l'attaqua et la fit prisonnière tout entière.
[Avril 1712] DU CHEVALIER DE QUINCY. Hl
donna pas de i'argent. Le lendemain, elle s'aperçut
que son domestique sortoit de chez elle et portoit
dessous le bras un habit de son maître, apparemment
pour le vendre : elle jugea par là que cet officier n'avoit
pas le sol pour la payer. Après avoir obligé le laquais
de reporter ses hardes, elle vint sur-le-champ parler
au maître. En entrant dans la chambre : « Parbleu!
« Monsieur, dit-elle, vous n'avez guère d'esprit ! Vous
« n'avez pas le liard dans votre poche, et cependant
« vous avez été le seul hier au soir à vouloir retran-
« cher une partie de ce que je demandois pour votre
« repas. Vous ne me connoissez pas, poursuivit-elle.
« Non seulement je vous ferai crédit pour cet article;
« mais encore voilà de l'argent pour vous rendre,
« vous et votre laquais, à Paris, et de l'argent pour
« y subsister pendant quinze jours, afin de vous don-
« ner le temps d'en recevoir des personnes qui vous
« en doivent, ou de vos connoissances. A l'égard de
« celui que je vous prête, vous me le rendrez à votre
« loisir. » Ce procédé généreux rendit si confus l'offi-
cier, et il en fut si pénétré, qu'il se jeta à son. col ef
qu'il l'embrassa tendrement, après lui avoir fait mille
excuses de sa mauvaise humeur. Il lui renvoya son
argent au bout de huit jours, et il lui écrivit une lettre
des plus obligeantes, qu'elle me montra.
J'arrivai à Bapaume le 19 au soir. Le lendemain,
dans le moment que j'allois monter à cheval, je ne
trouvai point ma chienne, que j'aimois infiniment. Ma
belle-sœur^ m'en avoit fait présent. Je la fis chercher
partout, et je fis battre la caisse inutilement. Enfin,
1. La marquise de Quincy, Geneviève Pecquot de Saint-
Maurice.
112 MÉMOIRES [Avril 1712]
étant à cheval, une servante vint me l'apporter; elle
s'étoit cachée dans du foin au grenier. La peur qu'elle
avoit eue d'entendre le bruit des tambours l'avoit fait
fuir jusqu'à cet endroit. Jamais chienne n'a été si
peureuse; le moindre bruit la faisoit fuir. J'en parle
ici, parce que dans la suite il en sera question ^
Je me rendis à Arras de bonne heure : ce qui m'en-
gagea d'aller à la comédie, après m'être adonisé. Je
comptois de rester dans cette ville tranquille pendant
quelques jours. Le lendemain 21, il fallut en partir
précipitamment à midi, pour nous rendre sur le Cen-
set, près de l'Écluse. L'officier particuher, qui ordi-
nairement ne connoît pas les conséquences des mou-
vements que les officiers généraux font faire aux
troupes, murmura un peu de ce qu'on nous mettoit
de si bonne heure en campagne, d'autant plus qu'il
y avoit très peu d'herbe sur la terre. Il s'imagina que
la seule inquiétude du maréchal de Montesquieu étoit
la cause de cette marche précipitée; mais on rendit
justice à ce général lorsqu'on apprit que les ennemis,
au nombre de quarante mille hommes, se portoient
sur le Genset, pour tâcher de passer cette rivière
auparavant que nous fussions assemblés pour nous y
opposer. Nous arrivâmes bien à propos; car, dans le
temps que chaque bataillon arrivoit dans son poste,
nous vîmes paroître les ennemis de l'autre côté du
Genset. Il y eut quelque escarmouche : après quoi, les
ennemis se retirèrent vers Douay.
Belle action de M. de Mézières. — Le maréchal de
Villars arriva quelques jours après à Arras. Je fus lui
faire ma cour. Lorsque j'étois chez lui, le marquis de
1. Après la bataille de Denain : ci-après, p. 150-151.
[Avril 1712] DU CHEVALIER DE QUINCY. 113
Mézières vint lui rendre compte de ce qui s'étoit passé
entre cent housards des ennemis et quarante carabi-
niers qui l'escortoient. Il présenta au maréchal le
lieutenant des carabiniers^, dont le cheval avoit été tué
sous lui ; il pria notre général de lui donner la préfé-
rence d'acheter le premier cheval qui seroit pris sur
l'ennemi, petite grâce par rapport à la valeur avec
laquelle cet officier s'étoit comporté dans ce combat.
En voici le détail.
Le marquis de Mézières, lieutenant général des
armées du Roi, et qui avoit commandé sur la Somme
pendant l'hiver, voulant venir joindre l'armée, partit
d'Amiens, dont il étoit gouverneur, le %1 avril, dans
sa chaise de poste, escorté seulement de quarante
carabiniers. A deux lieues en deçà de DouUens, il fut
averti que cent housards des alliés sortoient d'un bois
pour tomber sur lui. Il monta vite à cheval, et il se
mit à la tête de la petite troupe, à qui il ordonna de
se tenir toujours bien serrée. Les housards vinrent
d'abord par petits pelotons, avec leurs hurlements
ordinaires, pour la charger; mais ils en furent reçus
avec une si grande fermeté, qu'ils furent obligés de
se retirer bien vite. Les housards ne se rebutèrent
point : ils firent jusqu'à huit charges par différentes
manœuvres, et entîn ils prirent le parti, après s'être
tous assemblés en un seul corps, de l'enfoncer, et ils
vinrent jusqu'à la portée du pistolet, en faisant des
hurlements affreux, pour exécuter leur dessein. Nos
carabiniers, les voyant de si près, marchent à eux, les
enfoncent, et enfin ils les mettent si fort en déroute,
qu'ils se débarrassent pour toujours de ces mal pei-
1. Il s'appelait Saint-Anthoine : ci-après, p. 114, note 1.
UI 8
114 MÉMOIRES [Mai 1712]
gnés. Nous eûmes onze carabiniers de blessés, un seul
tué, quelques chevaux tués et blessés, le cornette
blessé dangereusement. Les housards perdirent trente
des leurs tués sur le champ de bataille, sans les bles-
sés. Le maréchal de Yillars loua infiniment le marquis
de Mézières, en présence de tous les officiers, de sa
valeur et de sa fermeté. Il eut trois chevaux tués sous
lui. On peut dire avec raison qu'il sauva cette petite
troupe 1.
Notre général, après avoir resté deux jours à Arras,
fut prendre son quartier à Oisy, et il envoya notre
brigade sur le Grinchon, aux ordres de M. d'Alber-
gotti. Nous y trouvâmes d'autres brigades. Ce Mon-
sieur général ne nous donna pas un verre d'eau pen-
dant tout le temps que nous fûmes sous ses ordres".
Le maréchal de Montesquiou prit le sien^ à Monchy-
le-Preux.
Enfin, les ennemis sortirent de leurs quartiers.
Après avoir assemblé leur armée le 20 mai, ils en
mirent la droite à Ferin et la gauche à Pecquencourt^,
sur la rive droite de la Scarpe.
Le duc d'Ormond^, que la reine Anne avoit chargé
1. Mémoires de Sourches, p. 378-379. L'auteur, dont le récit
est absolument conforme à celui de notre chevalier, ajoute :
« Le Roi s'étendit fort sur les louanges des carabiniers et de
leurs officiers, qu'il nomma tous par leurs noms, et appuya fort
sur un nommé Saint-Anthoine, lieutenant, qui étoit un soldat
de fortune. »
2. On a déjà vu, tome II, p. 173-177, que notre chevalier
n'aimait pas Albergotti.
3. Son quartier.
4. Ferin, dans le canton de Douay; Pecquencourt, dans le
canton de Marchiennes, entre cette localité et la ville de Douay.
5. Jacques Butler, duc d'Ormond (1665-i747j, fut gentil-
[Mai 1712] DU CHEVALIER DE QUINCY. 115
de commander les Anglois, au nombre de dix-huit
mille hommes, à la place de milord Marlborough, étoit
arrivé à l'armée des alliés avec ses troupes. Il y étoit
arrivé dès le 9. En arrivant, le prince Eugène voulut
l'engager à les entremêler avec les Hollandois et les
Allemands; mais milord d'Ormond ne voulut jamais
le souffrir. Pendant tout le temps qu'elles restèrent à
l'armée, elles campèrent toujours séparément. Nous
en verrons la raison par la suite.
Les ennemis firent plusieurs mouvements jusqu'au
26, qu'ils passèrent l'Escaut sur plusieurs ponts, à
Denain et à Neuville, pour aller sur la Selle. Leur
armée étoit composée de cent cinquante-cinq batail-
lons et de deux cent soixante-douze escadrons'. Ils en
appuyèrent la droite à cette rivière, près de Noyelle',
village appartenant au baron de ce nom-^, et leur
gauche au Saulzoir^. Le prince Eugène prit son quar-
tier général à Haspres^, qui étoit celui de Marlborough,
homme de la chambre et capitaine des gardes de Guillaume III,
puis vice-roi d'Irlande sous la reine Anne. Disgracié à la mort
de celle-ci, il se rallia au prétendant Jacques III et passa en
France, où il mourut.
1. Le général Pelet [Mémoires militaires, p. 40) compte cent
cinquante-huit bataillons et environ trois cents escadrons. La
Gazette d'Amsterdam [n° xliii et xliv) donne l'ordre de bataille
de l'armée alliée, y compris les troupes anglaises : le total en
monte à cent quarante-trois bataillons et deux cent quatre-
vingt-quinze escadrons.
2. Noyelle- sur -Selle, département du Nord, canton de
Bouchain.
3. Alexandre de Carondelet, baron de Noyelle (1657-1719);
il sera plus loin (p. 143) question de son fils le chevalier de
Carondelet.
4. Petit village situé sur la Selle, au sud de Noyelle.
5. Ci-dessus, p. 86.
116 MÉMOIRES [Mai 1712]
l'année précédente, pendant le siège de Bouchain. Le
duc d'Ormond prit le sien à Solesmes^ Ses troupes,
faisant toujours un corps à part, étoient campées à la
gauche de l'armée des alliés. Le prince Eugène avoit
laissé un camp volant entre la Scarpe et l'Escaut, aux
ordres de M. d'Albemarle. Le 27, la marche des enne-
mis nous fit décamper; nous nous rendîmes en deux
jours sur l'Escaut. La droite de notre armée fut
appuyée à un ravin, près de Marcoing, et la gauche
à Étrun : ainsi, cette rivière nous servit de retranche-
ments. Le maréchal de Villars prit son quartier géné-
ral à Noyelle, à une lieue et demie au-dessus de Gam-
bray, et le maréchal de Montesquiou à Gantaing^,
près de cette ville; le comte de Broglie resta avec
un camp volant à l'Écluse, le marquis de Vieuxpont
avec un autre à Arleux, tous deux en deçà du Genset,
et le chevalier de Luxembourg, avec son camp volant,
à Valenciennes^. Notre armée étoit composée de cent
trente-neuf bataillons et de deux cent cinquante-sept
escadrons'^ : ainsi, moins forte que celle des ennemis,
non seulement par le nombre des escadrons et des
bataillons, mais aussi parce que leurs bataillons et leurs
escadrons étoient beaucoup plus forts que les nôtres.
Le prince Eugène fit travailler jusqu'au 8 juin à faire
1. Chef-lieu de canton de l'arrondissement de Cambray. Pour
les positions des alliés sur la Selle, voyez, dans la Gazette
d' Amsterdam, n° xliv, une lettre du camp d'Haspres.
2. Dans le canton de Marcoing.
3. Il y a un tableau de l'ordre de bataille de l'armée française
dans V Histoire militaire, t. VII, p. 40-41.
4. Les Mémoires militaires, p. 40, disent cent trente batail-
lons et deux cent cinquante-six escadrons, en y comprenant
les troupes de l'électeur de Cologne.
[Juin 1712] DU CHEVALIER DE QUINCY. H7
faire tous les préparatifs nécessaires pour faire un
siège et à sa retranchée sur la Selle, afin de se mettre
hors d'insulte^.
Siège du Quesnoy. — Ce même jour, M. Fagel fut
envoyé pour investir le Quesnoy avec trente escadrons
et vingt bataillons. Il y avoit dans cette place deux
bataillons, un régiment de dragons et deux cent cin-
quante maîtres^, aux ordres de M. de la Badie^, lieu-
tenant général des armées du Roi, qui avoit sous lui
le chevalier de Damas*, maréchal de camp, MM. de
Lespinay^ et de Jarnac'', brigadiers. M. de Montlezun
1. Gazette d'Amsterdam, n° xlvi.
2. Notre chevalier lit mal l'Histoire militaire (p. 47), qu'il a
sous les yeux, et qui dit dix bataillons, et non deux, et en
donne l'énumération. Ce chiffre est confirmé par les Mémoires
militaires (p. 50), qui ajoutent que la garnison comprenait
ainsi environ cinq mille hommes.
3. Charles d'Espalungue de la Badie avait été fait brigadier
en 1694, quoique n'étant que lieutenant-colonel du l'égiment de
Louvigny; maréchal de camp en 1702 et lieutenant général en
1704, il mourut en 1724, gouverneur de la citadelle de Lille. Il
était d'une famille de Gascogne.
4. Jean-Jacques, chevalier de Damas, maréchal de camp
depuis février 1711, avait servi en Italie, en Dauphiné et en
Espagne, et n'était passé en Flandre qu'au commencement de la
présente campagne; il parvint en 1720 au grade de lieutenant
général.
5. Jacques de Lespinay, marquis de Marteville, entré au ser-
vice comme simple cavalier en 1671, avait eu un régiment en
1704, et était brigadier depuis 1709.
6. D'abord connu sous le nom de chevalier de Montandre,
Pons-Auguste-Gaston de la Rochefoucauld avait pris le titre de
comte de Jarnac en juillet 1709, à la suite de son mariage avec
Anne-Marie-Louise Chabot. Il avait eu le régiment de Béarn en
1704, et mourut à trente-neuf ans, le 19 décembre 1714, briga-
dier depuis avril 1710.
H8 MÉMOIRES [Juin 1712]
étoit lieutenant de roi de la place, et M. de Saint-Mar-
tin major; M. de la Gombe^ étoit pour le génie,
M. de Rouby pour l'artillerie, et M. de la Fosse pour
les mineurs^.
Irruption du comte de Growestein en France. — Le
général de l'Empereur, voyant son armée en sûreté
par les précautions qu'il avoit prises en retranchant
les plus foibles endroits de son camp, fit partir le
comte de Growestein ^ à la tête de trois mille chevaux,
pour faire une irruption dans la France. Ge détache-
ment, sans s'arrêter pendant trois jours et trois nuits
de marche, passa entre la Gapelle et Guise, traversa
le pays de Laonnois, les diocèses de Reims et de Ghâ-
lons. Ensuite, après avoir passé près de la ville de
Sainte-Menehould, dont il brûla une partie, il traversa
le Verdunois, la Lorraine, passa la Meuse à Saint-
Mihiel et la Moselle à Pont-à-Mousson, et, de là, il
parut devant Metz; et, après avoir fait piller plusieurs
villages du pays Messin, il finit sa course en arrivant
à Traërbach. Le maréchal de Villars, ayant appris la
marche de ce détachement, fit partir sur-le-champ
quatre mille chevaux et huit régiments de dragons,
commandés par M. de Saint-Frémond et le comte de
Goigny, pour aller après; mais la fatale étoile, qui
n'avoit jamais quitté le premier dans toutes les com-
1. Jacques de la Combe commandait en chef les ingénieurs
de l'armée de Flandre depuis 1704; il reçut en 1718 le grade
de maréchal de camp.
2. Les assiégeants espéraient que la circonvallation serait
achevée en trois jours, et qu'on pourrait ouvrir la tranchée le
12 juin.
3. Il était gouverneur de Bouchain pour les alliés.
[Juin 1712] DU CHEVALIER DE QUINCY. H9
missions qu'on lui avoit données, l'empêcha encore
d'atteindre le comte de Growestein. Ainsi nos troupes
en furent pour leurs fatigues ^ Il m'a été dit depuis
qu'elles firent plus de ravages, dans les endroits où
elles passèrent, que n'avoient fait nos ennemis.
On ne devroit jamais employer de certaines per-
sonnes à la guerre, qui portent toujours avec elles un
malheur continuel. A la Porte, on a beau avoir tout
le mérite et toute la capacité possibles, tant dans le
ministère que dans le militaire : dès qu'un homme est
connu pour être malheureux, il est déposé sur-le-
champ, et quelquefois lui en coûte-t-il la tête. Ces
exemples sont très fréquents.
J'étois de grand'garde dans un village près de Crè-
vecœur, appartenant à M. le marquis de Wargnies^,
lorsque le détachement de M. de Saint-Frémond passa
à trois cents pas de moi. Gomme je ne savois pas de
quoi il étoit question, si c'étoient les ennemis ou les
François, je me mis en état de me défendre le mieux
que je pouvois. J'appris depuis ce qui en étoit.
Le 121, nous entendîmes un grand bruit de mous-
queterie et de canon, à six heures du soir, du côté du
Quesnoy. Le lendemain, nous fûmes informés que
c'étoit une sortie que M. de la Badie avoit fait faire
sur des travailleurs qui élevoient un retranchement
1. Mémoires militaires, p. 47-48; Histoire militaire, p. 43-44;
Gazette, p. 335 ; Mémoires de Sourches, p. 410-413 et 471, note.
La Gazette d Amsterdam (n° l) prétend que M. de Growestein
s'avança jusqu'à dix lieues de Paris.
2. Ce marquis de Wargnies avait eu le gouvernement de
Courtray ; sa terre, voisine du Quesnoy, avait été érigée en mar-
quisat par lettres patentes du 26 janvier 1651.
120 MÉMOIRES [Juin 1712]
vis-à-vis la porte de Valenciennes; que le comte de
Jarnac, de la maison de la Rochefoucauld, colonel du
régiment de Béarn\ à la tête de cent dragons et de
mille fantassins, étoit tombé si brusquement sur les
troupes des ennemis qui soutenoient ces travailleurs,
qu'il en avoit tué une partie, dissipé l'autre, et avoit
aussi ruiné leurs travaux; il s'étoit retiré en amenant
avec lui deux cents prisonniers. Il lui en coûta une
trentaine de soldats et de dragons de tués ou de bles-
sés^. Cette sortie se fît auparavant que les alliés eussent
ouvert la tranchée, qui se fît à trois endroits différents,
la nuit du 19 au 20; la première, du côté de la porte
de la Forèt^; la seconde, le long d'un étang qu'ils
laissèrent sur leur droite, et la troisième, sur la droite
de cet étang.
Mort du duc de Vendôme, son éloge. . — Ce fut à peu
près dans ce temps que nous apprîmes la mort du duc
de Vendôme, qui mourut à Vinaroz, d'une indigestion,
le 1 1 juin, âgé de cinquante-huit ans*. Les vrais mili-
taires et les bons citoyens regrettèrent infiniment la
perte de ce grand homme. Pour moi, comme bon
François, je le regretterai toute ma vie. Quelle valeur,
quelle fermeté et quelle grandeur d'àme ! Ce prince
étoit admirable dans ses projets ; il étoit aussi entre-
prenant que le grand prince de Condé, et son coup
1. Créé en 1684 avec un bataillon de Picardie, ce régiment
fut licencié en 1762.
2. Mémoires militaires, p. 49; Gazette, p. 323.
3. Ainsi appelée parce qu'elle était du côté de la forêt de
Mormal.
4. Gazette, p. 323; Mémoires de Sourches, p. 414; Journal
de Dangeau, p. 164-174; Mémoires de Saint-Simon, éd. 1873,
t. IX, p. 318-319.
[Juin 1712] DU CHEVALIER DE QUINCY. 121
d'œil aussi sûr. Par la précipitation avec laquelle les
Impériaux arrivoient, et qu'ils se mettoient en bataille
sur une hauteur près de Calcinato, il jugea parfaite-
ment bien que les ennemis avoient été surpris : ce qui
l'engagea, malgré le sentiment des officiers généraux
de son armée, de les faire attaquer par l'avant-garde
de son armée'. Ses talents pour profiter d'un mou-
vement fait mal à propos, ses lumières le jour d'une
bataille, profitant de tout, s'exposant comme un
simple soldat, rempli de ressources lorsque ses troupes
avoient du désavantage, ne se désespérant et ne se
rebutant jamais, témoin ce qu'il fît au combat de Gas-
sano, au milieu duquel il mit à profit la fuite même
d'une partie de ses soldats, ce qui contribua le plus à
la victoire qu'il remporta-. Il faisoit la guerre en
héros, en grand homme, et en honnête homme. Son
jugement et son grand sang-froid dans les plus grands
périls, sa maxime de se camper presque toujours près
de son ennemi, afin d'être informé par lui-même du
moindre de ses mouvements, attirèrent l'admiration
continuelle des bons officiers généraux. Il étoit bon
citoyen, bon François, et attaché véritablement à son
prince, et si peu intéressé que ses affaires particu-
lières en souffroient beaucoup. Adoré du soldat, il ne
servoit que pour sa gloire, celle du Roi et celle de sa
nation. Philippe V lui doit entièrement sa couronne.
Enfin il avoit toutes les qualités requises et que doit
avoir un grand général, excepté deux essentielles :
la première, de donner trop sa confiance à des géné-
raux qu'il croyoit de ses amis, et dont la capacité étoit
1. Tome II, p. 164.
2. Tome II, p. 128.
122 MÉMOIRES [Juin 1712]
des plus médiocres; ne fut-il pas la dupe du traitre
Golmenero qui, gagné par le duc de Savoie et par le
prince Eugène, le trompa dans plusieurs occasions,
entre autres à l'affaire du Paradiso, qui précéda le com-
bat de Cassano, comme je l'ai marqué^ dans le détail
de la campagne de 1 705 en Italie? La seconde, le peu
de discipline qu'il faisoit régner dans ses armées, ce
qui pensa nous faire perdre la bataille de Luzzara^. Il
faut qu'un général d'armée se réserve toujours à don-
ner les grâces, et qu'il charge en même temps les offi-
ciers majors généraux de son armée de la discipline
militaire, et qu'il s'en prenne à eux lorsqu'on y manque.
Ce sera le moyen d'avoir une armée bien disciplinée.
Pendant le temps que nous restâmes dans le camp
de Noyelle, le duc et la duchesse de Saint-Pierre^,
sœur du comte de Groissy, lieutenant général des
armées du Roi^, nommé par les soldats le Petit géné-
ral ou le Poupin d'amour, arrivèrent à Cambray; ils
y restèrent une dizaine de jours. Tous les officiers
généraux leur donnoient des fêtes les uns après les
autres. Le maréchal de Villars, après leur avoir donné
à dîner, fît monter à cheval toute la cavalerie de la
1. Tome II, p. 118.
2. Tome I, p. 223.
3. François-Marie-Spinola, duc de Saint-Pierre (1659-1727),
avait alors le titre peu enviable de majordome-major de la
reine douairière d'Espagne reléguée à Bayonne. Il devint vice-
roi de Valence en 1717. Veuf d'une Spinola de los Balbasès, il
avait épousé en janvier 1704 Marguerite-Thérèse Colbert de
Croissy (1682-1769), veuve depuis 1702 du marquis de Renel.
4. Louis-François-Henri Colbert, chevalier, puis comte de
Croissy (1677-1747), avait toujours servi en Allemagne ou en
Flandre; nommé lieutenant général en mars 1710, il reçut sous
la Régence l'ambassade de Suède.
[Juin 1712] DU CHEVALIER DE QUINCY. 123
droite de l'armée, à l'exception de la Maison du Roi;
il lui fit faire plusieurs mouvements en leur présence.
La duchesse de Saint-Pierre étoit une des belles per-
sonnes que j'aie jamais vues^. Je devois souper avec
elle chez le prince de Montbazon^, chez qui nous
devions faire un concert; mais, le jour qu'elle devoit
y venir, il fit un orage si affreux, que la plus grande
partie de nos tentes en furent renversées. Plusieurs
de nos soldats furent noyés par un torrent d'eau qui
vint si rapidement, qu'ils n'eurent pas le temps de se
sauver. G'étoit un spectacle des plus tristes. Le duc et
la duchesse de Saint-Pierre alloient à Utrecht, où les
plénipotentiaires de tous les souverains de l'Europe
étoient assemblés pour la paix générale. Ce seigneur
y alloit pour réclamer la souveraineté de Sabionette,
que l'Empereur lui retenoit^. Il étoit de la maison de
Spinola, une des plus anciennes et des plus illustres
de Gênes.
Quelques jours après que le duc et la duchesse de
Saint-Pierre furent partis, M. de Villars exerça une
action des plus noires contre le marquis d'Havrin-
court*. Ce maréchal, piqué au vif de ce que, de temps
1. Mémoires de Saint-Simon, éd. Boislisie, t. XI, p. 338;
Lettres de M™^ Dunoyer, lettre xcvii.
2. Louis-Henri de Rohan-Guémené, fils du duc de Montba-
zon, commandait le régiment de Picardie; il était brigadier
depuis 1708, et il mourut en 1717.
3. Petit duché indépendant situé entre le Mantouan et le
Crémonais. Le duc de Saint-Pierre l'avait acheté en 1693 des
Espagnols, pour cinq cent mille écus ; mais l'Empereur s'en
était emparé avant même que l'acheteur fût entré en pos-
session.
4. Ci-dessus, p. 49.
124 MÉMOIRES [Juin 1712]
en temps, il recevoit des reproches de M""® de Mainte-
non touchant le peu d'attention qu'il avoit de conser-
ver les bois et les blés de la terre de ce marquis, dont
la femme, comme je l'ai dit ailleurs ^ étoit la bonne
amie de M'"® de Maintenon, pria à dîner la marquise
d'Havrincourt, la comtesse d'Oisy, avec M"''d'Oisy, sa
belle-fille. Après dîner, il proposa à ces dames de
venir voir faire l'exercice à toute l'infanterie de son
armée. Elles acceptèrent avec grand plaisir la propo-
sition. Nous les vîmes paroître, sur les quatre heures,
dans un carrosse à six chevaux, sur une éminence où
M. de Gontades^, major général, les avoit conduites.
Une petite réflexion : aurois-je pensé dans ce moment
que ma future épouse étoit là présente? Je n'avois
certainement aucun pressentiment que M"® d'Oisy
seroit un jour ma femme.
Après l'exercice, toute l'infanterie se partagea en
deux pour donner aux dames l'image d'un combat
d'infanterie. L'on nous fit marcher, ce qui nous fit
beaucoup de peine, dans les plus beaux blés du monde,
qui avoient été conservés jusqu'au fatal moment, quoi-
qu'à deux pas du camp, et que nous allions au four-
rage à six lieues. En peu de temps, tout fut renversé
et écrasé sous les pieds du soldat. Il est bon de dire,
pour rendre la chose plus touchante, que le maréchal
envoyoit de quart d'heure en quart d'heure des aides
1. Anne d'Osraont : ci-dessus, p. 49.
2. Georges-Gaspard de Contades (1666-1735) avait com-
mencé par servir aux gardes françaises et en devint major en
1706. De 1706 à 1712, il fit, ctiaque campagne, les fonctions
de major général de l'armée de Flandre, et s'y distingua. Il par-
vint en 1720 au grade de lieutenant général.
[Juin 1712] DU CHEVALIER DE QUINCY. 125
de camp pour savoir si les dames prenoienl beaucoup
de plaisir à cette comédie. La marquise d'Havrin-
court, qui ignoroit que cette farce devoit être pour
elle une véritable tragédie, prioit les personnes que
notre général envoyoit de le bien remercier de sa
galanterie, de ses politesses et de son attention. Mais
on doit s'imaginer dans quel chagrin et dans quel
désespoir cette dame fut plongée, lorsqu'elle apprit
que c'étoit à ses dépens. Il fallut cependant avaler
cette pilule, quoique très amère, et passer cette triste
scène sous silence, de peur que, dans la suite, elle n'en
essuyât d'autres. Cet exemple nous apprend que les
plaintes que l'on fait à la cour ont souvent des suites
des plus fâcheuses. M. et M"^ d'Havrincourt perdirent
dans un moment pour plus de quinze mille francs.
Il me dit, quelques années après, que ceci l'avoit
bien corrigé, et qu'il s'étoit pris d'une autre manière
pour sauver ses bois. « Étant allé un jour, poursuivit-il,
« pour faire ma cour au maréchal de Villars, dès
« qu'il me vit, il s'approcha de moi : « Monsieur, me
« dit-il, j'en suis bien fâché; jusqu'à ce moment, j'ai
« fait conserver vos bois le mieux qu'il m'a été pos-
« sible ; mais l'armée en manque entièrement : aussi
« je ne puis empêcher dorénavant qu'on en prenne
« dans vos forêts. » Le fin Artésien ne répliqua pas un
mot à M. de Villars; mais, sur-le-champ, s'étant rendu
à son château, qui n'étoit éloigné que d'une heue de
l'armée, il monte dans sa chaise de poste, et, sans
s'arrêter un seul moment, il se rend à Versailles en
poste, n'étant suivi d'aucun de ses domestiques. Il y
arriva le lendemain à dix heures du matin. Il apprit
que M™^ de Maintenon étoit à Saint-Cyr. Il remonte en
126 MÉMOIRES [Juin 1712]
chaise, et il arrive dans la cour de cette maison dans le
moment même que M™^ de Maintenon en sortoit. Il lui
dit, le visage consterné : « Madame, si vous ne m'ac-
« cordez votre protection, M"'® d'Havrincourt est rui-
« née! » Ensuite, il lui répéta le discours de M. de
Villars. « Monsieur, rassurez- vous, lui répondit
a M""® de. Maintenon ; aussitôt que je serai arrivée à
« Versailles, j'écrirai à Monsieur le maréchal. » —
« Eh! mon Dieu, Madame, lui répliqua-t-il, si vous
« aviez la bonté de lui écrire dans le moment ; le
« temps presse; je lui porterois moi-même la lettre.
« Voici du papier, de l'encre, une plume et de la cire. »
Le rusé Artésien s'étoit muni de tout, jusqu'à un
cachet. M""® de Maintenon ayant écrit la lettre et l'ayant
cachetée, il part promptement pour Gambray, oii
étant arrivé, il pria le directeur de la poste de mettre
son empreinte sur la lettre et la faire rendre aussi-
tôt à M. de Villars. Cette cérémonie faite, il se rend
à son château, et, après avoir changé de linge et de
perruque, il va à Noyelle. Personne ne savoit le
voyage qu'il venoit de faire. Dès que le maréchal
l'aperçut, il s'en approcha, et, en lui adressant la
parole : « Monsieur, lui dit-il, toujours des recom-
« mandations ! Toujours des recommandations ! Ce sont
« des ordres pour moi. L'armée en souffrira; mais il
« faut obéir. » M. de Villars fit défendre de ne point
toucher absolument aux bois d'Havrincourt. Ainsi,
cette petite fatigue sauva pour toujours ses bois. Le
plus fin et le plus rusé habitant près de la Garonne
auroit-il mieux agi pour ses intérêts? Après ce détail,
il me dit que M'"^ d'Havrincourt ne lui avoit pas
apporté un sol en mariage, excepté le don de la mai-
[Juillet 1742] DU CHEVALIER DE QUINCY. 127
son de Saint-Gyr*, mais qu'elle lui avoit valu plus de
cinq cent mille francs, par rapport aux ordres qui
avoient été donnés pour la conservation et de ses
bois et de ses blés, qu'il vendoit pendant tout le cours
de la guerre tout ce qu'il vouloit. C'est assez parler
de M. d'Havrincourt ; retournons à notre armée.
Pendant que nous étions dans une tranquillité et
une oisiveté insupportables pour de vrais militaires,
le prince Eugène poussoit le siège du Quesnoy avec
toute la vigueur possible. Il avoit une nombreuse
artillerie, avec laquelle il mettoit en poussière cette
place : ainsi les défenses furent bientôt ruinées. Ce
prince, ayant fait tout préparer pour l'attaque du che-
min couvert, le fît attaquer le 1*"^ juillet, à huit heures
du soir, du côté de l'attaque de la porte de la Forêt,
et, après une grande résistance des assiégés, il s'en
empara. Les ennemis y perdirent bien du monde ^.
Prise du Quesnoy. — Le 3, M. de la Badie fit
battre la chamade. Il craignoit avec raison que sa
place ne fût emportée d'assaut : elle étoit ouverte de
tous côtés. Les ennemis ne voulurent lui accorder
aucune capitulation qu'il ne se rendît lui et sa garni-
1. Ce n'était pas exact; car le Roi avait donné à M"*^ d'Os-
mont cent mille livres en rentes sur l'hôtel de ville et l'auto-
risation à M. d'Havrincourt d'acheter pour vingt-cinq raille
écus le gouvernement d'Hesdin, qui rapportait douze mille
livres [Saint-Simon, éd. Boislisle, t. XII, p. 423).
2. Mémoires militaires, p. 55; Histoire militaire, p. 48 et 49.
Il y a un journal du siège dans la Gazette d'Amsterdam, n"* l
et Lii-Liv, d'après les lettres du camp des assiégeants. Un autre
journal, tenu par les assiégés, a été publié dans les Mémoires
militaires, p. 483-486, et un plan de la place se trouve dans
l'atlas de ce dernier ouvraere.
128 MÉMOIRES [Juillet 1712]
son prisonniers de guerre : à quoi M. de la Badie ne
voulant consentir, le feu recommença de part et d'autre
jusqu'au lendemain 4, sur les dix heures du matin,
qu'il se rendit aux mêmes conditions qui lui avoient
été proposées la veille. Cependant on accorda aux
officiers, et aux soldats mêmes, de garder leurs épées.
Cette ville se rendit après seize jours de tranchée
ouverte. La garnison en sortit le 6, et elle fut conduite
en Hollande^.
Les ennemis de M. de la Badie écrivirent à la cour
si malignement contre cette capitulation et contre la
défense qu'il avoit faite, que le Roi le fit mettre à la
Bastille-, quoique, selon ce que j'ai entendu dire par
des officiers de la garnison qui étoient bien au fait de
la défense des places, ce commandant avoit fait tout
ce qui convenoit pour bien se défendre, mais que la
nombreuse artillerie des alliés avoit si fort ouvert sa
place, qu'il avoit été contraint de se soumettre aux
conditions des alliés. Le Roi, qui, dans la suite, fut
bien informé des particularités de la défense de cette
place, lui rendit la justice qui lui étoit due, et il le fit
sortir de la Bastille. Dans le métier de la guerre,
comme dans les autres états, la jalousie et l'envie n'y
régnent que trop. M. d'Ivoy^, officier général de
1. Le texte de la capitulation est dans les Mémoires militaires,
p. 480-483; voyez aussi le n° lv de la Gazette d'Amsterdam.
2. « Le 12 juillet, on apprit que le Roi avoit fait mettre à la
Bastille La Badie, qui coinraandoit dans le Quesnoy, et qu'on
vouloit en faire un exemple » [Sourches, t. XIII, p. 445).
3. M. d'Ivoy ou d'Yvoy, fils d'un protestant français et né à
Genève, était général major dans l'armée impériale; c'était
d'ailleurs un homme estimé et un bon ingénieur [ibidem,
p. 497).
[Juillet 1712] DU CHEVALIER DE QUINCY. 129
réputation, fut mis dans cette place par les Hollandois,
pour y commander.
Le comte de Broglie fait prisonnier M. de Saint-
Amour. — Le comte de Broglie, qui avoit son camp
volant à Monchy-le-Preux, faisoit de temps en temps
des fourrages au delà de la Scarpe. M. de Saint-
Amour, fameux partisan de l'armée ennemie^, en
ayant été informé, prit ses mesures pour être averti
du jour, afin de pouvoir tomber sur lui. Il se servoit
d'un espion qui, malheureusement pour lui, le trom-
poit. Apparemment que le comte de Broglie le payoit
mieux que lui . Ces sortes de personnes sont à craindre ;
on doit toujours s'en méfier. Cet espion rapporta au
général françois ce que M. de Saint-Amour lui avoit
dit. Il chargea cet homme de lui dire qu'il feroit sûre-
ment un fourrage le 7. M. de Saint-Amour, étant
assuré du jour, s'embusque, lui et son détachement
composé de huit cents chevaux, une heure avant le
jour, près de l'endroit où M. de Broglie devoit faire
son fourrage. Au soleil levant, il voit venir l'escorte,
ensuite les fourrageurs, qui paroissoient n'être armés
que de leurs faux. Ils avoient leur bonnet sur leur
tête et vêtus seulement de leurs buffles^. Il laisse
faire la chaîne du fourrage, et ensuite, ayant partagé
son détachement en seize troupes, il marche à celles
qui la composoient; mais quelle fut sa surprise dès
qu'il s'aperçut que nos fourrageurs, ayant jeté leurs
faux par terre, se forment promptement en bataille
et marchent sans perdre de temps à lui rapidement,
1. Tome II, p. 186. Les Mémoires militaires lui donnent le
titre de colonel des cuirassiers de l'Empereur.
2. Justaucorps en cuir.
III 9
130 MÉMOIRES f Juillet 171 2J
le sabre à la main ! Il ne laissa pas que de faire
quelque résistance; mais, accablé par le nombre, il
fut obligé de se rendre prisonnier de guerre. La plus
grande partie de son détachement fut tuée ou faite
prisonnière. Le reste, en fuyant, se précipita dans le
canal de Douay à Lille, où plusieurs se noyèrent ^
Cette affaire fut aussi bien exécutée que projetée, et elle
fit présumer que Ghonchon seroit un jour un grand
général. Le maréchal de Villars, ayant reçu la nou-
velle de cette défaite, en marqua tout haut le plaisir
qu'il en avoit. Il aimoit le comte de Broglie aussi bien
que tous les officiers particuliers.
Le marquis de Broglie repoussé en Dauphiné. — Le
marquis de Broglie, son frère aîné, ne fut pas si heu-
reux, ou plutôt si habile, en Dauphiné; car, ayant été
commandé cette même année avec un gros détache-
ment, tant grenadiers que fantassins, par le maré-
chal de Berwick, pour se présenter devant un poste
ennemi, afin de l'amuser jusqu'à l'arrivée de la tète
de notre armée, M. de Broglie, oubliant les ordres
qu'il avoit reçus, fit attaquer ce poste si imprudem-
ment, qu'il fut repoussé par les troupes qui le défen-
doient, non sans beaucoup de pertes. Le maréchal de
Berwick, sévère observateur de la discipline militaire,
après l'avoir réprimandé fortement en présence des
officiers généraux, écrivit à la cour contre lui. Il ne
tint pas à ce milord qu'il ne fût mis au conseil de
guerre^. En vérité, pour le bien de la discipline, on
1. Gazette, p. 360; Mémoires militaires, p. 62.
2. Notre chevalier se trompe dans ce qu'il raconte du mar-
quis de Broglie. Nulle part il n'est question d'un échec éprouvé
par cet officier, et Berwick n'en parle pas dans ses Mémoires;
[Juillet 1712] DU CHEVALIER DE QUINCY. 131
devroit quelquefois faire des exemples. J'ai toujours
remarqué que les personnes qui avoient le plus d'es-
prit, c'est-à-dire de l'esprit brillant, faisoient les plus
grandes fautes. La présomption et l'amour-propre les
aveuglent si fort, qu'ils ne veulent suivre que leurs
propres idées. Les affaires publiques en souffrent tou-
jours; nous n'en voyons que trop d'exemples.
Le 'prince de Tingry repousse un détachement des
ennemis. — Trois jours après l'affaire du comte de
Broglie, le prince de Tingry, nommé ci-devant le
chevalier de Luxembourg ^ fit attaquer plusieurs
troupes qui s'étoient postées dans un faubourg de
Valenciennes, situé sur la rive gauche de l'Escaut, et
dans un village à la grande portée du canon de cette
place^. M. d'Albemarle, qui commandoit le camp
volant de Denain, les y avoit postées pour favoriser
un fourrage qu'il faisoit de ce côté-là. Ses troupes,
après un combat assez opiniâtre, furent obligées
d'abandonner le terrain et d'aller chercher du four-
rage ailleurs. Les ennemis y perdirent bien du monde;
on leur fit beaucoup de prisonniers. De notre côté,
nous eûmes une centaine de soldats de tués ou de
blessés; un lieutenant-colonel, deux capitaines de gre-
nadiers et trois lieutenants furent du nombre des pre-
miers. Le chevalier de Montmorency^, colonel, fut
blessé dangereusement.
il y a même une lettre élogieuse de ce général, en date du
15 septembre, dans les Mémoires militaires, p. 175.
1. Tome II, p. 119.
2. Mémoires militaires, p. 63; Gazette, p. 372. Le village
dont il est question est Anzin, aujourd'hui important centre
minier.
3. Jean-Nicolas de Montmorency -Châteaubrun, chevalier,
132 MÉMOIRES [Juillet 1712]
Le 1 6 juillet, je fus faire ma cour au maréchal de
Montesquiou, dont le quartier général étoit toujours
à Cantaing, près de Cambray. Il étoit enfermé avec
un officier anglois que le duc d'Ormond lui avoit
envoyé. En le reconduisant, le maréchal lui demanda
sans affectation si le corps de troupes aux ordres de
M. d'Albemarle étoit toujours campé à Denain. L'offi-
cier lui répondit qu'il y étoit encore. Cette demande
me fit faire quelques réflexions. Dès ce moment,
l'idée me resta dans l'esprit que, dans la suite, nos
généraux pourroient avoir des vues sur ce camp : ce
qui arriva, comme je le dirai dans la relation de cette
campagne.
Le 1 7, au soir, nous apprîmes que les dix-huit mille
Anglois commandés par le duc d'Ormond avoient
quitté l'armée des alliés. Ce même jour, on publia
dans notre armée et dans celle des Anglois une sus-
pension d'armes, pour quatre mois, entre les deux
nations. Ensuite le général anglois se rendit à la tête
de ses troupes, en plusieurs jours de marche, sur le
canal de Bruges ^
Il étoit à présumer que, l'armée des alliés étant
diminuée de dix-huit mille hommes de bonnes troupes,
le prince Eugène feroit reposer ses lauriers, et qu'il
ne songeroit plus à faire de nouvelles entreprises ;
puis marquis de Montmorency : tome II, p. 378; il avait
acheté en 1710 le régiment de cavalerie du Maine.
1. Depuis le mois de mai, Villars était en correspondance
avec le duc d'Ormond [Mémoires militaires, p. 462-464, 476-
478 et 495; Mémoires de Villars, t. III, p. 147). Le texte de la
suspension d'armes est dans les Mémoires militaires, p. 469-
471, et dans V Histoire militaire de Quincy, p. 60-62.
[Juillet 1712J DU CHEVALIER DE QUINCY. 133
mais ce général pensoit autrement. Il se persuada qu'il
lui restoit encore assez de troupes pour pousser ses
conquêtes au milieu de la France et pour obliger le
Roi à faire une paix des plus humiliantes. Apparem-
ment qu'il croyoit que, comme nous avions toujours
été obligés, depuis plusieurs campagnes, de nous en-
terrer à l'imitation des taupes et de nous couvrir de
quelques rivières, nous n'oserions jamais nous oppo-
ser à ses projets. Il prit le parti, après avoir bien
ravitaillé le Quesnoy et après avoir fait combler les
lignes de circonvallation et les tranchées devant cette
place, de marcher, le 1 6 juillet, sur Landrecies, afin
d'en former le siège. Ce même jour, il passa l'Esca-
lion*, petite rivière qui prend sa source à Preux-aux-
Bois- et qui va se jeter dans l'Escaut vis-à-vis de
Prouvy^, village à une petite lieue et au-dessus de
Valenciennes. Il mit la droite de son armée à Thiant^
et la gauche à Fontaine-aux-Bois^, village à une demi-
lieue de Landrecies. Par cette position, elle faisoit
face à l'Escalion, au Quesnoy et à Valenciennes. Aupa-
ravant de décamper, il avoit fait les dispositions sui-
vantes. Il avoit laissé un corps de troupes considé-
rables à Marchiennes, aux ordres de MM. Secquin^,
de Zobel et du prince d'Holstein. Cette petite ville
étoit comme la place d'armes des alliés, et d'où par-
1. Petit affluent de l'Escaut formé de la réunion de plusieurs
ruisseaux sortis de la forêt de Mormal; il court parallèlement
à la Selle.
2. Nord, canton de Landrecies.
3. Canton de Valenciennes.
4. Sur l'Escalion, à une demi-lieue de Denain.
5. Dans le canton de Landrecies.
6. C'est M. de Sickingen; ci-après, p. 149.
134 MÉMOIRES [Juillet 1712]
toit une communication qui alloit jusqu'à Denain, bien
retranchée, tant du côté qui regardoit Valenciennes
que du côté qui regardoit la France. Il y avoit de dis-
tance en distance de bonnes redoutes. Les ennemis
appeloient celte communication le chemin de Paris^.
Depuis Denain jusqu'à l'Escalion, autre communi-
cation. Cette rivière, au bord de laquelle on avoit
fait quelques retranchements, en servoit jusqu'à l'ar-
mée ennemie campée près de Landrecies. Ainsi tous
ces postes se communiqtïoient parfaitement bien, et se
défendoient et se protégoient les uns et les autres.
M. d'Albemarle, comme il a été dit, étoit à Denain
avec seize bataillons et quatorze escadrons, à portée
de se rendre du côté de Marchiennes, en cas qu'on
eût voulu l'insulter, ou du côté de l'Escalion.
Tout étant disposé, le prince Eugène fît partir,
le 1 7, le prince d'Anhalt-Dessau-, à la tête de quarante
escadrons et de trente bataillons, pour faire l'investis-
sement de Landrecies. On doit remarquer que c'étoit
le même jour que le duc d'Ormond avoit quitté son
camp sur la Selle pour se rendre sur le canal de
Bruges. Le prince Eugène ne fut pas plus tôt arrivé
devant Landrecies, qu'il fit travailler promptement
aux lignes de circonvallation et de contrevallation.
1. Cette communication, formée de deux retranchements
parallèles, est indiquée sur le plan donné dans Y Histoire mili-
taire, et aussi dans l'Atlas des Mémoires militaires. Villars
[Mémoires, t. III, p. 155) dit de même que les allies l'appe-
laient le Grand chemin de Paris.
2. Léopold, prince d'Anhalt-Dessau (1676-1747), était lieu-
tenant héréditaire de l'électorat de Brandebourg et comman-
dait le contingent prussien ; il devint par la suite feld-maréchal
des armées impériales.
[Juillet 1712] DU CHEVALIER DE QUINCY. 135
Landrecies. — La ville de Landrecies est assez bien
fortifiée; mais les ouvrages en sont très petits : ainsi
il est à présumer qu'elle auroit été bientôt réduite en
poussière par la nombreuse artillerie qui devoit la
foudroyer^ . Elle est située sur la Sambre et dépendante
du Hainaut. Elle est célèbre par le siège qu'en fit
Gharles-Quint en 1543, et dont il fut obligé de lever
le siège. Depuis, elle a essuyé plusieurs sièges. Les
armes de Louis XIV lui acquirent cette place l'année
1655, et elle lui est restée par le traité des Pyrénées.
M. du BaraiH, maréchal de camp, très bon officier,
qui avoit été colonel du régiment de Roi-infanterie, en
étoit gouverneur, et chargé par S. M. de la défendre.
J'étois très persuadé qu'il y auroit acquis beaucoup
de réputation.
Le maréchal de Villars, étant bien informé du véri-
table dessein du prince Eugène, et ayant des ordres
de la cour de sauver Landrecies à quelque prix que ce
fût, fit le grand projet dont nous allons voir l'exécu-
tion. Il l'envoya à la cour auparavant. Le Roi y fit
quelque changement, et S. M. lui ordonna de l'exé-
cuter^.
1. L'enceinte de Landrecies avait été bâtie par le chevalier
de Ville et réparée par Vauban ; il y en a une description dans
le Grand dictionnaire géograpJiique d'Expilly.
2. Louis Prévost du Barail commandait depuis 1706 le régi-
ment du Roi; il avait eu le gouvernement de Landrecies le
24 janvier 1711; il parvint en 1720 au grade de lieutenant
général.
3. Les lettres du Roi et du ministre Voysin données dans les
Mémoires militaires, p. 74-75 et 486-495, établissent que, dès
le commencement de juillet, Villars s'inquiétait de ce qu'il
ferait pour empêcher Eugène d'assiéger Landrecies. Le 17,
le Roi lui indiquait l'attaque de la communication de Mar-
136 MÉMOIRES [Juillet 1712]
Enfin, le maréchal de Villars ayant envoyé nos gros
équipages sous Saint-Quentin et ayant fait faire plu-
sieurs ponts sur l'Escaut au-dessus et au-dessous de
Cambray, nous quittâmes le 19 nos terriers, avec le
plus grand plaisir du monde. La joie étoit répandue
sur les visages et des soldats et des officiers : il y avoit
un pressentiment unanime que nous marchions à une
victoire certaine; on se faisoit des comphments les
uns aux autres. Nous passâmes l'Escaut à midi, et,
après avoir passé le petit ruisseau de l'Escouvette^
qui sort de Guillemain ^ et qui va se jetter dans cette
première rivière à Grèvecœur^, nous campâmes sur
quatres lignes, la droite de l'armée au bois de Haut-
court^ et la gauche s'étendant du côté de Cambray.
Le soir, le maréchal assembla un conseil de guerre,
composé de tous les officiers généraux. Il dura assez
longtemps.
Belle marche. — Le 20, on battit la générale et on
sonna le boute-selle à la petite pointe du jour, et,
chiennes à Denain comme une opération utile ; mais il semble
que le maréchal n'y était point disposé [Mémoires de Villars,
t. III, p. 322, et, p. 325-328, deux lettres du comte de
Broglie des 21 et 22 juillet). Le 22, Villars écrivait à Voysin
que, MM. de Broglie et de Vieuxpont ayant jugé impossible
l'entreprise sur Denain, il y renonçait, et cependant, dès le
lendemain, il se décidait à marcher sur cette position et rem-
portait la victoire le 24. Faut-il voir dans cette décision la
marque de l'intervention du maréchal de Montesquiou dont
notre auteur va parler un peu plus loin, p. 154?
1. Espèce de torrent qui sort des bois d'Esne.
2. Ancien prieuré, aujourd'hui ferme, sur la commune de
Wallincourt.
3. Commune du canton de Marcoing.
4. Hautcourt est une localité du canton de Clary.
[Juillet 1712] DU CHEVALIER DE QUINCY. 137
après l'assemblée, l'armée s'ébranla. Elle marcha sur
neuf colonnes dans une belle plaine qui conduisoità la
rivière de la Selle. Il y avoit quatre colonnes de cava-
lerie, quatre d'infanterie, et la neuvième, qui étoit
dans le centre, étoit composée de l'artillerie et des
pontons. D'un seul coup d'œil, on voyoit l'avant-
garde, le corps de bataille et l'arrière-garde. Tous les
officiers généraux étoient dans leurs postes respectifs.
Gomme nous marchions sur l'ennemi, les officiers par-
ticuliers et les soldats se tenoient dans leurs rangs.
On a beau me parler des spectacles, des comédies,
des opéras, des carrousels, enfin de tous les plus
beaux spectacles du monde, il n'y en a point certaine-
ment qui frappe plus les yeux qu'une armée en bataille
qui attend l'ennemi, ou qui est en marche pour le com-
battre. Toutes les colonnes marchoient à la même
hauteur, avec un espace de deux cents pas de l'une à
l'autre. En cas que les alliés eussent marché à nous,
les quatre colonnes de la droite, en se dépliant à droite,
et les quatre colonnes de la gauche, en se dépliant de
même à gauche, nous nous serions trouvés en moins
de rien en bataille, en s'étendant et sur la droite et
sur la gauche. La première colonne de la droite, com-
posée de la seconde ligne de la droite de la cavalerie,
devoit faire halte un moment, pour donner le temps à
la seconde colonne de cavalerie, composée de la pre-
mière ligne de la droite de la cavalerie, de marcher
en avant, afin de prendre la distance du terrain néces-
saire qui doit se trouver entre la première ligne et la
seconde, et ensuite pour marcher à la même hauteur
de la droite. La troisième colonne, composée de la
seconde ligne de notre infanterie, devoit suivre la
138 MÉMOIRES [Juillet 1712]
seconde ligne de notre cavalerie, et la quatrième
colonne, composée de la première ligne de la droite
de l'infanterie, devoit suivre la seconde colonne de la
cavalerie, qui faisoit, comme il est dit ci-dessus, la pre-
mière ligne de la droite de la cavalerie. Les quatre
colonnes de la gauche dévoient faire la même manœuvre
sur leur gauche que les quatre colonnes de la droite
auroient faite sur leur droite.
Nous arrivâmes sur la Selle dans cette disposition.
Notre droite fut postée à Saint- Souplet, et notre
gauche à Monlay*, cette rivière devant le front de
notre armée. Nous séjournâmes dans ce camp le 21.
Ce jour fut employé à faire des ponts sur la Selle et
à faire des chemins pour nous conduire vers la Sambre.
Le 23, on battit la générale et on sonna le boute-
selle à la petite pointe du jour, une heure après l'as-
semblée; et sur-le-champ l'armée se mit en marche
pour passer la Selle. En arrivant sur cette rivière,
nous fîmes halte jusqu'à midi. Nous en profitâmes
pour manger notre gigot. Lorsque nous eûmes passé
la rivière à une demi-lieue au-dessus du Gateau-Gam-
brésis, nous marchâmes une demi-lieue en avant, et
ensuite nous nous repliâmes sur notre droite. Nous
arrivâmes de bonne heure dans notre camp, d'où
nous apercevions les ennemis qui travailloient à élever
des retranchements ; nous n'étions éloignés d'eux que
d'une lieue. On appuya la droite de l'armée à Ghàtillon 2,
1. Ces deux villages appartiennent au canton actuel du
Cateau-Gambrésis, le premier au nord, l'autre au sud de ce
bourg, qui se trouvait ainsi au centre de la ligne.
2. Ou plutôt Catillon, selon la prononciation picarde; village
à deux lieues à l'est du Gâteau.
[Juillet 17i2J DU CHEVALIER DE QUINCY. 139
village situé sur la Sambre, et notre gauche sur la
Selle, près du Gateau-Gambrésis. On employa le reste
du jour et toute la journée du 23 à faire des ponts
sur la Sambre : ce qui nous fit croire que le dessein
du maréchal étoit d'attaquer les alliés au delà de cette
rivière. L'ordre fut donné une heure avant la nuit. Il
fut dit que la retraite serviroit d'assemblée, et que
sur-le-champ l'armée marcheroit sur sa droite. Je vis
passer M. de Contades, major général de l'armée, un
peu auparavant qu'elle fut battue; il galopoit du côté
de la gauche de l'armée.
Quelle fut notre surprise, grand Dieu ! la retraite
étant battue, de voir que notre marche se faisoit sur
notre gauche. J'en fus demander la raison à M. de
Pélissan^ lieutenant-colonel du régiment de Piémont
et brigadier de notre brigade. Il me dit que nous
allions nous porter entre le Quesnoy et l'armée des
ennemis, afin d'occuper un camp des plus avantageux,
et que, par cette position, il étoit impossible au prince
Eugène de faire le siège de Landrecies, parce que
nous lui étions entièrement la communication d'avec
Denain, et par conséquent d'avec Marchiennes, d'où
il devoit tirer ses provisions et de bouche et de guerre,
mais que, s'il prenoit ce parti-, ce poste étoit si bon,
qu'il étoit à présumer qu'il perdroit la moitié de son
armée auparavant que de pouvoir nous y forcer.
Gomme nous faisions l'arrière-garde, notre marche
étoit des plus pesantes : on faisoit un pas, et on s'ar-
rêtoit un demi-quart d'heure. Rien de plus ennuyant
1. Il appartenait à une famille de Languedoc.
2. De faire le siège de Landrecies,
140 MÉMOIRES [Juillet 1712]
que la marche d'une armée pendant la nuit. Par bon-
heur, il faisoit un temps charmant. Il y avoit ordre de
ne faire aucun bruit ; car il étoit de la dernière consé-
quence que l'ennemi ne s'aperçût point de notre
marche. Ainsi l'ordre fut très bien exécuté. Cepen-
dant, une bonne demi-heure après que nous étions en
mouvement et que nous gardions un profond silence,
nous entendîmes tirer un coup de carabine sur notre
droite, à cinquante pas de nous. Un de nos aides-majors
se rendit sur-le-champ à l'endroit d'où étoit parti le
bruit; il trouva un de nos housards, à pied, qui étoit
bien gris. 11 l'amena à la tête du régiment, et il le con-
signa à nos grenadiers. C'étoit ce vilain mal peigné
qui avoit eu l'imprudence de lâcher sa carabine. Il
nous faisoit mille contes en latin; il parloit cette
langue avec éloquence. 11 adressoit toujours la parole
à La Bussière, qu'il appeloit à tout moment : « Mon
« cher patriarche, » ce qui nous faisoit beaucoup rire ;
car mon ami La Bussière vouloit passer pour être
plus jeune qu'il ne l'étoit. Cette petite conversation fut
poussée jusqu'à la petite pointe du jour du 24. Dès
qu'elle parut, nous aperçûmes au delà d'une rivière
une grosse colonne d'infanterie. Dans la prévention où
nous étions que nous allions entre le Quesnoy et Lan-
drecies, nous nous imaginâmes que c'étoit l'Escalion,
et que cette colonne d'infanterie étoit de l'armée enne-
mie qui étoit en mouvement pour nous empêcher le
passage de cette rivière ; mais, en nous approchant,
nous reconnûmes que cette rivière étoit la Selle, et
que nous allions la repasser sur le même pont que
nous avions passé deux jours auparavant. Impatient
de savoir quel étoit donc le dessein de nos gêné-
[Juillet 1712] DU CHEVALIER DE QUINCY. 141
raux, je m'adressai encore à M. de Pélissan. Il n'en
sa voit pas plus long que moi. Il me dit cependant que
le maréchal de Villars, ayant trouvé qu'il étoit abso-
lument impossible d'attaquer les ennemis dans leurs
retranchements devant Landrecies, avoit pris le parti
de faire retourner notre armée dans son ancien camp
au delà de l'Escaut. Étourdi de cette triste nouvelle,
qui fut répandue sur-le-champ parmi le soldat, j'étois
dans un désespoir affreux ; je détestois, pour ainsi
dire, d'être né François. J'aperçus un découragement
et parmi l'officier et parmi le soldat. On se disoit les
uns aux autres : « Quels diables d'officiers généraux
« avons-nous donc aujourd'hui? Que sont devenus les
« Turenne, les Gondé, les Luxembourg, les Catinat et
« les Vendôme? Ces grands hommes, au lieu d'aug-
« menter les difficultés lorsqu'il s'agissoit de combattre
« les ennemis, trouvoient les moyens de les aplanir.
« Nous allons donc voir les alliés pénétrer en France.
« Quelle désolation et quels ravages^ ! »
Lorsque nous eûmes repassé la Selle, notre marche,
qui avoit été des plus lentes, changea presque dans le
moment; elle devint petit à petit plus précipitée. Je
m'aperçus que nous quittions le chemin du côté de
Gambray, et que nous prenions sur notre droite. Enfin
le bruit se répandit tout à coup que nous marchions
sur Denain, que le marquis de Vieuxpont, lieutenant
général, devoit être arrivé à la tête de trente batail-
lons à Neuville ^ village situé sur l'Escaut et en deçà,
1. Le général Pelet [Mémoires militaires, p. 77) confirme ce
témoignage des protestations que firent éclater parmi les
troupes les tergiversations de la marche sur Denain.
2. Ci-dessus, p. 77.
142 MÉMOIRES [Juillet 1712]
entre Denain et Bouchain, avec de l'artillerie et des
pontons pour jeter des ponts sur cette rivière ; que
M. d'Albergotti le suivoit avec vingt autres bataillons;
que toutes ces troupes étoient suivies par toute l'ar-
mée, à l'exception de trente escadrons de dragons,
aux ordres du comte de Coigny, qui, après avoir
passé la Sambre à l'entrée de la nuit, avoient dû mar-
cher près des ennemis retranchés devant Landrecies
sur la rive droite de cette rivière ; qu'ils dévoient res-
ter en leur présence jusqu'à une demi-heure avant le
jour, et qu'ensuite ils dévoient se retirer sous Guise,
afin de s'opposer aux courses que les alliés pourroient
faire de ce côté-là ; et que le comte de Broghe avoit
marché dès cinq heures du soir, à la tête de quarante
escadrons et d'une partie de nos housards, afin de se
rendre maîtres de toute la plaine jusqu'à Bouchain,
afin d'empêcher les partis des ennemis de traverser
la Selle pour observer nos mouvements; et que ce
même général avoit ordre, dès qu'il apercevroit la
tête des troupes du marquis de Vieuxpont, de mar-
cher en avant du côté de Neuville. Gomme notre bri-
gade et celle de Picardie f'aisoient l'arrière-garde de
toute l'infanterie, elles n'arrivèrent sur la hauteur de
Neuville, avec toute la cavalerie de la droite, tant de
la première ligne que de la seconde, qu'à neuf heures
du matin, dans le moment que les ponts près de Neu-
ville venoient d'être établis. Nous avions fait huit
lieues.
En arrivant, nous nous mîmes en bataille, faisant
face vers la Selle : nous y restâmes jusqu'à deux
heures avant la nuit. Il fallut attendre que presque
toute l'armée eût passé l'Escaut. De la hauteur sur
[Juillet 1712] DU CHEVALIER DE QUINCY. 143
laquelle nous étions en bataille, nous découvrions
Denain, et, par conséquent, tous les environs.
Quittons un moment cette relation pour raconter ce
que fit un jeune lieutenant de notre régiment, le
chevalier de Garondelet', fils du baron de Noyelle,
dont la terre, située sur la Selle, n'est qu'à trois quarts
de lieue de Denain-. Il y avoit quatre ans qu'il n'a voit
vu sa famille. Dès qu'il s'aperçut que notre armée
marchoit du côté de Neuville, sans rien dire à qui
que ce soit, il quitte le régiment, et il se rend au petit
galop à Noyelle. L'étonnement de son père fut des
plus grands. « Quoi, dit-il à son fils, te voilà! Est-ce
« que tu as quitté le service de France? » — « Non,
« mon père, lui répondit le chevalier après l'avoir
« embrassé, j'en serois bien fâché. » — « Mais com-
« ment, ajoute le baron, as-tu fait pour venir jus-
« qu'ici? » — « Je me suis fait escorter, répliqua
« Garondelet, par toute l'armée du Roi; ainsi, je
« n'avois rien à craindre. » — « Que dis-tu donc avec
« ton armée du Roi? Depuis quatre ans, continua le
« père, vous autres François, vous n'osez paroître;
« vous êtes toujours enterrés comme de véritables
« taupes au delà de Gambray, derrière l'Escaut et les
« autres rivières. » — « Eh bien, mon père, répli-
« qua le chevalier, nous paroissons donc aujourd'hui
« à la lumière du jour, et si vous voulez en être per-
« suadé, ayez la bonté de vous rendre au haut de votre
« château, et vous découvrirez cette armée des taupes. »
L'incrédule baron s'étant donné la peine de monter
1. Guillaume de Garondelet, chevalier de Malte, mort en
1743.
2. Gi-dessus, p. 115.
144 MÉMOIRES [Juillet 1712]
dans son grenier, il fut convaincu par ses propres
yeux de ce que son fils venoit de lui dire. Le jeune
homme, pendant ce temps-là, fut trouver M^'® de
Noyelle, sa sœur^ âgée de seize ans, qui étoit parfai-
tement belle et bien faite. Il la trouva à sa toilette;
elle se préparoit pour aller dîner chez le comte d'Al-
bemarle. Après le repas, il devoit y avoir un concert
et ensuite un grand bal, dont la demoiselle devoit être
reine, et le comte Dohna, gouverneur de Mons, devoit
commencer le bal avec elle. On prétend que ce géné-
ral l'auroit épousée sans le funeste sort qui lui arriva
le même jour. Ainsi la demoiselle en fut pour sa
parure, et elle perdit l'espérance de faire une fortune
des plus brillantes,
Garondelet, après avoir resté une heure dans la
maison paternelle, vint nous rejoindre dans notre
marche. Le colonel le mit aux arrêts pour s'être
absenté sans congé : il étoit d'autant plus coupable
que, par la suite, M. d'Albemarle pouvoit être averti
de notre projet.
Le prince Eugène, absolument persuadé que le véri-
table dessein du maréchal de Villars étoit d'attaquer
l'armée des aUiés sur la rive droite de la Sambre, le
passage de cette rivière par nos dragons aux ordres
du comte de Goigny le confirmant dans ce sentiment,
en fit serrer la droite sur la gauche. Ce général ne
fut informé qu'à sept heures du matin de notre marche
sur Denain : sur-le-champ, il monte dans sa chaise de
poste, et, après avoir ordonné à tous ses grenadiers
1. Claire-Bonne-Alexandrine de Garondelet, qui épousa plus
tard le baron de Neverlée.
[Juillet 17i2] DU CHEVALIER DE QUINCY. 145
de se rendre le plus promptement qu'ils pourroient de
ce côté-là et ordonné à toute son armée de les suivre,
il se rendit à Denain dans le temps que M. d'Albe-
marle faisoit mettre ses troupes le long de ses retran-
chements pour les défendre. Il y arriva à dix heures
du matin. Il trouva la disposition de ce général par-
faitement bien ; il lui en fît compliment. Ensuite, il lui
dit : « Monsieur, je vois présentement le dessein de
« M. de Villars. Il veut se poster entre Denain et Mar-
« chiennes, afin de nous ôter la communication d'avec
« cette dernière ville. Ainsi je crois que vous ne
« serez pas attaqué ; mais il est toujours nécessaire,
« par précaution, de renvoyer vos quatorze esca-
« drons au delà de l'Escaut ; ils ne vous seroient
« d'aucune utilité, et ils ne feroient que de l'embarras
« si l'ennemi vous attaquoit. »
De nos hauteurs, nous vîmes cette cavalerie passer
l'Escaut, et ensuite se mettre en bataille sur les hau-
teurs près de Denain. Le prince Eugène s'y rendit
aussi, accompagné de tous les officiers généraux de
son armée, d'où il envoyoit de temps en temps des
adjudants généraux dans le camp de Denain, pour être
instruit de ce qui s'y passoit, et d'autres à son armée,
afin d'en précipiter la marche.
De notre côté, le marquis de Vieuxpont ayant fait
faire plusieurs ponts sur l'Escaut et des chemins de
fascines sur les marais, pour nous y rendre après
avoir passé cette rivière, et d'autres chemins pour nous
porter sur la communication de Denain à Marchiennes,
le comte de Broglie, à la tète de ses quarante esca-
drons, passa le premier la rivière, et, sans perdre de
temps, il marcha droit à cette communication. En
m 10
i46 MÉMOIRES [Juillet 1712]
chemin faisant, il trouva quelque cavalerie en deçà : il
la poussa si vigoureusement, qu'il y entra pêle-mêle
avec les ennemis, dans le temps qu'il y arrivoit un
convoi de pain destiné pour les troupes de Denain et
pour l'armée du prince Eugène, escorté par cinq
cents chevaux et cinq cents fantassins. Il s'empara du
convoi, après avoir mis en déroute l'escorte, dont une
partie fut tuée ou prise, et le reste se sauva à Mar-
chiennes. Après cette défaite, le comte de Broghe se
rendit au delà de la communication qui faisoit face du
côté de Valenciennes, afin de favoriser le prince de
Tingry, qui de voit être sorti de cette dernière place à
la tête de la plus grande partie de sa garnison, et qui
devoit attendre à la censé de Hurtebise^ située à une
demi-lieue de Valenciennes, le moment qu'il falloit
marcher pour attaquer de son côté et la communica-
tion de Denain à Marchiennes et le camp retranché de
Denain. Je ne sais pas la raison pour laquelle il ne se
rendit pas assez à temps pour avoir part à la victoire;
la besogne étoit faite lorsqu'il arriva près de Denain.
C'est dans ces moments précieux qu'il est nécessaire
à un général d'avoir de bons espions, et qu'il sacrifie
quelques petites troupes, afin d'être bien informé de
ce qui se passe.
Dès que les quarante escadrons aux ordres du
comte de Broglie eurent passé l'Escaut, le maréchal
de Villars passa cette rivière, suivi de quarante batail-
lons commandés par le marquis de Vieuxpont. Cette
infanterie fut suivie par les vingt bataillons de
M. d'Albergotti, et ensuite par toute l'armée.
1. Ou Urtebise; ferme sur une hauteur, au sud-ouest de
Valenciennes, d'où l'on domine tous les environs. C'est là que, en
[Juillet 1712] DU CHEVALIER DE QUINCY. 447
Attaque du camp retranché de Denain^ . — Les qua-
rante bataillons ne furent pas plus tôt arrivés à la vue
du camp retranché de Denain, que le maréchal en
forma huit colonnes, bataillons sur bataillons, à une
distance convenable, et les colonnes séparées de deux
cents pas les unes des autres. Cette disposition est
excellente, et la meilleure pour forcer des retranche-
ments; car, un bataillon repoussé, ceux qui le suivent,
en se jetant à droite ou à gauche, sont en état de mar-
cher au retranchement attaqué, et ils évitent par là
d'être mis en désordre par le bataillon repoussé. Il
n'en est pas de même de la colonne du chevalier de
Folard^; la tète de sa colonne étant émoussée, que
devient le reste? C'est un corps sans àme; je la com-
pare à un serpent dont on a coupé la tête. Les alliés
nous ont attaqués au combat de Gassano, à la bataille
de Turin et à celle de Malplaquet, et auparavant à
celle de Luzzara, de la manière que le maréchal de
1676, Louis XIV avait laissé échapper une occasion d'écraser le
prince d'Orange. Saint-Simon le lui reproche en toute occasion.
1. Les récits de la bataille de Denain sont nombreux. Il
faut citer en première ligne celui de Villars lui-même dans
ses Mémoires (t. III, p. 154-158), puis ceux de la Gazette
(p. 383-384), de la Gazette d' Amsterdam (n°* lxi, lxii et sur-
tout Lxxix), des Mémoires de Sourches (p. 456-458), du Jour-
nal de Dangeau (p. 190-192), une relation française provenant
des papiers du duc d'Ormond [Mémoires de Villars, p. 336-
339) et une relation anglaise insérée dans les Lettres de M"*^ Du-
noyer (t. IV, p. 233-250), V Histoire militaire de Quincy (p. 65-74),
les Mémoires militaires (p. 76-83 et 496-498), le chapitre xxm
du Siècle de Louis XIV, enfin le récit de M. le marquis de
Vogiié, dans Villars d'après sa correspondance (t. II, p. 36-43).
2. Folard préconisait la colonne serrée, compacte, sans
intervalles entre les éléments qui la composent. Le grand Fré-
déric a fait justice de cette formation.
148 MÉMOIRES [Juillet 171'î]
Villars attaqua les retranchements à Denain. Revenons
à cette attaque, qui fit changer les affaires de la
France.
Notre général ayant fait mettre les compagnies de
grenadiers et les piquets des bataillons qui formoient
chaque colonne à la tête, il se mit à la droite, avec le
maréchal de Montesquiou et M. d'Albergotti à la
gauche. La prière étant faite, il donna le signal. Sur-
le-champ les huit colonnes s'ébranlèrent, et elles arri-
vèrent en même temps aux retranchements ennemis
sans tirer un seul coup de fusil, les grenadiers et les
soldats portant leurs fusils en chasseur et ayant cha-
cun une fascine. Ils essuyèrent trois décharges de six
pièces de canon chargées à cartouches et trois décharges
de la mousqueterie auparavant d'y arriver. Dès qu'ils
furent près du fossé, ils se débarrassèrent de leurs
fascines, et, ayant grimpé comme des chats les retran-
chements, qui avoient au moins quinze pieds de hau-
teur, ils eurent après bon marché des seize bataillons
des alliés. Après les avoir mis en déroute, ils les sui-
virent avec tant de vivacité jusqu'au village de Denain,
qu'ils n'eurent pas le temps de se rallier, et, y étant
entrés aussitôt qu'eux, il y eut un carnage affreux. Ce
fut alors que les ennemis s'aperçurent qu'ils ne pou-
voient plus résister à l'impétuosité de nos soldats ; ils
prirent donc le parti, non seulement les soldats et les
officiers particuliers, mais même les officiers généraux,
de fuir de tout leur mieux pour tâcher de gagner le
seul pont qu'ils avoient sur l'Escaut. La plus grande
partie fut tuée ou noyée ; car, malheureusement pour
eux, le pont se rompit. Ainsi, n'ayant plus de retraite,
l'officier et le soldat, pour éviter de mourir par le
[Juillet 1712] DU CHEVALIER DE QIJINCY. 149
feu et par l'arme blanche, se précipitèrent dans la
rivière, où ils trouvèrent la mort qu'ils tàchoient
d'éviter.
Les officiers généraux noyés ou tués furent le comte
Dohna, le comte de Vondenberg\ les deux princes
d'Anhalt-, dont un fut tué et l'autre noyé. Les pri-
sonniers furent le comte d'Albemarle, général des
troupes hollandoises et commandant ce camp, le
prince de Nassau-Siegen^, le comte Corneille de Nas-
sau'^, M. Sickingen, M. ZobeP, les comtes de Hohen-
zollern et de la Goppe, le baron d'Alberg, le comte de
la Lippe, colonel^, et plus de trois cents officiers par-
ticuliers, et environ quatre cents soldats. Le reste fut
noyé ou tué. Nos soldats firent dans ce camp et dans
1. Corneille, comte de Nassau-Vondenberg : tome II, p. 375.
2. « On contoit une histoire bien tragique : deux jeunes
princes de la maison d'Anhalt venoient avec un passeport à
Paris pour y faire leurs exercices ; il passèrent par Mons, et le
comte de Dohna, qui en étoit gouverneur, les invita à venir
avec lui voir milord d'Albemarle. Ils arrivèrent ensemble dans
son camp le même jour que les troupes françoises l'atta-
quèrent. Un des jeunes princes fut tué; l'autre, ayant voulu
passer la rivière avec le comte de Dohna, se noya avec lui, et
fut ensuite repêché tenant une des basques du justaucorps du
comte de Dohna. » (Mémoires de Sourches, p. 474.)
3. Guillaume-Hyacinthe, prince de Nassau-Siegen.
4. C'est le même que le comte de Vondçnberg marqué
ci-dessus parmi les morts. Notre auteur tombe dans la même
erreur que V Histoire militaire et que la Gazette, qui l'indiquent
de même parmi les prisonniers et parmi les morts. La Gazette
d'Amsterdam, n° lxhi, le compte seulement comme tué.
5. Il a été question de ces deux officiers, ci-dessus, p. 133.
6. Il dira plus loin (p. 152) qu'il commandait un régiment à
la solde de l'évêque de Miinster,
150 MÉMOIRES [Juillet 1712]
Denain un butin très considérable. On y trouva beau-
coup de munitions de guerre et de bouche, et douze
pièces de canon.
Pendant ce combat, nous étions toujours sur les
hauteurs de Neuville, non sans beaucoup d'inquiétude
de ce qui se passoit. Cependant nous apercevions que
le feu de la mousqueterie se replioit du côté de
Denain et sur l'Escaut : ce qui nous fit juger que les
retranchements étoient forcés. Quelque temps après,
nous vîmes paroître la tète de l'infanterie du prince
Eugène qui marchoit droit à Prouvy, où étoit le pont
des ennemis, à la tête duquel il y avoit une redoute.
Nous ne fûmes pas longtemps sans entendre un feu
terrible. Le prince Eugène, outré, comme on peut
bien se l'imaginer, de ce qui venoit de se passer, fit
attaquer par une partie de ses grenadiers, soutenus
par l'autre et par plusieurs bataillons, la redoute dont
M. d'Albergolti venoit de s'emparer ; mais nos troupes
qui étoient dedans, et la brigade de Navarre répandue
à droite et à gauche de cet ouvrage, sur le bord et
au delà de la rivière, firent un feu si vif et si conti-
nuel, que les ennemis perdirent dans cette attaque
beaucoup de grenadiers et de soldats. On prétend que,
sans la représentation que lui firent les députés des
États-Généraux, il auroit sacrifié une partie de son
infanterie.
Le feu ayant cessé, nous mangeâmes un morceau,
mes camarades et moi. Ensuite, je m'en allai me pro-
mener du côté de la rivière de la Seile pour faire boire
ma petite chienne. Dans le moment qu'elle buvoil,
j'entendis une décharge de mousqueterie des plus
furieuses qui venoit du côté de Denain. Nous apprîmes
[Juillet 1712] DU CHEVALIER DE QUINCY. 151
depuis que le maréchal de Villars, après avoir donné
les ordres nécessaires pour empêcher les ennemis de
passer l'Escaut, et avoir remis en bataille les batail-
lons qui avoient attaqué les retranchements, avoit pri^
un de ses pistolets (par parenthèse, notre général étoit
un peu ratier de son naturel), et, l'ayant tiré en l'air,
il se mit à crier : « Vive le Roi ! » Cette infanterie, à
son exemple, fît une décharge générale, dont il y eut
plusieurs chevaux des officiers généraux de tués. Ma
chienne eut si grand'peur de cette décharge, qu'elle se
mit à fuir du côté de l'armée des alliés, la Selle entre
eux et moi. Je fis bien trois cents pas auparavant de
pouvoir l'attraper. Enfin, dans le temps que je la
mettois sous mon bras, je vis un homme qui venoit
du côté de Denain et qui me fit signe avec son cha-
peau. Lui ayant fait le même signe, il s'approcha de
moi, et il me demanda s'il y avoit bon quartier. « Oui,
a Monsieur, lui dis-je, bon quartier; je vous en donne
« ma parole. » Lorsqu'il fut près de moi, je vis un
jeune homme, âgé environ de vingt-quatre ans, bien
fait et d'une aimable figure. Il avoit un habit uniforme
blanc dont les revers des manches étoient bleus, un
gilet rouge brodé en or, la culotte de la même cou-
leur, aussi bien que ses bas, qui étoient de soie, dont
les coins brodés en or, des souliers de maroquin avec
des talons rouges, sa perruque bien poudrée, enfin
paré comme un petit-maître. En arrivant auprès de
moi et me présentant sonépée : « Je me rends, me
« dit-il, votre prisonnier. » Je ne voulus point rece-
voir son épée; je lui demandai d'où il venoit si bien
ajusté. « Eh, Monsieur, me répondit-il, de cette triste
a tragédie. Certainement nous ne vous attendions
152 MÉMOIRES [Juillet 1712]
« point. J'étois prié aujourd'hui, continua-t-il, à dîner
« chez M. le comte d'Albemarle, notre général ; il
« devoit y avoir, après le dîner, un concert et un bal
« après. Mais Messieurs les François nous ont entiè-
« rement dérangés dans nos plaisirs. » Il me dit
ensuite qu'il avoit admiré l'ardeur avec laquelle nos
bataillons avoient marché à leurs retranchements, leur
bon ordre, et la promptitude avec laquelle ils les
avoient franchis. Il me raconta ensuite de quelle
manière il s'étoit sauvé : « En voulant, poursuivit-il,
« gagner le pont comme les autres fuyards, je m'aper-
ce çus qu'il étoit rompu, ce qui m'a fait prendre le
« parti de longer l'Escaut sur ma droite ; j'ai trouvé
« par bonheur, en deçà d'un moulin, deux troncs
« d'arbre étendus sur cette rivière, sur lesquels il y
« avoit des fascines ; j'y ai passé, et ensuite, ayant
« marché encore sur ma droite, j'ai vu vos troupes
« sur cette hauteur. Je les ai prises pour celles de
« l'armée du prince Eugène. Je n'ai reconnu ma faute
« que lorsque je vous ai aperçu : ce qui m'a engagé
« de me rendre votre prisonnier, craignant de tom-
« ber entre les mains de vos soldats. » Je le menai à
notre brigadier, qui le conduisit lui-même, après que
nous eûmes passé l'Escaut, au maréchal de Villars.
G'étoit le comte de la Lippe^ d'une des meilleures mai-
sons de l'Allemagne ; il étoit colonel d'un régiment au
service de l'évéque de Munster.
Le maréchal de Villars n'avoit cessé, auparavant le
combat et après, d'envoyer des aides de camp pour
avoir des nouvelles de l'arrière-garde de notre armée ;
1. Un des fils de Simon-Henri, comte de la Lippe, peut-être
Auguste-Wolfard, né en^l688.
[Juillet 1712] DU CHEVALIER DE QUINCY. 153
et c'étoit avec juste raison ; car le prince Eugène pou-
voit aisément passer la Selle, où il y a plusieurs gués,
pour le charger, d'autant plus que notre armée étoit
séparée en deux par l'Escaut.
Nous perdîmes dans ce combat le marquis de Tour-
ville, colonel, qui fut tué^; il étoit le fils unique du
maréchal de Tourville, un des plus grands et un des
plus célèbres hommes de mer que la France ait jamais
eus. Il y eut quatre cents hommes, tant grenadiers
que soldats, de tués, et environ huit cents de blessés,
parmi lesquels se trouvèrent le chevalier de Tessé^,
colonel du régiment de Champagne^, le marquis de
Meuse '^ et M. de Gensac^, tous deux colonels d'infan-
terie, et beaucoup d'officiers particuliers tant tués que
blessés.
Jamais projet n'a été si bien conçu, ni mieux exé-
cuté. Dès ce moment, les affaires de France chan-
gèrent de face. Notre guerre de défensive, dans laquelle
nous avions été obligés, malgré nous, de rester pen-
1. Louis-Alexandre de Cotentin, comte de Tourville, était
colonel d'un régiment de son nom depuis février 1709; il
n'avait que vingt-deux ans.
2. René-François de Froullay, fils cadet du maréchal (1687-
1734), commanda d'abord le régiment de Tessé (1703), puis celui
de la Couronne. Il venait d'avoir le régiment de Champagne
en février 1712.
3. Ce régiment, le quatrième des vieux corps, avait été
formé dès 1569 avec les vieilles bandes de Champagne.
4. Henri-Louis de Choiseul, marquis de Meuse, commandait
depuis 1704 le régiment d'Agenois; en récompense de sa belle
conduite à Denain, il eut le régiment du comte de Tourville.
Il devint lieutenant général en 1738.
5. Gilles-Gervais de la Roche-Lomagne, marquis de Gensac,
colonel depuis 1703.
15'j MÉMOIRES [Juillet 1712]
dant plusieurs années, se tourna tout à coup sur l'of-
fensive^.
Plusieurs personnes ont voulu donner l'honneur de
cette entreprise au nnaréchal de Montesquiou^. Cepen-
dant il m'a été dit que le maréchal de Villars ne lui
en avoit fait part que le soir précédent (il est à
remarquer que ces deux généraux étoient mal
ensemble). Et voilà de quelle manière la chose m'a
été racontée : que le maréchal de Villars, l'ayant pris
en particulier, lui avoit demandé son amitié par rap-
port au Roi et à la patrie, et en même temps son
conseil touchant ce projet, qui étoit de tâcher, en
dérobant une marche au prince Eugène, de se poster
entre Denain et Marchiennes. « Et, par cette posi-
« tion, lui dit-il, j'empêcherai les ennemis de faire le
« siège de Landrecies, ayant toutes leurs provisions et
« de guerre et de bouche à Marchiennes, dont il nous
« sera aisé de faire le siège; » que, sur ce propos, le
maréchal de Montesquiou avoit répondu : « Mais, que
et ferez-vous de Denain? » — « Denain, lui répliqua
« M. de Villars, ne m'est d'aucune conséquence; les
« alliés n'oseront jamais déboucher par ce camp en
<i présence de notre armée. »
1. Ce qui est surtout remarquable, c'est l'importance des
suites de la victoire de Denain, étant donné le petit nombre
des troupes engagées. Les alliés n'eurent en ligne que seize
bataillons sur cent cinquante-cinq, et leur cavalerie resta
intacte; du côté des Français, quarante bataillons seulement
prirent part au combat, sur cent trente-neuf.
2. Le général Pelet [Mémoires militaires, p. 76) a adopté cette
opinion; mais elle semble contredite par les correspondances
officielles publiées en appendice dans le Journal de Dangeau,
t. XIV, p. 296-314.
[Juillet 1712] DU CHEVALIER DE QUINCY. 155
Il est certain que, si nous ne nous étions pas ren-
dus maîtres du camp de Denain, le principal dessein
du maréchal de Villars auroit aussi bien réussi par
rapport à la levée du siège de Landrecies ; mais l'ac-
tion n'auroit pas été aussi éclatante, ni si brillante. On
prétend donc que ce fut M. de Montesquiou qui con-
seilla à M. de Villars d'attaquer le camp de Denain.
Enfin, deux heures avant la nuit, nous passâmes
l'Escaut pour gagner le camp. Notre armée avoit sa
droite au village de Marquette^ et sa gauche à la
censé de Hurtebise, l'Escaut devant nous. Notre bri-
gade étoit campée vis-à-vis de Bouchain, à deux por-
tées de canon de cette place.
Le maréchal de Villars, n'ayant plus rien à craindre
de la part du prince Eugène, fit partir pour la cour,
qui étoit alors à Fontainebleau, le marquis de Nangis,
et ensuite il envoya M. d'Albergotti, à la tête de la
brigade de Bourbonnois, avec dix pièces de canon,
pour s'emparer de l'abbaye de Saint-Amand, dans
laquelle il y avoit six cents hommes, qui se rendirent
le lendemain à discrétion^.
Notre général, sans perdre un moment de temps,
avoit envoyé, en même temps que M. d'Albergotti, le
comte de Broglie pour se rendre maître, avec un gros
détachement, de l'abbaye d'Anchin, nommée autre-
ment les Quatre-Glochers. Il y avoit dedans deux
cents hommes, qui se rendirent à discrétion^, aussi
bien que les troupes qui étoient dans l'abbaye de
Hasnon et dans le bourg de Mortagne, qui se rendirent
1. Dans le canton de Bouchain et à l'ouest de cette ville.
2. Mémoires militaires, p. 84; Gazette, p. 394.
3. Ibidem.
156 MÉMOIRES [Juillet 1712]
à M. d'Albergotti''. Il y avoit deux cents hommes dans
ces deux derniers postes. Ainsi la Scarpe , depuis
Douay jusqu'à Tournay, fut nettoyée le lendemain du
combat de Denain, à l'exception de Marchiennes. On
prit mille hommes dans tous ces postes, quatre pièces
de canon et quatre belandres chargées de munitions
de guerre et de bouche.
Laissons un moment nos opérations de guerre, pour
parler un peu de ce qui se passa à Fontainebleau. On
doit juger dans quelle inquiétude le Roi et toute sa
cour étoient plongés. On sa voit qu'il de voit se passer
une affaire des plus sérieuses ; le parti étoit pris, en
cas que l'événement n'en fût pas heureux, d'aban-
donner Paris, Versailles et Fontainebleau pour se
rendre à Chambord au delà de la Loire 2. On étoit
dans ce moment de crise, lorsque M. de Nangis arriva
le 25, à six heures du matin, à Fontainebleau^.
La marquise de Rouvroy*, attachée à la princesse
de Gonti première douairière, y étoit. Elle m'a dit
depuis que, étant couchée dans une chambre qui don-
1. L'abbaye d'Hasnon se rendit au comte de Lesparre.
2. Mémoires de Villars, t. III, p. 138; Siècle de Louis XIV,
éd. Rébelliau, p. 368-369.
3. C'est le 26 et non le 25 que Nangis arriva [Sourches,
p. 456; Dangeau, p. 191). Il eut douze mille livres pour sa
course [Mémoires de Saint-Simon, t. IX, p. 327).
4. Renée-Thérèse d'Abon (1659-1736), mariée le 21 janvier
1687 à Jean-Baptiste, marquis de Rouvroy, capitaine de vais-
seau, dont Saint-Simon a raconté les prétentions à être
de même maison que lui [Mémoires, éd. Boislisle, t. XV,
p. 455 et suivantes). Notre auteur connut cette dame lorsqu'il
eut épousé en secondes noces M"® d'Oisy, dont le père s'était
remarié lui-même à Marie-Antoinette de Rouvroy, belle-sœur
de la marquise dont il est ici question.
[Juillet 1712] DU CHEVALIER DE QUINCY. 157
noit dans la cour du Gheval-Blanc, elle entendit un si
grand bruit et un si grand tumulte, qu'elle s'imagina
que tout étoit perdu et que la cour se préparoit à par-
tir pour Ghambord. Dans cette crainte, elle se lève
précipitamment, ouvre une fenêtre, et elle s'informe à
la première personne de ce qui causoit ce grand mou-
vement. Elle fut bien rassurée, lorqu'on lui eut dit que
le marquis de Nangis venoit d'arriver de l'armée;
qu'apparemment qu'il y avoit de bonnes nouvelles,
puisque le Roi s'étoit levé sur-le-champ pour faire
chanter le Te Deimi dans la chapelle, et que tout le
monde mai'quoit une joie des plus vives. Le Roi cepen-
dant n'ordonna qu'on chantât le Te Deum à Notre-
Dame de Paris que lorsqu'il fut informé que le prince
Eugène avoit levé le siège de Landrecies. Ce grand
prince ne faisoit rien précipitamment.
Gomme j'étois de piquet la nuit du 24 au 25, je
fus obligé de passer à la tète du régiment, quoique
très fatigué. A deux heures de nuit, M. de Montlezun,
capitaine de gendarmerie *, fut tué en se promenant
le long de la ligne, par un coup de fusil tiré de notre
armée. Ge fut une perte pour sa famille et pour ses
amis; il étoit fort estimé. J'entendis le bruit du coup.
Le lendemain 25, je me rendis à la tête de mon
piquet, à une heure de jour, à l'endroit où s'assem-
bloient les grandes gardes. L'aide-major général de
l'armée^, après nous avoir donné à chacun nos ordres,
1. Il ne semble pas que ce soit le même personnage que
celui dont il a été question ci-dessus, p. 117, comme lieute-
nant de roi du Quesnoy.
2. C'était M. de Villars, d'une famille de Poitou, qui avait
d'abord été mousquetaire, enseigne aux gardes françaises en
158 MÉMOIRES [Juillet 1712]
nous dit : « Messieurs, le comte de Broglie s'est
« emparé, il y a deux heures, de Marchiennes, dans
« lequel il y a une quantité de munitions de guerre et
« de bouche. » Cette nouvelle étoit bien fausse; mais
il nous la lâcha afin qu'elle fût distribuée dans tous
les postes qui environnoient l'armée, ne doutant pas
qu'elle ne parvînt au prince Eugène, ce qui pouvoit
l'obliger à lever le siège de Landrecies. A la guerre,
il faut se servir de toutes sortes de ruses.
Dès que j'eus relevé la garde du poste qui m'avoit
été destiné (c'étoit Moncicourt*, village sur une hau-
teur d'où on découvre le pays à quatre lieues à la
ronde, et qui étoit entre notre armée et Douay), je
m'informai à un paysan où étoit Marchiennes. Me
l'ayant montré : « Nous nous sommes emparés, lui
« dis-je, de celte ville au matin. » — « Non, Mon-
te sieur, me répondit-il, en branlant la tête, vous n'en
« êtes 'pas les maîtres. » Dans le temps que je lui
soutenois le contraire, et qu'il étoit toujours sur la
négative, nous en vîmes tirer du canon. « Eh bien,
« Monsieur, me répliqua-t-il, n'avois-je pas raison?
« Vous ne pouvez vous en emparer que par un siège,
« et ce sera un grand coup si vous la prenez; car il
« y a des biens immenses dedans. » Je m'aperçus
alors du godant^ que nousavoit donné Monsieur l'aide-
major général.
1692, et aide-major de ce régiment en 1706; il avait eu un
brevet de colonel en avril 1712. C'est lui qui fut chargé d'ap-
porter au Roi les vingt-six drapeaux pris à Denain.
1. Aujourd'hui Monchecourt, à six kilomètres nord-ouest de
Bouchain.
2. Le manuscrit porte : codant. Ce mot n'était pas dans
[Juillet 1712] DU CHEVALIER DE QUINCY. 159
11 est bien vrai que le comte de Broglie, après son
expédition des Quatre-Glochers, avoit été envoyé à la
tête d'un gros détachement, dès le 25, pour sommer
le commandant, nommé de BerghofFer', de se rendre.
Mais cet officier, qui avoit une garnison de six batail-
lons et de mille hommes détachés de la garnison de
Douay, et d'un régiment de cuirassiers, répondit qu'il
se défendroit jusqu'à la dernière extrémité.
Après que je fus relevé de mon poste, qui étoit
le 26, je me rendis, selon mes ordres, droit devant
Marchiennes. En arrivant, j'appris que M. de Broglie
venoit de faire une cacade. Je trouvai beaucoup d'of-
ficiers et de soldats qu'on ramenoit blessés : ce géné-
ral, voyant que le commandant ne vouloit point abso-
lument se rendre, prit le funeste parti d'emporter
cette place de vive force. Il est dangereux de donner
à des officiers généraux qui n'ont servi que dans la
cavalerie des entreprises qui ne regardent que l'in-
fanterie; il y a une très grande différence entre les
deux armes.
Siège de Marchiennes. — La ville de Marchiennes
étoit très bien fortifiée, quoiqu'elle n'avoit qu'une
muraille sèche; mais il y avoit de bons bastions et
trois demi-lunes de terre, lesquels, les uns et les
autres, étoient fraisés et bien palissades, avec un bon
fossé-. Outre cet avantage, elle étoit presque environ-
les dictionnaires du xviii^ siècle. Littré, qui le définit : terme
populaire, conte, tromperie, en cite un exemple de Saint-
Simon.
1. Il était brigadier des armées impériales.
2. Le général Pelet [Mémoires militaires, p. 85) donne des
fortifications de Marchiennes une description conforme.
160 MÉMOIRES [Juillet 1712]
née de marais impraticables; ainsi, il n'est pas éton-
nant que les troupes aux ordres du comte de Broglie
eussent été repoussées avec une grande perte. Il y a
dans la ville une abbaye de bénédictins qu'on prétend
avoir été fondée par une fille du grand Glovis. Elle
est regardée comme sainte^; ses reliques sont dans
une châsse magnifique, exposée dans l'église, qui est
assez belle.
Le maréchal de Villars, ayant été informé du mal-
heur qui venoit d'arriver, envoya sur-le-champ le
maréchal de Montesquiou, avec du canon et six bri-
gades d'infanterie, dont celle de Piémont en étoit
(nous étions de cette brigade), pour en faire le siège
dans les formes. En arrivant, il fit attaquer deux
redoutes qui protégeoient une partie des belandres
qui étoient sur la Scarpe. Nos grenadiers s'en ren-
dirent les maîtres, et ils firent prisonniers les cent
trente hommes qui les défendoient.
Le 27, je fus commandé à la tète de cent travail-
leurs, et avec beaucoup d'autres, pour ouvrir la tran-
chée. Mais nous ne trouvâmes point d'outils pour ce
travail : ainsi, on nous renvoya dans notre camp.
Apparemment qu'on avoit oublié qu'il en falloit pour
ouvrir la tranchée. Gela peut être; car il y avoit si
longtemps que nous avions fait des sièges, que nous
1. Déjà dit tome II, p. 341. Cette abbaye ne fut fondée que
vers 643 par un seigneur nommé Adalbaud et par sa femme
Rictrude, qui en fut la première abbesse. Placée sous la règle
de saint Coluraban, elle comprenait, comme Fontevraud, deux
monastères, l'un d'hommes, l'autre de femmes, sous la direc-
tion d'une abbesse. Cet état de choses subsista jusqu'au
xi*^ siècle, époque à laquelle l'ordre de Saint-Benoît s'y établit.
[Juillet i712] DU CHEVALIER DE QUINCY. 161
ne savions comment il falloit commencer. Le lende-
main 28, nous nous rendîmes, les mêmes travailleurs,
pour le même sujet, à l'entrée de la nuit. La tranchée
fut donc ouverte la nuit du 28 au 29. M. de Villars,
chef des ingénieurs et brigadier des armées du Roi',
fut tué avec trois autres ingénieurs, dans le temps qu'ils
observoient tous quatre ensemble le terrain où nous
devions ouvrir la tranchée; je venois de lui parler.
Le même boulet les envoya tous quatre dans l'autre
monde. Cette mort occasionna le bruit qui se répan-
dit dans l'armée ennemie que le maréchal de Villars
avoit été tué. Pendant que nous poussions nos tran-
chées, on travailla en même temps à élever plusieurs
batteries, où l'on mit vingt pièces de canon de vingt-
quatre livres de balles. Elles se trouvèrent en état de
tirer le lendemain au matin, et elles ne discontinuèrent
point de tirer pendant tout le jour.
Le lendemain 30, au soir, le maréchal de Villars
étant arrivé à notre camp avec douze bataillons, et
ayant fait la disposition pour donner un assaut géné-
ral, il fit sommer auparavant le commandant de se
rendre, ce qu'il fit, lui et les troupes qui composoient
sa garnison, prisonniers de guerre. On leur permit de
sortir tambour battant avec leurs drapeaux et leurs
étendards, mais à condition qu'ils les rendroient,
aussi bien que leurs armes, à cinquante pas de Mar-
chiennes. Cette garnison fut conduite à Valenciennes^.
On trouva dans Marchiennes soixante pièces de
1. Villars-Lugein, qui avait, en 1706, succédé à Lapara dans
la conduite du siège de Barcelone.
2. Gazette, p. 394-395; Sourches, p. 463-464; Mémoires
militaires, p. 86, avec le texte de la capitulation, p. 508-509.
m 11
462 MÉMOIRES [Juillet 1712]
gros canon et quarante pièces de campagne, cent
quatorze belandres chargées de toutes sortes de muni-
tions de guerre et de bouche et de beaucoup de
marchandises. 11 y avoit une si grande quantité de
boulets, de poudre, de bombes, de grenades, de car-
casses et de toutes sortes d'outils, que cela mit le
maréchal de Villars en état de faire les trois sièges
que nous fîmes. On y trouva aussi beaucoup de cais-
sons et leurs chevaux, et tant de fromages de Hol-
lande, que nos soldats jouoient à la boule avec, et
ils en donnoient un pour une prise de tabac. L'air en
étoit pour ainsi dire infecté. Depuis ce temps, ce
fromage me répugne; je n'en puis manger. Quinze
cents mariniers ou matelots y furent aussi faits pri-
sonniers.
Dès le soir même, le maréchal de Villars, voulant
profiter de ses avantages et de l'éloignement de l'ar-
mée du prince Eugène, qui ne leva le siège de Lan-
drecies que ce même jour 29, tint conseil avec le
maréchal de Montesquiou et les officiers généraux qui
se trouvèrent alors à Marchiennes. Malgré le sentiment
unanime de ces Messieurs et du maréchal de Montes-
quiou même, il résolut de faire le siège de Douay ^
Le lendemain 30, nous apprîmes par M. de Montes-
quiou que ce n'étoit nullement son avis; car, comme
il passoit devant le régiment, notre colonel lui demanda
1. Ce n'était pas non plus l'avis de la cour : par une lettre
du 28 juillet [Mémoires militaires, p. 88-89), Louis XIV enga-
geait V^illars à aller se poster à Quiévrain, avec sa cavalerie
et quatre-vingts bataillons, pour couper les communications
du prince Eugène avec Mons, d'où il tirait des vivres et des
munitions pour le siège de Landrecies.
[Juillet 1712] DU CHEVALIER DE QUINCY. 163
s'il n'y avoit rien de nouveau : le maréchal lui répon-
dit que nos affaires alloient fort bien, mais qu'il crai-
gnoit que M. de Villars ne les gàtàt pour vouloir trop
entreprendre, qu'il s'opiniàtroit lui seul à vouloir
faire le siège de Douay*. Non seulement notre général
fit ce siège, mais encore ceux du Quesnoy et de Bou-
chain. Quittons un moment notre armée pour parler
de celle de l'ennemi.
Le prince Eugène, n'ayant pu secourir les troupes
qui composoient le camp de M. d'Albemarle à Denain,
prit le parti de vouloir ou de feindre de continuer le
siège de Landrecies. Il se mit en marche, le lendemain
de la disgrâce qui lui étoit arrivée à Denain, pour s'ap-
procher de cette place ; il mit la droite de son armée
au Grand-Sart et sa gauche à Poix^, dont il fit son
quartier général. Poix étoit sur l'Escalion : ainsi il
faisoit face au Quesnoy, et il avoit derrière lui la forêt
de Mormal. Il prétendoit tirer ses munitions de guerre
et de bouche de Mons ; mais, ses soldats ayant man-
qué de pain pendant six jours (le pain de munition
valoit trois livres dans son armée), il prit enfin le
parti de lever le siège le 29. Cependant il ne partit
de ce camp que le 2 août pour aller camper à Tais-
nières^, au delà de Bavay ; le 3, à Beliant^, en deçà de
1. Voyez l'écho de ces mécontentements dans une scène que
racontent les Mémoires de Villars, t. III, p. 162-163.
2. Le Grand-Sax't est un hameau de la commune de Comme-
gnies, à six ou sept kilomètres nord-est du Quesnoy; Poix est
à mi-chemin entre cette place et Landrecies.
3. Taisnières-sur-Hon, arrondissement d'Avesnes, canton
de Bavay.
4. Beliant ou Belion, hameau de la commune belge de Mes-
vin, à quatre kilomètres de Mons.
164 MÉMOIRES [Août 1712]
Mons ; le 4, à l'abbaye de Cambron^ où il séjourna;
le 6, à Leuze; le 7, près de Tournay, où il passa
l'Escaut; le 8, à Seclin, où il resta jusqu'au 12,
Parlons des mouvements que nous fîmes pendant
ce temps-là, et de ce qui me regarde. Le 4, je fus
détaché à la tête de cinquante hommes pour la garni-
son de Marchiennes, où je restai trois jours aux ordres
de M. de Greny^, capitaine au régiment de Navarre,
qui y commandoit. G'étoit un bon officier, dont le
maréchal de Villars faisoit beaucoup de cas. Le lende-
main que je fus arrivé dans cette ville, j'eus ordre,
dès le matin, de suivre à la tête de cent hommes un
commissaire des guerres. Il me conduisit dans la mai-
son où avoit logé le trésorier général des troupes
hoUandoises. On avoit fait entendre au maréchal de
Villars qu'il y avoit cinq ou six millions cachés dans
cette maison^. Le commissaire s'étoit muni d'une
baguette de coudre. Après avoir fait renverser la mai-
son, il mit sa baguette sur le puits, la baguette tourna
sur-le-champ ; ainsi il fallut employer tous mes soldats
à vider le puits : nous n'y trouvâmes rien. Ensuite,
Monsieur le commissaire ayant mis sa baguette sur
les lieux de commodité, malheureusement cette chienne
de baguette tourna : il fallut donc encore les vider
entièrement. Quel travail, grand Dieu! On doit pré-
1. Abbaye cistercienne fondée au xii^ siècle dans le Hainaut
français, à trois lieues nord-ouest de Mons.
2. Tome II, p. 341.
3. « On disoit qu'il y avoit deux millions en espèces desti-
nés pour le payement des troupes et cent mille pistoles desti-
nées pour le payement de l'artillerie, mais qu'on n'avoit point
encore tx'ouvé cet argent, et qu'on soupçonnoit que les assiégés
l'avoient jeté dans la rivière » [Mémoires de Sourc/ies,p. 444).
[Août 1712] DU CHEVALIER DE QUINCY. 165
sumer que nos pauvres nez n'étoient pas à leurs aises ;
car certainement nous n'étions pas dans les jardins de
la déesse Flore, ni dans ceux de Provence. Peines inu-
tiles, nous ne trouvâmes rien. Nos soldats maudissoient
et Monsieur le commissaire et sa diable de baguette^.
Le 7 août, les troupes qui avoient fait le siège de
Marchiennes se mirent en marche pour aller joindre
notre armée, qui étoit, depuis le 31 juillet, campée à
Écaillon-, village près d'un marais, où étoit le quar-
tier général du maréchal.
Le lendemain 8, nous nous approchâmes de Douay,
qui avoit été investi, dès le 31 juillet, par MM. d'Al-
bergotti et de Broglie. Le maréchal de Villars prit son
quartier à Lalaing^, sur la Scarpe, et, deux jours
après, à Hennin-Liétard^. A l'égard de notre brigade,
elle se rendit du côté de Vitry, bourg situé sur la
Scarpe, au-dessus de Douay ^.
Les alliés avoient été si fort persuadés que jamais
de cette guerre nous ne serions en état de faire le
1. La croyance aux qualités divinatoires de la baguette de
coudrier ou de noisetier était encore très répandue au
xvni® siècle; on s'en servait pour découvrir les mines, les
sources et les trésors cachés, et même les voleurs et les assas-
sins. Le phénomène de la rotation ou de l'inclinaison de la
baguette était généralement admis, et l'on cherchait à l'expli-
quer par des causes naturelles. On peut voir à ce propos le
curieux article du Dictionnaire de Trévoux, au mot baguette,
et V Encyclopédie de Diderot et d'Alembert , Amusement des
SCIENCES, p. 267-269.
2. Dans le canton de Douay, entre cette ville et Valenciennes.
3. A mi-chemin environ entre Douay et Marchiennes.
4. De l'autre côté de Douay, dans la direction de Lens.
5. Vitry-en-Artois ou Vitry-sur-Scarpe, sur la route d'Arras,
à huit kilomètres environ de Douay : ci-dessus, p. 11.
i66 MÉMOIRES [Août 1712]
siège de Douay, qu'ils avoient négligé de raser leurs
lignes de circonvallation, dont nous nous servîmes
d'une bonne partie, ce qui diminua de beaucoup nos
travaux. Nous nous servîmes des lignes que les enne-
mis avoient élevées depuis Brebières, sur la Scarpe,
au-dessus de Douay, jusqu'à Gœulzin, sur le Molinet^,
et depuis ce dernier village jusqu'à Lalaing, sur la
Scarpe, au-dessous de Douay, ce qui contenoit deux
lieues de terrain. Notre grande attention fut de nous
bien retrancher entre la Scarpe, près du château de
Belleforière^, et le canal qui va de Douay à Lille. Il
étoit à présumer que le prince Eugène nous attaque-
roit de ce côté-là, étant le plus foible. M. de BrogHe
avoit été chargé par notre général de la gauche de
ces retranchements, qui commençoient à Auby, sur
ledit canal, et M. d'Albergotti de la droite des retran-
chements, qui commençoit près de Pont-à-Rache^, vil-
lage situé sur la Scarpe au-dessous de Douay, qui
appartient au prince de Rache^, de la maison de
Berghes-Saint-Winocq, dont la mère de ma seconde
femme étoit ^. Gomme l'entreprise étoit des plus har-
dies de faire un siège aussi considérable que celui de
1. Brebières, en Artois, au sud-ouest de Douay; Gœulzin,
en Flandre, dans le canton d'Arleux, sur le canal de commu-
nication de la Scarpe à la Sensée.
2. Ci-dessus, p. 11.
3. Aujourd'hui Radies, à cinq kilomètres nord-est de Douay.
Cette terre, érigée en principauté par le roi Charles II d'Es-
pagne en 1681, le fut à nouveau par Louis XIV en avril 1701.
4. Philippe-Ignace de Berghes-Saint-Winocq, devenu prince
de Rache par son mariage, en 1683, avec .Marie-Françoise de
Berghes-Zétrud.
5. Tome I, p. 67.
[Août 1712] DU CHEVALIER DE QUINCY. 167
Douay à la barbe d'un prince Eugène, nous ne ces-
sions de travailler jour et nuit à nous mettre en état
de le bien recevoir, d'autant plus que nous apprîmes
qu'il avoit été décidé par les députés de Hollande et
par tous les officiers généraux, dans un conseil de
guerre que ce prince avoit tenu le 1 1 , qu'il t'alloit nous
attaquer dans nos lignes.
Pour mettre en exécution leur projet, l'armée des
alliés décampa le 1 % de Seclin pour venir camper à
Raimbeaucourt ^ dont on fit le quartier général; elle
amenoitavec elle une quantité prodigieuse de fascines,
de gabions, de claies, et cinquante-cinq pièces de gros
canon. Elle avoit sa droite appuyée à Épinoy% et sa
gauche s'étendoit jusqu'à l'abbaye de Flines, près de
Pont-à-Rache. 11 y avoit de la droite à la gauche trois
heues.
L'approche de l'armée ennemie de ce côté-là nous
obligea de porter toutes nos forces entre la Scarpe et
le canal de Douay à Lille.
Pendant les quatorze jours que le prince Eugène
resta dans ce camp, il se rendoit presque tous les
jours avec un gros détachement, tantôt vis-à-vis notre
droite, tantôt vis-à-vis notre gauche, et tantôt vis-à-vis
notre centre. Nous étions dans un mouvement conti-
nuel, et le jour et la nuit, ce qui nous fatiguoit extrê-
mement; mais, comme nous comprenions tous que
ces marches et contremarches étoient absolument
nécessaires, nous supportions les fatigues avec plaisir.
Malgré le voisinage de l'armée ennemie, on tra-
1. Nord, arrondissement et canton de Douay.
2. Hameau de la commune de Carvin, sur la route de Lille
à Lens,
168 MÉMOIRES [Août 1712J
vailloit vivement aux préparatifs pour l'ouverture de
la tranchée. Il avoit été décidé que le maréchal de
Montesquiou auroit le détail du siège, qu'on attaque-
roit le fort de Scarpe en même temps que la ville (ce
que les alliés n'avoient pas fait), qu'il y auroit un lieu-
tenant général et un brigadier pour l'attaque de la
ville, et un maréchal de camp pour le fort.
Douay. — La ville de Douay^ est située sur la
rivière de la Scarpe, qui la traverse. Elle est très
ancienne; elle avoit autrefois ses seigneurs particu-
liers ; mais, par la suite des temps, elle a été réunie
avec la ville de Lille sous un même corps d'État^. C'est
présentement une des plus fortes places de la Flandre ;
on peut presque l'environner par l'inondation ; elle
est protégée par le fort de Scarpe, qui en est éloigné
d'un petit quart de lieue. Les ennemis avoient beau-
coup augmenté les fortifications depuis la conquête
qu'ils en avoient faite. Il y a à Douay une célèbre
université^ où beaucoup d'étrangers viennent, non seu-
lement pour y faire leurs études, mais pour apprendre
la langue françoise. Cette ville avoit été cédée à la
France par le traité d'Aix-la-Chapelle fait en 1668;
Louis XIV s'en étoit emparé l'année d'auparavant.
1. Lorsque notre auteur a parlé de Douay, à l'occasion de
la prise de la ville par les alliés en 1710 (ci-dessus, p. 9 et
suivantes), il n'en a pas donné de description.
2. Pendant le xvn'' siècle, la gouvernance de Douay faisait
en effet partie de celle de Lille; c'était un même corps, divisé
en deux, qui avait pour chef le gouverneur de Lille. Une
ordonnance de 1693 érigea en offices héréditaires les charges
de la gouvernance de Douay et établit l'autonomie de ce tribunal.
3. Fondée en 1562 par le pape Paul IV et le roi d'Espagne
Philippe IL
[Août 1712] DU CHEVALIER DE QUINCY. 169
Il y avoit dans la ville neuf bataillons et deux cents
chevaux, et cinq cents fantassins dans le fort de Scarpe,
le tout aux ordres de M. Hompesch, qui en étoit gou-
verneur, officier général de réputation.
Tout étant préparé pour l'ouverture de la tran-
chée, elle fut ouverte, la nuit du 15 au 16 août', par
le marquis d'Alègre, avec quatre bataillons du régiment
des gardes françoises, fort près de la ville, à deux
endroits différents : l'un, vis-à-vis la porte de Notre-
Dame, près de la Justice (cette justice relève d'Oisy;
les magistrats de Douay sont obligés tous les ans de
venir présenter une lance de bois, par rapport à cette
justice, aux comtes d'Oisy)'^, et l'autre, vis-à-vis la
porte Saint-Éloy. On fît une parallèle qui communi-
quoit de l'une à l'autre. Les ennemis s'en aperçurent
dans le moment. Il faisoit un très beau clair de lune;
nous perdîmes beaucoup d'officiers et beaucoup de
soldats. Le chevalier des Touches ^ homme des plus
aimables, qui commandoit l'artillerie, fut blessé si
dangereusement, qu'il ne fut pas en état de servir le
reste de la campagne^. M. de Mimeure, maréchal de
1. C'est au soir du 14 août que la tranchée fut ouverte
[Gazette, p. 442; Mémoires de Villars, t. III, p. 163; Mémoires
militaires, p. 103; Histoire militaire, p. 80).
2. La terre d'Oisy avait été, au moyen âge, le fief de la
branche cadette des anciens châtelains de Douay, et ces cadets
avaient eu en partage la suzeraineté de la terre de l'Escar-
pelle, dans la banlieue de Douay; le prévôt de cette ville leur
devait hommage pour cette terre. La suzeraineté passa à
leurs successeurs seigneurs d'Oisy (Brassart, Histoire du châ-
teau et de la c/idtellenie de Douay, t. I, p. 62).
3. Tome II, p. 74.
4. Il fut blessé, par un boulet de canon, à la partie exté-
rieure de la cuisse [Sourches, t. XIII, p. 478).
170 MÉMOIRES [Août 1712]
camp\ ouvrit en même temps la tranchée devant le
fort de Scarpe, à la tête du premier bataillon de
Picardie et de huit compagnies de grenadiers.
La^ nuit du 16 au 17, M. de Saint-Frémond releva
la tranchée de la ville avec les deux bataillons des
gardes suisses et les deux de Royal-Roussillon. L'on
fit trois boyaux : le premier tirant vers la porte de
Notre-Dame, le second vers la demi-lune, et le troisième
vers la porte de Saint-Éloi. Le comte de Ghoiseul releva
la tranchée devant le fort de Scarpe avec trois compa-
gnies de grenadiers et le second bataillon de Picardie.
La nuit du 17 au 18, la tranchée fut relevée devant
la ville par un bataillon des gardes de l'électeur de
Cologne, un des gardes de l'électeur de Bavière et
deux d'Alsace, aux ordres de M. d'Albergotti, et devant
le fort de Scarpe par le prince Charles, avec le troisième
bataillon de Picardie et trois compagnies de grenadiers.
La nuit du 18 au 1 9, la tranchée fut relevée par les
trois bataillons de Navarre et les deux de Bourbon^,
aux ordres du marquis d'Hautefort, et devant le fort,
par M. de Rothe^, avec deux bataillons de Piémont et
toujours trois compagnies de grenadiers.
1. Jacques-Louis de Valon, marquis de Mimeure, aide de camp
du duc de Bourgogne en 1702, maréchal de camp depuis 1709.
2. Cette sorte de journal du siège est conforme au récit de
V Histoire militaire, p. 80-81; on pourra comparer les corres-
pondances très détaillées de la Gazette de France, p. 418-480
passim, et, au point de vue des assiégés, le journal tenu par
le baron de Honstein, aide de camp du général Hompesch, et
reproduit dans la Gazette cV Amsterdam, n° lxxvi.
3. Levé en 1635 par le duc d'Enghien, il appartint jusqu'à la
Révolution aux princes de la maison de Condé.
4. Ci-dessus, p. 27.
[Août 1712] DU CHEVALIER DE QUINCY. 171
La nuit du 19 au 20, la tranchée fut relevée par les
trois bataillons de Champagne et les deux de Bour-
gogne, aux ordres du marquis d'Avaray^. Gomme
j'étois de piquet, je fus détaché du régiment, à la tête
de cent hommes, dans un boyau sur la gauche, afin
de fortifier et de soutenir ce côté -là, qui étoit un
peu en l'air en cas que les ennemis eussent fait une
sortie; mais il y avoit si peu de troupes dans cette
place, par rapport à sa grandeur, qu'ils n'en avoient
pas plus qu'il leur en falloit pour faire le service de
la place. Ainsi notre tranchée se passa tranquille-
ment, pendant laquelle on travailla à une batterie de
vingt pièces de canon de quatre Uvres de balles, six
de seize et une batterie de dix-sept mortiers, et on
acheva la communication des tranchées de la ville au
fort, dont la tranchée fut relevée par le marquis de
Nangis avec le troisième bataillon de Piémont et le
premier de Royal-Marine^.
La nuit du %0 au M , les deux bataillons de Bour-
bonnois^, les deux de Greder* et un de la Marck^
1. Claude-Théophile de Béziade, marquis d'Avaray (1655-
1745), avait d'abord commandé un régiment de dragons et
était lieutenant général depuis 1704. Il devint ambassadeur en
Suisse en 1715 et reçut l'ordre du Saint-Esprit en 1739.
2. Créé en 1670 pour le service des vaisseaux, ce régiment
fut bientôt affecté à celui de terre. Son colonel, en 1712, était
M. Desmaretz de Châteauneuf, second fils du contrôleur général.
3. Le second des six petits vieux corps.
4. Ce corps, qu'on appelait Greder-Allemand pour le distin-
guer du régiment suisse de même nom, avait été levé par le
landgrave de Fiirstenberg et était passé à la solde de la
France en 1670. Maurice de Saxe le commanda en 1720,
5. Formé en 1680 sous le nom de Konigsmark, il fut com-
mandé de 1693 à 1780 par des colonels du nom de la Marck.
172 MÉMOIRES [Août 1712]
relevèrent la tranchée, aux ordres du comte d'Estaing
devant la ville, et, devant le fort, le duc de Mortemart
avec les deux bataillons d'O'Brien'.
Jusqu'à ce jour, nous avions avancé nos tranchées
très facilement, et nous les avions poussées aussi loin
qu'elles pouvoient être poussées devant la ville ; mais
les ennemis nous arrêtèrent pendant quelques jours,
ayant lâché les écluses dont les eaux inondèrent nos
tranchées^. Il fallut donc en faire écouler les eaux. A
l'égard du fort, la tranchée fut poussée jusqu'à l'avant-
fossé. Ce jour-là, on jeta un pont sur la Scarpe pour
ouvrir une tranchée sur la rive gauche de cette rivière,
afin d'y établir une batterie de dix pièces de canon
pour battre à revers l'avant-chemin couvert du fort
et une redoute située entre les deux chemins couverts
du fort.
La nuit du 21 au 221, les quatre bataillons du régi-
ment du Roi et un de Royal-Comtois ■^ relevèrent la
tranchée, aux ordres du marquis de Sailly, devant la
ville, et, devant le fort, M. de Lessart* avec deux
bataillons de Royal. M. de Lessart fît attaquer l'avant-
chemin couvert du fort de Scarpe, d'où nos troupes
chassèrent les ennemis.
1. Régiment irlandais formé en 1690; ses colonels succes-
sifs furent toujours des Anglais ou des Irlandais.
2. Ils ouvrirent seulement les écluses de la gauche de l'at-
taque [Histoire militaire, p. 81).
3. Ce régiment avait été créé en 1674, après la conquête de
la Franche-Comté, et donné d'abord à un BaufFremont.
4. Charles-Emmanuel de Colin de Lessart, d'abord colonel
de cavalerie, avait servi à ce titre en Italie et en Espagne;
nommé maréchal de camp le 29 mars 1710, il avait été désigné
pour l'armée de Flandre.
[Août 1712] DU CHEVALIER DE QUINCY. 173
La nuit du 2^ au 2l3, le troisième bataillon du régi-
ment Royal, les deux de Royal-Marine et le bataillon
de Royal-Italien ' relevèrent la tranchée aux ordres
du comte de Saillant^ devant la ville, et les deux de
Poitou^ devant le fort, aux ordres du duc de Ghaulnes*.
Ce jour-là, on s'empara du second chemin couvert et
de la demi-lune qui étoit entre les deux chemins cou-
verts du fort.
La nuit du 33 au 24, les deux bataillons de Greder-
Allemand, un de Belsunce ' et les deux de Solre rele-
vèrent la tranchée de la ville aux ordres du duc de
Guiche, et, devant le fort, les deux de Boulonnois^,
aux ordres de M. de Silly^.
Ce même jour 23, je fus commandé à la tète de
cent hommes pour travailler pendant la nuit du 23
au 24 à la seconde parallèle devant la ville. Ou y fît
une batterie de seize pièces de canon, dont dix étoient
de vingt-quatre livres, et six de seize.
1. Régiment levé en Piémont en 1671 par M. de Magalotti.
2. Jean-Philippe d'Estaing, comte de Saillant, était lieute-
nant général depuis 1704, et, depuis 1710, lieutenant-colonel
du régiment des gardes françaises, où il avait eu une compa-
gnie dès 1689.
3. Ce régiment avait pour origine un corps levé en 1585 par
Charles de. Choiseul; il portait le nom de Poitou depuis 1682.
4. Il portait aupai'avant le titre de vidame d'Amiens : t. II,
p. 363.
5. Levé en 1695, ce régiment avait pour colonel depuis
1704 le chevalier de Belsunce; il fut licencié en 1714.
6. Créé en 1684, il était commandé par Louis-Alexandre
Verjus, comte de Crécy.
7. Jacques-Joseph-Vipart, marquis de Silly (1671-1727).
Saint-Simon a raconté [Mémoires, éd. Boislisle, t. XII, p. 190-
192) par suite de quelles circonstances il avait été fait briga-
dier en 1702.
174 MÉMOIRES [Août 1712]
La nuit du 24 au 25, les deux bataillons de Poitou,
deux de Lyonnois et un de Beauce relevèrent la tran-
chée devant la ville, aux ordres du prince de Rohan,
el les deux de Limousin devant le fort, aux ordres du
duc de Mortemart.
Ce même jour 25, le prince Eugène, voyant l'im-
possibilité qu'il y avoit d'attaquer nos retranche-
ments, décampa de Raimbeaucourt, après avoir resté
quatorze jours dans ce dernier camp * ; il avoit fait
mettre auparavant le feu aux gabions, aux fascines et
aux claies qu'il avoit fait apporter pour nous attaquer.
La veille, il avoit fait partir son artillerie et les gros
et les menus équipages de son armée. Ainsi nous
continuâmes le siège de Douay avec toute la tran-
quillité possible. Notre brigade étoit venue camper
depuis six jours près du château de Belleforière, qui
étoit, comme on doit le remarquer ci- dessus, le côté
le plus foible de nos lignes.
Malgré l'occupation dans laquelle étoit le maréchal
de Villars, non-seulement par rapport au siège de
Douay, mais aussi par rapport aux mouvements qu'il
faisoit faire à l'armée, afin de n'être point surpris par
son ennemi, il ordonna à M. Pasteur, fameux partisan %
de faire une course du côté de la Hollande, en repré-
sailles de celle qu'avoit faite M. de Growestein^.
1. \J Histoire militaire (p. 83) dit le 26 août, ainsi que la
Gazette (ï Amsterdam, n° lxx.
2. Il s'appelait Pasteur ou Jacob; c'était un homme de for-
tune, d'origine wallonne, qui commandait un régiment de dra-
gons [Mémoires de Sourches, t. IX, p. 338, et t. XI, p. 124).
Après la paix d'Utrecht, il se retira en France, et eut, le
20 mars 1716, un brevet de maréchal de camp.
3. Ci-dessus, p. 118.
[Août 1712] DU CHEVALIER DE QUINCY. 175
Course de M. Pasteur. — IP partit la nuit du 23
au 24; il pénétra jusqu'à l'île de Tolen^, qui est de la
Zélande, dont il fit piller la ville ; il fit contribuer tous
les pays entre la Basse-Meuse et le Bas-Escaut, il
enleva soixante-dix otages.
Le prince Eugène, étant informé de cette course,
fit partir soixante escadrons, aux ordres d'un lieutenant-
général, afin de tâcher de couper M. Pasteur dans sa
retraite; mais la diligence avec laquelle il marcha fut
inutile. Le partisan françois arriva à Namur sain et
sauf, aussi bien que son détachement, avec ses otages,
un butin considérable et une centaine de chevaux,
dont soixante de carrosse.
La nuit du 25 au 26, les trois bataillons de Dauphin
et les deux de Vaudrey^ relevèrent la tranchée devant
la ville, aux ordres de...^ et, devant le fort, le cheva-
lier de Montmorency avec les deux bataillons de
Royal-Roussillon^.
Prise du fort de Scarpe. — La nuit du 26 au 27,
les deux bataillons du Maine *^, les deux de Bacqueville^
1. Gazette d'Amsterdam, n°^ lxx et lxxi ; Mémoires de Sour-
c/ies, t. XIII, p. 489-490; Mémoires militaires, p. 105-100;
Histoire militaire, p. 84.
2. Formée par deux bras de l'Escaut; la ville principale
s'appelle aussi Tolen.
3. Il n'y avait pas de régiment de Vaudrey au siège de Douay,
ni même aucun colonel de ce nom à cette époque.
4. Ce nom est resté en blanc dans le manuscrit.
5. Ce régiment, levé par le cardinal Mazarin en Roussillon
et en Catalogne, en 1657, s'appela d'abord Catalan-Mazarin.
0. Ce corps, créé en 1625 et appelé d'abord Maréchal de
Turenne, fut donné en 1675 au duc du Maine et prit son nom.
7. Commandé par Jean-François Boy vin, marquis de Bac-
queville, il devint Vexin en 1762.
176 MÉMOIRES [Août 1712]
et un de Bigorre relevèrent la tranchée aux ordres de
M. de Puységur. A l'égard du fort, sur les six heures
du soir du 27, le commandant, à qui nous avions ôté
la communication avec la ville, voyant que la brèche
étoit très praticable, et craignant avec raison d'être
emporté d'assaut, fit battre la chamade. Il se rendit,
lui et sa garnison, prisonniers de guerre. Celle-ci fut
conduite à Gambray^
Après la prise du fort, on ouvrit sur-le-champ les
écluses, afin de faire écouler les eaux de nos tran-
chées, la nuit du 27 au 218.
Le lendemain 28, notre armée fit un mouvement;
les troupes, qui étoient campées dans la plaine de Lens,
passèrent la Scarpe, pour aller camper dans la plaine
de Lewarde^. Notre brigade décampa aussi de près
du château de Belleforière, afin d'aller couvrir Lewarde,
dont le maréchal de Villars venoit de faire son quar-
tier général. Nous restâmes dans ce camp jusqu'à
notre départ de devant Douay.
La nuit du 28 au 29, la tranchée fut relevée par
les trois bataillons de la Reine et les deux de Lionne ^,
aux ordres de M. de Goesbriand. Pendant cette nuit,
les tranchées ayant été conduites jusqu'au fossé de
l'avant-chemin couvert du côté de la porte de Notre-
Dame, on passa le fossé, et, malgré le grand feu des
1. Sur la prise du fort de Scarpe, on peut voir les Mémoires
de Villars, p. 165-166, Y Histoire militaire, p. 83, les Mémoires
militaires, p. 104, et le n° lxxi de la Gazette (V Amsterdam,
d'après une lettre venant du camp du maréchal de Villars.
2. Sur la route de Douay à Bouchain, à sept kilomètres de
la première ville.
3. C'est le régiment de Beaujolais, commandé depuis no-
vembre 1710 par Charles-Hugues, comte de Lionne.
[Août 1712] DU CHEVALIER DE QUINCY. 177
assiégés, on se logea sur ie glacis à droite et à gauche.
Le logement y étant fait, on travailla à une batterie
de vingt pièces de canon. Nous perdîmes dans cette
action M. de Glisson^ capitaine aux gardes françoises,
et M. de Louvain, commandant la colonelle du régi-
ment Royal-artillerie, qui furent tués. Il y eut deux
cents hommes tant tués que blessés^.
Depuis le 29 jusqu'au 31 août, on perfectionna nos
deux batteries qui étoient dans la seconde parallèle
et à celle vis-à-vis la porte Saint-Éloi. Toutes nos
batteries se firent entendre le 31 , et elles renversèrent
la redoute qui étoit entre les deux chemins couverts.
La tranchée avoit été relevée, la nuit du 29 au 30,
par les deux bataillons de Limousin, les deux de
Boulon nois, et par un de Solre, aux ordres du mar-
quis de Silly; la nuit du 30 au 31 , par les trois batail-
lons des Vaisseaux et les deux d'Agenois, aux ordres
de M. de Goigny. On s'empara ce jour-là de la redoute
qui étoit entre les deux chemins couverts, et on fit
deux batteries, de six pièces de canon chacune, pour
battre une demi-lune et deux lunettes qui étoient
aussi entre les deux chemins couverts et qui les
protégeoient.
Je m'étois logé à Lewarde, qui étoit, comme il a
été dit, le quartier général. J'appris, le lendemain, que
les fourriers de l'armée marquoient toutes les maisons
1. « Gentilhomme de Poitou; un des plus valeureux hommes
de son siècle, dit l'annotateur des Mémoires de Sourches, t. XIII, ■
p. 490. Il auroit été à souhaiter que beaucoup d'officiers eussent
un peu de la trop grande envie qu'il avoit de voir des
actions. »
2. Gazette, p. 468.
III 12
178 MÉMOIRES [Août 1712]
occupées par les officiers particuliers. La crainte que
j'eus d'être délogé me fit imaginer de faire mettre
l'étui de ma basse de viole dans mon lit entre les
deux draps. J'en coiffai le haut du manche de mon
bonnet de nuit; j'ordonnai ensuite à mes valets de dire
à Messieurs les fourriers qu'il y avoit un officier cou-
ché dans ce lit, qui étoit attaqué de la petite vérole.
Mes domestiques exécutèrent mes ordres si parfaite-
ment bien, que le mot de petite vérole les fit fuir de
ma chambre aussi promptement que s'ils avoient eu le
feu au derrière. Par ce stratagème, je restai tranquil-
lement dans mon logement jusqu'à notre départ pour
aller camper à Denain.
La nuit du 31 août au P"" septembre, la tranchée
fut relevée par le bataillon de la Sarre, deux de Per-
rin^ et deux du Prince-ÉlectoraF, aux ordres du mar-
quis de Gonflans; la nuit du 1®' septembre au 21, par
les deux bataillons de la Fère, deux de Lorraine et
celui de Saint-Second, aux ordres du marquis de la
Vallière; la nuit du 2 au 3, par les trois bataillons de
Villars-suisse^ et par les deux de Greder, aux ordres
du comte de Groissy; la nuit du 3 au 4, par'^
1. Levé en 1691 par le maréchal de Noailles, ce régiment
avait pour colonel en 1712 Joseph Perrin de Brichambault.
2. Régiment bavarois.
3. Le comte d'Erlach avait levé ce régiment en Suisse, en
1672, pour le compte de Louis XIV; il était commandé depuis
1701 par Charles de Villars-Chandieu.
4. \J Histoire militaire ne donne plus le journal de la tran-
chée à partir du 22 août; notre auteur se sert donc de ses
notes personnelles, et elles lui ont sans doute manqué pour
la nuit du 3 au 4 septembre ': d'où le blanc qui existe ici dans
le manuscrit.
[Sept. 1712] DU CHEVALIER DE QUINCY. 479
Le lendemain 4, je reçus de grand matin, par un
exprès, une lettre de la dame de Bruxelles \ par laquelle
elle me mandoit qu'elle venoit d'arriver de Paris à
Gambray, à la Poste, qu'elle me prioit de venir dinar
avec elle; qu'elle partoit de cette ville sur les cinq
heures du soir, pour aller coucher à Mons, ses affaires
l'obligeant de se rendre au plus vite à Bruxelles. Je
ne perdis point de temps à me rendre auprès d'elle ;
je la trouvai plus aimable que jamais. Le diner fut
très gai; elle me fît bonne chère. Nous restâmes
ensemble jusqu'à six heures du soir. L'ayant conduite
dans sa chaise de poste, elle partit pour le Brabant,
et moi, je remontai à cheval pour m'en retourner à
Lewarde.
En sortant de Gambray, je retrouvai deux capi-
taines du régiment qui s'y en retournoient aussi.
Lorsque nous eûmes fait une lieue, nous trouvâmes
un vivandier du régiment qui venoit de l'armée. Il
nous apprit que notre brigade étoit décampée de
Lewarde, avec d'autres troupes, aux ordres du comte
de Groissy, pour se rendre dans le camp de Denain :
ainsi, il fallut déranger notre marche et passer assez
près de Bouchain. Lorsque nous eûmes passé le pont
qui étoit établi sur le Genset,au bac d'Aubencheul, nous
aperçûmes un cavalier bavarois. Un de mes camarades
nous dit : « Je vais vous donner la comédie. » Et, sur-
le-champ, il s'avance sur le Bavarois, le pistolet à la
main, en lui criant : « Qui vive? » Le cavalier lui répond:
« Vive France! » — « Gomment, vive France? » lui
répliqua vivement mon camarade, et alors il fit sem-
1. Tome 11, p. 327-330.
18Ô MÉMOIRES [Sept. 171-2]
blant de vouloir le tirer. Le Bavarois, nous prenant
pour des Hollandois, donne des deux à son cheval, et,
en moins de rien, il fut rejoindre sa troupe, qui étoità
trois cents pas de là. La retraite précipitée du cavalier
nous donna occasion de bien rire.
Nous n'arrivâmes à Denain qu'à onze heures du
soir, assez fatigués, surtout ma personne du bon dîner
que m'avoit donné la dame de Bruxelles. Nous trou-
vâmes le régiment campé dans le camp même d'où
les ennemis avoient été chassés. Nos tentes étoient au
milieu des corps morts, dont la plus grande partie
étoit à moitié enterrée. On voyoit des tètes, des bras
et des jambes qui sortoient de terre. Ce spectacle
étoit d'autant plus affreux, que c' étoit une infection
des plus insupportables. Nous y restâmes trois jours.
Cette puanteur et la fatigue que.j'avois essuyée dans
ma charmante partie de Cambray me donnèrent une
bonne fièvre. Elle ne m'empêcha pas d'écrire une
lettre des plus fortes à mon frère le lieutenant général
de l'artillerie^ en réponse de celle qu'il m'avoit écrite
pour m'apprendre qu'il venoit de vendre sa terre de
Q[uincy], qui étoit dans notre famille depuis plus de
deux cents ans ; elle nous venoit d'un oncle de ma tri-
saïeule^. Mon oncle avoit fait mettre mon frère son
légataire universel^, dans le dessein que son neveu, qui
1. Charles Sevin : tome I, p. 26, note 2.
2. François Sevin, trisaïeul de notre auteur, avait épousé,
en 1555, Antoinette Le Rebours, dame de Quincy-en-Brie
(voyez, au tome I, la Notice préliminaire). C'est elle qui avait
apporté cette terre aux Sevin; peut-être lui venait-elle, en
ell'et, d'un de ses oncles maternels.
3. Tome I, p. 26.
[Sept. 1712] DU CHEVALIER DE QUINCY. 181
paroissoit fort sage et n'avoir aucune passion, ne se
déferoit jamais de cette terre. Il l'avoit préféré à
ses six autres frères, qu'il avoit réduits à leur légitime,
c'est-à-dire à leur patrimoine, sans l'avoir mérité^.
Mais, par malheur pour mon frère, il épousa depuis la
fille d'un financier-. Il est très dangereux à un homme
de condition de faire de ces sortes d'alliances, non seu-
lement par rapport à leur basse naissance, mais aussi
parce que, la fille d'un homme d'affaires étant née
dans une maison oîi la magnificence et la dépense
régnent beaucoup, elle porte l'esprit de prodigalité en
mariage, qui ruine tôt ou tard mon homme, à moins
qu'il ne soit bien sur ses gardes et qu'il ne conserve
une supériorité juste et raisonnable sur sa femme.
C'est ce que mon frère a si fort négligé, qu'il est
mort sans laisser un sol de près de six cent mille francs
qu'il avoit eus de notre oncle, quoiqu'il n'avoit point
de maîtresse et qu'il haïssoit le jeu et la table ^.
Ma fièvre redoublant, je fus obligé de quitter ce
camp empesté de Denain pour aller à Valenciennes.
G'étoit le 8 septembre, jour pendant lequel il s'y fait
une procession solennelle^. J'arrivai dans le temps que
i. Au détriment même de son aîné (tome I, p. 26).
2. Geneviève Pecquot de Saint-Maurice (tome I, p. 69), fille
d'un greffier du Conseil enrichi par les aff'aires de finance.
3. On verra en effet dans l'Appendice, ci-après, § III, par le
contrat de mariage de sa fille et par son inventaire après décès,
que le marquis de Quincy avait dû dissiper toute la succession
de son oncle et tout l'fiéritage de la marquise, sauf son douaire;
car ils ne donnent à leur fille aucun immeuble, rente ou argent
comptant, et il n'est fait nulle mention de valeur quelconque
dans son inventaire.
4. En l'honneur de la fête de la Nativité de la Vierge.
182 MÉMOIRES [Sept. 1712]
toutes les portes étoient fermées. Ainsi, accablé d'un
frisson violent que j'avois, il fallut cependant attendre
deux bonnes heures sur mon cheval que la proces-
sion fût finie. Je fus logé dans une hôtellerie, où il n'y
avoit qu'une seule petite chambre au rez-de-chaussée
de la cour. On y faisoit le jour et la nuit un bruit
insupportable.
Laissons un moment ma fièvre et retournons au
siège de Douay, et parlons des mouvements que firent
et le prince Eugène et le maréchal de Villars. Celui-ci
ayant appris que le général de l'Empereur avoit aban-
donné son camp de Seclin pour s'approcher de Tour-
nay, et qu'il avoit fait passer l'Escaut près de cette
dernière ville à quarante escadrons^ aux ordres du
prince de Hesse-Cassel^, il envoya, le 4, M. de Saint-
Frémond, le comte de Groissy et le comte de Beauvau^
à la tête de quatre brigades de cavalerie et une par-
tie de son infanterie, à Denain, comme j'en ai parlé
ci-dessus^, afin d'être à portée de s'opposer aux des-
seins du prince Eugène ; et, de son côté, il poussa le
siège vivement.
Le 7 septembre, tout étant préparé pour l'attaque
du chemin couvert et des trois lunettes qui le proté-
geoient, il ordonna à M. de Valori de faire les dispo-
sitions nécessaires, après lui avoir fait venir trente
1. Mémoires militaires, p. 107.
2. Tome I, p. 332.
3. Pierre-Madeleine, comte deBeauvau duRivau (1663-1734),
d'abord guidon des gendarmes anglais, avait eu le grade de
brigadier en 1702 et commandé la gendarmerie à Audenarde
et à Malplaquet; il était maréchal de camp depuis 1709, et
devint lieutenant général en 1718.
4. Ci-dessus, p. 180.
[Sept. 1712] DU CHEVALIER DE QUINCY. 183
compagnies de grenadiers à l'entrée de la nuit^ Dès
que le signal, qui étoit de six bombes, fut donné, tous
nos grenadiers, soutenus par les cinq bataillons de la
tranchée, aux ordres du marquis de Vieuxpont et du
prince d'Isenghien, marchèrent rapidement au che-
min couvert et aux trois lunettes. Après un combat
opiniâtre, nos troupes s'en emparèrent malgré le
grand malheur qui leur arriva ; car trois de nos ponts
s'enfoncèrent sur le fossé : ce qui obligea la plus grande
partie de le passer ayant de l'eau jusqu'aux épaules.
Les logements se firent avec une promptitude admi-
rable^. Le maréchal de Villars, qui étoit présent à
cette attaque, persuadé que la ville ne seroit pas long-
temps sans capituler, puisque la brèche au corps de la
place étoit très praticable, laissa M. d'Albergotti pour
en continuer le siège. Il partit de Lewarde le 8 au
matin, le même jour que je m'étois rendu à Valen-
ciennes, et le même jour que M. de Saint-Frémond
avoit passé l'Escaut, avec les troupes qu'il comman-
doit, pour marcher du côté du Quesnoy. M. de Villars,
en arrivant à Denain, apprit, par un exprès que
M. d'Albergotti lui envoya, qu'il s'étoit emparé, depuis
son départ, de la demi-lune : ce qui avoit obligé M. Hom-
pesch de faire battre la chamade; que les otages étoient
donnés de part et d'autre, et qu'il attendoitses ordres^.
1. A trois heures de l'après-midi, disent les relations indi-
quées ci-après.
2. Mémoires de Villars, t. III, p. 168-169; Histoire militaire,
p. 87-88; Mémoires militaires, p. 108-109 et p. 521-522, avec
la lettre officielle du maréchal donnant le compte rendu de
l'action.
3. Gazette de France, p. 480; Gazette d^ Amsterdam, n° lxxvi;
Histoire militaire, p. 88-89; Mémoires militaires, p. 109.
184 MÉMOIRES [Sept. 1712]
Sur-le-champ, M. de Villars rebroussa chemin, et
il se rendit dans la tranchée. Par les articles de la
capitulation que le prince de Hesse-Hombourg, qui
étoit un des otages, apporta au maréchal, M. Hom-
pesch demandoit la même capitulation que les alliés
avoient accordée à M. d'Albergotti. Mais notre général
lui fit dire qu'il ne devoit prétendre à aucune capitu-
lation, à moins qu'il ne se rendît, lui et sa garnison, pri-
sonniers de guerre ; que M. de Marlborough à Bouchain
et le prince Eugène au Quesnoy l'avoient exigé ainsi
des commandants de ces deux places, et qu'il vouloit
suivre en cela l'exemple de ces deux grands hommes.
Les ennemis, voyant l'opiniâtreté de M. de Villars, se
rendirent aux mêmes conditions qui avoient été accor-
dées à M. de la Badie, qui avoit défendu le Quesnoy ^ . Le
10, la garnison fut conduite à Beauvais. Douay ne tint
que vingt-quatre jours de tranchée ouverte; cependant
cette place avoit tenu cinquante-quatre jours, lors-
qu'elle fut défendue par M. d'Albergotti. Mais il est
juste d'excuser M. Hompesch de sa foible défense par
rapport au peu de troupes qu'il avoit pour soutenir
ce siège.
Le maréchal de Villars n'eut pas plus tôt signé la
capitulation, qu'il partit sur-le-champ pour aller joindre
les troupes aux ordres de M. de Saint-Frémond, qui
étoient en marche pour s'approcher du Quesnoy, dont
il fit faire l'investissement. Le prince de Hesse-Cassel,
qui faisoit avec ses troupes l'avant-garde de l'armée
du prince Eugène, ayant appris que les François
1. Le texte de la capitulation de Douay est imprimé dans les
Mémoires militaires, p. 522-523.
[Sept. 1712] DU CHEVALIER DE QUINCY. 185
étoient déjà postés devant cette place, il ne jugea pas
à propos de s'avancer davantage; il s'arrêta, et il atten-
dit que l'armée de ce général l'eut joint. Cette armée
passa le 1 0 la Trouille, et elle alla camper à Beliant, qui
fut le quartier général. La droite fut appuyée à Saint-
Ghislain, et sa gauche aux bois de Malplaquet. Le
prince Eugène avoit fait cette marche dans le dessein
d'arriver plus tôt que nous au Quesiioy, afin d'empê-
cher les François d'en former le siège, ou du moins
d'en retirer la nombreuse artillerie qu'il y avoit laissée.
Il resta dans son camp de Beliant pendant presque
tout le temps que nous fûmes occupés au siège de
cette place.
Pendant les mouvements des deux armées, j'étois
malade à Valenciennes et très mal couché dans mon
hôtellerie. Il y avoit une corde qui étoit attachée au
plancher et qui, traversant l'impériale de mon lit\
venoit jusqu'à la couverture. Je demandai plusieurs
fois pourquoi cette corde ; la réponse en étoit toujours
que c'étoit pour aider un officier des ennemis, neveu
du gouverneur de Tournay, qui avoit reçu un coup
de fusil dans les reins à l'affaire de Denain, à se
mettre sur son séant. On n'eut garde de me dire que
cet officier étoit mort de cette blessure, et qu'il avoit
été enterré le même jour que j'étois arrivé dans cette
hôtellerie. Je n'appris cette triste aventure que quatre
jours après : ce qui, joint au bruit qui m'empêchoit de
dormir, me fit bien vite changer de logement. Je ne
fut paS' plus tôt arrivé à l'autre, que trois capitaines
1. On appelle impériale « le fond (c'est-à-dire le dessus) des
lits d'ange et en housse » [Dictionnaire de Trévoux).
186 MÉMOIRES [Sept. 1712]
de notre régiment, qui étoient tombés aussi malades
à Denain, vinrent se fourrer dans ma chambre ; autre
incommodité plus insoutenable. Il fallut prendre
patience. Une nuit, je ne pouvois attraper le som-
meil; les punaises et les puces m'accablèrent si
fort, que je pris le parti d'aller me coucher sur une
table, entortillé simplement de ma robe de chambre.
J'y dormis huit heures de suite sans me réveiller; mais
le froid que j'avois ressenti sur ce bon lit me donna
une violente cohque, dont le bénéfice me fut si heureux,
qu'il m'ôta entièrement la fièvre. L'appétit me revint
sur-le-champ, et, deux jours après, je me sentis assez
de forces pour aller rejoindre le régiment devant le
Quesnoy. Je trouvai notre armée campée, la droite à
la forêt de Mormal et la gauche à Quiévrain\ conte-
nant trois lieues de terrain. Le quartier général étoit
à Préseau^. Depuis Quiévrain jusqu'à Roisin^, notre
armée étoit couverte par l'Honneau"^, et, depuis Roisin
jusqu'à la forêt de Mormal, nous fîmes un bon retran-
chement, un fossé et avant-fossé. On y travailloit jour
et nuit.
J'arrivai trois jours après que la tranchée fut
ouverte. Elle le fut la nuit du 1 8 au 1 9, à trois endroits,
l'une vis-à-vis de la porte Saint-Martin, l'autre vis-à-
vis de celle de Valenciennes, et la troisième au centre^.
1. Tome I, p. 348-350; à mi-route de Valenciennes et de
Saint-Ghislain.
2. Village du canton de Valenciennes sur la route du Quesnoy.
3. Village aujourd'hui appartenant à la Belgique, dans l'ar-
rondissement de Mons.
4. Petit affluent de la Haine, dans laquelle il se jette un peu
avant que cette rivière ne tombe dans l'Escaut.
5. Dès la première nuit, la parallèle fut poussée à soixante
[Sept. 1712] DU CHEVALIER DE QUINCY. 187
M. d'Ivoyi, officier de réputation, religionnaire frari-
çois, en étoit gouverneur. Il avoit sept bataillons^, une
quantité de milliers de poudre, des bombes, des car-
casses, des pots-à-feu sans nombre. Outre les pièces
de canon et les mortiers qui étoient dans la ville
lorsque M. de la Badie la défendit, il y avoit cinquante
pièces de gros canon et vingt mortiers que le prince
Eugène avoit laissés après la conquête qu'il en avoit
faite, et dont il vouloit se servir pour faire le siège de
Landrecies. Enfin, place n'a jamais été si bien munie
de canons, de mortiers et de tous les attirails qui
s'ensuivent.
Il fut réglé qu'il y auroit un lieutenant général qui
se tiendroit dans le centre, pour être à portée de se
rendre ou à l'attaque de la droite ou à celle de la
gauche ; qu'il y auroit un maréchal de camp à la droite,
et un brigadier à la gauche; qu'il y auroit six batail-
lons, qui seroient relevés toutes les vingt-quatre heures,
selon leur rang d'ancienneté.
Je me suis trouvé à dix-neuf sièges ; mais je n'ai
jamais entendu un feu si terrible et si continuel de
canon. L'air étoit toujours rempli de bombes, de
grenades, de pierres, les jours et les nuits. Aussi fut-
on obligé de faire venir de nos ports des canonniers
marins. Il faut leur rendre justice : ils servoient et
manioient mieux et plus vite les canons que les canon-
toises du chemin couvert [Mémoires de Villars, p. 171; Gazette,
p. 503; Mémoires militaires, p. 114; Histoire militaire, p. 90).
1. Ci-dessus, p. 128.
2. Six bataillons, soit deux mille hommes, et cent vingt
canonniers et mineurs, d'après un état donné dans les Mémoires
militaires , p. 524.
188 MÉMOIRES [Sept. 1712]
niers de terre'. Après que trois batteries furent faites,
dans lesquelles il y avoit cinquante pièces de canon,
ils en imposèrent bientôt à ceux des assiégés, et ils
démontèrent plusieurs pièces de canon. On les faisoit
tirer toutes les cinquante pièces ensemble. Malgré le
fracas et le désordre qu'elles causoient aux ennemis,
ils leur répondoient avec la même vivacité, ce qui
faisoit un bruit épouvantable.
Le 23, le comte de Broglie fît un fourrage au delà
de la Haine^, aux villages de Ville et de PommerœuP.
Son escorte étoit composée de neuf cents chevaux et
de mille grenadiers. Il n'eut pas plus tôt lâché les
fourrageurs, que les ennemis parurent au nombre
de dix escadrons, commandés par le comte d'Athlone^,
qui chargèrent notre cavalerie, dont la gauche plia ;
elle fut se mettre sous le feu de nos grenadiers, qui
firent aux ennemis une décharge de si près, qu'ils en
mirent plusieurs hors de combat et les obligèrent de se
retirer plus vite qu'ils n'étoient venus. Ils amenèrent
cependant avec eux une centaine de chevaux des
fourrageurs. Malgré ce petit malheur, M. de Broglie
fit continuer son fourrage, qui fut achevé sans aucune
inquiétude^.
1. Les Mémoires du maréchal de Villars, t. III, p. 173, con-
firment ce détail : une batterie de vingt-quatre pièces était
servie par les canonniers de marine, sous les ordres du cheva-
lier de Ricouart.
2. Affluent de l'Escaut, dans lequel il se jette à Condé, après
s'être grossi de l'Honneau.
3. Ville et Pommerœul (qu'il ne faut pas confondre avec le
Pommereuil des environs du Cateau) sont deux villages de
Belgique, entre Condé et Saint-Ghislain.
4. Ci-dessus, p. 44.
5. Gazette^ p. 502-503; Histoire militaire, p. 91-92.
[Sept. 1712] DU CHEVALIER DE QUINCY. 189
Nos travaux avançoient considérablement, malgré le
grand feu de canon que les ennemis faisoient. Le
maréchal de Villars étoit toujours dans la tranchée
pour encourager nos travailleurs. Notre régiment fut
commandé pour la tranchée la nuit du 29 au 30. En
arrivant, nous fûmes informés que nous allions attaquer
les deux chemins couverts et les deux lunettes qui
étoient entre les deux chemins couverts. Gomme
j'étois ce jour-là de piquet, on me plaça avec nos cent
hommes que je commandois, étant le plus ancien, dans
un boyau, sur la gauche des tranchées, afin d'être à
portée de soutenir nos deux compagnies de grenadiers
et de faire feu aux remparts pendant l'attaque. Le
maréchal de Villars, qui étoit arrivé en même temps
que nous, se plaça dans la seconde parallèle, entre la
gauche et le centre. Les bataillons que nous devions
relever restèrent dans les tranchées, afin d'attaquer
conjointement ensemble. Les officiers généraux y
restèrent aussi ; ils furent distribués à droite et à
gauche, et au centre. M. de Coigny et M. de Savines^
avoient l'attaque de la droite; milord Galmoy^ et
M. de Marnais 3 avoient celle du centre, avec sept
1. Antoine de la Font, marquis de Savines (1669-1748),
d'abord capitaine de carabiniers (1690), eut un régiment de
cavalerie en 1695, une enseigne aux gardes du corps en 1703,
et il était maréchal de camp depuis 1709 ; il devint lieutenant
général en 1718.
2. Pierre Butler, vicomte de Galmoy, pair d'Irlande (1652-
1740), avait passé en France en 1691 et fut mis aussitôt à la
tête d'un régiment de cavalerie irlandaise. Devenu maréchal de
camp en 1702, il passa en Espagne, où Philippe V le fit lieute-
nant général en mars 1705 ; revenu en France, il y obtint le
même grade en 1722, avec rang d'ancienneté de 1705.
3. Philippe de Marnais-Saint-André, marquis de Marnais,
190 MÉMOIRES [Sept. 17i2]
compagnies de grenadiers. Tous les piquets soutenoient
les compagnies de grenadiers, et les bataillons soute-
noient les piquets. J'oubliois de dire que M. de Mail-
lebois^ et M. de Boufïlers-Remiancourt^ étoient desti-
nés pour attaquer, avec six compagnies de grenadiers,
la gauche. Les travailleurs, conduits parles ingénieurs,
portant des outils, des fascines, des gabions et des
sacs à terre, étoient à portée de se rendre aussitôt
qu'on auroit chassé les ennemis.
L'électeur de Cologne, qui avoit appris que nous
devions faire cette attaque, vint dîner ce jour-là chez
le maréchal, et il se rendit à la tranchée, un peu aupa-
ravant qu'elle commença. On lui avoit fait un loge-
gement, d'où il pouvoit voir l'attaque générale sans
courir aucun risque. Ce prince aimoit les spectacles,
et l'action d'un chemin couvert attaqué de vive force
est un des plus beaux qu'on puisse représenter.
Toutes nos compagnies de grenadiers dévoient mar-
cher en même temps au signal d'une bombe qui
avait eu un régiment de cavalerie en 1695, une enseigne aux
gardes du corps en 1702, et le grade de maréchal de camp en
1709; il mourut en 1720, lieutenant général depuis octobre
1718.
1. Jean-Baptiste-François Desmaretz, marquis de Maillebois,
fils aîné du contrôleur général, avait été fait brigadier en 1708
pour sa belle conduite pendant le siège de Lille. C'est lui qui
devint maréchal de France en 1741. Il se conduisit dans la pré-
sente action, au dire de Villars [Mémoires militaires, p. 525),
« avec toute la valeur des Colbert. »
2. Charles -François , marquis de Boufflers-Remiancourt
(1680-1743), d'abord enseigne aux gardes-françaises, avait
depuis 1702 un régiment d'infanterie de son nom ; sa belle
conduite au siège de Lille, sous son parent le maréchal de
Boufflers, lui avait fait obtenir, en 1708, le grade de brigadier.
[Sept. 1712] DU CHEVALIER DE QUINCY. 191
devoit s'élever du centre, après que les mines
auroient fait leurs effets. Un quart d'heure auparavant
qu'on la vît paroître, il régnoit dans toutes les tran-
chées un morne et profond silence. Enfin, on l'aperçut,
et, un moment après, les bruits sourds des mines se
firent entendre, deux aux deux lunettes et deux autres
aux deux angles saillants du chemin couvert, et, sur-
le-champ, tous nos grenadiers attaquant en même
temps, ils s'emparèrent des deux chemins couverts
et des deux lunettes. Pendant cette attaque, nous
faisions un feu continuel de mousqueterie et de
canons aux remparts; nos mortiers ne discontinuoient
point de jeter des bombes, et les pierriers des pierres;
les grenades pleuvoient des deux côtés : c'étoit un
bruit effroyable. Les assiégés ne firent aucune résis-
tance à l'attaque de la droite et aux deux lunettes ;
mais, à la gauche, il y eut une défense des plus opi-
niàtrées : ce qui obligea de faire marcher les piquets
qui étoient de ce côté-là, dont les nôtres en étoient.
Dès qu'ils eurent joint les grenadiers, on fît une nou-
velle attaque, à laquelle les ennemis ne purent résister.
Une partie fut culbutée dans le fossé, et l'autre se retira
dans les traverses et les places d'armes qui étoient sur
notre gauche, d'où ils nous faisoient un feu continuel
de mousqueterie, qui, joint à celui de la demi-lune et à
celui des remparts, nous tuèrent beaucoup de grena-
diers et beaucoup de soldats. Pendant ce temps-là, nos
travailleurs faisoient leurs logements. 11 n'y a pas de
travail qui aille plus vite que celui-ci : comme il s'agit
de la vie, chacun s'empresse le plus promptement
qu'il peut à s'enterrer. Au bout d'une heure, les loge-
ments furent faits, les grenadiers s'y établirent, et on
192 MÉMOIRES [Sept. 1712]
renvoya les piquets aux endroits d'où ils étoient
partis. Nous eûmes dans cette attaque un capitaine de
grenadiers de Greder, sept ou huit subalternes et une
trentaine, tant grenadiers que soldats, de tués, quatre-
vingts de blessés, et douze officiers de blessés, dont
un capitaine de Piémont ^
Le maréchal de Villars resta dans la tranchée
jusqu'à tant que tous les logements fussent perfec-
tionnés^. Dès le lendemain, on travailla à faire des
batteries sur la crête du chemin couvert, afin de
battre en brèche et la demi-lune et le corps de la
place.
Ce même jour, ^9 septembre, le prince Eugène,
jugeant très bien qu'il ne pouvoit nous empêcher de
prendre le Quesnoy, décampa de Malplaquet pour
repasser la Trouille et aller camper à Rouveroy, dont
il fit son quartier général ; il mit sa droite à Givry et
sa gauche à Grand-Reng\ Il resta dans ce camp jus-
qu'au 6 octobre, qu'il fut camper à Soignies^, bourg
à trois heues et demie de Mons, d'où, plusieurs jours
après, il renvoya les troupes qui composoient son
armée dans ses quartiers d'hiver.
1. Sur cette action du 29 septembre, on peut voir la lettre
officielle du maréchal au ministre Voysin [Mémoires militaires,
p. 524-526), le récit de VHistoire militaire, p. 92-93, ceux de
la Gazette, p. 515-516, et des Mémoires de Villars, p. 173-174.
2. Il eut la manche de sa chemise emportée d'un éclat de
bombe [Gazette, p. 516).
3. Ces trois localités du Hainaut sont situées presque sur
une ligne dirigée du sud au nord, en arrière de Mons et de
Maubeuge, dans la direction de Charleroy.
4. Chef-lieu d'arrondissement du Hainaut belge, au nord de
Mons, sur la route de Bruxelles.
fOct. 1712] DU CHEVALIER DE QUINCY. 193
Le l®"" octobre, qui étoit le surlendemain que notre
régiment avoit monté la tranchée, je fus commandé,
à la tête de cent travailleurs, pour me trouver à la
queue de la tranchée. Je m'y rendis à sept heures du
matin. L'ingénieur qui devoit faire faire l'ouverture à la
contrescarpe, pour la descente du fossé, appela plu-
sieurs fois les cent travailleurs des gardes françoises
destinés pour ce travail; mais, voyant que ces Mes-
sieurs n'étoient pas encore arrivés, il demanda les
travailleurs de la brigade de Piémont que je comman-
dois, pour marcher à la place des travailleurs des
gardes. La paresse de ces derniers me fît perdre bien
du monde. Cet ingénieur m'ayant dit à quoi mes sol-
dats dévoient travailler : « Monsieur, lui répondis-je,
« je pourrois faire un travail pour un autre; ainsi, je
« vous prie de venir avec moi, afin que je sache par
« vous-même ce que je dois faire. » Il n'en fit aucune
difficulté. Après avoir gagné la tête de la tranchée et
passé quelques galeries, nous entrâmes dans un boyau
fort étroit, environ de dix toises de longueur ; nous
devions élargir ce boyau, qui étoit enfilé par le flanc
et par la face du bastion qui étoit à la droite et qui
étoit attaqué, et élargir aussi un autre boyau, aussi
étroit, dans lequel les ennemis voyoient depuis la tête
jusqu'aux pieds de la demi-lune attaquée. Ces deux
boyaux faisoient un angle saillant du côté de la place,
et il y avoit sur le revers de ces deux boyaux une
cinquantaine d'hommes de tués, dont une partie
remuoient encore les pieds et les jambes. Ils avoient
encore leurs habits : personne n'avoit eu la curiosité
de les aller déshabiller. Ce triste spectacle mit une
terreur panique dans l'esprit de mes soldats. Aucun
m 13
194 MÉMOIRES [Oct. 171ÎJ
ne vouloit avancer pour travailler : j'appelois ceux du
régiment afin de les encourager; mais ils n'avoient ni
bouche ni oreilles. Voyant cette immobilité, je dis à
un de mes caporaux : « Donne-moi ta pioche et ta
« pelle. » Et regardant les autres soldats d'un œil de
mépris : « Je vais donc, Messieurs, travailler moi
« seul. » Sur-le-champ je pris la pioche, et j'allois me
mettre en besogne, lorsque le caporal me dit : « Ah !
« mon capitaine, je ne le souffrirai jamais. » Il reprit
sa pioche, et il entra dans ce fatal boyau, où tous les
autres le suivirent. Il n'eut pas plus tôt lâché deux
coups de pioche, qu'il reçut une balle qui lui cassa la
mâchoire; par ses gestes, car le pauvre diable ne pou-
voit parler, il me fit des reproches du malheur qui
venoit de lui arriver.
Je partageai mes cent hommes dans mes boyaux,
à l'exception de six des plus adroits, que je laissai
avec l'ingénieur, qui commença lui-même son travail ;
c'étoit de faire une ouverture à la contrescarpe vis-à-
vis la demi-lune, afin de faire ensuite la descente du
fossé. Les ennemis nous faisoient un feu si terrible,
de canons chargés à cartouches et de mousqueterie,
des remparts et de la demi-lune, que je pris le parti
d'envoyer au comte de Ganillac ', lieutenant général de
la tranchée, pour le prier d'ordonner de faire redou-
bler le feu à nos canonniers et à nos grenadiers, afin
de nous protéger dans nos travaux : ce qu'il fit exécu-
ter sur-le-champ. Le feu de la mousqueterie et du
canon des assiégés se ralentirent de moitié; mais ils
ne cessoient de nous accabler et de bombes et de
1. Tome I, p. 102.
[Oct. 1712] DU CHEVALIER DE QUINCY. \%
pierres, ce qui me faisoit perdre bien des soldats.
M. de Ganillac vint me voir quelque temps après ;
il resta un bon quart d'heure avec moi ; il me dit à
l'oreille en s'en allant : « Chevalier, vous êtes là dans
« une situation des plus critiques et des plus dange-
« reuses. Dieu vous conserve ! mais il faut que ce
« travail se finisse; il est de la dernière conséquence. »
J'eus vingt soldats de tués et une quarantaine de
blessés, par conséquent plus de la moitié de mon
détachement hors de combat. La brigade eut cette
obligation au régiment des gardes françoises; car
c'étoit à eux à faire ce travail. Il n'y a rien de plus
triste à la guerre que ces sortes de commissions. Les
soldats sont armés simplement de leurs outils pour
remuer la terre, et les officiers n'ont qu'un bâton à
la main pour faire travailler les soldats. Quoique
très exposés les uns et les autres, ils ne peuvent
acquérir aucune gloire ; car, dès que les ennemis
paroissent pour faire une sortie, ils sont obligés de
se retirer bien vite à la queue jusqu'à tant que les
assiégés se soient retirés : belle manœuvre pour des
officiers !
Nos boyaux étant bien élargis et bien approfondis,
et la muraille de la contrescarpe ayant été culbutée
dans le fossé, il fallut se remettre à un autre travail.
Je fis mettre les soldats qui me restoient en haie,
afin de recevoir les fascines qu'ils se donnoient de
mains en mains, et les derniers les jetoient dans le
fossé : ce qui nous attiroit un feu continuel de mous-
queterie de la demi-lune, accompagné de bombes, de
grenades et de pierres qui ne cessoient de nous acca-
bler de tous côtés. Enfin, nous fûmes relevés après
196 MÉMOIRES [Oct. 1712]
avoir été douze heures dans ce pénible travail. Le fossé
jusqu'à la demi-lune étoit presque comblé lorsque
nous nous retirâmes : ce qui nous mit en état d'atta-
quer, le lendemain, la demi-lune, qui fut emportée
avec toute la valeur possible, quoique la défense en
fut très opiniâtre.
Le 4, après midi, M. d'Ivoy ayant tenu un conseil
de guerre, il y fut résolu de capituler, par la raison
que, les brèches étant presque praticables et le fossé
presque comblé pour aller au corps de la place, il
auroit hasardé, en retardant un peu de se rendre,
d'être emporté d'assaut.
Malgré la belle défense et la nombreuse artillerie
qui étoit dans celte place, le maréchal de Villars ne
voulut écouter aucune proposition, sans qu'au préa-
lable il ne se rendit, lui et sa garnison, prisonniers de
guerre. Il accorda seulement que les soldats ne seroient
point dépouillés et que les officiers sortiroient avec
leur épée et leurs équipages. Cette garnison fut
envoyée en France * .
Il est innombrable l'artillerie et les munitions de
1. Mémoires militaires, p. 116; Histoire militaire de Quincy,
p. 93-94; Gazette de France, p. 527; Gazette d'Amsterdam,
n° Lxxxn. Voici ce que disent les Mémoires de Sourches à pro-
pos de M. d'Ivoy (p. 509) : « Le maréchal de Villars avoit
accordé au général-major d'Ivoye un congé de huit jours pour
aller voir sa femme, qui étoit accouchée depuis peu ; mais le
Roi manda au maréchal de faire savoir à d'Ivoye qu'il ne prît
pas un seul jour de plus que ce qu'on lui avoit accordé, et qu'il
se rendît à l'armée de S. M. au jour préfix, pour s'en aller à
Tours, lieu de sa prison, attendu qu'il ne raéritoit pas d'être
traité comme les autres prisonniers, à cause des mauvais
discours qu'il avoit tenus contre le Roi et contre l'Etat dans le
temps qu'il étoit prisonnier à Chartres. »
[Oct. 1712] DU CHEVALIER DE QUINCY. 197
guerre de toutes sortes d'espèces que l'on trouva dans
cette ville, qui ne tint que quinze jours de tranchée
ouverte, quoique la garnison fût très forte, et que
jamais place n'a été si bien munie ^
M. de Montet est fait prisonnier. — M. de Montet^,
François religionnaire, brigadier dans les troupes hol-
landoises, et qui a été ensuite lieutenant général de
leurs armées et commandant à Tournay, y fut fait
prisonnier et envoyé à Reims. 11 avoit été capitaine
dans notre régiment. La révocation de l'édit de Nantes
le fît sortir du royaume; il étoit fort estimé et des
François et des Hollandois. Il est mort à Tournay.
Le fort de la Kenocque surpris. — Nous apprîmes
le 6 que le fort de la Kenocque, bâti dans une île que
forme l'Yser entre Dixmude et Ypres% avoit été sur-
pris par les ennemis, le 4 au matin, et que le com-
mandant aussi bien que sa garnison avoient été faits
prisonniers de guerre^. Ce commandant n'avoit jamais
été que gendarme du Roi. Il avoit un frère qui étoit un
1. Il y a un état de l'artillerie et des munitions trouvées au
Quesnoy dans les Pièces des Mémoires militaires, p. 527-528.
2. Sans doute un membre de la famille du Montet de la Ter-
rade, originaire du Quercy, et dont une branche était établie
en Bourgogne.
3. La Kenocque, Quenoque ou Knocke, au confluent de
l'Yser et de l'Yperlée, était une position stratégique importante
au centre de la Flandre occidentale.
4. C'est le partisan Simon de Rue ou de la Rue qui exécuta
ce coup de main avec cent quatre-vingts soldats : voyez V His-
toire militaire, p. 95; les Mémoires militaires, p. 118; la
Gazette de France, p. 238; les Mémoires de Sourches, t. XIII,
p. 110, et surtout la Gazette d'Amsterdam, n°^ lxxxii etLxxxin,
dans laquelle il y a une relation envoyée par le commandant
d'Ostende.
198 MÉMOIRES [Oct. 1712]
des premiers valets de chambre du duc d'Orléans,
nommé Saint-Léger^; pendant la régence de ce prince,
il eut la lieutenance de roi de Montmédy^. La faveur
fait toujours oublier les plus grandes fautes.
Siège de Bouchain. — Le maréchal de Villars, non
content encore de la conquête de ces deux places,
prit la résolution, quoique la saison fût fort avancée,
de joindre à ses lauriers celle de Bouchain, que
milord Marlborough nous avoit enlevé la campagne
précédente.
Dès le 37 du mois dernier, il avoit envoyé neuf
bataillons pour faire faire des fascines et des gabions
dans les bois de Marchiennes. Il chargea le marquis
d'Alègre, lieutenant général des armées du Roi, du
détail de ce siège, avec quarante bataillons qu'il fit
venir de nos places, afin de laisser reposer ceux qui
avoient servi à nos sièges, et quarante-neuf escadrons.
Sept lieutenants généraux et sept maréchaux de camp
furent nommés aussi pour ce siège. Cette place fut
investie le 2 octobre^. Il y avoit dans cette ville
quatre bataillons; M. de Growestein, qui avoit acquis
1. Edme Bonnet, sieur de Saint-Léger.
2. Mon confrère, M. Jean Lemoine, a bien voulu me commu-
niquer les renseignements suivants d'après les documents du
Dépôt de la guerre (vol. 2385, n°^ 96-147) : le commandant de
la Kenocque s'appelait N. Bonnet, sieur du Rosoy ; sa garnison
ne comptait guère que soixante hommes et la plupart des offi-
ciers étaient absents ou malades. Les Français tentèrent dès le
lendemain de reprendre le fort, mais sans succès. — Il semble
que M. Bonnet du Rosoy était à Montmédy dès 1705 (vol. Guerre
1830, fol. 214), peut-être comme major de la place.
3. Les Mémoires militaires (p. 117) disent le 1*"' octobre ;
voyez aussi la Gazette, p. 527.
[Oct. 1712] DU CHEVALIER DE QUINCY. 199
de la réputation par la course qu'il fit pendant que le
prince Eugène faisoit le siège du Quesnoy, et dont j'ai
parlé', en étoit gouverneur.
A l'égard de l'armée d'observation, dont nous étions,
elle resta pendant tout ce siège dans le même camp,
la droite appuyée à la forêt de Mormal et la gauche à
Quiévrain. Le maréchal changea son quartier général,
qui étoit, commeje l'ai déjà dit, à Préseau, pour prendre
celui d'Aspres sur la Selle.
Gomme notre brigade n'eut point de part à tout ce
qui se passa à ce siège, je n'en ferai aucun détail.
L'ouverture de la tranchée se fît la nuit du 9 au 10,
par deux endroits différents, l'un du côté de la basse
ville, qui étoit la fausse attaque, et l'autre, qui étoit la
bonne, du côté de la haute ville, en présence du maré-
chal de Villars, qui se rendoit tous les jours de son
quartier dans la tranchée . Jusqu'à l'attaque du
chemin couvert, il ne se passa rien de considérable.
Le 17, tout étant disposé pour cette attaque, le
maréchal le fit attaquer en plein jour. Nos troupes non
seulement s'en emparèrent, mais aussi d'une lunette.
La plupart des ennemis qui les défendoient furent
massacrés; on en prit une cinquantaine. Nous eûmes
de notre côté une centaine de grenadiers de tués et
de blessés. Le capitaine des grenadiers de Gambrésis
et les deux de Hessy- furent au nombre des derniers.
Dix officiers subalternes furent tués ou blessés.
Prise de Bouc/iain. — Le 18, tout étant prêt
1. Ci-dessus, p. 118-119.
2. C'est le dernier des quatre régiments suisses levés en
1672 ; son second colonel, Gabriel Hessy, le commanda pen-
dant quarante ans, de 1689 à 1729.
200 MÉMOIRES [Oct. i712]
pour donner un assaut général au corps de la place,
le comte de Growestein jugea à propos de battre la
chamade^ ; il fut obligé de subir le joug à la mode du
vainqueur, c'est-à-dire de se rendre lui et sa garnison
prisonniers de guerre^. Cette place ne tint que dix
jours de tranchée ouverte. Les troupes qui composoient
cette garnison furent envoyées en France.
Ce fut par cette dernière conquête que M. de Villars
termina une des plus glorieuses campagnes qui se
soient faites sous le règne de Louis XIV. Je puis
dire que jamais général françois n'a si bien profité
des avantages remportés sur l'ennemi que ce maréchal.
On a pu remarquer qu'il avoit été obligé d'être sur
la défensive au commencement de cette campagne, et
l'habileté qu'il eut de changer cette guerre défensive
en une guerre offensive. C'est tout ce qu'il y a de
plus difficile dans l'art militaire, lorsque surtout
vous êtes inférieur en troupes à votre ennemi.
La plupart des victoires remportées par nos plus
grands capitaines étoient suivies seulement par la
prise d'une place. Après l'affaire de Denain, le maré-
chal de Villars, s'étant emparé de tous les postes qui
étoient sur la Scarpe depuis Douay jusqu'à Tournay,
et après avoir obligé les ennemis de lever le siège de
1. Sur le siège et la prise de Bouchain, on peut voir les cor-
respondances de la Gazette d' Amsterdam, n°* lxxxiv à lxxxvii,
et de la Gazette de France, p. 527, 539, 549-550; les Mémoires
militaires, p. 117-121; l'Histoire militaire de Quincy, p. 95-98;
les Mémoires de Villars, p. 175-177.
2. M. de Growestein fut envo3'é à Reims « parce que c'étoit
lui qui avoit fait, cette même campagne, une course en Cham-
pagne qui avoit fort effrayé le pays » [Mémoires de Saint-Simon,
éd. 1873, t. IX, p. 375)."^
[Oct. 1712] DU CHEVALIER DE QUINCY. 201
Landrecies, fait la conquête de trois places des plus
fortes de la Flandre; et en présence de qui? Du
prince Eugène, estimé le plus grand capitaine de
l'Europe.
Dans cette campagne, notre général détruisit ou fit
prisonniers la valeur de cinquante bataillons , sans
compter la cavalerie et les dragons.
Nous fîmes devant le camp du Quesnoy trois réjouis-
sances, savoir : la première, pour la prise de Douay, la
seconde, pour celle du Quesnoy, et la troisième, pour
celle de Bouchain. Auparavant, les généraux françois,
après avoir remporté une victoire ou fait la conquête
d'une place, avoient la modestie d'en laisser faire la
réjouissance aux généraux des autres armées. C'est le
maréchal de Villars qui, le premier, a mis cette cou-
tume en usage, voyant que les ennemis en faisoient
non seulement pour les victoires qu'ils remportoient,
mais aussi pour les batailles qu'ils avoient perdues,
comme fit le prince Eugène pour le prétendu gain de
la bataille de Luzzara\ et touchant le combat de Gas-
sano^, où nous restâmes maîtres du champ de bataille,
et d'où il fut obligé de se retirer pour aller à Treviglio,
bourg éloigné de Gassano de trois milles.
Je me rendis, quelques jours après la conquête de
Bouchain, à Valenciennes. Je me trouvai chez le maré-
chal de Villars, qui y étoit arrivé le même jour que
j'y étois arrivé, dans le temps qu'on vint l'avertir que
Messieurs les officiers de la ville venoient pour l'ha-
ranguer. Gelui qui en étoit chargé parla avec une
1. Tome I, p. 239.
2. Tome II, p. 137.
202 MÉMOIRES [Oct. 1712]
éloquence digne de Gicéron. J'admirai la mémoire du
maréchal, qui répéta en peu de mots ce que cet ora-
teur venoit de lui dire, et avec les termes du monde
les plus choisis. La fin de sa réponse fut qu'on ne
devoit pas lui attribuer ce que les troupes du Roi, qui
étoient à ses ordres, venoient de faire, mais à Sa Ma-
jesté; qu'il n'avoit exécuté que ses ordres; qu'un
général ne pouvoit jamais manquer, lorsqu'il les exé-
cutoit exactement, ce qu'il avoit tâché de faire. Si sa
modestie parut dans cette occasion, il n'en fut pas de
même de sa libéralité; car, ces Messieurs lui ayant
voulu présenter le vin de ville, il leur répondit :
« Messieurs, je vous suis obligé ; vous m'en avez déjà
« présenté après l'affaire de Denain. » Ce n'étoit pas
par générosité qu'il refusoit; mais il falloit donner
pour boire aux valets de ville, et le bonhomme aimoit
l'argent, comme tout le monde sait^ Enfin il n'y a
personne de parfait dans le monde : les plus grands
héros ont leurs défauts; il n'y a que le vicomte de
Turenne et M. de Gatinat que nous pouvons regarder
comme des hommes parfaits.
Le 24 octobre, voyant qu'il n'y avoit plus de gloire
à acquérir, et que nos généraux commençoient d'en-
voyer nos troupes dans les quartiers d'hiver, je pris
le parti de m'en aller à Q[uincy]. Je quittai le régiment
avec le chevalier des Brosses^, capitaine de notre
régiment. Nous fûmes dîner à Landrecies. Notre dîner
1. « Sous une magnificence de Gascon, dit Saint-Simon
(éd. Boislisle, t. X, p. 310), une avarice extrême, une avi-
dité de harpie, qui lui a valu des monts d'or pillés à la guerre,
et, quand il vint à la tète des armées, pillés haut à la main. »
2. Tome I, p. 353-354; il était d'une famille de Normandie.
fOct. 1712] DU CHEVALIER DE QUINCY. 203
fut poussé un peu trop loin, ce qui pensa nous faire
prendre par un parti des ennemis à une lieue de cette
place. Le chevalier des Brosses me proposa d'attendre
jusqu'au lendemain, afin de profiter d'une escorte qui
partoit de bon matin pour aller à Guise. Je ne savois
pas ses raisons; je lui répondis qu'il n'y avoit pas
longtemps que le régiment d'Alsace étoit sorti pour
s'y rendre, et que nous le rejoindrions bien vite. Il y
consentit. Lorsque nous fûmes à une lieue, un bon
vieillard nous dit : « Messieurs, prenez garde à vous.
« Les housards ennemis viennent de passer ici dans le
« moment; ils sont dans ce bois. » Cet avis nous fit
donner des deux; nous n'étions pas à quatre cents pas
de l'endroit où ce paysan nous avoit parlé, que nous
vîmes paroître les malpeignés, ce qui nous fit redou-
bler le galop. Enfin, nous trouvâmes la queue du régi-
ment d'Alsace, avec lequel nous nous rendîmes à
Guise. Des Brosses me dit alors (il parloit gras') :
« Z'ai eu bien peur ; car ze porte avec moi deux mille
« écus dans mon portemanteau. » Je lui fis des
reproches de ce qu'il ne m'en avoit point parlé à Lan-
drecies; qu'en ce cas, j'aurois été le premier à propo-
ser de ne sortir de cette ville que le lendemain. En
arrivant à Guise, le lieutenant-colonel et les capitaines
d'Alsace nous prièrent instamment de souper avec
eux, ce que nous acceptâmes. Ils nous donnèrent un
souper à l'allemande : ils firent mettre une douzaine
de bouteilles de vin de Bourgogne dans une chaudière,
dans laquelle ils firent jeter beaucoup de croûtes de
pain, du sucre, de la canelle et des clous de girofle.
1. Déjà dit tome II, p. 52.
204 MÉMOIRES [Oct. 1712]
On nous servit de cette soupe dans plusieurs plats,
après qu'elle eut été sur le feu pendant une bonne
heure. Je la trouvai bonne; mais j'en fus la dupe,
car j'en fus si gonflé et si rassasié, que je ne pus rien
manger de tous les autres mets qu'on nous servit.
Guise. — Guise est une assez jolie ville. On dit
« les nobles de Guise. » Les grisettes y sont char-
mantes. Cette ville est située dans le pays de Thiérache,
sur la rivière d'Oise, dépendant de la Picardie. Il y a
un château qui la domine ; elle a quelques privilèges,
et elle a titre de duché. Elle a donné le nom à une
branche de la maison de Lorraine, dont il est sorti de
très grands hommes.
Laon. — Nous nous rendîmes le lendemain à Laon,
où nous couchâmes. Cette ville est la capitale du pays
Laonnois. Il y a un évèché suffragant de Reims;
Tévèque est duc et pair, et il porte la sainte ampoule
au sacre de nos rois. Elle est située sur une mon-
tagne ; l'air y est très bon, et les vins des environs en
sont renommés. Ce fut Ancelin, évêque de cette ville,
qui livra Charles de Lorraine, dernier prince du sang
de la race des Carlovingiens, à Hugues Capet.
Le 217, j'arrivai à Soissons, où je passai huit jours
chez M. d'Ormesson, intendant de la province, qui
me fit la plus grande chère du monde ^. Tous les
1. M. d'Ormesson était mort au commencement de 1712,
comme on l'a vu ci-dessus, p. 103. Ce que notre auteur va
donc raconter de son séjour chez lui doit se rapporter à la
fin d'une campagne précédente, probablement celle de 1709,
où le chevalier s'arrêta à Soissons pendant quelques jours
(tome II, p. 389). Cette attribution à 1709 est encore rendue
plus probable par ce qui va être dit des faux Chavigny-Ie-Roi,
dont la supercherie fut découverte en février 1710.
[Oct. 1712] DU CHEVALIER DE QUINCY. 205
jours, c'étoit de nouvelles fêtes; la chasse, la comé-
die, le bal et les concerts se succédoient les uns aux
autres. Ces plaisirs me firent oublier les fatigues que
j'avois essuyées pendant cette campagne. M. de Gha-
vigny, guidon des gendarmes du Roi', y passa pen-
dant que j'y étois. Il soupa avec nous. C'étoit un
homme très bien fait, qui avoit l'air et les manières
d'un homme de qualité. Il passoit dans ce temps pour
être de la maison de Chavigny-le-Roi ; il fut présenté
à S. M. sur ce pied-là. Ainsi, il n'eut pas de peine
d'avoir l'agrément pour acheter la charge qu'il avoit;
mais, dans la suite, on sut malheureusement la vérité.
On apprit qu'il étoit fils d'un procureur, à qui il étoit
resté tous les titres de la maison de Ghavigny-le-Roi,
une des plus anciennes de la Bourgogne, qui est
éteinte^. Ce procureur, homme très riche, avoit fait
1. Anne-Théodore Chevignard, chevalier de Chavigny, puis
comte de Toulongeon, né à Beaune en 1687, guidon des gen-
darmes en 1709, dut se démettre en février 1710, (ut employé
par Torcy dans des négociations secrètes en Hollande, puis
par l'abbé Dubois, parvint à être envoyé de France à Gênes
(1720), en Espagne (1722) en même temps que Saint-Simon,
à Ratisbonne (1726), à Londres (1732), en Danemark (1737),
en Portugal (1740), à Venise (1749) et en Suisse (1751); il eut
le gouvernement de Beaune en 1737, et mourut le 26 février
1771.
2. Bonne maison de Poitou, et non de Bourgogne, dont la
généalogie remonte au commencement du xiv^ siècle. Un de
ses membres fut grand aumônier de France en 1515; deux
autres furent successivement capitaines des gardes du corps des
rois François P"", Henri II, François II, Charles IX et Henri III,
et le second eut le collier de l'ordre du Saint-Esprit à la pre-
mière promotion de 1578. La maison s'éteignit par la mort
de ce dernier, sans enfants, en 1606 [Histoire généalogique,
t. VIII, p. 249-252).
206 MÉMOIRES [Nov. 1712]
élever ses deux fils comme des gens de la plus grande
condition. Le second étoit abbé'; il demanda au Roi
une abbaye considérable"^, et ce fut la cause de leur
perte ; car des personnes qui demandoient aussi cette
abbaye découvrirent l'origine de MM. de Chavigny.
Ainsi, l'aîné fut obligé de vendre sa charge de guidon
des'gendarmes du Roi; je ne sais ce qu'il est devenu.
A l'égard de l'abbé, il acheta dans la suite une charge
de président à mortier au parlement de Besançon, et
il s'est rendu un des plus habiles négociateurs de
l'Europe, ayant été ministre du Roi dans presque
toutes les cours étrangères ; il est à présumer qu'il ira
au grand ^.
1. Philibert Chevignard, abbé de Chavigny, eut en 1707 une
lieutenance de roi de Touraine, dont il se démit en 1708, sans
doute pour entrer dans les ordres, obtint en décembre 1709
l'abbaye de Bellefontaine, que le Roi lui retira peu après, et
devint par la suite président au parlement de Besançon.
M. Estignard, dans son ouvrage sur le Parlement de Franche-
Comté, n'a point donné de liste des magistrats de cette cour.
2. Celle de Bellefontaine, au diocèse de la Rochelle [Dangeau,
24 décembre 1709), qui ne valait guère plus de deux mille
livres de rente, et non dix-huit ou vingt mille, comme le dit
Saint-Simon [Mémoires, éd. 1873, t. VII, p. 274),
3. Notre auteur se trompe : ainsi qu'on a pu le voir ci-
dessus, p. 205, note 1, c'est le chevalier qui devint ambas-
sadeur ; l'abbé resta toute sa vie président au parlement de
Franche-Comté. — Il faut lire dans les Mémoires de Saint-
Simon (éd. 1873, t. VII, p. 274-276) l'histoire de ces faux Cha-
vigny-le-Roi. Les compétiteurs de l'abbé pour l'abbaye de
Bellefontaine, ayant découvert la fraude, envoyèrent au Roi
des lettres de dénonciation anonymes. Dès le mois de février
1710, la supercherie fut prouvée, et les deux frères forcés de se
démettre et chassés honteusement [Dangeau, t. XIII, p. 96,
100 et 101.; Sourches, t. XII, p. 152 et 154; Journal de Bar-
[Dec. 171^] DU CHEVALIER DE QUINCY. 207
Enfin, j'arrivai à Q[uincy]. Je ne pus m'empêcher
de faire des vifs reproches à ma belle- sœur d'avoir
excité mon frère de vendre sa terre, ce qui seroit la
cause de la ruine totale de la famille. Ma prophétie n'a
été que trop véritable. Cette femme avoit passé trois
années de suite dans cette terre; quoique maîtresse
d'y recevoir ses amis et de la dépense qu'elle y feroit,
elle s'y étoit cependant ennuyée. Je n'en suis pas sur-
pris; car elle s'ennuyoit partout où elle étoit. Nous y
restâmes jusqu'à Noël, que nous en partîmes pour
Paris. Mon frère reprit sa maison rue Saint-Louis-au-
Marais, qu'il avoit louée à M"" [Potier] ', jeune veuve
riche et charmante, qui n'avoit qu'une fille unique.
Gomme je l'ai épousée depuis, il est nécessaire de
dire de quelle manière j'en fis la connoissance. Mon
frère le lieutenant général de l'artillerie, ayant fait
beaucoup de dépense à l'armée, ce qui l'avoit fort
endetté, prit la résolution d'abandonner Paris pour se
retirer pendant quelques années dans sa terre; ce
parti étoit très sage. Il voulut, auparavant, louer la
maison où il étoit logé.
Un jour, après dîner, on vint nous avertir que deux
dames souhaitoient de voir la maison ; il y en avoit
une fort vieille, et l'autre jeune, d'une très aimable
figure, et magnifiquement habillée, et d'un très bon
goût. Dès ce moment, celle-ci me frappa si vivement,
hier, t. II, p. 248-249; Mémoires du duc de Luynes, t. V,
p. 328).
1. Ce nom est en blanc dans le manuscrit. La dame était
Madeleine de Sève, veuve d'Anne Potier, seigneur de Notre-
Dame-du-Parc, que le chevalier de Quincy épousa en 1714;
voyez la Notice préliminaire.
208 MÉMOIRES [Dec. 1712]
que je me sentis pour elle une ardeur que je n'avois
jamais sentie pour aucune femme. Je lui donnai la
main pour la conduire dans tous les appartements,
pendant que mon frère menoit la vieille. Après les
avoir conduites dans leur carrosse, je demandai à
mon frère qui étoient ces deux dames ; après m'avoir
dit et leurs noms et leurs qualités, je lui répliquai :
« Ah ! l'aimable personne à qui j'ai donné la main !
« J'ai presque renoncé au mariage ; mais celle-ci m'y
« feroit succomber, étant très persuadé que je serois
« très heureux avec elle. » Elle m'a avoué depuis que
les mêmes sentiments que j'avois ressentis pour elle,
elle les avoit eus pour moi. Nous fûmes quelque
temps sans nous voir. Le hasard me la fit trouver
dans une maison où je fus prié de venir accompagner
de ma basse de viole; il devoit y avoir un concert.
On me mit à côté du clavecin, et c'étoit elle précisé-
ment qui en accompagnoit. Quelle satisfaction pour
moi! On trouva que nous nous accordions parfaite-
ment bien ensemble. Je lui fis des compliments tou-
chant la délicatesse et la précision avec lesquelles elle
touchoit le clavecin; elle eut la politesse de médire
que personne ne l'avoit jamais mieux accompagnée
que moi. Le concert fini, il fallut nous quitter.
Gomme nos hivers après les campagnes se passoient
à Q[uincy], je fus trois années sans la voir. Mon frère
ayant vendu sa terre, comme il a été dit ci-dessus ^
il reprit la maison qu'il avoit louée à la jeune veuve,
qui se logea dans une grande maison à côté de la
nôtre. Je fus lui rendre visite dès que je fus arrivé à
1. Ci-dessus, p. 180-181 el 207.
[Dec. 1712] DU CHEVALIER DE QUINCY. 209
Paris. Elle jouoit au berlan', et elle jouoit gros jeu.
Elle me pria de venir faire de petits concerts avec
elle. J'y allois; mais je la trouvois toujours au jeu, ce
qui ne me convenoit point : je n'étois pas assez riche
pour faire sa partie. Ainsi, persuadé qu'elle n'avoit
aucun plaisir que dans les cartes, je cessai insensible-
ment de l'aller voir. La veille de mon départ pour
l'armée, qui étoit le vendredi saint, en passant près
de moi dans l'église du Calvaire-, elle me fit des
reproches de ce que je l'avois si fort négligée et de ce
que j'avois cessé de la voir : ce qui m'engagea d'aller
prendre congé d'elle; nos adieux furent assez sérieux
et assez indifférents.
Tous les militaires étoient persuadés que, la paix
ayant été conclue et signée entre la France et l'An-
gleterre, les Hollandois, le roi de Portugal, le duc de
Savoie et l'électeur de Brandebourg, le 11 avril 1713,
au congrès d'Utrecht, laquelle paix avoit été précédée
par les renonciations du roi d'Espagne, pour lui et sa
postérité, au royaume de France, et par celles du duc
de Berry, du duc d'Orléans, du duc de Bourbon^ et du
1. Ou brelan, jeu de cai'tes très en vogue qu'on jouait à plu-
sieurs personnes.
2. Ce couvent, établi en 1635 par le P. Joseph pour y ins-
taller des religieuses du nouvel ordre fondé quelques années
auparavant par la marquise de Belle-Isle, Antoinette d'Orléans-
Longueville, était situé rue Saint-Claude, au Marais, non loin
du logis des Sevin.
3. Louis-Henri de Bourbon-Condé (1692-1740). Louis XIV
ne lui avait pas permis de prendre le titre de prince de Condé
à la mort de son père en 1710; il devint premier ministre de
Louis XV après la mort du Régent.
III 14
^10 MÉMOIRES [Dec. 1712]
prince de Gonti * , pour eux et leur postérité, au royaume
d'Espagne, lesquelles renonciations avoient été enre-
gistrées au parlement de Paris le 15 mars présente
année, étoient persuadés, dis-je, qu'il y avoit toute
apparence que la guerre étoit entièrement finie. Ils
se préparoient déjà à se détaire de leurs équipages,
lorsqu'ils eurent ordre de se rendre à leurs troupes.
L'Empereur (que nous ne nommions encore qu'archi-
duc) prit le parti de continuer la guerre, quoique tous
ses alliés l'avoient abandonné : ce qui nous fit faire
encore une campagne et lui fit perdre la place formi-
dable de Landau, qu'on lui laissoit, s'il avoit voulu
accepter la paix aux conditions qu'on lui proposoit
alors.
1. Louis-Armand de Bourbon (1695-1727), qui portait le
titre de prince de Conti depuis la mort de son père (février
1709).
[Avril 17i3] DU CHEVALIER DE QUINCY. 211
CAMPAGNE DE L'ANNÉE 1713.
Voici la dernière campagne que j'ai faite. Il n'a pas
tenu à moi d'en faire davantage ; car je puis dire que
personne n'aimoit plus le métier de la guerre que
moi : je m'y plaisois infiniment, je m'y portois bien^ ;
les fatigues, l'ardeur du soleil, le froid, les pluies et
toutes les autres incommodités qui accompagnent tou-
jours l'homme de guerre ne faisoient aucune impres-
sion sur moi; au contraire, je m'en faisois un véri-
table plaisir. Si le duc d'Orléans, régent du royaume,
m'avoit accordé l'agrément d'acheter un régiment
comme il me l'avoit promis, petite grâce après vingt-
deux années de service, écoulées presque toutes pen-
dant la guerre^, je n'aurois jamais quitté, et j'y aurois
passé le reste de mes jours.
Je partis de Paris le 1 7 avril pour aller rejoindre le
régiment, qui étoit en garnison à Rocroy. M. de
Braque^, mon ami, me pria instamment en partant
1. On peut se rappeler cependant qu'il n'y a eu guère de
campagne où il n'ait été malade, d'une façon ou d'une autre,
et nous allons en avoir encore un exemple quelques pages plus
loin.
2. Il ne quitta donc pas le service en 1714, lors de son
mariage, mais seulement en 1719, puisqu'il était entré aux
mousquetaires en 1697.
3. Peut-être était-ce un fils du marquis de Braque qui avait
épousé la fille de M. Grillet de Brissac, major des gardes du
corps.
212 MÉMOIRES [Avril 1713]
d'amener avec moi un jeune homme âgé de dix-sept
ans pour servir de cadet ^ dans ma compagnie; il me
pria en même temps de lui donner quatre sols par
jour, outre la paye du Roi, et il me promit de me les
rendre. Je fis manger ce jeune garçon avec moi pen-
dant mon voyage, et je lui ai donné exactement les
quatre sols pendant toute la campagne, à la fin de
laquelle il mourut après quelques jours de maladie.
J'en suis encore à être remboursé.
J'étois si persuadé que nous ne ferions pas de
campagne, lorsque je sortis de Paris, que je laissai ma
chienne à ma belle-«œur : je m'imaginois qu'au bout
d'un mois je reviendrois dans la grande ville; mais,
en arrivant à Rocroy, j'appris que l'Empereur ne
vouloit point acquiescer aux conditions de paix qui
lui avoient été proposées, et que, seul avec l'Empire,
il vouloit soutenir la guerre contre la France.
Le jour que je partis de Paris, je fus coucher à
Nanteuil^, petit bourg appartenant au duc d'Estrées^.
Cette terre appartenoit autrefois à la maison de Schon-
berg, issue de la famille des Schonberg, dans la
Misnie, dont il y a eu un maréchal de France duc
d'Halluin^
1. « En termes de guerre, cadet se dit d'un jeune homme qui
se met volontaire dans les troupes, sans prendre de paye, pour
apprendre le métier de la guerre et se rendre capable de
quelque emploi « [Dictionnaire de Ti'évoux).
2. Nanteuil-le-Haudouin, à cinq lieues de Senlis, sur la
Nonette.
3. Victor-Marie, comte et maréchal d'Estrées (1660-1737).
Il dépensa beaucoup pour cette terre, qu'il « aimoit fort, » dit
Saint-Simon (éd. Boislisle, t. XI, p. 22-23).
4. Charles de Schonberg (1601-1656), maréchal de France
[Avril 1713] DU CHEVALIER DE QUINCY. 213
Le 18, à Soissons, après avoir dîné à Villers-Gotte-
rets, bourg où il y a un très beau château bâti par
François P' : il appartient au duc d'Orléans; le 19, à
Laon; le 20, à Aubenton, petit bourg; le 211, à Ro-
croy. La situation de cette place est des plus tristes.
Elle est environnée d'un terrain marécageux, ce qui
cause presque toujours des brouillards très épais et
fort froids.
Je n'y fus pas plus tôt arrivé, que mon camarade
Pina, capitaine des grenadiers de notre régiment ^
vint me voir. Je lui remis une douzaine de paires de
mules ou de souliers, une douzaine de paires de bas
de soie, quantité de fichus, de rubans et d'autres
ajustements pour sa maîtresse, qu'il m'avoit prié d'ap-
porter de Paris. Il me conta sa bonne fortune. Il étoit
amoureux de la fille de "*; il alloit coucher toutes les
nuits avec elle. Il prenoit le temps que son père et
sa mère, avec sa famille, soupoient, pour se rendre
dans la chambre de la demoiselle, qui lui en avoit
donné une clef. Il se déshabilloit, et il se couchoit
ensuite. On peut bien juger que la demoiselle imagi-
noit tantôt une raison et tantôt une autre pour aller
bien vite après le souper trouver son amant. Ce petit
commerce dura pendant tout l'hiver.
Gomme son véritable ami, je lui fis des remon-
trances touchant son commerce. Je lui en fis sentir
les inconvénients : qu'il pouvoit aisément arriver que
le père ou la mère de cette fille le pouvoient trouver
couché avec elle; que la demoiselle pouvoit devenir
en 1637, duc d'Halluin par son mariage avec l'héritière de ce
duché.
1. Tome II, p. 196, 205 et 299.
214 MÉMOIRES [Avril 1713J
grosse ; qu'il n'ignoroit pas qu'ils étoient gens de con-
dition et de distinction, et que, si malheureusement
ils s'apercevoient de ce désordre, ils ne manqueroient
pas d'en écrire*à la cour, et que le Roi l'obligeroit de
l'épouser ; qu'il ne savoit que trop bien qu'elle n'avoit
pas un sol de bien, et que, par conséquent, ils se
rendroient tous deux malheureux le reste de leurs
jours. Il convint de tout avec moi; mais, quoiqu'il
haïssoit extrêmement le mariage, il alla toujours son
train jusqu'au départ du régiment. Rien peut-il arrê-
ter l'amour?
Le lendemain 22, je fus obligé d'aller à Gharleville
pour me présenter au commissaire, qui avoit déjà
passé notre régiment en revue.
Gharleville. — Gharleville me parut un petit para-
dis. Il y a quatre rues qui aboutissent aux quatre
portes de la ville et à la place qui en forme le centre .
Toutes les maisons, uniformes et couvertes d'ardoises,
ressemblent assez aux maisons de la place Royale
de Paris. Les rues sont tirées au cordeau. Ce n'étoit
autrefois qu'un bourg nommé Arches, que Charles de
Gonzague, duc de Nevers et ensuite duc de Mantoue,
fit détruire pour faire bâtir la ville que l'on y voit
présentement, à qui il donna son nom^ Elle avoit été
fortifiée; mais Louis XIV l'a fait démolir^. Elle est de
la province de Champagne.
1. Bâtie en 1609, sur la rive gauche de la Meuse, qui la
sépare de Mézières. Le village d'Arches était un ancien domaine
des Carolingiens, qui passa dans la suite aux comtes de Rethel,
puis à la maison de Clèves.
2. Après la paix de Ryswyk, Louis XIV fit démolir les forti-
fications de Gharleville et la forteresse du Mont-Olympe, qui
commandait la ville.
[Avril 1713] DU CHEVALIER DE QUINCY. 215
En arrivant chez moi à Rocroy, il m'arriva un
accident. Ayant ôté une de mes bottes, je voulus ôter
l'autre avec ma pantoufle que j'avois au pied, en
appuyant sur l'éperon, qui, ayant glissé, m'enfonça
sur l'os de la jambe : ce qui me fît une blessure si
sensible et si considérable, que je fus obligé de garder
la chambre pendant mon séjour à Rocroy, d'où nous
partîmes le dernier avril, pendant un temps des plus
froids, pour nous rendre à Mézières. Afin de nous
garantir du froid, nous avions acheté, tous les offi-
ciers du régiment, des coqueluchons de camelot* ;
cette coiffure nous rendoit des plus risibles. Le mien
me donna une si grande migraine, que j'en fis pré-
sent à un lieutenant du régiment, ne voulant plus
m'en servir.
Mézières. — Mézières est une ville de Champagne
située, aussi bien que Charleville, sur la Meuse. La
citadelle est très forte ; les promenades des environs
en sont charmantes. Mon hôte, en arrivant, voulut
absolument me donner la collation, que je n'osai refu-
ser de peur de lui faire de la peine : ce qui m'empê-
cha de souper, quoique nous avions très bonne chère.
Après le souper, tous les officiers du régiment me
prièrent instamment de vouloir bien me rendre en
poste à Rocroy pour y faire le décompte avec le tré-
sorier de ce qui revenoit de prêt aux soldats, et
ensuite me rendre à Ghàlons en Champagne. Ils
savoient que j'étois intime ami de M. de Lescalopier^,
1. Coqueluchon, capuchon. — Le camelot était une étoffe
faite ordinairement de poil de chèvre mélangé de laine ou de
soie ; le plus renommé était le camelot de Hollande.
2. César-Charles Lescalopier (1671-1753], d'abord conseiller
216 MÉMOIRES [Mai 1713]
intendant de cette province, et que, par son moyen,
je pouvois être payé des deux mois de prêt dus aux
soldats du régiment. Je partis donc le lendemain,
1^"^ mai, pour m'en retourner à Rocroy. Il faisoit un
temps charmant ; la chaleur avoit succédé tout à coup
au grand froid.
Après avoir travaillé avec le trésorier, il me donna
un très bon dîner, auquel je ne fis point d'honneur;
car la migraine m'accabloit. Après quoi je partis pour
aller coucher aux Petites-Loges ^ logis qui est entre
Reims et Ghàlons.
Le 2, je me rendis assez fatigué dans cette dernière
ville; je me couchai sur-le-champ.
Le 3, je fus voir M. de Lescalopier, qui non seule-
ment me donna un bon dîner, mais me donna un
ordre pour être payé sur-le-champ des deux mois de
prêt dus au régiment. Le soir, il me mena souper
chez M. Laugeois, fermier -général ^, qui faisoit sa
tournée. Le repas fut des plus délicats; il y fut bu du
meilleur vin de Champagne et de toutes sortes de
vins des plus rares et des plus exquis.
Châlons-en- Champagne. — Le lendemain 4, je fus voir
ce qu'il y a de plus curieux dans la ville, qui est située
sur la Marne. Les rues de Chàlons sont bien percées;
il y a de grandes places, les maisons sont bien bâties,
l'évêque est comte et pair; il y a douze paroisses.
au Parlement, resta intendant de Champagne de 1711 à 1728;
il devint conseiller d'Etat en 1730.
1. Dans le canton actuel de Verzy, sur la grand'route de
Châlons à Reims.
2. N. Laugeois de Saint-Quentin, fils d'un autre fermier
général mort en 1700; son frère, M. Laugeois d'Ymbercourt,
était intendant de Soissons depuis le mois de février 1712.
[Mai 1713] DU CHEVALIER DE QUINCY. 217
Après avoir séjourné deux jours, j'en partis le 5,
l'après-dîner, pour aller couchera Sainte-Menehould,
petite ville dont la plus grande partie avoit été brûlée
par les ennemis dans la course qu'avoit faite le comte
de Growestein l'année précédente'. Un peu aupara-
vant d'y arriver, mon cheval de poste tomba sur moi ;
j'eus une côte foulée, dont je m'en suis ressenti très
longtemps.
Le 6, j'arrivai de bonne heure à Verdun ; j'y fus
reçu comme en triomphe par les officiers du régi-
ment ; car aucun régiment n'étoit payé des prêts de
leurs soldats depuis deux mois.
Verdun. — La ville de Verdun me parut assez
belle; elle est située sur la Meuse. Il y a des maisons
bien bâties. L'évêque a le titre de comte et prince du
Saint-Empire. Elle est à la France depuis l'année 1 552,
qu'Henri second en fit la conquête; j'y vis de belles
églises. J'en partis avec le régiment, le 8, pour aller
coucher dans un mauvais village entre cette ville et
Metz, où nous arrivâmes le 9 ; nous y séjournâmes le 1 0 .
Le 11, nous fûmes coucher à Vie'.
Le 12, à Azoudange^, où nous séjournâmes le 13.
Le 14, à Sarrebourg.
Le 15, à Phalsbourg*, où nous séjournâmes le 16.
Le 17, à Saverne, où nous vîmes une espèce de
fol. Il s'imaginoit être Don Quichotte; il étoit toujours
1. Ci-dessus, p. 118. Il n'y avait eu de brûlé qu'une partie
d'un faubourg.
2. Tome I, p. 152.
3. Dans l'ancien département de la Meurthe, arrondissement
de Sarrebourg.
4. Tome T, p. 151.
218 MÉMOIRES [Mai 1713]
habillé comme on le représente. On me raconta que,
lorsque l'électeur de Bavière passa par cette ville, le
16 juillet 1708, un seigneur de sa cour, pour se
réjouir, s'arma de pied en cap et, étant monté à che-
val, voulut faire un coup de lance avec ce Don Qui-
chotte, qui, ayant accepté le défi, lui poussa un si
grand coup de lance, qu'il le culbuta par terre, ce qui
donna beaucoup à rire à l'Électeur et aux seigneurs
qui l'accompagnoient ; car ce combat se passa en pré-
sence de S. A, É. Mais cette comédie pensa devenir
une véritable tragédie, parce que Don Quichotte n'eut
pas plus tôt jeté son homme par terre, qu'il descend
promptement de son cheval, met le sabre à la main,
et il lui alloit couper la tète, si on ne l'eût empêché.
Personne n'ose depuis se mesurer avec ce fol.
Le 1 7, j'envoyai prier notre colonel de me faire le
plaisir de me prêter sa chaise de poste afin de me
rendre à Strasbourg. Je souffrois si cruellement du
côté, qu'il ne m'étoit plus possible d'aller à cheval.
J'arrivai à Strasbourg, où Messieurs de la ville me
logèrent chez un bon chirurgien françois, qui, par son
habileté et par ses soins, me mit en état, au bout de
quinze jours, de monter à cheval pour aller joindre
le régiment, qui étoit campé avec notre armée sur la
hauteur de la Petite-Hollande*.
Pendant le temps que je fus à Strasbourg, je vis la
procession du Saint-Sacrement. C'est la plus belle que
j'aie jamais vue. Il faut bien trois heures pour la voir
passer; toutes les paroisses et tous les chapitres s'y
trouvent, et une quantité extraordinaire de confréries.
1. Tome I, p. 332.
[Juin 1713J DU CHEVALIER DE QUINCY. 219
Les ornements de la cathédrale y sont superbes. C'est
Louis XIV qui en a fait présent ; on prétend qu'ils lui
ont coûté dix-huit cent mille livres ; il y en a de plu-
sieurs couleurs*. Le duc des Deux-Ponts^ suivoit le
Saint-Sacrement un cierge à la main. Pendant la pro-
cession, il est ordonné aux luthériens de ne point
sortir de leurs maisons, ou de se mettre à genoux
quand le Saint-Sacrement passe, s'ils se trouvent dans
la ville.
Je partis le 6 juin de Strasbourg, trois jours après
le maréchal de Villars^, qui fut coucher le 3 au Fort-
Louis*. Toutes les troupes qui dévoient composer son
armée étoient en mouvement; elle étoit composée
de5
Le maréchal de Villars, pour donner le change au
1. C'est en 1698 que Louis XIV fit ce don à la cathédrale de
Strasbourg [Mémoires de Soitrches, t. VI, p. 92). Il y avait
quatre ornements, de chacune des quatre couleurs liturgiques,
blanc, rouge, violet et vert, et composés chacun d'un grand
nombre de pièces [Mémoires de Saint-Simon, éd. Boislisie,
t. VIII, appendice V, p. 435).
2. Gustave-Samuel-Léopold de Deux-Ponts, de la branche
de Clébourg, qui n'entra en possession du duché qu'en 1718,
à la mort du roi Charles XII de Suède.
3. Villars était parti de Paris le 22 mai et s'était rendu à
Metz, où il arriva le 24, pour conférer avec le maréchal de
Bezons. Voyez les lettres que les deux maréchaux écrivirent au
ministre de la guerre, dans les Mémoires militaires, t. XI,
p. 230-233.
4. Cette place forte avait été construite par Vauban dans une
île du Rhin, à six lieues nord-est de Strasbourg.
5. Les chiffres sont restés en blanc dans le manuscrit. L'ar-
mée de Villars comptait, au commencement de juin, cent vingt-
sept bataillons et cent dix-sept escadrons [Mémoires militaires,
p. 234).
220 MÉMOIRES [Juin 1713]
prince Eugène, qui commandoit l'armée de l'Empire,
ne fut pas plus tôt arrivé au Fort-Louis, qu'il marcha
à la tête d'un gros détachement pour aller du côté
des lignes d'Ettlingen\ afin d'attirer l'attention des
ennemis de ce côté-là. Ensuite, il alla coucher à Lau-
terbourg, où il ordonna au comte de Broglie, lieute-
nant général des armées du Roi, de se rendre, à la
tête de mille grenadiers, de quinze bataillons et de
vingt-deux escadrons, pour s'emparer de la chaussée
de Philipsbourg. M. de Broglie fît tant de diligence,
qu'il y arriva à onze heures du soir, quoiqu'il y eût
dix bonnes lieues de Lauterbourg à cet endroit. Il
empêcha par cette rapide marche le prince Eugène de
passer le Rhin. M. de Villars le suivit avec le reste de
son armée. Dès que l'armée eut gagné les hauteurs
qui sont après les bois de Germersheim^, notre géné-
ral fit sonner des fanfares à toutes les trompettes pour
faire entendre que les ennemis avoient donné dans le
torquet^, et qu'il étoit en état, malgré eux, de faire
le siège de Landau; ce qu'il exécuta'^.
Je partis, comme il a été dit, de Strasbourg le 6.
Je fus coucher à Lauterbourg, petite ville un peu for-
1. Ville du grand-duché de Bade, à une quinzaine de kilo-
mètres au sud de Carlsruhe.
2. Sur la rive gauche du Rhin, vis-à-vis de Philipsbourg, à
quatre lieues au sud de Spire.
3. On a déjà vu cette expression dans le tome II, p. 139.
4. Notre auteur ne semble pas s'être rendu un compte très
exact de la hardiesse du mouvement de Villars exécutant une
marche de flanc à peu de distance de l'armée d'Eugène. L'opé-
ration est racontée en détail dans les lettres que le maréchal
écrivit au Roi et au ministre les 5 et 6 juin (Mémoires mili-
taires, p. 243-249 ; voyez aussi ses propres Mémoires, t. IH,
p. 186-187).
[Juin 1713] DU CHEVALIER DE QUINCY. 221
lifiée, à dix lieues de cette dernière ville, surlaLauter,
petite rivière qui va se jeter dans le Rhin près de là;
elle prend sa source à Ferbach, dans la montagne, et
elle passe à Weissembourg.
Gennersheim. — Le 7, je fus dîner à Germersheim,
où je fis un bon dîner ; je mangeai de bonnes fraises.
Cette petite ville est située sur la Queisch, petite
rivière qui prend sa source à Hochstett, dans la mon-
tagne, et qui, après avoir passé à Landau, va se
perdre dans le Rhin à Germersheim ; cette ville est du
Bas-Palatinat. Rodolphe I", empereur de la maison
d'Autriche, y est mort en 12190.
En sortant de Germersheim, je fis heureusement
connoissance avec un commissaire des guerres qui
devoit passer notre régiment en revue pendant toute
la campagne. Nous fûmes coucher à un village,
Watzheim, où il y avoit un régiment de dragons
campé; il me mena souper chez un capitaine de ce
régiment, qui non seulement nous donna un bon
repas, où nous bûmes à la dragonne, mais il nous
donna aussi à chacun un lit. Les lits appartenoient à
deux de ses camarades qui étoient alors détachés.
Le lendemain 8, nous nous rendîmes à l'armée
campée dans la Petite-Hollande, la droite à Schuer-
keim et la gauche sur le Spirebach, près de Spire, où
étoit le quartier général. Notre brigade étoit campée
précisément dans le terrain où s'étoit donnée la
bataille de Spirebach, le 15 novembre 1703, que le
maréchal de Tallard gagna sur le prince héréditaire de
Hesse-Gassel, qui marchoit dans le dessein de faire
lever au premier le siège de Landau^. Le Spirebach
1. Voyez notre tome l, p. 332.
222 MÉMOIRES [Juin 1713]
prend sa source dans une montagne près de Kaisers-
lautern, et, après avoir passé à Neustadt, va se jeter
dans le Rhin près de Spire.
Outre cette armée d'observation et celle du siège,
nous avions trois camps volants : l'un à Frankenthaî^
un autre à Lauterbourg, et le troisième dans la Haute-
Alsace^, afin d'observer les mouvements que pour-
roit faire l'armée ennemie, qui étoit composée alors
de deux cent vingt escadrons et de quatre-vingt-cinq
bataillons, et ensuite de cent vingt bataillons et de
deux cent quarante-quatre escadrons. De notre camp,
nous apercevions Philipsbourg. Le lendemain, je fus
me promener à Spire. Je trouvai cette ville si renom-
mée dans un état déplorable ; elle étoit comme ense-
velie dans ses propres ruines. Il y a un évêché dont
l'évêque est le principal juge de la chambre impériale
de Spire ^.
Le maréchal de Bezons fut chargé du détail du siège
de Landau avec neuf lieutenants généraux, savoir :
MM. d'Avaray, d'Estaing, Gheyladet*, Dillon, de Lée^
1. Sur risenach, entre Mannheim au sud et Worms au nord.
2. Mémoires militaires, t. XI, p. 258-260.
3. La Chambre impériale était le tribunal supérieur d'appel
pour tous les Etats de l'empire d'Allemagne. A l'origine, elle
accompagnait l'empereur dans ses déplacements; ce fut Charles-
Quint qui la fixa à Spire en 1527. Elle était composée de juges
catholiques et protestants, nommés par l'empereur, les élec-
teurs et les cercles, sous la présidence de l'évêque de Spire,
qui portait le titre de juge,
4. François de Dienne, comte de Cheyladet, était lieutenant
général depuis le 7 mars 1704; il eut en 1719 le gouvernement
de Besançon et mourut en 1736.
5. André de Lée, d'origine irlandaise, avait eu un régiment
d'infanterie de cette nation en 1694; maréchal de camp en
[Juin 1713] DU CHEVALIER DE QUINCY. 223
Silly, Bouzols, Groissy, Brendlé; sept maréchaux de
camp, savoir: MM. Quadt', de Maulévrier^, deBueiP,
le chevalier d'Hautefort^, de Tressemanes^, Maupeou^
et le marquis de Broglie ; cinquante-neuf escadrons,
dont douze de dragons, et cinquante-neuf bataillons.
MM. de Villars et de Bezons étant arrivés devant
cette place, ils en firent faire l'investissement, qui fut
achevé le 11 juin. Le chevaher de Saint-Périer^, qui
devoit commander l'artillerie, y arriva quelques jours
après avec soixante-six pièces de canon, dont quarante-
huit étoient de vingt-quatre livres de balles, trente-
cinq mortiers, et avec tous les boulets, les bombes,
1702, il était lieutenant général depuis octobre 1704. La Chro-
nologie militaire dit qu'il ne servit pas pendant la campagne
de 1713.
1. Guillaume -Henri de Quadt de Landscron était venu en
France avec Rosen; il fut en 1693 colonel d'un régiment de
cavalerie allemande et obtint en 1699 le grade de maréchal de
camp; il mourut en 1756, lieutenant général depuis 1718.
2. Jean -Baptiste -Louis Andrault., marquis de Maulévrier
(tome I, p. 323), avait débuté comme aide de camp de Catinat
en Italie en 1693; il était maréchal de camp depuis 1710 et
parvint en 1745 au grade de maréchal de France.
3. Le chevalier, copiant V Histoire militaire, met ici M. de
Boisse. C'est M. de Bueil qu'il faut lire, comme le disent juste-
ment les Mémoires militaires.
4. Gabriel, chevalier d'Hautefort, colonel de dragons en
1696, maréchal de camp en 1709, lieutenant général en 1718.
5. André de Tressemanes était maréchal de camp depuis
1709, après avoir eu en 1704 une inspection d'infanterie ; il
obtiendra en 1718 le grade de lieutenant général.
6. llené de Maupeou-Noisy, marquis de Maupeou, servit
d'abord aux gardes françaises, devint brigadier en 1704, et,
comme les précédents, maréchal de camp en 1709, et lieute-
nant général en 1718.
7. Tome II, p. 191.
224 MÉMOIRES [Juin 1713]
enfin tout ce qui est nécessaire pour l'artillerie^.
Siège de Landau. — La ville de Landau est une des
plus fortes places de l'Europe ; elle est située dans la
Basse- Alsace, sur la Queisch, près des frontières du
Palatinat, dans le Wasgau~. Elle avoit été cédée à la
France par la paix de Munster. Elle a souffert quatre
sièges pendant le courant de cette dernière guerre : le
premier, l'année 1702, par le roi des Romains ; M. de
Mélac^, qui étoit chargé de sa défense, tint quatre-
vingt-quatre jours de tranchée ouverte; le second,
par le maréchal de Tallard en 1 703 ; c' étoit le comte
de Frise qui en étoit gouverneur pour l'Empereur; il
ne tint pas un mois; car la tranchée fut ouverte la
nuit du 1 7 au 1 8 octobre, et le comte de Frise capitula
le 15 novembre; le troisième, en 1704, encore par
le roi des Romains, qui avoit sous lui le prince Eugène
de Savoie et le duc de Marlborough ; elle tint soixante-
neuf jours; et enfin le quatrième, par les maréchaux
de Villars et de Bezons. Le prince Alexandre de Wiir-
temberg^ défendit cette place pendant cinquante-quatre
jours; mais il se rendit, lui et sa garnison, prisonniers
de guerre, comme il se verra dans la suite.
Tranchée ouverte. — M. de Valori, chef des ingé-
nieurs, ayant fait faire tous les préparatifs nécessaires
1. Ces détails sur l'artillerie sont pris dans V Histoire militaire
du marquis de Quincy, t. VII, p. 123.
2. Le Wasgau ou Wasgow, par opposition à Brisgau, était
le pays de la rive gauche du Rhin, depuis Saverne jusqu'à
Spire, comprenant une partie de la Basse-Alsace et du Palati-
nat et le duché de Deux-Ponts.
3. Ézéchiel du Mas, comte de Mélac, lieutenant général et
gouverneur de Landau en 1693, mort en 1704.
4. Tome I, p. 9G. C'était le lils aîné de ce duc F"rédéric-Charles
fJuin 1713] DU CHEVALIER DE QUINCY. 225
pour ce siège s la tranchée fut ouverte, la nuit du 24
au 2(5 juin^, du côté de la Justice^. Le comte du
Bourg, lieutenant général, commandoit les troupes
de la tranchée, composées de huit bataillons ; il avoit
avec lui M. de Mimeure, maréchal de camp, et deux
brigadiers. Gomme notre régiment n'eut point de part
à ce siège, à l'exception de nos deux compagnies de
grenadiers, je n'en ferai aucun détail.
Pendant presque tout le temps du siège, nous
fûmes assez tranquilles dans notre camp de la Petite-
Hollande et dans celui près de Frankenthal. Le 29, je
fus détaché, avec cinquante hommes, pour aller à
Neustadt y relever le même nombre d'hommes. J'y
restai vingt-quatre heures. Le pays qui environne
cette petite ville est charmant; les promenades y sont
belles. Neustadt est située sur le Spirebach.
Huit jours après, je fus détaché à Frankenthal pour
mes vingt-quatre heures. En y allant, je passai sur
une chaussée près de Spire, où il y a une grosse tour
dans laquelle un lieutenant d'infanterie, avec trente
hommes, s'étoit très bien défendu contre un corps
considérable des ennemis, il y avoit trois ans ; il tint
qui avait administré le Wiirtemberg pendant la minorité de
son neveu.
1. Il y a dans les Pièces des Mémoires militaires (p. 590-592)
une lettre de Valori au ministre Voysin, datée du 22 juin et
relative aux difficultés que devait présenter le siège, à l'état
des fortifications, etc.
2. Mémoires militaires, p. 273; Histoire militaire, p. 226. Il
y a dans l'atlas des Mémoires militaires un plan du siège de
Landau en 1713, joint à celui du siège de 1703.
3. On appelait ainsi un ouvrage avancé, au sud de la place,
construit pendant l'hiver en prévision du siège.
m 15
226 MÉMOIRES [Juin 1713J
si longtemps, que M. deMélac, lieutenant général, vint
à son secours avec beaucoup de troupes. M. de Mélac,
qui ne pou voit s'empêcher de jurer comme un gre-
nadier, voyant que ce lieutenant ne faisoit point tirer
ses soldats, se mit à crier : « B... (tout à droit), fais
« donc tirer tes soldats. » — « Jean-f..., répliqua
« l'officier, envoie-moi de la poudre, et je ferai tirer. »
Il falloit répondre à ce général avec les mêmes termes
dont il se servoit, et c'étoit le moyen d'en avoir rai-
son. Un jour, il trouva un soldat en maraude : « Viens
« à moi, b..., dit-il au soldat, afin que je te punisse
« de ta désobéissance. » Le soldat, qui le connois-
soit, lui répondit : « Si tu avances un pas vers moi,
« je te briserai la cervelle avec mon fusil. » Ce géné-
ral, surpris de la fermeté du soldat, lui jeta un écu,
en lui disant : « Va-t'en, tu es un brave homme. Tu
« as bien fait de ne m'avoir pas obéi ; car je t'aurois
« cassé la tête avec mon pistolet^. »
Frankenthal. — La ville de Frankenthal est du
Bas-Palatinat, située dans une belle plaine et sur une
petite rivière qui la traverse; elle est fort jolie, les
rues en sont bien percées. Elle étoit autrefois une
des plus fortes places du Bas-Palatinat; mais elle
a été démolie par les François. Ses habitants sont
presque tous de la religion prétendue réformée;
il y a aussi beaucoup de juifs. Il y a un couvent de
capucins.
En allant à Frankenthal, je passai près de la
1. Sur le caractère de Mélac, ses brusqueries et son langage
soldatesque, on peut voir les portraits qu'en ont donnés Saint-
Simon {Mémoires, éd. Boislisle, t. X, p. 286-289) et Villars
[Mémoires, t. I, p. 147).
[Juin 1713] DU CHEVALIER DE QUINCY. 227
Rehiitte^ village où il y avoit une maison de plaisance
appartenant à l'Électeur palatin, père de Madame
belle-sœur du Roi. On m'a dit que cette princesse y
étoit née~.
Pendant que nous faisions le siège de Landau, le
prince Eugène étoit toujours dans son camp de Miihl-
berg^, bourg près du Rhin, vis-à-vis d'Hagenbach'^,
selon toutes les apparences très fâché de n'avoir pas
assez de forces pour s'opposer à nos conquêtes. Il fit
la distribution suivante des troupes qui composoient
son armée ^. Le général Bùlow étoit près de Mayence,
avec seize bataillons et vingt-neuf escadrons. Le prince
de Wurtemberg^, avec cinq bataillons et quatre esca-
drons des troupes du duc de Wurtemberg, étoit près
de l'embouchure du Mein^. Neuf escadrons et sept
bataillons de Saxe, aux ordres du général Milkau,
étoient répandus le long du Mein jusque par delà
Francfort. Depuis cette rivière jusqu'à Mannheim, le
comte de Weltheim gardoit les bords du Rhin avec
huit bataillons et quatre-vingt-onze escadrons. Depuis
1. Ou plutôt Rehûtt, sur le ruisseau du Rebach, à peu de
distance du Rhin, entre Spire et Mannheim.
2. C'est une erreur : elle naquit à Heidelberg ; elle-même le
dit [Lettres, rec. Brunet, t. I, p. 271).
3. Village sur l'Alb, entre Duchsland et Durlach.
4. Ville fortifiée de la rive gauche du Rhin, un peu au nord
de Lauterbourg.
5. La disposition des troupes allemandes donnée par le che-
valier n'est pas conforme à celle qu'indique son frère, le mar-
quis de Quincy, dans Y Histoire militaire, p. 230. C'est donc de
documents personnels que notre auteur s'est servi.
6. Henri-Frédéric, second fils de l'administrateur du duché
et frère de celui qui défendait Landau.
7. En face de Mayence.
Î28 MÉMOIRES [Juillet 1713]
Graben' jusqu'à Ecksteia-, il y avoit quarante esca-
drons aux ordres du margrave de Bareith-% et, depuis
Eckstein jusqu'à Rohrburg^ dix-neuf bataillons, un
escadron des gardes du duc de Wurtemberg, et trois
cents cuirassiers aux ordres du comte de Neipperg.
Outre cela, il y avoit huit bataillons et quinze esca-
drons, aux ordres de M. de Yaubonne, près de Fribourg.
Le 2 juillet, notre brigade décampa pour aller se
poster en deçà de Frankentlial, sur le ruisseau de
Turckheim^. Nous y trouvâmes quinze bataillons et
presque toute notre cavalerie. Nous étions sur une
seule ligne, la droite appuyée au marais de Flomers-
heira^, et la gauche a Turckheim"^, où l'on fit une inon-
dation avec une redoute à contenir quatre à cinq cents
hommes, afin de la fortifier; et, pour fortifier notre
droite, nous avions mis six bataillons dans l'ile d'Op-
pau^. Tout ce terrain contenoit plus de trois lieues.
1. Dans le grand-duché de Bade, au sud de Phillpsbourg.
2. Village sur le bord du Rhin, à trois ou quatre lieues seu-
lement de Graben.
3. Georges -Guillaume de Brandebourg ^1678-1726) était
margrave de Bareith, ou plutôt Bayreuth, depuis mai 1712, et
devint grand maître de l'artillerie de l'Empire.
4. Dans le grand-duché de Bade, à peu de distance à l'ouest
d'Offenbourg.
5. Appelé aussi le ruisseau de Frankenthal.
6. Village situé sur la rive gauche de ce ruisseau, à peu de
distance de Frankenthal.
7. Ou plutôt Durkheim, ville du Palatinat entre Mannheim
et Raiserslautern, qu'il ne faut pas confondre avec le Turckheim
d'Alsace, où Turenne fut vainqueur en 1675.
8. Oppau est un village de la rive droite du Rhin, en face
duquel se trouvent deux îles, qui divisent le fleuve en trois bras,
et dont la première est fort vaste.
[Juillet 1713] DU CHEVALIER DE QUINCY. 229
S'il avoit pris envie au prince Eugène de passer le
Rhin du côté de Mayence pour venir nous combattre,
nous aurions fait venir toutes les troupes répandues
le long de cette rivière dans ce camp, pour le rece-
voir. Cette position étoit non seulement à ce dessein,
mais aussi pour vivre aux dépens de l'ennemi par
rapport aux fourrages, dont nous avions abondam-
ment. Le quartier du marquis d'Alègre étoit à Frie-
delsheim ' .
Outre tous ces camps, nous en avions encore un
autre à Hombourg^ près des Deux-Ponts, aux ordres
de M. de Quadt, excellent officier général de cavalerie,
pour envoyer à nos armées les grains et les fourrages
des environs. Il avoit dix-huit escadrons à ses ordres.
Le 12 au soir, nous apprîmes que, la nuit précé-
dente, nous nous étions emparés d'une lunette défen-
due par trois cents hommes à Landau.
Le 1 3, je fus détaché pour être de grande garde à
Bobenheim, village sur le chemin de Frankenthal à
Worms^. Je n'y fus pas plus tôt arrivé, que je fis
travailler mes soldats à nous retrancher dans une
maison et dans un jardin hors de ce village et du côté
de Worms, où j'étois posté, ce que le capitaine que
j'avois relevé avoit négligé, et je m'en trouvai bien;
car, sur les quatre heures du soir, une sentinelle que
j'avois mise dans le grenier m'avertit qu'il voyoit venir
1. Village à peu de distance au sud de Turckheim, mais appar-
tenant à l'évêché de Spire.
2. A peu de distance au nord de la ville de Deux-Ponts. Il
ne faut pas confondre cette localité avec la station thermale de
la Hesse.
3. Et très voisin du Rhin.
230 MÉMOIRES [Juillet 1713]
une troupe de housards du côté de Worms; j'y mon-
tai, afin de voir par moi-même ce qui en étoit. Ils
étoient bien deux cents; je fis ma petite disposition
pour les recevoir. J'ordonnai à un de mes sergents,
qui étoit avec dix hommes dans un chemin par où
ils venoient, de se mettre derrière une haie et de ne
faire tirer qu'à brûle-pourpoint, et ensuite venir me
rejoindre dans mon poste. Ce sergent, que je connois-
sois pour être un très brave homme, exécuta parfai-
tement bien l'ordre que je lui avois donné; il ne fit
tirer que lorsque les malpeignés furent auprès de lui :
il en jeta quatre par terre et deux chevaux, et il gagna
sur-le-champ bien vite mon poste. L'officier qui étoit
à la tête de cette troupe s'arrêta sur-le-champ; il fut
quelque temps incertain touchant le parti qu'il pren-
droit, apparemment s'il m'attaqueroit oui ou non.
Gomme j'étois éloigné de l'armée, et par conséquent
nul secours à espérer, il pou voit fort bien m'attaquer
après avoir fait mettre ses housards pied à terre,
d'autant plus qu'ils étoient quatre contre un ; mais,
ignorant sans doute le nombre d'hommes qu'il y avoit
dans mon poste, il prit le parti de se jeter sur la
gauche du village, hors la portée du fusil. Après sa re-
traite, je renvoyai le même sergent, avec dix hommes,
au même endroit, où je me rendis moi-même. Les
quatre housards tués avoient été dépouillés par leurs
camarades auparavant de se retirer ; mes soldats pro-
fitèrent seulement des deux selles et brides des che-
vaux tués. Dès que je fus relevé et arrivé au camp,
je fis rapport de la petite action de mon sergent à
notre colonel; je l'avois mené avec moi. Il me promit
que dans la suite il feroit quelque chose pour lui ;
[Juillet 1713] DU CHEVALIER DE QUINCY. 231
mais ce pauvre diable fut tué au siège de Fribourg.
Quelques jours après ce détachement, nous fîmes
une partie, deux de mes camarades et moi, d'aller
diner à Worms : dessein des plus téméraires, car,
depuis Frankenthal jusqu'à cette première ville, il n'y
avoit que ce seul poste, dans lequel j'avois été de
grande garde, pour nous protéger contre les hou-
sards. Cependant nous nous embarquâmes pour ce
voyage, dans lequel. Dieu merci! il ne nous arriva
rien. Étant arrivés à Worms, et après avoir ordonné
notre diner, nous fûmes voir le commandant des
cent hommes qui y restoient toujours, et qui se tenoient
dans l'église cathédrale et dans le clocher. Il nous dit
que nous étions plus heureux que sages d'être venus
dans cette ville, qu'il n'y avoit presque point de jours
que les housards impériaux ne vinssent rôder autour,
et que souvent ils venoient dans la ville pour boire;
qu'il nous souhaitoit un bon retour dans notre camp.
Nous vîmes aussi un seigneur de la cour de l'Électeur
palatin qui nous dit la même chose. Tous ces discours
ne nous empêchèrent point de dîner très bien et
tranquillement. On nous donna un bon cochon de lait
farci.
Worms. — Après le diner, nous fûmes voir l'hôtel
de ville ; on nous montra la salle dans laquelle Charles-
Quint avoit eu une conférence avec Luther, ce qui a
rendu cette ville encore plus célèbre, surtout parmi
les luthériens ^ . Elle se ressent encore d'avoir été
1. C'est le 17-18 avril 1521, très peu de temps après l'élec-
tion de Charles-Quint, que la diète qui se tenait à Worms con-
voqua Luther par-devant elle pour l'obliger à rétracter ses
232 MÉMOIRES [Juillet 1713]
brûlée et ruinée par les François en 1 690 ; il y a quan-
tité de maisons qui ne sont point rebâties. Il y a un
évéché sufFragant de Mayence, Les chanoines, qui sont
barons, font des preuves comme à Strasbourg. Ils
sont seize; ils ont le droit d'élire l'évéque, qui est
seigneur de la ville et du petit pays qui l'environne,
et d'être élus. Cette ville est dans le Bas-Palatinat. En
nous en retournant dans notre armée, nous trouvâmes
un de ces chanoines à cheval, à qui nous demandâmes
s'il y avoit quelque chose de nouveau; il revenoit du
quartier général de Spire. Il nous répondit comme en
colère : « Votre b... (tout à droit) de maréchal de
« Villars nous ruine entièrement; il est insatiable. »
Cette réponse nous fit beaucoup rire.
Le 1 3 juillet, le prince Eugène ayant fait descendre
beaucoup de troupes du côté de Mayence, le maréchal
envoya vingt-cinq bataillons à notre camp.
Le 31 juillet, treize compagnies de grenadiers (les
deux du régiment en étoient) eurent ordre, de bon
matin, de se rendre devant Landau. Nous apprîmes
depuis que c'étoit pour attaquer l'avant-chemin cou-
vert et trois lunettes, dont nos grenadiers s'emparèrent
la nuit du 31 juillet au 1^' d'août.
Nos deux compagnies de grenadiers se rendirent
encore devant Landau, le 18 du même mois, avec
d'autres de notre armée, pour l'attaque des deux
contre-gardes, qu'elles emportèrent.
Prise de Landau. — La prise de ces deux ouvrages
obligea le prince Alexandre de Wurtemberg de faire
doctrines en présence de l'empereur. Luther s'y refusa et fut
mis au ban de l'Empire.
[Août 1713] DU CHEVALIER DE QUINCY. 233
battre la chamade le lendemain 19, à huit heures du
matin; mais, comme nos généraux exigèrent que ce
prince et sa garnison se rendissent prisonniers de
guerre, à laquelle proposition il ne voulut pas se
rendre, le feu recommença de part et d'autre* jusqu'à
dix heures du matin du lendemain, que les ennemis
arborèrent le drapeau blanc. Ils se rendirent prison-
niers de guerre, et ils furent conduits à Haguenau,
escortés par un gros détachement ~. Ils étoient au
nombre de quatre mille cinq cents hommes, sans
compter quatre cents officiers^. Le gouvernement de
Landau fut donné au marquis de Biron*, lieutenant
1. Voici le passage des Mémoires de Villars (p. 201) relatif à
cet épisode : « Un colonel des ennemis vint apporter la capi-
tulation. « Avant que je prenne la peine d'en lire les articles,
« dit le maréchal, celui de prisonniers de guerre y est-il ? »
L'officier répondit que le prince de Wirtemberg n'y consenti-
roit jamais. « Reportez donc votre capitulation, lui répliqua le
« maréchal. Bien des compliments à M. de Wirtemberg, dont
« je considère fort le mérite et la naissance ; mais je veux pri-
« ver les ennemis du Roi, pendant quelque temps, d'un aussi
« bon général et d'aussi braves troupes que celles qui défendent
« Landau. « Le colonel s'en retourna, et l'on recommença à
tirer. »
2. Sur le siège et la prise de Landau, on peut consulter
Y Histoire militaire du marquis de Quincy, t. VII, p. 221-253;
les Mémoires militaires, p. 256-317 ; la Gazette de France,
p. 309-310, 323-324, 334-335, 347-348, 360, 371-372, 383-
384, 394-396, 407-408, 418-420 et 431-432; la Gazette d'Ams-
terdam, n°^ Liv à Lxxiii.
3. L'état officiel de la garnison qui sortit de Landau, donné
dans les Pièces des Mémoires militaires, p. 617, indique
209 officiers et 5,449 soldats; de plus, il restait dans les hôpi-
taux 630 blessés.
4. Charles-Armand de Gontaut, marquis de Biron, était lieu-
tenant général depuis 1704; il devint en 1721 membre du con-
234 MÉMOIRES [Août 1713]
général des armées du Roi, qui avoit eu le bras
emporté d'un boulet de canon, le 2 juillet, étant de
tranchée; la lieutenance de roi à M. de Ghastenet,
brigadier et lieutenant-colonel du régiment de Sain-
tonge*, et la majorité à M. de Carbonnel, capitaine des
grenadiers de Poitou.
Après que toutes les tranchées et tous les travaux
qu'on avoit faits devant cette place furent comblés et
rasés, que les brèches furent réparées, et que cette for-
teresse fut bien ravitaillée^, le maréchal de Villars et
le maréchal de Bezons tinrent un conseil de guerre à
Spire, où tous les officiers généraux furent appelés.
Il s'agissoit de savoir quelle entreprise il convenoit
de faire vu la supériorité de nos troupes sur celles
des Impériaux, et que la saison n'étoit point encore
avancée. Le résultat de ce conseil fut de faire le siège
de Fribourg, afin de nous mettre en état de pénétrer
l'année prochaine par la vallée de Saint-Pierre^ dans
la Bavière, et, par là, obliger l'Empereur de faire la
paix^.
seil de régence de Louis XV, duc et pair en 1723, maréchal de
France en 1734, et mourut en 1756.
1. Ou de Chastenay, d'une famille de Périgord. Il était bri-
gadier depuis le 31 mars 1710 et avait depuis lors servi en
Flandre.
2. La Gazette de Leyde (n° 77) prétend que le siège de Lan-
dau et les réparations aux fortifications coûtèrent à Louis XIV
2,800,000 livres.
3. C'est la vallée à l'entrée de laquelle est bâti Fribourg.
Saint-Peter est un village de la montagne, à l'est de Fribourg,
par lequel passe la route qui mène du bassin du Rhin dans la
vallée de la Breg, affluent du Danube ; il s'y trouvait une abbaye
importante.
4. Villars a inséré dans ses Mémoires (t. III, p. 207-212) un
[Sept. 1713] DU CHEVALIER DE QUINCY. 235
Le 9 septembre, toutes les troupes qui composoient
notre armée se mirent en mouvement pour cette nou-
velle conquête, excepté le corps que commandoit le
marquis d'Alègre, dont notre brigade étoit, qui devoit
faire l'arrière-garde de toute l'armée. Nous ne décam-
pâmes que le 1 0 d'Eppstein^ pour aller dans la Petite-
Hollande, que nous abandonnâmes le lendemain 1 1 .
Tous les grenadiers et tous les piquets de ce camp
volant en faisoient l'arrière-garde. J'étois de piquet.
Nous restâmes jusqu'à midi sur les hauteurs vis-à-vis
de Philipsbourg. Les ennemis nous laissèrent faire
notre retraite avec toute la tranquillité possible. Les
housards, que nous apercevions de loin, n'osèrent
s'approcher de nous. Nous arrivâmes avant la nuit à
Germersheim, le 12làIockenum^, le 13à Lauterbourg,
le 14 à Benheim^, le 15 à Oflfendorf^.
M. d'Alègre resta avec une partie de son camp
volant près du Fort-Louis, et M. de Goësbriand mar-
cha à la tête de l'autre, dont notre brigade étoit, pour
se rendre près du fort de Kehl. Nous fîmes un camp
auparavant d'y arriver. Nous y arrivâmes le 16; l'en-
droit s'appeloit Ensheim^, village célèbre par la
bataille que le grand Turenne y gagna, le 4 octobre
1674, contre Charles III, duc de Lorraine. Le marquis
long mémoire qu'il adressa au Roi, le 2 septembre, pour expo-
ser les différentes opérations que son armée pouvait faire, et
préconiser le siège de Fribourg-en-Brisgau.
1. Eppstein est un petit village au sud de Frankenthal.
2. Jockenum, aujourd'hui Jockgrimm, village du Palatinat,
à mi-distance entre Germersheim et Lauterbourg.
3. Sur la rive gauche du Rhin.
4. Vis-à-vis le Fort-Louis.
5. Tome 1, p. 51.
236 MÉMOIRES [Sept. 1713]
de Bandeville, colonel d'un des six petits vieux corps
portant son nom, y fut tué en donnant des preuves
d'une valeur et d'une conduite extraordinaires. M. de
Turenne, qui en faisoit une estime particulière, l'a
beaucoup regretté; il étoit mon oncle paternel à la
mode de Bretagne. Son régiment fut donné au cheva-
lier de Bandeville, son frère, chevalier de Malte, capi-
taine au même régiment, qui est mort en 1718 grand
prieur de Champagne et commandeur de la comman-
derie de Boncourt en Picardie^
Il faisoit une pluie si abondante et si continuelle,
lorsque nous arrivâmes à Ensheim, que je voulus épar-
gner à mes domestiques d'aller chercher du fourrage
au magasin. Je le pris chez mon hôte, que je payai ;
il en fut surpris. Apparemment que les officiers qui
avoient logé chez lui n'en avoient pas usé de même.
Le 17, notre camp volant passa la rivière de l'Ill,
l'île de Ruprechtsau-, et le Rhin au-dessous de Stras-
bourg, pour aller rejoindre l'armée près du fort de
Kehl. Je fus dîner avec trois de mes camarades à
Schilchen^ village renommé par rapport aux guin-
guettes où les habitants de Strasbourg vont se diver-
tir les fêtes et dimanches. Nous y fîmes bonne chère;
nous y mangeâmes du saumon frais. Après le dîner,
nous nous rendîmes par Strasbourg, que nous traver-
sâmes, à l'armée. En passant sur le pont qui va de
cette ville au fort de Kehl, nous vîmes un officier qui,
1. Il a déjà raconté tout cela au début des Mémoires, t. I,
p. 51-52.
2. Ou de Robertsau, en face du village du même nom.
3. Sans doute Schiltigheim, à quelques kilomètres au nord
de Strasbourg.
[Sept. 1713] DU CHEVALIER DE QUINCY. 237
ayant apparemment trop bu de vin du Rhin, vouloit
non seulement se rafraîchir, mais faire rafraîchir son
cheval dans ce fleuve; il piquoit ce pauvre innocent
pour tâcher de l'y faire précipiter. L'animal, plus
sage et plus prudent que son maître, s'arrêtoit tout
court sur le bord du pont. Cet ivrogne fit plusieurs
fois la même manœuvre; mais le cheval s'opiniàtra
toujours à se sauver et son maître : il prit le galop le
long du pont et le mena droit au camp. Gela ne nous
instruit que trop que l'instinct des animaux est plus
savant pour les conduire que la raison donnée à
l'homme pour sa conservation. Quelle obligation cet
ofificier ne lui devoit-il pas!
Ce même jour 17, le maréchal de Villars donna un
grand souper et un bal aux dames de Strasbourg et
aux officiers généraux de son armée. Il quitta le bal
une heure après qu'il fut commencé, pour monter à
cheval, afin de se rendre à notre armée ^ qu'il fit mar-
cher le 18, à la petite pointe du jour, du côté de Fri-
bourg. En passant près d'Offenbourg, il y laissa un
camp volant aux ordres du marquis d'Alègre, dans
le dessein de tenir en échec les Impériaux dans leurs
lignes d'Horneberg.
Offenbourg. — La petite ville d'Offenbourg est situé
sur la rivière de la Kintz^, qui prend sa source dans
les montagnes Noires, un peu au-dessus d'Alberbach^.
1. « Pendant ce divertissement, disent les Mémoires de Vil-
lars, p. 213, les ordres se donnoient pour la disposition de
l'attaque des retranchements de Fribourg. »
2. Ou plutôt Kinzig; en français, Quinche.
3. Petit village des environs d'Offenbourg. Le cours de la
Kinzig est plus étendu ; elle prend sa source dans la princi-
pauté de Fiirstenberg.
238 MÉMOIRES [Sept. 1713]
Cette ville est la capitale du pays d'Ortnau^ ; elle appar-
tient à la maison d'Autriche.
A l'égard de l'armée du maréchal de Bezons, elle
avoit passé le Rhin au Fort-Louis pour camper à
Sellingen^, afin de faire croire au prince Eugène que
le projet de nos généraux étoit d'attaquer les lignes
d'Ettlingen.
Le 19, nous traversâmes la plaine de WeiP, qui est
des plus renommées par rapport à sa fertilité. L'air
y est bon, et les raisins admirables et si sains, qu'ils
guérissent de la dysenterie. Il y avoit une si grande
quantité de citrouilles, que chaque soldat en avoit une
enfilée à son fusil; il étoit risible de voir une colonne
de citrouilles serpenter dans cette plaine. En arrivant
dans la plaine de Langendenzlingen*, je fus détaché
pour être de grande garde. Ce fut le marquis de
Gany^, colonel de la Vieille-Marine et colonel de jour,
qui me posta sur la lisière d'une forêt. En me quit-
tant, il m'embrassa sans me dire un seul mot^. Appa-
remment qu'il se ressouvenoit alors de l'état brillant
où je l'avois vu : un secrétaire d'État de la guerre, à
1. Partie de la Souabe qui appartient aujourd'hui au grand-
duché de Bade; ce petit pays était borné à l'ouest parle Rhin,
au nord par le margi'aviat de Bade, à l'est par le Wiii'temberg,
et au midi par le Brisgau. Outre Offenbourg, ses villes princi-
pales étaient Zell et Gegenbach.
2. Village de la rive droite du Rhin, vis-à-vis le Fort-Louis,
sur la route de Strasbourg à Carlsruhe par Rastadt.
3. C'est sans doute Nordweil, à peu de distance à l'est de
Kenzingen.
4. A six kilomètres au nord de Fribourg.
5. Michel II Chamillart : tome II, p. 389.
6. On a vu, tome II, p. 50, 138, etc., que les Sevin étaient
parents des Chamillart.
[Sept. 1713] DU CHEVALIER DE QUINCY. 239
qui tous les officiers généraux étoient obligés, lors-
qu'ils lui écrivoient, de donner le Monseigneur,
devenu, par la disgrâce de M. de Chamillart, son
père^ simple colonel, cela est cruel et bien dur. Le
lendemain, il m'oublia si parfaitement bien dans mon
poste, que, deux heures après que notre armée fut
décampée, ne recevant aucun ordre, j'envoyai un de
mes sergents aux autres grandes gardes pour savoir
si les officiers qui les commandoient n'en avoient
point reçu. Leur réponse fut que non. Nous tînmes
ensemble notre petit conseil de guerre, dont le résul-
tat fut d'abandonner nos postes pour aller rejoindre
l'armée. Nous étions huit piquets, par conséquent
quatre cents hommes. Nous ne pûmes la rejoindre
qu'à la halte. Nous fûmes toujours harcelés pendant la
marche par les housards ennemis; mais, comme nous
marchions très serrés, ils n'osèrent jamais nous appro-
cher. Je rendis compte à notre brigadier de ce qui
venoit de nous arriver; le major de la brigade en jeta
la faute sur le major général. Ordinairement, on
envoie un ordre à toutes les grandes gardes de venir
rejoindre leur régiment respectif à l'assemblée.
Lorsque nous fûmes près de Fribourg (il étoit deux
heures de nuit), nous apprîmes que le maréchal de
Villars s'étoit emparé des lignes situées sur les hau-
teurs de Fribourg. Voici le détail de cette attaque,
qui ne nous coûta que très peu de monde, puisque
nous n'eûmes que vingt-cinq soldats de tués, quarante
de blessés, douze officiers de tués et de blessés.
Attaque des lignes de Fribourg^. — Le comte du
1. Tome II, p. 389.
2. Villars, dans ses Mémoires (t. III, p. 214-215), raconte
Uù MÉMOIRES [Sept. 1713]
Bourg, lieutenant général, qui avoit été à la tête d'un
gros détachement pour reconnoitre les lignes, en ayant
rendu compte au maréchal de Villars, celui-ci fit la
disposition suivante. Il forma trois attaques : il char-
gea le premier^ et M. de Silly, maréchal de camp, de
l'attaque de la droite; le comte d'Estrades, lieutenant
général, et le duc de Mortemart, maréchal de camp,
de celle de la gauche; et le chevalier d'Asfeld^, lieute-
nant général, et le marquis Le Guerchoys de celle du
centre. Les princes et la plus grande partie des offi-
ciers généraux accompagnèrent le maréchal, qui resta
à l'attaque de la droite comme l'endroit le plus dan-
gereux et le plus difficile : c'étoit le camp retranché
de la montagne du Rosskopf^, qui veut dire en alle-
mand tète de cheval. Cette montagne, que nous grim-
pâmes le lendemain 21 pour nous rendre dans la
vallée de Saint-Pierre, étoit si escarpée, que nous
fûmes tous surpris comment nos grenadiers avoient
pu parvenir jusqu'au sommet et pénétrer les retran-
chements défendus par les ennemis.
Cependant les trois attaques, qui s'étoient faites
en même temps, réussirent parfaitement bien. Les
troupes qui les défendoient étoient aux ordres de
M. de Vaubonne, lieutenant général de l'Empereur,
lequel avoit acquis une grande réputation. Nos grena-
diers poursuivirent les Impériaux jusqu'à la Ghar-
avec détail cette brillante action et l'attaque audacieuse du
Rosskopf. Voyez aussi la Gazette, p. 479, les Mémoires mili-
taires, p. 350-451, et V Histoire militaire, p. 258-259.
1. Le comte du Bourg.
2. Claude-François Bidal (1665-1743) était lieutenant général
depuis 1704 et devint maréchal de France en 1734.
3. Au nord-est de Fribourg.
[Sept. 1713] DU CHEVALIER DE QUINCY. 241
treuse^ qui est située du côté de la vallée de Saint-
Pierre, au pied des châteaux de Fribourg. Ils firent
prisonnier M. Haxtheim, colonel d'un régiment du
cercle de Franconie; son lieutenant-colonel fut tué,
beaucoup d'officiers de tués et de blessés; deux dra-
peaux de ce régiment furent pris. Ce combat fut des
plus heureux, et il noiis mit en état de faire le siège
de Fribourg. AI. de Boissieux, colonel d'un régiment
d'infanterie portant son nom, et neveu du maréchal
de Villars^ fut chargé d'en porter la nouvelle au Roi.
Ce même jour 21 , le maréchal, voulant profiter de
la terreur qu'il avoit répandue dans les troupes impé-
riales, se mit à la tête de deux mille grenadiers, de
vingt-huit bataillons et de quatre mille chevaux, pour
aller attaquer le général Vaubonne, qui s'étoit retiré
à Hohlengraben-^, village situé dans la vallée de Saint-
Pierre. Mais ce dernier ne jugea pas à propos d'at-
tendre.M. de Villars; il se retira du côté de RothweiH,
où le prince Eugène vint le joindre avec la plus grande
partie de ses troupes. Notre général se promena jus-
qu'auprès de Villingen^, afin de faire contribuer toute
la Souabe.
1. "Cette chartreuse était près de la rivière du Dreisara, en
amont de Fribourg; elle servit d'hôpital pendant le siè^e.
2. Louis de Frétât, comte de Boissieux, fils de Thérèse de
Villars, sœur du maréchal, avait été aide de camp de son oncle
en 1704, et eut un régiment d'infanterie de son nom en 1707.
Il mourut en 1739, lieutenant général depuis 1738.
3. A dix kilomètres à l'est de Fribourg, sur la route du bas-
sin du Danube.
4. Sur le Necker, dans le duché de Wiirtemberg.
5. Gros bourg sur un petit affluent de la Breg, à quelque
distance au nord de'Donaueschingen.
III 16
242 MÉMOIRES [Sept. 1713]
Investissement de Fribourg. — Pendant cette course,
nous investîmes entièrement Fribourg. La brigade de
Royal, dont nous étions, étoit campée sur la pente
d'une montagne près de KundersthaU, dans la vallée
de Saint-Pierre, aux ordres du chevalier d'Asfeld, du
marquis de Grancey- et de M. du Bourk, ces deux
derniers maréchaux de camp; ils avoient, outre cette
brigade, qui étoit de sept bataillons, quinze autres
bataillons^. Le marquis de Coigny et le chevalier de
Pezeux^, maréchal de camp, étoient à Ebnet^ avec
vingt-et-un escadrons de dragons, avec la brigade de
Champagne, composée de six bataillons. Sur la hau-
teur de la Chartreuse, il y avoit dix-huit bataillons
aux ordres du comte d'Estrades et du marquis Le
Guerchoys. Il y avoit vingt-sept bataillons, sans comp-
ter deux bataillons de Royal-artillerie et deux de
bombardiers, et quarante escadrons, dont douze de
dragons, depuis Betzenhausen^ jusqu'à la Chapelle des
Mille''', aux ordres des marquis de Conflans, de Dreux,
1. Ou plutôt Guntersthal, village au sud de Fribourg.
2. François Rouxel : tome I, p. 241 ; il était maréchal de
camp depuis septembre 1706.
3. Le mai^quis de Quinc}- , dans son Histoire militaire
(p. 262-267), a dressé un tableau détaillé de la disposition des
divers corps de troupes autour de Fribourg; on peut voir aussi
à ce sujet la belle carte du siège qui se trouve dans l'atlas des
Mémoires militaires. M. de Broglie blâma auprès de la cour
les dispositions de la ligne d'investissement [Mémoires mili-
taires, p. 366).
4. Tome II, p. 340.
5. Sur la rivière de Dreisam, en amont de la place.
6. Aussi sur la rivière, mais en aval.
7. Petit oratoire, avec une redoute, sur les pentes du Joseph-
berg, au sud de Fribourg : ci-après, p. 260.
[Sept. 1713J DU CHEVALIER DE QUINCY. 243
de Surville, et du comte de Groy, lieutenants géné-
raux, du comte de Groissy, du marquis de Broglie,
du comte de Beauvau et du baron de Mercy*, maré-
chaux de camp.
Le quartier général du maréchal étoit à Zahringen^.
Il avoit avec lui le comte du Bourg et le marquis de
Silly, douze bataillons et vingt-deux escadrons. Étant
revenu de la course qu'il avoit faite jusque près de
Villingen^, notre général ne perdit point de temps à
taire faire les préparatifs nécessaires pour l'ouverture
de la tranchée. Il n'y avoit pas de temps à perdre;
car il étoit à craindre, la saison étant avancée, que les
mauvais temps nous gagnassent, et que par conséquent
les vivres et les fourrages nous manquassent. Nous
attaquions une place des plus fortes de l'Europe, que
le grand Vauban avoit rendue presque imprenable,
surtout par la force des quatre châteaux qu'il a fait
construire, et qui dominent la ville^. Je ne puis m'em-
pêcher de faire à cette occasion une petite réflexion :
je ne conçois pas la politique du Roi d'avoir fait for-
tifier tant de places pour les rendre ensuite à ses
ennemis sans les avoir fait auparavant démoHr^.
Gombien de sang répandu pour les reconquérir!
Revenons à Fribourg.
Siège de Fribourg. — La ville de Fribourg est située
1. Ce baron de Mercy était sans doute maréchal de camp
dans l'armée de l'électeur de Bavière, car il n'est pas men-
tionné dans la Clironologie militaire de Pinard.
2. Au nord de la ville.
3. Ci-dessus, p. 241.
4. Ci-apfès, p. 244.
5. Il a déjà fait cette remarque, tome I, p. 43.
î
244 MÉMOIRES [Sopt. 1713]
sur la petite rivière de Treisam^ qui prend sa source
dans les montagnes Noires, à un village nommé Hoh-
lengraben-, et qui va se jeter dans le Rhin, au village
de Nonnenweier^; elle traverse cette place, qui est à
quatre lieues de Brisach, au bout d'une belle plaine et
au pied d'une montagne qui finit les montagnes Noires.
Elle est la capitale présentement du Brisgau; Brisach
l'étoit anciennement. Elle appartient à la maison d'Au-
triche depuis 1367, que Hugues de Fùrstenberg la lui
vendit*. Il y a une chambre souveraine, dont le ressort
a une grande étendue. Le chapitre de Bàle y fait sa
résidence. Elle a huit bastions, avec autant de demi-
lunes. Elle est commandée par une montagne sur
laquelle il y a quatre forts considérables : le premier
commande la ville; le second, nommé le fort de
l'Aigle, domine le premier; le fort de l'Étoile, qui est
le troisième, commande le second, et enfin le fort de
Saint-Pierre, qui est le plus élevé, commande le troi-
sième. L'ouvrage de l'Escargot, qui communique avec
le fort de l'Étoile, est en avant de cet ouvrage. De
l'autre côté des châteaux, il y a une grande redoute
sur le penchant de la montagne, à contenir trois cents
hommes. H y a aussi une autre redoute vis-à-vis le
1. Ou plutôt Dreisam.
2. Ci-dessus, p. 241.
3. Dans le district de Lahr. Le Dreisam n'est pas un affluent
du Rhin, mais de l'Elz, et c'est cette dernière rivière qui se
jette dans le fleuve en amont de NonnenAveier.
4. A la suite d'une révolte, Hugues ou Egon de Fiirstenberg
céda la prévôté de Fribourg à son cousin le duc d'Autriche,
pour le prix de douze mille pièces d'or, dont il acheta la sei-
gneurie de Badenweiler.
[Sept. 1713] DU CHEVALIER DE QUINCY. '245
fort de l'Étoile du côté de l'Escargot. Presque tous ces
ouvrages sont construits sur le roc vif.
Le baron d'Arsch^, officier général d'une valeur,
d'une intrépidité et d'une fermeté distinguées, et très
consommé dans l'art militaire, étoit chargé de la
défense de cette place. G'étoit un homme de soixante
ans, d'une belle physionomie. Il ne tint pas à lui que
nous n'en levâmes le siège, comme il se verra dans la
suite de cette relation. Il avoit avec lui quinze bons
bataillons et cinq cents chevaux^.
Persuadés que nous serions longtemps devant cette
place, nous fîmes, mes camarades et moi, une grande
provision de bois et de fourrages. Nous étions logés
dans une bonne maison, nous avions chacun notre
chambre.
Toutes les troupes qui étoient campées dans la val-
lée de Saint-Pierre et sur les hauteurs voisines furent
destinées à faire le siège du château ; elles étoient au
nombre de quarante bataillons. Ainsi, notre brigade
fut de ce siège, et le chevalier d'Asfeld étoit chargé,
non seulement de la défense de la vallée de Saint-
Pierre et des retranchements qui étoient sur les mon-
tagnes voisines, mais aussi du détail du siège du châ-
teau. A l'égard du détail du siège de la ville, c'étoit
1. Il y a un plan des fortifications de Fribourg dans V Histoire
militaire de Quincy, et un autre dans l'atlas des Mémoires
militaires.
2. Ou plutôt de Harsch. Il était feld-raaréchal-lieutenant des
armées impériales. Son journal du siège a été publié en 1898
par M. Fr. von der Wengen, dans Zeitschrift... von Freiburg
dem Brisgau, etc., t. XIV.
3. Les Mémoires militaires (p. 357) disent dix-sept bataillons.
246 MÉMOIRES [Oct. 1713]
le comte du Bourg, comme le plus ancien lieutenant
général, qui en fut chargé.
Ouvertures des tranchées devant la ville et le
château. — Les préparatifs, auxquels on travailloit
depuis que nous étions arrivés, étant faits pour les
ouvertures des tranchées, elles se firent la nuit du
30 septembre au 1®' octobre, à deux endroits diffé-
rents de la ville, l'une devant la porte de Saint-Chris-
tophe ^ et l'autre à la porte des Pécheurs. Dès la
même nuit, par le moyen de la première parallèle,
elles se communiquèrent-. Il y avoit neuf bataillons
et six compagnies de grenadiers auxiliaires, aux ordres
du comte du Bourg, du marquis de Silly et de deux
brigadiers. Il y avoit un escadron de la maison du Roi
à la queue de la tranchée. Les bataillons étoient les
régiments des gardes et celui de Saillant. Les assiégés
firent à la pointe du jour une petite sortie pour recon-
noître nos travaux. Ils se retirèrent ensuite bien vite.
La tranchée devant le château fut montée par les
trois bataillons du régiment de Piémont, aux ordres
d'un brigadier. Elle commencoit en bas de la mon-
tagne près de la Chartreuse. Cette même nuit, on fit
trois batteries, dont deux de canons, l'une de six pièces,
pour battre le château de Saint-Pierre et le fort de
l'Étoile, une autre de sept pièces pour battre le fort
de l'Escargot, et une de mortiers. Nous perdîmes
quelques soldats devant la ville et devant le château.
Le bruit général étoit parmi les officiers de l'armée
1. Villars {Mémoires, p. 217 et 218) dit : la porte Saint-
Martin.
2. Mémoires militaires, p. 363-643 ; Mémoires du maréchal
de Villars, p. 218; Histoire militaire, p. 267,
[Oct. 1713J DU CHEVALIER DE QUINCY. 247
que nous attaquions et la ville et les châteaux par les
endroits les plus forts; qu'on devoit attaquer la ville
du côté de la porte du Secours, autrement dite de
Souabe, et en même temps attaquer le château le plus
près de la ville, après avoir détourné la rivière de
Treisam, qui forme de ce côté-là trois branches. Nos
deux attaques se seroient communiquées et se seroient
protégées l'une et l'autre. Il est vrai qu'on auroit vu
nos tranchées devant la ville, du château, à revers;
mais, moyennant de bons épaulements élevés de dis-
tance en distance, on auroit obvié à ce mal. On fut
surpris de ce que M. de Valori, célèbre ingénieur,
n'avoit pas pris ce parti ^.
Le lendemain 2, les trois bataillons de Picardie, les
trois de la Reine, trois autres bataillons, et toujours
six compagnies auxiliaires de grenadiers, relevèrent
la tranchée devant la ville, aux ordres de M. de Saint-
Frémond.
Sortie du coté de la ville. — Sur les trois heures
après-dîner, nous entendîmes un feu terrible de mous-
queterie et de canons du côté de la ville. Le gouver-
neur s'étant aperçu que la gauche de la tranchée
1. Voici ce que disent à ce sujet les Mémoires de Villars
(p. 217-218) : « Le sieur de la Battue, qui avoit commandé
dans le château de Fribourg, vouloit qu'on attaquât par la
porte de la ville qui est au pied de ce château, et sa raison
étoit que, par cette attaque, on pouvoit saigner la rivière que
l'on fait passer dans les fossés de la ville. Ce la Battue avoit
raison ; mais Valori et les ingénieurs l'emportèrent auprès du
maréchal de Villars. Tant il est vrai que l'on est souvent forcé
de se rendre aux raisons de ceux que l'on charge directement
de l'attaque, et cela parce que, quand on leur fait violence, ils
voient avec plaisir tout ce qui ne réussit pas. »
248 MÉMOIRES [Oct. 1713J
devant la ville étoit en l'air \ il fit faire une sortie de
quatre cents hommes d'infanterie, qui marchèrent si
rapidement sur nos travailleurs, qu'ils les mirent en
fuite par la plaine : ce que cent cinquante dragons
à cheval qui étoient sortis en même temps qu'eux
ayant aperçu, allèrent au grgnd galop sur eux, et ils
en sabrèrent beaucoup^. Le régiment de la Reine, qui
étoit de ce côté-là, marcha sur-le-champ aux quatre
cents fantassins ennemis, et ils les obligea de retour-
ner bien vite dans leurs chemins couverts. Pendant
cette sortie, les assiégés ne discontinuèrent point de
faire un feu très vif de leurs canons et de leur môus-
queterie, ce qui nous fit perdre bien du monde. M. de
Beaujeu, maréchal des logis de notre cavalerie^, eut
le talon emporté d'un boulet de canon'^, et M. de Saint-
*j • • •
1. D'après le Dictionnaire de Trévoux, cela se dit, en termes
de guerre, d'un corps de troupe qui n'est pas soutenu par un
autre ou qui en estttop éloigné.
2. Srur cette sortie, voyez la Gazette, p. 492-503 ; V Histoire
militaire, p. 268; les Mémoires militaires, p. 364-365, et les
lettres que Villars écrivit le jour môme au ministre Voysin, dans
ses Mémoires, p. 350.
3. Eugène de Beaujeu, major d'un régiment de cavalerie dès
1691, n'obtint le grade de colonel qu'en 1706; il remplit de
1709 à 1712, comme brigadier, les fonctions de maréchal géné-
ral des logis de la cavalerie à l'armée. de Flandre, puis à
l'armée d'Allemagne en 1713. Sa blessure hai Ut obtenir la
lieutenance de roi des Invalides, puis le gouvernement en
1728; il mourut en 1730, ayant depuis 1719 le grade de maré-
chal de camp. •
4. Villars [Mémoires, p. 218) dit qu'il eut la jambe emportée
par un boulet; le marquis de Quinty [Histoire militaire, p. 268)
ne parle que du talon, mais ajoute qu'on fut obligé de lui
couper la jambe.
[Oct. 1713J DU CHEVALIER DE QUINCY. 249
Sernin^ qui se fourroit toujours partout, une contu-
sion à la jambe et son cheval tué sous lui.
Par cette sortie faite à propos, nos généraux com-
prirent qu'ils avoient à faire à un homme parfaitement
capable de bien défendre sa place : aussi prirent-ils
toutes les précautions possibles pour bien assurer
leurs tranchées, surtout à la gauche, qui n'étoit
appuyée à rien et que rien ne protégeoit. On y fit de
bonnes redoutes aux flancs des parallèles, afin de les
assurer.
Le même jour de la sortie, on travailla sur la droite
à une batterie de six mortiers, au centre à deux batte-
ries, une de six pièces et l'autre de trois, et, à la
gauche, à une de huit pièces. Du côté du château de
Saint-Pierre, on fit une batterie de sept pièces de
canon, La tranchée fut relevée de ce côté-là toujours
par un brigadier, avec trois bataillons et quatre com-
pagnies auxihaires de grenadiers.
Jusqu'au 4, il ne se passa rien d'extraordinaire, ni
à la ville ni aux châteaux, que deux de nos batteries
qui commencèrent à tirer du côté de la ville à la
pointe du jour, et une du côté des forts. La nuit du
4 au 5, on finit la seconde parallèle du côté de la
ville. A l'égard du côté des châteaux, une autre bat-
terie de sept pièces de canon se fit entendre à la
pointe du jour; trois pièces tiroient sur l'Escargot, et,
quatre pièces sur le fort de l'Étoile. Ce jour-là, jç fus
de grande garde sur une montagne pour couvrir notre
camp ; nous découvrions du sommet et la ville et tous
les châteaux. Il y faisoit un froid et un vent très sen-
sibles : aussi les soldats firent-ils grand feu.
1. Ci-dessus, p. 38.
250 MÉMOIRES [Oct. 1713]
La nuit du 5 au 6, on fit du côté de la ville deux
batteries de mortiers pour jeter des bombes dans une
lunette élevée en deçà du chemin couvert : cette misé-
rable lunette nous fit périr bien du monde; et, à l'at-
taque des forts, un boyau pour communiquer à la bat-
terie des six mortiers. Comme les troupes qui étoient
campées dans la vallée de Saint-Pierre et aux envi-
rons étoient les plus exposées à être attaquées par
l'ennemi, on nous faisoit travailler pendant tout le
jour pour nous mettre à couvert de l'insulte.
Un jour, me promenant sur les hauteurs voisines
de Kundersthal, je m'aperçus que notre général, le
chevalier d'Asfeld, étoit fort embarrassé par rapport
à un retranchement qu'il vouloit faire tracer sur une
de ces hauteurs : il y avoit plusieurs ingénieurs avec
lui ; les uns lui conseilloient d'une manière, les autres
combattoient les avis des premiers. Surpris de cette
dispute, je pris la liberté de leur dire : « Messieurs,
« vous êtes bien embarrassés; tracez une ligne jus-
« qu'à une pointe que je leur montrai, et, par là, vous
« ferez un angle saillant qui protégera nos retranche-
« ments à droite et à gauche. » M. d'Asfeld se rendit
sur-le-champ à mon opinion, et Messieurs les ingé-
nieurs, et on y fit travailler sur-le-champ. Le cheva-
lier d'Asfeld me crut un grand ingénieur^. Cependant
je n'avois jamais étudié dans cette matière ; mais le
seul bon sens me l'inspira dans ce moment. Il seroit
à souhaiter pourtant que tous les officiers d'infanterie
1. Il ne semble pas que M. d'Asfeld fût si ignorant en cette
matière : sous la Régence, il fut chargé spécialement des forti-
fications, d'abord dans le conseil de la guerre et ensuite comme
directeur, et Saint-Simon loue son talent et son mérite.
[Oct. 1713] DU CHEVALIER DE QUINCY. 251
eussent étudié le génie; car j'ai remarqué maintes fois
que bien des officiers particuliers, et même des offi-
ciers généraux, étoient bien embarrassés lorsqu'ils
étoient dans l'obligation de se mettre à couvert par
des retranchements ; il faut toujours appeler dans ces
moments critiques les ingénieurs. Tout officier d'in-
fanterie doit savoir les mathématiques. Je ne com-
prends point l'esprit de nos ministres d'avoir cassé
les compagnies de cadets^; nous avions toujours
remarqué que les meilleurs officiers sortoient de ces
compagnies. Si Messieurs les secrétaires d'État vou-
loient retrancher une partie des appointements et des
pensions des premiers commis et des autres commis
de la guerre, ils auroientde quoi, et du surplus, pour
en entretenir plusieurs, et le Roi seroit mieux servi.
Portrait du chevalier d'Asfeld. — A propos du
chevalier d'Asfeld, cet homme étoit singulier : il ne
pouvoit souffi^ir qu'on lui fit la cour. Les officiers
ordinairement vont chez l'officier général un peu
auparavant qu'il donne l'ordre; on s'y rend non seu-
lement pour lui faire sa cour, mais aussi pour savoir les
nouvelles. Le lendemain que nous fûmes arrivés dans
la vallée de Saint-Pierre, je me rendis le soir, avec
beaucoup d'officiers, chez le chevalier d'Asfeld. L'im-
pertinent nous fit tous sortir de chez lui^. Un officier
en fut si piqué, qu'il s'écria assez haut pour le lui
faire entendre : « Je croyois ce chevalier d'Asfeld
« poli. » Un autre officier lui répliqua plus haut :
« Bon, cet homme n'est ni poli ni chevalier. » Il avoit
1. Tome I, p. 8.
2. Saint-Simon raconte une dispute qu'il eut avec Mélac en
1702 [Mémoires, éd. Boislisle, t. X, p. 288-289).
252 MÉMOIRES [Oct. 1713]
bien raison pour ces deux qualités : la politesse ne lui
avoit pas été donnée en partage, et il étoit le fils d'un
marchand de Paris, nommé Bidal^ ; tout le monde le
sait. Malgré cela, il est très bon officier général, d'une
grande valeur et d'un grand détail*. Sa fantaisie étoit
que l'on fût persuadé qu'il étoit étranger, et, pour ser-
vir son caprice, il n'avoit que des Allemands à son
service, et il affectoit, lorsqu'il donnoit à manger, de
ne leur parler qu'allemand.
La nuit du 6 au 7, on fît, à l'attaque de la ville,
plusieurs batteries de canon et de mortiers dans la
seconde parallèle. M. d'Esquidy, capitaine des gardes
du maréchal de Villars^, fut blessé à la tête, près de
son maître; il étoit Irlandois, et l'homme du monde le
plus entendu pour les sauvegardes ^ Ce même jour,
à l'entrée de la nuit, je marchai, à la tête de cent tra-
vailleurs, à la tranchée devant les châteaux ; nous
1. Les Bidal étaient des marchands de la rue aux Fers, à
Paris, dont l'un fit même banqueroute en 1658. Le père du
chevalier d'Asfeld, Pierre Bidal, fut agent général de Christine
de Suède en France, Italie et Espagne, et fut anobli en 1653 par
cette princesse, qui lui donna la baronnie d'Asfeld dans le duché
de Brème ; il fut ensuite résident de France à Hambourg. Le
nom d'Asfeld fut transporté par le maréchal sur la terre de
Jouy en Champagne.
2. Il est étonnant que notre auteur, écrivant vers 1742,
ne dise pas que le chevalier d'Asfeld est devenu maréchal de
France en 1734.
3. Les Mémoires de Villars, t. III, p. 159 et 219, l'appellent
M. de Squiddy ou Desguiddy, et l'éditeur mentionne quelques
lettres de lui.
4. Cela rentrait, paraît-il, dans ses fonctions de capitaine
des gardes du maréchal, qui, on le sait, « engraissa son Vaux »
avec les contributions des pays ennemis.
[Oct. 1713] DU CHEVALIER DE QUINCY. 253
fîmes, avec d'autres détachements, deux zigzags depuis
la seconde parallèle, l'un pour monter au fort de
l'Étoile et à celui de Saint-Pierre, et l'autre à l'Escar-
got ; j'eus six hommes de mon détachement de tués
et dix de blessés, en comptant un de mes sergents.
Nos tranchées de ce côté-là ne nous servoient presque
de rien. On travailloit sur le roc vif, et nous étions
vus depuis la tête jusqu'aux pieds. Je remarquai que
nos canons faisoient beaucoup de bruit, mais peu
d'effet.
Sortie de la ville. — La nuit du 7 au 8, il ne se
passa rien de considérable, ni du côté de la ville, ni du
côté des forts; mais, la nuit du 8 au 9, les ennemis,
voulant profiter d'une pluie continuelle qui tomba
pendant presque vingt-quatre heures, sortirent de la
ville à la petite pointe du jour, et se jetèrent avec pré-
cipitation dans nos tranchées de la droite. Mais M. de
Nangis, maréchal dé camp, y fît marcher sur-le-champ
tous les grenadiers et tous les piquets de la droite, qui
les repoussèrent dans leurs palissades. Le désordre
qu'ils firent dans les sapes fut bientôt réparée
Sortie des châteaux. — Le soir, ils en firent une
autre du château, composée de quatre cents hommes,
sur la gauche de la sape, où étoient les compagnies de
grenadiers de Royal-Italien, de Sparre- et de Bugey,
1. Sur cette sortie, voyez les Mémoires de Villars, p. 220, la
Gazette, p. 504, V Histoire militaire, p. 271-272, et les Mémoires
militaires, p. 369-370. C'était M. de Lannion qui commandait
la tranchée.
2. Régiment formé en 1690 et qui prit en 1742 le nom de
Royal-Suédois. Son colonel, depuis 1694, était Eric-Magnus
TofTeta, baron de Sparre.
254 MÉMOIRES [Oct. 1713]
qui plièrent; mais les régiments de ces compagnies
vinrent à leur secours, et ils chassèrent à leur tour les
assiégés. Gomme les ennemis avoient, dans leurs sor-
ties, la hauteur sur les assiégeants, ils culbutoient tou-
jours les troupes de la tête de la tranchée. Ils firent
encore ce même jour deux autres petites sorties;
mais ils furent toujours repoussés dans leurs palis-
sades. Nous ne laissâmes pas de perdre bien du monde
dans toutes ces actions. Le capitaine des grenadiers
de Sparre y fut tué, son lieutenant blessé, aussi bien
que le capitaine des grenadiers de Bugey et plusieurs
autres officiers blessés, et environ quatre-vingts gre-
nadiers ou soldats de tués et de blessés. Les ennemis
perdirent aussi beaucoup.
La nuit du 9 au 10, on s'approcha du côté des
châteaux, fort près du chemin couvert de l'Escargot,
et, du côté de la ville, on perfectionna la troisième
parallèle, qui étoit au bas du glacis. M. de Borde,
enseigne aux gardes françoises, y fut tué. Cette même
nuit, je ne fus pas plus tôt endormi, que la fumée me
fit sortir de mon lit. Je réveillai sur-le-champ mes
deux camarades et nos domestiques. Après avoir
cherché inutilement d'où pouvoit provenir cette fumée,
nous n'en trouvâmes point la cause : ce qui nous fit
remettre dans nos lits; mais je ne fus pas plus tôt
dans le mien, que je fus obligé d'en sortir et de réveil-
ler une seconde fois toute la maison. Il étoit temps;
car le feu étoit dans les fourrages, dans une chambre
près de la mienne. Après avoir fait sortir mes che-
vaux et mon petit équipage, je fis travailler si promp-
tement à le faire éteindre, que j'en vins à bout. Si
mon sommeil avoit été plus lourd et plus pesant,
[Oct. 1713] DU CHEVALIER DE QUINCY. 255
nous aurions tous été brûlés et étouffés comme des
renards dans leurs tanières. Fenestre, un de mes
camarades, avoit fait mettre imprudemment ses four-
rages dans cette chambre, où le derrière du poêle
donnoit. Je puis dire que mes camarades et tous les
valets m'eurent obligation de la vie ; car cette maison
étoit construite de bois, et elle étoit remplie de four-
rages.
La nuit du 10 au H , la troisième parallèle étant
entièrement perfectionnée, on poussa des zigzags sur
les trois capitales^, et on tâcha d'envelopper la lunette
qui étoit sur notre droite en deçà du chemin couvert.
Cet ouvrage nous incommodoit infiniment et nous fit
périr bien du monde.
Gomme l'attaque du côté des châteaux devenoit
plus sérieuse à mesure que nous avancions, le maré-
chal de Villars ordonna qu'il y auroit dorénavant un
niaréchal de camp au lieu d'un brigadier, et qu'on aug-
menteroit les troupes de la tranchée d'un bataillon :
ainsi quatre bataillons. Il n'y avoit presque point de
jour que le gouverneur ne fit faire des sorties, ce qui
retardoit considérablement nos approches.
La nuit du 11 au 12, il y eut une sortie du côté de
la ville; mais nos troupes repoussèrent les assiégés
bien vite dans la place. Le lendemain, pendant le jour,
on avança beaucoup les travaux, et les batteries de
canon qui étoient dans la seconde parallèle ne discon-
tinuèrent de se faire entendre.
A l'égard de l'attaque des châteaux, on enveloppa
par la sape les deux faces de l'Escargot, ce qui donna
1. Tome II, p. 19.
256 MÉMOIRES [Oct. 1713]
lieu au chevalier de Pezeux, maréchal de camp, et au
comte de LavaP, colonel d'un régiment portant son
nom, de faire une grande sottise le 1 3 : ils firent périr
bien des braves gens très mal à propos. Ils firent atta-
quer le chemin couvert de cet ouvrage, dont les
défenses n'étoient pas assez ruinées, et auparavant
d'avoir fait éventer la mine des assiégés-.
Il seroit du service de ne point laisser à la volonté
et au caprice des officiers généraux de jour dans les
tranchées de faire attaquer ou les chemins couverts
ou les autres ouvrages des places que nous assiégeons;
car nous pouvons dire, à la louange de la plupart de
ces Messieurs (nous ne l'avons que trop remarqué),
qu'ils sont très ignorants lorsqu'ils se trouvent de
jour dans une tranchée. Us veulent cependant faire
parler d'eux, sans savoir s'ils réussiront oui ou non.
Mon cher ami le chevalier de Pincé, capitaine des
grenadiers de notre régiment, fut la victime de leur
peu de capacité. Pour remédier à cet abus, il seroit
nécessaire que le chef des ingénieurs fût appelé, par
les officiers généraux des tranchées, pour s'informer
si l'ouvrage qu'on veut faire attaquer, est en état de
l'être. Certainement, cette précaution nous sauveroit
bien du monde, et on ne feroit point de cacade.
Le chevalier de Pezeux, voulant se rendre maître
1. Guy-Claude-Roland de Montmorency, comte de Laval,
(1677-1751), avait eu en 1702 un régiment de son nom, et
était brigadier depuis 1710. Il devint maréchal de France en
1747.
2. Mémoires militaires, p. 272-273; Histoire militaire, p. 273.
Villars [Mémoires, p. 221) qualifie cette affaire de « très sérieuse
et très sanglante, » sans blâmer cependant le chevalier de
Pezeux.
[Oct. 1713] DU CHEVALIER DE QUINCY. 257
du chemin couvert de l'ouvrage de l'Escargot, fit mar-
cher les deux compagnies de grenadiers et les piquets
du régiment de Laval et cinquante dragons pour s'y
loger. Il les fit suivre par deux cents travailleurs. Les
assiégés se retirèrent à leur approche. Nos grenadiers
et nos dragons n'y furent pas plus tôt établis, que les
ennemis firent jouer une mine qui fit sauter une par-
tie des grenadiers et enterra l'autre partie; ensuite,
sans perdre de temps, ils sortent du fort, et ils
attaquent si vivement les dragons, qu'ils les culbutent
les uns sur les autres. Ainsi, le désordre fut très
grand dans la tranchée, et il l'auroit été encore davan-
tage, si mon ami Pina n'eût arrêté les assiégés : avec
la seule compagnie de grenadiers, il soutint leurs
attaques redoublées, avec une si grande fermeté, qu'il
donna le temps au chevalier de Pezeux de venir au
secours de nos gens à la tête des deux bataillons de
Laval, et il poussa à son tour les ennemis, qui se reti-
rèrent bien vite dans leurs palissades, après avoir
laissé beaucoup de leurs soldats tués sur la place.
Gomme on les voyoit de bas en haut, il n'est pas
étonnant de la perte qu'ils firent ; ils restèrent cepen-
dant maîtres de l'entonnoir qu'avoit fait la mine de
leur chemin couvert. La perte que nous fîmes dans
cette action fut considérable. Le comte de Laval eut
la mâchoire fracassée, tous les officiers des grenadiers
et les grenadiers de son régiment furent tous tués ou
blessés. Mon ami Pina fut tué : il reçut un coup de
fusil dans la poitrine; sa compagnie étoit auxiliaire.
Il semble que je prévoyois le malheur qui devoit lui
arriver. Auparavant qu'il partît pour se rendre dans la
tranchée, je l'embrassai tendrement; je lui souhaitai
ni 17
k
258 MÉMOIRES [Oct. 1713]
un bon voyage, et je ne quittai point les yeux de sur lui
que lorsqu'il disparut. G'étoit un très aimable homme ^,
d'une politesse et d'une douceur dans la société des
plus charmantes. Il étoit bon ami, et il aimoit à faire
plaisir. Dans mon dernier voyage à Paris, j'avois tra-
vaillé à lui faire avoir une lieutenance de roi : il avoit
douze mille francs, argent comptant, tout prêts à con-
signer^ pour y parvenir. A la cour, on ne réussit
guère sans cette précaution, malgré les bons services
qu'un officier aura rendus au Roi. Nous fîmes enter-
rer Pina à la Chartreuse. Les religieux, ayant appris
qu'il étoit parent de leur général^, lui firent un ser-
vice solennel, où tous les officiers du régiment furent
invités; il étoit fils d'un conseiller au parlement de
Grenoble. Son frère, doyen du chapitre de l'église de
Gap'^, par principe de conscience, abandonna un
prieuré considérable, qui étoit près de cette dernière
ville, à sa partie, quoique son droit étoit incontestable,
suivant en cela le conseil de saint Paul, qui dit qu'il
faut plutôt abandonner ce qu'on nous demande que
de plaider.
La nuit du 13 au 14, on tâcha de réparer autant
qu'il fut possible le désordre que les ennemis avoient
fait dans les tranchées des châteaux le jour auparavant.
1. Voyez l'anecdote qu'il a racontée sur son compte au début
de la présente campagne : ci-dessus, p. 213-214.
2. « Consigner, dit le Dictionnaire de Trévoux, c'est mettre
une somme en dépôt entre les mains de la justice ou de quelque
particulier en attendant qu'on la délivre en temps et lieu à qui
il appartiendra. »
3. Le général des Chartreux en 1713 était dom Antoine de
Montgeffbnd, élu en 1703 et mort en 1731.
4. Claude de Pina : tome II, p. 229.
[Oct. 1713] DU CHEVALIER DE QUINCY. 259
A l'égard des attaques du côté de la ville, le maré-
chal, pressé par la saison ^ et les fourrages devenant
de jour en jour plus rares, se détermina à faire faire
toutes les dispositions nécessaires pour l'attaque du
chemin couvert à l'entrée de la nuit du 14 au 15,
quoique nous en étions encore fort éloignés, et que
même les défenses de la place n'étoient pas assez
ruinées. Il arriva le 14, sur les cinq heures du soir,
dans la tranchée, pour mettre en exécution ce grand
projet, et il fit la disposition suivante.
Attaque du chemin couvert de la ville'^. — Le mar-
quis de Vivans, lieutenant général de la tranchée, étoit
chargé de l'attaque de la droite avec douze compa-
gnies de grenadiers, soutenues d'autant de piquets et
des deux bataillons de Poitou et des deux de Royal-
Roussillon. M. de Monera^, brigadier des armées du
Roi et lieutenant-colonel du régiment d'Alsace, com-
mandoit l'attaque du centre avec douze autres compa-
gnies de grenadiers, douze piquets et deux bataillons
du régiment d'Alsace, et M. d'Orbessan^, lieutenant-
1. La neige était déjà tombée avec abondance [Mémoires de
Villars, p. 223).
2. Sur cette opération, voyez les Métnoires militaires, p. 373-
378, avec une lettre très détaillée de Villars, écrite le jour
même au Roi; V Histoires militaire, p. 274-278; \a.Gazette, p. 513-
516; les Mémoires de Villars, p. 221-223.
3. C'est aussi le nom que donne le maréchal de Villars dans
sa lettre du 15 octobre [Mémoires militaires, p. 375), quoiqu'il
ne soit pas indiqué dans le tableau de la disposition de l'attaque
(p. 644), qui est d'ailleurs très difFérent.
4. C'était un gentilhomme de Gascogne, capitaine, puis major
au régiment du Roi, chevalier de Saint-Louis en mars 1704,
fait brisradier en mars 1711. — La Gazette dit : M. d'Ormesson.
260 MÉMOIRES [Oct. 1713]
colonel du régiment du Roi et brigadier, étoit chargé
de l'attaque de la gauche avec douze compagnies de
grenadiers, autant de piquets et les deux autres
bataillons d'Alsace. M. de Gharmont, brigadier des
ingénieurs \ avoit la direction des logements de la
droite, M. de Celle du centre, et M. d'Estoflés^ de
la gauche. Les princes et la plus grande partie des
officiers généraux se rendirent aussi dans les tran-
chées pour être témoins de l'action, une des plus
sérieuses, des plus hardies, pour ne pas dire témé-
raires, et des plus brillantes qui se soient passées dans
le cours de cette guerre.
Outre les troupes ordinaires de la tranchée, le maré-
chal avoit fait venir à la queue deux brigades d'infan-
terie et cinq cents hommes de celle de Picardie, afin
de s'en servir lorsqu'il en auroit besoin. Pendant que
nous dînions, nous apprîmes, dans notre camp de la
vallée de Saint-Pierre, qu'on devoit attaquer le chemin
couvert : nous pressâmes notre repas pour monter au
plus tôt à cheval, afin de nous rendre sur la hauteur ♦
de la chapelle des Mille ^, lieu renommé depuis les
combats que le grand prince de Gondé y donna contre
le général Mercy^, le 3 et le 5 du mois d'août 1644,
où les Bavarois furent défaits ^ Nous étions bien deux
mille officiers, tant de l'armée du maréchal de Villars
1. De la famille des Hennequin de Paris; il avait été blessé
grièvement devant Nice en décembre 1705.
2. V Histoire militaire l'appelle : M. des Estoflés.
3. Ci-dessus, p. 242.
4. François, baron de Mercy, tué à Nordlingue en 1645.
5. Bataille de Fribourg [Histoire des princes de Condé, t. IV,
p. 317-335).
[Oct. 1713] DU CHEVALIER DE QUINCY. 261
que des autres camps, sur cette hauteur : ce qui devoit
naturellement donner à penser aux assiégés qu'il
alloit se passer quelque affaire des plus importantes;
il est à présumer cependant qu'ils n'y firent aucune
attention, comme on pourra le remarquer dans la
suite.
Sur les six heures du soir, nous vîmes paroître le
signal donné, qui étoit douze bombes tirées en même
temps. Il est à remarquer que les Impériaux s'atten-
doient si peu à cette attaque, que, dans le moment
que nos troupes marchoient au chemin couvert, ils
faisoient une sortie de douze cents hommes, lesquels
se trouvèrent, pour ainsi dire, nez à nez avec nos gre-
nadiers^.
Les douze bombes ne furent pas plus tôt tombées,
que nous vîmes et entendîmes un feu d'enfer de part
et d'autre; comme nous étions sur le flanc, nous
voyions distinctement celui qui partoit de nos troupes
et celui qui partoit des assiégés. Les bombes, les
grenades remplissoient l'air continuellement, le bruit
du canon et de la mousqueterie ne cessoit de se faire
entendre. Jamais feu d'artifice n'a été exécuté avec
une si grande rapidité : spectacle surprenant et magni-
fique, mais en même temps horrible. Nous nous
disions : « Combien de nos ennemis et de nos pauvres
camarades sont tués présentement ! Combien d'estro-
piés pour toute leur vie! » Plus le combat duroit, et
plus nos inquiétudes augmentoient. Nous nous aper-
cevions que les ennemis faisoient un feu continuel de
la lunette et que les grenades en sortoient toujours
1. Cette sortie était commandée par M. de Wettersheim.
262 MÉMOIRES [Oct. 1713J
avec vivacité; aussi nos grenadiers en furent- ils
repoussés à toutes les attaques qu'ils y firent, quoique
nos troupes, après avoir renversé les douze cents
hommes qui composoient leur sortie dont il a été
parlé, s'étoient emparés du chemin couvert, et qu'on
eût rompu la communication de cette lunette avec la
place. L'attaque de cet ouvrage dura quatre heures.
Les assiégés qui le défendoient repoussoient nos gre-
nadiers, non seulement par un feu continuel de mous-
queterie et de grenades, mais aussi avec des faulx
emmanchées à revers S avec la baïonnette au bout du
fusil, et à coups d'espontons et de hallebardes. Nos
généraux, voyant nos grenadiers pour ainsi dire
presque rebutés, firent marcher le régiment de Poi-
tou, dont M. du Montai- étoit colonel, qui eut la gloire
d'emporter cet ouvrage. Presque toutes les troupes
qui étoient dedans furent massacrées. Cependant, le
lieutenant-colonel qui avoit fait une si belle défense
eut le bonheur de tomber entre les mains de nos offi-
ciers, qui lui sauvèrent la vie^. Il étoit bien dix heures
lorsqu'on s'empara de cet ouvrage. Ainsi, voyant le
feu cessé de part et d'autre, nous nous en retour-
nâmes dans notre camp; il étoit minuit lorsque nous
y arrivâmes. Il falloit faire un grand détour pour évi-
ter de ne pas passer près de la ville.
Le lendemain, nous apprîmes la perte considérable
que nous avions faite : des trente-six capitaines des
1. Yi' Histoire militaire donne seule ce détail.
2. Charles-Louis de Montsaulnin, comte du Montai, colonel
du régiment de Poitou en 1702, brigadier depuis 1710, parvint
en 1734 au grade de lieutenant général.
3. Il s'appelait Tellier.
[Oct. 1713] DU CHEVALIER DE QUINCY. 263
grenadiers, il y en eut vingt-huit de tués sur la place
et quatre blessés dangereusement, autant des lieute-
nants et des sous-lieutenants, et à proportion des gre-
nadiers et des autres troupes. Jamais action n'a été si
meurtrière : une bataille ne nous auroit pas coûté tant
de sang^. Cela n'est pas étonnant, puisque les assiégés
avoient posté sur leur rempart et dans les ouvrages
extérieurs la plus grande partie de leurs troupes.
Leur chemin couvert en étoit rempli, afin de favoriser
la sortie des douze cents hommes.
Si nous perdîmes bien du monde, les ennemis en per-
dirent considérablement ; car non seulement presque
tous les douze cents hommes dont la sortie étoit
composée furent tués ou culbutés dans le fossé, mais
aussi ceux qui étoient dans le chemin couvert et dans
la lunette furent massacrés. Le maréchal de Villars fut
blessé d'un coup de pierre sur les reins; il en fut
pour une grande douleur, qui n'eut pas de suite 2;
le comte de Groissy, lieutenant général, eut le bras
percé d'un coup de fusil; le duc de Fronsac^, aide
1. Les Mémoires de Villars disent deux mille hommes, ce qui
est exagéré ; le chiffre officiel est quinze cents hommes, dont
cent quatre-vingt-trois officiers [Histoire militaire, p. 227). La
Gazette d' Amsterdam (n°Lxxxvii) dit mille hommes, et deux cents
seulement du côté des assiégés, ce qui est manifestement au-
dessous de la vérité.
2. Le coup fut tellement violent, que les habits du maréchal
étaient percés [Mémoires de Villars, p. 222).
3. Louis-François-Armand de Vignerot (1696-1788), d'abord
titré duc de Fronsac, puis duc de Richelieu à la mort de son
père (1715), devint maréchal de France en 1748. Il venait de
passer, en 1711-1712, quatorze mois à la Bastille, pour ses
écarts de conduite.
264 MÉMOIRES [Oct. 1713]
de camp du maréchal, blessé légèrement; M. de Con-
tades, major général, blessé légèrement. Les quatre
capitaines des grenadiers d'Alsace y furent tués. Ce
régiment se comporta avec une valeur et une intrépi-
dité admirable : aussi perdit-il si considérablement, que
le maréchal de Villars voulut l'exempter de faire le
service le reste de la campagne; mais ce brave régi-
ment voulut le continuer comme auparavant.
Plusieurs personnes blâmèrent M. de Villars d'avoir
fait attaquer le chemin couvert de vive force, ce qui
nous avoit fait perdre bien quatre mille hommes'' ;
mais, pour peu que l'on fasse réflexion à la situation
où nous étions par rapport à la saison avancée, au
peu de fourrages que nous avions, et aux vivres qui
commençoient à nous manquer, on excusera facile-
ment ce général. Il étoit de la dernière conséquence
de s'emparer de cette place, afin de venir au but
que nous souhaitions depuis longtemps, qui étoit
d'obliger l'Empereur à faire la paix^.
Le lendemain de cette action, qui étoit le 15, le
gouverneur envoya une lettre, à la petite pointe du
jour, par un tambour, au maréchal de Villars, pour le
supplier de lui accorder une suspension d'armes de
quatre heures pour retirer ses blessés et faire enter-
rer les morts : ce qui fut accordé sur-le-champ. Pen-
dant cette suspension, nous re.tirâmes nos blessés et
nous fumes enterrer nos morts.
Le 16, il ne se passa rien d'extraordinaire, tant à
la ville qu'aux châteaux.
1. Voy. ci-dessus, p. 263, n. 1, le montant exact des pertes.
2. C'est dans l'ouvrage de son frère, p. 278, que notre auteur
prend ces considérations.
[Oct. 1713] DU CHEVALIER DE QUINCY. 265
Le 17, le camp de M. d'Asfeld coucha sous les
armes par rapport à la nouvelle que ce général reçut
que le prince Eugène s'étoit avancé à la tête d'un
gros détachement de son armée pour tâcher de faire
entrer un secours dans la place; mais, comme il
apprit que les troupes qui composoient le camp de la
vallée de Saint-Pierre étoient fort alertes, il se retira
à Rothweil, qui étoit toujours son quartier général.
Ce même jour 1 7, notre régiment monta la tranchée
devant les châteaux. Pendant le dîner chez l'officier
général de tranchée, la conversation tomba sur la
sortie que les ennemis avoient faite le 13, où je per-
dis mon ami Pina. M. d'Esclimont, colonel d'un régi-
ment de dragons^ et frère du marquis de Fervacques-,
eut l'imprudence de dire que, de la maison où il étoit
logé, il avoit vu les moutons abandonner précipitam-
ment les tranchées, voulant dire par cette expression
que nos fantassins avoient lâché le pied. Sur-le-champ,
je lui répliquai : « Comment donc. Monsieur, est-ce
c( que la toison des moutons est rouge ^ présente-
c( ment? » Tout le monde se mit à rire de ma pensée :
ce qui déconcerta si fort mon colonel, qu'il ne répon-
dit pas le mot. Véritablement, c'étoit le détachement
de dragons, qui y étoit alors de tranchée, qui avoit
pris seul la fuite. Tout le monde en étoit instruit. Il
1. Auguste-Léon de Bullion d'Esclimont, chevalier de Malte
en 1697, avait un régiment de dragons depuis juillet 1709; il
devint lieutenant général au gouvernement de Guyenne en
1725, et mourut le 3 février 1769, à soixante-dix-sept ans. On
l'appelait plutôt le chevalier de Bonnelles.
2. Tome II, p. 344.
3. L'uniforme des dragons était rouge.
266 MÉMOIRES [Oct. 1713]
n'est pas honnête ni poli, et même il est très dange-
reux d'attaquer en public un corps sur la valeur: on
se fait certainement bien vite des affaires.
Pendant cette tranchée, nous perdîmes plusieurs
soldats du régiment et un sous-lieutenant de nos com-
pagnies de grenadiers. Il étoit depuis quarante ans
dans le régiment; de soldat il étoit devenu officier;
c'étoit un très brave homme : nous l'avons beaucoup
regretté. Il s'appeloit du Buisson, et, auparavant
d'être officier, La Débauche.
Du côté de la ville, on fît plusieurs batteries sur la
crête du chemin couvert, afin de battre en brèche la
demi-lune et le corps de la place. Ce même jour, on
travailla à faire écouler les eaux qui étoient dans le
fossé.
La nuit du 18 au 19, les mineurs travaillèrent à
faire sauter la contrescarpe.
Pour nous, de notre côté, nous n'avancions ni recu-
lions. On y étoit seulement occupé à tâcher de se
mettre à couvert dans les tranchées ; car on y étoit vu
depuis la tête jusqu'aux pieds, comme je l'ai dit
ci-devant 1.
Les tranchées du 19, du %0, du 211 se passèrent
tranquillement aux deux attaques.
Le 22, du côté de la ville, on travailla à la descente
du fossé; on fît deux ponts, qui avoient chacun trente
pieds de largeur, pour aller à la demi-lune, et deux
autres de même largeur pour nous conduire aux deux
bastions attaqués.
1. Ci-dessus, p. 253.
[Oct. 1713] DU CHEVALIER DE QUINCY. 267
Ce même jour 22, Monsieur le Duc^ nous fit l'hon-
neur de monter la tranchée devant les châteaux; il
donna un dîner et un souper magnifiques. Il fit beau-
coup de libéralités aux soldats. C'est dans ces occa-
sions-là qu'il est nécessaire qu'un prince du sang
ouvre bien sa bourse. On occupa ce jour-là une
redoute que les ennemis avoient abandonnée au bas
du château, près de la rivière.
Le 23, 24 et 25 furent employés du côté de la ville
à faire nos quatre ponts et à faire écouler les eaux.
Nos six batteries de canon et les six mortiers qui
étoient sur la crête du chemin couvert ne disconti-
nuoient point de se faire entendre : aussi les brèches
aux deux bastions se formoient visiblement, ce qui
donna occasion au maréchal de Villars de faire som-
mer le gouverneur de ne point attendre que les ponts
fussent achevés pour rendre la place ; mais le baron
d'Arsch lui fit réponse qu'il avoit encore bien du
temps à faire ses réflexions, et qu'il l'emploieroit pour
tâcher de mériter son estime.
Les travaux devant les châteaux avançoient si peu,
que nous étions tous persuadés que nous ne les pren-
drions jamais par cette attaque. M. de Vauban avoit
eu raison de dire au Roi, auparavant de faire cons-
truire ces forts, qu'il les rendroit si inattaquables,
qu'il faudroit une armée d'aigles pour les prendre^.
On employa le 26 et le 27 aux mêmes travaux.
Le 28 enfin, le canal que M. de Valori avoit fait faire
1. Ci-dessus, p. 209.
2. C'est en 1680-1681 que Vauban a dirigé la construction
des fortifications de Fribourg.
268 ■ MÉMOIRES [Oct. 1713]
fut en état de recevoir les eaux du fossé. Ainsi, plus
d'obstacles pour nos ponts, qui furent achevés le 30.
Ce jour-là, on fit jouer une mine sous le chemin
couvert de l'Escargot, laquelle fit l'effet dont on s'étoit
proposé. Nos grenadiers s'y logèrent.
Attaque de la demi-lune^. — Le 31 , le maréchal se
rendit de grand matin dans la tranchée du côté de la
ville; il n'y fut pas plus tôt arrivé, qu'il fit attaquer la
demi-lune par les compagnies de grenadiers des régi-
ments de Tallard et de Berry, suivies de ces deux
régiments. Le baron d'x\rsch avoit ordonné à l'offi-
cier qui y commandoit de se défendre jusqu'à la der-
nière extrémité, et, pour l'empêcher de se retirer
avec les troupes qui étoient dedans, il fit rompre le
pont de communication de la ville à l'ouvrage.
Après quelque résistance de la part des ennemis,
nos grenadiers y entrèrent, et ils s'emparèrent en
même temps du réduit qui étoit à la gorge, environné
d'un fossé bien revêtu. Les deux cent cinquante
hommes qui défendoient les deux ouvrages furent
tous ou tués, ou blessés, ou faits prisonniers. De notre
côté, nous eûmes un ingénieur de tué et plusieurs de
blessés. On ne perdit point de temps à s'y loger. Mal-
gré le grand feu de canon et de mousqueterie qui
sortoit des remparts, le logement fut parfait au bout
de deux heures. L'intention du maréchal avoit été
d'attaquer les deux bastions en même temps que la
demi-lune; mais, ayant appris qu'un coup de vent
avoit rompu le pont qui conduisoit au bastion de la
1. Voyez V Histoire militaire, p. 284, et les Mémoires de
Villars, p. 225.
[Oct. 1713] DU CHEVALIER DE QUINCY. 269
gauche^, il jugea à propos de suspendre cette attaque
jusqu'à tant que cet inconvénient fût réparé. On y
travailla pendant quatre heures, pendant lequel temps
il fit les dispositions nécessaires pour faire donner
l'assaut général^. Il fit venir cent quarante compagnies
de grenadiers; soixante bataillons dévoient les soute-
nir. Dans le moment que nos troupes s'ébranloient
pour marcher aux brèches, le maréchal fut averti
qu'il paroissoit deux drapeaux blancs sur le rempart.
La marche de nos grenadiers fut arrêtée. Quelque
temps après, il arriva un bourgeois de la ville dans
la tranchée; il étoit chargé d'une lettre du gouverneur,
par laquelle il supplioit notre général d'accorder sa
protection, non seulement à la ville et aux soldats bles-
sés et malades, mais à ceux qui se portoient bien
qu'il avoit été obligé de laisser dans la place, le tout
au nombre de trois mille hommes, sans compter les
femmes, les enfants et les valets des officiers, et les
femmes des soldats, les vivandiers et toutes les autres
personnes qui suivoient les troupes-^.
Sur-le-champ le maréchal fit marcher le régiment
des gardes françoises^, qui s'emparèrent des portes et
des postes de la ville. Ce régiment fut suivi quelque
temps après des régiments de Bourbonnois, de Limou-
sin, de Royal-Comtois et de Lorraine, qui se postèrent
1. Mémoires militaires, p. 390.
2. Ce récit est entièrement conforme à celui de V Histoire
militaire du marquis de Quincy, p. 285.
3. Mémoires de Villars, p. 225-226 et 353; Gazette d'Ams-
terdam, Extraord. xc.
4. C'était le privilège des gardes françaises d'entrer les pre-
miers dans les places prises.
270 MÉMOIRES fOct. 1713]
sur les remparts. Le chevalier d'Asfeld et M. de Silly
furent chargés d'y commander. Ces troupes établies,
le maréchal fit son entrée. Les magistrats se trou-
vèrent à la porte par où il devoit entrer. Ils lui pré-
sentèrent à genoux les clefs de la ville, et ensuite ils
implorèrent sa clémence, car ils craignoient avec rai-
son que le maréchal n'abandonnât la ville au pillage;
mais il les rassura en leur disant qu'ils n'avoient rien
à appréhender, tant pour leur vie que pour leurs
biens, mais il exigea d'eux deux millions de livres
de France, pour se racheter du pillage ^
Le baron d'Arsch, homme fin et rusé, persuadé
que sa ville seroit emportée d'assaut, et voulant
l'abandonner, fit entendre aux officiers et aux soldats
qu'il étoit obligé d'y laisser, et aux magistrats et aux
bourgeois, qu'il étoit dans le dessein de nettoyer
entièrement les tranchées devant les châteaux, et que,
pour bien exécuter son projet, il étoit nécessaire
qu'il se servît non seulement de tous ses grenadiers,
mais encore des meilleures troupes qu'il pouvoit avoir
et qui étoient le plus en état d'agir. Lorsque toutes
ces troupes furent entrées dans les forts, il fit venir
les magistrats, et il leur dit de faire une capitulation
la plus avantageuse pour la ville qu'ils pourroienl, et
il leur confia son projet. Son dessein étoit de se
i. Villars, dans ses Mémoires (p. 226), dit seulement « un
million de livres au profit du Roi, » et ce chiffre est confirmé
par V Histoire militaire, p. 285, et les Mémoires militaires,
p. 391 ; mais, étant donnée la rapacité bien connue du maréchal,
on peut penser que, s'il demanda un million pour le Roi, il
n'eut garde de s'oublier, et que le chiffre donné par notre che-
valier doit être le chiffre exact de ce que la ville eut à payer.
[Oct. 1713] DU CHEVALIER DE QUINCY. 271
défendre dans les châteaux jusqu'à la dernière extré-
mité, d'autant plus qu'il n'étoit que trop bien informé
que les vivres et les fourrages commençoient à deve-
nir rares dans notre armée, ce qui nous auroit obligés
dans la suite d'abandonner la ville ' ; mais il avoit à
faire à un général qui n'étoit point dupe, et qui savoit
parfaitement bien les droits de la guerre. Il lui envoya
M. de Gontades pour lui dire que, s'il vouloit lui
remettre tous les forts, il lui donneroit une capitula-
tion telle qu'il pouvoit souhaiter; mais, en même
temps, M. de Gontades eut ordre de lui dire que, s'il
n'acceptoit point sa proposition, il alloit premièrement
faire sauter toutes les fortifications de la ville; qu'il
l'abandonneroit à la fureur du soldat; ensuite, qu'il y
feroit mettre le feu ; qu'il alloit faire mettre tous ses
soldats blessés, malades ou non, les femmes, les
enfants et les domestiques dans les maisons les plus
voisines du côté qu'il attaqueroit le château ; qu'il
feroit mettre des sentinelles à toutes ces maisons, afin
que qui que soit de son armée ne leur donnât des
vivres ; qu'il défendroit sous peine de la vie aux sol-
dats et aux bourgeois de leur en porter; que c'étoit
à lui de leur en fournir, et de ses forts; sinon, que ces
malheureux, pauvres victimes de son opiniâtreté,
seroient non seulement exposés à périr par le feu de
ses propres canons et par les bombes, mais aussi à
mourir de faim; enfin, qu'il lui donnoit vingt-quatre
1. Sur la difficulté que les assiégeants commençaient à éprou-
ver pour les vivres et les fourrages, on peut voir la lettre de
Villars au ministre, 30 octobre, reproduite dans les Mémoires
militaires, p. 386.
272 MÉMOIRES [Oct. 1713]
heures pour faire ses réflexions et prendre son parti ^.
Le baron d'Arsch, qui ne s'attendoit pas à un
pareil compliment, et connoissant la fermeté du maré-
chal, lui fit demander une suspension d'armes pour
cinq jours, afin d'envoyer au prince Eugène un offi-
cier pour lui faire part de sa résolution. Sa demande
lui fut accordée. Il envoya au général de l'Empereur,
dont l'armée étoit toujours à Rothweil, M. de Walonk-
lon^, et le maréchal envoya M. de Gontades à la cour
pour porter au Roi la nouvelle de la prise de la ville
et de ce que le maréchal avoit conclu avec le gou-
verneur.
Le même jour que le baron d'Arsch avoit aban-
donné la ville pour se rendre dans les châteaux et
dans les forts avec la plus grande partie de l'élite de
sa garnison, notre régiment montoit la tranchée. On
s'aperçut à une heure après midi, de notre tranchée,
d'un mouvement extraordinaire dans les châteaux et
dans les forts : ce qui nous fit présumer que les enne-
mis se préparoient à faire une vigoureuse sortie sur
les troupes qui y étoient. Ils firent même sortir
quelques grenadiers pour le faire croire. Notre colonel
et la plupart des capitaines du régiment, et surtout
ceux qui y étoient plus anciens que moi, étoient des-
cendus des tranchées pour aller dîner chez l'officier
général, qui donnoit son repas à la queue de la tran-
chée. Je ne me ressouviens plus de la raison pour
1. Voyez les Mémoires de Villars, p. 226-227, où il énumère
les menaces qu'il fit faire au baron d'Arsch.
2. Les Mémoires de Villars àistni (p. 229) Af. de Vactendonc,
et Y Histoire militaire (p. 286) : M. de Wactendonck.
[Nov. 1713] DU CHEVALIER DE QUINCY. 273
laquelle je restai dans la tranchée; ainsi, dans ce
moment, je me trouvai commander le régiment. Je
fis ma disposition pour recevoir ces messieurs ; mais,
au bout d'un certain temps, voyant que les assiégés
ne paroissoient plus, j'envoyai M. de Basfossé, garçon-
major, à la sape pour savoir ce qui se passoit. Gomme
il fut quelque temps sans revenir, je m'y rendis moi-
même. J'appris que le détachement des ennemis avoit
paru quelque temps sur le glacis du fort de l'Étoile,
mais qu'il s'étoit retiré. Je trouvai M. de la Fosse,
lieutenant d'une compagnie de mineurs, qui me fit
voir toutes nos mines faites dessous le chemin cou-
vert du fort de l'Escargot. Cet officier, quoique bien
jeune, savoit parfaitement bien son métier. Dans le
temps que je revenois, je reçus dans le haut du bras
droit une balle de biscaïen qui me culbuta par terre.
J'entendis dans cet instant nos grenadiers qui se
mirent à crier : « Ah ! voilà le chevalier de Q[uincy]
« tué! » M. de Basfossé et M. de la Fosse me rele-
vèrent. Par bonheur pour moi, j'avois sur mon habit
un surtout dont l'étoffe très épaisse amortit le coup ;
cette balle avoit percé auparavant un blindage; sans
cela, elle m'auroit fracassé le bras. De la violence
avec laquelle elle me jeta par terre, la garde de mon
épée s'aplatit comme un écu. Cependant, je n'en fus
que pour la chute et quelques coups de lancette qu'on
me donna dans le bras. Ce fut le dernier coup de feu
que les ennemis tirèrent ; car le gouverneur fit battre
la chamade pour faire faire par les magistrats de la
ville la proposition dont j'ai parlé.
Pendant la trêve, qui dura dix jours, nous travail-
lâmes à une batterie de quarante pièces de canon du
lli \6
Î74 MÉMOIRES fNov. 1713]
côté de la porte du Secours, pour battre le château
qui est le plus près de la ville, et plusieurs mortiers.
On fit aussi plusieurs batteries de canon et de mor-
tiers sur les remparts, sur les demi-lunes et sur le
chemin couvert du côté de cette porte.
Le sixième jour de la suspension d'armes, je me
rendis au château pour voir M. le baron Damnitz,
capitaine d'infanterie dans le régiment de Neipperg,
que j'avois vu autrefois à Paris; il m'avoit fait faire
des compliments. Après m'avoir donné la collation, il
me fit voir tous les dedans des châteaux et des forts,
et les communications qui conduisent aux uns et aux
autres desdits ouvrages. La garnison étoit encore si
nombreuse, que les officiers et les soldats étoient les
uns sur les autres; la plus grande partie étoit obligée
de coucher à la belle étoile. Ces troupes auroient souf-
fert infiniment de nos bombes et de nos pierres, si
M. d'Arsch n'eut pas capitulé ^
Ce gouverneur fut sur le point de rompre la trêve
par l'imprudence des officiers des régiments allemands
qui sont au service de France. Ces Messieurs, pour
faire leurs recrues plus facilement, débauchoient
autant qu'ils pouvoient les soldats de la garnison;
cela fut porté si loin, que le baron d'Arsch écrivit au
maréchal de Villars pour s'en plaindre, et même il
lui mandoit par sa lettre qu'il romproit la suspension,
s'il ne remédioit à ce désordre. Je me trouvai dans
le moment dans la maison où il ~ logeoit lorsqu'il reçut
cette lettre; il nous en dit le contenu, et, après nous
1. « Il n'est pas possible que tant de gens pussent tenir dans
de si petits lieux » [Journal de Dangeau, t. XV, p. 33).
2. Le maréchal de Villars.
[Nov. 1713] DU CHEVALIER DE QUINCY. 275
avoir exposé les suites fâcheuses de cette conduite, il
menaça de faire casser tout officier qui continueroit
cette mauvaise manœuvre; et puis, adressant la parole
au chevalier de Bavière^, il lui dit : « Chevalier,
« empêchez donc les officiers de votre régiment de
« débaucher les soldats de la garnison ; vous en sentez
« aussi bien que moi les conséquences. »
Ce jour-là même, le prince de Conti^, fort mahn
de son naturel, en examinant un passeport qu'on
avoit demandé au maréchal : « Mais, Monsieur le
« Maréchal, lui dit-il, vous vous nommez Hector;
« c'est le nom du valet de carreau. » — « Il est vrai,
« lui répondit sur-le-champ M. de Villars; mais c'est
« aussi le nom d'un grand homme. » — « C'est le
« vôtre, » lui répliqua le prince. Par cette réplique,
il répara ce qu'il avoit dit d'abord.
Prise de la ville et des forts de Fribourg. — Enfin,
après bien des voyages que fit M. de Walonkton à
l'armée ennemie, le prince Eugène ordonna au baron
d'Arsch d'accepter les conditions du maréchal de
Villars. On lui accorda tous les honneurs de la guerre
qui s'accordent ordinairement à un gouverneur qui
1. Fils naturel de Max-Emmanuel et de la comtesse d'Arco,
Emmanuel-François-Joseph, connu sous le nom de chevalier
de Bavière, était entré de bonne heure au service de France,
et commandait depuis 1709 le régiment Royal-Bavière. Briga-
dier en 1719, il passa en Espagne en 1721, y obtint la gran-
desse, et fut tué à Lawfeld le 2 juillet 1747.
2. Louis-Armand de Bourbon (1695-1727). Il venait d'épouser
peu de mois auparavant, contraint et forcé, la sœur de Mon-
sieur le Duc (ci-dessus, p. 209), qui lui-même avait épousé le
même jour M"® de Conti [Mémoires de Saint-Simon, éd. 1873,
t. X, p. 54-61).
276 MÉMOIRES [Nov. i713]
s'est défendu au mieux, quatre pièces de canon et
deux mortiers pour lui marquer l'estime générale
qu'on faisoit de sa personne par rapport à la belle
défense qu'il avoit faite. Aussi peut-on dire à sa gloire
que place n'a jamais été si bien défendue par nos
ennemis pendant le cours de cette guerre.
La capitulation fut signée le 16 novembre par le
maréchal de Villars et par le baron d' Arsch ^ . Le len-
demain, les ennemis nous livrèrent le fort Saint-Pierre
et le fort de l'Étoile, avec le petit ouvrage qui est
devant la porte du château.
Le 19, toute notre armée se rangea en bataille
depuis le glacis de la porte de Souabe jusque bien
avant dans la vallée de Saint-Pierre ; mais deux heures
après, elle fut envoyée dans son camp, le baron
d' Arsch ayant demandé encore vingt- quatre heures
pour terminer ses affaires.
Le ^0, la garnison sortit de bonne heure; elle étoit
au nombre de sept mille hommes, des treize mille qui
étoient dans la ville au commencement du siège ^. Le
gouverneur, qui étoit incommodé depuis quelques
jours, étoit dans une chaise attelée seulement de deux
chevaux ; sa cuisinière étoit derrière, ayant un cha-
peau à l'allemande sur sa tête. Notre armée resta
dans son camp pendant que la garnison sortoit. Je la
vis défiler. Un fifre d'un régiment jouoit sur son ins-
trument la marche des mousquetaires du Roi. Je vou-
lus donner à déjeûner au baron Damnitz; il me remer-
1. Le texte de la capitulation est donné dans les Pièces des
Mémoires militaires, p. 645-647.
2. Ce sont les chiffres donnés par une note ajoutée au texte
de la capitulation [Mémoires inililaires, p. 647).
[Nov. 1713] DU CHEVALIER DE QUINCY. 277
cia en me disant qu'il étoit obligé de suivre son régi-
ment. Après bien des empressements pour qu'il me
fît cet honneur, je lui souhaitai un bon voyage en
l'embrassant tendrement. Je n'ai pas entendu parler
de lui depuis.
Le duc de Fronsac fut envoyé le 1 7 à la cour, pour
porter au Roi la nouvelle de la prise des châteaux et
des forts * .
Le gouvernement de Fribourg fut donné au maré-
chal de Villars ; il le méritoit bien, non seulement par
rapport aux grands services qu'il avoit rendus au
Roi jusqu'à présent, mais aussi parce qu'il avoit ce
gouvernement avant la paix de Ryswyk. M. de Pélis-
san en fut nommé lieutenant de roi; M. de Bresson,
capitaine des grenadiers du régiment de Poitou, major;
M. de Morville, commandant d'un bataillon de Navarre,
commandant du Château et du fort de l'Aigle, et
M. de Gobert, commandant d'un bataillon de Cham-
pagne, commandant du château de Saint-Pierre et du
fort de l'Étoile.
Le maréchal de Villars ayant donné ses ordres au
comte du Bourg, qui fut chargé du commandement
de l'armée en son absence, partit pour se rendre à
Rastadt, afin de finir avec le prince Eugène une guerre
qui duroit depuis si longtemps, et dans laquelle les
François et nos ennemis avoient répandu tant de sang.
Pour moi, nos semestres étant arrivés, je quittai et
l'armée et le régiment pour me rendre à Paris. Je
partis avec M. de Bourlamaque^, capitaine au régiment
1. Journal de Dangeau, t. XV, p. 30.
2. Jean-François de Bourlamaque, d'une famille originaire
de Lucques, avait été page du Roi en 1693; il fut tué en 1734
278 MÉMOIRES [Nov. 1713]
Dauphin-infanterie, avec qui j'avois été mousquetaire
du Roi et qui a une très jolie terre, dont le château est
bâti à l'italienne, à une lieue de Q[uincy]'. Nous
avions avec nous M. de Bessé, capitaine de cavalerie.
Nous fîmes tous trois ce voyage ensemble ; nous tra-
versâmes le Vieux-Brisach, pour aller coucher à un
bourg à huit lieues de cette place. Nous sentîmes que
le climat s'adoucissoit à mesure que nous nous éloi-
gnions des montagnes Noires ; il ne paroissoit plus de
neige sur la terre ; cependant il y avoit déjà quelques
jours que nous en étions accablés devant Fribourg.
Le Vieux-Brisach. — Le Vieux-Brisach, nommé
ainsi depuis que le Roi a fait construire le Nouveau-
Brisach, qui est à un quart de lieue du premier, est
situé sur le Rhin. Cette ville étoit anciennement la
capitale du Brisgau. Elle étoit une des plus fortes
places de l'Europe ; on la regardoit comme l'oreiller
sur lequel reposoit la maison d'Autriche. Le maréchal
de Guébriant s'assura de cette place pour la France au
mois d'octobre 1639. Elle fut cédée au Roi par la
paix de Westphalie, en 1648; mais, par la paix de
Ryswyk, en 1697, elle fut rendue à l'Empereur et à
l'Empire en échange de la ville de Strasbourg. En 1 7021,
le duc de Bourgogne en fit la conquête. Par la der-
à la bataille de Parme. Un de ses fils servit au Canada sous
Montcalm, et ses Lettres à ce général ont été publiées à Québec
(1893) dans la Collection des manuscrits du chevalier de Lévis.
1. C'est le château du Vivier, commune de Coutevroult,
dans le canton de Crécy, près Meaux, qui venait de la mère de
M. de Bourlamaque, et que nous n'avions pu identifier ci-des-
sus, tome II, p. 320, lorsque notre auteur n'avait donné que la
première lettre du nom.
[Nov. 1713] DU CHEVALIER DE QUINCY. 279
nière paix de Rastadt, la France Ta rendue à l'Em-
pereur.
En allant à Paris, nous passâmes par Remiremont
et par Saint-Dizier.
Remiremont. — Le bourg de Remiremont est
célèbre par le fameux chapitre qui y est, dans lequel
on ne reçoit chanoinesses que des filles de qualité, qui
sont obligées de faire les preuves des trente-deux
quartiers pour y entrer^. Il est du diocèse de Toul et
situé sur la Moselle, qui prend sa source auprès de
Bussang, village situé près des monts des Vosges, sur
les frontières de la Franche-Comté et de l'Alsace.
Cette rivière, après avoir passé à Épinal, à Toul, à
Pont-à-Mousson, à Nancy, à Metz, à Thionville, à
Trêves, se jette dans le Rhin à Coblentz^.
Saint-Dizier est célèbre par la défense que fit le
comte de Sancerre^, de la maison de Bueil, contre
Charles-Quint, l'année 1 544 ; elle est située en Cham-
pagne, sur la Marne, et elle est capitale d'un petit pays
nommé Vallage'^.
1. L'abbaye de Remiremont, fondée dès leva® siècle, avait
été sécularisée au xvi^. Les chanoinesses devaient faire la preuve
de quatre degrés de noblesse, tant paternelle que maternelle.
Il y a une longue notice sur l'abbaye, son histoire, sa règle et
ses dignitaires dans le Dictionnaire géographique de la France,
par l'abbé Expilly, t. VI, p. 174-176. Depuis 1711, l'abbesse
était Béatrix-Hiéronyme de Lorraine, demoiselle de Lillebonne,
qui tint une si grande place à la cour de Louis XIV.
2. Il a déjà parlé de la Moselle, et énuméré les villes qu'elle
traverse, dans le tome I, p. 153-154.
3. Louis de Bueil, grand échanson de France en 1533, mort
en 1563.
4. Petit pays de Champagne entre le Barrois, le Perthois, la
Champagne proprement dite et la Bourgogne. Certains géo-
280 MÉMOIRES [Nov. 1713]
Au commencement de mon voyage, je m'aperçus
que le cheval sur lequel étoit monté M. de Bessé boi-
toit considérablement, ou plutôt qu'il ne marchoit que
sur trois jambes, ce qui devoit beaucoup le fatiguer ; je
ne puis m'empêcher de le lui dire. Il me répondit, en
se mettant à rire : « En vérité, cela tire plus que cent
« bœufs. » Cet officier, qui étoit un très aimable cava-
lier, n'avoit aucune affaire à Paris; il y alloit seule-
ment par rapport à sa maltresse, qu'il aimoit ten-
drement.
La fièvre me prit en sortant de Saint-Dizier ; elle
m'accompagna jusqu'à Paris. Nous passâmes par la
terre de M. de Bourlamaque; M. du P[lessis] et sa
femme* y étoient; elle étoit cousine germaine de
M. de Bourlamaque^. Nous y séjournâmes; il nous
pressa si fort de lui faire ce plaisir, qu'il nous fut
impossible de lui refuser.
Le lendemain de notre séjour, qui étoit le % dé-
cembre, nous nous rendîmes à Paris, M. de Bessé
et moi, lui pour le faubourg Saint-Germain, et moi
pour le Marais, où mon frère le lieutenant géné-
ral de l'artillerie étoit toujours logé^. En arrivant
chez lui, j'y trouvai le commandeur de Bandeville,
grand prieur de Champagne, notre oncle paternel
graphes ne plaçaient pas Saint-Dizier dans le Vallage, mais en
Perthois.
1. Pierre Sevin (tome I, p. 6-7) et Marie-Françoise de Mar-
geret (tome II, p. 237).
2. Par sa mère, Catherine Picot, dont la sœur avait épousé
François Burlamacchi, venu en France au milieu du xvu*^ siècle,
et père de l'officier dont il est ici question.
3. Ci-dessus, p. 207.
[Nov. 1713] DU CHEVALIER DE QUINCY. 281
à la mode de Bretagne ^ qui me fit mille amitiés,
et qui depuis ce moment voulut m'engager à aller
loger chez lui ; mais je connoissois mon homme,
je ne savois que trop que non seulement j'aurois
beaucoup à souffrir de son humeur, mais aussi
que les espérances qu'on pouvoit avoir touchant sa
succession étoient des plus vaines. Ainsi, je le remer-
ciai toujours le mieux qu'il me fût possible. Je fis
bien, car mon frère du Plessis fut la dupe de huit
années qu'il avoit employées pour lui faire sa cour :
trois jours avant de mourir, il lui fit fermer sa porte,
et il ne voulut jamais lui donner la moindre petite
chose, quoique le commandeur Perrot", alors tréso-
rier de l'ordre, fit au monde tout ce qu'il put pour
l'engager à lui faire un présent^.
Le maréchal de Villars, qui s'étoit rendu à Rastadt,
petite ville où feu le prince Louis de Bade^ a fait bâtir
un superbe palais ^ travailloit sérieusement avec le
1. Tome I, p. 52, et ci-dessus, p. 236, et la Notice prélimi-
naire, p. XVI.
2. Henry Perrot de Saint-Dié, d'une famille de Paris, entré
dans l'ordre en 1658, eut la commanderie d'Oisemont en 1695,
celle de Chanu en 1713, enfin celle de Saint-Jean de Latran à
Paris en 1726, avec la charge de trésorier du grand prieuré de
France depuis 1705. Il mourut en 1735.
3. Le commandeur de Bandeville avait une belle fortune,
plus de deux cent mille livres; les règlements de l'ordre de
Malte ne l'autorisaient à disposer que de la cinquième partie;
il préféra laisser à l'ordre la totalité de ses biens (voyez l'ins-
cription commémorative érigée à Malte, ci -après. Appen-
dice, p. 309).
4. Louis-Guillaume, margrave de Bade, né en 1655, était
mort à Rastadt le 4 janvier 1707, laissant la réputation d'un
des plus grands capitaines de son temps.
5. Bâti en petit sur le modèle de Versailles, ce château avait
282 MÉMOIRES [Nov. 1713]
prince Eugène à terminer la guerre. Ces deux grands
hommes étoient logés dans ce beau château, dont le
prince Eugène occupoit la moitié, et le maréchal
l'autre. Ils s'y donnoient alternativement à manger et
aux personnes de considération qui les avoient suivis et
qui venoient les voir. Tous les matins, ils travailloient,
tantôt chez l'un tantôt chez l'autre, alternativement.
Nos François, qui avoient admiré les grandes et
belles actions que le prince Eugène avoit faites pen-
dant tout le cours de cette guerre, l'admirèrent par
rapport à sa profonde science dans toutes sortes de
matières. Il en parloit avec une si grande précision
et une si grande netteté, qu'un chacun étoit surpris
de voir qu'un si grand capitaine avoit pu trouver le
temps de les étudier si parfaitement. Un de mes
parents, nommé Potier ^ capitaine de cavalerie, qui
par curiosité étoit allé à Rastadt, fut témoin d'une
conversation des deux généraux. Elle étoit tombée
sur les sectes différentes de la religion chrétienne : le
prince Eugène, m'a-t-il dit, entra dans chacune en
particulier ; il en exposa le bon et le mauvais, et il en
parla si savamment, que le maréchal de Villars, qui
n'étoit nullement théologien, surpris et ne pouvant y
répondre, lui dit en se levant pour s'en aller : « Pre-
« nez garde à vous, Monsieur; car votre grande
« science vous damnera, et mon ignorance me sau-
« vera. » Ce fut ainsi que notre général se tira d'af-
faire ; tout le monde se mit à rire de sa pensée.
été épargné par Villars, lorsqu'il avait ravagé les terres du
prince de Bade, pendant la campagne de 1703.
1. Peut-être appartenait-il à la famille parlementaire des
Potier de Novion.
[Nov. 1713J DU CHEVALIER DE QUINCY. 283
Enfin, le traité de paix ayant été signé par ces deux
grands héros, le 6 mars 1714, je fis vendre mon petit
équipage. Cependant la paix ne fut entièrement con-
clue qu'au congrès de Bade, en Suisse, qui fut signé
par le maréchal de Villars le 7 septembre suivante
1. Ici il y a dans le manuscrit : Fin du premier tome des
Essais de mes mémoires, ce qui pourrait faire supposer que
l'auteur avait l'intention de les continuer.
APPENDICE.
La noblesse de la famille Sevin.
Dans une note de la page 3 du premier volume des présents
Mémoires, il a été dit que les preuves pour l'ordre de Malte
dWugustin Sevin de Quincy avaient été inventées ou falsifiées
à cette occasion dans leurs degrés anciens. Il convient de justi-
fier cette affirmation, qui ne m'est pas personnelle, mais n'est
que la reproduction de celle que Gharles-René d'Hozier, juge
d'armes de France, plus compétent que personne en la matière,
a consignée dans ses dossiers du Cabinet des titres.
En juin -{703, Augustin Sevin de Quincy, sieur de l'Épineux,
frère aine de notre chevalier, voulut faire admettre dans la mai-
son de Saint-Gyr sa fille Anne-Marguerite. Il présenta, en consé-
quence, au juge d'armes les preuves de noblesse de la postulante,
qui n'étaient exigées pour Saint-Gyr que dans la ligne paternelle,
et jusqu'au quatrième degré seulement. D'Hozier ne trouva pas
suffisantes les pièces qui lui étaient soumises, et les observa-
tions qu'il fit à M. de Quincy lui attirèrent la lettre suivante,
qui a été conservée dans les papiers de son cabinet (ms.
Franc. 3^^93, fol. ^9) :
A Versailles, ce -17" juin n03.
Monsieur,
Le Roi ayant accordé deux places dans la maison de Saint-Gyr
à M"^' de Quincy et d'Auteuil, je me suis persuadé que la bonne
286 APPENDICE.
noblesse de ces demoiselles et l'honneur qu''elles ont d'apparte-
nir à M™* de Chamiilart étoient de suffisantes recommandations
auprès de vous, pour vous engager à leur faire plaisir en leur
rendant une étroite justice. Je ne change point de sentiments,
Monsieur, quoique vous ayez fait quelques difficultés à M. de
Quincy ^ , qui en vint hier parler à M"^ de Chamiilart. Loin de
croire que ce soit pour traverser ses parentés 2, je l'ai assurée
que M. de Quincy avoit tort de s'alarmer, et j'ai soutenu que,
si vous faisiez quelques difficultés, c'étoit plutôt en vue de
rendre les informations de ces demoiselles plus honorables que
dans le dessein de leur nuire, n'y ayant pas apparence que vous
voulussiez attaquer des titres devenus authentiques par plu-
sieurs examens faits par l'ordre de Malte. Dans cette confiance,
je vous demande. Monsieur, au nom de M"^ de Chamiilart, de
vouloir donner vos soins pour faciliter et avancer les affaires de
ces demoiselles.
Je suis très parfaitement, Monsieur, votre très humble et très
obéissant serviteur.
Le Rebours^.
Outre les annotations marginales rapportées ci-dessous, d'Ho-
zier a encore ajouté, de sa main, sur la lettre, la longue note
suivante :
« Rien n'est moins ni vrai ni authentique que les preuves
de Malte. On sait le trafic public de faussetés que l'on fait
pour les titres qui servent à ces preuves. Et, comme les titres
dont on s'est servi pour les degrés des aïeul et bisaïeul du
grand-père de celte demoiselle de Quincy sont d'une fausseté
criante, je n'ai pas eu assez de foi pour l'énoncé qui en est
1. En marge, de la main de M. d'Hozier : « Parce qu'il m'avoit
apporté des titres très faux. »
2. En marge : « Parce que cette demoiselle Sevin est arrière-
petite-fiUe d'une Rebours, qui est le nom et la famille de M™e de
Chamiilart. »
3. De la main de Ch. d'Hozier : « Cousin germain de M°>e de
Chamiilart et premier commis des finances, puis intendant des
finances, fils de M. Rebours, président au Grand Conseil. »
J
APPENDICE. 287
fait dans le procès-verbal de la preuve pour Malte du grand-
père de M"*' de Quincy, pour y déférer. iMais, son père m'ayant
depuis rapporté des titres vrais, sur lesquels j'ai certifié la
noblesse attributive^ de cette demoiselle, elle a été reçue à
Saint-Cyr. »
Sur la liste des pièces produites pour ces mêmes preuves
(même ms., fol. 7), en face du degré de François Sevin et
d'Antoinette Le Rebours (voy. Notice préliminaire, p. viii),
M. d'Hozier a encore écrit de sa main :
« On ne m'a rapporté aucun acte où soient nommés le père
et la mère de François Sevin, On n'a pas voulu me faire voir
que ce François Sevin, mari d'Antoinette Rebours et procureur
au Parlement, étoit le fils de Guillaume Sevin, aussi procureur
l'an \^o{ ; et, pour faire passer la preuve pour Malte du cheva-
lier Sevin de Quincy, on a supposé sur de faux titres que ce
François Sevin étoit fils d'un Pierre Sevin et d'une Suzanne de
Redon. Voilà comme les preuves pour Malte sont admises au
Temple. »
Il revint encore sur ce sujet. Dans la copie de la même liste
qui se trouve dans le ms. Franc. 30^59, fol. 2\ v°, et où le
copiste a reproduit une première rédaction de la note ci-dessus
transcrite, le juge d'armes ajouta à la suite :
« [Ces preuves de Malte] doivent passer à présent pour des actes
incontestables; mais cette autorité ne m'a pas séduit. J'ai rejeté
toutes ces fausses pièces, et je n'ai fondé la preuve que j'ai cer-
tifiée au Roi que comme noblesse attributive par les offices de
robe. »
Ce ne fut pas tout : une note identique fut encore inscrite
par lui sur un tableau généalogique de la famille Sevin (ms.
Franc. S'HOS, fol. 2^).
1. C'est-à-dire acquise par des charges de judicature auxquelles
la noblesse est attribuée.
288 APPENDICE.
L'année qui suivit l'admission de M"^ de Quincy à Saint-Gyr,
un membre d'une autre branche des Sevin crut devoir se faire
conflrmer dans sa noblesse. Il obtint des lettres patentes dont
il a semblé intéressant de reproduire le texte. On se contentera
de faire remarquer que cette confirmation fut octroyée contre
argent comptant ; la pièce elle-même le dit, et il est permis de
penser que, à cette époque où la guerre de succession d'Espagne
nécessitait des dépenses extraordinaires, on n'était point trop
difficile pour ceux qui consentaient à financer. Voici ce docu-
ment, sur le vu duquel d'Hozier blasonna les armes adoptées
par les Sevin :
Lettres de confirmation de noblesse pour Claude Sevin,
sieur de Villemesle.
Juin n04.
Louis, etc. Notre cher et bien amé Claude Sevin, écuyer, sieur
de Villemesle, l'un des gentilshommes ordinaires de la chambre
de feu notre très cher et féal frère unique, et à présent de notre
très cher et féal neveu le duc d'Orléans, nous a très humble-
ment fait remontrer qu'il est originaire de Paris et issu de l'an-
cienne famille de Jean Sevin, écuyer, sieur de Vitré', qui vivoit
en -1494, dont les rois nos prédécesseurs et nous avons honoré
en différents temps de dignités, de charges et d'emplois consi-
dérables, tant dans l'Église, Tépée, que la justice et la finance,
les uns ayant été conseillers d'État, président au Parlement et
en la cour des aides, maîtres des requêtes, chevaliers de Malte,
d'autres conseillers en nos parlements de Paris, de Guyenne et
de Toulouse; que Claude Sevin, fils de l'exposant, sert depuis
longtemps dans nos armées en qualité de sous-lieutenant, lieu-
tenant et capitaine de nos bombardiers, s'étanl trouvé dans
tous les sièges et dans toutes les batailles de la précédente
guerre; que les auteurs de l'exposant ont toujours été reconnus
gentilshommes et nobles. Mais, ayant appris que son père avoit
1. Ne faudrait-il pas lire plutôt Vilvé pour Villevé? Voyez
tome I, Notice préliminaire, p. v.
APPENDICE. 289
eu une des commissions de procureurs en notre parlement de
Paris avant qu'elles eussent été érigées en litre d'office, qu'il a
depuis abandonnée après en avoir vendu la pratique, et crai-
gnant que Ton ne lui objectât cet exercice comme une déro-
geance, quoiqu'elle n'en soit pas une, ce qui l'oblige, en tant
que besoin est ou seroit, d'avoir recours à nos lettres de confir-
mation et réhabilitation sur ce nécessaires, qu'il nous a très
humblement fait supplier de lui accorder en conséquence de
notre édit du mois de mai ^702 et arrêt du 20 juin suivant; à
quoi nous inclinons d'autant plus volontiers que nous sommes
pleinement instruits de l'ancienne noblesse de l'exposant et des
services qui ont été rendus à nos prédécesseurs Rois et à notre
couronne, tant par ses auteurs, son fils, qui a servi avec dis-
tinction dans notre régiment des bombardiers pendant douze
années, que par l'exposant en ladite qualité de gentilhomme
ordinaire de notre très cher et féal frère unique et de notre très
cher et féal neveu le duc d'Orléans, suivant les provisions, bre-
vet et certificats ci-attachés sous le contre-scel de notre chan-
cellerie, avec les contrats de mariage de ses auteurs et de lui,
des ^0 mai ^620, 26 juin 1651, 3 septembre ^662 et ^9 no-
vembre -1669, et son extrait baptistaire, et que ces considéra-
tions nous engagent à remettre l'exposant dans le rang de ses
ancêtres et le relever de toutes dérogeances dans lesquelles son
père pourroit être tombé, et en le confirmant de son ancienne
noblesse.
A ces causes et autres à ce nous mouvans, voulant gratifier
ledit Claude Sevin et le faire jouir du bénéfice de l'arrêt de notre
Conseil du 20 juin -1702, et de notre grâce spéciale, pleine puis-
sance et autorité royale, nous l'avons, par ces présentes signées
de notre main, maintenu et confirmé, maintenons et confirmons
dans son ancienne noblesse d'extraction sans qu'il soit besoin
d'autres preuves que des présentes pour en justifier, dont nous
l'avons dispensé et dispensons, et sans que les dérogeances de
son père, si aucunes sont, puissent lui nuire ni préjudicier,
dont à cet effet nous l'avons relevé et relevons, après qu'il nous
a paru qu'il a payé la finance que nous avons fixée par l'arrêt
de notre Conseil du 20 juin n02 et par le rôle arrêté en icelui
le 5 septembre audit an, suivant la quittance du garde de notre
111 19
290 APPENDICE.
Trésor royal du 4 juin 1 704, regislrée au contrôle général de nos
finances le e*" desdils mois et an, ci avec les autres pièces atta-
chées sous notre conlrescel, [l'avons] même, en tant que besoin
est ou seroit, anobli et anoblissons, ensemble ses enfants nés
et à naître en légitime mariage lui permettons et à ses
descendants de prendre les qualités de noble et d'écuyer, et de
pouvoir parvenir au degré de chevalerie, et de jouir de tous les
honneurs, prérogatives, etc., avec faculté d'acquérir et possé-
der tous fiefs et seigneuries nobles, etc., lui permettons et à
sa postérité de porter les mêmes armoiries, timbres, avec les
cimiers et supports que ses ancêtres ont toujours portées, telles
qu'elles seront blasonnées et enregistrées par le sieur d'Hozier,
juge d'armes de France, ainsi qu'elles seront peintes et figurées
dans les présentes lettres, Si donnons en mandement,
etc. Donnée Versailles au mois de juin, l'an de grâce mil sept
cent quatre, et de notre règne le soixante-deuxième. Signées :
LoDis, et sur le repli : Par le Roi : Phélypeaux; et scellées du
grand sceau de cire verte en lacs de soie rouge et verte.
Registrées, ouï le procureur général du Roi, pour jouir par
l'impétrant, ses enfants et postérité, tant mâles que femelles,
nés et à naître en légitime mariage, de leur effet et contenu, et
être exécutées selon leur forme et teneur, suivant l'arrêt de ce
jour. A Paris, en Parlement, le seize février mil sept cent cinq.
Signé : Du Tillet.
(Arch. nat., registre du Parlement X1a8699, fol. 138 v» à 141.)
Certificat d'enregistrement des armoiries délivré par le juge
d'^armes de France.
Charles d'Hozier, conseiller du Roi, généalogiste de sa Mai-
son, juge général des armes et des blasons, garde de l'Armoriai
général de France et chevalier de la Religion et des ordres mili-
taires de Saint-Maurice et de Saint-Lazare de Savoie.
Après avoir vu les lettres patentes en forme de charte don-
nées à Versailles au mois de juin de l'an 1704, ces lettres
signées Louis, contresignées Phélypeaux, et sur le repli : Vu au
Conseil, Ghamillart; par lesquelles Sa Majesté confirme dans
son ancienne noblesse d'extraction le sieur Claude Sevin, écuyer.
APPENDICE. 291
sieur de Villemesle, ci-devant l'un des gentilshommes ordinaires
de la chambre de feu Monsieur, duc d'Orléans, et à présent de
Mgr le duc d'Orléans, son fils, le relève de la dérogeance com-
mise par son père, l'anoblit en tant que besoin, avec ses enfants
mâles et femelles nés et à naître, et lui permet de continuer de
porter les armoiries, avec le cimier et les supports, telles
qu'elles ont été portées de tout temps par ceux de sa famille,
et qui sont un écu d'azur à une gerbe d'or, cet écu timbré d'un
casque de profd orné de ses lambrequins d'or et d'azur ; pour
supports deux lions au naturel, et pour cimier un lion naissant
de même^,
Nous, en exécution de la clause qui est contenue dans lesdites
lettres, et qui ordonne qu'elles seront blasonnées par nous ainsi
qu'elles seront peintes et figurées dans les présentes lettres,
que nous les enregistrerons comme juge d'armes de France, et
que notre acte d'enregistrement sera attaché sous le contre-
sceau, les avons blasonnées, ainsi qu'elles sont exprimées et
figurées ci-dessus, et, après les avoir enregistrées dans notre
registre général des armoiries de ceux qu'il plaitau Roi de con-
firmer dans leur ancienne noblesse d'extraction et dans la pos-
session des armoiries de leur famille, nous en avons donné audit
sieur Sevin le présent acte, et nous l'avons signé de notre seing
manuel, avec l'empreinte du sceau de nos armes, à Issy-lès-
Paris, le septième jour du mois de juillet de l'an rail sept cent
quatre. (Signé :) D'Hozier.
(Bibl. nat., ms. Franc. 29184, fol. 259.)
IL
Le mariage d'Augustin Sevin de Qdincï et de Marguerite
DE Glapion^.
Arrêts du parlement de Paris.
Du 3^ janvier <660.
Vu PAR LA GouR la requête à elle présentée par messire Thierry
1. Les armoiries sont peintes en marge.
2. Ci-dessus, tome I, p. 3-4, et Notice préliminaire, p. x.
$92 APPENDICE.
Sevin, conseiller du Roi en ladite cour, seigneur de Quincy,
contenant que, messire Augustin Sevin, chevalier non profès de
l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, allant quelquefois en sa sei-
gneurie sise au faubourg de Brie-Gomte-Robert, quelques par-
ticuliers auroient fait dessein de se rendre maîtres de son esprit
afin de l'obliger de se marier inégalement, ce qui auroit été
entrepris par la damoiselle de la Boissière', qui a une fille,
laquelle elle lui veut faire épouser bien qu'elle n'ait aucuns
biens et ne soit de condition ni de naissance égale audit Sevin ;
ce que le suppliant et toute sa famille ont notable intérêt d'em-
pêcher.
A CES CAUSES, requéroit icelui suppliant être ordonné que, par-
devant l'un des conseillers de ladite Cour, assemblée seroit faite
des plus proches parents dudit Augustin Sevin, pour donner
leur avis sur le fail dudit mariage, et y être pourvu par la Cour 5
et cependant défenses à tous notaires de passer aucun contrat
de mariage, et à tous prêtres, vicaires et curés de publier aucuns
bans, ni de célébrer aucun mariage dudit Augustin Sevin, à peine
de dix mille livres d'amende, dépens, dommages et intérêts en
leurs propres et privés noms.
Vu AUSSI les pièces attachées à ladite requête, signée Sevin et
Tibert, procureur, conclusions du procureur général du Roi,
ouï le rapport de messire Jean Doujat, conseiller en ladite Cour,
tout considéré ;
La Cour a ordonné et ordonne que ladite requête sera com-
muniquée à partie, pour, ce fait et rapporté, être ordonné ce
que de raison; et cependant fait défenses à tous notaires de
passer aucun contrat de mariage, et à tous prêtres, vicaires et
curés de publier aucuns bans ni de célébrer aucun mariage
dudit Augustin Sevin, à peine de dix raille livres d'amende,
dépens, dommages et intérêts.
(Signé :) De Nesmond, J. Doujat.
(Arch. nat., X1a24î5, fol. 457, et X1b2018.)
1. Marguerite Tartereau, veuve de Guillaume de Glapion, sei-
gneur de la Boissière.
APPENDICE. 293
Du 7 juillet idêO.
Entre Augustin Sevin, chevalier, seigneur de la Gorbillière,
demandeur aux fins de la requête par lui présentée à la Cour
le 4^ juin 1660, tendante à ce qu'il soit reçu opposant à l'exé-
cution de l'arrêt du 3-1^ janvier dernier par le sieur défendeur
ci-après nommé; faisant droit sur ladite opposition, déclarer
ledit sieur Sevin non recevable en sa demande, fins et conclu-
sions portées par sa requête, sur laquelle ledit arrêt est inter-
venu, et condamner ledit sieur défendeur en tous les dommages
et intérêts du sieur demandeur et aux dépens de l'instance,
d'une part ;
Et messire Thierry Sevin, conseiller en la Cour, d'autre part;
Après que Gueherry, pour ledit Sevin, a été ouï,
La Cour ordonne que les parties mettront leurs requête et
pièces es mains de messire Michel Ferrand, conseiller en icelle,
pour, à son rapport, leur être fait droit.
(Arch. nat., X1a5858, fol. 151, et X1b5958.)
Du 7 août ^660.
Ex\TBE messire Augustin Sevin, chevalier, seigneur de la Gor-
billière, demandeur en requête par lui présentée à la Cour le
4« juin ^660, d'une parti
Et messire Tbierry Sevin, conseiller en la Cour, défendeur,
d'autre part ;
Vd par la Gocr ladite requête du 4" juin dernier à ce que le
demandeur fût reçu opposante l'exécution de l'arrêt du 3^ jan-
vier dernier obtenu par le défendeur; faisant droit sur ladite
opposition, icelui défendeur déclarer non recevable en sa
demande, fins et conclusions portées par sa requête, sur laquelle
ledit arrêt est intervenu, et ledit défendeur condamner en tous
dommages et intérêts dudit demandeur et aux dépens, — arrêt
du 7 juillet dernier, par lequel auroit été ordonné que les par-
ties mettroient leurs requête et pièces es mains de messire
Michel Ferrand, conseiller en icelle, pour, à sondit rapport, leur
être fait droit, — production dudit demandeur, — sommation
de produire par ledit défendeur, — et tout considéré;
Il sera dit que ladite Cour a reçu et reçoit ledit demandeur
294 APPENDICE.
opposant à l'exécution dudit arrêt du 3^ janvier dernier, et, y
faisant droit, a levé les défenses portées par icelui et a condamné
ledit défendeur aux dépens.
(Signé :) pe Lamotgnon, M. Ferraivd.
(Arch. nat., X1a2484, fol. 184, et X1b2039.)
Certificat du mariage.
a Extrait d'une promesse mutuelle faite sous seings privés,
en forme de contrat de mariage, le 8* de février de l'an 4660,
entre raessire Augustin Sevin, chevalier, seigneur du Plessis et
de la Gorbillière, fils de feu messire Charles Sevin, chevalier,
seigneur de Quincy, conseiller du Roi en sa cour de Parlement
et maître des requêtes ordinaires de son hôtel, et de dame Marie
Le Maistre, ses père et mère, d'une part, assisté de Pierre de
Marillac, chevalier des ordres du Roi et mestre de camp entre-
tenu en infanterie françoise, et de messire Charles d'Alez, che-
valier^ seigneur du Corbet, — et demoiselle Marguerite-Fran-
çoise de Glapion, fille de messire Guillaume de Glapion, chevalier,
seigneur de la Boissière et de la Fosse, et de damoiselle Mar-
guerite Tarlereau, ses père et mère, assistée de sa mère, de
damoiselle Louise de la Gerre, son aïeule, veuve de Nicolas Tar-
lereau, seigneur du Tremblay, et de Pierre de Glapion, son
frère, chevalier, seigneur du Tremblay, au bas de laquelle est
un extrait du registre des mariages de la paroisse de Brie-
Comte-Robert, au diocèse de Paris, portant que, le lundi
46* d'août de la même année 4660, en vertu d'un arrêt de la
Cour du V et de la dispense des bans du 43* desdits mois et an,
fut réhabilité le mariage célébré clandestinement le 9* février de
la même année entre ledit messire Augustin Sevin, chevalier,
seigneur de la Gorbillière, et ladite damoiselle Marguerite de
Glapion, en présence des témoins y dénommés; cet extrait déli-
vré par Bonnefons, prêtre, vicaire de ladite paroisse, et légalisé
par Antoine Binet de Gourtemour, conseiller du Roi, bailli de
la ville et comté de Brie-Gomte-Robert. Lesdits deux actes
représentés par copie signée par Dupuis et Courtois, notaires
au Ghàtelet de Paris, et chez eux déposés en original le 4" août
APPENDICE. 295
de l'an \7iQ par messire Charles Sevin, chevalier, marquis de
Quincy, lieutenant général de l'artillerie de France et grand
bailli de la ville de Meaux, demeurant à Paris, rue Saint-Louis,
paroisse Saint-Gervais, et messire Joseph Sevin, chevalier, sei-
gneur des Grand et Petit- Villefalier, demeurant à Paris, rue
de Poitou, au Marais, paroisse Saint-Gervais. »
(Bibl. nat., rns. Franc. 30159, fol. 9 v% dans les preuves de Pierre
Sevin pour l'ordre de Saint-Lazare.)
m.
DOCDMENTS RELATIFS A JoSEPH SeVIN, CHEVALIER DE QdINCI.
Lettres de provisions
de la charge de lieutenant de roi de l'Orléanais.
8 mars \ 720.
Louis, etc. Par édits des mois de février et avril ^692, véri-
fiés oîi besoin a été, le feu Roi, de glorieuse mémoire, notre
très honoré seigneur et bisaïeul, a créé, érigé et établi en cha-
cune province de notre royaume des charges de nos lieutenants
pour représenter notre personne et commander sous notre auto-
rité, en l'absence du gouverneur en chef ou de notre lieutenant
général, en chacune desdites provinces; et, comme notre inten-
tion a été d'en pourvoir des gentilshommes distingués par leur
naissance, par leurs services ou par ceux de leurs ancêtres, pour
les conserver à leur postérité comme autant de témoignages de
leur mérite et de notre satisfaction, mettant en considération
les bons et fidèles services que notre très cher et bien amé
Joseph Sevin, chevalier, comte de Quincy, chevalier de notre
ordre miUtaire de Saint-Louis, nous a rendus, et a l'État, en
qualité de premier capitaine du régiment de Bourgogne, à
l'exemple de ses ancêtres ;
Pour ces cadses et autres, nous lui avons donné et octroyé,
donnons et octroyons, par ces présentes signées de notre main^
ladite charge de notre lieutenant dans notre province d'Orléa-
nois, et lui avons assigné pour son département les bailliages
de Gien et de Monlargis, le Gâtinois et le pays de Puisaye,
296 APPENDICE.
dépendants de notre province d'Orléanois, que tenoitetexerçoit
François du Puy de Digny, dernier possesseur, après le décès
duquel Pierre Grassin, écuyer, propriétaire en conséquence de
déclaration passée devant Baudin et son collègue, notaires à
Paris, le 24 mai -17^3, nous auroit fait payer par François-
Antoine Grassin, en nos revenus casuels, le droit de survivance
ordonné par notre édit du mois de décembre 1709, comme il
paroit parla quittance du sieur Berlin, trésorier, dont Tamplia-
lion est ci-atlachée, lequel sieur Pierre Grassin, ne désirant se
faire pourvoir dudit office, s'en seroit démis en nos mains au
profit dudit sieur comte de Quincy, par acte passé par-devant
Gaschier et son collègue, notaires à Paris, le 20 janvier dernier,
ci-attaché, pour ladite charge avoir, tenir et dorénavant exercer,
en jouir et user par ledit sieur comte de Quincy audit titre de
survivance, et aux honneurs, prérogatives, prééminences, rangs,
séances, franchises, libertés y appartenants, avec plein pouvoir
de représenter notre personne et commander sous notre autorité
dans toutes les villes et lieux dudit département, en Tabsence
du gouverneur en chef et de notre lieutenant général audit
pays, contenir nos sujets en la fidélité et obéissance qu'ils nous
doivent, pacifier et faire cesser tous débals et querelles qui
pourroient survenir, entre eux, faire punir par nos juges ceux
qui s'en trouveront auteurs et coupables, comme aussi ceux qui
contreviendront à nos édits et ordonnances, les faire garder et
observer inviolablement, mander, convoquer et assembler,
toutes fois et quantes que besoin sera, les gens d'Église, la
noblesse, maires, échevins, consuls et habitants des villes, pour
leur faire entendre, enjoindre et ordonner ce qu'ils auront à
faire pour notre service, empêcher qu'il ne se fasse aucune levée
de troupes sans notre permission et nos commissions signées
de Pun de nos secrétaires d'État, commander aux gens de
guerre, tant de cheval que de pied, qui y sont et seront en gar-
nison ou passant en route, ordonner de la garde et conservation
des places, contenir les gens de guerre dans Tordre et discipline
militaire suivant nos ordonnances, châtier ceux qui commet-
tront quelque chose au contraire, et généralement faire et
ordonner dans ledit département, en Tabsence du gouverneur
et de notre lieutenant général, tout ainsi que nous pourrions
APPENDICE. 297
nous-mêmes si nous y étions en personne, aux appointements de
deux mille six cent soixante-six livres treize sols quatre deniers
par chacun an, dont sera fait fonds dans l'état de nos finances de
la généralité d'Orléans de la somme de deux mille livres pour trois
quartiers, et aux facultés et conditions portées dans lesdits édits.
Si donnons ex mandement à nos amés et féaux les gens tenant
notre cour de Parlement à Paris que ledit sieur Sevin de Quincy,
duquel nous nous sommes réservé de prendre et recevoir en
nos mains le serment en tel cas requis et accoutumé, ils aient
à souffrir, faire et laisser jouir et user pleinement et paisible-
ment de ladite charge de notre lieutenant, etc... Mandons, en
outre, à nos amés et féaux conseillers les présidents, trésoriers
de France et généraux de nos finances à Orléans que, par les
receveurs généraux de nos finances en ladite généralité et autres
comptables qu'il appartiendra, ils fassent bailler, payer et déli-
vrer comptant audit sieur de Quincy lesdits appointements
dorénavant par chacun an, etc.. Donné à Paris, le Séjour de
mars l'an de grâce -1 720, et de notre règne le cinquième. Signé :
LoDis, et sur le repli : Par le Roi, le duc d'Orléans, régent, pré-
sent, Phe'ltpeaux; et scellées du grand sceau de cire jaune sur
double queue.
En marge dudit repli est encore écrit : Aujourd'hui ^2 mai
n20, le Roi étant à Paris, le sieur Joseph Sevin, chevalier,
comte de Quincy, dénommé en ces présentes, a fait et prêté,
entre les mains de Sa Majesté, Monsieur le duc d'Orléans, régent,
présent, le serment qu'il étoit tenu de faire à cause de la charge
de son lieutenant dans la province d'Orléanois dont il a été
pourvu, moi, conseiller de S. M. en ses conseils, secrétaire
d'État et de ses commandements et finances, présent. Signé :
PHÉLyPEADX.
Registrées, ouï le procureur général du Roi, pour jouir par
l'impétrant de leur effet et contenu selon leur forme et teneur,
à la charge par ledit impétrant de ne rien entreprendre sur la
juridiction contentieuse et de tenir la main à l'exécution des
édits, déclarations du Roi, arrêts et règlements de la Cour, sui-
vant l'arrêt de ce jour. A Paris, en Parlement, le 22 juin ^720.
Signé : Gilbeet.
(Arch. nat., X1a8724, fol. 6 v% et X1b9014, 22 juin.)
298 APPENDICE.
Quittance de remboursement d'un prêt.
9 avril n22.
Joseph Sevin de Quincy, lieutenant de roi de l'Orléanais, et
sa femme, Madeleine de Sève, donnent quittance de la somme
de sept raille livres pour remboursement d'un prêt de pareille
somme fait par Madeleine de Sève, le 9 avril d7i3, à Jean-Nico-
las Martinet, actuellement chef d'escadre au service d'Espagne,
et à Anne Helvélius, son épouse.
(Ms. Franc. 29184.)
Contrat de mariage de Joseph Sevin, comte de Quincy, et
Marie-Madeleine-Eugénie de Tournai/ d'Assignies d'Oisy.
26 juin -1732.
Du contrat de mariage passé devant Veillart et son confrère,
notaires à Paris, le 26 juin 4 732, entre messire Joseph Sevin,
chevaher, comte de Quincy, chevalier de Saint-Louis, premier
capitaine du régiment de Bourgogne et lieutenant de roi de la
province d'Orléanois, demeurant à Paris, rue Royale, paroisse
Saint-Paul, veuf, d'une part, et dame Marie-Madeleine-Eugé-
nie de Tournay d'Assignies d'Oisy, veuve, sans enfants vivants,
de messire Louis-Albert de Dreux, chevalier, seigneur de Mar-
san, demeurante à Paris, rue des Lions, susdite paroisse, pour
elle et en son nom, d'autre part, il a été extrait ce qui suit :
Conviennent que, sans avoir aucunement égard en ce point à
la coutume de Paris, à laquelle ils dérogent, il n'y aura entre
eux aucune communauté de biens, mais chacun d'eux jouira à
part et divis de tous ses biens, sans aucune confusion, et, pour
avoir par ladite dame future épouse la libre disposition de ses
meubles et de ses revenus, donner toutes quittances, ester en
jugement, procéder et faire tout ce qui conviendra pour la con-
servation de ses biens et intérêts, ledit sieur son futur époux
l'autorise indéfiniment, en tant que besoin est ou seroit, et, au
moyen de la non-communauté ci-dessus stipulée, chacun des-
dits seigneur et dame futurs époux payera et acquittera ses
APPENDICE. 299
dettes et hypothèques, sans que l'autre et ses biens en soient
tenus aucunement.
En faveur du futur mariage, et voulant lesdits seigneur et
dame futurs époux se donner des preuves de leur estime et
considération, ils se sont fait et font entre vifs et irrévocable-
ment les donations qui ensuivent, et acceptants de part et
d'autre :
D'abord, ladite dame donne et assure audit seigneur son futur
époux, au cas qu'il survive ladite dame, mille livres de rente et
pension viagère, à prendre sur les biens-fonds qu'elle a et aura
à son décès, pour lui en jouir dans ledit temps et au cas qu'il
survive.
De plus, lesdits seigneur et dame futurs époux se donnent
mutuellement, et au survivant d'eux, tous les meubles meu-
blants, ustensiles, linge, argenterie, deniers comptants, sommes
réputées deniers comptants^ billets, promesses, obligations,
dettes exigibles, droits, noms, raisons et actions, qui de pré-
sent appartiennent au prémourant et se trouveront lui appar-
tenir au jour de son décès, sans y comprendre les rentes por-
tées par les contrats de constitution, pour le survivant d'eux
en jouir en toute propriété et sans aucunes réserves.
Lesdites donations faites à condition que, au jour du décès
dudit prémourant, il n'y aura aucuns enfants nés ou à naître
dudit mariage, ou que, y en ayant, ils seront décédés en mino-
rité et avant d'avoir valablement disposé, auquel cas lesdites
donations reprendront leur force et vertu.
Insinué à Paris le 30 septembre -1732; et a été payé pour le
droit cinquante livres.
(Arch. nat., Y 334, fol. 160 v°.)
Extrait mortuaire du chevalier de Quincy.
a Du 23^ juin n49.
« Extrait des registres mortuaires des Pères Feuillants de la
rue Saint-Honoré, portant que, le 23^ juin \ 749, le corps de
messire Joseph Sevin, comte de Quincy, lieutenant de roi de
la province de l'Orléanois, chevalier de l'ordre militaire de
300 APPENDICE.
Sainl-Louis, avoit été apporté dans leur église par Monsieur le
vicaire de la paroisse Sainl-Roeh, accompagné de son clergé, et
avoit été inhumé dans la cave de la chapelle Saint-Sébastien,
lieu de sépulture de la famille de Quincy, en présence de mes-
sire Pierre Sevin du Plessis de Quincy, chevalier de Saint-
Lazare, etc., son frère, et de raessire Pierre de Margeret, che-
valier de Tordre militaire de Saint-Louis, etc., son beau-frère \
et de messire Jacques Giraud de Moucy, chevalier, seigneur de
Miron, etc., son allié. »
(Ms. Franc. 30812, fol. 128.)
IV.
Documents relatifs a Charles Sevin, marquis de Quincy,
ET A sa fille.
Inventaire après décès du marquis de Quincy.
L'an ^738, le H« jour de février, trois heures de relevée, à
la requête de dame Geneviève Pecquot, veuve de messire
Charles Sevin, chevalier, marquis de Quincy, brigadier des
armées du Roi, lieutenant général de l'artillerie et lieutenant
pour le Roi au gouvernement d'Auvergne, demeurante présen-
tement à Paris en la communauté des filles Sainte-Geneviève
dites Miramionnes, quai de la Tournelle, paroisse Saint-Nico-
las-du-Chardonnet, en son nom à cause de la communauté de
biens qui a été entre ledit défunt sieur son mari et elle,
ladite dame représentée par messire Bertrand de Montgibault,
chevalier, enseigne des gardes du corps du Roi et brigadier des
armées de S. M ;
En la présence de Marguerite-Charlotte Sevin de Quincy,
damoiselle, fille majeure demeurante à Orléans, de présent en
cette ville de Saint-Germain-en-Laye, logée rue de Pontoise
en la maison des Trois-Fleurs-de-Lys, en son nom et comme
1. C'était le fils du capitaine aux f^ardes nommé dans le tome II,
p. 237 ; il avait épousé une sœur consanguine de la seconde femme
du chevalier de Quincy.
APPENDICE. 301
fondée de procuration de Marie-Madeleine-Gharles Sevin de
Quincy, damoiselle, fille majeure, sa sœur;
Aussi, en la présence de messire Augustin Sevin, chevalier,
seigneur de TËpineux, capitaine au régiment de Lannion, pro-
vince de Bretagne, demeurant en sa terre de l'Épineux, près
Orléans ;
Et encore en la présence de noble homme Claude Legrand,
conseiller du Roi, et son procureur des sièges royaux dudit
Saint- Germain- en- Laye, appelé pour l'absence de messire
Thierry Sevin, chevalier, seigneur de Bussy, ancien capitaine
au régiment de Chartres-infanterie, demeurant à Rivaulde, en
Berry ; de messire Pierre Sevin, chevalier, seigneur du Plessis,
demeurant à Paris, rue Sainte-Anne, paroisse Saint-Roch; de
messire Joseph Sevin, comte de Quincy, lieutenant de roi de
la province d'Orléanois, demeurant à Paris, rue Neuve-des-
Petits-Champs, susdite paroisse Saint-Roch, et de messire
Alexandre Sevin, chevalier, seigneur de la Martinière, demeu-
rant à Angers;
Lesdits sieurs Thierry Sevin, Pierre Sevin, Joseph Sevin et
Alexandre Sevin, habiles à se dire et porter héritiers, chacun
pour un sixième, dudit défunt sieur Charles Sevin de Quincy,
leur frère -, ledit sieur Augustin Sevin de TÉpineux pour repré-
sentation de défunt messire Augustin Sevin de Quincy, son père,
chevalier, frère aine dudit défunt sieur de Quincy , et les-
dites damoiselles Marie-xMadeleine- Charles et Marguerite-Char-
lotte Sevin de Quincy, par représentation de défunt messire
Thierry Sevin, chevalier, leur père, frère dudit défunt,
A été, par les notaires gardes-notes du roi audit Saint-Ger-
main-en-Laye soussignés, fait inventaire et description de tous
les biens, meubles meublants, ustensiles de ménage et d'hùtel
de la maison qu'occupoient lesdits sieur et dame de
Quincy, sise en cette ville, rue aux Miettes, où ledit sieur de
Quincy est décédé le ^0 janvier dernier,
302 APPENDICE.
Dans la chambre où le sieur de Quincy est décédé, ayant vue
sur la cour de ladite maison :
Premièrement, un feu de deux pièces, pelle et pincette de fer
poli, garni de pommes de cuivre. 8 1.
Item, un trumeau de cheminée de 22 pouces de glace de haut
sur 27 pouces de large, dans sa bordure de bois doré, avec deux
bras de cuivre. 30 1.
Item, un petit sopha, deux fauteuils, une chaise, un autre
fauteuil et une chaise, de bois de noyer garni de crin, couverts
de tapisserie à Taiguille. 50 1.
Item, quatre fauteuils de bois blanc foncés de paille, deux
autres de bois de noyer foncés de canne, un petit tabouret de
bois doré couvert de tapisserie à l'aiguille. 42 1.
Item, une commode de bois de rapport, garnie de ses tiroirs,
entrées et mains de cuivre doré et dessus de marbre. 50 1.
Item, trois eslampes dans leurs cadres ovales de bois doré,
garnis de leurs verres, un Christ d'ivoire posé sur sa croix de
bois doré et son tapis de velours dans sa bordure de bois doré,
trois autres petites estampes garnies de leurs verres dans leurs
bordures de bois de Sainte-Lucie, une autre représentant le car-
dinal de Bissy, une Sainte-Face dans sa bordure de bois doré et
une petite tablette à hvres. 20 1.
Item, six autres tableaux de famille peints sur toile, dans
leur bordure de bois doré. Mémoire.
Item, une table à jouer, garnie de deux tiroirs, couverte de
drap vert, et une autre petite tablette à livres. 6 1.
Item, une couche à bas piliers, de bois de noyer, garnie de
son enfonçure et dossier, trois matelas de laine, dont un cou-
vert de toile à carreaux, les deux autres de futaine, un lit et
traversin de coutil de Bruxelles remplis de plume d'oie, un
couvre-pied de taffetas broché, une courte-pointe de toile de
coton, la housse dudit lit, deux bonnes-grâces, pentes en
dehors et en dedans et soubassement de toiles de coton, le
dedans dudit lit chantourné de satin citron, deux grands
rideaux de serge couleur citron, et tringle tournante. 350 1.
Item, quatre pièces de tapisserie de toile rayée jaune, blanche
APPENDICE. 303
et bleue faisant le tour de ladite chambre, contenant dix aunes,
y compris une portière et deux rideaux de fenêtres. 30 1.
Dans une petite garde-robe à côté :
La courte-pointe du lit, de même satin. 'loi.
Un petit corps de tiroirs, garni de six tiroirs et un guichet
par bas, le tout de bois de noyer, un prie-Dieu de bois de rap-
port garni de deux volets. ^3 1.
Quinze estampes, dont six dans leurs bordures de bois de
Sainte-Lucie, le surplus dans leurs bordures de bois doré, et
une petite châsse de bois noirci garnie de verre, dans laquelle
il y a un crucifix d'ivoire et la Vierge de bois de coco. 6 1.
Une guitare garnie de ses cordes, dans sa boite. 6 1.
Dans une salle à gauche de l'escalier :
Un trumeau de 46 pouces de glace de long sur 3^ pouces de
haut, dans son filet de bois doré. 90 1.
Deux consoles de bois doré, avec une tasse de porcelaine sur
chacune, deux petites tablettes aux côtés de la cheminée, de
bois peint, façon de la Chine. 8 1.
Un fauteuil de bois doré, un canapé de pareil bois, garnis de
crin, couverts de tapisserie à l'aiguille. 90 1.
Quatre petits fauteuils de bois blanc foncés de paille, un
écran de bois de noyer foncé de tapisserie à l'aiguille, une table
de quadrille de bois d'hêtre avec son tapis, une petite table de
bois de rapport. 42 1.
Un cabinet de bois de la Chine posé sur son pied de bois
doré. -100 1.
Une petite armoire en bibliothèque, ^104 volumes de livres
traitant de différents sujets, reliés en veau et en partie en par-
chemin. ^00L
Trois consoles de bois doré, un tableau peint sur toile repré-
sentant l'enlèvement de Proserpine. 40 I.
Six tableaux estampes représentant les Conquêtes d^A lexandre,
304 APPENDICE.
deux autres estampes garnies de leurs verres dans leurs bor-
dures de bois doré. 30 1.
Onze tableaux de famille, dans leur bordure de bois
doré. Mémoire
Quatre rideaux de fenêtre, trois portières, deux grandes
pièces de tapisserie de toile de coton à raies faisant le
tour de ladite chambre. 40 1.
Dans un cabinet à côté de ladite chambre :
Un trumeau de glace dans sa bordure de bois doré et
deux bras de cuivre doré. 70 1.
Un tableau peint sur toile représentant Louis XIV, dans sa
bordure de bois doré. 20 1.
Trois tableaux [de famille], aussi peints sur toile. Mémoire.
Une couche à bas piliers, de bois de noyer, garnie de son
enfonçure de toile, deux matelas de laine couverts de toile
à carreaux, un lit et traversin de coutil remplis de plume, une
courte-pointe piquée, une autre courte-pointe de satin blanc
des Indes, doublée de satin de Marseille rayé, la housse dudit
lit de toile rayée, deux grands rideaux, deux soubassements,
deux de fenêtres ..... et deux morceaux de pareille
toile servant de tapisserie. -140 1.
Dans une chambre au second étage servant de cabinet
Sept tableaux de famille peints sur toile, deux petits
cadres en tapisserie représentant les armoiries de la famille.
Mémoire.
Sept estampes représentant diverses choses, un [tableau]
peint sur bois représentant la Sainte Famille. ^12 1.
Une petite tablette à livres de bois blanc, et trente- six
volumes de livres traitant de différents sujets. 40 1.
APPENDICE. 305
A l'égard des habits dudit sieur de Quincy, ils
n'on point été prisés et estimés, attendu que ledit sieur de
Quincy a ordonné que le tout soit distribué à ses domes-
tiques , ainsi que son linge.
Dans le passage :
Une carte généalogique de la famille de M. de Quincy. Mémoire.
Dans la salle à manger :
Un poêle de fer avec ses tuyaux, une table de bois blanc sur
son châssis, cinq fauteuils de bois foncés de paille. -15 1.
Sept chaises de bois de noyer, une autre aussi de bois de
noyer remplie de bourre et crin, couverte de moquette. 16 1.
Une table de bois doré avec sa tablette de marbre. 40 1.
Une petite fontaine à deux robinets et sa cuvette de cuivre
rouge. 18 1.
Un paravent de quatre feuilles couvert de papier peint et
découpure. 4 1.
Quatre cartes géographiques avec leurs bâtons de bois noirci,
un trictrac garni de ses dames et cornets. 14 1.
Trois grands tableaux peints sur toile représentant des per-
sonnes de la famille. Mémoire.
Cinq morceaux de damas de Gaux faisant le tour de ladite
salle, deux rideaux de toile de coton. 20 1,
Dans la cuisine :
[Mobilier et batterie de cuisine en cuivre, estimée au
total 183 1.]
Dans l'office :
[Mobilier et vaisselle d'étain, une balance romaine, estimé le
tout 58 1.]
[Le linge : cinq nappes, huit douzaines de serviettes, tabliers
et torchons, le tout 62 1. 10 s.]
III 20
306 APPENDICE.
Ensuit la vaisselle d'argent :
Quinze cuillers et quinze fourchettes, deux cuillers à ragoût,
le tout d'argent blanc, poinçon de Paris, pesant dix marcs six
onces un gros. 5^6 1, -19 s, 9 d.
Un porte-huilier garni de ses deux bouchons, aussi d'argent
blanc, poinçon de Paris, pesant un marc deux onces six gros.
63 1. ^19 S. 5d.
Quatre couteaux de table à manche d'argent blanc, pesant
un marc. 47 1. -12 s. 2 d.
Dans la commode qui est dedans la chambre oii est décédé
ledit sieur de Quincy :
Deux robes, dont une de taffetas couleur de marron, et une
de moire à fond bleu avec bouquets détachés. 50 1.
Une autre robe et un jupon de gros de Tours, fond marron
avec des bouquets blancs. 60 1.
Dans l'armoire en bibliothèque :
Neuf volumes, tant de l'Histoire de France que de la Milice
française . 40 1.
Huit volumes de VHistoire militaire de Louis XIV, compo-
sée par ledit sieur de Quincy. 30 1.
Cent vingt volumes de livres dépareillés reliés en veau et
partie en parchemin. 30 1.
Ensuivent les papiers :
[Contrat de mariage, brevet de pension, constitutions de
rente, etc.]
Ce fait, et après qu'il ne s'est plus rien trouvé à invento-
rier, etc.
(Arch. nat,., T G37, ri" 3, cote 14.)
APPENDICE, 307
Contrat de mariage de René Jourdan de Launey et de
Catherine-Charlotte Sevin, fille de Charles, marquis de
Quincy.
2 novembre ^ 72^ .
Par-devant les conseillers du Roi notaires à Paris soussignés
furent présents messire René Jourdan, clievalier, seigneur de
Launey et autres lieux, gouverneur pour le Roi en son château
de la Bastille et chevalier de l'ordre militaire de Saint-Louis,
fils de défunt messire Jean Jourdan, écuyer, seigneur du Mes-
nil, et de dame Jeanne-Françoise Le Gappon, son épouse,
ses père et mère, demeurant audit château, pour lui et en son
nom, d'une part;
Et messire Charles Sevin, chevalier, marquis de Quincy,
brigadier des armées du Roi, lieutenant général de l'artillerie
de France et lieutenant pour le Roi au gouvernement d'Au-
vergne, chevalier de Tordre militaire de Saint-Louis, et dame
Geneviève Pecquot, son épouse, de lui autorisée, demeurants à
l'Arsenal, susdite paroisse Saint-Paul, stipulant pour damoi-
selle Catherine-Charlotte Sevin de Quincy, leur fille, à ce pré-
sente et consentante, d'autre part-,
Lesquels, en la présence de messieurs et dames leurs parents
et amis ci-après nommés, savoir : du côté dudit sieur de Lau-
ney, de messire Adrien Jourdan, prêtre, frère, et messire René
Jourdan, sieur de Saint-Germain, heutenant pour le Roi en son
château de Vincennes, cousin germain; et du côté de ladite
damoiselle de Quincy, de messire Pierre Sevin de Quincy,
chevalier, seigneur du Plessis et chevalier de Tordre de Notre-
Dame-du-Mont-Carmel et de Saint-Lazare-de-Hiérusalem, oncle,
et dame Marie de Margeret, son épouse, de dame Marguerite
Lefèvre de la Barre, veuve de messire Thierry Sevin, con-
seiller du Roi en ses conseils et président en sa cour de Par-
lement [grande tante], et de messire Christophe d'Aulnoy, sei-
gneur des Grizelles, conseiller du Roi, maître des eaux et
forêts, ami ;
Ont fait et arrêté ensemble le traité de mariage qui ensuit,
savoir : que ledit sieur de Launey et ladite damoiselle de
3Ô8 APPENDICE.
Quincy, du consentement des sieur et dame ses père et mère,
ont prorais se prendre l'un l'autre par nom et loi de mariage,
pour en être fait la célébration en face de la sainte Église
incessamment.
Seront lesdits sieur et damoiselle futurs époux communs en
biens meubles et conquêts immeubles, suivant la coutume de
Paris, au désir de laquelle leur communauté sera réglée et le
partage d'icelle fait.
La dot de ladite damoiselle future épouse est de valeur de
cent vingt-cinq mille livres, composée de ce qui ensuit :
Savoir, de la lieulenance de roi au gouvernement de la pro-
vince d'Auvergne, dont ledit sieur marquis de Quincy père
est actuellement pourvu et jouissant, et dont il fournira sa
démission audit sieur futur époux le lendemain de la célébra-
tion dudit mariage, pour s'y faire pourvoir, en poursuivre
l'agrément de S. M., et s^y faire recevoir et installer à ses frais
et diligences, aux gages qui y sont attribués, qui étoient
ci-devant de dix-huit cents livres par année, et qui ont été réduits
à neuf cents livres aussi par année, pour en jouir du jour de sa
réception, laquelle charge les parties ont évaluée à la somme de
quarante-cinq mille livres; bien entendu que, jusqu'à ce que
lesdits gages soient rétablis, ainsi que les parties l'espèrent, à
ladite raison de dix-huit cents livres par année, ledit sieur mar-
quis de Quincy et ladite dame marquise, son épouse, pro-
mettent sohdairement de payer auxdits sieur et damoiselle
futurs époux neuf cents livres par année, à compter du jour de
la réception en avant, et continuer jusqu^au rétablissement des-
dits gages, ci 45,000 1.
Plus, soixante mille livres à prendre dans le fonds du douaire
constitué par messire Thierry Sevin, chevalier, seigneur de
Quincy, Gharny, Montgodefroy et autres lieux, conseiller du
Roi en ses conseils et président en sa cour de Parlement, à
dame Marguerite Lefèvre de la Barre, son épouse, de l'usufruit
duquel douaire ladite dame jouit présentement, et lequel douaire
appartient audit sieur marquis de Quincy ; de laquelle somme
de soixante mille livres il veut bien se départir en faveur de
ladite damoiselle future épouse sa fille, qui entrera en jouis-
APPENDICE. 309
sance de ladite somme du jour du décès de ladite dame veuve
de Quincy, ci 60,000 1,
Et, outre les susdites deux sommes ainsi données à ladite
damoiselle, il lui appartient encore la somme de vingt mille
livres de son chef, à elle donnée par messire Mathias Pecquot,
chanoine et sous-chantre de l'église de Paris, sous la réserve de
l'usufruit que ledit sieur Pecquot s'en est réservé pendant sa
vie, auquel usufruit lesdits sieur et dame marquis et marquise
de Quincy père et mère doivent succéder audit sieur Pecquot,
aux termes de la donation, mais dont iceux sieur et dame
veulent bien se désister en faveur de ladite damoiselle, leur fllle,
pour, par elle, entrer en jouissance de ladite donation du jour
du décès dudit sieur abbé Pecquot.
Et partant la dot de ladite damoiselle futur épouse se trouve
monter à ladite valeur de cent vingt-cinq mille livres. -123,000 1.
De laquelle dot il entrera en communauté vingt-cinq mille
livres
Ledit sieur futur époux a doué et doue ladite damoiselle
future épouse de la somme de quatre mille livres de rente
annuelle, au cas qu'il n'y ait point d'enfants, et, s'il y en a, de
trois mille livres de rente aussi annuelle
Fait et passé à Paris, en la demeure desdits sieur et dame
marquis et marquise de Quincy devant déclarés. Tan mil sept
cent vingt-un, le deuxième jour de novembre, après midi.
(Arch. nat., T 637, n" 7, cote 128.)
V.
Inscription commémorative du commandeur de Bandeville
à Malte.
D. 0. M.
Recolend^ memorij;
Venerabilis fratris Caroli Sevin de Bandeville,
GaMPANI^ PRIORIS, COMMENDATORIiE DE BONCOURT C0MMENDAT0RIS,
Qdi post elargitas anno mdccxv lieras X",
310 APPENDICE.
In subsidiom expensarum
occasione generalis citationis erogatarcm,
libras pariter ii'^ lu*" dcc xc reliquit in spolio,
Nec OBTENTA FACULTATE
disponendi de quinta parte uti voluit,
ac legatcm quodcumqce consulto omisit,
Ut ad suam Religionem, dilectissimam matrem,
AssE integrum perveniret.
SCIEBAT ENIM NIHIL MAGIS PIUM
QUAM SACRAM HOSPITALITATEM SACRAMQUE MILITIAM
SiBI DATIS SUBSTANTIIS PROMOVERE,
JUXTA SU;E PROFESSIONIS INSTITCTDM.
ObIIT die XXIV NOVEMBRIS ANNI M DCC XVIII, ^TATIS SD.E LXXVII.
VeNERABILES PROCERES COMMDNIS jERARII
Ad PERENNE RELIGIOSISSIMI VIRI monumentum
Et singulorum excitandom exemplum
pp. anno m dcc xix.
Le texte de cette inscription, qui se trouve sur la pierre tom-
bale commémorative du commandeur de Bandeville dans l'église
Saint-Jean-Bapliste de la Valette, à Malte, a été publié par
M. de Mas Latrie dans les Archives des Missions^ tome VI,
p. 499, n° 342. La pierre tombale représente un sarcophage
posé sur un autel, dont le devant porte l'inscription ci-dessus;
le sarcophage est à demi caché par le blason des Sevin;
au-dessus, une draperie, qui fait fond, est soutenue par deux
anges voltigeant. Cette pierre avait été reproduite dans Haruana,
Collezione dei monumenti e lapidi sepolcrali dei militi Geroso-
limitani nella chiesa di San Giovanni in Malta; -1838, t. I,
n° cxxxi. (Communication de M. J. Delaville-Le Roulx.)
ADDITIONS ET CORRECTIONS
Tome I.
Page 41, note 4. — C'est bien en effet le régiment de Figueroa;
il servit en Italie de 1701 à 1707.
Page 72, note 2. — Ajoutez : Le duc d'Orléans régent fut par-
rain, le 18 octobre 1726, du fils de Jacques de Boissimène,
chevalier de Saint-Louis et colonel au service d'Espagne, et de
Gracieuse-Léone du Vergier (Mercure d'octobre, p. 2693).
Page 74, note 2. — Ajoutez : On trouve encore l'expression « un
train de Jean de Paris » dans les Lettres de ilf™^ Dunoyer,
n° xLviii.
Page 130, note 3. — Remplacer cette note par ce qui suit : Joseph-
Pierre Dejean de Manville, enseigne aux gardes françaises en
1702, colonel du régiment de Beauce en 1708, maréchal de
camp en août 1734, lieutenant général en 1743, mort le 15 août
1745.
Page 140, note 3. — Ajoutez : M. H. Bardy a publié en 1897,
dans le Bulletin de la Société philomatique vosgienne, un article
intitulé : Camus de Morton, inspecteur général d'infanterie en
Lorraine, gouverneur des ville et château de Belfort.
Page 143, ligne 13. — Le gouverneur de Schelestadt était le che-
valier de la Fare {Mémoires de Sourches, t. VI, p. 182).
Page 169, ligne 18. — Au lieu de : Vorse, lisez : Verse.
Page 182, lignes 2 et 3. — Ajoutez en note : Ces Sevin de la
Grange étaient d'une branche séparée au xvi« siècle de celle de
Quincy. L'un d'eux, Michel-Thierry, obtint le grade de maré-
chal de camp le 18 avril 1653 (Pinard, Chronologie militaire,
t. VI, p. 393).
Page 184, note 1. — Ajoutez : M. Guessard, dans la préface du
roman de Macaire (collection des Anciens poètes de la France), a
fait une longue et très consciencieuse étude sur les origines et
le développement de la légende du chien de Montargis, tant en
France qu'à l'étranger.
312 ADDITIONS ET CORRECTIONS.
Page 205, note 4. — C'est par erreur qu'il a été dit que Jean-
René de Jouenne d'Esgrigny fut tué en 1705; il ne mourut que
bien plus tard. C'est son frère cadet, capitaine au régiment de
Bourgogne, qui périt au siège de Verue (tome II, p. 81).
Page 208, note 2. — Au lieu de ; le 30 juin 1708, à Venise, lisez :
le 5 juillet 1708, à Padoue.
Pages 357-359. — Au lieu de : M. de Gampanelle, lisez : M. de
Champignelle, et voyez tome II, p. 378, note 1.
Tome H.
Page 6, ligne 15. — Au lieu de : M. de Champagnelle, lisez :
M. de Champignelle.
Page 57, note 1. — Ajoutez : Le nom patronymique du chevalier
de la Haye-le-Comte est Le Métayer.
Page 66, note 1. — Au lieu de : Michel-Gabriel de Launay de
Rasilly, lisez : Michel-Gabriel de Rasilly.
Page 83, note 1. — Au lieu de : Sigismond de Seyssel, etc., lisez :
Victor-Amé de Seyssel (1679-1754), alors major du régiment de
Savoie (la Maison de Seyssel, par le comte de Seyssel-Cressieu,
t. II, p. 194 et suiv.).
Page 320, ligne 4. — Le V...., c'est le château du Vivier (voyez
tome III, p. 378, note), et l'oncle de M™^ Sevin du Plessis
était M. de Bourlamaque père.
Pages 323-325. — Les Mémoires du marquis de Sourches, t. XII,
p. 140, donnent un très curieu.x récit de la dégradation de
M. de la Boulaye.
Page 334, note 2. — Ajoutez : La fortune du premier Broglie,
gouverneur de la Bassée, vint de la confiscation des biens situés
aux environs de cette place et appartenant à des gentilshommes
passés au service d'Espagne, que le Roi lui accorda par un bre-
vet du 30 juin 1651 (Pinard, Chronologie militaire, t. IV, p. 89).
Page 377, note 9. — Au lieu de : on n'a pu l'identifier, lisez : c'est
N. Pellissier ou Pélissier de Féligonde.
Page 387, lignes 6 à 10. — Il fait allusion au discours que M. de
Brendlé adressa à Fénelon en 1711 : tome III, p. 61.
SOMMAIRE
DU TOME TROISIEME.
I. Campagne de 1710. — Prise et reprise de Mortagne, p. 1-2.
— Le maréchal de Montesquieu est chassé des lignes de
Lens, 2-4. — Anecdotes sur l'électeur de Cologne, 5-9. —
Siège de Douay par les alliés, 9-12. — Marche de Villars;
préparatifs de bataille, 12-17. — Retraite de l'armée; petite
guerre, 17-23. — Le comte d'Oisy et sa terre, 23-26. —
Capitulation de Douay; Béthune assiégée; marches et contre-
marches, 26-32. — Aventures avec des housards et des
officiers anglais, 32-34. — Expédition malheureuse du comte
de Broglie, 35-36. — Capitulation de Béthune; gasconnades
de M. de Saint-Sernin, 37-38. — Aire et Saint-Venant assié-
gées, 39-43. — Combat heureux de M. de Ravignan, 43-45.
— Algarade du maréchal de Villars au marquis d'Heudi-
court, 45-48. — Le chevalier sauve la vie à un de ses capo-
raux pris en maraude, 48-49. — Le marquis et la marquise
d'Havrincourt, 49-50. — Bonne entente du prince Eugène
et de Marlborough, 51-52. — Fin de la campagne; retour
à Quincy ; discussion avec un caissier de la guerre, 52-56.
— Victoire de Vendôme à Villaviciosa, 56-58.
IL Campagne de 1711. — Mort de Monseigneur, 59. — His-
toire du brasseur Jourdain, 60-61. — Sédition à Cambray,
61. — Le chevalier de Quincy manque de se noyer; il rend
visite à Fénelon, 62-63. — Position de l'armée, 63. — Petites
opérations des deux armées, 64-71. — Attaque du camp des
ennemis près de Douay, et prise du château de Chantereine,
314 SOMMAIRE DU TOME TROISIÈME.
71-75. — Marche et retraite de Marlborough, 75-82. —
Causes de l'inaction de Villars; négociations de paix, 82-86.
— Marche des ennemis sur Bouchain; siège de la ville;
efforts de Villars pour l'empêcher, 86-94. — Attaque du
bourg d'Hordain; poltronnerie des gens de cour, 94-100.
— Entreprise sur Douay manquée ; courses des partisans La
Croix et Dumoulin, 100-102. — Fin de la campagne, 102-
103.
III. Campagne de 1712. — Réflexions sur la campagne; mort
du maréchal Catinat, 104-107. — Tentative des ennemis sur
Arras, 107-108. — Petites expéditions, 108-110. — Départ
du chevalier pour l'armée; l'hôtesse de l'Ours, à Meaux,
110-111. — Arrivée à Arras, 112. — Belle action du mar-
quis de Mézières, 112-114. — Positions des armées, 114-
117. — Siège du Quesnoy par les ennemis, 117-118. —
Course de M. de Growestein en France, 118-119. — Mort
du duc de Vendôme; son éloge, 120-122. — Le duc et la
duchesse de Saint-Pierre, 122-123. — Villars et le marquis
d'Havrincourt ; habileté de celui-ci, 123-127. — Prise du
Quesnoy, 127-129. — Exploits du comte de Broglie et du
prince de Tingry, 129-131. — Les Anglais se séparent de
l'armée; Eugène se dispose à assiéger Landrecies, 132-135.
— Belle marche de Villars sur Denain, 136-146. — Histoire
du chevalier de Carondelet, 143-144. — Bataille de Denain,
147-155. — Prise de diverses petites places, 155-156. —
Joie à la cour, 156-157. — Siège et prise de Marchiennes,
158-162. — Villars assiège Douay et s'en empare; opéra-
tions du prince Eugène, 162-178, 182-185. — Excursion
galante du chevalier à Cambray ; il est atteint d'une fièvre
pernicieuse, 179-182, 185-186. — Siège du Quesnoy parles
Français; capitulation, 186-197. — Le chevalier à la tran-
chée; feu terrible, 193-196. — Surprise de la Kenocque,
197-198. — Villars assiège et prend Bouchain, 198-200. —
Villars et les bourgeois de Valenciennes, 201-202. — Départ
du chevalier pour Paris; aventure avec des housards; la
soupe à l'allemande, 202-204. — Voyage de retour, 204-
206. — Le chevalier fait la connaissance de M™* Potier,
qu'il épousera par la suite, 207-209.
SOMMAIRE DU TOME TROISIÈME. 315
IV. Campagne de 1713. — Départ pour l'armée d'Allemagne,
211-213. — M. Pina et sa maîtresse, 213-214. — Charle-
ville; voyage à Mézières et à Châlons, 214-217. — Verdun
et Strasbourg, 217-219. — Dispositions et marche du maré-
chal de Villars, 219-220. — Germersheim et Spire, 221-
222. — Siège de Landau; le chevalier est cantonné à Fran-
kentbal, 222-229. — Il est attaqué par des housards à
Bobenheim, 229-230. — Excursion à Worms, 231-232. —
Prise de Landau, 232-234. — Marche de l'armée vers la
Haute-Alsace; passage du Rhin, 235-239. — Attaque des
lignes de Fribourg, 239-241. — Investissement et siège de
Fribourg, 242-250. — Le chevalier d'Asfeld, 250-252. —
Suite du siège; sorties des assiégés, 252-259. — Attaque
du chemin couvert, 259-264. — Continuation des travaux
d'approche; attaque de la demi-lune, 264-269. — Capitu-
lation de la ville; fermeté du maréchal de Villars; les
châteaux se rendent aussi, 269-277. — Le chevalier de
Quincy quitte l'armée; voyage de retour, 277-281. — Con-
férences de Rastadt entre Villars et Eugène, 281-283.
APPENDICE.
I. — La noblesse de la famille Sevin, 285; lettres de con-
firmation de noblesse pour Claude Sevin, sieur de Ville-
mesle, 288.
II. — Le mariage d'Augustin Sevin de Quincy et de Mar-
guerite de Glapion : arrêts du parlement de Paris, 291;
certificat du mariage, 294.
III. — Documents relatifs à Joseph Sevin, chevalier de Quincy :
lettres de provisions de la charge de lieutenant de roi de
l'Orléanais (1720), 295; quittance de remboursement d'un
prêt (1723), 298; contrat de mariage de Joseph Sevin, comte
de Quincy, et de Marie-Madeleine-Eugénie de Tournay d'As-
signies d'Oisy (1732), 298; extrait mortuaire du chevalier
de Quincy (1749), 299.
316 SOMMAIRE DU TOME TROISIÈME.
IV. — Documents relatifs à Charles Sevin, marquis de Quincy,
et à sa fille : inventaire après décès du marquis de Quincy
(1738), 300; contrat de mariage de René Jourdan de Lau-
ney et de Catherine-Charlotte Sevin de Quincy (1721), 307.
V. — Inscription commémorative du commandeur de Bande-
ville à Malte, 309.
^
I
TABLE ALPHABÉTIQUE
DES MATIÈRES.
Abdallah-Ben-Aischa, ambas-
sadeur de Maroc, I, Hl.
Ahbeville (la ville d'), II, 329;
III, 50, 52, 53.
Acq (le village d'), III, 29.
Acqua-Negra (le village d'), II,
153.
Acquaviva (le comte), I, 43, 44.
Acqui (la ville d'), I, 322, 346,
348.
Adda (F), rivière, I, 41, 197;
11,104,106-108,110-115,117,
119-121, 123-130, 135, 137-
140, 193.
Adige (!•), I, 141,278,286,288,
300, 310-312; II, 174, 177-
181, 223.
Adoniser (s'), II, 299.
Adria (la ville d'), 1, 278.
Adriatique (la mer), I, 311.
AfQighem (l'abbaye d'), I, 58.
Affry (François d'), III, 87.
Agenais (le régiment d'), III,
177.
Agésilas, II, 135.
Agnadello (le village et la ba-
taille d'), II, 111.
Aigle (le fort de 1'), à Fribourg,
III, 244, 277.
Air (être en 1'), III, 248.
Aire-sur-la-Lvs (la ville d'), III,
20, 30, 32, 39-43, 51.
Airon (M. d'), II, 66.
Aisne (1'), rivière, I, 88 ; II, 389.
Aix (Victor-Amé de Seyssel,
marquis d'), II, 83, 312.
Aix (la ville d'), en Provence,
II, 262, 280.
Aix (l'archevêché d'), II, 249.
Aix-la-Chapelle (le traité d'),
m, 168.
Alba (David d'), II, 132.
Alba (la ville d'), I, 337, 348 ;
II, 187.
Albaret (N. de Ponte d"), 1, 130.
Albemarle (Arnold-Justde Kep-
pel, comte d'). Brûle les ma-
gasins d'Arras, III, 107-108;
campé près de Denain, 116,
131, 132, 134; battu et tué à
Denain, 144, 145, 149, 152,
163; cité, II, 374.
Alberbach (le village d'), III,
237.
Alberg (le baron d'), III, 149.
Albergian (le col d'), II, 312.
Albergotti ( François-Zénoble-
Philippe, comte). Au camp
de Compiègne, I, 81 ; au com-
bat de Santa- Vittoria, 222 ;
s'empare de Reggio, de Mo-
dène et de Carpi, 225-227;
prend divers postes près de
Bologne, 266; (1703| com-
mande un corps séparé, 277;
prend Final, 280 ; il est battu
à Carpi, 281, 283-285; au
combat de Castelnuovo, 344 ;
(1704) il commande à Gabia-
no, II, 2, 11 ; (1705) il amène
318
TABLE ALPHABÉTIQUE
des troupes au Grand Prieur,
108-109 ; il réprimande M. de
Médavy de son inertie à Gas-
sano, 134-135 ; (1706) au com-
bat de Calcinato, 168; lancé
par Vendôme à la poursuite
du prince Eugène, il est re-
poussé et ne peut s'emparer
du poste de la Ferrare, 173-
177; il fait faire aux troupes
des retranchements inutiles,
179; à la bataille de Turin, il
refuse des secours au duc
d'Orléans, 206-207, 223-224;
il se décide avec peine à faire
sa retraite, 211-212; dispute
avec La Feuillade, 217; (1709)
bataille de Malplaquet; con-
versation avec le prince de
Hesse-Gassel, 359; il est sous
les ordres de Villars, 361 ; il
est blessé, 378; (1710) il est
chargé de la défense de Douay,
m, 9, 21; il capitule, 26;
(1711) il est posté par Villars
à Aubigny-au-Bac, 73; il
ne peut surprendre Douay,
100; (1712) son poste sur le
Grinchon, 1 14 ; marche sur De-
nain, 142, 146; il prend part
au combat de Denain, 148-
150; il s'empare de l'abbaye
de Saint- Amand et de Mor-
tagne, 155, 156; il prend part
au siège de Douay, 165, 166,
170, 183, 184. — Sa capacité
pour la défense des places,
III, 21 ; ses médiocres talents
militaires, II, 174-177, 179,
207, 224; son avarice, I, 284 ;
m, 114.
Albergotti (Jacques, chevalier
d'), II, 342, 343.
Albi (la ville d'), II, 220.
Albigeois (les), II, 220.
Albigeois (le régiment d'), II,
258.
Albignano (le bourg d'), I, 41;
II, 107, 112, 192.
Alcibiade, II, 215.
Alègre (Yves, marquis d'), I, 81;
III, 169, 198, 229, 235, 237.
Alexandre le Grand, II, 205.
Alexandrie de la Paille (la ville
d'), I, 164, 336,337,347,350,
365, 366; II, 69,194,209,210.
Alexandrin (1'), pays d'Italie,
I, 321.
Allemagne (V), 1, 127, 140, 142,
156, 171, 340; II, 31, 146,
296, 320.
Allemands (les). Peu aimés des
Savoyards, I, 317; ivrognes;
plaisanterie de Vendôme, II,
169; sympathies du chevalier
d'Asfeld pour eux, III, 252.
— Gités, 1,239,272, 306, 344,
347; II, 152, 165, 178, 183;
III, 115.
Allier (1'), I, 186.
Alost (la ville d'), I, 58, 65.
Alpes (les), I, 188, 192; II, 37.
Alpes Pennines (les). II, 35.
Alpo (le village d'), I, 277.
Alsace (l'),I, 140,142,144,152,
153,264 ;n, 159, 348; III, 279.
Alsace (la maison d'), I, 140.
Alsace (le régiment d'), II, 355,
366, 370; III, 170, 203, 259,
260, 264.
Alsitz (1'), rivière, 1, 156.
Altena (l'île d'), III, 101.
Ambassadeurs extraordinaires
(l'hôtel des), à Paris, I, 111.
Ambrosienne (la bibliothèque),
à Milan, II, 105.
Amelot de Gournay (Michel-
Jean), II, 327.
Amiens (Louis-Auguste d'Al-
bert d'Ailly, vidame d'), puis
duc de Ghaulnes, II, 363 ; III,
173.
Amiens (la ville d'), III, 53-55,
113.
Amiens (l'évêché d'), III, 53.
Ancelin, évêque de Laon, III,
204.
Anchin (l'abbaye d') ou des
Quatre-Glochers, II, 330; III,
64, 155, 159.
Ancy-sur-Moselle (le village d'),
I, 152.
Anderlecht (le bourg d'), I, 48.
Andigné (Jean d'), I, 311, 312.
DES MATIERES.
319
Andrezel (Jean-Baptiste-Louis
Picon d'i, I, 288.
Angennes (Charles de Poigny
d'), II, 341, 34Ô.
Angers (la ville d'), II, 12.
Angervilliers ( Nicolas-Prosper
Bauyn d'), II, 107, 272.
Anglais (les). Détiance du duc
de Savoie à leur égard, II,
251; ils le subventionnent,
253; leur rôle à Malplaquet,
263, 368. — Cités, I, 177,
250; II, 247, 267; III, 54,
115, 132.
Angleterre (1'), III, 83, 84, 209.
Anhalt (les deux princes d'),
tués à Denain, III, 149.
Anhalt-Dessau (Léopold, prince
d'), m, 134.
Anholt (le château d'), III, 101.
Anjou (le duc d'), depuis Hen-
ri III, m, 4.
Anjou (le duc d'), I, 89, 99,
122. Voyez Philippe V, roi
d'Espagne.
Anjou-infanterie (le régiment
d'), I, 323, 324; II, 16, 76,
120, 121, 166, 203, 257.
Anne, reine d'Angleterre, III,
69, 82, 83, 114.
Annonciade (l'église de I'), à
Gênes, I, 361, 364.
Antin (Louis-Antoine de Gon-
drin de Pardaillan, marquis
d'), 1, 81.
Anvers (la ville d'), II, 338.
Anzin (le village d'), III, 131.
Aoste (la ville et la vallée d'),
II, 36, 43, 49, 297.
Aoste (le régiment savoyard d'),
II, 79.
Apennins (les), I, 337, 368.
Arc (1'), rivière, II, 302-303.
Arc-en-Barrois (la ville d'), I,
131.
Arches (le bourg d'), III, 214.
Archiduc (1'), II, 325; III, 64.
Voyez Charles VI, empereur.
Arco (Jean-Baptiste, maréchal
d'), I, 302; III, 16.
Arco (la maison d'), I, 301, 302.
Arco (la ville d'), I, 299-305,
308, 309, 314; II, 86.
Arconville (N. de Brosset, sei-
gneur d'), I, 181, 182, 184,
191, 194.
Arda (1'), rivière, I, 217.
Ardennes (les), I, 158, 159; II,
327.
Arenberg (Léopold, duc d'), II,
375.
Arenberg (le comte d'), I, 223.
Arène (François de Pierre d'),
I, 222, 241 ; II, 18, 22, 49,
209.
Arène (N. de Pierre d'), I, 240.
Argenson (Félicien de Bossin,
chevalier d'), II, 306, 307.
Argenson (Marguerite Lefèvre
de Caumartin, dame d'), I,
116, 117.
Argouges (Jean-Pierre d'), I,
110.
Argueil (le col d'), 11,310, 311.
Arifax (Henri de Soubeyran de
la Bessière d'), II, 380.
Arlequin, I, 327; II, 87.
Arles (la ville d'), I, 265: II,
258.
Arles (les rois d'), II, 36.
Arleux (le bourg d'), III, 11,
14, 20-22, 65, 67, 70, 73, 76,
77, 116.
Armagnac (Louis de Lorraine,
comte d'), I, 178.
Armagnac ( Charles de Lor-
raine-). Voyez Charles (le
prince).
Armançon (F), rivière, II, 232.
Armentières(lebourgd'),III,39.
Armstrong (Jean), II, 376.
Arras (la ville d'). Description,
II, 329-330; tentative des en-
nemis sur Arras (1712); ils
brûlent les magasins de four-
rages, IIL 107-108. — Citée,
II, 326, 331, 332, 334; III,
13, 14, 20, 26, 28-31, 60, 63,
67-69, 71, 75, 109, 112, 114.
Arras (l'évêché d'), H, 93.
Arsch (le baron d'), III, 245,
247, 264, 267, 268, 270-272,
274-276.
320
TABLE ALPHABETIQUE.
Artagnan (Pierre de Montes-
quieu d'), puis maréchal de
Montesquieu. Au camp de
Gompiègne,!, 80; (1708) cam-
pagne en Dauphiné, II, 304 ;
(1709) il s'empare de War-
neton, 339-340 ; il commande
un camp volant, 343; à Mal-
plaquet, il commande à la
droite, 360; sa vue courte, II,
367, 372; (1710) il abandonne
les lignes de Lens, III, 2-3 ;
il prend le nom de Montes-
quiou, 3-4 ; à l'armée de Flan-
dre avec Villars, 12, 16;
(1711) il reprend le château de
Ghantereine, 73-75; il fait
élever des retranchements à
Wasnes, 88-90, 92; (1712) il
repousse les ennemis d'Ar-
ras, 107; fait sauter les éclu-
ses de la Scarpe, 109; met
son quartier à Monchy-le-
Preux, 114, puis à Gambray,
116; il reçoit un officier du
duc d'Ormond, 132; à la ba-
taille de Denain, 148, 154,
155; fait le siège de Mar-
chiennes, 160; s'oppose au
siège de Douay, 162-163; est
chargé du détail du siège, 168 ;
surnom que lui donnent les
soldats, III, 3. — Cité, 112.
Artagnan (le régiment d'), III,
28.
Artaxercès, II, 215.
Artésiens (les), III, 50, 125, 126.
Artois(r),I, 34;II, 329;III, 63.
Asfeld (Benoît Bidal, baron d'),
I, 244.
Asfeld (Claude-François Bidal,
chevalier d'), III," 240, 242,
245, 250-252, 265, 270.
Asola (le bourg d'), II, 148.
Aspres (le village d'), III, 199.
Assiette (le col de 1'), II, 318.
Assignies (la maison d'), III, 25.
Voyez Oisy.
Asti (la ville d'), I, 326, 327,
332-337, 347-350.
Ath (la ville d'), I, 40, 42-48,
55, 84; II, 242.
Athies (le village d'), III, 14.
Athlone (le comte d'), III, 44,
188.
Attila, I, 129, 260.
Aubarède (Jacques d'Astorg,
comte d'), II, 63, 64, 381.
Aubencheul-au-Bac, III, 20,
73, 82, 87, 179.
Aubenton (le bourg d'), I, 169;
III, 213.
Aubépin (Hector -Léonard de
Sainte-Colombe, chevalier de
F), U, 93, 172.
Aubeterre (Pierre d'Esparbès de
Lussan, comte d'), I, 329; II,
14, 18, 20, 21, 23.
Aubigné ou d'Aubigny (Louis-
François, comte d'), I, 170;
II, 366, 379; 111,96, 97.
Aubigné (Glaude-Maur d'), évé-
que de Noyon, I, 170.
Aubigny-en- Artois (le bourg
d'), III, 31.
Aubigny-au-Bac (le village d'),
III, 78.
Auby (le village d'), III, 68,
166.
Audenarde. Voyez Oudenarde.
Audenhoven- Sainte -Marie (le
village d'), I, 49, 56.
Auguste de Saxe, roi de Polo-
gne, I, 57.
Augustin (saint), II, 105.
Aulnoye (le village d'), II, 352.
Aunis (le régiment d'), III, 40.
Austrasie (1'), I, 154.
Autel (Jean-Frédéric, comte d'),
I, 157, 158.
Authie (l'I, rivière, III, 52.
Authies (le village d'), III, 52.
Autrey (Henri-Fabri de Mon-
cault, comte d'), II, 75, 305,
307, 377.
Autriche (la maison d'), I, 140,
217, 302; III, 244, 278.
Auvergne (François-Égon de la
Tour, prince d'), III, 13.
Auvergne (le régiment d'), I,
162, 222, 330; II, 74, 75, 79.
Auvillars (Louis Dauvet, mar-
quis d'), I, 97.
Auxerre (la ville d'), II, 234.
DES MATIERES.
321
Auxerrois (F), II, 234.
Avaray ( Claude -Théophile de
Béziade, marquis d'j.III, 171,
222.
Avéjan (Denis de Banne, comte
d'), I, 81.
Avesane (le régiment d'), II, 22.
Avesnes (l'abbaye d'), III, 14.
Avesnes-le-Comte (le village d'),
III, 40.
Avesnes-le-Sec (le village d'),
m, 86.
Avignon (Laurent d'), II, 318,
319.
Avignon (la ville d'), I, 190.
Avoué d'un village (F), III, 22.
Azoudange (le village d'), III,
217.
B
Bacqueville (le régiment de),
III, 175.
Bade (Louis, prince de), III,
281.
Bade (le congrès de), III, 283.
Badia-Polesine (le village de),
II, 181.
Badie (Charles d'Espalunguede
la), III, 117, 119, 120, 127,
128, 184, 187.
Baguette divinatoire (la), III,
164, 16Ô.
Baguettes (la punition des), I,
38.
Bailleulmont (le village de), III,
29.
Balbutet (le village de) ou Bar-
botté, II, 220, 284, 313.
Bâle (la ville de), I, 250.
Bàle (le chapitre de), III, 241.
Baltus (le P.), I, 146.
Balzola (le village de), II, 4.
Bandeville (Charles Sevin, com-
mandeur de), I, 52 ; III, 236,
280, 281.
Bandeville (Jean Sevin, seigneur
de), I, 51.
Bandeville (Jean Sevin de), I,
51.
Bandeville (Louis l^" Sevin,
marquis de), I, 51 ; lU, 236.
III
Bandeville ( Louis II Sevin,
marquis de), I, 51 ; II, 32, 38,
Bandeville (le régiment de), I,
51; II, 38, 236; III, 236.
Bandoulières des gardes du
corps (les), I, 174.
Bapaume (la ville de), TI, 329;
III 59 61 111.
Bar (M. de), 1,272; II, 84, 285,
286.
Bar (le duché de), I, 121 ; II,
389.
Baradas (Henri -François de),
I, 161, 162.
Barail (Louis Prévost du), III,
135.
Barbets (les), II, 220, 310.
Barbezières (Charles -Louis de
Barbezières - Chemerault,
marquis de), II, 14.
Barbezieux ( Louis -François -
Marie Le Tellier, marquis de),
I, 126.
Barbotté (le village de), ou Bal-
butet, II, 220, 284, 313.
Barcelone (la ville de), I, 28, 63 ;
II, 178.
Barcelonnette (la ville de), II,
248, 249.
Bard (le château de), 11,43,87.
Bardolino (le village de), II,
153, 179, 180.
Bareith. Voyez Bayreuth.
Barentin (Charles), II, 377.
Barette (M. de), I, 266; II, 84,
203, 372.
Barthélémy (saint), II, 105.
Barville (André -Jules, comte
de), II, 288, 289.
Barville ( Bertrand , chevalier
de), II, 289.
Basfossé (M. de), III, 273.
Bassano (le village de), I, 200 ;
II, 100.
Basse de viole (une), I, 119.
Voyez Quincy (le chevalier
de).
Bassée (la ville de la), II, 332-
335 ; m, 36.
Bassette (le jeu de la), I, 366.
21
3^2
TABLE ALPHABETIQUE
Bassigny (le régiment de), II,
18, 19, 74, 256.
Bastie ( Charles de Marnais,
baron de la), I, 149, 150.
Bastille (la), à Paris, II, 318,
323; m, 128.
Baudiss (Wolf- Henri, comte
de), n, 375-376.
Baussan (M. de), I, 63.
Bauyn (Jean-Baptiste), II, 233.
Voyez Angervilliers.
Bauyn (Louise Rémond, dame),
II, 233.
Bavarois (les), III, 260.
Bavav (le village de), II, 349,
372, 373, 386; III, 163.
Bavière ( Maxirailien - Emma-
nuel, électeur de). Campagne
de 1697,1,55,56; (1702) il se
déclare pour la France et
s'empare d'Ulm, 245, 246,
250; Vendôme va à son se-
cours par le Trentin, 287,
293, 298, 312; (1709) sa belle
cavalerie, II, 334. — Cité, I,
51; II, 349; III, 170,218.
Bavière (Emmanuel -François-
Joseph, chevalier de), III,
275.
Bay (Alexandre Maître, mar-
quis de), III, 37.
Bayon (le village de), I, 153.
Bayreuth (Georges -Guillaume
de Brandebourg, margrave de
Bareith ou), III, 228.
Béarn (le régiment de), III, 120.
Beauce (la), I, 181, 184, 194;
II, 12.
Beauce (le régiment de), II, 19;
m, 174.
Beaujeu (Eugène de), III, 248.
Beaujolais (le), II, 230.
Beaujolais (le régiment de), II,
18,21.
Beaumont-sur-Oise (le bourg
de), II, 327.
Beaune (la ville et l'hôpital de),
II, 232.
Beaune (les vins de), II, 232.
Beaurevoir (le village de), II,
338.
Beauvais (François-Paul de la
Cropte, baron de), II, 283.
Beauvais (M. de), capitaine de
carabiniers, I, 224.
Beauvais (la ville de), III, 184.
Beauvaisis (le régiment de), II,
257, 284.
Beauvau du Rivau (Pierre-Ma-
deleine, comte de), III, 182,
243.
Beauvillier (Paul, duc de), I,
104-106; III, 5.
Beauvillier (Anne de), abbesse
de la Joye, I, 103-106.
Bedizzole (le bourg de), II, 93,
94.
Bélabre (le régiment de dragons
de), III, 40.
Beltort (la ville de), I, 140, 141.
Belgiojoso (le bourg de), 1, 197.
Beliant (le village de), III, 163,
185.
Bellecour (la place), à Lyon, I,
187.
Bellecourt (M. de), I, 275, 276,
329-331; H, 2-4, 48.
Bellecourt (MM. de), fils, II, 3.
Bellefontaine (l'abbaye de), III,
206.
Belleforière (Philippe-Maximi-
lien-Ignace, marquis de), II,
11.
Belleforière (le château de), III,
11, 166, 174.
Belsunce (Armand de), III, 107.
Belsunce (le régiment de), III,
173.
Benheim (le village de), III,
235.
Benoist (M™")^ maîtresse d'hô-
tellerie, m, 110, 111.
Bentivoglio (la maison), I, 279.
Berclau (le village de), II, 335.
Bérenger II, roi d'Italie, II, 36.
Bérenger (l'hérésiarque), II, 12.
Bergame (la ville de), II, 111,
113.
Bergantino (le bourg de), I, 282.
Bergeyck (Jean de Brouchoven,
comte de), II, 330.
Berghes (la ville de), III, 32.
I
DES MATIERES.
323
Berghes (Maximilien de), arche-
vêque de Gambray, I, 67.
Berghes -Saint-Winocq (Phi-
lippe-Albert de), III, 22.
Berghes-Saint-Winocq (la mai-
son de), III, 22, 166.
Berghoffer (M. de), III, 159.
Beringhen (Jacques-Louis, mar-
quis de), II, 241, 242.
Berlin (la cour de), I, 78.
Bernage (Louis de), intendant,
III, 60, 61.
Bernhold (Sigefroi de), II, 379.
Berry (le duc de), I, 83, 89, 124-
126; II, 241; III, 209.
Berry (le), I, 184.
Berry (le régiment de), II, 258,
291 ; m, 268.
Berthelot de Rebourseau (Mi-
chel-François), II, 173, 174.
Berwick. (Jacques Fitz-James,
duc et maréchal de), II, 388 ;
m, 12, 14, 16, 17, 130.
Berwick (le régiment de), II, 17,
18, 21, 110, 201.
Besançon (la ville de), I, 88.
Besançon (le parlement de), III,
206.
Bessé (M. de), III, 278, 280.
Béthune (Louis, marquis de),
II, 379.
Béthune (Mahaud de), III, 30.
Béthune (la maison de), III, 30.
Béthune (la ville de), II, 332,
348; 111,20,27,29,30,37-39.
Betzenhausen (le village de),
III, 242.
Bezons (Jacques Bazin, comte
et maréchal de). Au camp de
Compiègne, I, 81 ; au combat
de Santa-Vittoria, 221 ; (1703)
il prend part à l'expédition du
Trentin , 287 ; rivalité avec
M. de Médavy, 298, 299; il
reste sur la Secchia, 317; au
combat de Gastelnuovo, 344 ;
(1713) il est chargé du siège
de Landau, 222-224, 234; il
passe le Rhin au Fort-Louis,
238. Surnommé le Père des
difficultés, II, 228; son beau-
frère M. de Ménestrel, 11,21.
Bibion (M.), I, 262-265, 274,
333, 334.
Bibra (le général), II, 93, 131.
Bidal (Pierre), III, 252.
Bidal d'Asfeld (les), III, 252.
Voyez Asfeld.
Biette (la), rivière, III, 30.
Bigorre (le régiment de), IL 257 :
m, 95, 175.
Billets de subsistance (les), II,
321; m, 55, 56, 66.
Birkenfeld (Chrétien ILE de Ba-
vière, prince de), II, 361.
Biron (Charles-Armand de Gon-
taut, marquis de), III, 233,
234.
Bissy (Jacques de Thiard, mar-
quis de), I, 290.
Bizeux (le sieur), I, 22-25.
Blagnac (N. du Mont de). II, 62.
Blanc (le canal), I, 278, 285.
Blénac (le comte de). II, 35.
Bléone (la), rivière, II, 249.
Bobenheim (le village de), III,
229.
Bohain (le bourg de), I, 36.
Bois -Bernard (le village du),
III, 16.
Boisduval (M. de), II, 229, 318,
319, 383; III, 52, 54.
Boisfranc (Marie-Renée de Bel-
leforière, dame de), II, 92 ;
III, 11.
Boisfranc (la famille), II, 92.
Bois-le-Duc (la ville de), III,
101.
Boisseleau (Alexandre de Rai-
nier, marquis de), I, 9, 15.
Boissieux ( Louis de Frétât,
comte de), III, 241.
Boissieux (le régiment de), II,
258.
Boissimelle (le marquis de), I,
71-78; III, 311.
Bologne (la ville de), 1,266; II,
111.
Bologne ( l'archevêché de ) , I,
226, 227, 231.
Bonacorsi (Passerino), I, 208.
Boncourt (la commanderie de),
I, 52 ; III, 236.
Bondanello (le bourg de), I, 266.
324
TABLE ALPHABÉTIQUE
Bonezane (le régiment de), II,
18, 76.
Bonnafont (M.), Il, 221.
Bonnelles (Jean-Claude de Bul-
lion, marquis de), II, 76, 192.
Bonnet du Rosoy (M.), III, 197-
198.
Bonnet-à-prêtre (un), fortifica-
tion, I, 260.
Borde (M. de), III, 254.
Bordolano (le bourg de), 1, 199;
II, 145, 153.
Borech (le major général), III,
99.
Borghetto (le village de), II,
153.
Borgo-Forte (le bourg de), I,
209, 232, 254, 255.
Borgorotto (le village de), I,
339, 346.
Borgo-San-Donnino (la ville de),
I, 217,218.
Borgo-San-Giorgio, près Man-
toue, II, 153.
Bormia (le bourg de), I, 336.
Bormida (la), rivière, I, 322,
336, 337, 339, 343, 346, 347;
II, 187, 223.
Bosaro (le village de), II, 181.
Bosco (le village de), II, 187.
Boscon (M. de), I, 59.
Botte (pousser une), I, 74.
Bouchain ila ville de). Descrip-
tion, III, 92-93; siège de 1711,
87-95; siège de 1712, 198-201.
— Citée, II, 338; 111,4,5,20,
21, 24, 63, 65, 71, 72, 77, 85,
100, 102, 116, 142, 155, 179,
184.
Bouchn (Étienne-Jean), I, 202,
213, 214, 288.
Boufflers (le maréchal de). Cam-
pagne de 1697, I, 44, 48-50,
57 ; conférences avec Port-
land, 52-55, 60; au camp de
Compiègne, 80, 90; (1709) il
vient se mettre sous les or-
dres de Villars, II, 349-350;
à Malplaquet, 360, 366 ; il
dirige la retraite, 370, 386 ;
compliment qu'il fait au che-
valier de Quincy, 371 ; le che-
valier dîne chez lui au Ques-
uoy, 384-385; fait établir un
camp retranché à Maubeuge,
387.
Boufflers-Remiancourt (Char-
les-François, marquis de), III,
190.
Bouillon (le cardinal de), II,
231; m, 13.
Bouillon (la ville de), I, 160.
Boulaye (Jacques de la), II, 296,
297, 309-311, 323-325; III,
312.
Bouligneux (Louis de la Palu,
marquis de), 1,211, 288, 322;
II, 19, 20, 22, 57.
Bouline (la cassine de la), II,
95-97.
Boulineur (un), I, 181; II, 46.
Boulogne-sur-Mer (la ville de),
III, 32, 47.
Boulonnais (le), III, 63.
Boulonnais ( le régiment de ),
III, 173, 177.
Bouquenon (le village de), I,
151.
Bourbon (le connétable de), I,
209.
Bourbon (Louis III de Bourbon-
Condé, duc de), dit Monsieur
le Duc, II, 334; III, 12.
Bourbon (Louis-Henri de Bour-
bon-Condé, duc de), III, 209,
267.
Bourbon (Louise-Françoise, lé-
gitimée de France, duchesse
de), dite Madame la Duchesse,
I, 85; m, 3.
Bourbon (la maison de), I, 34,
186; III, 25, 35.
Bourbon (le régiment de), III,
170.
Bourbonnais (le), I, 186.
Bourbonnais (le régiment de),
m, 154, 171, 269.
Bourg (Léonor-Marie du Maine,
comte du), II, 347, 348; III,
225, 240, 243, 246, 277.
Bourgogne (Charles le Témé-
raire, duc de), I, 160.
Bourgogne (Jean Sans -Peur,
duc de), II, 235.
DES MATIERES.
325
Bourgogne (Othon, duc de), II,
232.
Bourgogne ( Philippe le Bon,
duc de), II, 232.
Bourgogne (les ducs de), II,
233.
Bourgogne (le duc de), petit-fils
de Louis XIV, I, 70, 80, 89,
93, 95, 124-126; 111,103,278.
Bourgogne (Marie-Adélaïde de
Savoie, duchesse de). Son
mariage, I, 70 ; première vi-
site à Paris, 78; marraine de
M"« de Chartres, 79; à Chan-
tilly, 84 ; au camp de Com-
piègne, 90, 92, 97-98; elle
parle au chevalier de Quincy,
98; départ du roi d'Espagne,
125; elle déballe les drapeaux
de Gassano, II, 136; le cheva-
lier l'accuse de favoriser le
duc de Savoie; anecdotes à ce
sujet, 224, 225, 227 ; elle danse
avec le marquis de Quincy et
s'éprend de lui, 239, 241; elle
est mécontente de M. de Lan-
geron, 278; anecdote de Vil-
lars et des dames de la cour
qui montent à cheval, III,
47; sa mort, 102-103.
Bourgogne (la), I, 37; II, 229,
231, 232,240, 319; III, 205.
Bourgogne (le régiment de). Le
chevalier de Quincy y est
nommé lieutenant, I, 172,
173, 180; campagne de 1702,
198, 212; bataille de Luzzara,
234; siège de Governolo, 260,
262-264, 266 ; brùlement d'une
ferme, 274 ; (1703) expédition
du Trenlin, 291, 315; marche
vers le Piémont, 317; cam-
pagne de 1704, 349, 350, 352,
354, 361, 365; siège de Ver-
ceil, 14-16, 19; siège d'Ivrée,
47, 49 ; siège de Verue, 61 , 62,
75, 80-82; campagne de 1705,
91, 101 ; bataille de Gassano,
104, 107, 114-115, 118-122;
en garnison à Mantoue, 153,
154, 157; campagne de 1706,
162-166 ; expédition de la Fer-
rare, 174-176; bataille de Tu-
rin, 196-198, 200-203, 205;
retour en Dauphiné, 211 ;
campagne de 1707 en Dau-
phiné, 241, 246, 247; défense
deToulon,250, 255, 268, 271,
273; campagne de 1708, 293,
295, 296, 298-300, 302 ; il est
envoyé en Flandre, 325, 330;
bataille de Malplaquet, 355-
358, 364-368, 370-372, 381,
383, 387; (1710) garnison à
Valenciennes, 111,4-6; àCam-
bray, 12; campagne de 1711,
59, 61, 62; (1712) bataille
de Denain, 140, 142, 150;
siège de Bouchain, 155, 160,
162, 171; campement sur le
champ de bataille de Denain,
180; siège du Quesnoy, 186,
189,193-196; (1713) en garni-
son à Rocroy, 211, 214-216;
marche en Alsace, 217 ; can-
tonnement dans le Palatinat,
225, 232; à l'arrière-garde de
l'armée, 235; siège de Fri-
bourg, 256, 265, 272. — Cité,
1,37,163, 205, 249, 250, 275,
329, 330; II, 3, 52, 53, 58,
220, 282, 288, 289, 319, 320.
Bourgogne (les chevau - légers
de), I, 221.
Bourgogne (le vin de), I, 100,
125, 167, 219; II, 169; 111,54,
203.
Bourguignons (les), I, 188.
Bourk (Walter, comte du), II,
166, 361; III, 242.
Bourlamaque ( Jean - François
de), III, 277, 280.
Bourlon (le village de), III, 78.
Boute-en-Guisse (le sieur), II,
225.
Boute-feu (un), II, 124.
Bouzols ( Louis - Joachim de
Montaigu, marquis de), II,
362; m, 70, 223.
Boyne (la bataille de la), I, 14.
Bovveau (Alexandre de), I, 263,
26 i.
Bozzolo (le bourg de), II, 153.
326
TABLE ALPHABETIQUE
Brabant(le),I, 49; II, 330; III,
179.
Brabant hollandais (le), III, 101.
Brabant-cavalerie (le régiment
de), 202.
Bragelongne (Charles de), 1, 240.
Brancas (Charles, comte de), I,
212.
Brancas (le régiment de), III,
40.
Brandebourg (l'électeur de), III,
209.
Brandebourg (le), II, 200, 374.
Braque (M. de), III, 211, 212.
Brassac (M. de), II, 132.
Brayer (un), I, 345.
Brebières (le village de), III,
166.
Breda (la ville de), III, 101.
Brelan (le jeu de), III, 209.
Brembate (le village de), II, 112.
Brème (la ville de), I, 319, 321,
325; II, 1.
Brendlé (Josse de). Il, 387; III,
9, 61, 223, 312.
Brenner (le mont), I, 311.
Breno (le bourg de), II, 151, 163.
Brescello (la ville de), I, 210,
219, 227, 242, 318; II, 89.
Brescia (la ville et le pavs de),
1,162, 256, 259, 273, 3l5; II,
51,93,99, 111, 146, 151, 152.
Bressan (le). Voyez Brescia (la
ville et le pays de).
Bresse (le régiment de), I, 329 ;
II, 74.
Bresse chalonnoise (la), II, 232.
Bresson (M. de), III, 277.
Bretagne (Louis de France, duc
de), III, 103.
Bretagne (la), I, 29.
Bretagne (le régiment de), I,
206; 11,89,90, 173, 180, 198,
257.
Bretonnière (Gilles de Botterel,
comte de la), II, 5.
Bretonville (M. de), I, 305.
Briançon (la ville de). Descrip-
tion, I, 190; l'armée française
s'y réunit après la défaite de
Turin, II, 221, 222, 227,228;
séjour du chevalier en 1707,
283-284 ; l'armée y campe en
1708, 305, 317. — Citée, 215,
216, 301, 304, 318.
Brianconnais (le), I, 190.
Brie (la), I, 6, 69, 128.
Brie (le régiment de), II, 256.
Brie (l'hôtel de), à Paris, 1, 175.
Brie-Comte-Robert (la ville de),
I, 6, 127, 128.
Brihuega (le combat de), II,
193; III, 57.
Brilhac (François de), II, 381.
Briord (le comte de), II, 377.
Brisach (la ville de Neuf-), III,
278.
Brisach (la ville de Vieux-), III,
244, 278.
Brisgau (le), m, 244, 278.
Broglie ( François - Marie I^r,
comte de), II, 333, 334; III,
312.
Broglie ( Charles - Guillaume,
marquis de). Au siège de
Verceil, II, 20; à celui de
Verue, 40 ; apporte en cour
la capitulation, 87 ; (1705) il
commande dans le bourg de
Gassano, 106-108, 112, 118;
colère du duc de Vendôme
contre lui, 114 ; (1707) au siège
de Toulon, 255 ; (1708) il calme
des soldats mécontents, 295-
296; (1712) échec qu'il éprouve
enDauphiné, m, 130; (1713)
au siège de Landau, 223 ; à
celui de Fribourg, 243. Son
esprit caustique, II, 106; sa
facilité de parole, 296 ; cause
de sa disgrâce sous le cardi-
nal de Fleury, 107. — Cité,
333.
Broglie (François-Marie, cheva-
lier, puis comte et maréchal
de). A la bataille de Calcinato,
Vendôme blâme sa disposi-
tion, II, 171; (1710) escar-
mouche contre des fourra-
geurs, III, 35-36 ; (1711) cher-
che à arrêter les ennemis au
passage de l'Escaut, 85; (1712)
s'empare du village del'Ecluse,
DES MATIERES.
327
109-110; y commande un
camp volant, 116; bat et fait
prisonnier M. de Saint- Amour,
129-130; son rôle à Denain,
145-146; s'empare de l'abbaye
d'Anchin , 155; il attaque
Marchiennes et est repoussé,
158-160; au siège de Douay,
165-166 ; escarmouche contre
lecomted'Athlone, 188 ; (1713)
marche hardie sur Philips-
bourg, 220. Son parent le
comte de la Trinité, II, 42 ;
son surnom de Chonchon, III,
35, 85, 130. — Cité, II, 333.
Brosses (le chevalier des), I,
353, 354; II, 52, 53; 111,202,
203.
Bruay (le village de), III, 73.
Brucom (le château de), I, 60.
Bruges (la ville de), II, 296 ; III,
132, 134.
Brunette (le fort de la), à Suse,
II, 283, 293.
Brùnninghausen (M. de ) , II,
375.
Brusantino (le village de), I,
278.
Brusasco (le village de), II, 61,
85.
Brusch (la), rivière, I, 144, 150.
Bruxelles (la ville de), I, 40, 44,
48,51,56,60, 62, 64; 11,327,
330; m, 108, 179.
Bueil (Honorât, comte de), II,
376.
Bueil-Racan (Antoine -Pierre,
comte de), III, 41, 52, 223.
Bueil (la maison de), UI, 279.
Bueil (le régiment de), III, 40.
Buel (M.), II, 18.
Buffle (un), justaucorps de cuir,
m, 129.
Bugey (le régiment de), II, 255;
III, 253, 254.
Buisson (M. du), brigadier, II,
340.
Buisson (M. du), dit la Débau-
che, III, 266.
Bulow (le général), III, 227.
Buonvicini (Fabio), 1,291, 293.
Buse (le), étoffe, II, 7.
Busca (Antoine de Monlezun
de), I, 80.
Busca (Louis de Monlezun de),
II, 377.
Buso di Vêla (le col de), I, 310.
Bussang (le village de), I, 153 ;
m, 279.
Busseto (le village de), I, 217.
Bussière (M. de la), lieutenant-
colonel du régiment de Bre-
tagne, II, 198.
Bussière (M. de la), capitaine
au régiment de Bourgogne.
D'abord abbé, 1, 37, 252; se
promène sur le lac de Garde
avec le chevalier de Quincy,
292-293 ; il tente de construire
un pont sur l'Adda, II, 114;
aventure à la Chartreuse de
Pavie, 188-189; le chevalier
de Quincy le ramène à Paris
gratis, 229; ils retournent en-
semble en Dauphiné, aven-
ture à Gosne, 243-246 ; au siège
de Toulon, 265-266; (1708)
voyage avec le chevalier, 293 ;
(1709) ils vont ensemble en
Flandre, 326-331 ; ils dînent
chez le maréchal de Boufflers,
384-385; (1710) ils reviennent
ensemble à Paris, III, 52, 54.
Sa pauvreté, I, 339; sa manie
de se rajeunir, III, 140 ; son
parent Bauyn, II, 233. — Cité,
I, 336; 11,82, 300, 301.
Bussière (le village de la), en
Dauphiné, II, 299-301.
Bussolengo (le bourg de), I, 285,
288.
Buzanval ( Guillaume Choart,
marquis de), II, 380.
Gacade (une), I, 282; II, 177.
Gadets (les corps de), I, 8; III,
251.
Gadets (les), dans les troupes,
m, 212.
Gadino (le village de), I, 310,
312.
Cadix (la ville de), I, 250.
328
TABLE ALPHABÉTIQUE
Cadogan (Guillaume, comte),
II, 332, 359,363; ÏIl, 76,77,
79, 80.
Gadrieu (Alexandre-Louis, mar-
quis de), II, 132.
Calcinato (le bourg de), I, 276;
II, 149, 151, 162, 164.
Calcinato (la bataille de), II,
163-172, 192, 227; III, 105,
121.
Calvaire (l'église du), à Paris,
III, 209.
Calvin (Jean), I, 69, 169, 185.
Calvinistes (les), II, 220.
Camaldules (l'ordre des), II, 180.
Gambray (la ville de). Descrip-
tion, I, 66-67 ; camp du" ma-
réchal de Villars sous Gam-
bray, III, 12; sédition en 1711,
61 ; prisonniers ennemis qui
y sont conduits, 74 ; marche
des ennemis sur la ville, 77-
80. — Citée, 1,65; II, 301, 330,
338; m, 24, 26, 71, 87, 88,
122, 126, 132, 136, 141, 143,
176, 179, 180.
Gambray (les archevêques de),
I, 36, 67. Voyez Berghes
( Maximilien de ) , Fénelon
(François de Salignac de).
Gambray (la ligue de), II, 111.
Cambrésis (le), I, 66, 67 ; III, 63.
Cambrésis (le régiment de), II,
18, 74,257; III, 199.
Cambrin (le village de), 11,332.
Cambron (l'abbaye de), III, 164.
Camelot (le), étoffe, III, 215.
Camille (Camille de Lorraine,
dit le prince), I, 40.
Camisards (les), II, 279.
Camp, étape, II, 186.
Cam panel le (M. de). Voyez
Champignelle.
Campistron (Jean Galbert de),
I, 320.
Carapo-Galliano (le village de),
I, 341.
Canche (la), rivière, III, 31, 40,
48, 50, 63, 75.
Candia (le bourg de), I, 352.
Canelli (le village de), I, 346.
Ganillac (Jean de Montboissier-
Beaufort, comte de), I, 102,
172 ; m, 194, 195.
Ganneto (le bourg de), I, 200,
201; II, 153.
Ganonica (le village de la), II,
112.
Cantaing (le village de), III,
116, 132.
Cantine (une), II, 53.
Cany ( Michel II Chamillart,
marquis de), II, 389 ; III, 238,
239.
Gapelle (le village de la), II
386; m, 118.
Capestan (M. de), III, 41.
Capitale d'une demi-lune ou
d'un bastion (lai. II, 19; III,
255.
Capitation (la), I, 70.
Capriata (le village de), I, 343.
Capucins (le couvent des), à Gè-
nes, I, 362.
Capucins (la colline des), près
Turin, II, 206, 207, 223, 226.
Capy (le régiment de), II, 90.
Carabiniers (les), t, 193, 224.
GaraccioU (Thomas), II, 17, 22.
Caraccioli (le régiment de), II,
22.
Caravaggio (la ville de), II, 139.
Garbonnel (M. de), III, 234.
Carencv (le bourg de), II, 331 ;
III, 69.
Carillon (être fouetté à double),
I, 11.
Carillons (faire des), I, 112.
Carmagnola (la ville de), II, 187.
Carolingiens (les), III, 204.
GaroU (Daniel de), II, 110.
Garondelet (Guillaume, cheva-
lier de), m, 143, 144.
Garondelet (Glaire-Bonne-Ale-
xandrine de), III, 144,
Carpenedolo (le bourg de), I,
258, 259, 273; II, 148, 149,
151, 163. .
Garpi (le village et le combat
de), sur l'Adige, I, 141, 278;
II, 180.
Garpi (le bourg de), dans le
Modénois, I, 226, 227, 280,
DES MATIERES.
329
283-285, 297, 340, 341; II,
184.
Garpignano (le village de), I,
353, 354; II, 1.
Carré (M.), II, 22.
Carrosse de voiture (le), I, 107.
Casai du Montferrat (la ville
de). Le théâtre de cette ville;
aventure du chevalier de Quin-
cy et de son ami d'Esgrigny,
I, 320-321 ; (1704) l'armée de
Vendôme campée sous ses
murailles, II, 1-2, 4. — Citée,
I, 195, 348, 349; II, 7, 11,
13, 29, 48, 154, 209.
Casaletto (le village de), I, 198,
Casal-Grasso (le village de), II,
312.
Casai- Maggiore (la ville de), I,
219, 236, 254; II, 89.
Casai- Morano (le village de),
II, 109.
Casai- Moro (le village de), I,
201 ; II, 148.
Casal-Rosso (le village de), II,
13.
Cassano (le village elle combat
de), I, 41; II, 104-107, 117-
137, 193; III, 121, 122, 147,
201.
Cassino (le village de), I, 337,
339, 347.
Cassoli (le curé), I, 176, 177.
Castagnara (le bourg de), I, 278,
282, 285, 286.
Castelbarco (le château de), I,
290, 291.
Castelcovati (le village de), II,
145.
Castel-dos-Rios (le marquis de),
I, 122-124.
Castelgoffredo (le bourg de), I,
201; II, 152.
Castellade régiment suisse de),
II, 257, 269, 312, 313.
Castellaccio (le village de), I,
347, 348; II, 187.
Castellane (le chevalier de), II,
306.
Castellane (la maison de), II,
280.
Castellane (la ville de), II, 280-
281.
Castellaro (le village de), I, 286 ;
II, 152.
Castelleone (le bourg de), II,
139.
Castelnaudary (le combat de), I,
186.
Caslelnuovo-Bocca-d'Adda ( le
village de), I, 197.
Castelnuovo d'Asti (le village
de), I, 329, 330, 331.
Castelnuovo-di-Bormida (le vil-
lage de), I, 339,313-345,347;
II, 187.
Gastelnuovo-di-Sotto (le bourg
de), I, 220, 221, 225, 227.
Castelspino (le village de), I,
347.
Castelvetro-Piacentino (lebourg
de), I, 216, 217.
Ca?tel-Visconti (le village de),
II, 102, 103.
Castiglione et Solferino (Fer-
dinand de Gonzague, prince
de), I, 208, 257, 258.
Castiglione- délie -Stiviere (la
ville de). Description, II, 256-
257 ; prise par JVI. de Revel,
I, 204-205, 208; séjour du
chevalier de Quincy en 1702,
271-277; Vendôme y campe
en 1705; II, 148-149, 151-
152. — Citée, 1,259, 266, 291,
315; II, 87, 89,97, 151, 163.
Castiglione - délie - Stiviere ( le
combat de), II, 218.
Castille (Joseph Pernandez de
Velasco, duc de Prias, con-
nétable de), I, 127.
Cateau-Cambrésis (la ville de),
I, 36; m, 86, 107, 138-139.
Cateau-Cambrésis (le traité de),
I, 36.
Catelet (la ville du), I, 66; II,
338 ; III, 12.
Catillon (le village de), ou Châ-
tillon, m, 138.
Catinat (Pierre I"), III, 106.
Catinat (Pierre II), III, 106.
Catinat (Nicolas), III, 106.
330
TABLE ALPHABETIQUE
Gatinat (le maréchal). Il assiège
Ath (1697), I, 40, 42, 44-48
suite de la campagne, 55-56
(1701) envoyé en Italie, 127
sa disgrâce, 152-153 ; ses pro
jets pour la campagne, 162-
163 ; caricature italienne qui
le représente, II, 180; sa
mort, III, 105; il refuse l'or-
dre du Saint-Esprit, 106 ; son
éloge, I, 47, 153; III, 106-
107, 141, 202 ; sa parenté avec
les Sevin,I, 46. — Cité, 1,164,
226; II, 301.
Gatoire (le sieur de la), I, 48.
Gatoire (le hameau de la), I, 42.
GatuUe (le poète), I, 289.
Gauroy (le hameau du), III, 31.
Gavaione-Veronese ( le village
de),II, 174,176,177,179, 180.
Gavalier (le sieur), II, 202.
Gavo-Bentivoglio (le), I, 279,
282.
Gavoretto (le village de), II, 212.
Gavriana (le village de), II, 89,
152.
Geberet (Glaude, marquis de),
1,284, 285; II, 173.
Gellc (M. de), m, 260.
Genis (le mont), II, 297.
Gense (une), III, 18.
Genset (le). Voyez Sensée (la).
Gerea (le bourg de), I, 278.
Gerese (la porte), à Mantoue, I,
204, 207, 260.
Cernay (la ville de), I, 141.
Gerno (le village de), II, 112.
Gervo (le), rivière, II, 12.
Gésanne (le bourg de), I, 190-
192; II, 221, 284, 297, 305,
306, 308, 312, 314.
Gésar (Jules), I, 68, 160, 182,
185, 251, 281, 289; II, 205,
231.
Gesole (le village de), II, 101.
Geva (la ville de), I, 337.
Ghabannes (la maison de), I,
186.
Ghaise-Dieu (l'abbaye de la),
II, 281.
Ghaligny (le village de), I, 153,
Ghalon "(la maison de), II, 232.
Ghalon-sur-Saône (la ville de),
II, 231-232.
Ghâlons-sur-Marne (la ville de),
III, 215, 216.
Châlons-sur-Marne (le diocèse
de), m, 118.
Ghambéry (la ville de), II, 302.
Ghambord (le château de), III,
156, 157.
Gh ambre (le bourg de la), II,
300.
Ghambrier (M.), III, 66.
Ghamillart (Michel). 1\ est nom-
mé secrétaire d'État de la
guerre, I, 126 ; sa parenté
avec les Sevin, 126, 173, 252;
II, 50, 228; il ne veut don-
ner de compagnie qu'aux
lieutenants, I, 172; promes-
ses qu'il fait au chevalier de
Quincy et à son frère de leur
donner des régiments, 177;
II, 51,139, 236-238,286,288-
289; il nomme le chevalier
capitaine, I, 249-250, 257-
258 ; il lui refuse de lever un
régiment de déserteurs, II,
50-51; le chevalier dîne fré-
quemment chez lui, 320; sa
disgrâce, 389 ; III, 239 ; son
esprit borné, II, 51 ; ses fil-
les, I, 178; son logement à
Versailles, II, 239. — Gité,
216.
Ghamillart (Michel II). Voyez
Gany (le marquis de).
Ghamillart (Jérôme, comte de),
1,221, 229;,II, 75.
Ghamillart (Elisabeth -Thérèse
Le Rebours, dame), I, 173,
177, 252 ; 11,50,138,139,237,
239.
Ghamilly (le maréchal de), I,
263, 264, 329.
Ghamilly (François-Joseph Bou-
ton, comte de), I, 329.
Ghampagne (les comtes de), I,
129.
Ghampagne (le comté de), II,
234.
Ghampagne (la province de), I,
DES MATIERES.
331
129, 132, 169; III, 214, 215,
279.
Champagne ( le grand prieuré
de), I, 52; III, 236.
Champagne (le régiment de),
III, 153, 171, 242, 277.
Champagne (le vin de), I, 85,
100, 125, 167, 219; II, 169,
239; m, 54,216.
Champagnelle (M. de). Voyez
Champignelle.
Champignelle (Jacob de Rogres
de) ou Champagnelle ou Gam-
panelle,I,357-359;II, 6, 378;
III, 312.
Ghampigny (M. de), II, 66.
Ghamplitte (le village de), I,
132.
Chanceaux (le village de), II,
233.
Ghantemerle (le hameau de), II,
305.
Ghantereine (le château de), III,
65, 70, 71, 73-76.
Chantilly (le château de), I, 82-
88, 98, 100; II, 242.
Ghapelle-en-Serval (le village de
la), I, 82.
Chardon (Daniel), II, 377.
Charenton lie village de), 1, 181.
Charité (la ville de la), I, 184,
185.
Charlemagne, empereur, 1, 155 ;
II, 303.
Charlemont (la ville de), 1, 167.
Gharleroi (la ville de), II, 388.
Charles Borromée (saint), II,
105.
Charles le Chauve, empereur,
I, 88.
Charles-Quint, empereur, I, 33,
66, 154, 166, 168, 170, 361 ;
m, 12, 39, 135, 231, 279.
Charles VI, empereur, I, 253 ;
III, 210. Voyez l'Archiduc.
Charles VIII, roi de France, I,
218.
Charles II, roi d'Espagne, I, 98,
99, 122, 124.
Charles-Emmanuel, roi de Sar-
daigne et duc de Savoie, I,
321, 337, 361; II, 28,29.
Charles de Lorraine, dernier des
Carolingiens, III, 204.
Charles (Charles de Lorraine-
Armagnac, dit le prince), II,
362; III, 170.
CharleviUe (la ville de),in,2i4,
215.
Charmes (le bourg de), I, 153.
Charmont (M. Hennequin de),
m, 260.
Charost (Louis- Joseph de Bé-
thune, marquis de), II, 377.
Charost (le régiment de), II,
339; m, 10.
Chartoigne (Philippe-François
de). Il s'empare de Viadana,
I, 210; au siège de Verceil,
II, 17, 22; il repousse les en-
nemis qui attaquaient son
convoi, 34-35; au siège d'I-
vrée, 44 ; au siège de Verue,
57 ; il est blessé et fait pri-
sonnier, 65 ; le duc de Savoie
lui fait visite ; sa mort, 67 ;
ses talents militaires, I, 262.
Chartres (le duc et la duchesse
de). Voyez Orléans.
Chartres (M"e de). Voyez Lor-
raine (la duchesse de).
Chartres (Louise-Adélaïde d'Or-
léans, dite M'ie de), abbesse de
Chelles, I, 79.
Chartreux (l'ordre des), III, 258.
Chartreux (le couvent des), à
Paris, I, 18, 19.
Chasse de Morin (^a), opéra,
III, 7.
Chastenay (M. de), III, 9.
Chastenet (M. de), III, 234.
Chastillon-cavalerie ( le régi-
ment de), II, 192.
Ghâteaumorand (Jean-François
Joubert de la Bastide, mar-
quis de), m, 95.
Châteauneuf (le régiment de),
II, 257.
Château-Porcien (la ville de),
II, 389.
Châtelet (le), à Paris, I, 23.
Châtel-sur-Moselle ( le bourg
de), I, 153.
Châtres (le village de), I, 126.
332
TABLE ALPHABETIQUE
Ghaulnes (le duc de). Voyez
Amiens (le vidame d').
Chaumont (Charles d'Ambly,
marquis de), II, 131.
Chaumont. Voyez Ghioraonte.
Chau-Montauban (le régiment
de la), III, 87.
Chauny (le bourg de), I, 67, 68 ;
II, 327; m, 2.
Chavigny (Claude-François Bou-
thillier, marquis de), I, 222.
Chavigny (Aune-Théodore Che-
vignard, chevalier de), III,
205-206.
Chavigny ( Philibert Chevi-
gnard, abbé de), III,- 206.
Ghavigny-le-Roi (la maison de),
III, 205.
Ghayla (Nicolas-Joseph-Baltha-
sar de Langlade, vicomte du),
II, 379.
Chelles (l'abbesse de). Voyez
Chartres (\l"« de).
Chemerault (Jean-Noël de Bar-
bezières, comte de). Au com-
bat de San-Sebastiano; il est
blessé, I, 323-325; au siège
de Verceil, II, 14, 18, 22;
bon conseil qu'il donne à
Vendôme, 115-116; il perd
l'affection de ce général, 116 ;
campagne de 1709 en Flan-
dre, 361; il est tué à Malpla-
quet, 376.
Cherasco (la ville de), I, 337.
Cheray ( Olivier-François-de-
Paule Le Fèvre d'Ormesson,
seigneur de), III, 23, 24.
Chétardye (le chevalier de la),
I, 254.
Cheval-Blanc (la cour du), à
Fontainebleau, III, 157.
Chevalier (M'i^), II, 382.
Cheyladet (François de Dienne,
comte de), Iir, 2-22.
Chiari (le combat de), I, 162,
163; II, 3, 145, 286.
Chieri. Voyez Quiers.
Chiese (la), rivière, I, 201 ; II,
93, 95, 148, 165, 166.
Ghimay (Charles-Louis-Antoine
de Hennin d'Alsace, prince
de), I, 48.
Chimay (le bourg de), II, 327.
Chiomonte ou Chaumont (le
village de), I, 192; U, 283.
Chiusa (la), rivière, II, 177, 178.
Chiusano (le village de), 1, 331.
Chivas (la ville de), I, 195; II,
36, 33, 85, 189, 206.
Choart (Gabriel), seigneur du
Tremblay, I, 252, 253; II,
203.
Choiseul (le régiment de), III,
87.
Choiseul-Traves(Francois-Eléo-
nor de), II, 76; III,"'l70.
Churchill (Charles), II, 375.
Cicéron, I, 3, 289; III, 202.
Gigole (le village de), II, 147.
Cinna, I, 289.
Ciran (le baron de), I, 113, 115.
Gîteaux (l'abbaye de), II, 232.
Gividate-al-Piano (le village de) ,
II, 145.
Claque-dents (un), II, 204.
Clarée (la rivière de la), II, 304.
Claye (le bourg de), I, 69.
Clément (saint), I, 154.
Clermont-en-Argonne (la ville
de), II, 389.
Clermont-Gallerande (Armand-
Henri, chevalier de), I, 143,
150.
Clermont- Tonnerre (François
de), évêque de Noyon, I, 68,
98, 170.
Glermont-Tonnerre (la maison
de), I, 170.
Clèves (le pays de), III, 101.
Clisson (iM. de), III, 177.
Cloche- Perce (la rue), I, 175.
Clos (M. des), I, 322, 346.
Glouet (M.), m, 91.
Glovis, roi de France, II, 341;
m, 160.
Cluson (la rivière du), II, 218,
312, 314.
Coblentz (la ville de), I, 154;
m, 279.
Cocconato (le village de), I, 349.
Goëtanfao (François-Toussaint
DES MATIERES.
333
du Querhoent, marquis de),
II, 378.
Goëtmea (M. de), III, 72.
Goëtquen (Malo-Auguste, mar-
quis de), II, 358, 378.
Gœurly (M. de), I, 114.
Coigny (François de Franque-
tot, marquis de). Au siège de
Verue, II, 75; à Maiplaquet,
362; (1710) commande un
camp volant près de Bou-
chain, III, 20; (1711) attaque
le camp des Impériaux à
Douay, 71 ; défait un corps
de cavalerie, 94; (1712) pour-
suit M. de Growestein, 118;
marche sur Landrecies, 142,
144; au siège de Douay, 177;
au siège du Quesnoy, 189;
(1713) àceluideFribourg, 242.
Gollande (Thomas Le Gendre
de), II, 74 ; III, 96.
Collèges de l'Université (les), I,
17-21.
Golièges des Jésuites (les), I,
17-21.
Collet (le col de), II, 312.
Collier (M.), II, 376.
Golmar (la ville de), I, 142,264.
Colmenero (François de), I, 365 ;
II, 23, 118, 143; III, 122.
Cologne ( Joseph -Clément de
Bavière, électeur de), III,
5-9, 170, 190.
Cologne (l'archevêché de), I,
159.
Colonel général de la cavalerie
(le régiment du), II, 159, 165.
— Voyez Cornette blanche
(le régiment de la).
Golorno (le bourg de), I, 218,
219.
Combe (Jacques de la), III, 118.
Combes (Louis-Ferdinand, che-
valier de Fouillé des), I, 91.
Comédie française (la), I, 121,
Comédie italienne (la), I, 24.
Comines (le village de), III, 39.
Commentaires de César (les), I,
68, 160, 182, 185; II, 231.
Commentaires sur Polybe (les),
du chevalier de Folard, II,
285.
Commercy ( Charles -François
de Lorraiue-Elbeuf, prince
de), 1,235, 240; II, 183.
Commercy (le régiment de), I,
220.
Commissaire général de la ca-
valerie (le régiment du), II,
90.
Compiègne (la ville de), I, 88-
89, 170, 171; II, 327,390.
Compiègne (le camp de), I, 80,
81, 88-100.
Comtat Venaissin (le), U, 6.
Concerter, II, 317.
Couche (Denis Calvin de), II,
124, 136.
Gonck (M. de), II, 69.
Concorriia (la ville et le comté
de la), I, 253, 340, 366-368 ;
II, 183.
Gondé (Louis 1«^, prince de),
III, 4.
Gondé (Louis II de Bourbon, le
Grand), I, 86, 87, 155, 168;
II, 331; m, 120, 141, 260.
Gondé (Charlotte-Marguerite de
Montmorency, princesse de),
L 87.
Gondé (Anne de Bavière, prin-
cesse de), dite Madame la
Princesse, I, 85.
Gondé ( Anne-Marie-Victoire,
demoiselle de), I, 85.
Gondé-sur-Escaut (la ville de),
II, 338, 349; m, 21, 24, 65.
Gonflans (Charles-Emmanuel de
Watteville, marquis de), I,
44.
Gonflans (Jean-Chrétien deWat-
teville, marquis de), II, 339,
361 ; III, 178, 242.
Gonsarbriick (la ville de), 1, 151.
Consignations (les), III, 258.
Gontades (Georges-Gaspard de),
III, 124, 139, 264, 271, 272.
Gonti (Francois-Louis, prince
de), I, 56, o7.
Gonti (Louis-Armand de Bour-
bon, prince de), III, 210, 275.
Gonti ( Marie- Anne, légitimée
334
TABLE ALPHABÉTIQUE
de France, princesse de), I,
83-85; m, 156.
Contre-garde (une), II, 39.
Conversation (la), en Italie, I,
267.
Gonvulsionnaires (les), II, 289-
292.
Goppa (la), rivière, I, 343.
Coppe (le comte de la), III, 149.
Coqueluchon (un), I, 217; III,
215.
Corbeil (la ville de), I, 100,110,
118, 181, 182; II, 243.
Corbie (la ville de), II, 329.
Cordes (le régiment de), II, 258.
Corinthe (le raisin de), I, 270.
Cornette blanche (le régiment
de la), II, 43.
Cornichon (un), terme de forti-
fication, II, 65.
Correggio (la ville de), I, 227,
341.
Correggioli (le village de), I,
316.
Gorticelle (le village de), I, 348.
Cosne (la ville de), I, 184 ; II,
244-246.
Coste (Simon Frottier, seigneur
de la), II, 60.
Gostebelle (M. de), II, 264, 265,
300.
Gostigliole-d'Asti (le village de),
I, 348.
Cotentin (Charles-César, mar-
quis de), I, 82.
Cotentin (le régiment de), I,
218, 225, 226; 11,255; 111,4.
Côte-Saint-André (la ville de
la), I, 188.
Cotron (Gaspard), U, 133, 134.
Goucy (Enguerrand I^"" de), I,
34, 35; III, 25.
Goucy (Ade de Roucy, dame
de), I, 35 ; III, 25.
Goucy (la maison de), I, 34;
m; 25.
Goucy-le-Château (le bourg de),
I, 34.
Coudras (N. de Boyveau, sieur
de), I, 263, 272.
Coudun (le village de), I, 88, 89.
Courcillon (Philippe-Égon, mar-
quis de), II, 379.
Courrières (le village de), II, 332.
Court (Claude -Elysée de la
Bruyère de), II, 251, 252.
Courtadc (Jean de), II, 140.
Courtaud de boutique (un), I,
121.
Courtebonne (Jacques-Louis de
Galonné, marquis de), I, 81.
Courtray (la ville de), III, 39, 44.
Gozzo (le bourg de), I, 358.
Crasseux, avare, II, 335.
Grécy (la bataille de), III, 53.
Crécy-en-Ponthieu (le bourg
de), III, 52, 53.
Crème (la ville de), II, 104,111,
142-144.
Grémonais (le), II, 102, 124,
137, 146.
Crémone (la ville de). — Des-
cription, I, 197-198; surprise
manquée par le prince Eu-
gène, 175-177, 236-237 ;_ sé-
jours du chevalier de Quincy
en 1702, 199, 215-217; le duc
de Savoie veut s'en emparer,
313-314; ne se rend aux Im-
périaux qu'en 1707, II, 162,
227; citée, 9, 89, 123, 142,
153, 186.
Grenan (Pierre de Perrien, mar-
quis de), I, 80.
Creny (Louis-Adrien de), II,
341 ; m, 164.
Grépy-en- Valois (la ville de), I,
33.
Gréquv ( François de Bonne,
maréchal de)'^ I, 156; II, 108,
109.
Gréquy (Charles I" de Blan-
chefort, maréchal de), I, 319,
320.
Gréquy (François-Joseph, mar-
quis de), I, 80, 201,217, 222,
236, 237, 240.
Grescentin (le bourg et le camp
de), II, 8, 33, 36, 40, 50, 53-
67, 77-84.
Grévecœur (Charles-Alexandre
de), I, 367.
DES MATIERES.
335
Crévecœur (le village de), III,
119, 136.
Grinchon (le), rivière, III, 29,
31, 114.
Groissy (Louis-Francois-Henri
Golbert, comte de)^ III, 122,
178, 179, 182, 223, 243, 263.
Groix (La), partisan, III, 101.
Grostolo (le), rivière, I, 220,
222, 223, 244, 271; n, 193.
Groy (Philippe-Emmanuel-Fer-
dinand - François de Groy-
Solre, comte de), II, 361 : III,
243.
Groy (Albert-François de Groy-
Solre, chevalier'de), II, 377.
Groy (la maison de), III, 31.
Groy lie régiment de), II, 17,
22, 74.
Guirasse des officiers généraux
(la), II, 371.
Cuissage (le droit de), I, 191.
Gurone (le), I, 343.
Gurtatone (le village de), I, 209,
212.
Gusset (le bourg de), I, 186.
D
Daillon (M.), capitaine, II, 275.
Damas (Jean-Jacques, cheva-
lier de), m, 117.
Daramartin-en-Goëlle (le village
de), I, 33.
Damnitz (le baron), III, 274,
276, 277.
Dampierre (Guy de), comte de
Flandres, III, 30.
Dardanelles (le combat des), I,
3, 4.
Darmstadt-cuirassiers (le régi-
ment de),I, 220, 221.
Dauphin ( Louis, dauphin de
France, dit Monseigneur le),
I, 79, 83, 84, 89, 122, 125,
126, 131.
Dauphin - cavalerie ( le régi-
ment), I, 284, 285, 297.
Dauphin - infanterie ( le régi-
ment), I, 16, 28, 37, 50, 64;
II, 38, 206,208; III, 175, 178.
Dauphin-dragons (le régiment),
I, 222, 224 ; II, 7, 189.
Dauphiné (le), I, 189-191; II,
211, 217, 221, 229, 241, 247,
248, 267, 279, 280, 282, 289,
293, 295, 302, 308, 323, 325;
m, 130.
Dauphiné (le régiment de), II,
257.
Dauvet ( le marquis ). Voyez
Auvillars (le marquis d').
Davia (M.), I, 212, 324, 367.
Dejean de Manville (Louis-
Pierre), I, 130; III, 311.
Denain (la ville et l'abbaye de).
Description, II, 338; camp
des Français en 1709, 346,
348; camp des ennemis en
1712, 111,131-132,134; mar-
che de Viliars sur Denain,
141, 144; le prince Eugène
s'y rend, 145; les Français y
campent après la bataille,
179-183; citée, I, 36; 111,77,
85-87,105,115,139, 142,143,
156, 163, 200.
Denain (la bataille de), II, 172;
m, 105, 147-156, 185, 202.
Dendermonde (la ville de), II,
338.
Dendre (la rivière de) I 42,
43, 44, 48, 58, 64.
Denhoff (Otto-Magnus, comte
de), III, 99.
Dernice (le château de), I, 322.
Desana (le village de), II, H.
Desenzano (la ville de), I, 273,
288, 315; II, 150, 152.
Déserteurs (les). II, 8-9.
Déserteurs (les régiments de),
II, 50.
Desmaretz (Jacques), évêque de
Riez, II, 249.
Desmaretz (Nicolas), II, 249.
Desvoyes, chanteur de l'Opéra,
I 21-25.
Deùle (la), rivière, II, 333, 336.
Deux-Ponts (Gustave-Samuel-
Léopold, duc de), III, 219.
Deux-Ponts (la ville de), III,
229.
336
TABLE ALPHABETIQUE
Deynze (la ville de), 1, 55; III,
39, 44.
Diamant (le), vaisseau, II, 277.
Diamantini (Mii«), 1, 320.
Digats (M.), ingénieur, II, 22.
Digne (la ville de), II, 249.
Digne (les bains de), II, 249.
Dijon (la ville de), II, 232, 233.
Dijon (la Chartreuse de), II, 233.
Dillon (Arthur, comte), I, 296,
298, 299; II, 146, 179, 267-
269, 271, 279; III, 222.
Dillon (le régiment de), I, 322.
Dinant(la ville de), I, 160, 165.
Dixième (l'impôt du), III, 66.
Dixmude (la ville de), III, 197.
Dohna (Jean-Frédéric, comte
de), III, 108, 144, 149.
Doire baltée (la), II, 35, 36,
42, 43, 46, 83.
Doire (la petite) ou Doire ri-
paire, I, 191, 192, 195; II,
191-197, 202, 205, 206, 221,
223, 294, 305, 306.
Dolet (Renaud), II, 337.
Dominicains (le couvent des),
à Crémone, I, 198.
Donauwerth (le combat de), II,
193; m, 7.
Doria (André), I, 361.
Doria (la maison), I, 365.
Doria (le palais), à Gênes, I,
361.
Dorignies (le village de), III, 11.
Douay (la ville de). Camp des
Français en 1709, II, 336;
siège et prise par les alliés
(1710), 9-12, 19, 24, 26; le
camp des ennemis insulté
(1711), 71-73 ; Albergotti man-
que de s'en emparer, 100;
siège et prise par Villars
(1712), 162-163,165-178, 182-
184. — Citée, II, 330-332, 335 ;
. m, 4, 5, 17, 30, 39, 52, 68,
70, 76,85, 107,156,159, 200,
201.
Douay (l'université de), III, 168.
Doullens (la ville de), III, 53,
113.
Dragons (les régiments de), III,
265.
Dragons jaunes d'Espagne (les),
II, 120, 126, 128.
Dragons rouges de Savoie (les),
I, 328.
Dreux (Thomas III, marquis de
Brezé, dit le marquis de).
Colonel du régiment de Bour-
gogne, 1, 171-173; il raccom-
mode MM. d'Esgrigny et de
Quincy, 207 ; prête sa chaise
de poste au chevalier de
Quincy malade, 227; il l'em-
pêche d'être nommé capi-
taine, 249-250, 257-258; com-
mande à Governolo, 266, 272 ;
combat de San-Sebastiano,
321-323 ; sa dureté pour M. de
Bellecourt, 331; II, 3-4; au
siège d'Ivrée, 47; demande
un régiment pour le cheva-
lier de Quincy, 51 ; lui remet
une note sur les opérations
militaires, 73; au siège de
Verue, 77, 80; à la bataille
de Turin, 197; il refuse de
l'argent au chevalier de Quin-
cy, 216; il ne veut pas le
présenter au ministre de la
guerre, 238 ; à Malplaquet,
352-353, 361 ; à la défense de
Douay (1710), III, 9; au siège
de Fribourg, 243. Son carac-
tère désagréable, son égoïs-
me, I, 331; II, 216, 238. —
Cité, I, 177,252, 256; II, 52,
53, 84; III, 54.
Dreux ( Catherine - Angélique
Chamillart, marquise de), I,
178.
Dubois (l'abbé, puis cardinal),
II, 230.
Duchy (Jean-Baptiste Berthe-
lot de), II, 25.
Due-Castelli (le village des), I,
277, 286, 291.
Dumoulin, médecin, II, 37.
Dumoulin, partisan, III, 101.
Dunkerque (la ville de), III, 82.
Durance (la), I, 190; U, 249,
252.
Duras (le maréchal de), I, 29,
30, 175.
DES MATIERES.
337
Durazzo (le palais de), à Gênes,
I, 365.
Durideau (le sieur), I, 77, 78.
Duyls l'aîaé (M.), II, 376.
Duyts le jeune (M.), II, 375.
E
Eau (!'), rivière, I, 167.
Eau des Carmes (1'), I, 117.
Ebnet (le village d'), IIl, 242.
Écaillon (le village d'i, III, 165.
Échange (donner 1'), II, 180.
Eck (le comte d'), II, 375.
Eckstein (le village d'), III, 228.
Écluse (le bourg de 1'), III, 20,
. 23, 62, 109, 112, 116.
Écourt-Saint-Quentin (le vil-
. lage d'), m, 21.
Edouard III, roi d'Angleterre,
. m, 53.
Éguillette (la tour de I'), à Tou-
lon, II, 260.
Elbeuf (Charles III de Lorraine,
duc d'), II, 156.
ElbeuT (Henri de Lorraine, duc
d'), I, 110.
Elbeuf (Françoise de Montaut-
Navailles, duchesse d'), II,
156.
Embrun (la ville d'), I, 190.
Embrun (l'archevêque d'), I,
190.
Embrun (l'archevêché d'), II,
249, 280, 281.
Embrun (le concile d'), en 1727,
II, 281-282.
Embrunois (!'), I, 190.
Empereur d'Allemagne (1'), I,
177, 207.
Empire d'Allemagne (F), 1, 177.
Enfer (la rue d'), à Paris, 1, 18.
Enghien (Marie-Anne de Bour-
bon-Condé, demoiselle d'),
I, 85.
Enseigne (la charge d'), I, 16.
Ensheim (la bataille d'j, I, 51 ;
III 235 236.
Èpinàl (la'ville'd'), I, 153; III,
, 279.
Épinoy (le hameau d'), III, 167.
Eppstein (le village d'), III, 235.
III
Escadron (un), I, 89.
Escalion (1'), rivière, III, 133,
134, 140, 163.
Escargot (le fort de F), à Fri-
bourg, m, 244-246, 249, 253-
255, 257, 268, 273.
Escaut (F), fleuve, I, 66; II,
329, 338, 346, 348, 349; III,
20, 39, 63, 71, 77, 79-82,
85,86, 88, 89, 91, 92, 95, 96,
99, 115, 116, 131, 136, 142,
143, 145, 146, 148, 150-153,
155, 164, 175, 182-183.
Esclainvilliers (Charles -Timo-
léon de Séricourt, marquis
d'), I, 322.
Esclimont (Auguste -Léon de
Bullion d'), III, 265.
Escouvette (F), ruisseau, III,
136.
Esenta (le village d'), II, 150.
Esgrigny (René de Jouenne,
sieur d'), I, 205, 219, 248,
320; II, 25, 81, 197.
Esgrigny iJean- René de Jouenne
d'). Dispute avec le chevalier
de Quincy, I, 205-207; il est
choisi comme interprète par
le duc de Vendôme; sa dis-
crétion, 247-248 ; il fait cham-
brée avec le chevalier de
Quincy, 252; ses amours à
Casai, 320-321 ; aventure chez
des religieuses à Asti, 333; il
accompagne le chevalier en
expédition galante, 352. Cité,
I, 219; II, 81; 111,312.
Esgrigny iN. de Jouenne, che-
valier d'), II, 81.
Esgrigny (le régiment d'), II,
255, 273.
Espagne (F), I, 29, 99, 122, 124,
208; II, 162, 209, 321, 325,
387; m, 56, 209.
Espagne (le vin d'), III, 54.
Espagnols (les), I, 198, 254,
257; n. Ml, 350.
Espinay- Saint- Luc (Antoine-
Joseph d'), I, 355, 356, 359,
360.
Esponton (F), I, 83.
Esquidy (M. d'), III, 252.
22
338
TABLE ALPHABETIQUE.
Estaing (François III, comte d').
Au siège de Guastalla (1702),
I, 244 ; à rexpédition du Tren-
tin (1703), 287; il commande
sur la Bormida (1704), 337,
339, 347 ; en quartier d'hiver
dans le Novarais, 348; ses
ordres singuliers, 352-353; il
veut subordonner le cheva-
lier de Quincy à un capitaine
de cavalerie, 355-356; il
prend Robbio, 356-357; (1705)
au siège de Verue, II, 74 ;
(1712) au siège de Douay, III,
172; (1713) à celui de Lan-
dau. Cité, I, 360, 361.
Estaires (Anne -Auguste de
Montmorency- Robecque,
comte d'), I, 356; II, 22.
Estaires (le bourg d'), III, 38.
Estoflés (M. d'), III, 260.
Estrade (le village de 1'), I, 242.
Estrade (battre 1'), II, 77.
Estrades (Godefroy-Louis, com-
te d'), I, 367, 368; II, 150;
III, 41, 52, 240, 242.
Estrades (le régiment d'), I,
224.
Estrapade (la place de 1'), à
Paris, I, 16, 22.
Estrées (Victor- iMarie, maré-
. chai d'), III, 212.
Étamine (passer par 1'), II, 147.
Étang (le château de 1'), I, 177.
Étoile (le fort de 1'), à Fribourg,
m, 244-246, 249, 253, 273,
276 277.
Étrun (le village d'), III, 21, 63,
71, 77, 79-82, 86, 88, 94, 96,
97, 116.
Ettlingen (la ville d'), III, 220,
238.
Eugène de Savoie (le prince).
(1701) Combat de Garpi, I,
141, 278.
(1702) Manque de sur-
prendre Crémone, 175-177,
197 , 237 ; manque d'être
pris à Bordolano, 199; il
recule devant Vendôme, 200 ;
assiège Mantoue, 204; posi-
Eugène (le prince), suite.
tion de son armée, 209 ; il
cherche à enlever Vendôme;
vengeance de celui-ci, 212-
214; il passe le Pô, 232;
bataille de Luzzara, 233-239;
il s'attribue la victoire, 242-
243 ; réjouissances pour la
prise de Landau, 245; il veut
surprendre Mantoue, 246-249 ;
retraite du camp de Luzzara,
251-252; veut secourir Gover-
nolo, 261 ; se retire à Astiglia,
265-266, 280.
(1705) Il cherche à passer
le Mincio, II, 89-93; il at-
taque la cassine de la Bou-
line, 96; il marche pour pas-
ser rOglio, 99-100, 102; il
s'efforce d'entrer en Mila-
nais, 108-110; tentatives pour
passer l'Adda ; bataille de
Gassano, 112, 113, 115, 117,
123-130, 135; il prétend être
victorieux, 137; il décampe
des bords de l'Adda, 139;
combat de Montodine, 141-
142; il se dirige vers Greme,
142; canonnade de Greme,
143-144 ; il se retire dans le
Bressan, 146; il envoie Patte
dans le Véronais, 151.
(1706) Il arrive à Galcinato
pendant la bataille, 170;
faute qu'il commet en dispo-
sant ses quartiers d'hiver,
171-172; il bat Albergotti,
173; s'empare du poste de la
Ferrare. 174; il se prépare à
passer l'Adige, 179 ; il y réus-
sit et passe aussi le Pô, 179-
182; s'empare de la Goncor-
dia, 183; il se dirige vers le
Piémont et joint M. de Sa-
voie, 184-187 ; il bat les Fran-
çais sous Turin, 194-196,
200; entre dans la ville, 207.
(1707) Il marche en Pro-
vence, II, 248; fait l'arrière-
garde de l'armée alliée, 253;
siège de Toulon, 263, 270 ; il
prend Suse, 284-285.
DES MATIERES.
339
Eugène (le prince), suite.
(1708) En Dauphiné, II,
295.
(1709) En Flandre, II, 332;
il marche sur la Bassée, 335 ;
retour en arrière, 336; siège
de Tournay, 337-338; essaie
de faire enlever Marchiennes,
340-341,347; bataille de Mal-
plaquet, 353, 359, 369; blessé,
375.
(1710) Il s'empare des li-
gnes de Lens, III, 2 ; au siège
de Douay, 11 ; à celui d'Aire,
51.
(1711)Effectifde son armée,
III, 75 ; il se rend en Allema-
gne, 66, 70.
(1712) Il ne peut empê-
cher les Anglais de se sépa-
rer des alliés, III, 115; ses
dispositions, siège du Ques-
noy, 116-117, 127 ; se prépare
à assiéger Landrecies, 132-
135, 139; apprend la marche
de Villars sur Denain, ne
peut empêcher la défaite, 144,
146, 150, 152-154; lève le
siège de Landrecies, 157,
158, 162-163; cherche à em-
pêcher Villars de prendre
Douay, 166, 167, 174; s'ap-
proche de Tournay, 182; veut
empêcher Villars d'assiéger
le Quesnoy, 184-185, 187;
envoie ses troupes en quar-
tiers d'hiver, 192.
(1713) Il commande l'ar-
mée impériale, III, 220 ; son
attitude pendant le siège de
Landau, 227, 229, 232; pen-
dant celui de Fribourg, 241,
265 ; le commandant lui sou-
met la capitulation, 272 ; con-
férences à Rastadt avec Vil-
lars, 277, 281-283.
Ses talents militaires, I,
214, 234; II, 353; ses con-
naissances universelles, III,
282; sa présomption, 104; sa
bonne entente avec Marlbo-
rough, 51 ; ressemblance que
Eugène (le prince), suite,
le marquis de Bouligneux a
avec lui, I, 211. Cité, I, 202,
203,2iO,254;II, 98, 140, 177,
180,193, 223, 227, 282, 283;
m, 18, 122,199,204,224,238.
Eugène (le régiment de dragons
du prince), II, 5.
Èvêque meunier (devenir d'),
I, 185.
Exilles (le bourg d'), I, 191-
192; II, 293, 296, 309-311,
323.
F
Fabier (le col) ou de l'Assiette,
II, 313.
Fabius Maximus, I, 280.
Fagel (François-Nicolas, baron
de), I, 56;' III, 29, 93, 117.
Falkenstein (Jean-Léopold-Do-
nat de Trautson, comte de),
II, 165, 167, 169-171, 192.
Famine (le pays de), I, 166.
Fampoux (le village de), III, 14,
20, 28, 62.
Fare (Charles -Auguste, mar-
quis de la), II, 213.
Fare (Philippe-Charles, mar-
quis de la), II, 318.
Fausse-braie (une), II, 63.
Féligonde (M. de), II, 377; III,
312.
Fénelon (François de Salignac
de la Motte-), archevêque de
Gambray, III, 60-63.
Fénelon (Gabriel -Jacques de
Salignac, marquis de), III,
95, 99.
Fenestrange (le bourg de), I,
151.
Fenestre (M. de), II, 58, 210;
III, 255.
Fenestrelle (la ville de), II, 220-
221, 284, 312-317.
Ferbach (le village de), III,
221.
Fère (la ville de la), I, 35, 36,
169.
Fère (le régiment de la), I, 333-
335; III, 178.
340
TABLE ALPHABETIQUE
Ferin (le village de), III, 114.
Ferrare (la ville et le duché de),
I, 253, 277; II, 182, 183.
Ferrare (la montagne et le poste
de la), I, 2y0; II, 174-177,
207.
Ferté-Milon (la ville de la), I,
68.
Fervacques (Anne- Jacques de
Bullion, marquis de), II, 344-
345; m, 265.
Fervacques (le hameau de), II,
329.
Festin de pierre (le), II, 224.
Feuillade (Louis d'Aubusson,
duc de la), I, 187, 238; II,
II, 108, 190, 197, 198, 217,
222, 228.
Feuillade (Marie-Thérèse Cha-
millart, duchesse de la), I,
178; 11,228.
Feuquière (Manassès de Pas,
marquis de), I, 155.
Fiesco (le village de), II, 109,
111.
Figueroa (le régiment de), I, 41;
III, 311.
Filleul(M.),II, 84, 383; 111,54.
Filtz (M.), colonel de housards,
I, 287 ; II, 63.
Final (la ville de), dans le Modé-
nais, I, 280; II, 183.
Final (le marquisat de), I, 336.
Flamarens (Emmanuel-Félix de
Grossolles, marquis de), I,
243.
Flandre (la), I, 30, 127, 149,
171, 230; II, 10, 162, 178,
222, 325, 326, 330, 332.
Flandre (la maison de), III, 30.
Flandre (le régiment de), II,
74, 75.
Flandre (le régiment espagnol
de), I, 202.
Flavacourt (Alexandre - Louis-
Philippe de Fouilleuse, mar-
quis de), III, 41.
Flavacourt-dragons (le régiment
de), III, 40.
Flavigny (le bourg de), II, 234.
Fleurus (la bataille de), II, 92,
193.
Fleury (le cardinal de), II, 107,
253.
Fleury-en-Bière (le village de),
I, 110.
Flines (l'abbaye de), III, 64,
167.
Flomersheim (le village de), III,
228.
Flore (la déesse), III, 165.
Foix (Gaston de), II, 105.
Foix (le régiment de), III, 87.
Folard (Charles, chevalier de),
II, 91, 285, 289-292; m, 147.
Fond (Claude de la). II, 159.
Fond (N. de la), II, 159.
Fontaine (le comte de), I, 168.
Fontaine -aux -Bois (le village
de), III, 133.
Fontainebleau (le château et la
ville de), I, 100, 101, 104,
105, 110, m, 118, H9, 122,
182, 183; m, 155, 156.
Fontaine-qui-brùle (la), I, 189.
Fontana. Voyez Fontanetto.
Fontanella (le bourg de), II, 144.
Fontanetto (le village de), II,
8, 10, 11.
Fontenelle (Bernard Le Bovier
de), I, 146, 147.
Forbin (Louis- Victor, cheva-
lier de), II, 131.
Forez (le régiment de), II, 255.
Forges (les eaux de), I, 107.
Formigara (le village de), II,
140.
Fornoue (la bataille de), I, 218.
Fort (le régiment de Du), III, 40.
Fort-Barraux (le), II, 298, 299,
301.
Fort-Dauphin (le), II, 249.
Fortelle (la terre de la), I, 128.
Fort-Louis du Rhin (le), III,
219, 220, 235, 238.
Fossa-Gabando (la), I, 278.
Fossa-Maestra (la), I, 209, 242.
Fossa-Seriola (la), I, 201.
Fosse (M. de la), III, 118, 273.
Fosse-Cerclain (la), III, 89.
Fosseux (le village de), III, 31.
Fougade (une), II, 63.
Fouille-au-pot (un), II, 276.
DES MATIERES.
341
Fourcy (la rue de), à Paris, I,
112.
Français (les), I, 317; III, 143,
232, 281, 282.
France (la), I, 318; II, 6, 10;
III, 132, 134, 153, 209.
France (la maison de), I, 313.
Franche-Comté( la), 1, 127, 133,
140, 153; m, 279.
Francfort-sur-le-Mein (la ville
de), III, 227.
François I«'', roi de France, I,
33," 170, 196, 197, 361; II,
189; m, 50, 213.
Franconie (le cercle de), III,
241.
Frankenthal (le bourg de), III,
222, 225, 226, 228, 229, 231.
Frater (un), II, 31.
Fraula (M. de), III, 109.
Frecset (M.), II, 86.
Frédéric II, empereur, II, 36.
Frédéric III, empereur, I, 226.
Fréjus (i'évêque de). Voyez
Fleury (le cardinal de).
Fréville (Antoine- Michel de
Roger de), III, 41.
Frezelière (Jean- François- An-
gélique Frezeau, marquis de
la), II, 338, 339, 361.
Fribourg-en-Brisgau (la ville
de), I, 43; III, 228, 231, 234,
237, 239-277.
Fribourg (la chartreuse de),
m, 240-242, 246, 258.
Fribourg (le village de), en
Alsace, I, 152.
Friedelsheim (le village de), III,
229.
Friedlingue (la bataille de), I,
250.
Frise (le comte de), III, 224.
Fronsac | Louis-François-Ar-
mand de Vignerot, duc de),
III, 263, 264, 277.
Fruil (lei, II, 250.
Fuensaldafia (.Alonzo Ferez de
Vivero, comte de), II, 831.
Fumay (le bourg de), I, 160.
Furie des Indes (une), étoffe, I,
116.
Furnes (la ville de), I, 56.
Fiirstenberg (le cardinal de), I,
146.
Fiirstenberg (Hugues de), III,
244.
Gabiano (le village de), II, 2,
11, 53, 83-85, 144.
Gadagne (M. de), II, 66.
Gadouart (un). II, 240.
Gaffart (M.), I, 368.
Galère (tenir), I, 4.
Galères du Roi (les), II, 261.
Galèse ile col de), II, 303.
Galibert (Antoine de), I, 131.
Galibier (le mont), II, 301, 303,
304.
Galmoy (Pierre Butler, vicomte
de), III, 189.
Galmoy (le régiment de), I, 309.
Gambara (le comte de), II, 147.
Gand (M.), I, 10-12.
Gand (la ville de), I, 64; II,
297, 338; III, 39, 44.
Gap (la ville de), I, 189; II,
229; m, 258.
Gap (l'évéque de), I, 819.
Gapençais (le), I, 189.
Garbagna (le village de), I, 352.
Garde (le lac de), I, 205, 207,
256, 273. 275, 287, 288, 290-
293,299-309, 315, II, 93, 94,
172, 174, 179.
Gardes du corps (les), I, 174;
II, 356, 383.
Gardes françaises et suisses
(les), II, 369, 373, 384; III,
169, 170, 193, 195, 269.
Gardes françaises (les capitaines
aux), 1, 173.
Gardes du roi d'Espagne (les),
I, 216, 217.
Gargnano (le village de), I, 292,
294.
Garlasco (le village de), I, 351.
Garonne (la), III, 126.
Gascogne (la), I, 103.
Gascons (les), II, 137, 202; III,
50, 126.
Gassion (Jean, maréchal de), II,
331, 332.
342
TABLE ALPHABETIQUE
Gassion (Jean, comte de), I, 39,
80; II, 363; III, 71-73.
Gâtiaais (le), I, 183.
Gâtinais (le régiment de), II,
318.
Gaudion (Nicolas), II, 298.
Gaules (les), U, 235.
Gaulois (les),I, 196; II, 111.
Gault (M. de), III, 2.
Gaultier (François, abbé), III
82-84.
Gavardo (le village de), II, 94
95, 151, 163.
Gazzoldo (le village de), II, 153
Gazzuolo (le village de), I, 272
II, 152, 153.
Gendarmerie (la), I, 89; II, 356
Gendarmes anglais (les), I, 221
Gendarmes écossais (la compa-
gnie des), I, 89.
Gênes (la ville de), I, 325, 361-
365; m, 123.
Gènes (le doge de), I, 363, 364.
Génetière (M. de la), II, 131.
Genève (la ville de), I, 185.
Genèvre (le mont), I, 190; II,
221, 304-306, 308, 317.
Génois (les), I, 325; II, 105.
Gensac (Gilles- Gervais de la
Roche - Lomagne, marquis
de), III, 153.
Georges (saint), II, 31.
Gève (la), rivière, I, 188.
Germanie (la), II, 235.
Germersheim (le bourg de), III,
220, 221, 235.
Gertruydenberg (les conférences
de), III, 34, 35.
Gesvres (Léon Potier, duc de),
I, 117, 128.
Gien (la ville de), I, 184.
Givenchy-le-Noble (le village
de), IIÏ, 75.
Givet (la ville de), I, 167.
Givry (Thomas -Alexandre du
Bois-de-Fiennes, chevalier
de), II, 312.
Givry (le village de), III, 192.
Glan'don (le ruisseau du), II,
301-302.
Glapion (Pierre de), I, 7.
Glapion (Marguerite-Françoise
de). Voyez Quincy (M™» de).
Glapion (la famille de), I, 4-5.
Goas (Biaise de Biran, comte
de), I, 322, 345, 356; II, 58.
Gobert (M. de), III, 277.
Godant (un), III, 158.
Goësbriand ( Louis - Vincent,
marquis de). Blessé au com-
bat de Gastelnuovo, I, 345;
au siège de Verceil, II, 19,
20; (1707) commande à Tou-
lon pendant le siège, 262,
269,272;(1708)àMalplaquet,
361; blessé, 378; (1710) com-
mande à Aire, III, 41 ; fait
chevalier du Saint-Esprit,
52 ; (1712) au siège de Douay,
176; campagne de 1713, 235.
Gœulzin (le village de), III,
166.
Goito (la ville de), I, 201-204,
206, 208, 260, 286, 291 ; II,
89, 152, 162, 163.
Gombito (le village de), II, 141.
Gondresange (l'étang de), 151.
Gondrin (Louis de Pardaillan,
marquis de), II, 379.
Gonzague (Guy de), I, 208.
Gonzague (Louis de), I, 208.
Gonzague. Voyez Guastalla,
Mantoue.
Gonzague (la maison de), I,
208, 232, 254, 257.
Gonzague (le château de), près
Luzzara, I, 235.
Gorc (M. de), II, 374.
Gournay (le bourg de), II, 327,
328
Goussonville (M. de), II, 377.
Gouvernet (Jean de la Tour du
Pin-), II, 53.
Governolo (le bourg de), I, 232,
259-266, 272.
Graben (le village de), III, 228.
Grancey (François Rouxel, mar-
quis de), I, 241; II, 57; III,
242.
Grancey (Hardouin Rouxel, ab-
bé de), II, 213.
Grancey (le régiment de), I,
256; II, 74, 75, 128.
DES MATIERES.
343
Grand Constance (le), opéra, II,
162, 163.
Grande-Tour (la), à Toulon, II,
260.
Grandmaison (M. de), II, 220.
Grand Prieur (le). Voyez Ven-
dôme (Philippe de).
Grand-Reng (le village de), III,
192.
Grand-Saint-François (le), guin-
guette, à Paris, I, 10.
Grand-Saint-François (le), au-
berge, à Moirans, I, 188 ; II,
229.
Grand-Sart (le hameau du),
III, 163.
Grande-Chartreuse (la), I, 189.
Grange (Guillaume Sevin, sei-
gneur de la), I, 182; m, 311.
Grasse (la ville del, II, 279, 280.
Gratien, empereur, I, 189.
Grave (la ville de), I, 263.
Grecs (les), II, 215.
Greder-allemand (le régiment
de), III, 171, 173, 178, 192.
Greder-suisse (le régiment de),
m, 41.
Grenadiers à cheval (les), III, 2.
Grenadiers (les bonnets des),
II, 385.
Grenoble (la ville de), I, 188-
198; II, 229, 230, 298, 299,
302, 307, 319, 323, 324.
Grenoble (le parlement de), III,
258.
Grenoble (l'évêque de), I, 189.
Grève (la place de), à Paris, I,
115.
Grimaldi (Antoine), doge de
Gênes, I, 363.
Grimaldi (le marquis de Ceva-),
II, 387.
Grimaldi (Louis, baron de), III,
41, 52.
Grimaldi (la maison), I, 365.
Grippa (le baron de), II, 34, 45.
Grisons (les), II, 101.
Groffliers (le village de), III, 53.
Growestein (le comte de), III
118, 119, 174, 198-200, 217.
Gruberts (M. des), II, 380.
Guastalla (Ferdinand I*"- de
Gonzague, duc de), I, 245.
Guastalla (Vincent de Gonza-
gue, duc de), I, 244.
Guastalla (la ville et le duché
de). Description et siège de
1702, I, 244-245, 250; camp
de Vendôme en 1704, II,
183-185. Cités, I, 242, 255,
259, 264, 266, 271, 272-345;
II, 89, 223.
Guébriant (le maréchal de), III,
278.
Guénaud (le chevalier de), I,
37 38
Guetheni (Pierre), II, 241, 242.
Guerbignan (le fort de), près
Verue, II, 54, 55-59, 65, 67.
Guerchy (Louis de Régnier,
marquis de), I, 288 ; II, 23.
Guet de Paris (le), 1, 23.
Guiche (Antoine IV de Gra-
mont, duc de), II, 360, 378;
III, 173.
Guillaume le Conquérant, I,
4-5.
Guillaume III, prince d'Orange
et roi d'Angleterre, 1, 14, 15,
28, 44, 48, 49, 54, 60,61,71;
II, 213.
Guillemain (la ferme de), III,
136.
Guillestre (le bourg de), I, 190;
II, 246.
Guinckel (M. de Reede de), III,
44.
Guinguette (une), I, 10.
Guise (la ville de), II, 327; III,
118, 142, 203, 204.
Guise (les ducs de), III, 204.
H
Hagenbach (la ville de), III,
227.
Haguenau (la ville de), III, 233.
Hainaut (le), I, 37, 38, 42, 43;
II, 330, 388; III, 135.
Haine (la), rivière, II, 347; III,
188.
Hal (le village de Notre-Dame
de), I, 49-52.
344
TABLE ALPHABÉTIQUE
Halluin (Charles, maréchal de
Schônberg et duc d'), III,
HaVjla ville de), II, 241, 323.
Hamilton (le comte d'), II, 375.
Harcourt (Louis, marquis, puis
duc et maréchal d'), I, 122,
241 ; m, 48, 49.
Harlay-Bonneuil (Nicolas-Au-
guste de), I, 69.
Harlay de Cély (Louis-Auguste-
Achille de), I, 69.
Harlebeke (le village d'), I, 56;
III, 67.
Harling (Éberhard-Ernest, com-
te d'), III, 67.
Harrach (Jean-Joseph-Philippe,
comte d'), II, 23,24, 175,374.
Harrach (le régiment d') , II,
23, 29, 175.
Hasnon (l'abbave de), II, 342;
III 155.
Haspres (le village d'), III, 86,
115.
Haucourt (le village d'), III, 20.
Hausse-col (les officiers à), 1, 75.
Hautcourt (le village de), III,
136.
Haute-contre (une), I, 24.
Hautefort (François-Marie, mar-
quis d'), II, 350, 360 ; III, 170.
Hautefort (Gabriel, chevalier
d'), m, 223.
Hautefort (la maison d'), II, 337.
Hauterive (le village d'), III, 65.
Havrincourt (François- Domi-
nique de Gardevac, marquis
d'i; m, 49, 50, 79, 123-127.
Havrincourt ( Anne - Gabrielle
d'Osmont, marquise d'), III,
49, 74, 124-127.
Havrincourt (le marquisat d'),
III, 79, 126.
Haxtheim (le colonel), III, 241.
Haye (la ville de la), II, 137.
Haye-le-Comle (M. de la), II,
57, 5.^; m, 312.
Hâves (M. des), I, 194, 195;
II, 12, 23-26.
Hector (le troyen), III, 275.
Héduise (le village d'), 29.
Heemskerck (Conrad de), 1,79.
Heilber (M.), II, 375.
Heitendorf (le baron de), I, 233.
Helchin (le bourg d'), I, 40.
Hémévillers (le village d'), I, 95.
Hennin-Liétard (le village d'),
III, 15, 165.
Henri II, roi de France, I, 36,
154; III, 217.
Henri IV, roi de France, I, 35;
m, 24, 25, 54.
Herback (le comte d'), III, 95.
Herbeville (le régiment d'), I,
220.
Hercule, 281.
Hesdin (la ville de), 111,31, 39,
40, 48-50.
Hesdin (le Vieil-), III, 50.
Hésione, opéra, I, 295.
Hesse (la principauté de), II,
273.
Hesse-Cassel (Frédéric, prince
de). Battu à Spire, I, 332;
III, 221; battu à Castiglione,
II, 149, 218, 219 ; à Malpla-
quet, conférence avec Alber-
gotti, 359; (1710) il vient
reconnaître les retranche-
ments de Villars, III, 33 ;
(1712) passe l'Escaut à Tour-
nay, 182; commande l'avant-
garde de l'armée du prince
Eugène, 184-185. Cité, 29.
Hesse-Hombourg (le prince de),
m, 184.
Hesse - Rhiufels ( Polyxène-
Christine-Jeannette de), reine
de Sardaigne, II, 29.
Hessy (le régiment suisse de),
III, 199.
Heudicourt (Pons-Auguste Su-
blet, marquis d'), III, 45-48.
Heyden (le baron de), 374.
Histoire militaire du règne de
Louis le Grand (1'), I, 50; II,
35 73 255
HiveVde'nog (F), II, 321, 326.
Hochstedt (la bataille d'), I, 51 ;
II, 31, 32, 38, 193, 236, 354,
374; III, 7.
Hochstett (le village d'), dans
le Palatinat, III, 221.
DES MATIERES.
345
Hohenzollern (le comte de), III,
149.
Hohlengraben (le village de),
III, 241, 244.
Hollandais (les), I, 160, 177,
250; II, 247, 251, 253, 267,
365-369; III, 35, 115, 129,
209.
Hollande (la), 49; III, 21, 128,
174.
Hollande (le fromage de), III,
162.
Holstein (le prince de), III, 133.
Holstein-Becli (Antoine-Gon-
thier, prince de), II, 375.
Hombourg (la ville de), dans le
Palatinat, III, 229.
Hompesch (Reinhard -Vincent
van), m. 26, 60, 71, 76, 77,
169, 183, 184.
Honneau (T), ou la Honnelle,
rivière, II, 348-350; III, 186.
Hordain (le village d'), III, 94,
96, 99.
Horneberg (les lignes d'), III,
237.
Hotton (le village de), I, 159-
166.
Houdetot (Louis, comte d'), I,
27, 28, 143.
Houssaye (M. de la). Voyez
Phelippes.
Hugues Gapet, roi de France,
II, 235; m, 204.
Huns (les), I, 129.
Hurepoix (le), I, 181.
Hurtebise ou Urtebise(la censé
d'), m, 146, 155.
Huy (la ville d'), 1,160, 164-165.
Huy (1') rivière, I, 164.
I
Ile-de-France (1'), I, 169.
Ile-de-France (le régiment de
1'), II, 18, 22, 40, 75, 80-82,
104, 113, 114, 118, 255.
m (l'j, rivière, I, 142,143; III,
236.
Imécourt (Jean-Bernard deVas-
sinhac d'), I, 218, 225-228,
288, 342; II, 18, 65.
Impériale d'un lit (!'), III, 185.
Impériaux (les), II, 6, 10; III,
121, 234, 240,261.
Inchy-Beaumont (le village d'),
m, 14.
Inchy-en-Artois (le village d'),
III, 77, 78.
Incisa-Belbo (le village d'), I,
347.
Invalides (l'hôtel des), I, 263,
264.
lockenum (le village d'), 111,235.
Irlande (T), I, 9, 14.
Isenghien (Louis de Gand de
Mérode, prince d'), II, 362;
III, 183.
Iseo (le lac d'), II, 101.
Isère (D, rivière, 1, 189; II, 299,
302, 303.
Isola-della-Scala (le village d'),
I, 286.
Isorella (le village d'), I, 200.
Isse. Voyez Izel.
Italie (1'), I, 127, 141, 152, 153,
163, 172, 177, 179, 181, 231,
242, 260, 266, 313, 315, 340;
II, 37, 55,154, 158, 162,173,
194, 207, 210-212, 214, 219,
222, 224, 226, 227, 236, 248,
317 321.
Italiens fies), I, 228, 351.
Ivours (Annet Camus d'), II, 57.
Ivoy (M. d'i,III, 128, 187, 116.
Ivrée(lavilled'),II, 33-51, 56,87.
Iwuy (le village d'), III, 96.
Izano (le village d'), II, 109.
Izel-lès-Esquprchin (le village
d'), III, 16, 18.
Jacques II, roi d'Angleterre, I,
92.
Jacques III, roi d'Angleterre.
Voyez Saint-Georges (le che-
valier de).
Janet (Jean-Baptiste Colin du),
I 237.
Jansénisme (le), II, 282.
Janson (Michel de Forbin, che-
valier de), II, 380.
Jarnac ( Pons-Auguste-Gaston
346
TABLE ALPHABETIQUE
de la Rochefoucauld, cheva-
lier de Montandre, puis comte
de), m, 117, 129.
Jarnac (la bataille de), III, 4.
Jean-Baptiste (saint), III, 54.
Jean de Paris (un équipage de),
I, 74, 181, 339; III, 311.
Jeanne de Navarre, reiue de
France, I, 69.
Jeanne d'Arc, I, 88-89.
Jersey (Edouard Villiers, comte
de), I, m.
Jésuites (les), I, 16, 27, 129,
133, 146, 1.50, 154, 257.
Jésuitesses (les), I, 257.
Jeumont (le bourg de), I, 37, 38.
Joigny (la ville de). II, 234.
Joseph 1er, roi des Romains et
empereurd'Allemagne, 1,208,
245, 301; II, 162; III, 64,
123, 224.
Jourdain, brasseur à Péronne,
III, 60-61.
Jouy-le-Ghâtel (le village de),
I,' 128.
Joye (l'abbaye de Notre-Dame
de la), I, 102-108, 183.
Juifs (les), I, 154, 155.
Jules II, pape, I, 253.
Juliers (le pays de), III, 101.
Justaucorps à brevet (le), I, 52.
E
Kaiserslautern (la ville de), III,
222.
Kehl '(le fort de), I, 148; III,
235, 236.
Kenocque (le fort de la), III,
197.
Keppel (M. de), II, 374.
Kercado (René- Alexis Le Séné-
chal, comte de), I, 221.
Kervasy (le chevalier de), I, 97.
Kinzig (la), rivière, III, 237.
Kirkbaum (M. de), II, 34, 40-
42, 45, 184.
Klinglin (M.), I, 149.
Kundersthal (le village de), III,
242, 250.
Kunstleben (M. de), II, 273.
Ladder (M.), II, 376.
Lagny-en-Brie (la ville de), I,
106.
Lalaing (le village de), III, 64,
65, 165, 166.
Lalo (M.), II, 374.
Lama (la), rivière, I, 340.
Lambert (Henri-François, mar-
quis de), II, 75.
Landau (la ville de), I, 245,
254, 332; III, 210, 220-225,
227, 229, 232-234.
Landrecies (la ville de). Des-
cription, III, 135; siège de
1712, 133-135, 139, 141, 142,
151, 155, 157, 158, 162, 163,
187. Citée, II, 172, 388; III,
105, 201-203.
Langallerie (Philippe de Gen-
tils, marquis de), II, 14, 18,
22, 192, 212.
Langendenzlingen ( le village
deK III, 238.
Langeron ( Joseph- Andrault,
comte de), II, 278.
Langlois (le sieur), I, 72-78.
Langon (Pierre de), II, 48.
Langres (la ville de), I, 132.
Languedoc (le), I, 3; II, 220,
279, 321.
Languedoc -dragons (le régi-
ment de), I, 234; II, 7.
Lanière (le bois de la), II, 353,
355, 372.
Lannion (Anne-Bretagne, comte
de), I, 134-137; III, 9.
Lannoy (Louis-Auguste, comte
de), II, 339.
Lannoy (le régiment de), II,
339, 355, 358, 365, 366; III,
87.
Laon (la ville de), III, 204,213.
Laon (l'évêque et l'évêché de),
III, 204.
Laonnois (le), III, 118, 204.
Lapara (Louis), II, 71.
Laugeois de Saint-Quentin (M.),
m, 216.
Lauter (la), rivière, III, 221.
DES MATIERES.
347
Lauterbourg (la ville de), III,
220-222, 235.
Lautrec (François de Gelas de
Voisins, comte de), I, 342;
II, 5.
Lautrec ( Jean -Alexandre de
Toulouse-), 7.
Lautrec-dragons ( le régiment
de), 1,222; II, 5, 7, 126.
Laval (Guy-Giaude-Roland de
Montmorency, comte de), III,
256, 257.
Laval (le régiment de), III, 257.
Lavaud (le P.), I, 27.
Lawe (la), rivière, III, 30.
Le Blanc (Claude), III, 45.
Lecco (le lac de), II, 104.
Ledo (le canal de), II, 184.
Lée (André del, III, 222.
Le Féron (Jérôme), I, 100.
Legall (Francois-René de), II,
361.
Legnago (la ville de), I, 278,
286, 339.
Le Gras (Simon), II, 390.
Le Guerchoys (Pierre), II, 38,
39, 76, 124, 125, 129, 131,
255, 266, 268, 305, 311; III,
240 242.
Le Jay (M.' le), III, 41.
Lellerbordon (lord), II, 375.
Le Ménestrel de Lutteaux (N.),
11,21.
Lens (la ville de), II, 331, 332,
335, 342; III, 2, 14, 18, 176.
Lenza (la), rivière, I, 219, 220;
II, 186.
Léon I^"- (saint), pape, I, 260.
Léon IX, pape, II, 12.
Léopold I""", empereur, I, 99,
127, 248, 249, 280, 313; U,
38, 51,99.
Léopold (l'archiduc), II, 331.
Le Pelletier de la Houssaye
(M-^e), I, 149.
Lescalopier(Gésar-Gharles), III,
215-216.
Lesdiguières (le connétable de),
I, 189.
Lesdiguières ( Jean-François-
Paul de Bonne de Grécjuy,
duc de), I, 241, 293.
Lespinay (Jacques de), III, 117.
Lessart (Charles-Emmanuel de
Colin de), III, 172.
Lessines (le bourg de), I, 42, 48.
Lettres portugaises (les), I, 107,
Leu ville ( Louis-Thomas du Bois
de Fiennes, marquis de), II,
60, 74.
Leuvijle (le régiment de), II,
60, 74.
Leuze (le bourg et la bataille
de), I, 40-42; III, 164.
Lewarde (le village de), III,
176, 177, 179, 183.
Liechtenstein ( Philippe-Éras-
me, prince de), I, 344, 345.
Liège (la ville et le pays de),
I, 159, 160, 165.
Liège (l'évèque et l'évêché de),
I, 159, 164.
Liège (le chapitre de), I, 160.
Liévin (le village de), III, 68.
Lignana (le village de), II, 13.
Ligne (le bourg del, I, 42, 55.
Lignérac (Joseph Robert, mar-
quis de), I, 241.
Lille(lavillede), I, 51; II, 297,
331-333,337,346; III, 18,30,
166-168.
Lillers (le bourg de), III, 39,
73, 75.
Limbourg (Henri I", comte de),
I, 157.
Limbourg (Waleran III, comte
de), I, 157.
Limbourg (Ermenson de Na-
mur, comtesse de Luxem-
bourg et de), I, 157.
Limerick (la ville de), I, 9, 15.
Limousin (le régiment de), II,
256, 313, 318; III, 174, 177,
269.
Linange (Philippe-Louis, comte
de), II, 51, 127, 128, 131-
133, 171 ; m, 104.
Linkebeck (le village de), I, 44.
Lionne (le régiment de), ou de
Beaujolais, II, 176.
Lippe (le comte de la), III, 149,
152.
Lisbourg (le village de), III, 39.
Listenois (Jacques-Antoine de
348
TABLE ALPHABETIQUE
Bauffremont, marquis de),
m, 41.
Listenois-dragons (le régiment
de), m, 40.
Livry (Paul-HippolyteSanguin,
chevalier de), III, 96.
Livry (Marie-Madeleine-Fran-
coise Robert, marquise de),
î, 128.
Locmaria (Louis-François du
Parc, marquis de), I, 81, 284.
Lodésaii (le), II, 89, 111.
Lodi (la ville de), II, 104, 111,
140.
Loing (le), rivière, I, 101, 183.
Loire (la), I, 184,186; III, 156.
Lombardie (la), I, 220; II, 194.
Lombardie (le régiment de), II,
17, 21, 76.
Lomellina (le pays de), I, 319,
348, 352.
Lonalo (le bourg de), II, 149,
150.
Londres (la ville de), II, 137,
343; III, 69, 83, 84.
Longinario (le canal du), I, 217.
Lorge ( Elisabeth -Geneviève-
Thérèse Ghamillart, duchesse
de), I, 178.
Lorme (Simon de), II, 75.
Lorraine (Charles IV, duc de),
III, 235.
Lorraine (Charles V, duc de),
II, 10.
Lorraine (Léopold, duc de), I,
110, 120, 121.
Lorraine (Joseph-Innocent-Em-
manuel, prince de), II, 131.
Lorraine ( Elisabeth -Charlotte
d'Orléans, dite M"« de Char-
tres, duchesse de), I, 110.
Lorraine (la maison de), 1, 110,
140, 178; m, 204.
Lorraine (le duché de), I, 110,
140; m, 118.
Lorraine lie régiment de), I,
357 ; III, 40, 178, 269.
Louis le Débonnaire, empe-
reur, I, 89.
Louis VI le Gros, roi de France,
I, 68, 182.
Louis IX, roi de France, I, 362.
Louis XI, roi de France, I,
160; II, 232, 234.
Louis XII, roi de France, I,
326; II, 111.
Louis XIII, roi de France, I,
169, 187, 192; II, 218, 329.
Louis XIV, roi de France. Son
sacre, II, 390; prend Douay,
III, 168; prend Aire, 42; fait
bâtir la citadelle de Valencien-
nes, I, 66; fait démolir Char-
leville, III, 214; construit
Neuf-Brisach, 278; le che-
valier de Quincy lui est pré-
senté, I, 29-30 ; il supprime
la capitation, 70; au camp
de Compiègne, 79, 82, 85,
89, 91, 92, 96-99; il refuse la
grâce de iM™^ Ticquet, 116;
il déclare le duc d'Anjou roi
d'Fjspagne et l'accompagne
jusqu'à Sceaux, 122-126; en-
voie Gatinat en Italie, 127;
il fait arrêter les troupes du
duc de Savoie, 312-313; lettre
qu'il lui écrit, 318; il reçoit
la nouvelle de la victoire de
Cassano, II, 136; demande à
Vendôme de se rendre en
Flandre, 178; il envoie M. de
Bezons en Dauphiné, 228;
donne un régiment à M. du
Plessis, 236 ; envoie Tessé en
Dauphiné, 248; fait le fils de
Tessé maréchal de camp, 278;
charge Surville de défendre
Tournay, 337 ; autorise Bouf-
flers à servir sous Villars,
349; disgracie Ghamillart, 389;
demandes excessives des al-
liés, III, 34 ; il envoie Har-
court pour remplacer Villars,
48; il fait l'éloge de Vendô-
me, 58 ; il défend à Villars de
livrer bataille à cause des
négociations engagées, 69, 82-
83; il envoie l'abbé Gautier
pour négocier en Angleterre,
84 ; sa fermeté à la mort du
duc de Bourgogne, 103; il
veut donner l'ordre du Saint-
Esprit à Gatinat, 106; il fait
DES MATIERES.
349
Louis XIV (suite),
mettre La Badie à la Bastille,
puis reconnaît son innocence,
428; approuve le projet de
Denain, 135; son inquiétude,
et sa joie de la victoire, 156-
157 ; son éloge, I, 54; ne fait
rien précipitamment, 111,1 57 ;
sa mauvaise politique, I, 43 ;
m, 243; ornements donnés
par lui àlacathédrale de Stras-
bourg, 219; sa statue de la
place de Vendôme, 1, 118;
son portrait à l'Annonciade
de Gènes, 362. Cité, I, 28,
38, 51, 100, 105, 108, 120,
146, 148-150, 152, 154, 182,
274, 325; H, 9, 10, 32, 33,
106, 157, 185, 219, 241, 288,
318; m, 202, 267.
Louis-le-Grand (la place de), à
Paris, I, 118.
Louis-le-Grand (le collège de),
1, 16-21.
Loup (saint), I, 129.
Louvain (M. de), III, 177.
Louvain (la ville de), III, 35,
108.
Louvignies (M. de), II, 23.
Louvignies (le régiment de), II,
76.
Louvre (le), à Paris, I, 118.
Louvres-en-Parisis (le village
de), I, 100, 171.
Luc (le village du). H, 279.
Lucento (le village de), II, 195-
198, 201-203, 205, 207.
Lucerna (le bourg de), II, 247.
Lucques (la ville et les États
de), L 368.
Luther (Martin), III, 231.
Lutteaux (Etienne Le Ménes-
trel de), II, 21.
Luxembourg (le maréchal de),
I, 41, 42; m, 141.
Luxembourg (Christian-Louis
de Montmorency, chevalier
de), puis prince de Tingry.
Au siège de Verceil, II, 19;
au siège d'Ivrée, 44; au siège
de Verue, 80; diner qu'il
donne à la tranchée, 81-82;
il manque d'être tué par une
bombe, 82 ; il est blessé à
Greme, 143; à la bataille de
Galcinato, 168 ; (1709) il com-
mande la cavalerie, 336 ; à
Malplaquet, 361; (1710) il
s'empare de Mortagne, III,
1-2; commande un camp vo-
lant près de Valenciennes,
20, 79, 81, 91, 116; discus-
sion avec Villars, 86; (1712)
il bat un détachement enne-
mi, 131 ; contribue à la vic-
toire de Denain, 146. Sa po-
litesse pour tous, II, 186.
Luxembourg (la maison de), I,
34, 157; n, 25,
Luxembourg (le palais et les
jardins du), I, 17-21.
Luxembourg (la ville et le du-
ché de), I, 43, 155-158.
Luxembourg (le régiment de),
III, 27.
Luzzara (le bourg et la bataille
de), I, 232-243, 250-252, 258;
II, 183, 193; III, 122, 147,
201.
Lyon (la ville de), I, 132, 187;
II, 214, 220, 229, 230, 233,
319, 322.
Lyon (l'archevêque de), I, 187.
Lyon (le chapitre de), I, 187.
Lyonnais (le), I, 187.
Lyonnais (le régiment de), I,
305, 307 ; II, 16, 59, 65, 66,
76, 243, 256; III, 174.
Lvs (la), rivière, I, 55, 56, 333,
'336, 339, 346; 111,30,39,42,
44.
M
Màcon (la ville de), II, 230, 231.
Màcou (les comtes de), II, 231,
303.
Maçonnais (le), II, 231.
Madame Royale. Voyez Savoie
(la duchesse de).
Maderno (le village de), I, 294;
II, 172.
Madonna-delle-Grazie (l'abbaye
de la), I, 209; II, 153.
350
TABLE ALPHABETIQUE
Madrid (la ville de), 1, 122, 125;
m, 37.
Maëstricht (la ville de), I, 160.
Magnana (le village de), I, 278.
Magnani (N.), II, 26.
Maille (une), monnaie, I, 164.
Maillebois (Jean-Baptiste- Fran-
çois Desmaretz, marquis de),
ÏII, 190.
Maine (le duc du), I, 125.
Maine (le régiment du), III, 175.
Maintenon (la marquise de), II,
225, 227 ; III, 49, 124-126.
Maison militaire du Roi (la), I,
65, 127; II, 369.
Maisonrouge (M. de), II, 129.
Maître (un), cavalier, I, 284.
Majeur (le lac), II, 88.
Malbiana (le village de), I, 291.
Malgue (la colline de la), près
Toulon, II, 272.
Malines (la ville de), III, 108.
Maiplaquet (le hameau de), II,
352, 386; III, 185, 192.
Maiplaquet (la bataille de), I,
318; II, 193, 344, 351-382,
388, 391; III, 2, 109, 147.
Malte (l'ordre de), I, 3, 187.
Malvoisin (le château de) , à
Ivrée, II, 36.
Manchester (Charles Montaigu,
comte de), I, 120.
Manerbio (le bourg de), II, 99-
101, 147.
Mangeoire (tourner le cul à la),
II, 198.
Manne (la), II, 308.
Mantoue (les ducs de), I, 201,
203, 207.
Mantoue (Charles de Gonzague,
■ duc de Nevers et de), III, 214.
Mantoue (Ferdinand-Charles IV
de Gonzague, duc de). Ven-
dôme lui rend visite, I, 204;
généralissime des troupes
françaisesen Italie, 215; passe
l'armée en revue, 216; son
superbe équipage de guerre,
225; séjour à Casai, 320-321 ;
il interdit le duel à Mantoue,
II, 155-156 ; son mariage avec
M"« d'Elbeuf, 156; fêtes qu'il
donne à Mantoue, 158; affaire
de son garde, 159-161, ,163 ;
il est chassé de ses États,
157. Son palais au bord du
lac de Garde, I, 294. Cité, I,
201, 208, 271,291; II, 322.
Mantoue (Suzanne-Henriette de
Lorraine, duchesse de), II,
156, 157.
Mantoue (la ville de). Descrip-
tion, I, 207-208; faux tom-
beau de Virgile, 260; elle est
assiégée par les Impériaux;
Vendôme y arrive , 204,
209; Eugène veut surpren-
dre la ville, 246-249; quartier
d'hiver des troupes françaises
en 1705-1706,11, 152-162; les
Impériaux ne s'en emparent
pas en 1706, 227. Citée, I,
215, 255, 289, 341; II, 86,
123, 182.
Mantoue (le duché de), I, 201,
244, 253, 256, 257, 260, 277;
[I, 110, 137,146.
Mantoue (le lac de), I, 207,209.
Marais (le quartier du), à Paris,
I, 113; III, 280.
Maranval (M. de), II, 22.
Marche-en-Famine (le bourg
de), I, 159, 165, 166.
Marchiennes (le bourg de). Eu-
gène le fait attaquer sans
succès (1709), II, 341; (1712)
il est la place d'armes des
alliés, m, 133-134, 139;
siège et prise par Villars,
158-162; le chevalier de Quin-
cy y cherche un trésor, 164-
165. Cité, II, 172, 330, 338,
346; m, 105, 145, 146, 154,
156, 198.
Marchiennes (l'abbaye de), II,
341; III, 160.
Marcin (Ferdinand, comte de).
Au camp de Compiègne, I,
80 ; ambassadeur en Espagne,
221; (1706) commande l'ar-
mée d'Italie avec le duc d'Or-
léans, II, 181 ; son opiniâ-
treté à la bataille de Turin,
194, 195; il est blessé; sa
DES MATIERES.
351
mort, 199. Son peu de capa-
cité, 185, 223. Cité, 183, 206.
Marck (Evrard, cardinal de la),
I, 164.
Marck (Louis-Pierre-Engilbert,
comte de la), II, 361.
Marck (le régiment de la), III,
171.
Marcoing (le bourg de), III, H6.
Marelle (M. de), 1, 114.
Marest (le chevalier), I, 252.
xMarets (François Dauvet, comte
des), I, 92, 97.
Marets (Marie Robert, comtesse
des), I, 128.
Mareuil (l'ahbaye de), III, 28.
Margeret de Pontaut ( Pierre
de), II, 237.
Margeret (M"e de). Voyez Pies-
sis (M™e du).
Marie d'Esté, reine d'Angle-
terre, I, 92.
Marie d'Autriche, reine de Hon-
grie, I, 167.
Marie-Thérèsed'Autriche, reine
de France, I, 43, 362.
Marienbourg (la ville de), I,
167, 168.
Marine de régiment de la).
Voyez Vieille-Marine (la).
Marlborough (le duc de). Cam-
pagne de 1709, II, 332, 335,
336 ; fait le siège de Tournay,
337, 347 ; bataille de Malpla-
quet, 353, 354, 359, 363;
(1710) il s'empare des lignes
de Lens, III, 2; siège de
Douay, 11; prise d'Aire, 51 ;
(1711) force de son armée,
65 ; conférence avec Eugène
avant son départ, 66 ; fait
passer la Scarpe à son armée,
68 ; rappelle ses troupes de
Douay, 73 ; sa marche en
avant; elle est arrêtée par
Villars, 75-80, 82, 86; il
reçoit ordre de ne point com-
battre à cause des négocia-
tions, 83 ; il fait attaquer les
retranchements du maréchal
de Montesquiou, 89; il refuse
d'approuver la capitulation
de Bouchain, 93 ; il envoie ses
troupes en quartiers d'hiver,
102; (1712) il est remplacé
par le duc d'Ormond, 115 ; sa
disgrâce, 83. Son entente
complète avec le prince Eu-
gène, 51. Cité, 18, 69, 94,
100, 184, 198, 224.
Marlborough (Sarah Jennings,
duchesse de), III, 83.
Marie (le bourg de), I, 169.
Marmirolo (le bourg de), I, 203;
II, 153.
Marnais (Philippe de Marnais-
Saint-André, marquis de),
III, 189.
Marne (la), rivière, I, 69, 132;
m, 216, 279.
Maroc (le sultan de), I, 111.
Marquette (le village de), III,
155.
Marqui (le), rivière, III, 14, 23,
77, 78, 80.
Marquion (le bourg de), III, 14,
20, 23, 78, 79, 88.
Mars (le dieu), II, 122.
Marsaille (la bataille de la), II,
212.
Marsal (la ville de),I, 152.
Marsan (Charles de Lorraine-
Armagnac, comte de), I, 177,
178.
Marseille (la ville de), II, 247,
255, 262.
Marseille (les comtes de), II,
279.
Martial (le poète), I, 60.
Martinière (Louis Sevin, sieur
de la), I, 8-9, 15.
Martinière (Alexandre Sevin,
sieur de la). Son enfance, I,
6-7; aux mousquetaires, 113,
118-119; campagne de 1701,
127-128; séjour a Vesoul, 133;
excursion à Colmar et à Stras-
bourg, 142, 143; aventure
dans une hôtellerie, 147-148;
visite à Luxembourg, 156;
visite à Huy et à Dinant, 164-
166.
Masi (le village de), II, 181.
Masio (le village de), II, 187,
352
TABLE ALPHABÉTIQUE
Masselin (M.), II, 284.
Maubeuge (la ville de), II, 338,
387, 388; III, 22, 109.
Maulévrier (Henri Golbert, che-
valier de), II, 204.
Maulévrier - Langeron ( Jeaa-
Baptiste- Louis Andrault, mar-
quis de), I, 323, 324 ; II, 59,
65, 203, 257; 111,223.
Maulévrier (le régiment de), U,
19, 76.
Maupeou-Noisy (René de), III,
2-23.
Maurienne (le comté de), II,
302-303.
Maurienne (Humbert, comte
de), II, 231.
Maurienne (Thomas II de Sa-
voie, comte de), II, 36.
Maurignac (M. de), II, 22.
Mauroy (Denis-Simon, marquis
de), I, 163, 164, 222; II, 73,
75.
Mayence (la ville de), I, 146;
III, 227, 229, 232.
Mazancourt (Joseph- Joachim
Merlin de), II, 273; III, 93.
Meaux (la ville de), I, 68-69 ;
m, 110.
Mèche (découvrir la), III, 100.
Médavy (Jacques Léonor Rouxel
de Grancey, comte de). Prend
Borgo-Forte, 1, 254-255 ; com-
mande à Castiglione, 256;
son maitre d'hôtel dépouillé
par les hussards, 273 ; il fait
brûler une ferme par repré-
sailles, 274, 276 ; il veut faire
brûler la ville de Salo, 275;
commande un corps séparé
lors de l'expédition du Tren-
tin, 289-299, 306, 308, 314;
compétition avecBezons, 298;
(1704) au siège de Verceil,
II, 14, 16; au siège d'Ivrée,
44 ; au siège de Verue, 79 ; il
ne secourt pas Vendôme à
Cassano; Albergotti le lui
reproche, 134-135; marche
dans le Bressan, 151 ; victoire
de Castiglione, 149,218-219;
(1707) il commande en Savoie,
299, 301 ; il préside le conseil
de guerre qui juge le com-
mandant d'Exilles, 323. Sa
bienveillance pour le cheva-
lier de Quincy, II, 30. Cité,
I, 241; II, 146.
Méditerranée (la mer), II, 248,
259, 279.
Médoc (le régiment de), I, 295,
329 ; II, 18, 19, 66, 72, 76.
Medole (le village de), I, 201 ;
II, 148, 152.
Mein (le), rivière, III, 227.
Mélac (Ézéchiel du Mas, comte
de), III, 224, 226.
Mella (la)', 'rivière, I, 200 ; II,
146, 148.
Mellara (le bourg de), I, 279.
Mello (don Francisco de), I,
168, 169.
Melonnière (M. delà), 1,292, 293.
Melun (la ville de), I, 118, 119,
182; II, 236,243, 319.
Melun-Espinoy (la maison de),
I, 44, 182.
Ménagerie (la), à Chantilly, I,
87-88.
Menago (le), rivière, I, 278.
Mendoze (le régiment de), II,
19.
Ménestrel. Voyez Le Ménestrel.
Menin (la ville de), I, 43; III,
39.
Menu (M.), ingénieur, II, 22.
Mercy (François, baron de), III,
260.
Mercy (Claude-Florimond, com-
te de), II, 347; III, 70.
Mercy (le baron de), III, 243.
Mérieux (M. de), I, 284.
Mérv-sur-Seine (le bourg de),
1,^129.
Mesgrigny (Charles-Hubert de),
I, 130.
Mesnager (Nicolas), III, 22-84.
Mesnilbus (N. Hellouin, cheva-
lier de), I, 75, 76, 161, 162.
Messin (le pays), III, 118.
Metz (Jacques Berbier, cheva-
lier du), II, 95, 184.
Metz (la ville de), I, 152-155;
III, 118, 217, 279.
DES MATIERES.
353
Metz (l'évêque et l'évêché de),
I, 154.
Metz (le parlement de), I, 154.
Meudon (le château de), I, 126;
III, 59.
Meuse (Henri-Louis de Ghoi-
seul, marquis de), III. 153.
Meuse (la), I, 152, 159, 160,
164, 165, 167; II, 388; IH,
63, 118, 175, 215.
Mézières (Eugène-Marie de Bé-
thisy, marquis de), III, 97,
112-114.
Mézières (la ville de), III, 215.
Michel-Ange, I, 207.
Middelbourg (Alexandre-Maxi-
milien de Gand de Mérode,
comte de), III, 23.
Milan (les ducs de), I, 196.
Milan (la ville de), I, 246, 280,
359; II, 12, 29,104-106, 115,
119, 122, 230.
Milan (l'archevêché de), I, 321.
337.
Milan (la porte de), à Verceil,
II, 49.
Milanais (le), I, 121, 196, 210,
317-319, 337, 361 ; II, 2, 12,
48,89, 95,103,108, 109,111,
135 209.
Milkau "(le général), LEI, 227.
Mille (la chapelle des), près
Fribourg, III, 2i2, 260.
Millefleurs (la plaine et le vil-
lage de), II, 188, 191, 194,
213, 223.
Milliavacca (Innocent), évêque
d'Asti, I, 326, 334.
Milon (le comte), I, 68.
Mimeure (Jacques-Louis de Va-
Ion, marquis de), III, 169,
225.
Mincio (le), I, 201, 207, 209,
215, 259-262, 265; II, 89,91-
93, 174, 180, 181.
Mirabeau ( Jean - Antoine - Ri-
quetti, marquis de), II, 131.
Mirabeau (le régiment de), II,
95, 184, 255.
Mirabello (le village de), I, 197.
Mirandole (Anne- Béatrice d'Es-
té, princesse de la), I, 253.
III
Mirandole (Brigitte Pic, prin-
cesse de lai, I, 253, 254.
Mirandole (la ville et le duché
de la), I, 252-254, 266, 336,
367; II, 92, 153, 184.
Mirepoix (Gaston-Jean-Baptiste
de Levis, marquis de), I, 30,
33.
Miroménil (Jean-Baptiste Hue,
marquis de), III, 27.
Miroménil (Jean-Sebastien Hue,
chevalier de), II, 42, 43.
Miroménil (le régiment de), III,
27.
Mi^snie (la), III, 212.
Missiessy (la montagne et le
château de), près Toulon, II,
256.
Mithridate (le roi), U, 215.
Mitry (le village de), I, 33.
Mocasina (le hameau de), II,
172.
Modène (la ville de), I, 226; H,
153, 285.
Modène (l'évêché de), I, 226.
Modène (les ducs de), I, 226,
228.
Modène (Borso d'Esté, duc de),
I, 226.
Modène (François-Marie d'Esté,
duc de). I, 253.
Modène (Renaud d'Esté, duc
de), I, 253.
Modène (Gharlotte-Aglaé d'Or-
léans, duchesse de), I, 253.
Modénois (le), I, 210, 219, 227,
231, 253, 321, 325, 335, 368.
Moglia (le village de), I, 252.
Moirans (le bourg de), I, 188 ;
II, 229.
Molinet (le canal du) , III, 1 1 , 1 66.
Molsheim (la ville de), I, 150.
Moncalieri (le bourg de), II,
209, 210.
Monchecourt (le village de), III,
158.
Monchy-le- Preux (le village de),
m, 14, 20, 63, 68, 129.
Moncucco (le village de), I, 329.
Monera (M. de), HI, 259.
Monestier (le village de), II,
304, 305.
23
354
TABLE ALPHABETIQUE
Mongelas (Romain Dru de),
III, 55.
Monroux (le régiment de), II,
27.
Mons (la ville de). Description,
I, 38 ; son chapitre de chanoi-
nesses, II, 338; III, 22; Eu-
gène veut l'assiéger, II, 347,
386; siège et prise, 387-388;
défaite de la garnison impé-
riale, m, 108-109. Citée, I,
37, 39, 65; II, 346, 349; m,
86, 163, 164, 179, 192.
Monseigneur (Louis, dauphin de
France, dit), U, 242; III, 59.
Monsieur. Voyez Orléans (Phi-
lippe, duc d').
Montai (Charles-Louis de Mont-
saulnin, comte du), III, 262.
Montanaro (le village de), II,
II, 13.
Montandre (Isaac-Charles de la
Rochefoucauld, comte de), I,
240.
Montanera (le village de), I,
209, 214.
Montaran (Michel Michau de),
II, 342.
Montargis (la ville de), I, 101,
183.
Montargis (le chien de), I, 183-
184; m, 311.
Montay (le village de), III, 138.
Montbard (le bourg de), II, 234.
Montbazon (Louis -Henri de
Rohan-Guémené, prince de),
m, 123.
Montbéliard (la ville de), 1, 140.
Montboissier (le régiment de),
m, 10.
Mont-Dauphin (le fort de), I,
190; II, 301.
Monte- Alfonso (le château de),
I, 368.
Monte-Baldo (le), I, 286.
Montecalvo (le village de), I,
349.
Montechiaro - sul - Ghiese (le
bourg de), I, 259; II, 99,
148, 149, 151, 163.
Monteil (M. de), I, 223.
Montenescourt (le village de),
m, 31, 68, 76, 78.
Montereau - Fault - Yonne ( la
ville de), I, 100, 101, 128;
II, 235.
Monte-Rosato (le village de),
II, 167.
Montesquiou (François de),
III, 4.
Montesquiou (le maréchal de).
Voyez Artagnan(P. de Mon-
tesquiou d').
Montet (M. du), II, 257.
Montet (M. de), III, 197.
Montferrat (le), I, 321, 331, 332,
339, 350; II, 8.
Montferrier (M. de), II, 66.
Montgeffond (Dom Antoine de),
général des Chartreux, III,
258.
Montgon (Jean-François Corde-
bœuf de Beauverger, comte
de), I, 221; II, 17, 164, 303,
308.
Monticello (le village de), II,
104.
Montigny (M. de), II, 19.
Montigny-sur-Aube (le village
de), 1,131.
Montigny-en-Gohelle (le vil-
lage de), III, 15.
Montlezun (M. de), III, 117-
118.
Montmédy (la ville de), III,
198.
Montmélian (la ville de), II,
299, 302, 303.
Montmorency (Anne, conné-
table de), I, 154.
Montmorency (Henri I^"", con-
nétable de), I, 86.
Montmorency (Henri II, maré-
chal de), I, 186.
Montmorency (Jean-Nicolas de
Montmorency - Châteaubrun,
chevalier, puis marquis de),
II, 378; m, 131, 175.
Montmorency (Marle-Félice des
Ursins, maréchale de), 1, 186.
Montmorency (la maison de),
I, 157.
DES MATIÈRES.
355
Montmorin (Anne-Louise de),
abbesse de la Joye, I, 102.
Montodine (le village de), II,
141, 142.
Montpeyroux ( François - Gas-
pard-Léonor de Dyô-Palatin,
marquis de), I, 241.
Montreuil-sur-Mer (la ville de),
III, 31, 40, 48, 50.
Mont-Saint-Eloi (le village de),
II, 331; III, 27,29.
Montsoreau (MM. de), III, 46,
48.
Montsoreau (Louis du Bouschet
de Sourches, comte de), I,
296, 392, 303; II, 17, 23,
269, 385; III, 46.
Montviel (Jacques de Yassal,
marquis de), II, 30, 31.
Montviel (le régiment de), III,
40.
Mony (Bernard de Joisel de),
m, 27.
Monzambano (le village de), II,
89, 152, 180, 182.
Morangiès (Charles-Auguste de
Molette, marquis de), I, 345;
11, 76.
Morangiès (le régiment de), II,
76.
Morano (le village de), II, 83.
Moreau (M.), II, 18.
Moret (M.i, II, 377.
Moret (N. Solari, comte de), II,
15.
Moret (N. Solari, comte de),
frère du précédent, II, 27, 28.
Moretta (le comté de), II, 15.
Mori (le bourg de), I, 291, 299.
Mormal (la forêt de), III, 163,
186, 199.
Morphée, I, 147.
Mortagne (le bourg de), en
Flandre, II, 329, 338; III, 1,
65, 155.
Mortara (la ville de), I, 319,
321, 351.
Mortemart (Louis II de Roche-
chouart, duc de), III, 5, 9,
12, 172, 174, 240.
Morton (M. Camus de), I, 140;
m, 311.
Morville (M. de), III, 277.
Moscazano (le village de), II,
139.
Moscolino (le village de), II, 92,
94, 97, 172.
Moselle (la), rivière, I, 151,
153-156; III, 118, 279.
Motta (le hameau de la), II,
187.
Motte -Houdancourt (Charles,
marquis de la), I, 81.
Moulin (M. du), III, 35.
Moulinet. Voyez Molinet.
Moulins (la ville de), I, 186.
Moura (Etienne), I, 115-117.
Mousquetaires (les), I, 28.
Mousquetaires (la marche des),
m, 276.
Movenneville Ile chevalier de),
II, 84 ; III, 53, 54.
Moyenvic (le bourg de), I, 152.
Moyria (Chrysante de), I, 224;
II, 131.
Mozzanica (le village de), II,
144.
Miihlberg (le village de), III,
227.
Munster (l'évêque de), III, 152.
Miinster (la paix de), I, 140,
142, 143; III, 224. Voyez
Westphalie (le traité de).
Mure (le bourg de la), I, 189.
Muret (Jean-Francois Lécuyer,
comte de), II, 1^34, 286, 305,
306, 310, 312, 314-317.
Murlsengo (le village de), I,
349, 350.
Mursay ( Philippe de Valois-
Villette, comte de), I, 222,
284, 285; II, 89, 90, 92, 157,
169, 180.
N
Nago (le bourg de), I, 290, 299,
314.
Namur (la ville de), I, 16, 28,
48, 167; II, 388; III, 175.
Namur (le comte de), I, 167.
Nancré ( Claude - Antoine de
Dreux, comte de), II, 333,
334.
356
TABLE ALPHABETIQUE
Nancy (la ville de), I, 152, 160;
m, 279.
Nangis (Louis-Armand de Bri-
chanteau, marquis de), II,
342, 362; III, 155-157, 171,
253.
Nantes (la ville de), I, 29.
Nanteuil-le-Haudouin (le bourg
de), m, 212.
Naples (la ville de), I, 260.
Narbonne (Louis - Benoît de),
II, 95, 96, 184.
Nassau-Siegen (Guillaume-Hya-
cinthe, prince de), III, 149.
Nassau-Vondenberg (Corneille,
comte de), II, 375; III, 149.
Nassau -Weilbourg (Jean -Er-
nest, prince de), III, 43.
Navagne (le village de), I, 167.
Navailles (Françoise de). Voyez
Elbeuf (la duchesse d').
Navarre (le régiment de), II,
339, 341, 373, 385; III, 150,
164, 170, 277.
Nave (M. de la), III, 27.
Nave (la), rivière, III, 39.
Naviglio (un), I, 200.
Neipperg (le comte de), III,
228.
Neipperg (le régiment de), III,
274.
Nemours (la maison de), 1, 101.
Nemours (la ville de), I, 100-
102, 104, 107, 110, 119, 122,
182, 183; II, 243.
Nesle (Louis III de Mailly,
marquis de), II, 379.
Neustadt (le village de), III,
222 225.
Neuville~(M. de la), I, 358, 359.
Neuville-sur-l'Escaut (le village
de), III, 77, 85, 87, 115, 141-
143, 150.
Nevele (le bourg de), I, 55.
Nevers (la ville de), I, 185.
Nice-de-la-Paille (la ville de),
I, 346.
Nigrelli (le régiment de), I,
285, 297, 299, 302 ; II, 86.
Nimégue (la ville de), III, 101.
Ninove (la ville del, I, 57.
Nisas (Henri de Garrion, mar-
quis de), II, 258.
Nivernais (le), I, 185.
Nivernais (le régiment de), III,
96.
Nocera (l'eau de), II, 169.
Nogara (le village de), I, 277.
Nogent-sur-Seine (la ville de),
129.
Noires (les montagnes), III,
237, 244, 278.
Non (la rivière de), II, 212.
Nonette (la), rivière, I, 87, 100.
Nonnenweier (le village de),
m, 244.
Normandie (la), I, 4, 7, 72, 73,
354; II, 57; III, 49.
Normandie (le régiment de), I,
162; II, 18, 22,' 59, 74.
Normands (les), I, 129.
Notre-Dame (l'église), à Paris,
II, 315; m, 157.
Notre- Dame-della-Corona, I,
289.
Notre-Dame de Hal. Voyez
Hal.
Nouilly (M. de), I, 223.
Novare (la ville et le pays de),
I, 196, 319, 348, 350-353, 355,
359, 360; II, 1, 29, 87, 88,
151.
Novellara (la ville de), I, 231,
232.
Novellara (Camille II de Gon-
zague, comte de), I, 232.
Novion (André Potier, cheva-
lier de), I, 206.
Novelle (Alexandre de Garon-
delet, baron de), III, 115, 143,
144.
Noyelle- sur -Selle (le village
de), m, 115, 116, 122, 143.
Noyon (la ville de), I, 68, 88,
169; II, 327.
Noyon (les évêques de), I, 68,
169. Voyez Glermont-Ton-
nerre (M. de).
Nuits (la ville de), II, 232.
0
O'Brien (le régimentd'),III, 172.
DES MATIERES.
357
Odijck (Guillaume-Adrien, sei-
gneur d'), II, 79.
Offenbourg (la ville d'), III,
237, 238.
Ofifendorf (le village d'), III,
235.
Oglio (1'), rivière, I, 199-201,
255, 272; II, 100-103, 144-146.
Oise (1'), rivière, I, 35, 68, 88,
169; II, 327, 390.
Oisy (les comtes d'), III, 169.
Oisy (Antoine de Tournay, sei-
gneur d'), III, 25.
Oisy ( Philippe de Tournay,
comte d'), III, 26.
Oisy (Charles- Joseph -Eugène
de Tournay d'Assignies, com-
te d'), I, 34.
Oisy ( Jean-Eustache d'Assi-
gnies, comte d'), III, 21, 22,
24, 26, 80.
Oisy (Julien-Eustache d'Assi-
gnies, comte d'), III, 26.
Oisy (Charlotte Franeau, dame
d'), m, 25.
Oisy ( Marguerite - Claire de
Berghes, comtesse d'), I, 67;
m, 166.
Oisy (Marie- Antoinette de Rou-
vroy, comtesse d'), III, 74,
124.
Oisy (Marie-Madeleine-Eugénie
de Tournay d'Assignies, de-
moiselle d'), m, 26, 74, 124.
Voyez Quincy (la comtesse
de).
Oisy (le bourg et la terre d'), I,
34; III, 13, 14,23-26, 63, 75,
78-80, 114, 169.
Oleano (le bourg d'), I, 294,
295, 297, 298.
Ombriano (le village d'), II,
104, 108, 111.
Opéra (1'), à Paris, I, 21.
Opéra-Comique (1'), à Paris, II,
87.
Oppau (l'ile d'), III, 228.
Oppède (Charles-Roderic-Gon-
salve de Forbin, chevalier d'),
II, 380.
Orange (le prince d'). "Voyez
Guillaume III.
Orange-Nassau (la maison d'),
II, 232.
Oratoire (la congrégation de 1'),
I, 129; II, 281.
Oratorio (un), II, 158.
Orbessan (M. d'), III, 259, 260.
Orchies (le village d'), III, 64.
Ordinaire (faire), II, 84.
Orgemont (Omer Pucelle d'),
I, 226, 288; II, 16, 22, 76.
Orléans (Philippe, duc d'), dit
Monsieur, 1,51, 89, 120, 121,
125; II, 214.
Orléans (Philippe, duc de
Chartres, puis d'). Au camp
de Compiègne, I, 89; va au-
devant du duc de Lorraine,
120-121 ; au départ du duc
d'Anjou pour l'Espagne, 125;
(1706) va commander l'armée
d'Italie, II, 181; l'armée a
peu de conhance en lai, 185 ;
il suit le prince Eugène en
Piémont, 188; bataille de
Turin, 194-195, 197, 213; il
est blessé, 199; Albergotti re-
fuse de lui obéir, 206-207,
211; retraite en Dauphiné,
motif qu'on attribue à ce re-
tour, 208-211, 230; dispute
d'Albergotti et de la Feuiliade
dans sa chambre, 217; il
donne au chevalier de Quin-
cy la permission de revenir à
Paris, 228; ses renonciations
à la couronne d'Espagne, III,
209; il refuse un régiment au
chevalier de Quincy, 211. Sa
valeur et son peu d'expé-
rience, II, 222; sa facilité à
donner, 292; son valet de
chambre Saint -Léger, III,
198; son château de Villers-
Cotterets, 213.
Orléans (Elisabeth-Charlotte de
Bavière, duchesse d'), dite
Madame, I, 120, 121, 125;
III, 227.
Orléans (la duchesse de Chartres,
puis d'), I, 120, 121, 125.
Orléans (la ville d'), II, 235.
Orléans (la forêt d'), I, 194.
358
TABLE ALPHABÉTIQUE
Ormesson ( Antoine -François-
de-Paule Le Fèvre d'), II,
389; m, 23, 103, 204.
Ormesson (Jeanne Le Fèvre de
la Barre, dame d'), II, 389.
Ormond (Jacques Butler, duc
d'), III, 114-116, 132, 134.
Ortnau (le pays d'), UI, 238.
Osmont (Anne-Gabrielle d'),
III, 49. Voyez Havrincourt
(la marquise d').
Osmont (la famille d'), III, 49.
Osone-Nuovo (T), I, 209.
Oopedaletto (le village d'), II,
88
Ostiglia (la ville d'), I, 266, 277,
279-281, 285, 336, 367; II,
153.
Ostrevant (le pays d'), III, 92.
Othon I*"-, empereur, I, 140.
Ottomans (les), II, 39.
Ouche (!'), rivière, II, 232.
Oudenarde (la ville d'), I, 40;
II, 338.
Oudenarde (la bataille d'), II,
297.
Oulx (le village et la vallée d'),
I, 191; II, 221,248,293,301,
308, 309, 313.
Ourches (Charles, comte d'),
II, 361.
Ourcq (1'), rivière, I, 68.
Ours (la rue aux), à Paris, I,
22.
Ourthe (1'), rivière, I, 159, 166,
167.
Ourton (le village d'), III, 30.
Oxenstiern (M. d'), II, 374.
Padenghe (le village de), 1, 291.
Padoue (la ville de), II, 157.
Paillencourt (le village de), III,
20, 21, 87.
Pajot (Pierre-Maximilien), sei-
gneur de Villeperrot, II, 305.
Palani (le hameau de), II, 137.
Palatin (Charles-Louis de Ba-
vière, électeur), III, 227.
Palatin (Jean-Guillaume-Joseph
de Bavière-Neubourg, élec-
teur), m, 231.
Palatinat (le), I, 140; III, 224,
226, 232.
Palazzolo (le bourg de), II, 102,
139, 145.
Paleotti ( Catherine Dudley,
marquise), II, 88.
Palisse (Jacques de Chabannes,
maréchal de la), I, 186.
Palisse (la ville de la), I, 186.
Palland (M.), II, 376.
Pallavicini (Charles-Emmanuel,
baron), I, 317, 318; II, 361,
376.
Pallavicino (le naviglio), II, 104.
Palluel (le village de), III, 75, 78.
Panaro (le), rivière, I, 226 ; II,
183.
Pandine (le canal de la), II,
124, 126, 128, 134.
Panzano (le village de), I, 341.
Papignies (le village de), I, 48.
Paradiso (le), II, 112, 113, 115,
117-119, 123, 125, 129, 135,
193 ; III 122.
Paris '(la ville" de), I, 14, 69,
78, 111, 165, 171, 172, 181,
188; II, 228, 229, 233, 236,
238, 241,243, 247, 286, 289,
290, 293, 301, 318-323, 326,
330, 356, 390; UI, 34, 54,
156, 207, 212, 277, 280.
Paris (les frères), I, 188 ; II,
229.
Paris (le diacre), II, 291.
Parma (la), rivière, I, 218.
Parme (Alexandre Farnèse,
prince de), I, 182.
Parme (François Farnèse, duc
de),I, 215,^216, 218, 219.
Parme (Elisabeth Farnèse, prin-
cesse de), I, 216.
Parme (la ville et le duché de),
I, 216, 219, 236, 321, 335;
II, 146.
Parmeggiana (la), I, 253, 266 ;
II, 184.
Parmesan (le fromage de), U,
111.
Pas-de-Charles-Quint (le), I,
290.
DES MATIERES.
359
Pas-de-l'Ane (le), près Suse,
II, 283, 285.
Pascal (M.), I, 265; II, 82, 247,
282.
Pasteur (Jacob, dit), III, 174,
175.
Patay. Voyez Patte.
Pâté (un), fortification, U, 55.
Patte (le général), II, 151, 181,
184.
Paul (saint), m, 258.
Pauvres de Lyon (les), II, 220.
Pavie (la ville de), I, 196, 317;
II, 88, 188.
Pavie (la chartreuse de) , II,
188-189.
Pavie (la bataille de), I, 186,
197.
Pecquencourt (le village de),
m, 114.
Pèlerine (une), II, 328.
Pélissan (M. de), III, 139, 141,
277.
Pendergrass ou Prendergast
(Thomas), II, 375.
Pépin le Bref, I, 66.
F^erche (le régiment du), II,
167.
Percy (Edme de la Courcelle,
seigneur de), II, 60.
Périgord (lel, II, 283.
Périgord (le régiment de), I,
181 ; II, 75.
Perle (la), vaisseau, II, 277.
Permangle (Gabriel de Chouly
de), n, 362 ; III, 65-66.
Péronne (la ville de), I, 160;
n, 328, 329 ; HI, 12, 60.
Pérouse (le bourg de la), II,
219, 220, 285, 286, 309, 312.
Perrin (le régiment de), III,
178.
Perrot de Saint-Dié (le com-
mandeur), in, 281.
Petite-Hollande (le pays de la),
i, 332; m, 218, 221, 225,
235.
Petite-Hollande (la bataille de
la), ou de Spire, I, 332 ; III,
221.
Petites-Loges (le village des),
m, 216.
Petit-Saint-Antoine (l'abbaye
du), à Paris, I, 175.
Peysac- dragons (le régiment
de), I, 95.
Pezeux (Clériadus de Pra-Ba-
lesseau, chevalier de), II,
340 ; III, 242, 255-257.
Phaéton, I, 139.
Phaéton (un), voiture, I, 219.
Phalsbourg (la ville de), I, 151;
m, 217.
Phelippes de la Houssaye (Ni-
colas-Léon), n, 313.
Phélypeaux du Verger (Ray-
mond-Balthazar), I, 313, 314.
Philippe IV le Bel, I, 69.
Philippe VI, roi de France,
m, 53.
Philippe II, roi d'Espagne, I,
36, 67.
Philippe V, roi d'Espagne. Louis
XIV déclarequ'il accepte pour
lui la couronne d'Espagne, I,
122-123; son départ, 124-126;
campagne de 1702 en Italie,
215-218, 224, 225, 232, 235,
244-246 ; il lève le siège de
Barcelone, II, 178; désastres
de l'année 1710, III, 37 ; vic-
toire de Villaviciosa, 56-57 ;
ses renonciations, 209; obli-
gation qu'il a à Vendôme,
121 ; dons au prince de Sol-
ferino, I, 208. Son portrait
physique, 216; son adresse,
217 ; ses gardes du corps,
216. Cité, I, 127, 221, 365.
Philippe (Jean de), I, 60-62.
Philipsbourg (la ville de), III,
220, 222, 235.
Pianezza (le bourg de), I, 192,
193; m, 191-194.
Pianezza (Gharles-Emmanuel-
Philibert de Simiane, mar-
quis de), I, 192.
Picardie (la), I, 34, 35, 169;
m, 54.
Picardie (le régiment de), II,
355, 358, 365, 366 ; III, 142,
170, 247, 260.
Piccolomini (Octave), I, 155.
Picorée (aller à la), III, 62.
360
TABLE ALPHABETIQUE
Picp'us (les Pères de), I, 10, 11.
Pics (la maison des), I, 253.
Voyez Mirandole (la).
Piémont (le), I, 192, 317, 318,
321, 325, 332, 335, 339, 340,
345, 366 ; II, 10, 12, 33, 36,
55, 94, 102, 108, 110, 123,
144, 184, 185, 218-220, 223,
283, 317.
Piémont (le régiment de). A la
bataille de Luzzara, I, 238 ;
prise de Rosasco, 357 ; il est
chargé de la garde de M. de
Vaubonne, prisonnier, II, 6 ;
au siège de Verceil, 17, 21 ;
au siège de Verue, 75; cam-
pagne de 1709, 334; en gar-
nison à Douay, III, 10; siège
de Marchiennes, 160 ; siège
de Douay, 170, 171 ; siège du
Quesnoy, 193; siège de Fri-
bourg, 246. Cité, I, 213; II,
57, 66, 344, 372, 378; III,
139, 192.
Piémont-royal (le régiment de),
en Savoie, II, 35.
Piémontais (les), II, 247.
Pierre (saint), I, 154; II, 235.
Piershill (M.), II, 375.
Pieumel (la ferme de), I, 92.
Pieve (le village de), 298, 299.
Pignerol (la ville de), II, 194,
211, 213-219, 227, 238, 312.
Pilon (le pont du), près Turin,
II, 206.
Pina (le chevalier de). Blessé à
Turin, II, 196, 205, 208;
pansage de sa blessure, 221 ;
son frère l'abbé, 229 ; à Gre-
noble, 298-299 ; aventure ga-
lante, III, 213-214 ; il est tué
au siège de Pribourg ; ses
obsèques, 257-258 ; ami du
chevalier de Quincy, II, 214-
215, 220.
Pina (Claude, abbé de), II, 229;
III, 258.
Pincé (le chevalier de) , III,
256.
Pio (François, prince), II, 26,
76.
Piosin (le chevalier de), I, 295.
Piovera (le village de), I, 350.
Piovere (le village de), I, 294.
Piquer une table, II, 385.
Piques de l'infanterie (les), I,
199.
Piquet (le jeu de), II, 311.
Pisani (Alvise), I, 120.
Pizzighettone (la ville de), I,
197 ; II, 104, 140.
Pizziguardi (M.), II, 273.
Place (une), indemnité d'étape,
II, 229.
Plaisance (la ville de), II, 89.
Plaisantin (le), I, 321, 335; II,
104, 146.
Plancus (Munatius), I, 289.
Plancy (Henri de Guénegaud,
marquis de), I, 131.
Plancy (la terre de), I, 131.
Plessis (Pierre Sevin, sieur du).
Son enfance, I, 6-8 ; malade,
15; aux cadets de Sarrelouis,
15-16; capitaine dans Dau-
phin-infanterie, 28, 37 ; visite
de son frère le chevalier, 38 ;
à la conférence de Boufflers
et de Portland, 50 ; com-
mande à Sainte-Marie-Eleu-
vensien, 64 ; aventure en sor-
tant de la Comédie, 121-122 ;
il manque d'être assassiné
avec son frère, 174-175; à la
bataille d'Hochstedt, II, 32,
38 ; quitte le service et se
marie, 236-237 ; aventure ga-
lante à "Versailles, 239-241;
vit dans ses terres, 320 ; il
apprend à ses frères la mort
du duc et de la duchesse de
Bourgogne, III, 102-103; pa-
renté de sa femme avec les
Bourlamaque, 280 ; le com-
mandeur de Bandeville le
déshérite, 281. Cité, I, 181.
Plessis (Marie- Françoise de
Margeret, dame du),' II, 237,
320 ; m, 280.
Plessis-Bellière (Jean-Gilles de
Rougé, marquis du), II, 132,
Pline l'Ancien, II, 111.
Plutarque, II, 135.
Pô (le), I, 191, 194, 195, 197,
DES MATIERES.
361
198, 209, 210, 216, 218, 219,
232, 234, 242, 244, 247, 251,
255, 278, 289, 316, 321, 325,
332, 337, 348, 350, 351, 361;
II, 1, 2, 4, 8, 10, 11, 36, 48,
53, 55, 56, 58, 59, 63, 68, 70,
74,75, 77,81-83,88,89,101,
104, 110, 146, 181, 182, 185,
188-190, 205, 206, 208-212,
223, 226, 247, 312.
Pogne (le lieutenant), II, 66.
Point-du-Jour (le), II, 241.
Pointis (M.), II, 66.
Poix (le village de), III, 163.
Poitou (le régiment de), III,
173, 234, 259, 277.
Polesella (le village de), II, 181.
Polésine de Rovigo (la), I, 277.
Poligny (M. de), I, 305-308.
Pologne (la), I, 56, 57.
Pomereu (Alexandre -Jacques
de), m, 9.
Pommerœul (le village de), III,
188.
Pompée, II, 215.
Ponciano (le village de), I, 288.
Ponnat (la présidente de). II,
299.
Pont-à-Marcq (le bourg de), II,
335 ; m, 64, 66.
Pont-à-Mousson (la ville de), I,
120, 153; III, 118, 279.
Pont-à-Rache (le village de),
m, 166, 167.
Pont-à-Sault (le hameau de),
II, 335.
Pont-aux-Dames (l'abbaye du),
I, 5.
Pontcallec (Clément de Guerde
Malestroit, marquis de), I,
29.
Pontcatron (M. de), II, 19.
Pontchartrain (Jérôme, comte
de), II, 278.
Pont-du-Château (le régiment
de), II, 246.
Ponievico (le bourg de), II, 101.
Ponthieu (le), III, 53.
Ponthieu (le régiment de), II,
311.
Ponti-sul-Mincio (le village de),
II, 152, 174.
Pontoise (la ville de), II, 327.
Pont-Sainte-Maxence (le bourg
de), II, 327.
Ponza-del-Molino (le village
de), I, 289.
Porte Ottomane (la), III, 119.
Portland (Jean-Guillaume de
Bentinck, comte de), I, 49,
52-55, 60, 71.
Portocarrero (Hernandez), III,
54.
Portugal (le roi de), III, 209.
Potier (M.), III, 282.
Potier (Madeleine de Sève, da-
me), puis comtesse de Quin-
cy, III, 207-209. Vo>ez Quin-
cy (la comtesse de).
Pourrières (le chevalier de), II,
132.
Povegliano (le village de), ou
Ponciano, I, 288.
Pozzolengo (le village de), II,
152.
Prabione (le village de), I, 290.
Pracomtal (Armand, marquis
de), I, 81.
Pradella (le village de), II, 182.
Pradelle (la porte), à Mantoue,
I, 204, 207, 248.
Pragelas (la vallée de), II, 221,
248, 284, 285, 301, 308, 313,
314.
Pralboino (le village de), I, 200;
II, 147.
Pràlon (Charles de Boyveau,
seigneur de), I, 264.
Praslin (Gaston-Jean-Baptiste
de Ghoiseul d'Hostel, marquis
de), I, 287; II, 131.
Préchac (M. de), U, 57.
Préla (M. de), H, 12, 26.
Premier (Monsieur le). Voyez
Beringhen.
Prémont (M. del, I, 224; III, 91.
Prendergast. Voyez Pender-
grass.
Préseau (le village de), III, 186,
199.
Pressigny (le bourg de), I, 132.
Preux-aux-Bois (le village de),
III, 133.
362
TABLE ALPHABETIQUE
Prince électoral de Bavière (le
réf^iment), III, 178.
Prosper (sainti, I, 231.
Prouvy (le village de), III, 133,
151.
Provence ( Raymond - Béren-
ger V, comte de), II, 248.
Provence (la), I, 190 ; II, 247-
251, 259, 262, 279, 280, 293,
321 ; III, 165.
Provence (le régiment de), III,
40.
Provins (la ville de), I, 128.
Puiset (Hugues du), I, 181-182.
Pumenengo (le village de), II,
145.
Puianges (Thérèse-Hardouin de
Morel, marquis de), II, 219.
Puy-de-la-Riva (le village du),
II, 312.
Puyguyon (François de Granges
de Surgères, marquis de), II,
343, 362.
Puyredon (M. de), II, 381.
Puységur (Jacques-François de
Chastenet, marquis de), II,
361 ; m, 176.
Puy-Vauban (Antoine Le Pres-
tre, seigneur du), III, 27, 38.
Pyrénées (la paix des), I, 155,
168; II, 388; III, 135.
Q
Quadt (Guillaume-Henri de),
m, 223, 229.
Quakers (les), II, 291.
Quargara (le village de), I, 289.
Quaiorze-Naviles (le poste des),
II, 109, 110.
Quattordio (le village de), I,
325, 326.
Queiras (la vallée et le château
de), II, 247, 248,282, 301.
Queisch (la), rivière, III, 221,
224.
Quercy(le régiment de), I, 223.
Quesnellisrae (le), II, 282.
Quesnoy (la ville du). Descrip-
tion, I, 36-37 ; l'armée fran-
çaise s'y retire après Malpla-
quet, II, 373 ; stratagème du
chevalier de Quincy pour y
entrer, 383 ; siège de la ville
par les Impériaux, III, 117-
120; sa capitulation, 127-129 ;
Villars l'assiège et s'en em-
pare, 163, 183-197. Citée, I,
39; II, 172, 368, 384-386;
m, 94, 95, '105, 133, 139,
140 199 201.
Quichotte '(don), II, 290; III,
217, 218.
Quiers ou Chieri (la ville de), I,
328; II, 187.
Quiévrain (le bourg de), II,
348-350; m, 186, 199.
Quincy (Augustin Sevin, sei-
gneur de), I, 3-8, 30.
Quincy (Augustin Sevin, che-
valier de), frère du précédent,
I, 3, 4.
Quincy (Augustin Sevin de),
fils, I, 26.
Quincy (Thierry Sevin, prési-
dent de), I, 4, 6-8, 26, 30, 31;
m, 180, 181.
Quincy (Charles Sevin, mar-
quis de). Officier des mous-
quetaires, légataire universel
de son oncle, I, 26 ; il fait
entrer son frère le chevalier
aux mousquetaires, 28; il
refuse de lui prêter de l'ar-
gent, 31 ; il est grand bailli
d'épée de Meaux, 69; il fait
entrer son frère au régiment
de Bourgogne, 171-173; dis-
cours qu'il lui adresse sur la
cour, 177-179 ; il le blâme de
n'être pas resté aux mous-
quetaires, 179-180; il est
blessé à Hochstedt, II, 38 ; il
néglige de demander un régi-
ment pour son frère, 236 ; il
le présente au ministre Gha-
millart, 238 ; au bal chez
M"« Chamillart, il danse
avec la duchesse de Bour-
gogne ; aventure nocturne,
239-241 ; il recommande son
frère au maréchal de Villars,
296; ami de Fénelon, III,
62-63 ; il vend sa terre de
DES MATIERES.
363
Quincy ; sa mauvaise ges-
tion, 180-181, 207; il revient
habiter Paris, 207-208; sa
maison du Marais, 280; son
Histoire militaire de Louis XI V,
I, 50; II, 15-16, 73, 255; le
chevalier lui fournit des rela-
tions, I, 50; II, 73, 255.
Cité, 1,118, 166; 11,287,288,
320.
Quincy (Joseph Sevin, cheva-
lier, puis comte de). Sa nais-
sance, sa famille, I, 3-6 ; il
est placé dans une auberge,
6-8 ; en pension à Paris,
anecdotes diverses, 8-27 ; ad-
mis aux mousquetaires, 28-
30 ; obtient de faire campa-
gne; son équipement, 30-32.
1697. Départ de Paris; Cré-
py, Coucy, la Fère, I, 33-35;
il perd sa bourse, 35-36; le
Quesnoy; promenade à Mons
et a Jeumont, 36-38; marche
de nuit, 39-40 ; aventure à la
tranchée d'Ath avec le maré-
chal de Gatinat, 45-47; il
assiste aux conférences entre
Boufflers et Marlborough ; il
fait connaissance avec un
Anglais, 50-55; il est envoyé
en détachement, 61-62; sé-
jour à Alost, 64; retour par
Mons, Gambray et Saint-
Quentin, 65-67.
1698. Il assiste à l'arresta-
tion de M. de Boissimelle, I,
71-72; séjour à Ghantilly,
82-86 ; camp de Gompiègne,
88 et suivantes; la duchesse
de Bourgogne lui adresse la
parole, 98 ; séjour à Nemours,
100-102; retour à Paris, 110-
111.
1699. Querelle entre les
mousquetaires et le guet, I,
112-114; il assiste à l'exécu-
tion de M°>e Ticquet, 115-117 ;
séjour à Nemours, 118-119.
1700. Aventure à la Gomé-
die, I, 121-122; il assiste au
départ du duc d'Anjou pour
Quincy (le chevalier de), suite.
l'Espagne, 124-126; départ
pour l'armée; il passe par
Rozoy, Troyes et Vendœu vre,
127-131 ; séjour à Langres et
à Vesoul ; premier amour
malheureux, 132-140; pas-
sage à Belfort, Colmar, 141-
142 ; voyage à Strasbourg en
bateau et rêve singulier, 143-
150; visite à Luxembourg,
156-158; à Liège, 159; aven-
ture à Marche-en-Famine,
165-166; il est nommé en-
seigne au régiment de Bour-
gogne, 172-173.
1702.11manqued'êtreassas-
siné, I, 174-175; départ pour
l'Italie, 177-179; son voyage,
181-192 ; bon conseil d'un
Italien, 193; Turin et la Vé-
nerie, 194; Pavie, Grémone,
196-198; il marche avec le
campement, 201 ; affaire avec
M. d'Esgrigny, 205-207; four-
rage, 210; surprise des enne-
mis, 212 ; il voit le roi d'Es-
pagne, 216; malade de la
fièvre à Reggio ; il fait con-
naissance avec une com-
tesse, 219, 227-231; il re-
joint l'armée, 231-232 ; il as-
siste à la bataille de Luzzara,
232 et suivantes ; on lui an-
nonce à tort qu'il est nommé
capitaine, 249-250, 257-258;
famine passagère, 252-253;
quartiers d'hiver à Gasti-
glione, 256-257; bal à Gar-
penedolo, 258-259; il est
nommé capitaine, 262, 272;
siège de Governolo, 263, 265;
visites à la comtesse à Reg-
gio, 267-271 ; aventure avec
des housards et brùlement
d'une cassine, 273-276.
1703. Marche à Zelo, I,
279; il prend part à l'expédi-
tion du Trentin, 291 et sui-
vantes; visite à Salo, 292-
293 ; pillage d'Oleano, qu'il
évite à son hôte, 295-296;
364
TABLE ALPHABETIQUE
Quincy (le chevalier de), suite,
réparation d'un chemin, 298;
siège d'Arco; il empêche le
pillage de la ville, 301-303;
combat de la montagne Saint-
Jean, 305-308 ; fin de la cam-
pagne du Trentin, 309-312;
il sauve un village de l'mcen-
die, 314-315; aventure galante
à Desenzano, 315 ; promenade
à Casai, 320-321 ; il perd quatre
chevaux, 327 ; quartier d'hi-
ver à Chiusano, 333-335; mar-
che en Piémont; affaire avec
un capitaine de carabiniers,
336-338 ; expéditions diver-
ses, 349-353 ; aventure ga-
lante à Vespolate, 351-352;
le curé de Garpignano, 353-
354 ; difficulté avec un capi-
taine de cavalerie, 355-356;
délivre une dame savoyarde,
359-360.
1704. Affaire de M. de Bel-
lecourt, II, 2-4; camp de
Trin, 8 ; camps de Desana et
de Montanaro, 11; siège de
Verceil, 13-26 ; blessé à la mâ-
choire, 14; il est de tranchée,
15, 19, 20; il assiste à un
colloque entre Vendôme et
un grenadier, 16-17; dîner à
la tranchée, 17, 20-21 ; tom-
be malade de la fièvre, 30;
la nièce de l'archiprétre, 30-
31, 51 ; combat de Santhià,
34-35 ; rechute de la fièvre,
37-38; siège d'Ivrée, 38-48;
combat contre des talpaches,
40-41 ; aventure avec un vo-
leur, qui lui dérobe sa malle,
45-47; un camarade lui pro-
pose de former un régiment
de déserteurs, 50-51 ; séjour
à Verceil, 52 ; il fait conser-
ver le rang d'ancienneté du
chevalier des Brosses, 53 ; il
est détaché au château de
Gabiano, 53 ; siège de Verue,
54-86 ; son opinion sur le
siège, 54 ; il est de tranchée,
61, 68-69, 80-81 ; souffrances
Quincy (le chevalier de), suite,
qu'il endure au siège, 61, 62,
69 ; manque d'être tué par
une bombe, 69-70 ; assiste à
la prise de la communication
de Grescentin, 76-77 ; dîner
tragique à la tranchée, 81-82 ;
se fait soigner par le chirur-
gien de Vendôme, 84.
1705. Séjour à Novare ; dé-
part en campagne, II, 88;
malade de la fièvre, 88 ; arri-
vée à Mantoue, 89 ; combat
de Monzambano, 90-92; camp
de Moscolino, 94 ; expédition
avec les housards, 97-99;
aventure de son valet, 100-
101 ; marche le long de l'O-
glio, 101-102; visite de Mi-
lan, 105 ; salut à des pendus,
106; logement à Gassano,
107; camps de la Canonica
et du Paradiso, 112-113 ; com-
bat de Gassano, 117-132; il
annonce à Vendôme l'arrivée
de son régiment, 120-121 ; il
passe la nuit sur un cadavre,
132; il sauve un officier bles-
sé, 133; il demande un régi-
ment, 138-139 ; il malmène
un officier irlandais, 141;
combat de Montodine, 141-
142; prise de Soncino, 144-
145; logement à Verola-Nuo-
va, 147 ; pillage de Gasalmoro,
148; visite aux religieuses
de Solferino, 149 ; quartier
d'hiver à Mantoue; le comte
de *** et sa femme, 153-156 ;
sot compliment que lui fait
M. de Mursay, 157; concerts
chez le duc de Mantoue, 158.
1706. Départ de Mantoue,
II, 162-163 ; bataille de Galci-
nato, 163-169 ; souper chez
le duc de Vendôme, 169-172;
marche de nuit vers le poste
de la Ferrare, 174-177 ; séjour
à Gavaione, 179-180 ; visite à
Mantoue, 182; il est envoyé
en détachement, 185; compli-
ments du chevalier de Luxem-
DES MATIERES.
365
)uincy (le chevalier de (suite),
bourg, 185-186; visite à la
chartreuse de Pavie, 188-189;
arrivée à Turin ; il monte la
tranchée, 190-191; bataille
de Turin, 196-207; il est
blessé, 202-205 ; retraite vers
les Alpes, 208-213; arrivée à
Pignerol ; leçon donnée à une
dame de Turin, 214-216;
M. de Dreux lui refuse un
prêt d'argent, 216; départ de
Pignerol, 219; Feneslrelle,
Césanne, Briançon, 219-221 ;
anecdotes sur la prétendue
trahison de la duchesse de
Bourgogne, 224-227; tombe
malade, 227; rencontre avec
Mii« de Séry, 229-230 ; voyage
de retour, 228-236 ; présenta-
tion au ministre Ghamillart,
238 ; aventure dans une au-
berge de Versailles, 239-241.
1707. Départ de Paris;
aventure à Gosne, II, 243-
246 ; arrivée en Dauphiné,
247; marche forcée en Pro-
vence, 248-251; préparatifs
de la défense de Toulon, 255-
262; commencement du siège,
263-264 ; promenade en rade,
264-265; surprise du poste de
Sainte -Catherine, 265-266;
suite du siège, 267 ; sortie de
la garnison, 268-274; épisodes
du bombardement, 276 ; re-
tour en Dauphiné, 279-284;
fin de la campagne, et retour
à Paris, où il ne peut avoir
un régiment, 286-290.
1708. Départ pour l'armée,
II, 293 ; désertion de ses sol-
dats, 294; recommandé au
maréchal de "Villars, 296;
marche vers la Savoie, 296-
297 ; il rend service à M. Gau-
dion, 297-298; visite à la
présidente de Ponnat, 299 ;
le capitaine galérien, 300-
301 ; il commande le régi-
ment par hasard, 302 ; ascen-
sion du mont Gahbier, 303-
Quincy (le chevalier de), suite.
304 ; gasconnade du maréchal
de Villars, 310; va occuper
le col de l'Assiette, 313; ex-
pédition sur une montagne
escarpée, 314-316; fait con-
naissance avec Mlle ^g ***,
317-318; départ du Dauphiné,
agréable voyage, 318-319 ; sé-
jour à Quincy, 320; discus-
sion avec un usurier, 321 ;
plaisirs de l'hiver, 322-323 ;
recrues pour sa compagnie,
325.
1709. Départ de Paris;
voyage avec deux dames de
Bruxelles, n, 326-330; arri-
vée à l'armée, 331 ; revue du
maréchal de Villars, 334 ; il
demande à servir comme vo-
lontaire, 339 ; visite à Mar-
chiennes, 341 ; visite au che-
valier de Saint-Georges, 343-
344 ; rencontre avec le maré-
chal de Boufflers, 349 ; bataille
de Malplaquet, 351-382; ré-
flexion sur la bataille, 354;
anecdotes diverses, 336-337 ;
préparatifs du combat, 360 ;
éloge du marquis de Vieux-
pont, 364-365; le chevalier
arrête un fuyard, 366-367 ; le
maréchal de Boufflers le com-
plimente sur son régiment,
370-371 ; il manque d'être
tué, 372; conseil donné à un
de ses amis, 382; arrivée au
Quesnoy, 382 ; dîner chez le
maréchal de Boufflers, 385 ;
il voit le maréchal de Ber-
wick, 388; retour à Quincy,
389 ; recrues qu'il fait pour sa
compagnie, 390.
1710. Départ pour l'armée,
III, 2 ; arrivée à Valencien-
nes, 4 ; assiste à une messe,
à un sermon et à des fêtes de
l'électeur de Cologne, 5-9;
détaché au Gatelet, 12 ; ré-
ponse que lui font des déser-
teurs à propos de la défection
du cardinal de Bouillon, 13;
366
TABLE ALPHABÉTIQUE
Quincy (le chevalier de), suite,
essai infructueux pour se con-
fesser la veille d'une attaque,
ib; cantonnements divers,
18, 21 ; farce qu'il fait à des
camarades , 22 ; visite de
M. d'Ormesson du Cheray,
23 ; campement à Oisy, 24 ;
en grand'garde, 28-29 ; chasse
au lièvre, et rencontre avec des
officiers ennemis, 33-34 ; ex-
pédition avec le comte de
Broglie, 35-36 ; il assiste aux
reproches faits par Yillars à
M. d'Heudicourt, 45-48 ; ob-
tient la grâce d'un caporal con-
damné à mort, 48-49 ; départ
de l'armée et retour à Quincy,
52-55; discussion avec un
caissier de la guerre, 55-56.
1711. Départ pour l'armée,
III, 59; séjour à Péronne et
à Bapaume, 60-62; il man-
que de se noyer, 62 ; visite à
Fénelon, 62-63; campagne
sans incident, 64 et suivantes ;
réunion chez le duc de la
Trémoïlle, 89 ; attaque d'Hor-
dain, 94-96; conversation
avec le marquis de Mézières,
97-98 ; retour à Quincy, 102.
1712. Départ pour l'armée;
M™* Benoist, hôtelière à
Meaux, III, 1 1 0-1 1 1 ; séjour à
Arras, 112; campement sur
le Crinchon, 114; en grand'-
garde, 119; il essuie un ter-
rible orage, 123; il prévoit le
combat de Denain, 132 ; mar-
che sur Denain, 136-146; il
demande la raison de cette
marche, 139-141 ; son cha-
grin lorsqu'il croit à la re-
traite, 141 ; il assiste de loin
à la bataille de Denain, 150;
il fait prisonnier le comte de
la Lippe, 151-152; il est de
piquet le soir de Denain,
157 ; l'aide-major général de
l'armée le trompe sur la prise
de Marchiennes, 157-158; au
siège de Marchiennes, 159-
Quincy (le chevalier de), suite.
161 ; en garnison dans cette
ville, il est employé à recher-
cher un trésor, 164-165; au
siège de Douay, 165-178; il
monte la tranchée devant
Douay, 171 ; il travaille aux
parallèles, 173; stratagème
pour conserve^ son logement,
177-178; rendez-vous galant,
179 ; il campe sur le champ
de bataille de Denain, 180;
malade, il va à Valenciennes,
180-182; suite de sa maladie,
et sa guérison, 185-186 ; siège
du Quesnoy, 186-192.
1713. Départ de Paris; arri-
vée à Rocroy, III, 211-213;
remontrances à son ami Pina,
213-214; voyages à Charle-
ville et à Châions, 214-217;
accident de cheval, 217-218;
séjour à Strasbourg, 218-219;
il se rend à Spire, 220-222 ;
il est cantonné à la Petite-
Hollande et à Frankenthal
pendant le siège de Landau,
225-229 ; il repousse une trou-
pe de hussards, 229-230;
excursion à Worms, 231-232;
à l'arrière-garde de l'armée
dans la marche de Landau à
Fribourg, 235-239; siège de
Fribourg, 242-275; conseil
qu'il donne au chevalier d'As-
feld, 250-251 ; à la tranchée,
252-253, 265, 272-273; il
manque d'être brûlé vif, 254-
255; repartie qu'il fait à un
colonel de dragons, 265 ; il
est blessé au bras, 273 ; retour
à Paris, 277-280; il quitte le
service parce que le Régent
ne lui donne pas de régiment,
211.
Sa famille : père, mère,
frères, sœurs et belles-sœurs,
I, 3-5. Voyez Quincy (Augus-
tin Sevin, seigneur de), Quin-
cy (Marguerite de Glapion,
dame de), "Quincy (le mar-
quis et la marquise de), Pies-
DES MATIÈRES.
367
Quincy (le chevalier de), suite,
sis (M. et Mine du), Marti-
nière (M. de la).
Sa première femme, I, 2 ;
sa seconde femme, 67 ; III,
26, 74, 124 ; ses idées sur la
vie conjugale, I, 171.
Ses parents : les Bande-
ville, I, 51-52 (voyez Bande-
ville); les Ghamillart, 126,
173,252; II, 50, 228; les Ca-
tinat, I, 46 ; les Frezeau de la
Frezelière, II, 338 ; le comte
deMuret,306; M. d'Ormesson,
II, 389; m, 23, 103; son
cousin Villermont, I, 38 ; son
parent Potier, III, 282.
Ses amis et camarades :
d'Albaret, I, 130; Boisduval,
II, 229, 318, 383; III, 52;
Boscon, I, 59 ; de Bourla-
maque, III, 277-278,280; de
Braque, 211 ; le chevalier des
Brosses, II, 52; III, 202-203;
la Bussière, I, 37, 252, 339;
II, 243, 265, 293, 300, 326,
384; III, 52, 140; Choart, I,
252-253; le baron de Ciran,
112; Gostebelle, II, 264-265;
le baron Damnitz, III, 274;
Dejean, I, 130; d'Esgri-
gny, I, 205, 219, 247, 252,
352; Fenestre, III, 255;
Galibert, I, 131; de Gaut,
III, 2; le chevalier de Gué-
naud, I, 37; le chevalier de
Kervasy , 97 ; Lescalopier,
III, 215; le chevalier Marest,
I, 252; le comte des Marets,
92; lé comte de Moret, II,
27-28; le chevalier de Mo-
yenneville, II, 84; III, 53;
M. de Pina, II, 205, 214,
229, 298; III, 213, 257-
258; le chevalier de Pincé,
III, 256 ; de Rougemont, II,
318; les frères Solari, I, 130,
245, 345; II, 15, 27, 28; le
chevalier de Tirmois, I, 59;
Turenne, II, 50; le cheva-
Uer de Vervant, I, 217; la
Volvenne, II, 208, 214, 215,
Quincy (le chevalier de), suite.
220; lord Wesparton, I, 54-
55, 71.
Relations avec le maréchal
de Viliars, III, 45, 112; avec
le marquis d'Havrincourt,
125-127; avec le chevalier
des Touches, 4; avec la mar-
quise de Rouvroy, 156.
Son goût pour le métier
militaire, I, 3, 28, 45; III,
45, 211 ; sa ponctualité dans
le service, II, 182; il suit
en volontaire les officiers
généraux pour s'instruire,
III, 45, 68, 90; il a assisté à
six batailles et à dix-neuf
sièges, II, 72; III, 189; son
enthousiasme pour les spec-
tacles militaires, 137; sa ma-
nière de faire ses recrues,
102; relations qu'il fait de ses
campagnes, I, 2; renseigne-
ments qu'il fournit à son
frère le marquis et reproches
qu'il lui fait à ce sujet, II,
15-16, 73, 255; son estime et
son admiration pour Ven-
dôme, 16-17, 88, 152; m, 57,
104, 120-122; anecdote qui
lui est racontée sur le maré-
chal de Luxembourg, I, 41-
42; autre sur le maréchal
Catinat, III, 106-107.
Repas et parties en campa-
gne, 1, 165-166, 206, 219, 276,
353-354; II, 17, 20-21, 52,
81-83, 246-247, 250; III, 54,
94, 123, 215, 216, 231, 236;
aventures galantes, I, 134-
136, 193, 229-231, 259, 266-
271, 315, 320-321, 333, 351-
352; II, 31, 107, 154-158,
214-215, 229-230, 317, 319,
322-323, 326-329, 351; III,
179.
Son amour de la lecture,
III, 8, 89, 90 ; son goût pour
la musique, sa basse-de-
viole, I, 119, 130, 159, 295;
II, 28, 317, 318; m, 90, 123,
178; sa chienne, 111, 112,
368
TABLE ALPHABÉTIQUE
150-151, 212; cause de son
dégoût pour le fromage de
Hollande, 162.
Quincyf Antoinette Le Rebourg,
dame Sevin de), III, 180.
Quincy (Marguerite Le Fèvre de
la Barre, dame Sevin de), I,
69; II, 389.
Quincy (Marguerite-Françoise
de Glapion, dame de), I, 4,
5,7.
Quincy (Geneviève Pecquot de
Saint- Maurice, marquise de),
I, 69, 171; II, 236, 239-241;
m, 111, 181, 207, 212.
Quincy (Madeleine de Sève,
comtesse de), I, 2; II, 330;
m, 287-289.
Quincy (Marie -Madeleine -Eu-
génie de Tournay d'Assignies
d'Oisv, comtesse de), I, 67;
III, 26, 74, 124, 166.
Quincy ( Marguerite Médon,
dame Sevin de), I, 26.
Quincy (la terre de), près
Meaux. Le chevalier de Quin-
cy y passe les hivers, I, 171;
II, 236, 319, 320, 389; 111,2,
55-56,59, 102,202, 207,208;
le marquis de Quincy la
vend, 180-181; le chevalier
y fait ses recrues, II, 390. Ci-
tée, I, 68; II, 237; III, 105,
110, 278.
R
Rache ( Philippe - Ignace de
Berghes-Saint-Winocq, prin-
ce de), III, 166.
Raffetot (Antoine- Alexandre de
Canouville, marquis de), II,
256.
Ragotin (l'acteur), I, 282; II,
245, 246.
Ragoûtant, II, 237.
Raimbeaucourt (le village de),
III, 167, 174.
Ramassana (le village de), II, 7.
Ramasser (se faire), II, 221.
Ramillies (la bataille de), II,
178, 354, 384.
Ranzo (le village de), I, 309,
310.
Rappeler, battre le rappel, I,
84.
Rasilly (Michel-Gabriel de), II,
66; m, 311.
Rassal (M. de), I, 284.
Rastadt (le château de), III,
277, 281, 282.
Rastadt (la paix de), III, 278,
282.
Ratier, I, 181.
Ratsky (Georges Bor, baron
de), III, 71, 72.
Ravenne (la bataille de), II, 105.
Ravignan (Joseph de Mesmes,
marquis de), II, 337, 361 ;
m, 43-44, 88, 93.
Reffuge (Henri-Pompone, mar-
quis du), II, 380.
Reggio-d'Émilie (la ville de), I,
225, 227-231, 259, 266-271,
321, 341, 342; II, 153, 184.
Rehbinder (M. de), II, 314.
Rehùtte (le château de la), III,
227.
Reims (la ville de), III, 197.
Reims (le diocèse de), II, 390;
m, 118.
Reine-infanterie (le régiment
de la), II, 204; III, 176, 247,
248.
Remiremont (le bourg et l'ab-
baye de), m, 279.
Remparer (se). II, 29.
Renaud et Armide, opéra, I, 39.
Renel (le comte de), I, 240.
Renepont (le régiment de), II,
90.
Renty (M. de), II, 380.
Rethel (la ville de), II, 389.
Revel ( Charles - Amedée de
Broglie, comte de), I, 202,
204, 205, 221.
Reventlaw (Christian, comte),
II, 168, 170.
Révère (la ville de), I, 280,
336, 366-368; II, 153.
Reynie (Nicolas Gabriel de la),
I, 21.
Rhin (le), 1, 140, 143, 144, 146,
DES MATIERES.
369
148, 154; m, 101, 221, 227,
229, 236, 238, 244, 278, 279.
Rhin (le vin du), III, 237.
Rhône (le), I, 187, 188, 190;
II, 220.
Richebourg. Voyez Risbourg.
Richelieu (le cardinal de), I,
186.
Richelieu (le quartier), à Paris,
I, 113.
Richerand (Guy de), I, 205 ; II,
56.
Riez (la ville de), II, 249.
Riez (les vins de), II, 249.
Rigoville ( Louis de Vasson,
marquis de), I, 133, 143, 157.
Rinco (le village de), I, 349.
Risbourg ou Richebourg (Guil-
laume de Melun - Espinoy,
marquis de), I, 43, 44.
Ristolas (le hameau de), II,
247.
Ritorto (le grand et le petit),
II, 117, 120, 121, 123-130,
132 134.
Riva '(la ville de), I, 266, 295,
298-302, 309, 312, 314.
Rivalta (le village de), I, 203,
209; II, 153.
Rivaroiles (Charles-André de
Saint-Martin d'Aglié de), I,
29.
Rivarolo-di-Fuori (le village de),
II, 153.
Rivoli (la ville de), en Piémont,
I, 192; II, 191.
Rivoli (le village de), dans le
Véronais, I, 286, 288, 289;
II, 177-179.
Rivolta ou Rivolta-Sicca (le
bourg de), II, 123-126, 135,
136, 138, 139.
Rivoltella (le village de), II,
150.
Roanne (la ville de), 1, 186-187.
Roannais (le), I, 187.
Robbio (le bourg de), I, 355-
357, 360.
Robecco-d'Oglio (le village de),
II, 153.
Robelin (Charles de), III, 41.
m
Robert, roi de France, II, 234,
235.
Robert de la Fortelle (le prési-
dent), I, 128.
Rocca d'Arazzo (le village de),
I, 336.
Roccavione (M. de), I, 324.
Roche-Aymon (Gilbert de la),
marquis de Saint-Maixent,
II, 27.
Rochebonne (Jean-Baptiste de
Châteauneuf de), II, 377.
Rochefort (la ville de), près
Liège, I, 160.
Rochefoucauld (la maison de la),
II, 328; m, 120.
Rocrov (la ville de), 1, 168, 169;
III, 211-213, 215, 216.
Rocroy (la bataille de), I, 155,
168, 169.
Rodigo (le bourg de), I, 256.
Rodolphe I^*", empereur, III,
221 .
Rœux (Ferdinand-Gaston-La-
moral de Croy, comte de), I,
40.
Rœux ( Anne - Antoinette de
Berghes, comtesse de), I, 40.
Rohan (Hercule-Mériadec de
Rohan-Soubise, prince de),
II, 362; m, 174.
Rohrburg (le bourg de), III,
228.
Roi-infanterie (le régiment du),
I, 16; m, 28, 135, 172.
Rois (la fête des), II, 321, 326.
lîoisin (le village de), III, 186.
Roland, opéra, III, 8.
RoUin (Nicolas), II, 232.
Romains (les), I, 187, 188, 191;
II, 12, 134, 350; III, 43, 55.
Romains (le roi des). Voyez Jo-
seph I^"", empereur.
Romanengo (le village de), II,
104, 109.
Rome (la ville de), I, 209, 260;
II, 169.
Roque (Pierre-Louis du Mas
de la), I, 224.
Roquelaure (Gaston-Jean-Bap-
tiste-Antoine, duc de), I, 53.
Roques (M. des), III, 26.
24
370
TABLE ALPHABÉTIQUE
Rosasco (le bourg de), I, 357-
359; 11,6.
Rose (le caporal la), II, 270.
Rosel (François de Rosel de
Cagny, che\'alier du), II, 362.
Rosen (Conrad de), I, 80, 91,
93-95.
Rosen (Reynold-Charles, comte
de), II, 362.
Rosskopf (la montagne du), III,
240.
Rothe (Michel de), III, 27, 170.
Rothweil (la ville de), III, 241,
265, 272.
Rouby (M. de), III, 118.
Roucy (François de la Roche-
foucauld-Roy e, comte de), I,
81.
Roue (le col de la), II, 301.
Rouen (la ville de), I, 89.
Rouergue (le régiment de), II,
257.
Rougemont (M. de), II, 318,
319
Route (une), II, 228, 229, 243.
Rouveroy (le village de), III,
192.
Rouvroy (Renée-Thérèse d'A-
bon, marquise de), III, 156,
157.
Roveredo (le bourg de), I, 300.
Rovigo (la ville de), 1, 277.
Royal -artillerie (le régiment
de), III, 10, 177, 242.
Royal-Comtois (le régiment),
III, 172, 269.
Royal-infanterie (le régiment),
111, 96, 172, 173, 242.
Royal-Italien (le régiment), III,
173, 253.
Roval-marine (le régiment de),
lïl, 171, 173.
Royal-Roussillon-cavalerie (le
régiment), I, 217.
Roval-Roussillon-infanterie (le
régiment), m, 170, 175, 259.
Royale (la place), à Paris, I,
17'i, 175,231; 111,214.
Roye (Louis de la Rochefou-
cauld, chevalier, puis mar-
quis de), II, 261.
Roye (la maison de), II, 328.
Roye (la ville de), II, 328; III,
55.
Rozoy (la ville de), I, 128.
Ruffach (la ville de), 1, 141, 142.
Rulïey (Anne-Marie-Louis Da-
mas, marquis de), 1, 203; II,
203, 363.
Ruffey-cavalerie (le régiment
de), I, 234, 235.
Rumersheim (le village de), II,
348.
Rumilly (le village de), III, 88-
90.
Ruprechtsau (l'île de), III, 236.
Ryswvk (la paix de), I, 65, 69,
70, "71, 148, 157; III, 277,
S
Sabionette (la ville et le duché
de), I, 199,237; II, 153; III,
123.
Saillant (Jean-Philippe d'Es-
taing, comte de), III, 173.
Saillant (le régiment de), III,
246.
Sailly (Aymard-Louis, marquis
de), II, 254, 263, 286-288;
III, 172.
Sailly-lès-Cambray (le village
de), 111, 78.
Saint-Aignan (Paul-Hippolyte,
duc de), II, 379.
Saint-Amand (l'abbaye de), II,
330, 336, 338; III, 64, 65,
155.
Saint-Amour (M. de), II, 186;
m, 129, 130.
Sainte-Anne (la montagne et le
camp de), près Toulon, II,
255, 272.
Saint-Antoine (le hameau de),
près Toulon, II, 256, 257.
Saint-Antoine (la rue), à Pa-
ris, I, 113.
Saint-Antoine (le faubourg), à
Paris, I, 7, 114,174.
Saint- Antoine (le combat du
faubourg), 1, 87.
Saint-Aurin (M. de), I, 224.
DES MATIERES.
37i
Saiat-Bonnet ( Louis-François
des Gars, comte de), 1, 135.
Sainle-Catherine (la montagne
et le village de), près Toulon,
n, 257, 262, 264-274.
Saint -Ghaumont -dragons (le
régiment de), III, 43.
Saint-Gloud (le château de), I,
79.
Saint-Golomban (le village de),
II, 293, 295, 297.
Saint-Corneille (l'abbaye de), à
Gompiègne, I, 88.
Saiute-Groix (l'ordre de), 1, 164.
Saint-Gyr (la maison de), III,
49, 125-127.
Saint-Denis (la ville et l'abbaye
de), I, 301 ; III, 103.
Saint-Denis (la rue et la porte),
à Paris, I, 22, 72, 121.
Saint-Dizier (la ville de), III,
279, 280.
Saint-Esprit (l'ordre du), III,
106. .
Saint-Évremond (le régiment
de), m, 28.
Saint-Fargeau (la terre de), I,
101.
Saint-Frémond (Jean-François
Raveod, marquis de). Battu
à Garpi par Eugène, I, 141,
278; II, 180; (1703) com-
mande un corps séparé, 279 ;
attaque l'arrière-garde de
Stahremberg, 342; au com-
bat de Gastelnuovo, 344;
(1706) battu une seconde fois
à Garpi, II, 180-181; (1711)
il conduit sur le Rhin un dé-
tachement de l'armée de
Flandre, III, 67-68; (1712)
poursuit le comte de Growes-
tein, 118-119; au siège de
Douay, 170; il est détaché
pour investir le Quesnoy,
182-184; (1713) au siège de
Fribourg, 247 ; sa mauvaise
chance, II, 180; III, 119.
Saint-Georges (le chevalier de),
Jacques III, roi d'Angleterre,
II, 334, 343, 344, 378; III, 12.
Saint-Georges (le faubourg), à
Mantoue, I, 260.
Saint-Germain (le faubourg), à
Paris, I, 113; III, 280.
Saint-Germain-en-Laye (la cour
de), II, 325.
Saint-Ghislain (le bourg de),
III, 185.
Saint-Gothard (le mont), II, 88.
Saint-Gratien (la terre de), III,
105, 106.
Saint- Hermine (le régiment de),
I, 61.
Saint-Hubert (le bourg de), I,
160.
Saint-Jean (le cimetière), à Pa-
ris, I, 113.
Saint-Jean-de-Maurienne (la
ville et l'évèché de), II, 300,
302, 303.
Saint-Laurent (la foire), I, 78.
Saint-Laurent-du-Var (le vil-
lage de), H, 279.
Saint-Léger (Edme Bonnet de),
III, 198.
Saint-Louis (l'ordre de), I, 263,
264,298, 359; II, 298.
Saint-Louis (l'ile), I, 112.
Saint-Louis (le fort), à Toulon,
II, 260, 264, 267, 275, 276.
Saint-Louis-au-Marais (la rue),
à Paris, III, 207.
Saint-Loup (l'abbaye de), à
Troyes, I, 129.
Sainte-Marguerite (la montagne
de), près Toulon, n, 263,264.
Sainte-Marguerite (la tour), à
Toulon, II, 260, 275.
Sainte- Marie -Eleuvensten (le
village de), I, 58, 63, 64.
Saint-Martin (M. de), III, 118.
Saint-Martin (la vallée de), II,
220, 285, 286, 309, 310.
Saint-Maurice (M. de), II, 376.
Saint-Médard (l'abbaye de), à
Soissons, II, 390.
Sainte-Menehould (la ville de),
n, 389; m, 118,217.
Saint-Mihiel (le bourg de), III,
118.
Saint-Omer (la ville de), II,
213; m, 20,32.
372
TABLE ALPHABETIQUE
Saintonge (le régiment de), III,
10, 234.
Saint-Ouen (le village de), près
Paris, II, 242.
Saint-Pater (Jacques Le Gouste-
lier, marquis de), I, 345; II,
261, 262, 267, 273.
Saint- Périer (César -Joachim,
chevalier de), II, 191, 197;
III, 223.
Saint - Phal (Georges- Anne -
Louis de Vaudrey, marquis
de), I, 61, 62.
Saint-Pliilippe (le), vaisseau,
11, 260, 263-265, 272, 273.
Saint - Pierre (François - Marie
Spinola, duc de)," III, 122,
123.
Saint-Pierre (Marguerite-Thé-
rèse Golbert de Groissy, du-
chesse de), III, 122, 123.
Saint-Pierre (la vallée de), III,
234, 240-242, 245, 250, 251,
260, 265, 276.
Saint-Pierre (le fort), à Fri-
bourg, III, 244, 246, 249, 253,
276, 277.
Saint- Pierre -d'Arena (le fau-
bourg), à Gènes, I, 325, 361.
Saint-Pierre-Martyr ( le cou-
vent de), à Reggio, I, 229,
267-269.
Saint-Pierre-le-Moutier (la ville
de), I, 186.
Saint-Pol (la ville de), II, 329.
Saint-Quentin (la ville de), I,
67; II, 329; III, 136.
Saint-Remy (le village de), II,
300.
Saint-Saëns (Charles-Louis de
Limoges, marquis de), II,
380.
Saint-Sauve (l'abbaye de), II,
339.
Saint-Second (le régiment de),
II, 27; m, 178.
Saint-Seine (le village de), II,
234.
Saint-Sernin (Jean-Benoît-Cé-
sar-Auguste des Porcelets de
Mailhane, marquis de), III,
38, 248, 249.
Saint-Sernin (le régiment de
dragons de), III, 27.
Saint-Souplet (le village de),
III, 138.
Saint-Sulpice (l'église), à Paris,
I, 117.
Saint-Valerv-sur-Somme (le
bourg de),^II, 329.
Saint- Venant (la ville de), II,
346 ; m, 20, 32, 39, 40, 42,
43, 50.
Salbertrand (le bourg de), II,
310.
Salières (François-Balthasar de
Chastellard, marquis de), II,
72.
Salionze (le village de), II, 89.
Salm (Louis-Othon, prince de),
m, 101.
Salm ( Philippe - Guillaume ,
prince de), I, 324.
Salm (la ville de), I, 159.
Salo (la ville de), I, 275, 291-
293; 11,93,94, 142, 151,163,
172, 174, 176, 207.
Saluées (le régiment de), II, 62.
Sambre (la), rivière, II, 332,
388; III, 21, 63, 108, 135,
138, 139, 142, 144.
San-Benedetto-del-Po (le bourg
et l'abbaye de), I, 286, 316,
339, 341; II, 182, 183.
San-Bernardino (le village de),
II, 143, 144.
Sancerre (Louis de Bueil, com-
te de), III, 279.
Sandoval (le village de), I, 196.
San-Germano (le village de),
II, 30.
San-Giacomo-di-Po (le village
de), II, 89.
San-Giovanni-in-Groce (le vil-
lage de), I, 199.
Sangone (la), rivière, II, 188.
Sanguin (Denis), évêque de
Senlis, I, 100.
Sanguinetto (le bourg de), I,
278.
San-Marco (le village de Ponte-),
II, 165, 166.
San-Martino (le village de), II,
183, 184.
DES MATIERES.
373
San-Martino-del-Bozzolo (le
bourg de), I, 272; II, 153.
San-Nicolo (le hameau de), II,
182.
San-Pietro-di-Legnano (le vil-
lage de), I, 286.
San-Salvadore (le bourg de), I,
350.
San-Sebastiano-Gurone (le vil-
lage et le combat de), I, 322-
325; II, 103.
San-Secundo-Parmese (le bourg
de), I, 218.
Santa-Maria (le village de), près
Verue, II, 63.
Santa-Maria (le bois de), II,
137.
Santa-Vittoria (le village et le
combat de), I, 220-225, 232,
271, 296, 323; II, 103, 193.
Santena (le comte de), II, 206,
223, 224.
Santerre (le pays de), II, 329.
Santhià (la ville de), II, 30, 31,
33,34, 51.
Santini (M"«), I, 320; II, 154-
156, 163.
Santo (le village de), II, 183.
Sanzay (Lancelot Turpin de
Crissé, comte de), II, 256.
Sanzay (M. de), commissaire
d'artillerie, II, 19.
Sanzay (le régiment de), II, 256.
Saône (la), rivière, I, 133, 187;
II, 231.
Saragossp (la ville de), lU, 37.
Sarca (la), rivière, I, 300, 309.
Sardaigne (le roi de). Voyez
Charles-Emmanuel.
Sardaigne (la reine de). Voyez
Hesse-Rhinfels (Polyxène de).
Sarre (la), rivière, I, 151.
Sarre (le régiment de la), II, 21,
22, 63, 74, 75, 256, 300, 307,
381; III, 10, 178.
Sarrebourg (la ville de), I, 151;
m, 217.
Sarrebruck (la ville de), I, 151.
Sarreguemines (la ville de), I,
151.
Sarrelouis (la ville de), I, 16,
151.
Sars-Ia-Bruvère (le village et le
bois de),X 37; II, 352, 354,
363, 368, 373.
Sartirana (M. de), I, 341, 342;
II, 105, 106.
Sault (le régiment de), I, 241,
292.
Saulzoir (le village du), III,
114.
Saussicourt (M. de), II, 22.
Savary (le partisan), III, 74, 110.
Saverne (la ville de), I, 150,
151; m, 217.
Savigny (Marc-Antoine d'Es-
toges, comte de), II, 380.
Savines (Antoine de la Font,
marquis de), III, 189.
Savinien (saint), II, 234, 235.
Savoie (les ducs de), I, 192; II,
303.
Savoie (Charles-Emmanuel, roi
de Sardaigne et duc de).
Voyez Charles-Emmanuel.
Savoie (Philibert-Emmanuel le
Grand, duc de), III, 50.
Savoie (Victor-Amédée II, duc
de). (1701) Il fait rappeler le
maréchal de Catinat, I, 152-
153; (1702) ses troupes se
joignent aux troupes fran-
çaises, 199; (1703) sa trahi-
son envers la France, 313-315 ;
désarmement de ses troupes
et lettre du Roi à ce sujet,
317-319; escarmouche de
Moncucco, 329; il est rejoint
par Stahremberg, 346; opé-
rations d'hiver, 347, 349; il
veut faire enlever les recrues
de l'armée française, 361 ;
(1704) force et position de
son armée, II, 1 ; il se retire
devant Vendôme, 4 ; son ar-
rière-garde est battue, 7-8;
avis charitable qu'il donne à
Vendôme, 33; il essaye de
surprendre Verceil, 49-50; il
défend Verue et Grescentin
contre Vendôme, 54-55, 61,
66-67, 71-72, 77, 79, 83-85;
(1705) Eugène s'efforce d'al-
ler le secourir, 102, 123, 135;
374
TABLE ALPHABETIQUE
Savoie (Vict.-Am. Il, duc de),
suite.
Colmenero trahit les Fran-
çais en sa faveur, 118; III,
122; (1706) marche du prince
Eugène pour le joindre en
Piémont, 185; réunion des
deux armées sous Turin, 187-
188; il fait attaquer un con-
voi français, 192; bataille de
Turin, 1*94-196,207,211,212,
222-223; vœu qu'il avait fait
pour la levée du siège, 226 ;
(1707) force de son armée,
247; il entreprend de con-
quérir la Provence, 248 ; mar-
che sur Toulon, 251-253; en-
trevue avec l'évéque de Fré-
jus, 253, 254 ; siège do Tou-
lon, 254, 267, 271, 275; re-
traite précipitée, 279 ; il mar-
che vers Suse et s'en empare,
280, 284; il fait expulser de
Piémont la comtesse de Sois-
. sons, 282-283 ; ( 1708) force de
son armée, 295 ; il entre en
Dauphiné, 297, 299, 300; il
marche en Savoie, 301 ; re-
tourne vers Briançon, 304 ; se
retire dans la vallée de Pra-
gelas, 307-308; siège de Fe-
nestrelle, 313-317; il permet
au commandant d'Exilles de
se rendre à Paris pour se jus-
tifier, 323, 32 'i ; il signe la
paix à Utrecht, III, 209; son
emprisonnement, II, 29. Ses
talents, II, 222, 223; éloge
qu'il fait de Catinat, III, 106,
107; inimitié de Vendôme
contre lui, et sa cause, II,
9, 10; limite de ses États et
du Milanais, I, 195; son châ-
teau de la Vénerie, I, 194;
II, 194; son ambassadeur à
Paris, I, 120, 181. Cité, I,
164, 189, 190, 192, 325-359,
367, 368; II, 13, 15, 31, 45,
52, 53, 219, 273, 286, 287,
302.
Savoie (Marie-Jeanne-Baptiste
de Savoie-Nemours, duchesse
de), dite Madame Royale, I,
194.
Savoie (la maison de), I, 101 ;
II, 231, 303.
Savoie (la), II, 247, 295, 296,
299, 301, 302.
Savoie (le régiment de), II, 29.
Savoyards (les), I, 316, 317, 348.
Saxe (la maison de), II, 303.
Saxe-Gotha ( Jean-Guillaume,
prince de), II, 271.
Saxe-Gotha (le duché de), II,
273.
Scarpe (la), rivière, II, 329,
336, 342; m, 1,14-18,20,21,
28, 31, 62-65, 68, 71, 116,
129, 156, 160, 165-168, 172,
176, 200.
Scarpe (le fort de), à Douay,
III, 10, 11, 24, 26, 168-170,
173-176.
Sceaux (le château de), I, 124-
126.
Schilchen (le village de), III,
236.
Schlestadt (la ville de), I, 143,
144, 150, 158.
Schmidt (le régiment de), III,
12.
Schônberg (Charles, maréchal
de), III, 212.
Schônberg (Frédéric-Armand,
maréchal de), I, 14.
Schônberg (la maison de), III,
212.
Schuerkeim (le village de),UI,
221.
Schulenbourg (Mathias-Jean,
comte de), II, 252, 253; HI,
29, 30.
Scrivia (la), rivière, I, 343.
Secchia (la), rivière, I, 226, 253,
266, 280, 281, 312, 314, 317,
332, 335. 339, 340, 366; II,
183, 223,' 303.
Seclin (le bourg de), III, 164,
167, 182.
Ségur (Henri-Joseph, marquis
de), I, 102-106, 183.
Ségur (Glaude-Élisabeth Binet,
marquise de), I, 106.
Ségur (la maison de), I, 103.
DES MATIERES.
375
Selle (la), ou Seille, rivière, I,
36; m, 86, 115, 117, 134,
137-143, 150, 151, 153.
Seine (la), fleuve, I, 101, 128,
129; n, 234, 235,327.
Sellingen (le village de), III,
238.
Selve (Jean-Pierre, chevalier
de), m, 42, 43, 88, 93.
Semestres militaires (les), II,
388.
Sénateur (saint), I, 132.
Senez (le diocèse de), II, 281.
Senlis (la ville de), I, 82, 86,
88, 100, 171; II, 326.
Senne (la), rivière, I, 49.
Senneterre (Henri de la Ferté,
comte de), I, 288, 296, 329;
II, 11, 58, 136.
Senneterre (le régiment d'in-
fanterie de), III, 87.
Senneterre -dragons (le régi-
ment de), II, 181.
Sénonais (le), II, 234, 235.
Sens (la ville de), I, 129; II,
234, 235.
Sens (le diocèse de), II, 234,
235.
Sens (les archevêques de), II,
235.
Sensée (la), ou Genset, rivière,
m, 13, 14, 20, 23,61-63, 73,
75-77, 79, 80, 82, 85, 88, 89,
92, 110, 112, 116, 179.
Serin (M.), commissaire des
guerres, II, 216.
Serini (M. de), II, 100.
Serio (le), rivière, II, 111, 140-
144.
Sermione (le château de), I,
289.
Serraglio (le), I, 232, 259; II,
89, 182.
Serravalle (le bourg de), I, 322.
Séry (Marie-Louise-Madeleine-
Victoire Le Bel de la Bois-
sière de), II, 210, 230.
Sesia (la), rivière, I, 195, 318,
348,356, 360; II, 12-15, 20.
Sestrières (le col de), II, 308.
Sève de Rochechouart ( Guy
de), évêque d'Arras, II, 330.
Sevin, archevêque de Sens, II,
235.
Sevin'(la famille), I, 3; II, 338.
Voyez Quincy, Plessis, Mar-
tinière (la), Bandeville, Gran-
ge (la).
Sevin (Léonore), I, H8, 182.
Sevin (Marie-Anne), I, 5, 6.
Sevin (les armes des), I, 50.
Sèvres (le village de), II, 241.
Sézanne ( L. - Fr. d'Harcourt,
comte de), I, 233, 241.
Sforza (le canal de), 1, 196, 353.
S'Gravenmoer (M. de), III, 108,
109.
Sheldon (Dominique), I, 224.
Shovell (Glowdisley), II, 267,
277.
Sickingen (M. de), III, 133, 149.
Silly (Jacques-Joseph Vipart,
marquis de), III, 173, 223,
240, 243, 246, 270.
Simiane (la maison de), I, 192.
Voyez Pianezza.
Siougeat (Jean de Laizer, mar-
quis de), II, 74, 208.
Sissa (le bourg de), I, 219.
Snegertsman (M. de), II, 375.
Soanen (Jean), évêque de Se-
nez, II, 281.
Soarza (le village de), I, 217.
Soignies (le bourg de), I, 44;
m, 192.
Soissonnais (le régiment de), II,
288.
Soissons (Louis-Thomas- Amé-
dée de Savoie, comte de), II,
283.
Soissons (Uranie de la Gropto
de Beauvais, comtesse de),
II, 282, 283.
Soissons (la ville de), I, 88 ; II,
389; 111,204,213.
Soissons (l'évêché de), II, 390.
Soissons (la ville de), II, 390.
Solari (le commandeur de), I,
245, 311, 344, 345.
Solari (le chevalier de), I, 130,
245, 345; 11,15,27-29. Voyez
Moret (le comte de).
Solari (la maison), I, 345 ; II,
29.
376
TABLE ALPHABETIQUE
Solesmes (le bourg de), III, 116.
Solferino ou Solfarino (la ville
elle pays de), 1,208, 257; II,
149, 152.
Solferino (le prince de). Voyez
Gastiglione.
Solre (le château de), III, 109.
Solre (le régiment de), I, 368;
II, 167; m, 9, 173, 177.
Somme (la), rivière, I, 67; II,
329; m, 53, 54, 113.
Soncino (la ville de), II, 102,
104, 108, 144, 145, 153.
Sorbolo (le bourg de), I, 219,
220.
Soresina (le bourg de), II, 109.
Souabe (la), III, 241.
Souchet (le), rivière, II, 331 ;
III, 14, 15, 68.
Soûlas (le lieutenant), II, 66.
Soupe à l'allemande (la), III,
203-204.
Sourches (Louis-François du
Bouschet, chevalier de), I,
282, 289, 296; III, 46.
Sourches (le régiment de), II,
iq 99
Soyecourt-Belleforière (la mai-
son de), II, 92.
Soyecourt (Jean-Maximilien de
Belleforière, marquis de), II,
92.
Soyecourt (Adolphe de Belle-
forière, chevalier de), II, 92.
Soyecourt ( Joachim - Adolphe
de Seiglière de Boisfranc,
marquis de), colonel du régi-
ment de Bourgogne. Mot de
M. de Mursay sur son nom,
II, 92 ; sa belle conduite à
Cassano, 119-122; logement
qu'il fait donner au chevalier
de Quincy à Mantoue, 154;
manière dont il traite le tré-
sorier général Gaudion, 298 ;
il emmène souper le cheva-
lier de Quincy, III, 94 ; à l'at-
taque d'Hordain, 95, 99 ; con-
versation avec le maréchal
de Montesquieu après De-
nain, 162-163; il prête sa
chaise de poste au chevalier
de Quincy, 218; au siège de
Fribourg, 272. Sa mère, II,
92; m, 11. Cité, II, 107,296,
302.
Spaar (le baron de), II, 375.
Sparre (le régiment de), III,
253, 254.
Spifame (Jacques), évêque de
Nevers, I, 185.
Spinola (la maison), I, 365; III,
123.
Spire (la ville de), III, 221, 222,
225, 232, 234.
Spire (l'évêque de), III, 222.
Spire (la chambre impériale de),
m, 222.
Spire (la bataille de). Voyez
Petite-Hollande.
Spirebach (le), 1,332; 111,221,
222, 225.
StafTora (la), rivière, I, 343.
Stahremberg (Guidobaldo, com-
te de). Il cherche à faire le-
ver le siège de Borgo-Forte,
I, 256 ; il réussit à faire lever
le siège d'Ostiglia, et bat Al-
bergotti à Garpi, 280-285;
(1704) sa belle marche du
Modénais en Piémont, 327,
335, 336, 338-346, 349, 366;
II, 185, 223; il appuie une
entreprise sur Verceil, II, 50;
il est blessé au siège de Ve-
rue, 58; il commande par in-
térim l'armée savoyarde, 61 ;
il est chargé de l'arrière-
garde au départ du duc de
Savoie de Crescentin, 83 ;
victoire en Espagne sur le
marquis de Bay, III, 37;
battu par Vendôme à Villa-
viciosa, 57. Ses talents mili-
taires, I, 280, 281; II, 33.
Cité, I, 314, 321, 325.
Stauhope (Jacques, comte de),
m, 57.
Stanhope (M.), II, 376.
Steckemberg (M. de), II, 377.
Steincalenfels (M. de), II, 376.
Steinkerque (la bataille de), II,
122.
DES MATIERES.
377
Stelburc (M. de), II, 375.
Stirone (le), rivière, I, 218.
Stradella (le bourg de), I, 341,
342; II, 186.
Strasbourg (la ville de), I, 143-
150, 158, 161, 162; III, 218,
219, 232, 236, 237, 278.
Strasbourg (l'évêque de), 1, 151 .
Strasbourg (l'évèché de), I, 146.
Strasbourg (la cathédrale de), I,
145.
Stura (la), rivière, I, 195; II,
194-197, 205, 206, 223.
Sturler (M.), II, 375.
Suaire (le saint), I, 88, 194.
Sucement des blessures (le), I,
58-59.
Suède (la), I, 332.
Suisse (la), I, 140, 141; II, 17.
Suisses (les), I, 196; II, 269;
III, 87.
Sulpeche (M. del), II, 376.
Sundgau (le), I, 140.
Surière (M. de la), I, 166.
Surintendauce (la), à Versailles,
II, 239.
Surville (Louis-Charles d'Hau-
tefort, marquis de), I, 81 ; II,
337, 345, 346; III, 243.
Suse (la ville de), 1,192; 11,11,
192, 193, 195, 280, 283-286,
293.
Sutton (le régiment de), III, 12.
Suzon (le), rivière, II, 232.
Suzzara (le bourg de), I, 252.
Swinton (M.), II, 375.
Tabac à priser (le), II, 16-17.
Tableau (l'ordre du), III, 43.
Tagliata (la), rivière, I, 252.
Taisnières-sur-Hon (le village
de), m, 163.
Talbot (M. de), I, 240.
Tallard (le maréchal de), I, 332 ;
II, 32; 111,83, 221, 224.
Tallard (le régiment de), III,
268.
Talpaches (les), II, 36, 40, 41,
44, 47.
Tambonneau (Louis- Auguste-
Marie), II, 381.
Tamise (la), fleuve, II, 343.
Tanaro (le), rivière, I, 336, 337,
347, 348, 350; II, 187.
Tartaro (le), rivière, I, 277-279,
282; II, 181.
Tanqueux (François-Pierre de
Courtin, seigneur de), I, 202.
Tarare lia ville de), I, 187.
Tarascon (la ville de), I, 190.
Tarentaise ( le régiment sa-
voyard de|, II, 79.
Tarneau (Charles de), III, 35.
Taro (le), rivière, I, 218.
Tarteron (le P.), I, 27.
Tasse (le), I, 207.
Té (le palais du), à Mantoue, I,
207.
Télémaque (les Aventures de),
m, 61, 63.
Tencm (le cardinal de), II, 281-
282.
Terreaux (les), à Lyon, II, 319.
Tessé (René de Froullay, maré-
chal de). 11 commande dans
Mantoue pendant l'hiver de
1701-1702, I, 203-204; au
combat de Santa -Vittoria,
221 ; il commande l'aile gau-
che à Luzzara, 232; envoie à
Vendôme un espion du prin-
ce Eugène, 247; s'empare de
Borgo-Forte, 254-255; (1707)
il commande l'armée de Dau-
phiné, II, 248 ; il compli-
mente le régiment de Bour-
gogne pour sa rapide marche
sur Toulon, 250; mesures
qu'il prend pour défendre
Toulon et la Provence, 262;
au combat de. Sainte-Cathe-
rine, 268, 271, 272; sa len-
teur à poursuivre le duc de
Savoie, 280.
Tessé (René-Mans de Froullay,
marquis de), II, 76, 255, 278.
Tessé (René-François de Froul-
lay, chevalier de), III, 153.
Tessé (le régiment de), II, 76,
255.
378
TABLE ALPHABÉTIQUE
Tessin (le), rivière, I, 196, 353;
II, 88, 106.
Tesson (le), rivière, I, 223.
Testa (le village de la), I, 232.
Teitau (Daniel de), II, 374.
Teutonique (l'ordre), II, 170.
Thaun (Philippe-Laurent, com-
te de), II, 208.
Théorbe (le), II, 320.
Thérouanne (la ville de), III,
39.
Thiant (le village de), III, 133.
Thiérache (la), I, 35.
Thiérache (le régiment de), II,
258.
Thil (François-Edouard Jubert,
marquis''du), III, 75.
Thil (le régiment du), III, 28.
Thionville (la ville de), I, 153-
156; II, 208; III, 279.
Thomassin ( François - Lazare
de),I, 250, 258;°II, 114-115.
Thouvenot (M.), I, 325.
Thouy (Antoine-Balthasar de
Longecombe, marquis de),
II, 305, 306.
Thuin (le bourg de), I, 160.
Ticengo (le village de), II, 109,
144.
Ticquet (Claude), I, 115-116.
Ticquet (Angélique-Nicole Car-
lier, dame), I, 115-117.
Tignac (M.), I, 261-263, 272.
Tilloloy (la terre de). II, 328.
Tilly (Claude de Tserclaës,
comte de), II, 365.
Tingry (le prince de). Voyez
Luxembourg (le chevalier de).
Tirmois (le chevalier de), I, 59,
60.
Tivel, colonel allemand, III, 99.
Tobolino (le château de), I, 309.
Toison d'or (l'ordre de la), I,
246.
Tolen (l'ile de), III, 175.
Tongres (la ville de), I, 160.
Tonnant (le), vaisseau, II, 260,
263-265, 272, 273.
Toralva (Antoine de), I, 367;
n, 13, 22, 49, 102, 103, 146.
Torbole (le bourg de), 1, 290, 299,
301, 309, 3 M, 314.
Torbole-Casaglia (le viliase de),
II, 99, 151.
Torcy (le marquis de), III, 84.
Torigny (le régiment de), III,
28.
Tormo (le village de), II, 139,
142.
Torne (le village de), I, 343.
Tornova (le hameau de), I, 278.
Torquet (un), II, 139; III, 220.
Torrès (Christophe de Moscoso,
comte de las), I, 222; II, 2,
20, 38, 39, 56, 76, 78.
Torricella (le village de), II,
101.
Tortequenne (le village de), III,
11.
Touches (Michel Le Camus,
chevalier des), II, 74, 255,
268 ; III, 4, 5, 169.
Toul (la ville de), I, 153; III,
279.
Toul (le diocèse de), III, 279.
Toulon (la ville et le siège de),
II, 249-280, 282, 284; des-
cription de la ville, 258-259;
le port, 259, 273, 278, 279.
Citée, III, 41, 100.
Toulouse (le comte de), I, 82.
Tour (M. de la), II, 96.
Tour (le régiment de la), III,
87.
Touraine (le régiment de), II,
257; III, 10.
Tourbe (la), III, 21.
Tour de Villeneuve (M. de la),
II, 79.
Tour-d'Oglio (la), hameau, I,
255, 266.
Tournaisis (le régiment de), I,
226; II, 76.
Tournay (la ville de). Assiégée
en 1709 par les Impériaux,
II, 337, 338, 340, 345-347,
388. Citée, I, 43; II, 360; III,
156, 164, 182, 185, 197, 200.
Tournon (la rue de), à Paris, I,
111.
Tournus (la ville et l'abbaye
de), II, 231.
Tours (la ville de), III, 106.
DES MATIERES.
379
Tourville (le maréchal de), I,
82; m, 153.
Tourville (Louis-Alexandre de
Goteatin, marquis de), IIl,
153.
Traërbach (la ville de), III, 118.
Traînasse (la), m, 108.
Tramontane (perdre la), II, 276.
Trauttmansdorff ( Sigismond-
Joachim, comte de), I, 336.
Trégogne (la), rivière, I, 278.
Treisam (la), rivière, III, 244,
247.
Treize-Cantons (l'auberge des),
à Versailles, II, 239.
Trémoïlle (Gharles-Louis-Bre-
tagne, duc de la), III, 89.
Treno (le village de), II, 5, 7.
Trente (la ville et le pays de),
I, 127, 285, 287, 289, 291,
294, 299, 301, 302, 305, 306,
309-315, 318, 327.
Trente (le concile de), I, 311.
Tressaillement de nerfs (un), II,
225.
Tressemanes (André de), III,
223.
Tressin (le village de), II, 338.
Trêves (la ville de), I, 154 ; III,
279.
Trêves (l'archevêché de), 1, 154.
Treviglio (le bourg de), II, 121,
123, 129, 130, 139; III, 201.
Trezzo (le bourg de), II, 112,
117.
Tricaud (Joseph- Anselme de),
II, 257.
Tricerro (le bourg de), II, 11.
Trinité (le comte de la), II, 41,
42.
Trino (la ville de), I, 195; n,
8, 10, 11, 52, 53.
Trois-Trous (le fort des), I, 48.
Trouille (la), rivière, III, 185,
192.
Trousse de fourrage (la), I, 63.
Troves (la ^'ille de), I, 129, 130.
Trulle (la), rivière, I, 38.
Truzzi (Joseph, comte), II, 322.
Tuen (le village de), I, 309.
Tuileries (le jardin des), I, 175.
Tullibardine'(M. de), II, 375.
Turcs (les), I, 3; II, 38, 39,
244.
Turckheim (la ville de), dans le
Palatinat, III, 228.
Turenne (le maréchal de), III,
141, 202, 235, 236.
Turenne d'Aynac (Barthélémy
de), II, 50.
Turin (la ville de). Description,
1,194; siège de 1706,11,179,
186-194; fautes des assié-
geants, 54, 190-191, 222-223;
bataille du 7 septembre, 73,
195-207,223-224; m, 147; re-
traite des Français et entrée
du princeEugène dans la ville,
II, 207-208, 211, 212; la du-
chesse de Bourgogne accusée
d'avoir causé cette retraite,
225-227 ; le saint-suaire, I,
88, 194. Citée, I, 191, 195,
313, 328, 333; II, 10, 12, 36,
45, 51, 67, 157,219,282,284,
286, 310, 317; III, 106.
Turin (la porte de), à Ivrée, II,
40.
Tursi (Jean-André Doria del
Carretto, duc de), I, 362.
Tyrol(le), I, 311.
U
Ulm (la ville d'), I, 246.
Urago (le village d'), H, 102,
145.
Ursulines (les), à Melun, I, 118,
182.
Urtebise. Voyez Hurtebise.
Ustiano (le village d'), I, 200;
II, 146, 153.
Utrecht (la ville et la paix d'),
II, 221, 248; III, 105, 123,
209.
Uzès (François de Crussol, com-
te d'), I, °203.
Vaisseaux (le régiment des), I,
240; II, 16; III, 96, 177.
Valdefuentès ( Ferdinand de
380
TABLE ALPHABETIQUE
Portugal-AIencastro, marquis
de), II, 14, 16.
Val-di-Pesio (le), I, 337.
Valeggio (le village de). II, 153.
Valence (la ville de), en Italie,
I, 164, 337, 350, 361.
Valenciennes (la ville de). Des-
cription, I, 66; le régiment
de Bourgogne y est en gar-
nison, m, 4; séjour qu'y
fait l'électeur de Cologne,
5-9 ; le régiment de Bour-
gogne quitte la ville, 12 ; le
chevalier de Luxeml30urg y
commande un camp volant,
20, 91, 116, 131, 146; le che-
valier de Quincy, malade, va
s'y faire soigner, 181-183,
185; les magistrats félicitent
Villars de la victoire de De-
nain, 201-202. Citée, I, 65;
II, 338, 339, 348, 349, 373,
386 ; III, 21, 24, 63, 92, 133,
134, 161.
Valette (François de Thomas,
seigneur de la), II, 252, 253.
Valette (le village de la), près
Toulon, II, 251, 252, 260,
267, 270, 271.
Valette (le col de la), II, 311.
Vallage (le pays de), III, 279.
Vallière (Charles-François de la
Baume-le-Blanc, marquis de
la), II, 363; III, 178.
Vallière (Jean-Florent de), III,
42.
Valois (le), I, 68.
Valori (Charles-Guy, marquis
de), III, 9, 182,224,247, 267.
Vandales (les), I, 131.
Vannes (la), rivière, II, 234.
Var (le), rivière, II, 254, 277,
279, 286.
Vassac (le lieutenant), II, 66.
Vauban (le maréchal de), I, 42,
45; II, 222; 111,27, 38, 243,
267.
Vaubecourt (Louis-Claude de
Nettancourt - Haussonville,
comte de). Au combat de
Santa-Vittoria, I, 221 ; il as-
siège Guastalla, 244 ; au siège
de Governolo, 262; repousse
le général Vaubonne, 266;
s'empare de Nago, 290 ; M. de
Vendôme l'envoie vers Asti,
325 ; il commande un déta-
chement près de Novare, 348-
349; il ouvre la tranchée de-
vant Verceil, II, 13; il est
nommé gouverneur de la
place, 27 ; au siège de Verue,
72-73.
Vaubonne (Joseph Guibert,
marquis de). Il est chassé de
Bondanello, I, 266 ; il se re-
tire devant Vendôme, 285-
286; campé à Roveredo, 300;
il se laisse enlever Rosasque
par les Français, 358-359 ; il
est défait et fait prisonnier,
II, 5-7 ; (1713) il couvre Fri-
bourg, III, 228; il est défait
par Villars, 240-241.
Vaubonne (le régiment de dra-
gons de), II, 5.
Vaud (Pierre de), II, 220.
Vaud (le village de), II, 220.
Vaudémont (Charles-Henri de
Lorraine, prince de). Com-
mande l'armée des alliés, I,
44 ; ses attentions pour les
prisonniers français, 63 ; gou-
verneur du Milanais pour
Philippe V, 210; il com-
mande une partie de l'armée
française, 215; (1703) il com-
mande un corps séparé, 277 ;
il contribue au siège d'Osti-
glia, 280, 283 ; conférence avec
Vendôme, 286; le duc de Sa-
voie projette de surprendre
son armée, 312-314 ; désar-
mement des troupes savoyar-
des, 316. Ses soins pour un
officier blessé, II, 115. Cité,
I, 242, 244, 340.
Vaudémont (Charles -Thomas
de Lorraine-), I, 236, 366,
367 ; II, 35, 49, 50, 103.
Vaudois (les), II, 220, 310.
Vaudrevange (le village de), I,
151.
DES MATIERES.
381
Vaudrey (Jean-Charles, comte
de), II, 131.
Vaudrey(le régiment de), III, 175.
Vaux-en-Arrouaise (le village
de), III, 86.
Vêla (la montagne du), I, 310.
Velasco (M. de), I, 63.
Vendeuil (François de Cléram-
bault, marquis de), I, 81.
Vendeuvre (le bourg de) , I,
130, 131.
Vendôme (le duc de).
(1697) Prend Barcelone, I,
63.
(1702) Va commander l'ar-
mée d'Italie, 197; fait lever
le blocus de Sabionette, 199;
Eugène recule devant lui,
200; il s'empare de Marmi-
rolo, 203-204 ; manque d'être
tué à Mantoue par un boulet
de canon, 204 ; prend son
quartier à Rivalla, 209 ; le
prince Eugène manque de
l'enlever dans sa maison,
212-213; Vendôme veut aussi
le faire surprendre, 214 ; ma-
lade à Mantoue, 215; il fait
reconnaître le duc de Man-
toue comme généralissime,
et se rend à Crémone, 215;
bat Visconti à Santa- Vit-
toria, 220-225; envoie Al-
bergotti contre des marau-
deurs, 225; victoire de Luz-
zara, 232-240, 242; le roi
d'Espagne lui donne la Toi-
son d'or, 246; il manque de
surprendre Eugène près de
Mantoue, 247-249 ; il fait sau-
ter le château de Luzzara et
se retire sur la Mirandole,
251-254; assiège et prend
Governolo, 259-266.
(1703) Il marche sur Osti-
glia, l'assiège, et ne peut s'en
emparer, 1, 277-283 ; repousse
le général Vaubonne, 285-
286 ; préparatifs de l'expédi-
tion du Trentin, 286-289;
marche le long du lac de
Garde, 289-291 ; il est joint
Vendôme (le duc de), suite,
par M. de Médavy, 297-299;
suite de l'expédition, prise
d'Arco et combat de Saint-
Jean, 300-308 ; siège de Tren-
te, 310-312; il est forcé de
retourner en arrière par la
trahison de M. de Savoie ;
retraite de l'armée, 312-315;
désarmement des troupes sa-
voyardes, 315-317 ; sa marche
en Piémont, et lettre qu'il en-
voie au duc de Savoie, 317-
319; victoire de San-Sebas-
tiano, 321-325; prise d'Asti
et de Villanuova, 325-328; il
poursuit Stahremberg, 335,
336; combat de Castelnuovo,
339-344, 347, 348; petites
opérations de l'hiver, 349, 356,
359, 361, 365, 366.
(1704) Composition de son
armée, II, 2 ; il bat Vaubonne
à Treno, 5, 7-8; mesures
qu'il prend contre la déser-
tion, 8-9; siège et prise de
Verceil, 12-26, 29 ; il apprend
la défaite d'Hochstedt, 31-
32; bon conseil que lui donne
le duc de Savoie, 33; il as-
siège et prend Ivrée, 33-45,
48; il marche sur Verne, 51-
53; siège de Verne, 54-87;
faute qu'il commet, 54 ; il fait
raser la ville, 87.
(1705) Il empêche Eugène
de passer le Mincio, II, 90-
91; il établit ses troupes à
Moscolino, 93-94; il vient se
mettre à la tête de l'armée
du grand prieur, 108; il s'em-
pare des Quatorze-Naviles,
109-110; il poursuit Eugène
sur l'Adda et se poste au Para-
diso, 110-113; reproches qu'il
fait au marquis de Broglie,
114; bon conseil que lui
donne M. de Chemerault,
115-116; il est trahi par Gol-
menero, 118-119; victoire de
Cassano, 119-134; il n'est pas
secouru par Médavy, 134-135;
382
TABLE ALPHABETIQUE
Veadôme (le duc de), suite,
il empêche Eugène de passer
l'Adda, 139; marche le long
de cette rivière; combat de
Montodine, 139-142; canon-
nade près de Crème, 142-143 ;
il poursuit le prince Eugène
et le force à se retirer dans le
Bressan, 144-152; il exige la
punition d'un garde du duc
de Mautoue, 159-160; entrée
triomphale dans cette ville,
100-161.
(1706) Bataille de Galcinato,
II, 163-169; il plaisante M. de
Falkenstein et le chevalier de
Broglie sur la bataille, 169-
172; il fait poursuivre le
prince Eugène, 172-174; son
mécontentement contre Al-
bergotti, 177; son camp le
long de l'Adige, 177-179; le
Roi lui donne le commande-
ment de l'armée de Flandre,
178.
(1708) Son désaccord avec
le maréchal de Berwick, III,
18; (1710) victoire de Bri-
huega et de Villaviciosa, 56-
58; paroles du Roi à sa
louange, 58; (1712) sa mort,
120.
Son éloge, ses talents mi-
litaires, II, 10, 88, 122, 152,
353; III, 104, 105, 120-122;
sa maxime de se tenir tou-
jours près de l'ennemi, I,
209-210; II, 108-109; III,
121 ; indiscipline qu'il tolère
dans son armée, I, 223; III,
122; amour des soldats pour
lui, I, 215; II, 16; III, 121;
surnoms qu'ils lui donnent,
I, 215; II, 94; anecdote
du grenadier, II, 16-17; sa
générosité pour ses espions,
I, 349; II, 85, 110; son opi-
nion sur les officiers courti-
sans, III, 98; sa haine contre
le duc de Savoie, II, 9-10;
son secrétaire Magnani, 26;
son capitaine des gardes Go-
Vendôme (le duc de), suite,
tron, 133. Cité, I, 202, 205,
217, 231, 334; II, 102, 103,
136, 180, 189, 194, 222, 223,
226; III, 141.
Vendôme (Philippe de), grand
prieur de France. Vient join-
dre l'armée de son frère, I,
327; commande à Asti, 333;
lettre des religieuses de cette
ville, 333-335; marche sur la
Bormida pour arrêter Stah-
remberg, 335-336; mouve-
ments des troupes sous ses
ordres, 346-347 ; il s'empare
de la Goncordia, de Révère
et d'autres postes, 366-368;
son camp de Bedizzole, II,
93; Vendôme lui laisse une
partie de l'armée, 94; il se
défend contre les attaques
d'Eugène, 94-95, 97; il mar-
che à Montechiaro, 99-100;
il ne peut empêcher Eugène
de passer l'Oglio, 102-103 ;
Vendôme vient le joindre,
108; son camp de Gassano,
117; sa conduite à la bataille
de Gassano, 122-125, 135-136.
Ses habitudes immodestes,
104.
Vendôme (le régiment de), I,
226; II, 17, 76, 130.
Vénerie (le château de la), I,
194; II, 194, 195.
Venise (la ville et la république
de), I, 120, 208, 292,315; II,
146, 147, 151.
Venise (le doge de), I, 363.
Vénitiens (les), I, 201, 258, 273-
276, 278, 289, 292, 293, 299,
302, 305; II, 99, 104, 111,
112, 143, 146, 148, 150, 164,
166.
Ventadour (Louis-Charles de
Levis, duc de), I, 86, 87.
Ventadour (Marguerite de Mont-
morency, duchesse de), I, 87.
Ventavon (François de Morges,
comte de). II," 229.
Vérac (César, marquis de), I,
256, 275; II, 5.
DES MATIERES.
383
Yérac-dragons (le régiment de),
1,249,256; II, 5.
Verceil (la ville de), 1, 194, 195,
355, 359, 360; II, 11-3U, 49-
52, 87.
Verceil (l'évêché de), II, 12.
Yerceil (la porte de), à Ivrée,
II, 39.
Verderonne (Claude-Marie de
l'Aubespine, marquis de), II,
381.
Verdon (le), rivière, II, 281.
Verdun (la ville de), III, 217.
Verdun (l'évèque de), III, 217.
Verdunois (le), III, 118.
Verger (l'abbaye du), I, 34; III,
25.
Vermauduis (le), I, 67.
Vermandois (le régiment de),
1,47.
Vernon (le comte de), I, 120,
181.
Verola-Dargil ou Nuova (le
bourg de), II, 146, 147.
Verola-Vecchia (le bourg de),
II, 146, 147.
Vérone (la ville et le pays de),
1,273, 277, 278, 286-289; II,
151, 178.
Vérot (M.), capitaine, II, 264.
Versailles (la ville et le château
de), I, 78, 82, 98, 111, H 8,
120-122, 124, 126, 152, 177;
II, 194, 236, 238, 240-242,
286,289, 320; III, 125, 156.
Verse (la), rivière, I, 169; III,
311.
Verue (la ville de), I, 304, 348,
350; II, 1, 8, 11, 53-87, 91;
m, 53.
Vervant (N. de Goulard, che-
valier de), I, 217.
Vesoul (la ville de), I, 132-140.
Vespolate (le bourg de), I, 351,
352.
Veuil (le chevalier de), I, 94.
Vexin (le régiment de), II, 95,
184, 255, 275.
Vezzano (le village de), I, 309.
Viadana (la ville de), I, 210.
Vibraye ( Henri -Éleonor Hu-
rault, marquis de), II, 200.
Vie (le bourg de), I, 152; III,
217.
Victor-Amédée I'^'', duc de Sa-
voie, II, 218.
Vieille-marine (le régiment de
la). (1702) Il est envoyé à
Reggio, I, 225; (1704) au
siège de Verceil, II, 18, 22;
au siège d'Ivrée, 40 ; à celui
de Verue, 59, 76 ; (1705) au
combat de la Bouline, 96; à
la bataille de Cassano, 127;
(1706) à celle de Galcinato,
164; (1707) à la défense de
Toulon, 255, 268, 271; son
colonel, m, 238. Cité, I, 271,
309; II, 344.
Vienne (la ville et la cour de),
I, 280; II, 137, 170; III, 64.
Vienne (la ville de), en Dau-
phiné, I, 187, 188.
Vienne (l'archevêché de), II,
303.
Viennois (le), I, 188.
Vieuxpont (Guillaume-Alexan-
dre, marquis de). (1709) A la
prise de Warneton, II, 339;
à la bataille de Malplaquet,
355, 361, 364-365, 371-372;
(1712) il empêche les enne-
mis de prendre le Gâteau,
III, 109; il commande un
camp volant à Arleux, 116;
à la bataille de Denain, 141,
142, 145-146; au siège de
Douay, 183. Sa bravoure et
son sang-froid, II, 364-365.
Vigevano (la ville et le pays
de), I, 196, 353.
Vigile (saint), évoque de Trente,
I, 310.
Villadeati (le village de), I, 349.
Villafranca (la ville de), I, 277,
288.
Villanuova-d'Asti (le bourg de),
I, 326-328.
Villanuova-di-Gasale-Monfer-
rato (le village de), II, 1, 5.
Villars (le maréchal de).
(1702) Victoire de Friedlin-
gue, I, 250.
(1708) Il commande l'ar-
384
TABLE ALPHABETIQUE
Villars (le maréchal de); suite,
mée de Dauphiné, II, 293;
effectif et positions de son
armée, 295; il apaise le mé-
contentement des soldats qui
ne sont pas payés, 296; répri-
mande M. de Médavy, 299 ;
il fait passer le mont Galibier
à ses troupes, 301, 303-304;
singulier compliment qu'il
fait au comte d'Autrey, 307 ;
combat de Césanne, 305-307;
sa colère contre le comman-
dant d'Exilles de ce qu'il a
capitulé, 309-3 H ; marche au
col d'Argueil, 310; il invec-
tive un commis des vivres,
310-311; opérations en Sa-
voie, 312-317.
(1709) A la tête de l'armée
de Flandre, II, 332; il la fait
retrancher, 332-333 ; revue de
l'armée, 334 ; son excellente
position en impose aux enne-
mis, 335-336; il va camper
entre Denain et Marchiennes,
338; il visite le chevalier de
Saint-Georges, 343-344 ; dis-
position de ses troupes après
la prise de Tournay par les
alliés, 346-347; marche sur
Valenciennes, 348-349; le
maréchal de Boufflers vient
servir sous ses ordres, 349 ;
bataille de Malplaquet, 350-
382; il est blessé au genou
et remet le commandement à
Boufflers, 368, 378, 386.
(1710) Commande l'armée
de Flandre, III, 1 ; retarde
son départ à cause de sa
blessure, 2-3; rassemble ses
troupes sous Péronne, 12;
marche de son armée, 13-15;
son désir de livrer une ba-
taille est entravé par Ber-
wick, 16-18; il fait recu-
ler ses troupes, 19-20; opéra-
tions diverses, 28, 29, 31,
33, 36; il met des garnisons
à Aire et à Saint- Venant,
40-42; algarade à M. d'Heu-
Villars (le maréchal de), suite,
dicourt, 45-48; il quitte l'ar-
mée pour aller aux eaux, 48.
(1711) Force et position de
son armée, 63 ; revue de ses
troupes, 66 ; petites opéra-
tions, 68-71, 76; il fait atta-
quer le camp des ennemis à
Douay, 71-73; fait reprendre
le château de Chantereine,
73; marche aux ennemis,
78-79 ; raisons qui l'empêchent
de les attaquer, 81-83, 85; ne
peut empêcher le siège de
Bouchain, 87-88, 90; s'em-
pare d'Hordain , 94-95 ; ne
peut surprendre Douay, 100 ;
envoie ses troupes en quar-
tiers d'hiver, 102.
(1712) Il arrive à Arras,
III, 112; compliments au
marquis de Mézières, 114;
marche de son armée, 114;
effectif de ses troupes, 116; il
envoie un corps à la pour-
suite de M. de Growestein,
118; Villars et le marquis
d'Havrincourt, 123-126; pré-
paratifs de la bataille de De-
nain, 135-136; marche de
son armée, 136-146; victoire
de Denain, 147-150, 153-155;
II, 172 ; il s'empare de divers
petits postes, 111, 155; prise
de Marchiennes, 160-161;
prise de Douay, 162-178,
182-184; prise du Quesnoy,
184-196; prise de Bouchain,
198-200; sa réponse aux ma-
gistrats de Valenciennes, 201 -
202.
(1713) A la tête de l'armée
d'Allemagne, III, 219; pousse
ses troupes jusqu'à Philip-
sbourg, 219-220; siège et
prise de Landau, 223-224,
232-234 ; il décide d'assiéger
Fribourg, 234 ; marche de
son armée, 237 ; attaque des
lignes de Fribourg, 239-241 ;
siège et prise de Fribourg,
243-276; malice que lui dit le
DES MATIERES.
385
Villars (le maréchal de), suite.
prince de Gonti, -275 ; reçoit
le gouvernement de Fribourg,
277 ; négociations de Rastadt
avec le prince Eugène, 277,
281-283.
Ses talents militaires, III,
104, 200 ; il a la confiance du
soldat, II, 336 ; son égoïsme
et son peu de bonne volonté
pour les officiers, II, 307,
323 ; III, 86 ; son esprit, son
caractère ratier, son talent de
reparties, II, 227, 308; III,
151 ; ses fanfaronnades et gas-
connades, II, 309, 310, 336;
son avarice, son amour de
l'argent, II, 334-335 ; III, 202,
232 ; son amitié pour le comte
de Broglie, 130; promet sa
protection au chevalier de
Quincy, II, 296 ; son mot sur
le siège de Turin et la du-
chesse de Bourgogne, II, 226-
227 ; son capitaine des gardes,
III, 252.
Villars (Armand, comte de), II,
362; 111,67.
Villars-Chandieu (Charles de),
II, 362.
Villars-Lugein (M. de), III, 161 .
Villars-suisse (le régiment de),
III, 178.
Villa-Stellone (le village de),
II, 187, 188.
Villaviciosa (la bataille de), II,
193 ; m, 57.
Ville (le village de), III, 188.
Villefranche-de-Beaujolais ( la
ville de), II, 230.
Villemeneux (la ferme de), I,
127.
Villeneuve (M. de), II, 72.
Villeneuve-le-Roi (le bourg de),
II, 234.
Villepion (Claude-Léon de Cor-
nuel de), I, 201, 244.
Villermont (N. Cabart, sieur
de), I, 38.
Villeroy (François de Neufville,
maréchal def. (1697) Il com-
mande l'armée de Flandre, I,
III
39; son camp de Leuzc, 40;
il fait le siège d'Ath, 44; ten-
tative sur Bruxelles, 48-49 ;
il change de camp, 57 ; (1698)
son inimitié pour les mous-
quetaires noirs, 84; (1701) il
va commander l'armée d'Ita-
lie, 152-153; battu à Chiari,
162-163; (1702) fait prison-
nier à Crémone, 175-176,
199, 237; II, 9; remplacé par
Vendôme, 197; (1706) ses
fautes à RamilUes, II, 354 ;
Vendôme vient encore le
remplacer en Flandre, 185.
Villeroy ( Louis -Nicolas de
Neufville, duc de), I, 81.
Villers-Cotterets (le bourg de),
III, 213.
Villette (le village delà), I, 120.
Villiers-le-Morhier (Etienne Bé-
rault de), I, 200.
Vilhngen (le bourg de), III,
241, 243.
Vilvorde (le village de), I, 48.
Vimy (le village de), III, 69.
Vinaroz (le bourg de), III, 120.
Vins (Jean de Vins d'Agoult,
marquis de), I, 28-30, 45-47,
72, 74, 76-78, 83, 114, 119.
Vintimille (la maison de), II,
279, 280.
Virgile, I, 144, 207, 260, 314.
Visconti (Annibal, marquis), I,
220,232, 271, 296, 321, 323-
325; II, 103, 193.
Visconti (Jules), II, 209, 210.
Visconti (Philippe-Marie), duc
de Milan, I, 197.
Visconti (le régiment de), I, 220.
Viso (le mont), II, 247.
Vit-de-mulet (un), II, 177.
Vitry (M. de), mousquetaire, I,
83, 84.
Vitry-sur-Scarpe (le bourg de),
m, 11, 15, 21, 27, 68, 109,
165.
Vivans (Jean de Noaillac, mar-
quis de), II, 361 ; III, 259.
Vive-Saint-Éloy (le village de),
I, 55 ; m, 44.
Viverone (le village de), II, 33.
25
386
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIERES.
Vivier (le château du), III, 278,
280 312
Vizillè (le "bourg de), I, 189.
Voghera (le bourg de), I, 342,
343.
"Volongo (le village de), II, 153.
Volpiano (le village de), II, 189.
Volta-Mantuana (le village de
la) II 152.
Volv'enne (M. de la), II, 208,
214, 215, 226.
Voreppe (le bourg de), I, 188.
Vosges (les montagnes des), I,
153; m, 279.
Voulzie (la), rivière, I, 128.
Vraignes (Henri de Pingre de),
II, 155, 156, 285.
W
Wackerbarth (Auguste-Chris-
tophe, comte de), II, 375,
376.
Wailly (le village de), III, 26.
Walcourt (le combat de), I,
162, 163.
Waldeck-Wildungen (Georges-
Frédéric, comte de), I, 41.
Walonkton (M. de), III, 272,
275.
Wargnies (le marquis de), III,
119.
Warnavillers (la ferme de), I,
95.
Warneton (le bourg de), II,
333, 339-340; III, 39.
Wartigny (César de Brouilly,
marquis de), I, 224.
Wartmann (M. de), II, 273;
III, 99.
Wasgau (le), III, 224.
Wasne.s-au-Bac (le village de),
m, 87, 88, 90, 91.
Wassenaer (Adrien, baron de),
III, 95.
Watteville (Louis-Edmond du
Fossé de la Mothe, comte de),
II, 48.
Watzheim (le village de), III,
221.
Wavrechain (le village de), III,
88, 91, 92.
Webb (M.), II, 376.
Week (M.), II, 376.
Weil (la plaine de), III, 238.
Weissembourg (la ville de), III,
221.
Weltheim (le comte de), III,
227.
Wesparton (lord), I, 54, 55, 71.
Westphalie (la), I, 159.
Westphalie (la paix de), III,
278. Voyez Munster (la paix
de).
Wilkers (le général), II, 340.
Witikirid (le saxon), II, 303.
Wolkersouven (M. de), II, 376.
Worms (la ville de), III, 229-
232.
Worms (l'évêché et le chapitre
de), m, 232. ,
Wurtemberg (Éberhard-Louis,
duc de), III, 227, 228.
Wurtemberg (Charles-Alexan-
dre, prince de), II, 96, 131 ;
m, 224, 232, 233.
Wiirtemberg (Henri-Frédéric,
prince de), III, 227.
Y
Yonne (1'), rivière, II, 234, 235.
Ypres (la ville d'), 1, 43, 56;
II, 340; m, 20, 32, 44, 67,
197.
Yser (i'), rivière, III, 197.
Yssel (1'), fleuve, IH, 101.
Z
Zahringen (le village de), III,
243.
Zélande (la), III, 175.
Zelo (la ville de), I, 279.
Zevio (le village de), I, 290.
Zobel (M. de), HI, 133, 149.
Zulte (le bourg de), I, 55, 56.
Zutphen (le pays de), UI, 101.
Nogent-le-Rotrou, imprimerie Daupeley-Gouverneur.
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